Le mot Olympie provient du motOlympe, nom porté par la plus haute montagne deGrèce, considérée comme le lieu de résidence des dieux de lamythologie grecque.
Le site semble avoir été occupé de manière continue depuis le début duIIIe millénaire av. J.-C. Olympie était unsanctuaire, et non une ville, uniquement habité par le personnel des temples et les prêtres du culte. Le sanctuaire était dédié àZeus, sous l'égide duquel se tenaient desJeux, tous les quatre ans, à partir de776 av. J.-C., date de la paix entreLycurgue, roi et législateur deSparte, et le roiIphitos, enÉlide. Au moment de ces Jeux, on estime à plusde 40 000 le nombre de personnes présentes sur le site (athlètes, spectateurs, marchands, artisans, poètes, sculpteurs et architectes)[1].
On considère généralement qu'en522 et551 ap. J.-C., des tremblements de terre contribuèrent à la ruine définitive du site, cependant une étude géomorphologique récente menée sous la direction d'Andreas Vött tendrait à prouver qu'unraz-de-marée a aussi joué un rôle[3].
1. Propylée nord-est ; 2. Prytanée ; 3.Philippéion ; 4.Héraion ; 5.Pélopéion ; 6. Nymphée d'Hérode Atticus ; 7.Métrôon ; 8.Zanes ; 9. Crypte (passage voûté vers le stade) ; 10.Stade ; 11. Stoa d'Écho ; 12. Monument de Ptolémée II et Arsinoé ; 13. Stoa d'Hestia ; 14. Bâtiment hellénistique ; 15.Temple de Zeus ; 16.Autel de Zeus ; 17. Ex-voto des Achéens ; 18. Ex-voto de Mikythos ; 19. Victoire de Paionios ; 20.Gymnase ; 21.Palestre ; 22. Théokoléon ; 23. Hérôon ; 24. Atelier de Phidias et basilique paléochrétienne ; 25. Thermes du Kladéos ; 26. Bains grecs ; 27 et 28. Hôtelleries ; 29.Léonidaion ; 30. Thermes sud ; 31. Bouleutérion ; 32. Stoa sud ; 33. Villa de Néron.
Trésors : I. Sicyone ; II. Syracuse ; III. Épidamne ? ; IV. Byzance ? ; V. Sybaris ? ; VI. Cyrène ? ; VII. non identifié ; VIII. Autel ? ; IX. Sélinonte ; X. Métaponte ; XI. Mégare ; XII. Géla.
L'Héraion, le temple d'Héra, utilisé aussi à l'origine pour le culte de Zeus, est probablement le premier édificedorique connu duPéloponnèse. Il date des environs de600 av. J.-C. Il aurait été construit à l'initiative des habitants deScillonte,cité voisine et alliée de Pise. Un temple plus ancien (vers650 av. J.-C.) devait se trouver au même emplacement, remplacé ou aménagé pour donner le bâtiment actuel. Cet édifice périptère mesure 50,01 mètres de long sur 18,76 mètres de large avec six colonnes en façade et 16 sur les côtés. Hautes de 5,21 mètres, elles étaient à l'origine en chêne. Elles furent progressivement remplacées par des colonnes de pierre.Pausanias mentionne encore une colonne de bois à son époque dans l'opisthodome. Les chapiteaux étaient donc divers, suivant le style alors en usage au moment du remplacement. Cela fait du temple d'Héra un véritable catalogue des différents évolutions du dorique duVIIe siècle av. J.-C. à l'époque romaine[4],[5].
Le bas des murs et les colonnes (lorsque remplacées) étaient encalcaire, le haut des murs en brique. L'entablement resta en bois recouvert de terre cuite. Le toit était recouvert de tuiles. Les colonnes extérieures étaient percées de niches rectangulaires destinées à recevoir des portraits des athlètes féminines vainqueurs auxHéraia (Jeux en l'honneur d'Héra)[4].
Le temple abritait divers objets symboliques : dans la cella le« disque d'Iphitos » gravé du texte de latrêve sacrée, la tablechryséléphantine réalisée par Colotès, un élève dePhidias, sur laquelle on plaçait les couronnes préparées pour les vainqueurs des jeux et l'Hermès de Praxitèle ; dans l'opisthodome, Pausanias décrit lecoffre de Cypsélos, chryséléphantin aussi, orné de nombreuses scènes mythologiques. Il semblerait qu'à l'époque romaine, le temple ait plus été une sorte de musée qu'un lieu de culte[6].
Devant le temple, l'autel consacré à la déesse sert encore pour l'allumage de laflamme olympique[7].
Ce temple fut construit grâce au butin rapporté à la suite de la victoire contrePise. À l'origine, la ville d'Olympie n'était pas une ville, mais un sanctuaire créé par Pélops etHéraclès. Le sanctuaire était rattaché à la ville grecque de Pise. Quand il s'en détacha, il devint une ville et pritZeus pour dieu protecteur.
Les deuxfrontons du temple abritent des scènes mythologiques sculptées en ronde bosse dans le marbre. La plus grande (au centre) mesure 3,15 mètres. Certaines de ces statues ont été évidées pour réduire leur poids. Le fronton est représentait la course de chars entre Pélops et Œnomaos. Le fronton ouest représentait laCentauromachie (bataille desLapithes contre lesCentaures).
Douzemétopes situées aux extrémités supérieures des porches intérieurs représentaient les douzetravaux d'Héraclès (fils de Zeus et fondateur desJeux olympiques).
Les scènes représentées dans le temple sont celles de l'origine du sanctuaire et de la ville d'Olympie.
SelonPausanias, le plus petit des temples du sanctuaire d'Olympie était dédié à la mère des dieux (μήτηρ θεῶν). Le temple dorique, de 6 × 11 colonnes, avecpronaos etopisthodome, se dressait au nord du sanctuaire de Zeus, au sud de la terrasse destrésors et à l'est du temple d'Héra.
Le stade lui-même mesure 212,54 mètres de long sur 28,50 mètres de large. La piste spécifiquement (le « dromos »), entre la ligne de départ (« aphésis ») à l'est et celle d'arrivée (« terma ») à l'ouest symbolisées par une bande de pierre (βαλϐίς /balbís), mesure 600 pieds (le pied d'Olympie est de 32,04 cm[12]) soit 192,24 mètres de long. La piste est entourée d'unerigole qui reliait de petites cuvettes destinées à recueillir les eaux pluviales qui descendaient des talus[13].
Des archéologues allemands ont commencé à le déblayer à partir de 1958.
Le stade était utilisé pour les diverses compétitions des fêtes religieuses :jeux olympiques bien sûr, mais aussi Héraia (Jeux en l'honneur d'Héra)[14]. S'y disputaient plusieurs épreuves : une longueur de piste (lestadion), deux (lediaulos), deux longueurs de piste en armure (l'hoplitodromos) et 7, 14 ou 24 longueurs (ledolichos).
Lapalestre remonte auIIIe siècle av. J.-C. Elle a le même plan carré qu'un gymnase, mais elle est plus petite. Les athlètes s'y entraînaient aux sports ne nécessitant pas trop de place : lutte et saut principalement. Autour de l'espace central, les portiques étaient organisés en petites pièces où les athlètes se préparaient et s'entretenaient avec leur entraîneur. Les petites pièces des angles est et ouest sont des bains[15].
C'est l’école de lutte, où tous les compétiteurs sont obligés de s’entraîner un mois avant les jeux. Ils s’exercent aussi à être de bons soldats, capables de défendre leur cité, leur liberté, leur civilisation. Les athlètes se dépassent dans l’effort physique en l’honneur des dieux. En outre, l’exercice physique a une place importante dans la civilisation grecque car, pour les Grecs, la perfection morale et l’excellence physique vont ensemble. Le but est d’obtenir l’équilibre du corps et de l’esprit.
L’étymologie de palestre vient dePalaestra, une fille du dieu Hermès qui a grandi à côté d’Olympie et qui aurait inventé l’art de la lutte.
Legymnase remonte à l'époque hellénistique. Les athlètes y pratiquaient les sports nécessitant de la place dont le javelot, le disque et la course. Il est constitué d'un grand espace rectangulaire central (120 m sur 200 m) bordé de portiquesdoriques. Le portique est fait d'une double colonnade, avait la longueur d'un stade et permettait donc de s'entraîner à la course, même par mauvais temps. Le portique sud est le mieux conservé[15].
De plan rectangulaire, il est destiné à l’assemblée du peuple et c’est là où siège le sénat olympique (autorité supérieure des Jeux). C’est également à cet endroit que les concurrents prêtent serment.
C’est le lieu où les vainqueurs des Jeux sont reçus et se divertissent. Il y a aussi de nombreuses infrastructures sportives (comme les bains et les thermes) qui sont des édifices remarquables pour leur aspect fonctionnel et leur élégance.
Le Pélopéion est un monument en l'honneur dePélops. Il consistait en un autel ceint d'un mur pentagonal doté d'une entrée monumentale. Le monument connut de très nombreuses transformations entre leVIe siècle av. J.-C. et leIVe siècle av. J.-C.
Ce grand bâtiment, divisé en chambres et appartements, agrémenté de jardins et de fontaines, est un logis de luxe, construit en330 av. J.-C. à l'extérieur de l’Altis, au sud-ouest, servant d'hôtellerie pour les hôtes de marque et les athlètes. Son nom lui vient de son donateur et architecteLéonidas de Naxos.
Le site duLéonidaion a été dégagé lors des fouilles menées parEmil Kunze, de1937 à1966.
En1723, le moine bénédictin et philologue classiqueBernard de Montfaucon encourageAngelo Maria Quirini, nouvel archevêque de Corfou, à rechercher et fouiller les sites olympiques, mais Quirini n'y donne pas suite. Le site archéologique est finalement redécouvert en1766 parRichard Chandler, helléniste et archéologue britannique.Johann Joachim Winckelmann, fondateur de l'archéologie moderne, a pour projet d'y effectuer des fouilles mais meurt avant de pouvoir le réaliser[16].Louis-François-Sébastien Fauvel, qui accompagnait d'abordJacques Foucherot, a été plus heureux dans un second voyage qu'il a fait en 1787, par ordre de M. le comte de Choiseul-Gouffier. Il pense avoir retrouvé l'hippodrome, le stade, le théâtre et le temple de Jupiter[17]. Le site est également visité par de nombreux voyageurs-antiquaires commeFrançois Pouqueville,William Gell,Charles Robert Cokerell etWilliam Martin Leake.
Plan des premières fouilles archéologiques d'Olympie et dutemple de Zeus Olympien découvert par l'expédition de Morée en mai 1829 (parAbel Blouet et Pierre Achille Poirot).
Les fouilles commencent réellement en1829 avec l'expédition française de Morée. La mission scientifique de l'expédition passe six semaines à partir du 10 mai 1829 à Olympie[18],[19],[20]. La plupart des bâtiments est invisible à l’œil, car ils sont recouverts d'une épaisse couche de sédiments due aux nombreux débordements des rivièresAlphée etKládeos(en)[N 1]. Des tremblements de terre, notamment ceux de522 et551, avaient aussi contribué à la destruction d'un grand nombre de bâtiments. Seul un fragment de colonne dorique d'une grande dimension est visible. Il avait déjà été repéré par les voyageurs précédents, car les habitants des villages voisins y avaient creusé des tranchées pour en retirer la pierre, mais aucun ne l'avait attribué avec certitude autemple de Zeus.Léon-Jean-Joseph Dubois (directeur de la section d’Archéologie) etAbel Blouet (directeur de la section d'Architecture et de Sculpture) y entreprennent les premières fouilles. Ils y sont accompagnés des peintresPierre Achille Poirot,Pierre Félix Trézel etAmaury-Duval. L’emplacement et l’identité dutemple de Zeus Olympien sont ainsi déterminés pour la première fois[21].
Des fouilles plus importantes ont lieu à partir de 1875 sous la responsabilité de l'Institut archéologique allemand d'Athènes. Elles sont menées parErnst Curtius et financées par le gouvernement allemand. Les archéologues responsables des fouilles sontGustav Hirschfeld, George Treu,Adolf Furtwängler, A. Boetticher,Wilhelm Dörpfeld, Richard Borrmann, Emil Kunze, Alfred Mallwitz et Helmut Kyrieleis. Ils fouillent la partie centrale du sanctuaire, y compris le temple de Zeus, le temple d'Héra, le Métrôon, le Bouleuterion, le Philippéion, la stoa d'Écho, les Trésors et laPalestre. Leurs principales découvertes consistent en des sculptures du Temple de Zeus, la Victoire de Paionios, l'Hermès de Praxitèle et en de nombreux bronzes. Au total, 14 000 objets ont été enregistrés. Les trouvailles sont exposées dans le musée sur le site[22].
La flamme olympique est une invention moderne et symbolise l'allumage d'unfoyer lors de l'ouverture desjeux antiques.
Devant les ruines du temple d'Héra, des actrices jouent le rôle deprêtresse et procèdent à l'allumage de la flamme. La chorégraphie et les costumes des figurantes s'inspirent de l'Antiquité.
Le système d'allumage correspond à un procédé déjà connu des Anciens : l'utilisation du soleil et d'un récipient concave, unmiroir cylindro-parabolique. Les rayons du soleil, réfléchis au centre du récipient, dégagent une chaleur intense qui permet d'obtenir une flamme.
Cette cérémonie annonce le début des jeux olympiques.
↑« Une autre observation qui vient détruire tout à fait ces suppositions, c'est que les fouilles que nous avons fait faire autemple de Jupiter Olympien, nous ont prouvé que le sol antique de la plaine était de 10 et 12 pieds en contre-bas du sol moderne, et que dans ce sol moderne, qui est un terrain d'alluvions amenées par les eaux de l'Alphée, et descendues des montagnes sablonneuses qui environnent la vallée, on ne doit pas chercher de traces de l'hippodrome et du stade, puisque ce terrain n'existait pas lorsqu'il y avait un stade et un hippodrome. » Abel Blouet,Expédition de Morée., tome 1, p. 58.
↑Ulrich Sinn (trad. Aude Virey-Wallon),Olympie, centre d'artisanat chrétien, pp. 229 à 231 des actes du cycle de conférences organisées au musée du Louvre du 18 janvier au 15 mars 1999, dans Alain Pasquier,Olympie, publication de la Documentation française et du musée du Louvre, Paris 2001(ISBN2-11-004780-1).
↑A. Vött (Johannes Gutenberg Universität, Mainz), « Olympia hypothesis: Tsunamis buried the cult site on the Peloponnese »Lire en ligne
↑Louis-François-Sébastien Fauvel, Extrait durecueil de cartes géographiques, plans, vues et médailles de l'ancienne Grèce, relatifs au voyage du jeune Anacharsis, précédé d'une analyse critique des cartes par M. Barbié du Bocage. Édition de 1789.
↑Plan de l'emplacement du temple de Zeus à Olympie (in Abel Blouet et Amable Ravoisié,Expédition scientifique de Morée, ordonnée par le Gouvernement Français. Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l’Attique., Firmin Didot, 1831.)
(fr)Alain Pasquier (dir.)Olympie, actes du cycle de conférences organisées au musée du Louvre du 18 janvier au 15 mars 1999, la Documentation française et le musée du Louvre, Paris, 2001(ISBN2-11-004780-1)