En ce qui concerne sa personnalité, elle est décrite comme une personne à l'esprit vif, prompt à l'emportement et jalouse[2]. ChezPlutarque, Olympias apparaît comme une figure assez mystérieuse, initiée aux ritesdionysiaques auxquels elle se livre avec ardeur[3].
Une légende raconte qu'Olympias n'a pas conçuAlexandre avecPhilippe, qui a peur d'elle et de son habitude de dormir en compagnie de serpents[4], mais avecZeus lui-même.Plutarque rapporte les interprétations des auteurs antiques sur l'attitude d'Olympias à ce propos, soit qu'elle en aurait fait l'aveu à son fils, soit, au contraire, qu'elle aurait rejeté l'idée comme étant impie[5]. Une fois parvenu au pouvoir, Alexandre s'est servi de cette croyance et s'est fait confirmer sa filiation divine par l'oracle deZeus Ammon àSiwa[6].—
Olympias est décrite par les sources antiques comme une personne cruelle. Ainsi, pendant qu'Alexandre est en guerre aux frontières septentrionales du royaume, elle ordonne l'assassinat — en toute probabilité — deCléopâtre, la dernière épouse de Philippe, et de sa filleEuropa : cette dernière est égorgée dans les bras de sa mère qui est contrainte ensuite au suicide[7]. Alexandre aurait été bouleversé par cette nouvelle, sinon pour des raisons personnelles, mais certainement pour des raisons politiques[8].
En337, elle se retire chez son frère, Alexandre le Molosse, lorsque Philippe épouseCléopâtre, nièce d'Attale, pour en faire sa seconde épouse officielle, ce qui aurait pu remettre en cause les droits de succession de son fils[8]. Elle tente sans succès d'inciter son frère à la guerre contre son mari ; la décision de Philippe de marier sa fille Cléopâtre à Alexandre le Molosse semble participer à une tentative de réconciliation[8]. Bien qu'elle revienne ensuite àPella, Olympias ne s'est pas complètement réconciliée avec son mari et encourage Alexandre à croire que son père a l'intention de l'exclure de la succession.
En août336, Philippe est assassiné pendant les noces de sa fille àAigai. Il est possible, selon certains historiens antiques, qu'Olympias ait pousséPausanias d'Orestide à ce geste après qu'il a été humilié par Attale[9] ; pour autant, les témoignages selon lesquels elle a ouvertement reconnu son rôle sont sans aucun doute faux[8].
L'influence réelle d'Olympias sur le caractère et la sensibilité d'Alexandre reste méconnue[11] et sujette aux interprétations des historiens contemporains, qui pour certains ont souligné la force du lien affectif qui unit le Conquérant à sa mère au point de parler de « complexe maternel »[12]. Olympias n'est évoquée qu'à quatre reprises dans l’Anabase d'Arrien, qui offre d'abord un récit des faits militaires[13] ; mais elle l'est bien davantage parmi les auteurs de laVulgate (dontDiodore etQuinte-Curce), qui laissent de la place dans leurs récits pour les anecdotes[14].Plutarque propose de nombreux développements à son sujet qui laissent l'image d'une agitatrice et d'une intrigante unie à son fils par un lien indéfectible[3]. À travers de nombreuses lettres qu'Alexandre garde secrètes, elle lui prodigue ses conseils et le met en garde contre les dangers auxquels l'expose notamment sa prodigalité[15]. Elle reçoit de généreux présents après les victoires de son fils[16]. Vers339, elle apprend à Alexandre les plans de Philippe visant à marier son deuxième filsArrhidée à la fille dePixodaros,satrape deCarie, épisode qui se termine par l'exil d'Alexandre et ses plus proches compagnons[8].
Olympias a interféré dans les affaires publiques tout en conservant l'affection de son fils jusqu'à la fin[8]. Son inquiétude quant au manque d'intérêt apparent de son fils envers les femmes l'a amenée à l'encourager à avoir des relations avec la courtisane Callixine[2]. Nous savons néanmoins peu de choses sur ses activités en Macédoine pendant l'absence de son fils, qu'elle ne reverra plus après son départ en Asie. Elle le met d'abord en garde par lettre contre Alexandre deLyncestide[2]. Elle fait une dédicace à Hygie àAthènes en333 av. J.-C. et la consécration du butin àDelphes vers331-330. C'est à cette époque, qu'elle témoigne à son fils des conflits qui l'opposent au régentAntipater, sans doute après qu'il est revenu duPéloponnèse[2]. Elle est contrainte de s'exiler enÉpire (331), qu'elle gouverne au nom d'un de ses petits-fils, né de sa filleCléopâtre et de son frèreAlexandre le Molosse, renvoyant sa fille en Macédoine à un moment donné après 330. Alexandre finit par prendre parti pour sa mère, probablement pour des raisons d'ordre politique plutôt que sentimental, parce qu'il est sensible au danger que représente un accroissement excessif du pouvoir d'Antipater, et non parce qu'il ne supporte pas de voir sa mère offensée[14].
La mort d'Alexandre en juin323 av. J.-C. ne met pas fin à ses ambitions[17]. Elle cherche à marier sa filleCléopâtre, devenue veuve, àLéonnatos puis àPerdiccas[8]. À la mort d'Antipater en319, elle s'allie au nouveau régent deMacédoine,Polyperchon, lequel a besoin de son autorité pour vaincreCassandre, le fils d'Antipater. Elle écrit àEumène de Cardia, le stratège de la régence en Asie, pour lui demander, en vain, de revenir en Europe afin d'assurer la protection du jeune roi[18]. Elle écrit aussi à Nicanor, le commandant deMunychie, pour lui ordonner de restaurer le fort etLe Pirée aux Athéniens, mais ses ordres ne sont pas respectés[19].
Puis, avec l'aide de son cousinÉacide, elle marche contre la Macédoine où sa seule présence fait fuir ses adversaires à Euia ; elle complète sa victoire en mettant à mortPhilippe III et son épouseEurydice ainsi qu'en se vengeant de ses ennemis politiques (317). Elle assure dès lors laprotasie d'Alexandre IV et protège les proches d'Alexandre, dontRoxane[19]. Mais Cassandre entreprend le siège d'Olympias dansPydna, sans qu'Éacide et Polyperchon n'interviennent. Une tentative d'évasion aurait apparemment échoué ; sur le point de mourir de faim, Olympias finit par se rendre à Cassandre contre la promesse d'avoir la vie sauve. Cependant, après avoir obtenu, pour la première fois, l'approbation de l'Assemblée des Macédoniens, Cassandre la fait mettre à mort par lapidation par des proches de ses victimes en316[19].
Olympias occupe une place importante dans leRoman d'Alexandre dupseudo-Callisthène[20]. Le début du roman narre la relation fictive de la reine avec lepharaon déchuNectanébo, réfugié enMacédoine après l'occupation de l'Égypte par lesPerses. Celui-ci lui prédit qu'elle sera enceinte d'Ammon, le dieu des dieux, et se fait l'instrument de la volonté divine. Elle a perdu sa face obscure et inquiétante qui la marque chez les historiens pour devenir une plaisante figure féminine[21]. Dans la suite duRoman, Olympias apparaît comme un modèle d'amour maternel et de tendresse[21].
Elle est également l'un des personnages duLion de Macédoine, livre de fantasy de David Gemmell. Elle est la mère d'Alexandre et a donné naissance au Dieu Noir sur l'île deSamothrace lors de son initiation auxmystères.
Une grande partie de l’historiographie sur Olympias est composée d’ouvrages sur son fils,Alexandre III. De nombreux travaux dédiés à Olympias ont toutefois été publiés plus récemment, notamment dans le cadre desgender studies. Cet intérêt pour Olympias s’explique par la personnalité et les actes qu’on lui attribue d’après les sources antiques.
La plupart de ces travaux s'opposent aux ouvrages qui se seraient appuyés sur les sources sans les remettre en question[26]. Ainsi, les travaux plus récents tendent à réétudier le portrait d’Olympias en ayant un regard plus critique sur les sources, en prenant compte du contexte politique et des mentalités. En effet, cette légende noire a pu être nourrie par l'impopularité d'Olympias mais également par une possible opposition à la monarchie macédonienne, la polygamie royale et le rôle que les femmes royales ont joué dans la vie politique macédonienne. La politique est alors considérée comme un fait public accessible aux hommes, les femmes étant associés à la sphère privée[10].
Elizabeth Carney, « The Politics of Polygamy : Olympias, Alexander and the Murder of Philip »,Historia : Zeitschrift für Alte Geschichte, 1992, p 169-189.
Clàudia Zaragozá Serrano. « Viejas y nuevas miradas sobre las mujeres de Alejandro : Olimpia del Epiro »,Lo viejo y lo nuevo en las sociedades antiguas : homenaje a Alberto Prieto, 2018.