| Date | - |
|---|---|
| Lieu | Provinces de Tarragone,Barcelone etGérone,Catalogne (Espagne) |
| Issue | Victoire nationaliste décisive |
| Juan Hernández Saravia Francisco Galán Rodríguez | Fidel Dávila Arrondo |
| 220 000 hommes 250canons et 46 pièces anti-aériennes 40 chars et 80 voituresblindés 106avions | 340 000 hommes 562canons 300blindés 500avions |
| morts inconnus 10 000 blessés 60 000 prisonniers 220 000 soldats désarmés en France | inconnu |
On désigne paroffensive de Catalogne l'ensemble des opérations militaires menées enCatalogne entre le et le, à la fin de laguerre d'Espagne. Elles se soldèrent par la victoire destroupes franquistes sur l'armée populaire espagnole, et la réduction du bastion républicain de Catalogne, resté loyaliste depuis le début de la guerre.
Afin d'en finir avec la Catalogne, le camp insurgé nationaliste avait décidé de couper la zone républicaine en deux, isolant les trois provinces catalanes deTarragone,Barcelone etGérone des provinces deValence,Alicante,Murcie et deCastille-La Manche : elle y réussit dès, aprèsavoir brisé le front aragonais au sud et lesbombardements de Barcelone en mars 1938. Mais elle ne parvint à franchir leSègre, et y fut arrêtée malgré descombats acharnés le long de la rivière. La Catalogne cependant resta isolée, sans grande perspective de recevoir de l'aide et des renforts.
À labataille du Sègre, entre et, et àbataille de l'Ebre, entre juillet et, les troupes franquistes avaient infligé de lourdes pertes à leurs ennemis. La Catalogne vit ses capacités militaires considérablement réduites par la perte d'hommes, de matériel de guerre et d'équipement. À cela s'ajouta le retrait desBrigades internationales, décidé parJuan Negrín, à partir d'. En, la Catalogne se retrouvait affaiblie et complètement encerclée.
Les nationalistes peuvent compter sur une armée forte de 340 000 hommes, d'environ 300 chars et d'une force aérienne de plus de 500 avions ainsi que d'une artillerie forte de 565 canons.
Ces forces sont appuyées par les avions italiens de laAviazione Legionaria[1] et allemands de laLégion Condor, opérant notamment à partir des bases aériennes deMajorque[2].
Les républicains peuvent quant à eux compter sur une armée de 220 000 hommes dont 140 000 organisé en brigades mixtes. Sur 250 canons de campagne dont la moitié seulement est utilisable, ainsi que sur 40 chars et 80 voitures blindées dont seulement une petite partie est en état de combattre, 46 pièces anti-aériennes, 80 chasseurs et 26 bombardiers mais souffrant de manque de pièces détachées et de munitions.
Le, les troupes nationalistes commencèrent leur attaque sur leSègre, rompant le front républicain le même jour. Afin de les ralentir, le gouvernement républicain envoya pour les arrêter le Ve corps d'armée, sous le commandement du généralEnrique Líster. Il résista aux assauts franquistes durant douze jours, jusqu'au. Une attaque de chars obligea finalement les républicains à se retirer, et les jours suivants les troupes franquistes s'emparèrent deBorjas Blancas. La retraite se transforma alors en fuite.
Le commandement républicain en Catalogne, dirigé par le généralVicente Rojo, organisa la résistance avec plusieurs lignes de défense (appelées L-1, L-2, L-3, et L-4), mais elles étaient faiblement défendues. Les défenseurs furent soit encerclés soit dépassés par les forces nationalistes en quelques jours. Le général Juan Yagüe mena alors lui-même les opérations et entra, le14 janvier, dansTarragone, s'approchant de façon inquiétante deBarcelone. La capitale catalane était d'ailleurs la cible de bombardements de plus en plus fréquents et meurtriers.
À la nouvelle de la chute de Tarragone, la retraite se transforma en une fuite chaotique de réfugiés républicains quittant toute la région, luttant pour marcher jusqu'à la frontière française. La France décida d'ouvrir les passages frontaliers afin seulement de laisserentrer en Espagne le matériel de guerre qui était destiné à la République. Mais la plus grande partie des troupes républicaines était démoralisée par les défaites successives et le découragement que leur communiquait la foule énorme des réfugiés. De plus, elle était composée en grande partie de soldats jeunes et inexpérimentés (surnommés la"Quinta del biberón") ou bien trop âgés.
Le24 janvier, les franquistes traversèrent leLlobregat dans les environs de Barcelone, poussant le gouvernement républicain qui fuit àGérone. Quelques milicienscommunistes tentèrent de défendre la ville en élevant desbarricades, mais leurs efforts butèrent sur le découragement de la population civile et le flux incessant des réfugiés qui gênaient leurs efforts. Le26, à midi, les nationalistes entrèrent dans le centre de la ville et occupèrent toute la ville sans rencontrer de résistance.
Après la chute de Barcelone, les réfugiés poursuivirent à pied ou par tout moyen possible leur marche vers la frontière française, tandis que les troupes républicaines opposaient une faible résistance à l'avancée ennemie, s'unissant finalement au cortège des réfugiés. Le25 janvier, le gouvernement français demanda à former une « zone neutre » en territoire espagnol où auraient pu s'installer les réfugiés souscontrôle international, et évitant d'avoir à ouvrir la frontière aux milliers de civils qui s'y pressaient. MaisFrancisco Franco repoussa la proposition et la France dut se résoudre à ouvrir la frontière aux réfugiés dans la nuit du27 janvier.

Le 28, ce sont 15 000 personnes qui traversèrent, puis 140 000 en trois jours. À partir du5 février, ce qui restait de l'armée républicaine fut autorisé à franchir la frontière, précédant de quelques heures l'arrière-garde, c'est-à-dire l'armée de l'Èbre et ladivision Durruti. Les soldats républicains durent remettre leurs armes à la gendarmerie française. Les réfugiés arrivaient en France après une longue marche, à travers les Pyrénées et dans le froid du mois de janvier. Les autorités françaises établirent rapidement descamps d'internement afin d'y regrouper les réfugiés : ainsi commençait pour eux unlong exil.
Pendant ce temps, l'avancée des nationalistes ne ralentissait pas, ne rencontrant aucune résistance. Le5 février, les troupes du généralYagüe (dont lesItaliens, lesMarocains et lesrequetés navarrais) s'emparèrent de Gérone, forçant le gouvernement républicain à se replier surFigueras, où le présidentJuan Negrín réunit une dernière fois son gouvernement. Le8 février, Figueras tomba à son tour avec le gouvernement de la République. Le président de la République,Manuel Azaña, traversa à son tour la frontière. Accessoirement, le les nationalistes complètent la prise desBaléares avec celle deMinorque. Le10 février, les troupes franquistes rejoignaient et s'établissaient sur tous les postes-frontières : la Catalogne était tombée.

L'offensive de Catalogne permit au camp nationaliste d'achever sa prise en main de l'Espagne :
La zone républicaine était ainsi amoindrie et ne comprenait plus que le sud-est de la péninsule. Le rapport de force était clairement en défaveur de la République, ce qui provoqua l'abattement de plusieurs dirigeants, désormais convaincus que la guerre était perdue. Ainsi, alors que le président du Gouvernement,Juan Negrín, retourna en zone républicaine dès le, le président de la République,Manuel Azaña, renonça à sa charge et refusa de rentrer en Espagne, comme plusieurs responsables politiques et militaires - le généralVicente Rojo, par exemple.
La victoire franquiste signifia en Catalogne même une sévère répression contre les républicains qui n'avaient pas pu ou voulu fuir. L'autonomie de laGénéralité fut supprimée et l'usage ducatalan interdit.
À l'étranger, la Grande-Bretagne suivie de la France reconnut, le26 février, le gouvernement insurgé et rebelle de Franco comme seul légitime. Lapeseta républicaine s'effondra sur les marchés mondiaux. Le2 mars, le maréchalPhilippe Pétain est nomméambassadeur de France enEspagne[3].