L'Hodigitria,Odigitria ouHodégétria (engrec ancien :ὁδηγήτρια /hodègètria « qui montre la voie », composé du nomὁδός /hodós « voie » et du verbeἡγεῖσθαι /hègeísthai : « conduire, guider ») est un des types d'icônes les plus répandus et populaires de laVierge Marie,Mère de Dieu, portant dans ses bras son fils l'EnfantJésus. Elle a été peinte ainsi, selon la tradition séculaire, par l'évangélisteLuc. Elle figure la Vierge Marie, debout, avec l'Enfant Jésus sur son bras gauche. Le nom grec de l'icône (« qui conduit, qui guide ») vient de ce que la Vierge y est représentée désignant l'Enfant Jésus d'un mouvement de sa main droite[1]. Le terme peut désigner par extension, une église dédiée à la Vierge Hodigitria ou en possédant une icône vénérée[2].
L'Enfant Jésus est assis dans les bras de la Mère de Dieu (appelée aussiNotre-Dame par les catholiques). Il bénit de la main droite, et tient un livre-rouleau de la main gauche. Cette représentation, ces gestes, correspondent à ceux duChrist Pantocrator dans l'iconographie traditionnelle duChrist. Le plus souvent, la figure deNotre-Dame tient tout entière dans un cadre. Mais il existe des variantes révérées, commeNotre-Dame de Kazan, où lenimbe dépasse le cadre central. La taille et l'âge de Jésus peuvent également varier. Quand la Vierge porte son enfant sur le bras droit elle peut être appeléede Jérusalem(Ierousalimskaïa)[3].
Les icônes représentant le même sujet mais appelées « Éléousas » (mot repris de la racine en grec ancien du mot έλεος/éléos, la compassion, la tendresse), sont assez proches des Hodigitrias mais la relation entre la mère et l'enfant devient le sujet principal de l'icône. Les éléousas expriment l'amour infini existant entre Marie et son fils Jésus. Les Hodigitrias donnent une place plus importante à Jésus lui-même plutôt qu'à ce lien mère-fils. Jésus apparaît dans ces dernières, davantage comme l'image centrale de la composition. Jésus s'y adresse au spectateur de l'icône. La Vierge Marie y est représentée de face et la tête droite ou très légèrement inclinée. Dans les deux types d'icônes, elle montre souvent son fils de la main droite. Comme pour guider les âmes vers son divin fils[3].
Au point de vue dogmatique cette imagerie représente le monde du « Christ Roi et Juge céleste » et fait référence à l'« Enfant-Dieu et Roi » ou encore à l'Enfant Jésus.
Selon la légende, la première Hodigitria est celle deBlachernitissa, qui aurait été réalisée par l'évangéliste S.Luc, puis ramenée deTerre sainte parEudoxie, épouse de l'empereurThéodose II, première moitié duVe siècle auquartier des Blachernes, àConstantinople (selon d'autres sources aumonastère des Hodèges, d'où viendrait le nom : Hodigitria suivant la même origine grecque). L'icône devint la protectrice de Constantinople et plus d'une fois elle est réputée avoir soutenus les murs de la cité contre les assauts ennemis. De plus, chaque mardi, une procession se tenait qui parcourait toute la ville en exposant celle-ci[4].
Ce type d'icône a été particulièrement répandu dans toute la chrétienté et surtout dans l'Empire byzantin et enRussie.