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| Nom de naissance | Odette Cécile Esther Schmoll |
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| Conjoint | Robert Armand Fabius(d) |
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Odette Fabius est unerésistante française, née le àParis où elle est morte le. Elle est rescapée ducamp de concentration deRavensbrück.
Odette Schmoll est née dans une famille de Juifs non pratiquants, mais respectueux des traditions[1]. Son père, Louis Maurice Schmoll (né en 1872, mort assassiné àAuschwitz-Birkenau en 1943[2]), est un avocat réputé de laCour d'appel de Paris ; sa mère, née Émilie Rodrigues-Ély (1882-1937), est issue d'une vieille famille de la bourgeoisiebayonnaise et compte parmi ses ancêtres maternels le célèbreAbraham Furtado[3].
Elle connaît une enfance heureuse dans l'appartement familial de larue de Ponthieu. Elle est élevée, avec son frère, Robert, dit « Bobby »[4], son aîné de deux ans, par une gouvernante anglaise, Alice Darling, dite « Nanny », que leurs parents, soucieux de leur faire apprendre dès le plus jeune âge la langue de Shakespeare, sont allés chercher àLondres. La jeune Odette suit des études secondaires dans un cours privé et obtient le baccalauréat à17 ans. Elle s'inscrit ensuite à l'École du Louvre. En septembre 1929, elle fait la connaissance de l'antiquaire Robert Armand Fabius (1900-1978)[1], avec lequel elle se marie le 17 février suivant[5]. Ils divorceront en 1955[6].
Odette Fabius est indignée par lesaccords de Munich (1938) et se sent « patriote, cocardière et anti-allemande ».
Elle a28 ans au moment de la déclaration de laSeconde Guerre mondiale. En novembre 1941, alors qu'elle se trouve àMarseille, s'engage dans laRésistance, au sein duréseau Alliance, spécialisé dans le renseignement et qui travaille en étroite liaison avec l'Intelligence Service britannique.
Elle se trouve alors dans l'obligation de confier sa fille Marie-Claude à Henriette Pichon (1888-1964), « juste parmi les nations »[7].[1]
Elle écrit[8] :« [...] je prends non sans tristesse la décision de mettre Marie-Claude en pension au célèbre collège de Bouffémont qui s’est replié à Lapalisse, dans l’Allier. [...] Le département est interdit aux Juifs, cela me semble un endroit sûr. La directrice,Mme Pichon, qui sait à quoi s’en tenir, accepte de l’inscrire. (...). Je ne recommande pas grand chose à Marie-Claude, sinon — avec regret — de mentir et de ne jamais révéler ses origines, car seuleMme Pichon est au courant ».
Arrêtée à Marseille par laGestapo le 23 avril 1943, elle est incarcérée à la prison Saint-Pierre, puis transférée deux mois plus tard àFresnes, où elle est placée au secret en qualité de « terroriste dangereuse ». Le 31 janvier 1944, elle part pourRavensbrück dans le convoi de femmes dit « convoi des 27000 »[9],[10],[11] en référence au numéro de matricule affecté dès l'entrée au camp : en effet, elle portait le numéro 27393[12]. Elle tente de s'échapper, mais est vite rattrapée[13]. Un dessin la représentant après sa capture et son incarcération auStrafblock est conservé aumusée d'Art et d'Histoire du judaïsme[12]. Le docteurAnne Spoerry lui sauve la vie en la cachant de janvier à avril 1945 à l'infirmerie du camp[14].
Libérée en avril 1945, quelques jours avant lacapitulation de l'Allemagne, elle est accueillie par laSuède[15] par l'entremise de laCroix-Rouge. Après un mois de coma profond, elle est envoyée en convalescence àVäxjö, une bourgade duSmåland dont l'école a été transformée en hôpital[16]: « Nous fûmes admirablement reçues, nourries, choyées gâtées. J'affirmais alors que toutes nos épreuves valaient la peine d'avoir été vécues, puisqu'elles nous permettaient d'apprécier la générosité, la chaleur humaine, la bonté et le sens de l'hospitalité des habitants de cette petite ville suédoise. »
Son ouvrageUn lever de soleil sur le Mecklembourg[17],[18] constitue ses mémoires et plus particulièrement un témoignage du vécu quotidien des déportées.
Elle y raconte[19] un singulier « incident » dont fut témoin son mari Robert, pris dans une rafle à Nice en octobre 1943 et envoyé dans une annexe parisienne ducamp de Drancy[20] qui avait été installée dans les grands magasins Lévitan « aryanisés » depuis 1941[21] :
« Les nazis faisaient transiter par "Lévitan" le mobilier et les œuvres d'art, fruits de leurs pillages systématiques des domiciles ou propriétés appartenant à des juifs. C'est ainsi que Robert vit arriver, avec beaucoup de tristesse, dans le dépôt où il travaillait à l'emballage des colis destinés à l'Allemagne, tout l'appartement de mon père, et en particulier une magnifique collection deporcelaines de Chine. Avec Georges Lévy[22], ils décidèrent d'emballer toutes les pièces, mais en les cassant d'abord. Cet acte de sabotage, qui aurait pu coûter cher à son auteur s'il avait été découvert, me causa un réel plaisir à mon retour. J'aurais souffert de savoir toutes ces admirables pièces de musée dans un foyer allemand. »
Odette Fabius est citée, dansPlus forte que la mort, parmi un groupe de femmes telles queGeneviève de Gaulle,Germaine Tillion,Simone Veil,Odette Abadi notamment, affirmant que la solidarité et l'amitié contribuèrent à leur survie[23],[24].
Elle reçut les distinctions et décorations suivantes[25]: