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| Archives conservées par | Service historique de la Défense (GR 16 P 208722, AC 21 P 620242, AC 40 R 6999) |
Odette Elina, née le dans le3e arrondissement de Paris et morte le àMougins (Alpes-Maritimes), est une peintre, dessinatrice et écrivaine française issue d'une famille d'origine juive, qui s'engage dans laRésistance dès 1940, et estdéportée àAuschwitz en 1944. Revenue des camps, elle s'emploie à témoigner, en publiant un livre dès 1948, et au sein de plusieurs associations de déportés et de résistants. Elle est militante auParti communiste français.
Fille de Meyer Elina, émigré russe, et de Georgette Adrienne Block, native du Doubs[1], Odette Elina est issue d'une famille aisée d'origine juive, propriétaire de fabriques de chapeaux. Résidant à Paris, puis àFiac, dans leTarn, auchâteau Saint-Anne[1], elle suit une formation classique et développe des dons en dessin[réf. souhaitée].
Élève deSuzanne Minier à Paris, elle est admise dès 1928 auSalon des artistes français[2]. Elle y présente en 1929Contre-jour etRoses blanches[3]. Elle participe au Salon de l'Union des femmes peintres et sculpteurs où elle expose en 1929 les toilesReflets,Roses blanches,Hortensia et un dessin rehaussé,Portrait deMme D. L. E[réf. souhaitée]. Elle expose auSalon des indépendants en 1931 (Nu, etPeinture)[4]. Elle réside alors 15rue Spontini (16e arrondissement de Paris)[5].
Elle épouse en 1934 à Paris Simon Pierre Dreyfus, publiciste (1896-1944)[6]. Elle remporte unconcours d'élégance automobile àRoyan en 1935[7].
En 1936 elle dessine la couverture deAmours à Montparnasse d'Alex Alexis[8].
Dès 1940, Odette Elina-Dreyfus entre en contact avec la résistance et est chargée de la liaison entre les écrivains résidant en zone sud,Joë Bousquet,François Mauriac,Clara Malraux,Louis Aragon etJulien Benda. En 1942, elle entre dans l'Armée secrète sous le pseudonyme d'Hélène. Elle sera aussi "Jeanne Lauture" dans la Résistance[9]. De mars à, elle est responsable du deuxième bureau de l'Armée secrète de la région Sud-Ouest. Prévenue par le curé deViterbe (Tarn) de la dénonciation de sa famille, elle échappe une première fois à l'arrestation ; ses parents et son frère cadet sont détenus à la prison militaire de Toulouse, puis transférés à Drancy et déportés àAuschwitz, et n'en reviendront pas[10]. D' à, elle est Secrétaire de l'Armée secrète de la région de Toulouse où elle assure les liaisons permanentes avec les dix départements limitrophes. Promue lieutenant le, elle est arrêtée par laGestapo le, dénoncée alors qu'elle est en mission à Paris pour contacter un membre de l'État-major desForces françaises de l'intérieur[9]. Interrogée et torturée par laGestapo, elle est transférée aucamp de Drancy puis déportée àAuschwitz par leConvoi n° 72 du 29 avril 1944. Ce convoi emporte 1 004 Juifs, dont 398 hommes, 606 femmes et 174 enfants ; seuls 37 survivront, dont 25 femmes. Quelques amitiés nouées avec d'autres détenues[11] (alors que, rapporte-t-elle dans son livre, la cruauté n'était pas au camp l'apanage des bourreaux mais venait aussi d'autres détenues), ainsi que l'idéal de la résistance, la remémoration de poèmes d'Aragon, ce pouvoir consolateur de l'amour et de la culture, l'aident à survivre[12]. Son mari Pierre Dreyfus est, selon les sources, déporté par le même convoi qu'elle ou par leno 73, et assassiné dès son arrivée à Auschwitz le[réf. souhaitée].
Libérée par l'Armée rouge le, elle est rapatriée à Marseille viaOdessa le, et réside àCastres[10]. Très affaiblie, elle effectue plusieurs séjours en hôpitaux et cliniques au cours des deux années qui suivent. Mais dès son retour, elle consigne notes et dessins sur ce qu'elle a vécu au camp d'Auschwitz-Birkenau, et les publie en 1948 sous le titreSans fleurs ni couronnes[13] :« Son récit revêt une intense force évocatrice par le choix des événements qu'elle raconte (…) Battue, dépouillée, affamée, malade, alors qu'elle sait bien que "raisonnablement, je ne peux plus avoir d'espoir de survivre", elle semble intimement persuadée qu'elle s'en sortira. Sa ténacité dans les travaux les plus durs, sa ruse pour garder sa place, les amitiés qu'elle noue avec quelques compagnes et sa capacité d'évasion intellectuelle lui ont permis de rentrer »[14]. Comme la plupart des témoignages précoces sur la déportation, il aura une faible réception durant toute la seconde moitié duXXe siècle, avant que les récits des camps de la mort ne deviennent audibles.« Quelle fresque étonnante, ces êtres extatiques, sorte de madones émaciées par la souffrance (…) Quels tons magnifiques dans ces plis patinés de crasse et de misère, un peu comme des draperies tragiques du Greco », écrit Elina qui, même dans les pires moments, ne cesse de faire intervenir le fulgurant pouvoir d'évocation de l'Art afin de décrire la réalité insoutenable dont elle est à la fois la victime et le témoin »[15],[16]. Albert Camus écrira« Quand même les échos auront cessé, car tous les témoins seront morts, quand l'oubli s'emparera, comme c'est souvent le cas, de la vérité, il faudra revenir à des documents comme celui-ci »[17].
Rétablie, elle devient très active dans les associations d'anciens déportés. Elle est vice-présidente de L’Amicale des déportés d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie, créée en 1945 et où les femmes tiennent un rôle prépondérant[18]. Elle est membre du Bureau national de laFédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes[19], membre de l'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance et secrétaire française duComité international d'Auschwitz. Elle milite dans les années 1950 dans les mêmes cercles intellectuels que son mari Jean-Louis Gruffy (1904-1980), ancien résistant lui aussi[20], entrepreneur de peinture, épousé en 1951 à Fréjus[21] ; ils résident àLevallois-Perret, 19 Villa Chaptal[22],[23].
Elle organise en 1948 une exposition de ses gouaches et dessins au siège de l'Union des Femmes Françaises à Paris[24], et participe auSalon de la Marine en 1949 (Plages à Treboul,Marée basse à l'Ile Labes,Port du Steir à Lesconil etLa grève à Lesconil)[25]. En 1949 elle réalise une illustrationPour la Paix du Monde dans laLettre au Président Truman des Combattants de la Paix et de la Liberté[26]. Elle est en 1950, elle signe l'Appel de Stockholm duCongrès Mondial des Partisans de la Paix[26], et est, en tant qu'artiste-peintre, secrétaire du jury des Combattants de la Paix et de la Liberté, association qui vise à décerner des prix littéraires et artistiques de la paix[27]. En 1951, elle réalise les décors à lasalle Pleyel d'une biographie deDanielle Casanova,Le Printemps de Danielle, présentée parMarie-Claude Vaillant-Couturier[28]. La même année, elle dessine les décors et les costumes pour le spectacle de la délégation française auFestival Mondial de la Jeunesse à Berlin[29].
Sa biographie est encore mal connue en dehors du témoignage qu'elle donne sur l'horreur de la déportation.
À sa mort en 1991 àMougins[30], ville où résidait également sa sœur aînée Denise morte en 1989, elle lègue tous ses biens auParti communiste français[31].