L'occupation du Japon est une période de l'histoire du Japon qui commence en septembre1945 et s'achève en avril1952.
Lecommandant en chef des forces alliées dans le Pacifique, le généralDouglas MacArthur, devient gouverneur militaire duJapon après la signature desactes de capitulation du Japon le, mettant un terme à laSeconde Guerre mondiale. Il doit assurer la direction d'un pays exsangue, qui doit rapatrier, au lendemain de laguerre, six millions de combattants sur l’archipel. De plus, le pays doit céder les trois quarts des terres de l'empire qu'il s’était constitué dans le cadre de sapolitique expansionniste enAsie (entre1929 et 1945).
Bien que la structure administrative impériale soit préservée, les forces d'occupation américaines dirigent de facto le pays avec les Britanniques jusqu'à la tenue d'élections libres. Mais la situation du Japon est catastrophique, avec des villes en ruine et de faibles récoltes laissant présager une famine imminente. Les autorités d'occupation ont bien du mal à faire face aux problèmes de misère sociale : chômage, prostitution à travers l'« Association pour les loisirs et l'amusement »,marché noir, orphelins, sous-alimentation, maladies,personnes déplacées par millions…
De leur côté, les États-Unis font l'expérience d'un processus d'édification de la nation afin de mettre fin dans la mentalité des vaincus à unmilitarisme dont la nature radicale avait stupéfié tous les belligérants.
À la tête des forces d'occupation, MacArthur se comporte en proconsul et son rôle s'avère aussi déterminant que celui d'un chef d'État. Les médias en viennent à le surnommer le « vice-roi du Pacifique ».
La période s'achève avec la signature, le, dutraité de paix de San Francisco. Le Japon retrouve sa souveraineté et le droit d'assurer sa défense, mais les troupes américaines – à l'exclusion de celles des autres nations alliées, sauf accord du gouvernement desÉtats-Unis – demeurent dans l'archipel japonais. Le contexte deguerre froide explique largement la politique américaine de présence enAsie. Notons que le traité de San Francisco ne sera pas signé par l'Union soviétique, qui ne rétablira ses relations diplomatiques avecTokyo qu'en1956. La même année, en décembre, le Japon sera admis à l'ONU.
D'autre part, et alors que commence laguerre de Corée en1950, unchangement de politique des autorités d'occupation américaines du Japon a lieu et les Japonais peuvent, dès lors, reconstituer leurs forces militaires, avec le soutien des États-Unis cette fois, qui intègrent leur ancien adversaire dans leur système de défense asiatique (pacte militaire nippo-américain signé en 1951). À l'instar de laRépublique fédérale d'Allemagne, le Japon, dans les conditions particulières créées par la Guerre froide, devient un précieux allié de la politique américaine et bénéficie, en retour, d'une aide financière et matérielle qui lui permet de réaliser son « miracle économique » dès le début desannées 1950.
Pavillon de marine des forces d'occupation.Mac Arthur et son état-major débarquant à l'aérodrome d'Atsugi le 30 août 1945.
De 7 500 premiers hommes débarquant sur l'île deHonshu le, le contingent américain passe à 460 000 soldats au plus fort de l'occupation, dont la majeure partie appartiennent à laVIIIe armée américaine, à laquelle il faut ajouter lecontingent duBritish Commonwealth qui aura à son maximum 40 000 hommes. L'occupation militaire américaine a mobilisé l'ensemble du5th USAAF sur sa zone de responsabilité géographique (Japon et Corée sous le50e parallèle).
Ils veillent à la stricte application du protocole défini lors de laconférence de Potsdam concernant le sort réservé au Japon.
Les forces d'occupation américaines, devant le mauvais état et du faible gabarit du réseau routier et ferré japonais, ont renoncé au charM4 Sherman et il ne restait plus que deschar M24 Chaffee de 18 tonnes en service au déclenchement de la guerre de Corée[1]
Mac Arthur rencontre le l'empereurHirohito et lui fait comprendre qu'il cherchera à l'exonérer de poursuites criminelles devant leTribunal de Tokyo. Les échanges se poursuivent par la suite par intermédiaires et concernent non pas l'abdication mais la reconnaissance de la fin de sa nature divine,statut légendaire de l'Empereur qui rattache sa personne auxmythes fondateurs du Japon. Cette renonciation accompagne la redéfinition constitutionnelle de laDiète précédant la tenue d'élections libres.
Les ruines d'Hiroshima, les lendemains de l'explosion de Little Boy. Soixante six villes japonaises sont en ruines du fait des bombardements stratégiques.La période commence par une démonstration de force aérienne : B-29 survolant lemont Fuji.Le commandant suprême des forces alliées Mac Arthur prononçant le discours solennel mettant fin à la guerre mondiale, devant un parterre d'amiraux alliés, le. Le cuirasséMissouri est ancré en baie de Tokyo.Le Royaume-Uni et sesdominions participèrent à l'occupation de l'archipel ; ici, le5e régiment deGurkha en 1946.
Démocratisation : nouvelle constitution, droit de vote pour les femmes, liberté de la presse…
Jugement des criminels de guerre par leTribunal de Tokyo, à l'exception de l'empereurHirohito, de tous les membres de la famille impériale impliqués dans la guerre et des membres de l'Unité 731
L’arrêt des importations du fait dublocus maritime allié privait le Japon de 31 % de sonriz, 92 % de sonsucre et de 45 % de sonsel d’avant-guerre avant sa capitulation. De plus, la récolte de 1945 atteint seulement 60 % du niveau d’avant-guerre probablement par manque d’engrais et de main d'œuvre. Laration alimentaire à l’automne 1945 au Japon était réduite à 700calories/jour (niveau normal : 2 200 cal/jour) et 100 000 personnes seraient mortes desous-alimentation dans les années 1945-48, malgré l'aide américaine[2].
Leministre japonais des Finances a annoncé en que dix millions de personnesmourraient de faim pendant l’hiver si les vainqueurs ne venaient pas en aide au Japon. John W. Dower considère toutefois qu’il s’agit d’une prévision pessimiste[3].
En 1945-46, l’administration d'occupation américaine fait importer 3,5 millions de tonnes de stocks alimentaires par les États-Unis pour les 74 millions d’habitants de l'archipel du Japon soit 47 kilos par habitant (principalement de la farine, du sucre et ducorned-beef)[3].
Plusieurs historiens critiquent la décision d'exonérer l'Empereur et la famille impériale de poursuites criminelles (John W. Dower,Embracing Defeat, 1999, Herbert Bix,Hirohito and the Making of Modern Japan, 2000). Selon l'historienJohn W. Dower,« La campagne menée à bien pour absoudre l'Empereur de sa responsabilité à l'égard de la guerre ne connut pas de limite.Hirohito ne fut pas seulement présenté comme innocent de tout action formelle qui aurait pu motiver son inculpation du chef de criminel de guerre, il fut transformé en une sorte d'icône sainte ne portant même aucuneresponsabilité morale pour la guerre. » (Dower, ibid.,p. 326). Selon Herbert Bix,« Les mesures réellement extraordinaires entreprises parMacArthur pour sauverHirohito d'un jugement comme criminel de guerre troublèrent longtemps et profondément les Japonais dans leur perception de la défaite. » (Bix, ibid.,p. 545).
Une commission de censure civile fut instaurée pendant cette période ; elle veilla à éviter dans les médias japonais toute publication relative au devenir deshibakusha, et ce pendant une période de dix ans[4]. Des relevés deradioactivité au centre deNagasaki et d'Hiroshima furent néanmoins réalisés scrupuleusement par des scientifiques militaires américains, et leurs rapports classésSecret Défense dans une base militaire duMaryland. Le général Mac Arthur veilla lui-même à ce qu'aucune de ces données ne soit rendue publique : dans un contexte de guerre froide, les secrets de l'arme nucléaire étaient jalousement gardés.
Le, le Japon signait letraité de San Francisco et un traité de sécurité avec les États-Unis. Le traité de paix fut passé avec 48 États – plusieurs pays ne le signèrent pas, comme laRépublique populaire de Chine ou l'URSS – et entra en vigueur le, qui marque la fin de l'occupation américaine.
↑S.J. Zaloga, G. Balin. Guerre des chars en Corée 1950-53. — Tsuen Wan : Concord Publications, 1994. — P. 4. — 72 p. — (Série Armor at War n°3). —(ISBN9-62361-605-8)