Italie[19] (Langue reconnue à usage facilité) 109 communes ont déclaré leur appartenance à la minorité occitane.
Eurorégion Pyrénées Méditerranée (Langue co-officielle : catalan, espagnol, français, occitan ; cependant l'occitan ne sert pas de langue de travail)[20]
Totes los èssers umans naisson liures e egals en dignitat e en dreches. Son dotats de rason e de consciéncia e se devon comportar los unes amb los autres dins un esperit de fraternitat.
Au cours de sonhistoire, l'occitan a connu différentes appellations générales, notammentprovençal[31],[32],limousin,gascon,catalan,languedocien,roman[33]. L'appellation delangue provençale est celle récemment employée avant l'usage, plus courant aujourd'hui, delangue occitane.
Les estimations du nombre de locuteurs d'occitan actuels sont extrêmement divergentes selon les sources, toutefois l’occitan ressort commela langue régionale la plus parlée en France[6],[43].
Des mesures d'encouragement à sa transmission et à sa valorisation ont été prises récemment dans plusieurs pays. En effet, comme toutes les autres variétés d’occitano-roman (à l'exception ducatalan), l'occitan est classé par l'UNESCO en 2010 parmi leslangues en danger, c'est-à-dire que l’absence d’encouragement officiel de sa pratique peut causer sa disparition[44].
Le terme « langue d'oc » et son équivalent latinlingua occitana sont attestés à la fin duXIIIe siècle[45] pour désigner les régions de France situées au sud de laLoire[46]. De ce terme latin est issu le motoccitain (attesté en 1628[47], 1644[48] et 1655[49]) qui est une forme d'oïl, le suffixe-anum y ayant régulièrement abouti à-ain (exempleforanus > forain), alors qu'il donne régulièrement-an en langue d'oc, d'où « occitan » qui s’est imposé chez les romanistes dans la seconde moitié duXXe siècle[50].
Carte des langues d'Europe selon le marquis d’Argenson (1859).
l'ancienne présence de « marches séparantes » entre les populations ; zones ultra-sèches[58] (plateau désertique aragonais), forêts épaisses séparant le Nord du Sud de la France sauf aux abords de l’océan (laBrenne, laSologne, leBourbonnais, leNivernais, laBresse, leJura central…), marais ou landes impropres à l’agriculture et rebelles à toutes colonisations étrangères (régions entreLoire etGaronne –marais breton etpoitevin –) ;
la fixité des peuples préhistoriques et protohistoriques[58] et le substrat bascoïde marqué[57] ;
leur moindreceltisation.« L’apport gaulois […] n’a modifié le peuplement de [l'actuelle France] que dans le nord, l’est, le centre, Celtica-Belgica. »[59]. Pour le linguiste A. Lebrun, l’Occitanie aurait acquis une spécificité ethnique avant l'arrivée des populationsceltes auVIe siècle av. J.-C. et elle aurait été faiblement celtisée. Par la suite elle fut fortement romanisée à partir duIIe siècle av. J.-C.[60] Les populations celtes furent peu importantes mais la celtisation s’est implantée plus durablement dans le Massif central et les Alpes. Plusieurs mots dont le sens a parfois évolué proviennent cependant du gaulois alors qu'ils sont absents dans le français moderne, ex: còbra (cobro), regon (rica), vibre (bebros), balma (balma), etc.
une longue et profonde romanisation. Selon M. Müller« la bi-partition linguistique de la France commence avec la romanisation même »[61].
unlexique original : bien que celui de l’occitan se situe à mi-chemin entre le gallo-roman et l’ibéro-roman[62], il « possède […] quelque550 mots hérités du latin qui n’existent ni dans les parlers d’oïl ni enfrancoprovençal » ;
le développement de nombreux échanges commerciaux en Occitanie dès le début duMoyen Âge[68].
la mobilité précoce des populations due au développement économique ainsi qu'à l'expansion démographique ayant pour conséquence la création de nouvelles agglomérations rurales ou urbaines dès lesXIe et XIIe siècles[69] (sauvetés,castelnaus,bastides etvilles franches).
Les appellations d’anciennes provinces ont servi à désigner des variantes de l’occitan, bien que les aires géographiques ne correspondent qu’approximativement[71]. Leur délimitation géographique et leur caractérisation peuvent varier selon les auteurs : l’auvergnat, ledauphinois, legascon, lelanguedocien (séparé parfois duguyennais au nord), lelimousin, leprovençal[72]. L'appartenance ducatalan et dugascon au domaine occitan est débattue.
L'occitan est à l’origine d’une importante production culturelle[78] et d'unelittérature qui s'étend de façon ininterrompue sur plus de mille ans depuis lestrobairitz ettroubadours jusqu'à aujourd'hui, couvrant un grand nombre de genres littéraires (romans en vers ou en prose, arts poétiques -Las razos de trobar, Las leys d'amor…-, théâtre baroque, livret d’opéra, roman philosophique, chroniques, biographies des troubadours -les vidas-, vies de saints, textes épiques - laChanson de la Croisade des Albigeois notamment -, grammaires…), ainsi que de nombreux essais et des ouvrages sur des sujets très divers (liturgie et théologie, droit, agronomie, chasse, gastronomie, médecine, histoire, sciences…). Un des points culminants de l'histoire littéraire de l'occitan a été l'attribution duprix Nobel de littérature àFrédéric Mistral en 1904 pour son poèmeMirèio :Pouèmo prouvençau. Depuis leXIXe siècle elle est, sur le plan international, un sujet d'études académiques assez répandu.
Comme toutes les langues, l'occitan est composé dedialectes[79]. La négation de l'existence de la langue occitane par la mise en avant systématique de son caractère dialectal, et l'utilisation du terme équivoque depatois, ont conduit les Occitans à avoir honte de parler leur langue. Ce phénomène est appelé de manière populaire « la vergonha », et de manière scientifiqueschizoglossie[80]. Encore aujourd'hui, de nombreux locuteurs naturels considèrent qu'ils ne parlent pas lebon occitan ou que l'occitan n'est pas une langue[81],[82],[83].
Sans reconnaissance officielle ou reconnaissance limitée.
Toutefois, la situation de l'occitan est en train de changer tant du point de vue de sa reconnaissance par les autorités que de la revalorisation de la langue par les populations[100]. En France, depuis 2008, l'article 75-1 de la constitution indique que« leslangues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Plusieurs collectivités locales ont développé des mesures en faveur de la langue[101],[102],[103]. Depuis 1999, l'occitan fait partie des langues protégées par la loi sur les minorités linguistiques enItalie. L'occitan est officiel depuis 1990 dans leVal d'Aran (Espagne), statut qui a été étendu à toute lacommunauté autonome de Catalogne en 2006, puis renforcé par une loi catalane en 2010[104]. À partir des années 2000, des revendications pour l'occitan sont portées auprès d'instances internationales (CIO,UNESCO,Union européenne, …). En novembre 2014, l'occitan devient une des langues officielles de l'Eurorégion Pyrénées-Méditerranée[105],[106].
Il n'existe pas de données statistiques valables sur l'entier du territoire occitanophone qui permettent réellement de connaître les compétences deslocuteurs en occitan, celles-ci pouvant aller d'une simple compréhension passive à un usage solide, tant à l'oral qu'à l'écrit. Le nombre de ses locuteurs varie fortement en fonction de la méthodologie employée pour le calculer ainsi que de l'étendue de la zone géographique retenue. En 2020, une enquête à grande échelle faite par l'Office public pour la langue occitane[107] estime qu'environ 7 % de la population deNouvelle-Aquitaine et de larégion Occitanie parlent occitan, soit un peu plus de 540 000 locuteurs pour ces deux régions, avec des pourcentages variés selon les départements[108]. L'Office public de la langue occitane annonce en 2020, 230 792 locuteurs en région Nouvelle-Aquitaine et 310 832 en région Occitanie[109].
En France et à Monaco, la diglossie au profit du français est constante. En Italie, la diglossie au profit de l'italien reste forte. En Catalogne, malgré la récente officialité de l'occitan, la diglossie en faveur ducatalan d'une part et ducastillan (la langue avec le plus de poids en Espagne) d'autre part est toujours présente. Dans tous les pays, les locuteurs d'occitan sont au minimum bilingues.
L’appellation « provençal » présente des ambiguïtés car elle désigne également ledialecte provençal, que par ailleurs certains considèrent comme une langue distincte[111]. D’autre part l’expression de « langue d’oc » fait penser d’emblée au dialectelanguedocien (occitan central). Peut-être pour ces raisons le terme généralement considéré comme le plus clair est « occitan ». Il arrive aussi parfois que l'on nommeoccitan l’ensemble occitano-roman (catalan et occitan[112]).
gascon auxXVIe,XVIIe et XVIIIe siècles[115]. À cette époque, laGascogne était un centre important de la littérature occitane[116] et les Gascons ont eu l'habitude de représenter la « France du Sud » (Pays d'oc) aux yeux des Français du Nord. D'autant plus queHenri IV, roi de France de1589 à1610 et de Navarre depuis 1572, était par sa mèreJeanne d'Albret d'origine gasconne.
lingua occitana auXIVe siècle etlangue d’oc. « L’apparition du terme « occitan » est datée de1286, sous le règne dePhilippe le Hardi, dans le testament de Lancelot d’Orgemont « Premier et grand maître du Parlement de Langue de Oc » qui déclare tester « selon l’usage de la patrie occitane », « more patriæ occitanæ. » Le dit « Parlement » s’étant réuni en1273 sous la présidence de Lancelot d’Orgemont on peut supposer qu’il portait dès cette date l’appellation que revendique celui qui le présida (puis reprise en italien parDante en1304. Toutefois, l'installation d'un véritable Parlement à Toulouse en1273 présidé par un certain Lancelot d'Orgemont est contestée[117]. L'original du document évoqué ici pourrait dater duXVe siècle.
On trouve l’expressionlingua occitana (langue occitane) peu après dans certains textes administratifs en latin[118] ».
Les Occitans ont utilisé et utilisent toujours d’autres formules pour désigner leur langue, comme « la lenga nòstra » (notre langue) « parlam a nòstra mòda » (nous parlons à notre manière) ou encore enGascogne « Que parli » (je parle).
Dans certaines régions, les locuteurs les plus âgés utilisent le terme depatois (Larousse : parler local, rural et d’extension restreinte) pour désigner leur langue mais ce terme est également rejeté de nos jours pour ses connotations dépréciatives.
Ailleurs, dans les régions à forte identité, le nom de la province sert à désigner la langue, parfois en discordance avec les variations de celle-ci[120]. On dit : « l’auvergnat, lerouergat, le limousin, le gascon, le béarnais, le provençal, lenissart... ».
On peut trouver des appellations selon la variété locale de la langue (neugue), un terme géographique (aspois,médocain), ou encore une délimitation administrative (girondin).
Les limites sont principalement liées à la géographie physique. Au sud, les Pyrénées marquent la limite avec leslangues ibéro-romanes, tandis que les Alpes marquent la frontière orientale.
Des communautés de langue occitane ont existé ailleurs dans le monde. Leur présence peut être liée au départ des protestants de France, à la colonisation française, à l'immigration vers leNouveau monde ou même auxcroisades. Il peut arriver que certaines personnes parlent encore aujourd’hui l’occitan ou plus sûrement ont conservé quelques mots mêlés à la langue locale[121].
L’occitan « général » et lecatalan sont proches linguistiquement et permettent l’intercompréhension[124]. Certains romanistes comme A. Sanfeld incluent ces deux langues sous la même dénomination linguistique d’occitan. Le célèbre grammairien catalanPompeu Fabra, contributeur important à la normalisation du catalan moderne, envisage la possibilité d'une unification orthographique des deux langues si un processus de normalisation est mené à terme dans le domaine d'oc[125]. Le terme delangue limousine a été utilisé par lesCatalans pour désigner soit le catalan, soit la langue des troubadours, soit l'occitan ou soit encore l'ensemble des langues occitano-romanes.
Les liens entre l’occitan, le gascon et le catalan
Lecatalan est parfois considéré comme une variante occitane de typeausbau[126]. Le gascon possède des traits distinctifs qui le différencient nettement plus que le catalan au sein de l’ensembleoccitano-roman, principalement à cause de la forte influence dusubstrataquitain et dusuperstratvascon. Certains linguistes le considèrent parfois comme une langue à part[127],[128],[129]. Toutefois, le gascon est généralement considéré comme un dialecte de l'occitan[130],[131],[132],[133],[134]. Le linguiste Domergue Sumien défend l'inclusion du gascon dans l'occitan et l'exclusion du catalan du fait de l'existence de deux espacessociolinguistiques aux dynamiques différentes[135],[136].
À un stade ancien, lecatalan et la langue d'oc ne pouvaient être différenciés. Le catalan fait son apparition au sein de l'ensemble occitan[137]. Le fait qu’on écrivît quasi exclusivement enlatin durant le haut Moyen Âge rend très délicate toute catégorisation formelle. En tout cas, les premiers textes en langues vulgaires, bien que très semblables montrent déjà quelques différences, lesquelles se sont accentuées au milieu duXIIe siècle[138]. Le majorquinRamon Llull (1232 -1315), premier philosophe dans une langue néolatine est également considéré comme le premier auteur majeur en catalan. S'il écrivit également des poèmes en occitan à partir de 1274, il apporta avec son œuvre imposante un grand nombre de traits et de néologismes qui différencient les deux langues.
L’aspect politique, culturel et religieux est important aussi. LaCatalogne, contrairement à l’Occitanie, a bénéficié longtemps d’une moindre dépendance étatique alliée à un fort développement économique. De plus, l’espace occitan est globalement défini par son appartenance à la France, le catalan est majoritairement défini par son appartenance à l’Espagne. Encore récemment les langues continuent d’évoluer séparément : le catalan est un ensemble de dialectes qui ont tendance à s’hispaniser au contact ducastillan ; l’occitan, lui, a tendance à se galliciser au contact du français. Le poids important des langues espagnole et française dans le monde pèse lourdement sur les rapports de domination linguistique au sein de laFrance et de l’Espagne.
Le gascon a été souvent considéré comme un dialecte occitan ; tandis que le catalan, plus proche du languedocien d’un point de vue linguistique que d’autres dialectes occitans, a été considéré comme une langue différente. Dans l’œuvre du philologue duXIXe siècleFriedrich Christian Diez, le catalan est considéré comme partie intégrante de l’occitan (appelé « provençal ») ; cependant il en signale les différences. DansGramàtica del català contemporani (2002)[142], le catalan est classé dans leslangues romanes occidentales, comme un intermédiaire entre les groupes gallo-roman et ibéro-roman, comme tout le groupeoccitano-roman. D'autres études récentes classent le catalan dans lediasystème occitan.
Certaines positions, en particulier au sein de l'école linguistique occitane, tendent à inclure le catalan comme dialecte de l'occitan, sur la base d'une similitude générale et d'une tradition littéraire communes. Certains pères de laromanistique, commeWilhelm Meyer-Lübke ouFriedrich Christian Diez, incluaient ainsi le catalan comme élément de l'ensemble occitan[143],[144],[145].
L’occitan et le catalan se distinguent par la manière d’écrire la langue (graphie).
La prononciation varie entre catalan et occitan, par exemple :
á, qu'on trouve uniquement en position finale, ainsi graphié pour des raisons étymologiques, est prononcé [ɔ] en languedocien et [e] en provençal (le niçois maintient l'accentuation étymologiqueparoxytone, comme en catalan).
Dans différentes combinaisons consonantiques, la première consonne est assimilée à la suivante, là où le catalan maintient la prononciation étymologique (abdicar > [addi’ka] ; « cc » ou « ks », prononcés [ks] étymologiquement, est neutralisé en [t͡s] en languedocien ;occitan se prononce [ut͡siˈta] ou [usiˈta] dans ce dialecte).
En occitan,la syllabe tonique des mots s’est rapprochée du français avec le temps, sous l’influence de ce dernier[réf. nécessaire]. Les anciensproparoxytons deviennentparoxytons dans la plus grande partie du domaine occitan (MÚsica (cat) muSIca (oc), PÀgina (cat) paGIna (oc), boTÀnica (cat) botaNIca (oc), inDÚstria (cat) indusTRIa (oc)…). Seuls leniçois et levivaro-alpin desvallées Occitanes ont maintenu l'accentuation latine, conservée en catalan et de façon générale dans les langues ibéro-romanes.
Pour les catalanophones, la graphie classique de l'occitan présente l’avantage d'être proche de la catalane. Ceci s'explique par le fait que les travaux d’actualisation et de fixation de cette graphie, conduits parLoís Alibèrt dans le premier tiers duXXe siècle, sont basés sur la graphie médiévale et sont grandement inspirés des travaux menés parPompeu Fabra pour le catalan. Au Moyen Âge, les deux langues étaient plus proches de leur origine commune et les contacts étaient alors plus intenses (la poésie en Catalogne a été écrite presque exclusivement en occitan jusqu'auXIVe siècle). L'influence de la norme catalane dans les travaux d'Alibert est parfois critiquée car jugée excessive[146].
Malgré tout, il y a entre catalan et occitan quelques différences dont il faut tenir compte pour lire avec facilité les textes occitans :
On conserve le « n » final des mots bien que dans la plupart des dialectes occitans, il ne se prononce plus (les exceptions sont le provençal et le gascon, qui inclut l’aranais). Exemples : « occitan », « concepcion ».
Le « h » muet n'existe pas (les « h » étymologiques sont souvent maintenus en catalan) : i a un òme (cat: hi ha un home). Le « h » note en gascon une consonne aspirée ; dans bien des cas il correspond au « f » latin, maintenu dans les autres dialectes ainsi qu'en catalan. Exemple : en gascon« hèsta », dans les autres dialectes« fèsta », en catalan« festa ».
Lesdigrammes « lh », « nh » (tous deux inspirés de la graphie classique traditionnelle) et « sh » correspondent en catalan à « ll », « ny » et « x ».
Il ne faut toutefois pas en conclure que l’occitan et le catalan soient très différents. Il existe une assez bonne intercompréhension entre catalanophones et occitanophones.
Jules Ronjat a cherché à caractériser l’occitan[149] en s’appuyant sur 19 critères principaux et parmi les plus généralisés. Onze critères sont phonétiques, cinq morphologiques, un syntaxique, et deux lexicaux. On peut ainsi noter la moindre fréquence des voyelles semi-fermées (enfrançais standard :rose, jeûne). C’est une caractéristique des occitanophones grâce à laquelle on reconnaît leuraccent « méridional » même quand ils parlent en français. Il existe aussi la non-utilisation du pronom personnel sujet (exemple :canti/cante/chante/chanto je chante ;cantas/chantas tu chantes). On peut trouver encore d’autres traits discriminants. Sur les dix-neuf critères principaux, il existe sept différences avec l’espagnol, huit avec l’italien, douze avec le francoprovençal et seize avec le français.
1°) Absence ou rareté des voyelles arrondies [ɒ, o, ø]; type français : pâte, rose, yeux... Ces voyelles peuvent exister en occitan mais n'y jouent, en général, aucun rôle phonologique. Le Méridional parlant français ouvre spontanément ces voyelles, ce qui est une des caractéristiques les plus saillantes de son accent.
2°) Présence de la voyelle /y/. La palatalisation de u latin [u] passa au son [y] (localement [œ], comme en catalancapcinois). C'est un trait général de l'ensemble du gallo-roman, des dialectes de l'Italie du Nord et d'une partie des idiomes rhétiques.Par exemple : LUNA>Luna (Lune).
3°) Voyelles nasales conservant le timbre de la voyelle orale correspondante. La nasalité de la voyelle n'est que partielle et toujours suivie d'une résonance consonantique. C'est un point commun avec la majorité des langues romanes à l'exception du français, du francoprovençal et du portugais.Par exemple : la prononciation méridionale des mots français tels que : pain, brun, bon, banc est encore là un trait caractéristique de l'accent du Midi.
4°) Diphtongaison des voyelles latines e, o uniquement conditionnée par la séquence d'un yod [j] ou d'un [w]: è est devenu iè (ie); ò est devenu uò (uè, ue).Par exemple :
VETULU>vielh (vieux)
NOCTE>nueit/nuech/nuòch (nuit)
DEU>dieu... (dieu)
Dans tous les autres cas, les voyelles du latin vulgaire sont solidement conservées : e>è (è ouvert du français : tête), o>o (o ouvert du français : botte).Par exemple :
DECEM>dètz (dix)
CELU (classiqueCAELUM)>cèl (ciel)
CULTELLU>cotèl (couteau)
MEL>mèl
OPERA>obra
PORTA>porta
Du point de vue vocalique, l'occitan est une langue romane très conservatrice et s'oppose radicalement au français qui, sous l'influence probablement germanique, a considérablement allongé puis diphtongué ses voyelles en position libre.
5°) Pas de diphtongaison des voyelles du latin vulgaire [e, o] fermées=latin classique e, i;o, u. Même remarque que pour 4°). Par exemple :
TRES>tres (trois)
DEBERE>dever (devoir)
FIDE>fe (foi)
FLORE>flor>[flur] (fleur)
6°) Fermeture jusqu'à [u] de latin vulgaire [o]. Par exemple :
7°) Maintien, hors cas particulier, de a accentué latin, quelles que soient les précessions.Certains parlers occitans peu étendus peuvent connaître une palatalisation légère de [a] vers [æ] ou [ɛ], mais c'est un phénomène superficiel (palatalisation conditionnée de a + yod en gascon et en ibéro-roman). Ce conservatisme de [a] en occitan est commun avec la plupart des langues romanes. C'est une différence avec les évolutions radicales du français et du francoprovençal, qui palatalisent et diphtonguent [a] de manière systématique vers [ɛ, jɛ].
L'occitan s'oppose au français. Le francoprovençal, qui palatalise les /a/ seulement derrière palatale (CAPRA>chievre), occupe donc une position intermédiaire.
8°) Maintien des voyelles postoniques
-a (prononcé [ɔ, a, ə] selon les régions); -e; -i; -o (prononcé [u]); et aussi en niçard -u (prononcé [y]). C'est un point commun avec la majorité des langues romanes, mais une différence avec le français, qui élimine toutes les voyelles postoniques ou les neutralise en [ə] et tend à perdre l'accent tonique.
Per exemple :
occitan:pòrta [ˈpɔrtɔ],astre [ˈastre],òli [ˈɔli],cigarro [siˈɣarru] (et en niçardaquelu [aˈkely]),
à comparer avec le français : porte [pɔʀt], astre [astʀ], huile [ɥil], cigare [sigaʀ].
Maintien du -a final atone (quelle que soit sa prononciation actuelle), qui est passé à /ə/ et a été effacé en français. Par exemple :
CATENA>cadena (chaîne, phonétiquement : [ʃɛn])
PORTA>pòrta (porte, phonétiquement : [pɔrt])
D'où la fréquence en occitan des paroxytons (mots accentués sur l'avant-dernière syllabe), et le rythme nettement « méridional » de la phrase occitane, s'opposant au français qui a perdu tout accent de mot (autre qu'expressif) et ne connaît plus qu'un accent de phrase.
Dans le même sens va la variété des autres voyelles atones : [-e, -u, -i].Par exemple :piuse, carrosco, canti.
10°) Les proparoxytons (mots accentués sur l'antépénultième) ont disparu dans la grande majorité des dialectes occitans sauf en niçois et en cisalpin :arma, pagina (niçois et cisalpin :ànima, pàgina). Sous cet aspect, c'est un point commun avec le catalan roussillonais, l'aragonais, le francoprovençal et le français ; mais c'est une différence avec la majorité des autres langues romanes.
11°) Fermeture de [o] atone jusqu'à [u] comme encatalan oriental (hormis enmajorquin), dans le nord-italien et le portugais, ainsi que dans certains mots du français :portar [purˈta], cigarro [siˈɣarru].
1°) Conservation d'une flexion verbale restée assez proche du latin permettant comme dans ce dernier un usage facultatif des pronoms personnels sujet, excepté dans une frange étroite tout au nord du domaine occitan. C'est un point commun avec la majorité des langues romanes excepté le français, le francoprovençal, le nord-italien et le rhéto-roman.Par exemple :parli, parlas ⇒ je parle, tu parles.
2°) Système verbal original, dont l'essentiel est commun avec le catalan.
3°) Usage systématique du prétérit et de l'imparfait du subjonctif surtout pour exprimer l'irréel comme dans la majorité des langues romanes, mais à la différence du français. Le nord-italien, l'italien et le roumain ont tendance à abandonner le prétérit de manière variée.Par exemple :S'aguèssi un ostal, seriái content ⇒ si j'avais une maison, je serais content.
4°) Maintien du subjonctif dans les interdictions (impératif négatif), alors qu'il s'est perdu en français, en francoprovençal et en italien :Par exemple :(non) cantes pas ⇒ ne chante pas.(non) fagas pas aquò ⇒ ne fais pas cela.(non) parles pas ⇒ ne parle pas.
5°) Emploi, concurremment avec « òm », de la troisième personne du pluriel et du réfléchidans les expressions indéterminées, alors que le français n'emploie guère que « on »[pas clair].Par exemple :dison que ouse ditz que plus rarementòm ditz que ⇒ on dit que.
1°) Affinité lexicale de l'occitan avec les langues latines méridionales: surtout avec le catalan, mais aussi avec l'aragonais et le nord-italien. Il existe aussi des racines communes avec le basque qui n'est pas une langue romane. En effet, dans le lexique occitan, il existe des vieux fonds spécifiques tels que le fond méditerranéen, ibérique, pyrénéen etc., qui donnent au vocabulaire de l'occitan (surtout du Sud) une couleur particulière.
2°) Le lexique d'oc diffère fortement du lexique français et francoprovençalà cause de contingences culturelles et historiques[pas clair].
Il existe notamment trois caractères généraux de cette syntaxe qui diffèrent toutes du français :
l'absence du souci de logique formelle[pas clair], ce qui évite la rigidité syntaxique que connaît le français ;
le souci de l'expressivité[pas clair] (« logique psychologique ») ;
la souplesse de la langue occitane, qui oppose l'occitan au francoprovençal et au français moderne. En effet, il existe en occitan des temps, aspects, modes et voix au niveau des verbes qui n'existent pas dans les autres langues. Par exemple, le parfait de l'action antérieure indéterminée en occitan est absolument inconnu en français.
Par la suite, toutes lesgraphies de l'occitan (classique, mistralienne, bonnaudienne, de l'École du Pô) ont été conçues d'abord en notant lesparlers, sans fixer une variété standard de l'occitan. Cependant la norme mistralienne a entraîné depuis la fin duXIXe siècle l'apparition de trois normes littéraires régionales: une enprovençal général, une enniçard et une engascon (béarnais). On peut dire en outre que la norme provençale mistralienne est unelangue standard (avis des partisans de la norme dite moderne) ou préfigure unelangue standard (avis des partisans de la norme classique).
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Frédéric Mistral a donné son nom à la norme félibréenne bien qu'à l'origine il a utilisé la norme classique modernisée (Écriture du dictionnaire deSimon-Jude Honnorat).
L'occitan n'étant pas une langue nationale ou officielle (sauf en Catalogne), il n'est pas surprenant que des choix différents aient été faits selon les lieux et les époques, aboutissant ainsi à l'existence de plusieurs normes.
Ces normes sont aussi liées à l'histoire de la langue. À l'époque des troubadours, l'occitan a un rayonnement culturel dans l'Europe entière et présente peu de variations comme langue littéraire. Hervé Lieutard (1999) parle également de l'existence d'habitudes graphiques interrégionales rendues possibles par de nombreux échanges entre occitanophones (courrier en dialecte nord-occitan où chantar 'chanter » est écritcantar par exemple). Mais à partir de la fin de laCroisade des Albigeois (1229), le français devient peu à peu la langue administrative et littéraire, l'occitan finit par n'être plus qu'une langue véhiculaire. Il est de moins en moins écrit, ce qui provoque la perte de son unité graphique.
Totas las personas naisson liuras e egalas en dignitat e en dreit. Son dotadas de rason e de consciéncia e lor chau (/fau) agir entre elas amb un esperit de frairessa.
Toutos las persounos naissou lieuros e egalos en dinhitat e en drèit. Sou doutados de razou e de counsciéncio, mas lour chau agi entre guessos dinc un eime de frairesso.
Norme bonnaudienne :
Ta la proussouna neisson lieura moé parira pà dïnessà mai dret. Son charjada de razou moé de cousiensà mai lhu fau arjî entremeî lha bei n'eime de freiressà.
Touta la persouna naisson lieura e egala en dïnetàt e en dreit. Soun doutada de razou e de cousiensà e lour chau ajî entre ela am en esprî de freiressà.
Totas las (/eras) personas que vaden libras e egaus en dignitat e en dret. Que son dotadas d'arrason e de consciéncia e que las cau hèr l'ua dab l'auta dab esperit de fraternitat.
Norme fébusienne : Toutes las (/eras) persounes que nachen libres e egaus en dinnitat e en dret. Que soun doutades de rasoû e de counscienci e qu'ous cau ayi entre eres dap û esperit de fraternitat.
nord-gascon
Totas las personas vasen libras e egalas en dignitat e en dre(i)t. Son dotadas de rason e de consciéncia/consciença e las i fau agir entre eras damb un esprit de fraternitat.
Totas las personas naisson liuras e egalas en dignitat e en drech. Son dotadas de rason e de consciéncia e lor cal agir entre elas amb un esperit de frairesa.
Totas las personas naisson liuras e egalas en dignitat e en drech. Son dotadas de rason e de consciéncia e lor chau (/fau) agir entre elas emb un esperit de frairesa.
Totei lei personas naisson liuras e egalas en dignitat e en drech. Son dotadas de rason e de consciéncia e li cau (/fau) agir entre elei amb un esperit de fraternitat.
Tóuti/Tóutei li/lei persouno naisson liéuro e egalo en dignita e en dre. Soun doutado de rasoun e de counsciènci e li fau agi entre éli/élei em' un esperit de fraternita.
Toti li personas naisson lib(e)ri e egali en dignitat e en drech. Son dotadi de rason e de consciéncia e li cau agir entre eli emb un esprit de fratelança.
Touti li persouna naisson lib(e)ri e egali en dignità e en drech. Soun doutadi de rasoun e de counsciença e li cau agì entre eli em'un esprit de fratelança.
Norme de Rancher (italianisante) :
Touti li persouna naisson lib(e)ri e egali en dignità e en dreç. Soun doutadi de rasoun e de counsiensa e li cau agì entre eli em'un esprit de fratelansa.
Totas las personas naisson liuras e egalas en dignitat e en drech. Son dotaas de rason e de consciéncia e lor chal agir entre elas amb un esperit de fraternitat.
Norme de l'Escòla dau Pò : Toutes les persounes naisoun liures e egales en dignità e en drech. Soun douta de razoun e de counsiensio e lour chal agir entre eles amb (/bou) un esperit de freireso.
Tots els éssers humans neixen lliures i iguals en dignitat i en drets. Són dotats de raó i de consciència, i han de comportar-se fraternalment els uns amb els altres[154].
Tôs los étres homans nêssont libros et ègals en dignitât et en drêts. Ils ant rêson et conscience et dêvont fâre los uns envèrs los ôtros dedens un èsprit de fraternitât[154].
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité[154].
Tutti gli esseri umani nascono liberi e uguali in dignità e in diritti. Sono dotati di ragione e di coscienza e devono comportarsi fraternalmente l'uno con l'altro (vers.alternative:agire con spirito di fratellanza[154].
Todos los seres humanos nacen libres e iguales en dignidad y derechos y, dotados como están de razón y conciencia, deben comportarse fraternalmente los unos con los otros[154].
Comparaison entre quatre normes existantes en occitan : graphèmes typiques
Cette norme a été conçue par Pierre Bonnaud. Elle ne concerne que le dialecte auvergnat qu'il considère lui-même comme une langue. Cette graphie est critiquée dans le monde de la recherche[155],[156]. Il s'agit d'une écriture basée sur la prononciation transcrite en français (le son [u] est orthographiéou) maisnh etlh sont conservés pour marquer la mouillure. L'auteur ne veut privilégier aucun parler et les localismes sont pris en compte, le mot « pelle » peut s'écrirepalà,pavà,pagà ouparhà selon le lieu[157].
Voici quelques-unes des spécificités de cette norme, en particulier, l'utilisation de nombreux signes diacritiques et signes de ponctuation :
le tréma pour marquer la palatalisation dui ou duu et sur lee pour distinguer les monosyllabes toniques des atones (më « mer ») ou éviter une prononciation à la française (pëssa « pièce », prononcé avec [ɛ] et non [e]),
l'accent circonflexe, utilisé pour marquer l'accent tonique irrégulier mais également pour distinguer des homophones monosyllabes (cô « coup » / co « fois »). Par contre, il s'efface devant le tréma (venï « venir »),
l'apostrophe pour marquer une aphérèse non constante (pa'rei pour pa vrei « pas vrai »), l'aphérèse constante fréquente en auvergnat n'est pas notée. Elle sert aussi à indiquer le non-chuintement d'uns initial ('suchou « billot ») et à distinguer un pluriel d'un singulier si le contexte ne le permet pas (meizou « maison » ~ meizou' « maisons »),
l'emploi des parenthèses sert entre autres à noter au masculin une lettre finale qui va réapparaître au féminin (blen(ch) « blanc », chi(n) « chien »),
la lettrez est utilisée systématiquement pour rendre le son [z],
Malgré le choix d'une graphie permettant de retrouver la forme orale de façon univoque, il faut relever l'existence de lettres de recouvrement servant à noter certaines prononciations dialectales différentes :
La graphie de l'Escolo dóu Po également appelée Grafia Concordata, a été élaborée par une commission spéciale créée en janvier 1971 par l'Escolo Dóu Po qui comprenait entre autres des linguistes (Giuliano Gasca-Queirazza, Corrado Grassi, Arturo Genre), un enseignant (Ezio Martin) et des poètes (Antonio Bodrero, Sergio Ottonelli, Sergio Arneodo, Beppe Rosso, Remigio Bermond, Franco Bronzat). Elle avait pour but d'adapter la graphie mistralienne aux dialectes des vallées italiennes. Elle a été publiée dans le journal Lou Soulestrelh[158] le 8 août 1973.
Il s'agit d'une adaptation revendiquée de la graphie mistralienne mais elle présente certaines particularités dont celles-ci :
eu note [Ø] (neuch « nuit »),
ë note [ə] (tëmp « temps »),
sh est prononcé comme sc(i) en italien,
zh note [ʒ],
h sert à indiquer que deux voyelles se prononcent séparément,
x note [ð] et ç note [θ], des phonèmes présents dans la vallée du Pô,
les diphtongues terminées par le son [u] s'écrivent avec ou comme aou, oou, etc.
Une voyelle longue est généralement notée par l'accent circonflexe (ëncoû 'encore »). Si une voyelle est en même temps tonique, fermée et longue, on écrit deux fois la voyelle avec un accent sur le premier signe (ée par exemple).
une voyelle issue duA latin et prononcée différemment selon les endroits,
une voyelle atone marquant généralement le masculin et prononcée [e] en Béarn, à l'exception de la région d'Orthez où elle se prononce [ə] comme dans le cas précédent.
Dans le tableau suivant, voici les différentes solutions qui ont été proposées en prenant comme exemple les motscause « chose » etdeute « dette » :
cause
deute
Jean Vastin Lespy
(1858)
notation par e de la voyelle issue du A latin et de la voyelle atone finale
cause
deutẹ
Simin Palay (1932)
ajout d'un point sous le e s'il ne s'agit pas de la voyelle issue du A latin
causa
deute
Jean Bouzet (1937)
notation de la voyelle issue du A latin par a
cause
déute
Joseph Courriades (1951)
accentuation de la voyelle de la syllabe précédant le e final s'il ne s'agit pas de la voyelle issue du A latin. Cette dernière notation n'est pas toujours appliquée.
Il s'agit d'une graphie voulant rendre compte des différences dialectales dans la prononciation. Selon les endroits, « moi » se dit [jou] et s’écrityou ou bien se prononce [ʒou] et s’écrit jou. Les principales différences avec la graphie mistralienne sont les suivantes :
[j] est notéy (yoenesse « jeunesse » par exemple),
o devant une voyelle, se prononce [w] (boéu « bœuf » par exemple),
ẹ, appelé e pointé, transcrit un [é] final atone : bàdẹ « naître »,
où = [u] accentué et òu = [ɔu] avec accent tonique sur o (boùles « tu veux » et pòu « peur » par exemple),
l'accent circonflexe marque la nasalisation d'une voyelle en général tonique (û cop « une fois »).
Dès 1853, les félibres ont défini un code graphique[159] basé sur le sous-dialecte provençal rhodanien. Le succès deMirèio (qui vaudra àFrédéric Mistral le prix Nobel de littérature) et l'édition de l'Armana Prouvençau vont en permettre la diffusion. Frédéric Mistral et le Félibrige ont fait le choix d'un système phonographique inspiré du français (son [u] noté ou, son [ɲ] noté gn) dont l’intérêt était de permettre à des locuteurs ne sachant plus lire que le français d'apprendre plus facilement à lire la langue d'oc. Cette graphie étant essentiellement basée sur la phonétique du provençal rhodanien, qui a posé des problèmes lorsqu'on a voulu appliquer cette norme à d'autres variétés dialectales dont la prononciation était différente.
Les différences entre les graphèmes du français et ceux de l'écriture mistralienne sont les suivantes :
ch se prononce [tʃ] ou [ts] selon les parlers (chato « chatte ») ;
e se prononce [e] (cerealo « céréale ») sauf s'il est suivi par -ll (bello « belle »), -rr (bierro « bière ») ou r avec une autre consonne (serp « serpent ») car alors il vaut [ɛ] ;
lh existe dans leTrésor du Félibrige pour représenter le son [ʎ] dans les dialectes qui l'emploient ;
j oug devant e ou i se prononce [d͡ʒ] mais aussi [d͡z] ou [ʒ] dans certains dialectes (fusteja « charpenter », gingoulado « plainte d'un chien ») ;
o se prononce [ɔ] lorsqu’il est tonique (doso « dose »), [o] ou [ɔ] en finale atone selon les parlers (cremaduro « brûlure »). Il se prononce [u] dans la conjugaison de la troisième personne du pluriel des verbes du premier groupe (c'est une astuce de Mistral pour différencier le -oun tonique du -oun atone) ;
p se prononce [w] dans trois mots : cop « coup », trop « troupeau » et cap « cap maritime » ;
r (quand il n'est pas géminé) se prononce [r] en début de mot et [ɾ] le reste du temps, mais cette prononciation tend de plus en plus à disparaître au profit [ʁ] plus proche du français
u se prononce [u] dans les diphtongues ;
Quant au son [j], écritill en français, il est notéi (Mirèio « Mireille ») ouh lorsquei est tonique (Marsiho « Marseille »).
Elle a plus particulièrement été adaptée à l'aranais[168], augardiol[169] et auvivaro-alpin parlé dans le Piémont[170]. Par ailleurs il convient d'ajouter que la graphie classique d'Honnorat se distingue légèrement des autres auteurs dans la mesure où elle utilise le -ou pour remplacer le -o en Occitan et elle utilise également -gn pour remplacer le -nh. À ce titre, Montanha dans la norme classique actuelle s'écrit Mountagna chez Honnorat.
« a » final atone : le plus souvent [o], [oe] mais est maintenu [a] àNice,Montpellier,Saurat,Orange,Pontacq et dans les Alpes (exemple : Niça) ; [e] près de Lunel ; [ə] àBessan[171].
« o » > [u], « ou » français (exemple : lo solèu >[lu suˈlɛw])
« ò » = o ouvert français ([ɔ]), diphtongue de façon plus ou moins systématique en [we], [wɔ] (fréquente notamment en provençal ; [wa] en niçois et provençal alpin) selon les régions et les termes concernés
« nh » > [ɲ], « gn » français (exemple : la montanha > [la munˈtaɲo])
« lh » > [ʎ] (ll castillan et catalan ;gli italien ;lh portugais) (exemple : la filha > [la ˈfiʎo]), neutralisé en [j] dans une bonne partie du domaine provençal
Prononciations de l'occitan selon la norme classique
Il n'y a pas de prononciation unique de l’occitan puisque par définition, la norme classique permet de lire les différents dialectes. La prononciation se fait selon des règles de lecture propres à chaque dialecte, avec donc de nombreuses exceptions. À partir de lettres de base, l’occitan utilise des symboles modificateurs, qui changent la prononciation de certaines lettres, ou simplement marquent une tonicité dans le langage comme : l’accent fermé ('), l’accent ouvert (`) et la diérèse (¨), ou le point de séparation entre s et h ou n et h (s·h ;n·h) engascon.
Voyelles
a:
-a-,a- età se prononcent [a]
-a etá final se prononcent[ɔ], ou [a] (selon les dialectes) de même que-as et-an: a atone. Il peut exceptionnellement se prononcer[u] pour la terminaison du présent de l'indicatif du premier groupe : cantan [kantun]. Le[ɔ] ne se prononce pas comme un -o traditionnel mais s'en rapproche. En réalité c'est un son intermédiaire entre -a et -o presque muet qui ressemble au -o de "sort". Pour Mistral, les niçois auraient pu adopter le -o du féminin car leur -a se rapproche du "-o" final provençal.
e:
e oué se prononcent [e]
è se prononce[ɛ]
i ouí se prononcent [i] (i > [j] dans une diphtongue)
o
o ouó se prononcent [u] ou [w]
ò se prononce[ɔ]
u se prononce [u], [y] ou[ɥ] en position semi-vocalique, excepté quand il est après une voyelle [w]. Ex :lo capeu [kapeu] : le chapeau (provençal)
Consonnes
b: [b]/[β] ; [p] en position finale (comme en catalan).
c: [k]. [s] devant « e » et « i ». Quand il est doublecc: [ts]
ch: [tʃ]
ç: [s], lettre d'origine espagnole ayant disparu en Espagne, elle servit à remplacer beaucoup de -s, -ts, -tz, -ti qui ont pour certains remplacé des -c étymologique (ex: provincia > provensa > provença ; autre exemple pour montrer qu'elle ne revient pas nécessairement au -c étymologique, joventia > joventa > jòvença ou Martius > Mars/Marts (mistralienne) > Mars/Marts/Març (classique)). À la différence de l'écriture mistralienne, l'utilisation de la cédille pour la lettre -c est plus répandu dans l'écriture classique, même si certains occitanistes préfèrent limiter le -ç à la façon de la norme mistralienne.
d: [d]/[ð] ; [t] en position finale (comme en catalan).
f: [f]
g: [g]/[ɣ] devant « a », « o », « u ». [dʒ] devant « e » et « i ». Quand il est final, il se prononce [tʃ] (freg,ensag,mièg > [ˈfretʃ], [enˈsatʃ], [ˈmjɛtʃ]), parfois[k] (sociològ > [susiuˈlɔk]).gu devant « e » et « i » se prononce [g]/[ɣ]
h: muet
j: [dʒ]
k: [k]
l: [l]. Un doublell, se prononce [ll]. (lo capel en dialectelanguedocien : le chapeau)
lh: [ʎ], en position finale : [l]
m: [m], final [m] (enGascon) ou [n] (en dialectelanguedocien). En doublemm, [mm]
n: [n]. Muet en position finale. [m] devant « p », « b » et « m ».[ŋ] devant c/qu et g/gu.[ɱ] devant « f ».nd etnt [n]
nh:[ɲ]. En position finale [n]
n·h : [nh] :eth con·hòrt (le confort)
p: [p]
qu: [k] devant « e » et « i »; [kw] autrement
qü: [kw]
r: [r] et[ɾ]. En position finale, il est muet dans la majorité de mots.rn,rm >[ɾ]
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Trois normes littéraires régionales ont acquis une certaine notoriété :
La norme littéraire gasconne, basée sur le parler du nord duBéarn, a bénéficié du prestige d'ancienne langue officielle d'État. Elle est utilisée dans toute la zone dialectale gasconne.
La norme littéraire provençale est basée sur le parler rhodanien. Il a acquis du prestige grâce à sa mise en avant par leFélibrige à l'origine durenaissantisme occitan et aux œuvres littéraires créées parFrédéric Mistral, récompensé duprix Nobel de littérature. Elle est utilisée uniquement dans les zones dialectales provençales rhodanienne et maritime.
La norme littéraire languedocienne est basée sur le travail deLouis Alibert. Il s'est inspiré de la normalisation du catalan et a choisi des formes orientalisantes du languedocien. Les succès de l'occitanisme après-guerre ont déplacé le centre de gravité du mouvement occitan de la Provence rhodanienne (Arles) au Languedoc méridional (Toulouse, Montpellier). La norme littéraire languedocienne est utilisée dans toute la zone dialectale languedocienne et sert de base plus ou moins bien acceptée pour l'occitan référentiel.
Aucune norme littéraire n'a réussi à s'implanter dans toute l'Occitanie.
Une langue standardisée répondrait aux besoins d'usages modernes de l'occitan : enseignement, études universitaires à l'étranger, médias et autres moyens de communication[172]. La situation actuelle de l'occitan oblige à créer plusieurs versions dialectales d'un même produit au détriment de la diversité de production[173].
Selon leconseil de la langue occitane (CLO), une forme standard permet à l'occitan de répondre à toutes les fonctions de communication d'une langue dans la société moderne, d'enregistrer les formes essentielles de la langue et de les rendre accessibles à tous, de donner des bases solides aux apprenants en évitant l'insécurité linguistique, de faciliter la diffusion massive de l'occitan dans la société et de favoriser le bien-être culturel de la population occitane en mettant à sa disposition un type d'occitan largement accessible et revalorisé[174].
Lascripta occitane de Navarre était une forme écrite d'occitan utilisée comme langue juridique officielle dans leRoyaume de Navarre auxXIIIe et XIVe siècles[176]. Elle semble composée d'une base de koinê archaïsante du languedocien méridional et de scripta navarro-romane, avec des ajouts importants de gascon, de catalan et d'aragonais ainsi que possiblement quelques apports de langue d'oïl et du castillan.
Plusieurs standards littéraires régionaux de l'occitan développés au cours desXIXe et XXe siècles sont parvenus à un niveau plus ou moins avancé de standardisation[177],[178] :
l'auvergnat (standard embryonnaire)
le gascon (standard avancé)
le languedocien (avancé)
le limousin (avancé)
le provençal nissard (moyennement avancé)
le provençal général (avancé)
le vivaroalpin (embryonnaire).
On assiste depuis 1990 à la standardisation de sous-dialectes hors de France : l'aranais, forme locale du gascon d'Espagne ; et le cisalpin (ou alpin oriental) qui est un ensemble hétérogène du vivaroalpin d'Italie incluant aussi le dialecte transitionnel royasque[92].
Outre ces expériences de normes littéraires, du côté de la norme classique, la volonté consciente de fixer une variété standard en occitan est apparue dans lesannées 1970 avec les recherches des linguistesPierre Bec,Robert Lafont,Roger Teulat,Jacme Taupiac, suivis dans lesannées 1980 parPatrick Sauzet. La variété standard est appelée selon les auteursoccitan référentiel,occitan standard ou plus récemmentoccitan large (occitan larg, P. Sauzet). Selon le consensus de la majorité des spécialistes qui travaillent sur ce projet, l'occitan large se compose :
d'une variété générale qui se base sur le dialecte languedocien, considéré comme dialecte intermédiaire, sans aucune notion de supériorité,
d'adaptations régionales du standard, prenant en compte certains traits dialectaux typiques, tout en conservant une grande convergence et une conception unitaire. C'est une manière de fédérer dans l'occitan large les différentes normes littéraires régionales qui se sont développées au cours duXIXe et du XXe siècle.
À l'heure actuelle, le concept d'occitan large est encore mal compris. Des occitanistes y sont opposés car ils croient que celui-ci est basé seulement sur le dialecte languedocien alors que les spécialistes de la standardisation de l'occitan acceptent le principe d'une solutionpluricentrique avec des adaptations régionales. De cette manière, tous les grands types régionaux de l'occitan restent égaux en valeur et en dignité[179].
Dans l'unique territoire où l'occitan est pleinement reconnu comme langue officielle, la Catalogne, deux variétés codifiées de l'occitan sont soutenues: l'aranais (gascon local du Val d'Aran) et l'occitan général basé sur le languedocien[180],[181].
Les critiques avancées contre l'occitan référentiel découlent de l'usage par défaut dulanguedocien littéraire de Louis Alibert. Celui-ci a choisi des formes orientalisantes de l'occitan, s'éloignant artificiellement de l'auvergnat, du groupe gascon dont l'aranais qui est officiel en Catalogne, et même d'une part notable du reste du languedocien[182]. En effet, la mise en place d'un occitan référentiel neutre nécessite d'énormes efforts de recherche sur les usages linguistiques pour en faire ressortir les formes les plus communes et les mieux acceptées par les locuteurs[183]. Cet objectif d'élaboration et de promotion de l'occitan standard ne disposant pas des ressources nécessaires à la vue des moyens disponibles pour une langue non-étatique. Par défaut, la reprise du travail d'Alibert est la solution la plus efficace à mettre en place.
Pour remédier à ces problèmes, il a été proposé de réintégrer le baléare-catalan-valencien dans l'occitan standard. Ce qui permettrait de rééquilibrer les choix linguistiques en donnant plus de poids aux formes aquitano-pyrénéennes, de disposer d'une masse importante de locuteurs potentiels, et d'obtenir les moyens essentiels à son développement. Toutefois, le catalan standard est aujourd'hui bien implanté et l'identité catalane moderne, séparée de l'occitane, traduisent un manque d'intérêt du côté catalan[184],[185]
Carte présentant 11 isoglosses significatifs de l'idiomegascon.
Lors de l'officialisation de l'occitan dans la communauté autonome de Catalogne, le gouvernement a été confronté à la nécessitée d'une forme standard de l'occitan. Pour les raisons indiquées ci-dessus, l'occitan large est jugé trop éloigné de l'occitan aranais. En effet, l'aranais fait partie des formes pyrénéennes du gascon qui cumulent toutes ou quasiment toutes les caractéristiques spécifiques attribuées à l'idiome gascon. Pour comparaison avec le gascon vernaculaire de la région bordelaise, la zone la plus peuplée de Gascogne, celui-ci est beaucoup plus proche des autres dialectes occitans. Par exemple, la transformation emblématique duF latin enH aspiré gascon est absente.
La Generalitat de Catalogne a alors choisi d'utiliser deux standards de l'occitan: le référentiel baséactuellement[C'est-à-dire ?] sur le standard littéraire languedocien de Louis Alibert et un standard spécialement conçu pour le Val d'Aran. Si un rapprochement n'est pas effectué entre les deux formes, l'occitan pourrait garder un caractère double comme le norvégien bokmål et nynorsk. Le Béarn, lui aussi accroché au piémont pyrénéen, a été le lieu de naissance et de développement principal du standard littéraire gascon largement répandu en Gascogne. Dans ces conditions, sa connexion avec le standard gascon aranais accentuerait les divergences d'élaboration au sein de l'occitan. Ci-dessous la signification des principaux isoglosses caractérisant le gascon :
1
-II- >-r- entre voyelles (anhèra ‘agnelle’ <lat.agnella) -ll- >-th en fin de mot (anhèth ‘agneau’ < lat.agnellum)
2
f >h (haria ‘farine’ < lat.farina)
3
r- >arr- (arren ‘rien’ < lat.rem)
4
amuïssement de -n- entre voyelles (lua ‘lune’ < lat.luna)
On assiste dans certaines conditions à la convergence inter-dialectale d'une langue non-standardisée, comme dans l'alémanique de Suisse nommésuisse allemand. Plusieurs phénomènes modernes peuvent aboutir au même résultat pour l'occitan:
Les déplacements inter-régionaux de personnes parlant des variantes différentes d'occitan (tourisme, emploi, retraite,etc.).
L'usage de différents dialectes dans des productions audiovisuelles, parfois au sein de la même émission télévisée ou radiophonique, d'un seul film, dessin-animé ou reportage.
Le développement d'internet, grâce auquel différentes formes d'occitan sont utilisés dans les articles, les commentaires et les forums, parfois au sein du même média.
Les méthodes d'enseignement de la langue occitane qui privilégient un idiome et initient les apprenants à d'autres dialectes[186].
Les dictionnaires et les glossaires occitans qui rassemblent un choix de mots, d'expressions idiomatiques et grammaticales multiples illustrent l'évolution inter-dialectale du lexique occitan[187],[188],[189].
Le résultat de cette convergence inter-dialectale de l'occitan pourrait être bien acceptée par les locuteurs de différentes variantes car il serait perçu comme une évolution "naturelle" et non "imposée". Cependant, il conserverait longtemps une variabilité interne forte et souffrirait d'un manque de normativation. À terme, il existerait une forme standard de l'occitan et des régionalismes dans l'utilisation de celui-ci.
La création d'unekoinè a été proposé par plusieurs auteurs afin de doter lediasystèmeoccitano-roman (occitan et catalan) d'une langue écrite, qui ne serait complètement unifiée ni phonétiquement ni graphiquement. Elle ne serait pas en opposition avec la diversité des variétés linguistiques parlées, comme le serait par exemple l'imposition d'un dialecte comme standard[190],[185]. De plus, chaque région pourrait conserver sa propre lecture orale tandis que l'écrit serait commun. Sa constitution permettrait de résoudre les problèmes liés à la normativation dans le domaine occitano-roman.
Parmi les éléments en faveur de ce standard, les auteurs citent aussi l'existence d'une civilisation commune entreOccitans etCatalans et d'une conscience de cette unité au fil des siècles; la masse importante de locuteurs potentiels; la centralité dans le monde latin de cet idiome ce qui pourrait en faire une langue opérationnelle dans toute l'aire romane européenne.
Par contre, si cette koïnè serait reçue avec sympathie en Occitanie, elle pourrait être vue comme une trahison par les Catalans. qui n'ont pas besoin d'une langue et d'une graphie communes. On peut se poser également des questions sur le succès d'implantation de cette langue artificielle si on se réfère à d'autres cas comme lenorvégienlandsmaal.
Cependant, elle aurait le mérite de débarrasser le catalan et l'occitan des interférences linguistiques françaises ou espagnoles. Elle pourrait aussi résoudre plusieurs problèmes du côté occitan. L'occitan référentiel est perçu comme trop languedocien à l'extérieur du Languedoc et trop éloigné des parlers populaires à l'intérieur. Le gascon connaît des difficultés à s'intégrer dans l'ensemble occitan particulièrement avec l'occitan référentiel qui en se recentrant plus au nord s'est éloigné des formes catalanes et gasconnes. Dans le domaine vivaro-alpin, un dialecte nord-occitan peu connu, souvent confondu avec le provençal, la tendance régionaliste est faible, et le projet d'une langue commune peut donc intéresser. Des propositions concrètes d'une koinè occitano-romane sont proposées plus récemment en Espagne[191].
Le Basic est un projet delexique mettant l'accent sur ce qui est commun au sein de l'occitan[192]. Le but est de contribuer à montrer l'unité de la langue occitane tout en respectant sa diversité interne. Lecongrès permanent de la langue occitane (CPLO) a constaté que presque tous les lexiques et dictionnaires en graphie classique sont dialectaux ou proposent un standard qui n'est pas unanimement accepté.
Paradoxalement, les variations géographiques ont été beaucoup plus étudiées que ce qui est commun à tout l'occitan.« Le Basic, en plus de favoriser la conscience de l'unité de la langue, doit permettre de relativiser la variation et surtout de faciliter l'intercompréhension entre variantes, l'ouverture à l'ensemble de l'occitan qui fait souvent défaut[192]. » Le projet en cours est disponible sous forme de lexique français-occitan:Basic (commun gasc-lang)
La délimitation deslangues romanes[193], auxXIXe et XXe siècles, a fait l'objet de débats, essentiellement enFrance, sur l'appartenance ou non de l'espace d'oc aufrançais. Alors que les premières grammaires des langues romanes[194] séparèrent nettement le provençal (au sens large de langue d'oc) du français, tout un courant autour deGaston Paris s'attacha à présenter l'unité des dialectes gallo-romans (français, francoprovençal, occitan) en développant la théorie ducontinuum des parlers romans (l'enquête deCharles de Tourtoulon et d'Octavien Bringuier, en 1876[195], est lancée par leFélibrige pour contredire cette théorie). Cette négation de l'occitan, de son existence en tant que langue indépendante, se traduisit par des appellations diverses :
premièrement, l'insistance sur la dichotomie langue d'oc et langue d'oïl : le français ancien aurait connu deux modalités, qui auraient en quelque sorte fusionné dans le français moderne[196]
secondement, des appellations purement géographiques : dialectes romans du Midi de la France, langue romane du Midi de la France, français du Midi[197], littérature méridionale[198] ; ce déni va se poursuivre jusque dans les publications récentes[199].
Aujourd'hui, l'existence d'unefrontière linguistique entre l'occitan et le français est largement reconnue[195]. Alors que la délimitation de l'occitan par rapport aux langues romanes voisines est moins évidente.
Alors que cette dichotomie a fait place dans la plupart des ouvrages sur les langues romanes[200],[201],[202] à une reconnaissance assez large de l'occitan comme langue distincte du français, c'est l'unité de la langue qui a été remise en cause à partir de la fin des années 1960 par un certain nombre de mouvements régionalistes.
Louis Bayle, écrivain et linguiste provençal[203], anime l'Astrado, association et maison d'édition provençale. Après avoir critiqué l'adaptation de la graphie classique au provençal[204],[205], il multiplie les publications hostiles à l'occitanisme[206],[207] et même auFélibrige avec lequel il finira par rompre[208]. En 1975, l'Astrado publie, en collaboration avecPierre Bonnaud[209], un document sous la signature de la CACEO (Confédération des associations culturelles et enseignants d'oc), qui remet en cause l'unité de la langue d'oc[210]. Cela se traduit, début 1976, par une circulaire du ministère de l'éducation (René Haby) utilisant pour la première fois le terme au pluriel « langues d'oc ». L'Astrado publiera en 1980 un ouvrage de Jean-Claude Rivière[211],Langues et pays d'oc, qui développe le concept de langues d'oc au pluriel[212].
Dès 1976[213], le Secteur de linguistique de l'Institut d'études occitanes a rejeté l'ensemble de ces arguments en rappelant :
que l'IEO ne préconise aucune langue unifiée, mais s'appuie au contraire sur l'enseignement des variétés locales ;
que les partisans des « langues » au pluriel font la confusion entre la langue objet de description (et de prescription) linguistique et la langue comme moyen de communication.
Cette utilisation officielle de « langues d'oc » au pluriel (par ailleurs sans suite) soulève des protestations d'autant qu'elle est assortie, en Provence, à l'interdiction de toute graphie autre que mistralienne[214] (alors qu'au contraire, en Auvergne, les partisans de P. Bonnaud et de la graphie classique finissent par se « partager » le terrain[215]). À la suite du changement de majorité politique en France, en1981, la pluralité des graphies est rétablie.
Les tensions s'apaisent un temps pour aboutir à la création, fin 1991, du CAPES d'occitan-langue d'oc (il porte les deux noms, et le premier jury est composé d'un panel d'occitanistes tel Gérard Gouirand et de provençalistes commeClaude Mauron). Dans la même période, Philippe Blanchet propose une nouvelle théorie sociolinguistique pour expliquer la séparation du provençal de l'occitan[216].
Néanmoins, les partisans des « langues d'oc » au pluriel (l'Astrado a rejoint une association appelée « Collectif Provence[217] ») se font de nouveau entendre dans les années 2000 avec d'une part l'émergence d'unEnstitut Biarnés e Gascoûn, en Béarn[218], et d'autre partAigo Vivo, en Cévennes[219]. Les manifestations bisannuelles pour l'occitan, organisées par l'Institut d'études occitanes, leFélibrige, la FELCO, la Confédération descalandretas et Oc-Bi (Carcassonne, 2005, Béziers, 2007, Carcassonne, 2009[220], 13 000 personnes selon la police), sont assorties de contre-manifestations « pour les langues d'oc ».La dernière en date, qui s'est déroulée le 3 octobre 2009 entreBeaucaire etTarascon[221],[222], a regroupé 500 personnes. En parallèle, certains hommes politiques, dontMichel Vauzelle[223],Jean-Claude Gaudin[réf. nécessaire],Michel Charasse[224] ouChristian Estrosi[225],[226] soutiennent publiquement cette revendication.
Entre leXIe siècle et leXIIIe siècle, il existe une langue littéraire nommée par lestroubadours du nom générique de « langue romane » ou « roman » pour la différencier du latin. Les auteurs modernes l’ont nomméekoinè sur le modèle de lakoinê grecque, qui était une forme de grec relativement unifié sous la période hellénistique (300 av. J.-C. -300 ap. J.-C.). À partir duXIXe siècle, l’hypothèse dominante lancée parCamille Chabaneau en 1876 fut que la « langue romane » utilisée par les troubadours avait pour base le dialectelimousin. La présence de certains des premiers troubadours originaires du Limousin et de la Gascogne à la cour deGuillaumeX (1126-1137), fils du premier troubadourGuillaume IX, explique la diffusion de cette langue littéraire au sein duduché d'Aquitaine. Le futur Languedoc et la Provence ne connurent les troubadours que par la suite dans la seconde moitié duXIIe siècle. L’autre hypothèse avancée d'une origine poitevine s'appuie sur l'idée que le dialecte poitevin parlé à la cour deGuillaume IX d'Aquitaine faisait partie de la langue d’oc et que le prestige du duc aurait permis ensuite la diffusion de cette langue dans tout l’espace troubadouresque. La dernière hypothèse apparue dans les années 1950 considère la langue littéraire comme une langue classique forgée à partir des textes trouvés dans l’occitan central, région où ont été conservées les plus anciennes chartes en langues d’oc datant duXIe siècle.
Pierre Bec, spécialiste des troubadours, indiquait dès 1967 qu’« Il est d’ailleurs difficile de juger de cette langue avec précision puisque nous n’en connaissons qu’une pâle copie, celle que les scribes ont bien voulu nous transmettre dans les différents manuscrits. Si substrat dialectal il y a, c’est souvent celui du copiste qui se manifeste à son insu. Et là, bien souvent, règne l’arbitraire le plus absolu : à un vers d’intervalle, tel ou tel mot se présente, non seulement avec une autre graphie, mais avec un phonétisme appartenant à un dialecte absolument différent. Et que dire encore si l’on compare, à propos d’un même texte, les diverses leçons léguées par les manuscrits ! Il est impossible de dire exactement dans quelle langue ont été écrites les poésies des troubadours. »[227]
Le gascon et le catalan posent un problème de classification au vu de certains traits ibéro-romans[228]. Dans son ouvrageLinguistique romane, le romaniste Martin-Dietrich Glessgen opte pour classer le gascon dans l'ensemble occitan. La place du catalan a longtemps fait débat, les mouvements de renaissance de la langue (Félibrige, occitanisme des années 1930) l'ayant longtemps inclus dans la langue d'oc[193].
L'occitan forme uncontinuum linguistique. Cependant, pour des raisons de catégorisation linguistique, desdialectes ont été définis. SelonRonjat[229], le gascon constitue le seul dialecte clairement différencié, les limites entre les autres dialectes restant floues. En dehors de laclassification dialectale usuelle, il existe d'autres méthodes de classification scientifique des parlers occitans. Ainsi, un modèle réaliste du continuum occitan est proposé par les méthodesdialectométriques, développées notamment parHans Goebl[230].
Variation dialectométrique de l'occitan selonHans Goebl.Les systèmes de l'article défini montrent bien la continuité linguistique de l'occitan.
legascon, considéré parfois avec ses spécificités comme une langue distincte se rapprochant de l'ibéro-roman à l’instar ducatalan
l’aranais est la variété de gascon pyrénéen en usage dans leVal d’Aran (enCatalogne), où elle a un statut de langue officielle.
lebéarnais a été considéré comme une langue distincte du gascon jusqu'aux années 1930. Il s'agit en fait du gascon parlé sur le territoire de la principauté deBéarn.
lalangue sifflée pyrénéenne était utilisée àAas, dans la vallée d’Ossau (Béarn). Elle se base sur la phonétique du gascon de cette région. Les langues sifflées sont rares dans le monde. Dans le cas des Pyrénées, elle permettait une communication à longue distance[232].
lemarchois est la forme septentrionale du limousin. Parlé dans le nord de la Haute-Vienne et de la Creuse, il présente des influences d'oïl, notamment dans la prononciation et l'amuïssement des voyelles finales.
leniçois est généralement rattaché linguistiquement auprovençal, malgré son originalité phonétique[233] mais est parfois décrit comme un dialecte à part par certaines associations diverses compte tenu du fait que le Comté de Nice s'était politiquement séparé de la Provence et qu'en Provence il y a une tendance à reconnaître les dialectes provençaux en langue (ex: langue provençale (maritime et rhodanien), niçois, gavot) même si les linguistes réfutent quasi-systématiquement ces dires.
L'universitaire provençal Guy Martin se rapprochait dans son livreGrammaire provençale de la thèse dePierre Bec concernant la classification linguistique de l'occitan. Il ne faisait pas de distinction particulière entre ce que Mistral appelait le dialecte provençal (Sud-Occitan) et le dialecte dauphinois (Nord-Occitan). Il présentait le dialecte Nord-Occitan dans sa partie orientale comme un dialecte « difficilement séparable sur le plan socio-linguistique » vis-à-vis de celui sud-occitan oriental compte tenu que la Provence s'étendait autrefois sur ce territoire mais indissociable sur le plan géo-linguistique avec le limousin et l'auvergnat. Ainsi, Guy Martin parle dans son livre d'unoccitan oriental qui reprendgrosso modo les mêmes délimitation du provençal proposées parJacques Allières. À la différence de Mistral, il nomme la partie Nord-occitane en dialecte rhodano-alpin (ou vivaro-alpin) et la partie Sud-occitane en dialecte rhodano-méditerranéen qui reprend les délimitations données au provençal. Le premier se divise en trois sous-dialectes que sont l'intra-alpin (central, méridional, septentrional), le nord-rhodanien (méridional, septentrional) et l'inalpin (ou transalpin) alors que le second comprend le maritime (occidental, varois, oriental), le bas-rhodanien (central, oriental, occidental, septentrional), une zone d'interférence (rhodanien / maritime et maritime / alpin), ainsi que le « complexe niçois » (côtier, intérieur, oriental).
Carte de la limite contemporaine oc-oïl en France (partie ouest) selon l'étude deTourtoulon etBringuier en 1875.
Les anciens dialectes d’oc du nord-ouest : duPoitou, de l'Aunis, de laSaintonge ainsi que de l'Angoumois, ont été progressivement remplacés du nord au sud par desdialectes d’oïl entre leXIIe et leXXe siècle[239],[240]. Les parlers d’oïl actuels de ces régions conservent de nombreux traits d’origine occitane. AinsiLiliane Jagueneau (linguiste, université de Poitiers) déclare « Le lexiquepoitevin-saintongeais a un grand nombre de termes en commun avec l’occitan, et on peut dire que sur le plan lexical en particulier, le poitevin-saintongeais est le prolongement de l’occitan en domaine d’oïl »[241].Pierre Bonnaud (université de Clermont-Ferrand) avait auparavant quant à lui établi une liste de 1 200 vocables communs au poitevin-saintongeais et à l'occitan et déclaré « Dans ce domaine, il n’est pas exagéré de dire que quelqu’un qui voudrait choisir ses mots avec soin en poitevin-saintongeais pourrait pratiquement parler un occitan en phonétique d’oïl ! »[242].Jacques Pignon (linguiste, université de Poitiers) avait quant à lui dès 1960 établi la présence enpoitevin de neuf traits phonétiques et de sept formes grammaticales communs avec l'occitan[243].Pierre Bec dans le compte rendu qu'il fait du travail de Jacques Pignon pense quant à lui que ce sont 10 traits phonétiques qui sont communs aupoitevin et à l'occitan et non 9, le traitement poitevin du suffixe arius pouvant selon lui s'expliquer par une continuité avec le gascon[244]. Ces régions avaient apparemment un dialecte occitan spécifique, très proche dulimousin. Il était le dialecte d’expression poétique du troubadourRichard Cœur de Lion (Richard Còr de Leon), roi d’Angleterre et prince-duc d’Aquitaine, et de nombreuxtroubadours (occitanophones) étaient originaires de ces régions, par exemple Jauffré dePons etRigaut de Barbezieux, tous deux de Saintonge[245].
Répartition des noms de communes terminant en-ac.
L’existence de parlers de type occitan, ou tout au moins de types intermédiaires, est confirmée par de nombreux noms de lieux de la Saintonge, de l'Angoumois et du Sud du Poitou. On dit souvent que cette limite est liée à celle qu'Henri Malet a tracée en 1940, en se basant sur les noms de communes, coupant les Charentes entre nord et sud, entre lestoponymes en-ac, de caractère occitan :Cognac,Jarnac ouJonzac, et de l’autre les toponymes en-ay,-é ou-y de type septentrional :Beurlay,Londigny ouLuxé, provenant tous deux des noms gaulois ou devillae gallo-romaine en-acum[246],[247]. Mais en 1960 Jacques Pignon remonte cette limite en Poitou, en se basant sur les noms de hameaux moins sujets à francisation, montrant la présence de toponymes en-ac (qui reflèterait des évolutions phonétiques propres à l'occitan) dans le nord-ouest de la Charente (Ruffécois), le nord-est de la Charente-Maritime (région d'Aulnay), le sud des Deux-Sèvres (région deMelle) et dans le sud et l’est de la Vienne (régions deCivray,Montmorillon,Chauvigny et sud dePoitiers)[248]. O. Herbert l’a démontré dans son travail de diplôme « Les noms de lieux de la Vienne à la limite des domaines français et provençal ». Jacques Pignon estime que l’on a usé d’un parler de type occitan dans le sud-est du Poitou jusqu’à la fin duXIIe siècle, jusqu'à une ligne approximativeRochefort-Est deNiort, Poitiers-Chauvigny. Ce serait l’influence de Poitiers qui a fait peu à peu triompher les formes d’oïl sans éliminer totalement tous les traits phonétiques propres à l'occitan.Pierre Gauthier (linguiste, université de Nantes) démontre par la suite la présence de quelques toponymes en-ac en sud Vendée (Bas-Poitou), jusqu'àFontenay-le-Comte etTalmont-Saint-Hilaire[249], il en déduit en 2002 que l'ancienne zone occitane montait jusqu'à « une ligne Poitiers, Niort, Fontenay-le-Comte »[250]. En 2015, Jacques Duguet, complète les données relevées par Jacques Pignon, en recherchant cette fois des traits de phonétique occitane non plus simplement dans les textes anciens en langue vulgaire, mais dans les cartulaires et chartes en latin. Il densifie les occurrences de nombreux traits occitans dans la zone où Jacques Pignon en avait trouvé, et y ajoute le sud Deux-Sèvres (vallée de la Sèvre) et le nord-est Vienne (Châtelleraudais)[251].
Dans le sud de la Saintonge, le clivage beaucoup plus brutal entresaintongeais etgascon fait penser plutôt à une cause accidentelle. L’abbé Th.Lalanne trouve l’explication dans les dévastations de laguerre de Cent Ans. En effet, la région a été très étroitement impliquée dans des luttes qui avaient déjà commencé près de trois siècles avant la guerre de Cent Ans. En 1152,Aliénor d’Aquitaine, divorçait d’avecLouisVII roi de France qu’elle avait épousé en 1137 pour se remarier deux ans plus tard avecHenriII Plantagenêt, comte d’Anjou, et futur roi d’Angleterre. Les luttes qui s’ensuivirent trouvèrent provisoirement leur conclusion dans le rattachement dans un premier temps du Poitou à la couronne de France. C’est une étape importante dans l’histoire de la langue puisque le français devient alors la langue de la chancellerie.
Après la mort deLouisIX, la guerre reprit de plus belle. Poitiers devient pendant un temps la capitale de la France sousCharlesVII. La Saintonge et l'Angoumois deviennent un des champs de bataille en raison de leur proximité avec laGuyenne, ces provinces étant tenues par les Anglo-aquitains. Les guerres qui s’y sont déroulées furent particulièrement meurtrières. À ces ravages s’ajoutèrent ceux d’épidémies de pestes répétées, dont lapeste noire de 1349. Après la fin de la guerre marquée par la défaite des Anglo-Aquitains àCastillon (Gironde) en 1453, la population de la région était décimée à 90 %. Il a été fait appel de manière massive à des populations francophones (parlant lalangue d’oïl) venues de régions plus au nord pour la repeupler (Poitou,Anjou,...). C’est ainsi que s’explique, semble-t-il, l’absence de tout parler intermédiaire entre langue d’oïl et langue d’oc en Saintonge.
Il s’avère que dès le début duXIIIe siècle certains documents de Saintonge (ex.Lecoutumier d'Oléron[253]), et ceux d'Aunis (ex. « Le Terrier du Grand fief d'Aunis »[254]) et du Poitou (ex. : « Le vieux coutumier du Poitou »[255]) étaient déjà écrits dans une langue d'oïl, qui malgré la francisation à l'écrit, montrait déjà les principaux traits du poitevin et du saintongeais. Mais à la même époque des documents de la Saintonge centrale (ex. « Charte du Mas Verlaine près deBarbezieux »[256]), ou du sud-est du Poitou (ex. : « Les Coutumes deCharroux »[257]) étaient dans une langue portant la marque de l'occitan.
Lejudéo-provençal désigne les formes d'occitan provençal utilisées à l'oral et à l'écrit par les juifs, en particulier dans leComtat Venaissin. Les Juifs provençaux parlaient provençal comme leurs compatriotes chrétiens, mais avec une prononciation et un lexique particuliers[259]. On appelle aussi judéo-provençal l'occitan écrit à l'aide de l’alphabet hébreu[260].
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Lecaló occitan était parlé par des populationsroms habitant l'Occitanie. Ce n'était pas un dialecte de l'occitan mais une langue intermédiaire entre leromani et celle-ci.
Les habitants d'Aas (Béarn) avaient l'habitude de communiquer en sifflant d'un flanc de vallée à un autre. Ce langage sifflé est à base d'occitangascon. L'apparition de nouvelles techniques de communication fit disparaître ce langage devenu obsolète.Abandonné dans l'usage quotidien, le gascon sifflé est tout de même enseigné en milieu scolaire et bénéficie d'un nouvel élan depuis plusieurs années[261],[262].
La zone interférentielle entre legascon, lelimousin et lelanguedocien se trouve à cheval entre la Gironde et la Dordogne ; elle recouvre l'est duLibournais, le pays dePellegrue et deSainte-Foy-la-Grande, l'ouest duBergeracois.« Il faisait » :fasè (est Libournais) /fesèva (pays de Pellegrue) /fasiá (languedocien de référence) /hasèva (Entre-deux-Mers central) /hadèva (Entre-deux-Mers occidental)Dans cette zone interférentielle, on dit par exemple « dau » [dɔw] pour « du » (« del » en languedocien), ce qui se rapproche du limousin ; de même, la lettre v se prononce [v] ([b] en languedocien). Un trait important est la non-prononciation des consonnes finales : [pika'ta], [fur'mi]... On trouve aussi « dei » pour « des » (« daus » en bordelais, « dels » en languedocien de référence).
Interférences ou transitions avec d'autres langues
Les zones de transition entre l'occitan et les langues romanes voisines selon Domergue Sumien.
Parlers de transition entre l’occitan et le français. À l’extrême nord, l’occitan de la zone duCroissant a reçu de fortes influences du français, mais les traits occitans y restent dominants[263] : cela concerne le nord de la Marche (La Souterraine) et le sud du Bourbonnais (Montluçon,Vichy)[264]. Lepoitevin-saintongeais, considéré commeparler d'oïl possède des caractéristiques intermédiaires propres à l'occitan dû à l'effacement de la langue dans cette région.
Au nord-est, les zones intermédiaires entre le françoprovençal et l’occitan ont été francisées :Lyonnais, leForez et leDauphiné septentrional. Le romanais, parlé autour deRomans-sur-Isère est un occitan de transition vers lefrancoprovençal. Les zones voisines connaissent des phénomènes de transition plus larges.
Au sud-ouest, l’arrivée récente de populations basques dans la communauté de Bayonne, Biarritz, Anglet a modifié l’usage linguistique, sans toutefois faire disparaître la communauté occitanophone. La zone gasconnecharnègue connaît un bilinguisme ancien entre l'occitan et lebasque.
Au sud-est, l’arrivée massive de populations liguriennes àMonaco a réduit l’importance de la communauté occitanophone, sans toutefois la faire disparaître[2]. Monaco connaît un bilinguisme ancien entre l'occitan et leligure. L’occitan peut y être appelé occitan monégasque oumonéguier et on le distingue du liguremonégasque.
À l’est, dans lesVallées occitanes du Piémont (Italie), l’usage de l’occitan vivaro-alpin a mieux résisté dans les hautes vallées. Les basses vallées connaissaient une coexistence entre l’occitan, traditionnel, et lepiémontais, arrivé récemment. Une zone dite de l’occitan gris a été piémontisée et réoccitanisée. En dehors de cette superposition récente, la limite entre les vallées alpines et la plaine du Pô coïncide avec des frontières linguistiques traditionnelles délimitant l’occitan par rapport aux dialectes nord-italiens.
À l’est, il existe une zone de transition entre l’occitan et le ligure. Leroyasque (incluant lebrigasque) est considéré comme du ligure, mais deux communes brigasques d’Italie ont demandé à être classées dans la zone de l’occitan.
La langue occitane est officiellement reconnue enCatalogne par laGénéralité de Catalogne. De ce fait, elle est la cinquième langue constitutionnelle de l'Espagne.
La compréhension de l'occitan est aisée en Catalogne même en dehors de la zone occitanophone (Val d'Aran). L'occitan et lecatalan sont deux langues issues de l'ancien occitan. Le catalan s'est détaché de l'occitan en raison de faits sociolinguistes qui résultent de la montée dunationalisme catalan.
Le magazine Géo[265] affirme que la littérature anglo-américaine peut être traduite plus facilement en occitan qu’en français[266]. Outre unesyntaxe souple, l'occitan possède un vocabulaire diversifié et précis. Celui-ci peut facilement s'adapter selon les besoins soit par une dynamique interne propre à la langue soit par l'emprunt aux langues classiques ou modernes, notamment aux autres langues romanes entre lesquelles elle est unpont linguistique.
La connaissance de l'occitan permet de donner un sens à la toponymie, aux mots, aux expressions ainsi qu'aux noms de familles. C'est un avantage historique, patrimonial, culturel mais aussi touristique.
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SelonRobert Lafont, la phrase occitane diverge par sa souplesse du français[267]. La syntaxe occitane a été notamment étudiée par Louis Piat, parJules Ronjat et parPaul Gayraud.
Le dictionnaire d’occitan usuel comporte environ 50 000 à 60 000 mots, comme pour le français, mais on a aussi pu avancer des chiffres aussi élevés que 450 000 mots[265], ce qui est donné comme comparable à l’anglais[268].
On peut citer la diversité et la précision du vocabulaire occitan, parfois très prolifique en particulier dans la description de la nature et de la vie rurale. Ainsi, il existe 128synonymes pour signifier l’idée d’une terre cultivée, 62 pour marécages, 75 pour désigner un éclair[265]. La richesse du vocabulaire lié à la vie pendant la période d’industrialisation est moins importante que celle des périodes précédentes. Récemment, un effort particulier a été fait pour développer le vocabulaire (souvent scientifique et technologique) propre aux langues modernes[269].
Quelques exemples de vocabulaire autour de « terre » :
tèrra = terre
terrum = terre (terme générique)
pisat = terre battue
caucina = terre calcaire
cobrida = terre ensemencée
eissartada = terre essartée
terrilha = terre fine
pastassinhòla = terre glaise / terre pétrie
molièra = terre humide
terrigòla = terre improductive
racisa = terre inculte
terrigòla = terre légère
banheca = terre marécageuse
terramaire = terre nourricière
esterrenal = terre pierreuse
bolbena = terre sablo-argileuse
savèl = terre sablonneuse
sansoira = terre saline
crauca = terre stérile
terrejada = terre transportée
moluja = terre humide
terrenc, terrenca = en terre (adj.)
paganiá = terre des païens
terrut, terruda = à terre épaisse (adj.)
terral, terrala = de terre (adj.)
sansoirós, sansoirosa = de terre saline (adj.)
bravenca = terre argileuse et forte (adj.)
parrana = terre de peu de valeur
artigal = terre entre deux cours d'eau
blancairàs = terre forte et limoneuse
gramenièra = terre infestée de chiendent
aterriment = réduction en terre (fait)
Quelques exemples de vocabulaire autour de « femme » :
femna = femme (être humain du sexe féminin)
molhèr = femme (épouse, féminin de mari)
femelalha = femmes (terme générique péjoratif)
femnarèla = petite femme
femnaron = petite femme
femnassa = grosse femme
femnassièr, femnassièra = coureur, coureuse
femnatge = mauvaise femme
femneta = femmelette ou petite femme
femnicon = petite femme
femnil = petite femme
femnòta = petite femme
pandorga = grosse femme (familier)
trantís = femme active
baronda = femme dégourdie
escamandre = femme effrontée
sirpa = femme méchante
vesiadèla = femme mignarde
cabàs = femme négligée
tònca = femme stupide
tibèrja = femme timbrée (familier)
pargamèla = vieille femme
capitolessa = femme de capitoul
cambrièra = femme de chambre
bracièra = femme de peine
panturla = femme de mauvaise vie
popardièra = femme à gros seins
tetinarda = femme à gros seins (familier)
monharra = femme bourrue et renfrognée
joanassa = femme grande et grosse
borrombau = femme grosse et maussade
boldoiràs = femme grosse et sale
furbèc = femme effrontée et grande gueule
tindon = femme querelleuse et criarde
capitanessa = femme qui dirige
afemeliment ⇒ le fait de s'adonner aux femmes
s'afemelir = s'adonner aux femmes (verbe)
La richesselexicale de l'occitan provient de plusieurs particularismes, parfois partagés avec d'autres langues. On peut attribuer cela à plusieurs phénomènes :
L’occitan est composé de dialectes faisant partie intégrante de la langue et dont chacun possède son lexique propre[270].
Chaque dialecte de l'occitan possède plusieursétymons pour désigner ou qualifier un même sujet.
filha (fille) – filhòta (petite fille) – filhetassa (petite fille laide ou grosse)
ostal (maison) – ostaleton (petite maison) – ostalàs (grande maison laide)
pichon (petit) – pichonèl (tout petit) – pichoneta (petite affectif) – pichonetàs(petit et mal fait)
Parfois un masculin et un féminin identiques ont deux sens différents :
sòm (sommeil)lo sòm (le somme) – synonyme :la dormida ; et :la sòm (l’envie de dormir),ai sòm (j’ai envie de dormir)
Souvent l'utilisation du féminin est augmentatif :
lo cotèl = le couteau ; la cotèla = le grand couteau de cuisine
lo culhièr = la cuillère ; la culhièra = la cuillère à sauce
lo lençòl = le drap ; la lençòla = le grand drap pour charrier de la paille, etc.
lo molin = le moulin ; la molina = le gros moulin (à eau)
lo ròc = le rocher ; la ròca = le gros rocher
lo sac = le sac ; la saca = le grand sac
lo topin = le pot de terre ; la topina = le grand pot de terre
Parfois, le féminin est collectif :
lo frut, lo fruch = le fruit ; la fruta, la frucha = les fruits (d’une récolte)
lo ram = la branche ; la rama = la ramée (le feuillage)
Parfois le féminin donne un autre sens :
un òs = un os ; l’òssa = l’ossature, la charpente osseuse
un persèc = une pêche (dont le noyau est attaché à la chair) ; una persèga = une pêche (dont le noyau se détache seul). Ce sont des variétés différentes de pêches.
lo teule = la tuile ;la teula = la brique
L'utilisation fréquente de suffixes permet de constituer des verbes à partir de noms ou d'adjectifs. Par exemple, le suffixe-ejar est très utilisé pour exprimer l’action.
lampejar (basé sur le motlampe en occitan) = scintiller
parpelejar (basé sur le motpaupière en occitan) = cligner
L'occitan possède des mots véhiculant des concepts et des idées spécifiques, parfois difficilement traduisibles en d'autres langues. Par exemple :
biais de viure : l'expression n'a pas d'équivalent en français, mais on peut la rapprocher du « way of life » américain[272].
bicabòcame : une très grande quantité de baisers.
convivència : art de vivre ensemble dans le respect des différences en termes d’égalité[273].
paratge : caractérise une société ouverte qui se veut égalitaire, où l'individu est respecté pour lui-même, tel qu'il est et sans recours à la force[274].
trobar : faire des vers[275]. C'est trouver, inventer, mais aussi augmenter, ajouter à une forme préexistante[276].
Dans la grammaire occitane, des mots peuvent être utilisés pour exprimer l'énonciation. Par exemple :
què : dans une phrase affirmative.
bè : dans une phrase exclamative (!) marquant la certitude, l'étonnement ou l'hésitation.
hè bè : dans une phrase exclamative (!) exprimant la lassitude ou la déception.
L’occitan prédisposerait aussi, selon les sources du magazineGéo, à l’apprentissage des langues étrangères. En effet, l’oreille humaine a la capacité d’entendre 20 000 hertz. Cependant, l’usage de la langue maternelle filtre et « déforme » les sons étrangers. Les personnes de langue maternelle française percevraient une bande de fréquence de 5 000 hertz selon le magazine[265] voire de moins de 2 000 hertz selon d'autres sources[277], tandis que les locuteurs maternels d'un dialecte occitan percevraient une bande de fréquence large d'au minimum 8 000 hertz[265].
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L’occitan est une langue romane centrale, ce qui facilite la compréhension des langues latines voisines : italien, espagnol, portugais… L’occitan est la langue romane qui a le plus de points communs avec les autres langues de la même famille. Ci-dessous, une comparaison dugascon (Bordeaux), dulanguedocien (Toulouse), duprovençal (Marseille) et d’autres langues latines :
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La maîtrise de l’occitan entraîne un accroissement de la faculté de parler avec un langage varié en français, tout comme dans d’autreslangues romanes.
Le français, notamment, aemprunté de nombreux mots d’origine occitane. Cependant, certains dictionnaires français sont mal renseignés au sujet de l’occitan. Ils peuvent se tromper d’origine ou de date d’apparition des termes. En fait, il ne faut pas oublier que l’occitan a servi de zone linguistique de transmission de termes venus du Sud de l’Europe ou du Maghreb. L’italien et le castillan, par exemple, ont fourni nombre de leurs mots au français en passant par l’occitan. Or, certains dictionnaires ne signalent que la langue-source en dernière analyse et non la langue à laquelle le mot a été emprunté. Les dictionnaires plus récents ou universitaires (Grand Robert,Trésor de la langue française) sont relativement à l’abri de ces erreurs. À l’heure actuelle, certains mots occitans permettent de comprendre des mots en français dans un registre populaire, familier, commun ou bien relevé :abelha >abeille,balada >ballade. On peut aussi noter la présence de mots de création occitane ou dont la forme occitane est à l’origine des mots en français :cocagne,flageolet,gabarit,mascotte,soubresaut, etc. De nombreux mots d'origine occitane ont été introduits auXVIe siècle dans le français par les auteurs de la Renaissance. Malgré une sévère entreprise d'épuration qui eut lieu auXVIIe siècle, il en reste encore beaucoup comme:auberge, badaud, bouquet, cadenas, caserne, daurade, escalier, girolle, luzerne, triolet[278]...
L'alphabet portugais fut créé sur la base de l'alphabet occitan. Il ne comprend que 23 lettres latines : le K, le W et le Y n'existent pas, sauf dans les mots d'origine étrangère. Lesdigrammes occitans « nh » et « lh » sont toujours utilisés aujourd'hui[279]. Ils ont été adoptés en portugais depuis le Moyen Âge en raison de l'influence de la langue des troubadours. D'une façon récente, ils ont été introduits dans la graphie romane de la langue vietnamienne.
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Tout comme dans les autres langues romanes, les emprunts aulatin et augrec ancien permettent de créer de nouveaux mots très précis, par exemple pour un usage technologique ou scientifique. De plus, l’Académie de la langue catalane étant très active, l’emprunt direct aucatalan est facile et rapide à réaliser, au détriment cependant d’une autonomie de la langue occitane face aux évolutions de la société.
D’un autre côté, l’écoute des néologismes d’occitanophones naturels permet aussi des évolutions en utilisant les ressources propres de la langue. Par exemple, pour le mot « parachutiste », on peut dire : un « paracaigudista » (catalanisme) ou un « paracasudista » (italianisme, de « paracadutista »). Tandis que certains occitanophones naturels disent : un « paracabussaire », du verbe « cabussar » qui veut dire : « plonger, tomber la tête la première ».
Contrairement à d'autres langues dépendantes d'apports extérieurs pour intégrer des concepts nouveaux, l'occitan peut se passer de l'importation directe de mots d'une autre langue telle que l'anglais. Par exemple : badge = escudet, business = gasanha, challenge = escomesa, fastfood = minjalèu, sex-toy = gadamissí, sticker = pegasolet, week-end = dimenjada,...
Une caractéristique intéressante et utile de la langue occitane est sa capacité quasi infinie de créer de nouveaux mots grâce à un certain nombre de suffixes interchangeables et intégrables, donnant les conditions pour créer toute une gamme de nuances sémantiques. Prenons comme exemple cet extrait deLa covisada (1923) de Henri Gilbert avec sa variété de diables :Diablassas, diablàs, diablassonassas, diablassonàs, diablassons, diablassonetas, diablassonetassons, diablassonets, diablassonetons, diables, diablonassas, diablonàs, diablonassonas, diablonassons, diablonassonets, diabletassas, diabletàs, diabletassonas, diabletassons, diabletassonets, diablons, diablets, diablonetassas, diablonetàs, diabletonassas, diabletonàs, diablonetassons, diabletonassons, diablonetassonets, diabletonassonets, diabletons, diablonets e diabletonets, totes correguèron darrèr la pòrta e se i ranquèron[280].
L'apprentissage de l'occitan favorise une meilleure lecture des territoires. Elle permet d'identifier rapidement les points d'intérêts culturels et touristiques et de leur donner un sens.Exemples:
Sauvabòna (bonne forêt) : Sauvebonne à Hyères
Sauvaclara (forêt claire) : Sauveclaire à Flayosc
Vaumasca (vallée de la sorcière/magicienne) : Valmasque à Mougins, Valbonne, Tende
Santa Bauma (Grotte Sainte) : Sainte Baume à Plan-d'Aups-Sainte-Baume, Estérel.
Causse (plateau calcaire) : Les plateaux de Caussols et de Calern à Caussols
L'occitan est une langue officielle dans toute la Catalogne, une des régions dynamiques de l'Espagne. Son développement est planifié dans les institutions publiques. Par ailleurs, c'est la langue autochtone duVal d'Aran, une zone montagnarde touristique. En 2008, 78,2 % de la population du Val d'Aran (originaire ou non du lieu) pouvait comprendre l'occitan[281].
EnCatalogne, l'officialisation en 2006 de la langue occitane crée de nouvelles opportunités pour les personnes occitanophones. Les locuteurs d'occitan ont le droit d'utiliser leur langue avec l'administration catalane et toutes les lois du Parlement catalan sont publiées en aranais. Des études philologiques de la langue occitane et de contenus sur la réalité linguistique du territoire du Val d'Aran sont réalisées par le gouvernement catalan.
L'adoption de laloi sur l'aranais en 2010 fait que l'occitan doit être la « langue utilisée de manière générale dans le Val d'Aran » par les organismes publics, dans les établissements et programmes scolaires, à la télévision et à la radio. De plus, l'occitan est une langue restée d'usage courant dans leVal d'Aran.
EnItalie, la loi de protection des minorités linguistiques historiques de 1999 permet aux habitants des 109 communes qui ont reconnu leur occitanité de bénéficier de facilités linguistiques en occitan. Son usage est autorisé dans lʼadministration, lʼenseignement et les médias. La loi permet:
de recevoir l'enseignement dans cette langue ou comme matière d'enseignement. Ce qui nécessite la formation des enseignants.
la possibilité d'emploi de l'occitan pour les membres des conseils de municipalité et des autres organismes de l'administration, ainsi que pour les conseillers des municipalités de montagne, des provinces et des régions.
l'autorisation d'usage oral et écrit de la langue dans les municipalités ainsi que dans les bureaux de l'administration publique, à l'exclusion des forces armées et des forces de police de l'État.
dans les procédures devant le juge de paix, l'usage de la langue est admis.
les conseils municipaux peuvent délibérer sur l'adoption de toponymes conformes aux traditions et aux usages locaux.
la reprise des noms de famille et des prénoms occitans qui ont été italianisés avant la date d'entrée en vigueur de la loi ou à qui on a interdit dans le passé de déclarer le nom de baptême dans leur langue. Cette disposition est transmissible aux descendants.
les régions peuvent négocier des conventions avec la société concessionnaire du service public radiotélévisé pour des transmissions quotidiennes ou des programmes dans la langue.
les régions, les provinces et les municipalités peuvent prévoir des mesures pour l'édition, les organes de presse et les sociétés émettrices de programmes radiotélévisés à caractère privé, ainsi que pour les associations reconnues qui visent la sauvegarde des minorités linguistiques.
les régions et les provinces peuvent veiller à la création d'instituts destinés à la protection des traditions linguistiques et culturelles des populations, ou alors elles favorisent la constitution de sections autonomes des institutions culturelles locales déjà existantes.
sous conditions de réciprocité et de conventions, l'État italien fait la promotion du développement des langues et des cultures des communautés minoritaires auprès des États étrangers. Un lien d'identité socioculturelle et linguistique doit être maintenu et développé avec les communautés à l'étranger.
En France, l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (ONISEP)[284], en partenariat avec l’Office public de la langue occitane (OPLO), et leCentre régional de l’enseignement de l’occitan - académie de Montpellier (CREO Lengadòc), communiquent sur l'utilité de parler l'occitan comme facteur d'employabilité[285],[286].« De plus en plus de métiers se développent autour de l’occitan et des nouveaux emplois se créent. Tous nécessitent cependant un bon niveau de culture générale et dans des domaines très variés. » En outre, les emplois nécessitants l'occitan sont difficilement délocalisables, la langue n'étant habituellement pas apprise par des personnes non-universitaires hors de l'Occitanie. La maîtrise de l'occitan est une clé de l'emploi dans plusieurs secteurs[287],[288]: la communication et la diffusion comme coordinateur de manifestations artistiques, libraire, journaliste en presse écrite ou radio ou télévision, chargé de mission dans les collectivités territoriales, chargé de communication...; l'enseignement et la formation; les métiers de la traduction et de la documentation: traducteur, documentaliste, bibliothécaire,...; la recherche,... On voit l'intérêt de pouvoir communiquer en occitan pour l'aide à la personne: dans le secteur médico-social avec les personnes âgées occitanophones d'origine ou les enfants élevés en langue maternelle occitane. Dans l'animation, on trouve des métiers comme animateur en accueil de loisirs (séjours de vacances, centres aérés), agent de développement de patrimoine oral, médiateur culturel, guide conférencier... Dans l'art et les professions artistiques, on peut être comédien, musicien, écrivain, chanteur…, dans la création audiovisuelle comme réalisateur..., dans la mode, etc.
DuVe auXIe siècle: Apparition progressive de termes, de phrases, voire de courts passages d'occitan dans des textes en latin (latin tardif ouproto-roman)[73].
Vers 880 : manuscrit qui contient un court poème en latin de 15 vers avec notation musicale dont le refrain est en occitan.Cantalausa le décrit dansL'Aube bilingue comme le « tout premier joyau littéraire de notre langue »[73].
1229 et 1232 :Jacme Ier, roi d'Aragon, ditJacques Ier d'Aragon en français, originaire de laseigneurie de Montpellier, conquiert les îles de Majorque et Ibiza ainsi que Valencia sur les musulmans Almohades, et écrit ses mémoiresLlibre dels feits en occitan-catalan. Le catalan, non encore différencié de l’occitan médiéval, remplace la langue arabe comme langue officielle.
DuXIIe auXIVe siècle : influence importante de la littérature occitane (enkoinè) et des troubadours sur lecatalan.
1240 : apparition du termeprovençal qui fait allusion au grand territoire romain appeléProvincia Romana qui a couvert la Provence et le Languedoc[289].
1245 : Le papeInnocent IV déclare par uneBulle que l'occitan est une « langue hérétique »(azotica) et qu'il est interdit aux étudiants de l'utiliser[290].
1271 : Premiers textes en latin indiquant le terme « occitan » : sous les formesoccitanus etlingua occitana, simultanément avec le territoire appeléOccitania[291].
1291 : premiers textes indiquant le terme de « langue d'oc »[291].
1356 : promulgation à Toulouse desLeys d'Amors rédigées par le toulousain Guilhem Molinier (traité de grammaire & de rhétorique occitanes).
1492 : premier livre connu imprimé en occitan. Publication à Turin deLo Compendion de l'Abaco, du NiçoisFrances Pellos. Il s’agit d’un traité de mathématiques.
1539 : Promulgation de l’édit de Villers-Cotterêts;FrançoisIer impose que la justice soit rendue et signifiée « en langage maternel français et non autrement », en opposition principalement à l'usage dulatin.
1562 : obligation de l’usage écrit de l’italien par les notaires du comté de Nice.
1635 : établissement de l'Académie française qui aura pour but de « veiller sur la langue française ». Une des mesures prises pour « purifier » la langue française fut notamment d'y supprimer lesoccitanismes.
1756 : Parution à Nîmes duDictionnaire languedocien-français contenant un recueil des principales fautes que commettent, dans la diction & dans la prononciation françoiſes, les habitants des provinces méridionales, connues autrefois sous la dénomination générale de la Langue-d’Oc, ouvrage où l’on donne avec l’explication de bien des termes de la langue romance, ou de l’ancien languedocien, celle de beaucoup de noms propres, autrefois noms communs de l’ancien langage de l'Abbé de Sauvages (1710-1795).
1793 : à la suite ducoup de force qui met fin à l’hégémonie girondine, lesMontagnards souhaitant être identifiés aux révolutionnairesjacobins se retrouvent seuls au pouvoir et mettront en place la première véritable politique linguistique visant à imposer le français dans tout l'État français, et dans tous les esprits révolutionnaires.
1794 : publication du rapport[294] de juin 1794 de l’abbé Grégoire qui révéla que le français était uniquement et « exclusivement » parlé dans « environ 15 départements » (sur 83), soit moins de3 millions de Français sur 28 parlaient la langue nationale.
1802 : traduction en occitan d’Anacréon parLouis Aubanel.
1803 :Fabre d'Olivet (1765-1825), polygraphe cévenol, publieLe Troubadour, poésies occitaniques duXIIIe siècle (supercherie littéraire : l’auteur talentueux de ces textes « traduits », n’est autre que Fabre d’Olivet).
1819 : publication duParnasse occitanien et d'unEssai d'un glossaire occitanien, pour servir à l'intelligence des poésies des troubadours, parHenri de Rochegude (1741-1834), ancien officier de marine et député à la Convention.
1842 :Claude Fauriel (1172-1844)Histoire de la poésie provençale, cours fait à la faculté de lettres de Paris, 1847,La Poésie provençale en Italie, 1842-1843.
1842 :Histoire politique, religieuse et littéraire du Midi de la France parJean-Bernard Mary-Lafon.
1840-1848 : publication par fascicules duDictionnaire provençal-français (en fait pan-occitan) dudocteur Honnorat (1783-1852).
1854 : fondation duFélibrige par septprimadiers, parmi lesquels Frédéric Mistral, Théodore Aubanel et Joseph Roumanille.
25 mars 1858 :Bernadette Soubirous affirme que laVierge Marie lui est apparue et s'est elle-même présentée ainsi en occitan, dans lagrotte de Massabielle, àLourdes : « Que soy era immaculada councepciou » écrit en graphiepatoisante, en graphie classique « Que sòi era Immaculada Concepcion. » (« Je suis l'Immaculée Conception »)[295].Jean-Paul II indiquera dans une homélie que cette déclaration vient confirmer le dogme de l'Immaculée Conception puisque« à Lourdes, [Marie] s’appela du nom que Dieu lui a donné de toute éternité; oui, de toute éternité, il la choisit avec ce nom et il la destina à être la Mère de son Fils, le Verbe éternel »[296].
1859 : publication de poésies patoises par Antoine Bigot à Nîmes (fables imitées de La Fontaine).
1859 : publication deMirèio (Mireille), poème de Frédéric Mistral.
1876 :Charles de Tourtoulon publie sonÉtude sur la limite géographique de la langue d’oc et de la langue d’oïl (avec une carte) (1876), avec Octavien Bringier
1883[297] : L'école laïque devient obligatoire pour tous en France. Le français est la seule langue enseignée et utilisée dans l'enseignement. L'occitan sous le terme de patois est fortement dévalorisé. Les écoliers apprennent que pour réussir, il faut bannir son usage.
1885 : publication deLou Tresor dóu Felibrige, de Frédéric Mistral, dictionnaire provençal-français (en fait pan-occitan : le sous-titre indique expressément que l’ouvrage « embrasse les divers dialectes de la langue d’oc moderne »).Lou Tresor dóu Felibrige.
1895 : J. Roux, du Limousin, publie uneGrammaire limousine dans laquelle il préconise une graphie proche de celle des troubadours.
1904 : Frédéric Mistral est sacré prix Nobel de littérature.
1941 : le régime de Vichy autorise l’enseignement des « langues dialectales » à dose homéopathique et sous forme d’alibi : « langues basque, bretonne, flamande, provençale » (l’occitan)[298]. Les langues ethniques officielles dans d’autres pays ne sont pas autorisées : corse (dialectes italiens),alémanique alsacien etlangues franciques (dialectes allemands).
1943 : première chaire de languedocien à Toulouse.
1944 : abrogation des arrêtésCarcopino de 1941 sur l’enseignement public des « langues dialectales ».
1945 : fondation de l’Institut d'études occitanes (IEO), association culturelle qui a pour but le maintien et le développement de la langue et de la culture occitanes par la direction, l’harmonisation et la normalisation de tous les travaux qui concernent la culture occitane dans son ensemble.
1946 : l’Institut d’études occitanes (IEO), adopte ses statuts où il est précisé que c'est une association « née de la Résistance ». Cette mention apparaît toujours dans les statuts actuels[299].
1951 : laloi Deixonne autorise, à titre facultatif, l’enseignement de certaines langues régionales. C'est le premier texte de loi qui fasse officiellement référence à la « langue occitane » en France[300] (cette loi est aujourd’hui abrogée).
1975 :loi Haby (France) qui, dans son article 12, affirme qu’« Un enseignement des langues et des cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité ».
1975 :loi Bas-Lauriol (France) : l’emploi de la langue française est obligatoire (au détriment de l’occitan notamment) pour les éléments relatifs aux biens et services : offre, présentation, publicité, mode d’emploi ou d’utilisation, l’étendue et les conditions de garantie, ainsi que dans les factures et quittances. Les mêmes règles s’appliquent à toutes informations ou présentations de programmes de radiodiffusion et de télévision (cette loi est aujourd’hui abrogée).
1979 : création de la première écoleCalandreta à Pau.
1992 : création du CAPES d’occitan-langue d’oc (concours de recrutement) et premiers paiements d’enseignants d’occitan (France).
1992 : modification de l’article 2 de la Constitution française : « La langue de la République est le français ».
1993 : projet de loi Tasca adopté par le gouvernement. Il ne fut pas présenté au Parlement à cause du changement de majorité. Toutefois laloi Toubon en a repris l’essentiel.
1994 : loi Toubon : la langue française est la seule langue en France (au détriment des autres) de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics. Il est précisé que cette loi ne s’oppose pas à l’usage des langues régionales de France, mais cette disposition est floue et ne constitue pas une protection réelle.
1999 : lecapoulié (président) duFélibrige et le président de l’IEO s’accordent sur le respect mutuel des deux graphies « mistralienne » et « classique »[302].
1999 : l’occitan fait partie des langues protégées par la loi sur les minorités linguistiques en Italie[303].Carte desvallées occitanes concernées par la loi sur les minorités linguistiques en Italie de 1999.
22 juin 2000 : abrogation de laloi Deixonne[304] qui a été remplacée par leCode de l'éducation. Toute référence directe à la langue occitane disparaît des textes légaux français.
2002 : LeBureau européen pour les langues moins répandues (EBLUL) demande officiellement aux organisateurs des Jeux olympiques d’hiver qui se dérouleront à Turin en 2006 d’utiliser massivement l’occitan au cours de cette manifestation et même de le déclarer langue officielle de ces Jeux.
5 décembre 2003 : leconseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur a voté la résolution approuvant le principe de l'unité del'occitan ou langue d'oc et que de fait le provençal en fait partie[306]. De plus, la région s'engage en faveur de cette langue[307].
2004 : réduction drastique du nombre de nouveaux postes d’enseignants d’occitan en France. En février 2004, le gouvernement a diminué le nombre de recrutement de professeurs enseignant l’occitan (diplômés duCAPES d’occitan). Cette diminution est la conséquence d’une réduction budgétaire. Le nombre de postes de CAPES d’occitan était de dix-sept (plus un en école privée) en 2002, treize en 2003 et de quatre postes pour 2004.Rémy Pech, président de l’université Toulouse le Mirail a déclaré que c’est « en totale contradiction avec les objectifs de la décentralisation républicaine annoncée par le gouvernement ». LePartit occitan considère alors qu'il s'agit d'« une liquidation programmée de l’enseignement de l’occitan ». Alain Rainal de la Fédération des enseignants de langue et culture d’oc (FELCO) parle de liquidation de l’enseignement de l’occitan et donc de liquidation de la langue occitane. En effet, les postes de CAPES diminuent de 30 % en moyenne ; le CAPES d’occitan diminue, lui, de 71 %. Selon lui, le gouvernement demande plus de solidarité aux plus pauvres, et demande moins aux plus riches. Il rajoute que les langues et cultures régionales, c’est quelque chose de très important, un patrimoine inestimable. Donc cela mérite de ne pas être baissé, mais au moins d’être laissé au niveau d’avant. M. Rainal rajoute : que cette nouvelle est inquiétante pour l’enseignement de l’occitan bilingue ou trilingue. Les parents d’élèves savent qu’il y a une possibilité de valoriser professionnellement cette connaissance acquise. Le nombre de postes au concours se réduisant, il faudra passer un concours pour seulement quatre postes. Cela crée une grande difficulté et n’accorde que peu de perspectives professionnelles[308].
mars 2004 : journal TV en occitan sur BTV. LaBTV (Barcelona Televisió) renomméeBetevé, télévision publique de Barcelone, diffuse chaque semaine un journal télévisé en occitan appelé « Inf’òc ». Ces émissions de la télévision catalane sont tantôt en gascon, tantôt en languedocien. La zone de diffusion couvreBarcelone, bien entendu, mais aussiGérone,Sant Cugat,Mataró. Le la chaîne met fin à ses émissions en occitan[314].
juillet 2004 : Terminologie occitane et catalane commune sur des thèmes scientifiques ou techniques. Les catalans et les occitans travaillent ensemble sur la terminologie. C’est ce qui a été décidé en juillet lors d’une réunion dans le Val d’Aran. Une convention a été passée entre l’Institut d’estudis catalans, l’Institut d’études occitanes, leConseil général d'Aran et Termcat pour publier des lexiques en 2005. Quatre lexiques ont été créés dans les domaines des mathématiques, de la biologie, de l’écologie, de l’internet et de la téléphonie mobile.Termcat (organisme chargé de travailler sur la terminologie du catalan) a proposé de mettre son travail à disposition. En effet, 90 % du lexique catalan est directement applicable à l’occitan. Ces lexiques, et ceux qui suivront, seront particulièrement utiles aux enseignants : de l’école primaire jusqu’au lycée, et même au-delà. Le dictionnaire en ligne est disponible depuis. La terminologie du secteur de la société de l'information est en occitan, catalan, espagnol, français et anglais[315].
mars 2005 : Nouveau statut pour le Val d’Aran. LeConseil général d'Aran a demandé un nouveau statut à la région de Catalogne en Espagne. Ce statut lui permettrait d’avoir des compétences propres afin de négocier des accords avec les régions occitanes de France. De plus, le conseil général gérerait lui-même les actions concernant la langue et la culture aranaises. Par ailleurs, une demande de coofficialité de l’occitan et du catalan dans toute la région a été formulée. Ceci aurait pour conséquence de faire reconnaître l’occitan comme une des langues officielles de l’Espagne. Le 30 septembre 2005, le parlement catalan a adopté à la majorité absolue le projet de nouveau statut d’autonomie de la Catalogne. Le nouveau statut reconnaît dans son article 9.5 l’officialité (dans toute la Catalogne) de « la langue occitane, ditearanès dans le Val d’Aran ». La reconnaissance de Val d’Aran dans le Statut aussi a été soutenu par les partis ERC et ICV-EUiA, alors que le PP Catalan était partisan de reconnaître dans le Statut la singularité d’Aran, mais en aucun cas de se référer à ce territoire comme une « réalité nationale occitane ». Le projet a reçu l’aval de Madrid pour que ce statut devienne loi. Le parlement espagnol avait notamment supprimé le terme « nation » de l’article premier pour qualifier la Catalogne. Certains politiciens espagnols considèrent que le projet de nouveau statut est un pas vers la division de l’État et qu’il n’est donc pas conforme à la Constitution.
: adoption à l’unanimité du schéma d’aménagement linguistique « iniciativa » en faveur de la langue béarnaise/gasconne/occitane dans le département des Pyrénées-Atlantiques[316].
: manifestation de plus de 12 000 personnes à Carcassonne pour la reconnaissance de la langue.
2006 : L’occitan a le statut de langue coofficielle des Jeux olympiques d’hiver de Turin (anglais, français, italien et occitan). LesJeux olympiques d'hiver 2006 deTurin se sont déroulés aussi dans des vallées occitanes duPiémont. La « Chambra d’Òc » ainsi que les institutions politiques de la province deTurin, les communautés de montagne (Val Pelis,Val Cluson, hauteval Susa) et la commune deBardonèche avaient demandé que l’occitan fasse partie des langues officielles des Jeux. Il y a eu des manifestations publiques comme la présentation du festival deRodez, des informations sur l’occitan dans la province de Turin[317], les mots de neige et de glace (Petit dictionnaire des sports d’hiver)[318], les langues-mères des vallées olympiques: Occitan, Francoprovençal, Français[319].
: leconseil régional de Languedoc-Roussillon vote le « Projet Occitan » à la suite de « la Consulta Regionala » (vaste consultation des acteurs de la langue occitane sur le territoire Régional). C'est un engagement fort de la Région pour soutenir les forces vives de l'occitan dans les domaines de la langue, la culture et la société. C'est aussi le lancement d'une manifestation occitane et catalane « Total Festum » créée autour des feux de la Saint-Jean.
, l’occitan est inscrit comme langue coofficielle de toute la Catalogne dans le statut d'autonomie de la région[320] à la suite du référendum largement approuvé par la population catalane. Le référendum concernant le nouveau statut pour la Catalogne est largement approuvé par la population catalane : plus de 70 % de votes favorables. Trois partis avaient appelé à voter « oui » : le Parti socialiste catalan (PSC, à la tête du gouvernement régional), les communistes et les verts d’Iniciativa per Catalunya (ICV, membre de la coalition gouvernementale) et les démocrates-chrétiens de Convergencia i Unio (CiU). Les républicains indépendantistes catalans d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) avaient appelé à voter « non », de même que le Parti populaire (PP, droite centralisatrice). Les premiers reprochent au nouveau statut de ne pas reconnaître la Catalogne comme « nation » et de ne pas donner totale autonomie à la région sur les impôts, sur les ports et les aéroports. Les seconds estiment que le texte accorde trop d’autogestion, notamment fiscale, à la Catalogne et qu’il est « anticonstitutionnel ». Le Statut donne l’officialité à l’aranais et considère le Val d’Aran « réalité occitane ». L’article 11, du nouveau statut dit :« Le peuple aranais exerce l’autogouvernement selon ce Statut par le Conselh Generau d’Aran (institution supérieure politique de la Val d’Aran) et les autres institutions propres ». Le second paragraphe annonce :« Les citoyens de Catalogne et ses institutions politiques reconnaissent Aran comme une réalité occitane fondée sur sa spécificité culturelle, historique, géographique et linguistique, défendue par les Aranais au fil des siècles ».« Ce Statut reconnaît, défend et respecte cette spécificité et reconnaît aussi Aran comme une entité territoriale singulière dans la Catalogne, qui est l’objet d’une protection particulière par le moyen d’un régime juridique spécial ». D’autre part, dans l’article 6, se référant aux langues de Catalogne, figure dans le nouveau Statut que« la langue occitane, appelée aranès en Aran, est la langue propre et officielle de ce territoire est aussi officielle en Catalogne, en accord avec ce qu’établit ce Statut et les lois de normalisation linguistique »[321].
: Manifestation de plus de 20 000 personnes àBéziers pour la reconnaissance de la langue et la culture occitane.Manifestation de Béziers en 2007.
Juillet/août 2007 : LaGénéralité de Catalogne va créer un service pour développer l’officialité de l’occitan[322].
: leconseil général du département des Pyrénées-Orientales a approuvé la « Charte en faveur du catalan » qui concerne aussi l'occitan.
: inauguration à Toulouse de l'Ostal d'Occitània. Action culturelle et civique pour la promotion de la langue et la culture occitanes gérée par une fédération de 40 associations (aujourd'hui 60) réunies sous le nom deConvergéncia occitana.
2008 : Chambra d’Òc a lancé la campagne « Lenga d’òc Patrimòni Mondial de l’Umanitat » (Langue d'Oc - Patrimoine mondial de l'Humanité), afin d'inclure la langue et la culture occitane au sein du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'UNESCO. La campagne a reçu le soutien formel de la province de Turin (Italie), de la région Languedoc-Roussillon (France), du conseil général d'Aran (Espagne) et de plusieurs municipalités et de « comunitats montanas » (associations territoriales de régions de montagnes italiennes), d'associations culturelles et d'institutions universitaires[324]. Le 26 août 2008, le gouvernement du Piémont (Italie) a approuvé une « proposition de l'inclusion de la langue occitane sur la liste du patrimoine mondial »[325].
Mai 2008 : Prosition pour que les langues régionales entrent dans la Constitution française. L'amendement est adopté par l’Assemblée nationale mais refusé par leSénat à l’article 1 de laConstitution française qui précise que les langues régionales font partie du patrimoine de la République.
: création de l’Académie de la langue occitane dans leVal d’Aran. L’Académie de la langue occitane est fondée par un acte solennel àVielha. Cette académie a prévu de commencer ses travaux d’ici la fin de l’année 2008[326],[327]. Sa première fonction sera de renforcer l’unité de la langue occitane tout en respectant sa diversité[328].
: Les langues régionales dans la constitution française. À la suite de la réunion du congrès à Versailles, la constitution française est modifiée pour introduire l'Article 75-1 dans la Constitution française: « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. » Le : décision du conseil constitutionnel (France) stipulant que l'article 75-1 de la loi constitutionnelle française, introduit en 2008, ne crée aucun droit pour les langues régionales[329].
: Reconnaissance de l'occitan dans la région Rhône-Alpes À la suite d'un débat au conseil régional de la régionRhône-Alpes l'occitan est reconnu aux côtés dufrancoprovençal langue régionale de cette région. Leconseil régional de Rhône-Alpes vote une délibérationReconnaître, valoriser, promouvoir l'occitan et le francoprovençal, langues régionales de Rhône-Alpes[330].
novembre 2009 : publication en ligne du dictionnaire terminologique en occitan du secteur de la société de l'information.
2010 : Une motion est adoptée par le conseil départemental du Lot-et-Garonne demandant l'inscription de l'occitan à l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité à risque d'extinction[331],[332],[333].
: l'occitan, langue officielle en Catalogne. Leparlement catalan adopte laloi sur l'aranais qui fait concrètement de l'occitan une langue officielle dans toute laCatalogne[334],[335]. L’occitan, sous sa forme aranaise, a été reconnu comme langue officielle par le parlement catalan, avec117 voix pour et17 contre. L’aranais doit désormais être la langue utilisée de manière générale dans le Val d'Aran par les organismes publics, dans les établissements et programmes scolaires, à la télévision et à la radio[336]. Dans le reste de la Catalogne, les locuteurs d'occitan ont le droit d'utiliser l'aranais lorsqu'ils s'adressent par écrit aux instances du gouvernement catalan, et d'exiger que celles-ci leur répondent en aranais. De même, toutes les lois du Parlement catalan devront dorénavant être aussi publiées en aranais. Les textes de lois en version occitane auront avec un caractère officiel. Par ailleurs, le gouvernement favorisera la mise en place dans la région, d'études philologiques de la langue occitane et de contenus sur la réalité linguistique du territoire du Val d'Aran[337].
En 2010, l'occitan confirme son statut de langue officielle deCatalogne.
Novembre-décembre 2010 : enquête sociolinguistique en Midi-Pyrénées. Lancement d'une enquête sociolinguistique en Midi-Pyrénées sur l'usage, les compétences et les représentations en occitan sur le même modèle qu'en Aquitaine. Celle-ci concerne l'usage, les compétences ainsi que les représentations en occitan dans la région Midi-Pyrénées[338].
: à la suite d'une plainte d'une association opposée aux langues régionales[339],[340], letribunal administratif de Montpellier annule la décision de la commune deVilleneuve-lès-Maguelone(Vilanòva de Magalona) d'apposer des panneaux bilingues occitan-français. La commune porte l'affaire devant lacour d'appel administrative de Marseille qui, le 26 juin 2012, annule à son tour la décision précédente, ce qui a pour effet d'autoriser la commune à maintenir ses panneaux indiquantVilanòva de Magalona[341].
: le Sénat (France) adopte une proposition de loi autorisant l'installation de panneaux d'entrée et de sortie de ville en langue régionale, sur proposition du sénateur de l'AudeRoland Courteau[342],[343].
Décembre 2011 : mise en ligne du site des archives audio visuelles de l'Institut d’études occitanes du Limousin[344].
: traitement des revendications occitanes au niveau du parlement européen[345].
: naissance de la première télévision 100 % en occitan sur internet[346] avec l'aide des régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ainsi que les départements Dordogne et Pyrénées-Atlantiques.
: le sénat français refuse d'examiner la proposition de loi constitutionnelle autorisant la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires[347],[348],[349],[350]. La charte ayant été signée en 1999 par la France, elle doit être ratifiée par le président de la république pour entrer en vigueur.
: L'assemblée nationale française censure une proposition de loi relative à la promotion des langues régionales[351]. C'est un refus à quatorze voix « contre » et treize voix « pour ». Parmi les quatorze voix « contre » qui ont été comptabilisées figurent quatre voix de députés absents lors du vote, le députéPaul Molac à l'origine de la proposition considère que ce rejet est lié à l'« usage d'un artifice du règlement »[352],[353]. L'ex-conseiller régionalDavid Grosclaude précise que« Parmi les quatre votes qui ont empêché l’adoption du texte il y a deux députés qui ne manquent pas, chaque fois qu’ils le peuvent, de dire tout leur engagement en faveur de la langue occitane. Il s’agit dePascal Deguilhem, député de Dordogne et dePascal Terrasse député d’Ardèche »[354].
: naissance de l’Assemblada Nacionala Occitana ayant pour but de rassembler l'occitanisme politique et culturel, notamment afin de promouvoir l’usage de la langue occitane et particulièrement dans l’éducation[355].
: projet de loi (France) prévoyant une révision des quotas à la radio avec obligation de diffuser des morceaux dans une langue régionale[356]. « Les œuvres musicales interprétées dans une langue régionale en usage en France constituent au minimum 4 % de cette proportion d’œuvres musicales d’expression française », soit un quota de 1,6 % des morceaux musicaux diffusés par les radios à répartir entre toutes les langues régionales de France. Cette proposition a été fortement combattue par de grands médias radiophoniques[357],[358].
: colloque sur le place de l'occitanactuellement[C'est-à-dire ?] et dans le cadre d'une future indépendance de Catalogne[359],[360]
Février 2021 : adoption en France de la loi dite Molac[361], du nom du député qui l'a portée. Certains articles ont été censurés par le conseil constitutionnel[362]. Par la suite, une dénonciation a été faite auprès de l'ONU pour dénoncer les discriminations envers les locuteurs[363],[364].
1. La loi prévoit qu’un enseignement de la langue occitane sera proposé à tous les élèves, de la maternelle au lycée. La mise en œuvre progressive de cette offre généralisée est définie par convention avec les Régions.
2. Un enseignement immersif en occitan pourra être proposé dans les écoles publiques. CENSURE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL.
3. Les écoles associatives Calandretas, qui proposent un enseignement immersif, bénéficieront d’un financement public de toutes les communes de résidence des parents.
4. Le Gouvernement devra remettre un rapport, chaque année, devant le Parlement, de ses actions relatives à la protection de la langue occitane du point de vue de son enseignement.
5. La langue occitane est désormais un élément patrimonial : elle devra à ce titre être protégée.
6. Les textes anciens ou les enregistrements remarquables en occitan sont intégrés au « Trésor national » (protection relative à l’export à l’étranger par exemple).
7. Les pouvoirs publics sont encouragés par la loi à recourir à l’affichage bilingue français-occitan.
8. Il est désormais possible de donner à son enfant un prénom occitan contenant des caractères spécifiques, comme « Caròla » ou « Magalí ». CENSURE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL.
Juin 2021 : CongrèsLinguatec, coopération scientifique transfrontalière et transfert de technologies de la langue (occitan, basque, aragonais)[366]. Le but étant le développement et la diffusion de nouvelles ressources ainsi que d'outils numériques de grande diffusion: traducteurs automatiques, reconnaissance vocale, synthèse vocale, correcteur orthographique, analyse syntaxique et morphosyntaxique[367].
: à la suite d'une modification du règlement duCongrès des députés, l'emploi par les députés espagnols de l'occitan ainsi que du basque, du catalan et du galicien sont autorisés au sein de lachambre basse espagnole[17],[18].
: LeCongrès permanent de la lenga occitana (CPLO) commence l'élaboration duDiccionari General Informatizat de la Lenga Occitana qui donnera accès à l'ensemble des données linguistiques sur l'occitan. C'est le plus grand projet scientifique de lexicographie depuis la publication duTresor dóu Felibrige auXIXe siècle[368].
: la première initiative parlementaire espagnole en occitan est déposée par le parti catalanisteERC[369].
Les premiers textes en occitan apparaissent vers lʼan 1000 : une traduction de Boèce et de La chanson de sainte Foy, suivis par de nombreux textes juridiques à partir de 1034.
L’occitan fut la langue culturelle de ce qui est aujourd'hui le sud de la France et des régions voisines pendant toute lapériode médiévale, tout particulièrement avec lestroubadours ettrobairitz (de l'occitan ancientrobar, « faire des vers »[370]).
À partir duXIIe siècle le développement de la poésie des troubadours rayonne dans toute l'Europe. Plus de 2 500 poèmes et quelque250 mélodies ont été conservés. La poésie occitane est à l'origine de la poésie lyrique européenne[34]. Enlangue d'oïl, les troubadours inspireront lestrouvères; enallemand il inspireront leminnesang.
Les troubadours inventèrent l’amour courtois en répandant l’idée novatrice de fidélité à la dame plutôt qu’au seigneur. Leurs valeurs et l'idéologie de lafin'amor, de lacortezia et de laconviviença se propagèrent rapidement dans toute l’Europe[371]. Ainsi, ils donnèrent le ton aux cours européennes après les temps tristes qui suivirent les invasions barbares et créèrent le style de vie raffiné des cours seigneuriales. Témoin le fait que lalittérature en occitan fut plus fournie que la littérature écrite dans les autreslangues romanes au début du Moyen Âge[372], même si plusieurs d'entre elles ont connu une forme écrite à peu près à la même époque.
Richard Cœur de Lion : roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers fut aussi un poète et un écrivain célèbre à son époque notamment pour ses compositions en langue d'oc[373].
Au-delà des pays de langue d'oc, le roi d'AngleterreRichard Cœur de Lion pratiquait l'occitan et est considéré comme un des troubadours[374].
Enfin, durant le Moyen Âge l'occitan fut l'une des premières langues à se doter d'une académie (Consistori del Gay Saber), d'une grammaire (lesLeys d'Amors) et d'un concours littéraire (celui des Jeux Floraux).
L'occitan est aussi employé comme langue des chartes[375]. Dans certaines villes (notamment dans les villes du Rouergue et du Quercy), même les notaires écrivent leurs chartes très souvent en langue vernaculaire occitane[376].
Au Moyen Âge,Dante permet la diffusion de l'expression « lingua d’oco » (Langue d'Òc). Contrairement à ce qui est souvent affirmé, Dante n'a pas créé l'expression[377]. Il l'emploie vers 1293 dans saVita nuova (Vie nouvelle) où il oppose la littérature enlingua d'oco à celle en italien, languedi si[377]. Il la reprend vers 1305 dans sonDe vulgari eloquentia (L'Éloquence en langue vulgaire)[378],[377]. Il l'emploie encore, entre 1306 et 1308, dansIl convivio (Le Banquet) où il reproche à ses compatriotes de mépriser leur propre langue pour lui préférer les parlers« vulgaires [...] de langue d'oc » ou encore« le parler [...] précieux [...] de Provence »[377]. Il opposait l’appellation lalangue d’oc (l'occitan) à lalangue d'oïl (le français et ses dialectes) et à lalangue de si (l’italien, sa langue maternelle). Il se basait sur la particule servant à l’affirmation : dans la première, « oui » se disaitòc en ancien occitan et en ancien catalan, maisoïl en ancien français, etsí dans les dialectes italiens. Les trois termes viennent du latin :hoc est (c'est ceci) pour le premier,illud est (c'est cela) pour le second etsic est (c'est ainsi) pour le troisième.
Un des passages les plus notables dans la littérature occidentale est le26e chant en parallèle au Purgatoire de Dante, dans lequel le troubadourArnaut Daniel répond au narrateur en occitan :« Tan m’abellis vostre cortés deman, / qu’ieu no me puesc ni voill a vos cobrire. / Ieu sui Arnaut, que plor e vau cantan; / consiros vei la passada folor, / e vei jausen lo joi qu’esper, denan. / Ara vos prec, per aquella valor / que vos guida al som de l’escalina, / sovenha vos a temps de ma dolor ».
Alors que des régions centrales de l'Occitanie sont rattachées officiellement au royaume de France lors duXIIIe siècle, il n'y a pas de changements notables dans les pratiques linguistiques. Au contraire, l’occitan va se renforcer. Il va s'imposer de plus en plus face au latin dans les écrits administratifs locaux[376]. Le nombre de textes officiels en occitan ne fait que croître. Une volonté de normalisation linguistique apparaît, notamment avec des ouvrages de grammaire et de rhétorique à usage littéraire (règlas de trobar, razos de trobar, donatz proensals). Ils se poursuivront jusqu’auXIVe siècle avec lesLeys d'amor. Plusieurs familles nobles françaises s'installent après la Croisade; elles apprennent à parler et à écrire la langue occitane. Jusqu'auXVe siècle, les représentants du pouvoir adressent généralement leur courrier à l’administration royale en occitan.
Toutefois, même s'il n'existe pas de politique linguistique identitaire, le français devient peu à peu la langue de l’administration royale. L’annexion au royaume de France entraînera aussi des changements dans les fonctionnements politiques.
À la suite de la victoire française contre les Anglo-Aquitains lors de laguerre de Cent Ans, le royaume domine sans concurrence une grande partie de l'Occitanie. C'est à cette époque que la langue française devient un des symboles majeurs du pouvoir royal français. Cela permet à la France de se démarquer des autres États, surtout de l’Angleterre. Même si l’occitan n’est pas encore visé, il est exclu de toute légitimation officielle qui mettrait en cause le cadre institutionnel de la royauté.
Entre la fin duXIVe siècle et le début duXVe siècle, le latin est délaissé par la royauté au profit du français. Puis celui-ci sera utilisé même dans les rapports entre le roi et ses agents avec les villes occitanes. À partir duXVe siècle, les élites occitanes démontrent leur allégeance au roi en passant au français, même si elles restent longtemps bilingues. Les administrateurs locaux et les notaires passent en douceur au français. L’usage de l’occitan dans les relations avec le pouvoir disparaît complètement, même si celui-ci se maintient encore dans les écrits officiels locaux.
Le pouvoir royal français va prendre de l'ampleur sous le règne deFrançoisIer. Celui-ci promulgue en 1539 l’ordonnance de Villers-Cotterêts qui impose l’usage administratif exclusif du français dans tout le royaume. Il existe des désaccords sur le fait de savoir si l'ordonnance visait seulement à écarter le latin de la pratique administrative ou si le but était d’éliminer la concurrence de toutes les langues autres que le français. Cependant, il est un fait que l’occitan s'est retrouvé ainsi privé d’officialité puisqu'il qu'il n'existait plus aucun pouvoir qui aurait pu en faire sa langue d’usage.
Le recul de l’occitan comme langue administrative et littéraire dure de la fin duXVe auXIXe siècle. L’occitan n’a cessé de perdre son statut de langue savante. Au cours duXVIe siècle, la graphie précédemment en usage tombe dans l’oubli. Pierre Bec[379] précise qu’en 1500 encore la prononciation et la graphie correspondaient mais qu’en 1550 le divorce est consommé. En1562, le duc de Savoie donne l’ordre aux notaires du Comté de Nice de rédiger désormais leurs actes en italien. À partir de ce moment-là, prolifèrent des graphies regionales prenant pour référence les langues officielles. D'un point de vue linguistique, la variété classique de la langue occitane va perdre ses registres liés à la législation et à l'administration.
Les premiers textes en français apparaissent dès la fin duXIVe siècle dans le Nord de l'Auvergne[34]. Le français s’imposera seulement dans les écrits administratifs et juridiques dans les régionsactuellement[C'est-à-dire ?]occitanophones. C'est dans le courant duXVIe siècle que le français se substitue massivement et définitivement à l'occitan, comme langue écrite officielle[34].Les textes les plus tardifs sont rédigés vers 1620 dans le Rouergue et la Provence orientale[34]. En Aveyron, le registre paroissial de Rieupeyroux est rédigé en occitan jusqu'en 1644[34]. LeBéarn constitue une exception. C'est en occitan-béarnais qu'était rédigé la législation (lesFors). L'occitan conserva son emploi de langue administrative (en cohabitation avec l'emploi croissant du français) pour les divers actes légaux jusqu'à la Révolution française de 1789, voire jusque vers 1815 par certains notaires[34].
L'impact du français reste limité car cette phase diglossique est relativement stable, les usages linguistiques étant distribués à partir de leur fonction et du milieu social. Le français est à présent utilisé pour les usages administratifs et socialement valorisés, tandis que l’occitan est utilisé pour des usages quotidiens, domestiques et populaires. Paradoxalement, la cristallisation de l'ordre social empêche l’accès au français oral d’une grande partie de la population.
L'arrivée de laRéforme protestante s’accompagne de la progression du français en Occitanie, celui-ci ayant une fonction cultuelle. D'autre part, l'adoption de la langue du roi a aussi pour but de rechercher l’officialité. Toutefois, l’usage profane de l’occitan n'a pas été touché.
« L'histoire du français est celle de la construction, multiséculaire, d'une langue conçue comme homogène en son essence, unitaire dans son ambition politique : un monolinguisme institutionnel. Ce monolinguisme est certes fictif (la France fut toujours, et est encore plurilingue), mais cette fiction a puissance de mythe : elle dit le sens du monde en rassemblant une communauté. Il s'agit bien d'une institution : la langue française est un bel exemple d'artefact (elle y trouve sa noblesse) ; elle fut instituée.Au nombre des raisons qu'on nous permette d'avancer tout d'abord une hypothèse sans doute audacieuse ; elle relève d'une sorte de psychanalyse des élites françaises cultivées. Fille aînée de l'Église, la France eût désiré le titre de plus digne héritière de la langue sacrée, le latin. (...) Il était douloureux de penser que l'issue du latin en France fut double, que deux langues se partagèrent le territoire, également nobles et prestigieuses, également aptes à régner.(...) La « nécessité d'exterminer les patois » trouve ici quelque motif obscur mais puissant. Il fallut par suite éliminer très tôt ce jumeau prétendant, porte-bannière des langues rivales. L'occitan, c'est un peu leMasque de Fer. »
À la suite des guerres incessantes et des épidémies qui déciment les populations, des anciennes provinces occitanophones comme le Poitou, la Saintonge, l'Aunis, l'Angoumois, la Marche, ainsi qu’une partie de l'actuelle région Auvergne-Rhône-Alpes seront repeuplées par des populations venues de régions plus au nord. La langue du roi de France et de son administration finira par s’imposer précocement dans toute l'ancienne frange nord de l'Occitanie aussi bien dans l'écrit qu'à l’oral.
Le français est devenu un emblème politique incontournable de l’État. Il a investi tous les registres hauts des usages linguistiques, aussi bien officiels que littéraires. La littérature baroque occitane ne parviendra pas à faire un contrepoids au français dont la littérature était déjà bien développée, et présente dans les grandes villes occitanes. La conception d'une littérature gasconne, toulousaine, et provençale resteront isolées et hétérogènes. L’occitan conserve les domaines les moins prestigieux de la création littéraire : les registres populaires, les ouvrages de propagande religieuse ou les pièces de Carnaval.
« Pour accoutumer les peuples à se plier au roi, à nos mœurs, et à nos coutumes, il n’y a rien qui puisse plus y contribuer que de faire en sorte que les enfants apprennent la langue française, afin qu’elle leur devienne aussi familière que les leurs, pour pouvoir pratiquement sinon abroger l’usage de celles-ci, au moins avoir la préférence dans l’opinion des habitants du pays[381]. »
Ce projet culturel et politique d'utiliser le français comme moyen de consolidation du pouvoir royal a été conçu auXVe siècle parClaude de Seyssel, conseiller deLouis XII qui donne l'exemple« du peuple et des princes romains [qui, lorsqu'ils dominaient le monde] n'ont trouvé de moyen plus sûr de rendre leur domination éternelle que de magnifier, enrichir et sublimer leur langue latine [...] et de la communiquer aux pays et provinces et peuples par eux conquis. »[382]
LaRévolution française confirmera cette tendance, car lesjacobins, pour favoriser l’unité nationale, imposeront le français comme seule langue officielle. Ce qui n’empêchera pas la langue d’oc de rester la langue parlée, voire d’être utilisée par les révolutionnaires pour propager plus efficacement leurs thèses[383].
« L’unité de la République commande l’unité d’idiome et tous les Français doivent s’honorer de connaître une langue (Nota : le français) qui désormais, sera par excellence celle des vertus du courage et de la liberté[381]. »
« Il serait bien temps qu’on ne prêchât qu’en français, la langue de la raison. Nous ne voyons pas qu’il y ait le plus petit inconvénient à détruire notre patois, notre patois est trop lourd, trop grossier. L’anéantissement des patois importe à l’expansion des Lumières, à la connaissance épurée de la religion, à l’exécution facile des lois, au bonheur national et à la tranquillité politique[381]. »
« Néanmoins la connaissance et l’usage exclusif de la langue française sont intimement liés au maintien de la liberté à la gloire de la République. La langue doit être une comme la République, d’ailleurs la plupart des patois ont une indigence de mots qui ne comporte que des traductions infidèles. Citoyens, qu’une saine émulation vous anime pour bannir de toutes les contrées de France ces jargons. Vous n’avez que des sentiments républicains : la langue de la liberté doit seule les exprimer : seule elle doit servir d’interprète dans les relations sociales[381]. »
« La Révolution française, constatant que le français était encore inconnu dans toutes les campagnes et même dans certaines villes du Midi de la France, mit à l'étude la question de la destruction complète des patois. »
« Ce malheureux baragouin (Nota : l’occitan) qu’il est temps de proscrire. Nous sommes Français, parlons français[381]. »
— un lecteur deL’Écho du Vaucluse, 1828
« Le patois porte la superstition et le séparatisme, les Français doivent parler la langue de la liberté[381]. »
— La Gazette du Midi, 1833
« Détruisez, si vous pouvez, les ignobles patois des Limousins, des Périgourdins et des Auvergnats, forcez les par tous les moyens possibles à l’unité de la langue française comme à l’uniformité des poids et mesures, nous vous approuverons de grand cœur, vous rendrez service à ses populations barbares et au reste de la France qui n’a jamais pu les comprendre[381]. »
L’occitan restera pour une grande majorité la seule langue parlée par la population jusqu’au début duXXe siècle. À cette époque, l’école joue un grand rôle dans la disparition de l’usage oral de la langue occitane. Si le tournant décisif date de laTroisième République, ce mouvement a déjà commencé avant celle-ci et s'est continué après elle. À la suite desLois Jules Ferry, si l’école devient gratuite et obligatoire pour tous, elle continue de causer un recul important de l’occitan par le biais d’une politique de dénigrement et de culpabilisation des personnes parlant les autres langues que lefrançais. La répression de l’utilisation de la langue au sein de l’école est très importante et consiste principalement à humilier lespatoisants en leur donnant un signe distinctif. Le terme depatois est d’ailleurs contestable car péjoratif[384]. Il a eu pour but de faire oublier que l’occitan est une véritable langue et de faire croire que l’utilisation du patois étaitobscurantiste[385] car supposée non universelle.
« Le patois est le pire ennemi de l’enseignement du français dans nos écoles primaires. La ténacité avec laquelle dans certains pays, les enfants le parlent entre eux dès qu’ils sont libres de faire le désespoir de bien des maîtres qui cherchent par toutes sortes de moyens, à combattre cette fâcheuse habitude. Parmi les moyens il en est une que j’ai vu employer avec succès dans une école rurale de haute Provence… Le matin, en entrant en classe, le maître remet au premier élève de la division supérieure un sou marqué d’une croix faite au couteau… Ce sou s’appelle : le signe. Il s’agit pour le possesseur de ce signe (le « signeur » comme disent les élèves) de se débarrasser du sou en le donnant à un autre élève qu’il aura surpris prononçant un mot de patois. Je me suis pris à réfléchir au sujet de ce procédé… C’est que je trouve, à côté de réels avantages, un inconvénient qui me semble assez grave. Sur dix enfants, je suppose qui ont été surpris à parler patois dans la journée, seul le dernier est puni. N’y a-t-il pas là une injustice ? J’ai préféré, jusque-là, punir tous ceux qui se laissent prendre […][381]. »
— Correspondance générale de l’Inspection primaire, 1893
« Je considère qu’un enseignement du dialecte local ne peut être donné qu’en proportion de l’utilité qu’il offre pour l’étude et pour la connaissance de la langue nationale[381]. »
— Léon Bérard, ministre de l’Instruction publique, décembre 1921
Paradoxalement, c'est durant la même période que la littérature occitane se voit récompensée à l'étranger par le prix Nobel octroyé à l'écrivain provençal et fondateur duFélibrigeFrédéric Mistral.
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L'affaire Dominici est une affaire criminelle survenue en France en 1952. Gaston Dominici a été accusé d'un triple meurtre et condamné à mort sans que sa culpabilité ait jamais été clairement établie. Le fait qu'il étaitoccitanophone et maîtrisait mal le français a lourdement pesé dans sa condamnation par le système judiciaire français.
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Laguerre de 14-18 marque un tournant dans les usages linguistiques de la population. Passer au français a été une question de survie chez lesOccitans envoyés à la guerre. Il était indispensable de connaître le français afin de comprendre les ordres de la hiérarchie française non seulement pour se protéger des Allemands mais aussi pour éviter des accusations teintées de mepris des méridionaux[386]. Le cas le plus connu est l’affaire du15e corps, où des méridionaux ont été accusés à tort d’avoir cédé face aux Allemands. Ils seront fusillés pour l’exemple alors qu'aujourd'hui on sait que la faute était imputable à leurs supérieurs[387].
Alors que la République française avançait à marche forcée vers une francisation totale, l'Église catholique a longtemps constitué un contre-pouvoir maintenant une utilité sociale à la langue occitane. Des homélies étaient dites en occitan, des ouvrages religieux (recueils de cantiques) étaient édités dans cette langue. En 1808, despréfets justifient la position pro-occitane des prêtres et même de l'Institut catholique de Toulouse pour lutter contre le protestantisme. Toutefois, dans certaines de ces régions le protestantisme ne concurrençait en rien le catholicisme; de plus, le français était une langue cultuelle pour les protestants.
« [...] l'étape décisive, c'est le moment où toutes les filles ont su parler français. Le rôle des femmes, on ne le souligne pas assez et c'est totalement déterminant. Sur le plan linguistique, le phénomène de la francisation est acquis à partir du moment où les femmes ont acquis la langue. Il y a à cela des raisons économiques ; c'est parce que dans l'organisation sociale traditionnelle, l'homme est moins en contact que la femme avec le petit enfant »
L'occitan n'a pas non plus été la langue d'acculturation des migrants sur le territoire occitan[389], qui ont contribué« à diminuer le potentiel des emplois de l'occitan »[389].
Alem Surre-Garcia indique qu'il existe en France un système de représentations mentales négatives de l'usage de l'occitan, parfois perçu non comme une richesse selon le mot deCharles Quint :« Autant tu parles de langues, autant de fois tu es humain »[390] mais comme un obstacle à l'égalité des chances :« Un seul État égale une seule Nation, égale un seul Peuple, égale une seule Patrie, égale une seule Histoire, égale une seule langue, égale une seule culture, le tout sous l'égide d'une République une et indivisible au service d'un pays doté d'une âme et d'une mission universelle: la France »[391]. Ainsi l'utilisation de l'occitan peut encore susciter des réactions hostiles, par exemple :
« Avec 4 000 francs je pourrais acheter une mitraillette et en finir avec l’occitan[381]. »
— Le principal adjoint d’un collège de la banlieue toulousaine, années 1990
« Le nissart est inutile parce que les Niçois parlent très bien le français. »
« Notre vision des « langues » et des « cultures » régionales, aseptisée, baigne dans la niaise brume des bons sentiments écolo-folkloriques et se nourrit d’images d’un passé revisité… Ce ne peut être un objectif national. En proposant aux jeunes générations un retour à des langues qui n’ont survécu que dans les formes parlées, pour l’essentiel privées de l’indispensable passage à la maturité que donne la forme écrite, littéraire, philosophique, croit-on sérieusement leur offrir un avenir de travail, d’insertion sociale, de pensée[381]? »
Alors que la langue semble fortement attaquée, différents mouvements de défense de lalittérature occitane voient le jour dans la période1650-1850, et préparent l’avènement duFélibrige. La reconnaissance de la littérature occitane peut être attribuée, notamment, à l’AgenaisJacques Boé (dit Jasmin) et au NîmoisJean Reboul. Pierre Bec[30] distingue les mouvements suivants.
« Apelavam ma lenga una lenga romana ». Ce vers est la jonction de deux courants de l’occitan renaissant. L’un : la « langue » : son « patois » quotidien ; l’autre : la« lenga romana » est une marque d’érudition. Le patois est vu comme une langue d’un rang très haut. L’amour pour le peuple et ses misères est chanté parVictor Gélu.
A contrario des « savants » qui sont tournés vers le passé dans un sens de recherches érudites et des « ouvriers » qui mettent en avant leurs dynamisme de prolétaires, les poètes bourgeois (ou de petite noblesse) se situeront entre les deux. Le mouvement est plus amateur, mais avec une grande passion pour la langue.
LeDr Honnorat comprit la nécessité de plus de réalisme linguistique. La langue avait perdu sa codification orthographique et morphologique. L’indiscipline dans la grammaire ou la graphie était même revendiquée dans le mouvement ouvrier. Honnorat publia son dictionnaire provençal-français dès1840. C’est un précurseur qui redonna à l’occitan sa dignité et sa cohérence.
Une première tentative de retour à une norme graphique a lieu auXIXe siècle : elle est conçue parJoseph Roumanille et popularisée parFrédéric Mistral. La seconde renaissance littéraire de la langue s’est faite auXIXe siècle sous la conduite duFélibrige. À cette époque la langue est essentiellement utilisée par le peuple rural. Mistral et ses confrères du Félibrige ont redonné du prestige à la langue, en lui donnant une norme et des œuvres littéraires. Leur action a parfois été mêlée d’une volonté politique. Les félibres ont dit : « une nation qui n’a qu’une littérature, une nation qui détruit les langues périphériques, c’est une nation indigne de son destin de nation ». L’occitan, sous sa forme provençale et sa graphie avignonnaise, a été diffusé bien plus loin que les frontières de l’occitanophonie. Encore aujourd’hui la littérature mistralienne est étudiée dans des pays comme le Japon ou en Scandinavie. Mistral est le seul auteur uniquement occitanophone à avoir été récompensé pour son œuvre au plus haut point, il a reçu le prix Nobel de littérature. La réforme linguistique mistralienne trouva son meilleur ouvrier dansAuguste Fourès de Castelnaudary (1848-1891) qui, dans ses divers recueils poétiques, l’acclimata en Languedoc.
« […] Fraires de Biarn e de Gasconha, de Lengadòc e de Provença, es vuei un màger eveniment que se complís dins lo miegjorn, onte d’una marina a l’autra, de la mar verda a la mar bluia, la lenga d’Òc reviscolada renosa son brancum sus dos cents lègas de país. E nos es una fièra jòia de vèire reüssida aquela adjuracion que vos fasián, i a quaranta ans. »
— Frédéric Mistral, discours prononcé le 27 mai 1901 à Pau,[392]
Traduction :
« […] Frères de Béarn et de Gascogne, de Languedoc et de Provence, c'est aujourd'hui un événement majeur qui s'accomplit dans le Midi, où, d'un littoral à l'autre, de l'océan à la Méditerranée, la langue d'Oc ravivée renoue ses ramifications sur deux cents lieues du pays. Et cela est pour nous une grande joie et une grande fierté de voir réussie cette adjuration que nous vous faisions, il y a quarante ans... »
— Frédéric Mistral
Des controverses naissent dans l'espace occitan, notamment au niveau des choix graphiques opérés par le Félibrige institutionnel. C'est de ces divergences que naîtra l'occitanisme du côté duFélibrige rouge.
Plus tardAntonin Perbosc (1861-1944) etProsper Estieu (1860-1939), tentent d’unifier la langue. Ils ont restauré la graphie classique et ont débarrassé la langue degallicismes. Le système Perbosc-Estieu devient la base de la graphie qui sera adaptée à toutes les variétés de l’occitan « moderne », paradoxalement la norme sera appeléeclassique parce qu'elle se fonde sur l'orthographe médiévale des troubadours de langue d'oc.
Un premier Institut d'études occitanes a été créé autour de 1923 comme une section de laLigue de la Patrie Méridionale, mais il a une vie courte. En 1930, laSociété d'études occitanes (SEO) a été fondée parJoseph Anglade etValère Bernard, avecLouis Alibert comme secrétaire[393]. En 1931-39, l’autonomie acquise par la Catalogne, qui soutient l’occitanisme, redonna un coup de fouet au dynamisme occitan. Le lexicographe et grammairienLouis Alibert, soutenu par les catalans, publie, entre1935 et1937, àBarcelone : laGramatica occitana segón los parlars lengadocians. Il perfectionne l’écrit pour établir lagraphie classique inspirée de la norme ancienne et adaptée à la langue moderne.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, aussi bien le Félibrige que le SEO ont été discrédités par l'implication de certains de leurs dirigeants dans la collaboration. Certains occitanistes ont décidé de créer une nouvelle institution, l'Institut d'études occitanes (IEO), avec un message clair : l'IEO est un rejeton de la résistance.
L’IEO eut à souffrir d’un certain nombre de crises depuis sa création. La première, au cours desannées 1950 et1960, a vu l'opposition de diverses tendances, l’une prônant une action uniquement sur le terrain culturel autour deFélix-Marcel Castan,Ismaël Girard etBernard Manciet, l’autre souhaitant une présence sur le terrain politique, autour dePierre Bec etRobert Lafont. La seconde tendance l'emporta[394]. La crise la plus aiguë, à la fin desannées 1970 et au début desannées 1980, vit s’affronter deux tendances : la tendance « populiste » (ou « démocratique ») au pouvoir, et la tendance « universitaire » (ou « intellectuelle ») menée parRobert Lafont. En1981, la tendance « universitaire », avec Robert Lafont, fut obligée de quitter l’IEO. Cela entraîna la disparition d'une grande partie des activités de recherche scientifique au sein de l’association, et leur transfert vers d’autres organismes comme les universités, l’Association Internationale d'Études Occitanes et, notamment enlinguistique, vers leGidiloc (Groupe d’initiative pour un dictionnaire informatisé de la langue occitane) et leConseil de la langue occitane. Cependant, ces recherches à visées scientifiques n'ont pas rencontré d'audience, et l’Institut d'études occitanes conserve encore aujourd’hui un rôle essentiel dans le domaine de l’animation culturelle, ainsi que le respect d’un grand nombre de militants de la culture occitane. L’IEO œuvre depuis 1945 pour la défense et la promotion de la langue occitane. Son action est responsable en grande partie de la sauvegarde et du développement de l’occitan. Il intervient dans :
la recherche ;
les études, colloques et publications ;
la promotion de l’enseignement de l’occitan ;
la formation : stages, rencontres d’été, etc. ;
les centres de vacances jeunesse ;
les arts plastiques : expositions - la musique ;
l’édition. L’IEO est le plus gros éditeur de langue d’oc avec ses collections : prose, poésie, vulgarisation, livres pour les enfants, etc. ;
de plus, les sections régionales et départementales de l’IEO, les Cercles occitans locaux participent à l’animation et à la vie culturelle du pays. Si on prend le cas du Cantal, on peut citer des auteurs commeFélix Daval,Terésa Canet,Daniel Brugès ouJoan Fay qui ont publié de nombreux textes tant dans les revues que dans des livres personnels.
En 1951, laloi Deixonne autorise l’enseignement de l’occitan dans les établissements scolaires en France. Cette loi sera complétée ensuite par la création d’un CAPES (Certificat d’aptitude pédagogique à l’enseignement secondaire) d’occitan en 1991, bien que le nombre de postes proposés soit en dessous des besoins et de la demande.
Malgré une période de forte dévalorisation de la langue (voir le chapitre sur la substitution linguistique), de nouveaux auteurs voient le jour :
Pierre Miremont (1901-1979) Majoral du Félibrige, Cigale d'Aquitaine.
Jeanne Barthès Clardeluno ou Clardeluna (1898-1972) Majoral du Félibrige, Cigale de Béziers, poétesse écrivant en français mais surtout en languedocien. Elle voulut aussi défendre la culture languedocienne notamment dans le théâtre, la danse, le chant.
Max Rouquette (1908-2005) a joué un rôle irremplaçable dans le maintien de la culture occitane et dans sa revivification profonde. Il a été traduit aux États-Unis, en Allemagne et au Japon, puis plus tard il traduisit lui-même ses œuvres en français. La Comédie-Française lui rend aujourd’hui hommage.
Bernard Manciet, (1923-2005), diplomate et entrepreneur gascon, est un des poètes paradoxaux les plus considérables.
Robert Lafont (1923-2009), universitaire (linguiste et historien de la littérature d’oc), poète, dramaturge, romancier et essayiste.
Pierre Bec (1921), spécialiste de langue et littérature d’oc et écrivain, a publié en 1997Le Siècle d’or de la poésie gasconne (1550-1650).
Jean Boudou (1920-1975) est un romancier, un conteur et un poète qui a écrit toute son œuvre en occitan. La richesse insoupçonnée de ses créations fait de lui un écrivain majeur de la littérature occitane duXXe siècle.
Marcelle Delpastre (1925-1998) est une grande poétesse limousine, paysanne de profession, qui écrivit une œuvre très importante, en occitan et en français.
L’occitan a un statut coofficiel enCatalogne au même titre que le catalan et le castillan. La forme employée est celle de l’occitan utilisé dans leVal d’Aran. C’est la cinquième langue constitutionnelle de l’Espagne.
22 octobre 2005 : Manifestation de plus de 12 000 personnes àCarcassonne pour la reconnaissance de l’occitan comme langue officielle ainsi que son usage dans l’éducation et les médias.
L'occitan y a un statut protégé nominativement par la loi mais l'italien reste la seule langue officielle dans la constitution. Son usage est autorisé dans lʼadministration pour les communes qui en font la demande, dans lʼenseignement, et les médias.
La langue occitane n’est pas reconnue comme une langue officielle de l'Union européenne. En effet, les trois pays européens concernés n’ont pas officialisé leurs langues régionales au niveau de l’Europe. Ces langues ne sont pas des langues officielles de travail et l’occitan a seulement un statut de langue régionale et minoritaire.
Dans le cadre de la coopération européenne, l'occitan est une langue officielle d'institutions transfrontalières: leGECT Pyrénées-Méditerranée remplaçant l'Eurorégion Pyrénées-Méditerranée concerne l'Espagne et la France, et laCommunauté de travail des Pyrénées concerne l'Andorre, l'Espagne et la France.
Il ressort que 70 % des habitants de la zone linguistique occitane interrogés (locuteurs ou pas de la langue) sont favorables à l’enseignement de l’occitan. Cependant le nombre de postes offerts par l’administration est très en deçà des besoins exprimés[396].
Les deux tiers des sondés considèrent que la langue est plutôt sur le déclin[réf. nécessaire]. Le déclin est aussi souligné par les institutions européennes. Tout comme l’UNESCO qui classait lesdialectes occitans comme étant « sérieusement en danger » de disparition, excepté pour le gascon et le vivaro-alpin qui étaient classés uniquement « clairement en danger »[98]. Aujourd'hui, l'occitan est remonté au niveau de« potentiellement vulnérable »[397].
Ce déclin est peut-être l’explication au fait que seulement 5 % de la population occitanophone active de France (12 % en Aquitaine) transmette sa langue à ses descendants. Ce taux de transmission est très faible, bien qu’il soit meilleur que pour d’autres langues régionales de France (exemples :breton,francoprovençal…). Cependant, une jeune génération qui seré-occitanise est apparue. Cette génération est principalement d’origine rurale, ou issue de milieux cultivés ayant effectué des études supérieures. Le nombre d’élèves suivant un enseignement en occitan (hors catalan) est de 71 912 personnes pour l'année scolaire 2000/2001.
Plusieurs régions (Nouvelle-Aquitaine,Occitanie etProvence-Alpes-Côte d’Azur) ont développé une politique en faveur de la langue et de la culture d’oc. Cela consiste à donner des aides pour l’enseignement, les mouvements culturels, les publications, à soutenir les émissions de télévision en occitan (magazines, journaux d’informations sur la télévision publique notammentFrance 3 etTV3, web-tv:ÒC tele) et à favoriser l’emploi en public de l’occitan.
La réalité occitane est une part constitutive de la culture européenne. Elle est reconnue et étudiée comme telle dans les universités étrangères : en Allemagne, aux États-Unis, enScandinavie, au Japon même… L’occitan est étudié dans des universités du monde entier dans le cadre des études des langues romanes.La langue et culture occitanes peuvent s’étudier également un peu partout dans le monde, par exemple dans les universités en[398] :Allemagne,Belgique,Brésil,Canada,Danemark,Espagne,États-Unis,Finlande,France,Grande-Bretagne,Italie,Japon,Pays-Bas,Roumanie et enSuisse.
En Catalogne espagnole, l’apprentissage de l’occitan est possible à l’école (y compris hors de la zone occitanophone).
En France, elle a été longtemps refoulée par l’école, elle commence à être reconnue dans l’enseignement officiel : cours d’occitan en option ou bilinguisme desécoles calandretas. Même le gouvernement français, dans son rapport de1998 sur les langues régionales, reconnaît aujourd’hui, que« l’occitan se caractérise par son extension géographique, de loin la plus importante ramenée au territoire français, et par une production culturelle -en particulier littéraire- au prestige certain, à la fois très ancienne et vivace ».
La principale difficulté pour le dynamisme de la langue occitane est le fait que bien souvent les Occitans eux-mêmes ne sont pas conscients de la réalité occitane.
La littérature en occitan est considérable avec plus de mille ans de productions ininterrompues. Mais à l'heure actuelle, elle ne bénéficie pas de réseaux de distribution importants et le patrimoine est souvent inaccessible faute de catalogage et de descriptions[6].Le Centre interrégional de documentation occitane (CIRDOC), créé en 2006, est devenu un pôle associé de la Bibliothèque nationale de France pour tout ce qui concerne la langue et la civilisation occitanes. Ce centre développe une mission qui concerne la production de la bibliographie occitane, ainsi que le développement de la coopération autour du patrimoine occitan[6]. La production éditoriale en occitan est stable, autour de trois cents titres par an, tous supports confondus (livres, CD, DVD)[401].
Dans la presse périodique ou hebdomadaire en langue dominante, on trouve parfois une page ou un article en occitan (La Marseillaise, La République des Pyrénées, Sud-Ouest, etc.). Une centaine de journaux et revues sont édités tout ou partie en occitan[402] et plusieurs mensuels. Le seul hebdomadaire dʼinformation généraleLa Setmana a cessé de paraître en 2018 après la fin des subventions publiques. C'était aussi le seul site d’information en occitan sur internet qui a pu bénéficier d'aides directes en France, subordonnées à la reconnaissance du caractère d’information politique et générale (IPG)[6]. LeJornalet : gaseta occitana d'informacions, publié depuis 2012 en Catalogne, est un journal gratuit entièrement en occitan sur internet.
Plusieurs radios locales privées ont une forte proportion de programmes en occitan (Ràdio País, Ràdio Occitània, Ràdio Lenga dʼÒc, etc.).
Il n'existe pas de station de radio publique émettant principalement en occitan[403]. Dans certaines stations de radios dont les programmes sont en majorité en langue dominante, certaines émissions sont en occitan (France Bleu Périgord, Catalunya Ràdio). En 2011, il y a eu563 heures de diffusion radio en occitan[6].
Il n'existe pas de télévision privée émettant principalement en occitan[403]. Certaines émissions de télévision sont en occitan, dans des chaînes majoritairement en français (France 3) ou en catalan (Barcelona TV, TV3). On n'y voit jamais de séries ou de films doublés en occitan[403]. En 2011, France 3 a diffusé51 heures d’émissions en langue occitane dans les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur[6]. Au total en 2011, il y a eu84 heures de diffusions télévisuelles en occitan[6].
En Espagne, le conseil général d'Aran a mis en place une chaîne de télévision sur internet :Aran TV.
En France, la chaîne de télévision sur internetÒC tele a été mise en place en 2013 afin de permettre l’émergence de réalisateurs, de producteurs et de lieux de diffusion, tout en donnant la possibilité à ces productions de pouvoir bénéficier de financements de droit commun[6]. Son financement provient d'aides régionales et départementales.
Plusieurs documentaires originellement en occitan ont été produits, tels que le film documentaireLenga d'amor, sous-titré en français.
On trouve plusieurs dessins animés doublés en occitan majoritairement par Conta'm(Tintin, Titeuf, Corneil et Bernie, Pépin Troispommes, Le Jour des corneilles, Kérity la maison des contes, Le Gruffalo, Trotro, La Sorcière dans les airs, Brendan et le secret de Kells, Ernest et Célestine, Ours Paddington,...) et des documentaires (notammentGladiators etImalàia de laBBC).À ce jour[Quand ?], peu de films ont été doublés ou sous-titrés en occitan. On trouve en 2011 le doublage en plusieurs langues de France du filmAu bistro du coin[404]. Le film français sorti en 1995Le Hussard sur le toit[405] (Jean-Paul Rappeneau) qui se déroule en Provence a été doublé en 2015. Le film suisse d'Alain Gsponer,Heidi[406], sorti en2015 est doublé en occitan.
Le théâtre occitan dispose d’un patrimoine de plus de 1 500 œuvres, et continue d’avoir une dynamique de création avec450 productions créées depuis 1945[6]. Il y a quelques troupes de comédiens de théâtre qui jouent régulièrement en occitan :La Carrièra,La Rampa TIO,Comèdia dell'Oc,La compagnie Gargamelle,Comédia Occitana Tolzana et de nombreux groupes amateurs. Les autorités régionales contribuent quelquefois au financement de ces groupes[403].
Beaucoup de groupes actuels utilisent l'occitan en mélangeant des styles de musiques modernes (ska, rock, dub, electro, ragga, reggae...) avec des effets de chants ou de rythmes traditionnels (Massilia Sound System,Fabulous Trobadors,Nadau,Lou Dalfin,Peiraguda,La Talvera,Nux Vomica,Alidé Sans,Verd e Blu,Joan Francés Tisnèr etc.). Il existe aussi de nombreux artistes et groupes nouveaux de musique occitane. Leur notoriété dépasse parfois le cadre de l'Occitanie et des États nationaux.
Domergue Sumien(oc), linguiste provençal, établit deux scénarios pour un futur prévisible de l'occitan[407].
Sa dislocation dans le scénario pessimiste:
Il disparaît en France et à Monaco. L'occitan garde un aspect culturel marginal comme le latin. Sa standardisation devient inutile ou ultra-théorique.
L'occitan survit difficilement en Italie. Un standard régional, ultra-local peut émerger.
La langue se perpétue en Espagne. L'aranais peut devenir le seul standard fonctionnel de l'occitan mais subit une influence du catalan et du castillan.
Son harmonisation dans un scénario optimiste. L'accroissement des fonctions sociales de l'occitan nécessite sa standardisation.
L'occitan résiste à la substitution linguistique en France et à Monaco. Implémentation de lastratégie de revitalisation des langues de Fishman. Augmentation de ses fonctions (transmission familiale, voisinage occitanophone, enseignement, utilisation institutionnelle). Augmentation des besoins pour un occitan standard avec des adaptations pluricentriques modérées.
La langue résiste à la substitution linguistique en Italie. L'occitan cisalpin participe au standard occitan de la zone vivaro-alpine.
L'occitan acquiert de nouvelles fonctions en Espagne. L'aranais se connecte au standard occitan de la zone gasconne. L'occitan standard et le catalan standard se rapprochent.
SelonSIL International, l'occitan se situe au niveau 6b (langue en difficulté) : la langue est utilisée pour la communication de personne à personne au sein de toutes les générations, mais elle est en train de perdre des utilisateurs. La transmission intergénérationnelle est en train d'être rompue, cependant la génération en âge d'enfanter peut toujours utiliser la langue de sorte que des efforts de revitalisation peuvent rétablir la transmission familiale de la langue[408].
D'après Fabrice Bernissan[409], le nombre de locuteurs natifs va continuer à décliner : « il demeurera en 2020 moins de 40 000 locuteurs natifs de l’occitan. En 2030 ils seront 14 000. En 2050 il demeurera une centaine de locuteurs natifs. ». Sa définition delocuteur natif étant limitée à des « personnes ayant grandi dans un environnement linguistique immédiat (la famille) et/ou voisin (le groupe, le voisinage, la communauté), dans lequel la langue commune d’usage est transmise dès la petite enfance ». Fabrice Bernissan[409] définit lesnéo-locuteurs comme étant « les personnes ayant investi ou réinvesti la langue à la suite d’une démarche d’apprentissage volontariste, personnelle ou collective ». Il estime que « les néo-locuteurs de l’occitan sont probablement aujourd’hui au nombre de 20 000. Le nombre des néo-locuteurs pourrait être stabilisé si le dispositif actuel de transmission par les filières de l’enseignement est maintenu. » mais « que le système éducatif actuellement en place ne suffit pas à garantir que les jeunes scolarisés dans ces classes (bilingues dans l’Éducation nationale ou immersives dans les écoles associatives Calandreta) seront ou demeureront des néo-locuteurs. L’absence de continuité de cet enseignement dans le système scolaire, la quasi absence de la langue dans la société, la forte diglossie subie par l’occitan, et notamment, le déficit d’image de la langue sont de puissants freins à l’émergence de néo-locuteurs formés par l’école. »
Paul Castéla[410] estime que pour sauver une langue et une culture dans le monde moderne, il faut disposer de puissants moyens médiatiques (télévision, radio, presse), choses dont l'Occitanie n'a jamais profité[411].
Selon Katarzyna Wójtowicz« La langue se meurt. Il n’est pas possible de la sauver sans codification et normativisation. Les effets du manque de norme sont visibles au quotidien. [...]. On peut apprendre le gascon, le provençal ou l’auvergnat, mais pas l’occitan [...] En plus, l’État français est assez hostile envers les langues régionales.[...] Peut-être une norme artificielle, comme dans le cas des dialectes rhéto-romans en Suisse, serait-elle une solution. »[412]. Elle ajoute que« [...] de nombreux linguistes voient [dans le francitan] l’avenir de l’occitan. Lefrancitan peut servir comme le point de départ pour la sensibilisation de la société – théoriquement, il suffit de montrer aux gens que l’occitan est toujours vivant dans leur français et que le retour vers le langage traditionnel n’est pas difficile. »
Pour l'UNESCO[413], le facteur primordial pour éviter la disparition d'une langue est l’attitude de la communauté de locuteurs à l’égard de sa propre langue. Celle-ci dépend du contexte social et politique par rapport au plurilinguisme et au respect des langues minoritaires. Il faut« créer des conditions favorables pour que ses locuteurs la parlent et l’enseignent à leurs enfants. Cela nécessite souvent des politiques nationales qui reconnaissent et protègent les langues minoritaires, des systèmes éducatifs qui promeuvent l’enseignement en langue maternelle, ainsi qu’une collaboration créative entre les membres de la communauté et les linguistes afin d’élaborer un système d’écriture et d’introduire un enseignement formel de la langue. »
Pour Bernard Poche[414], sociologue et chercheur au CNRS, le statut des langues non-étatiques est un défi pour les États modernes. Les minorités linguistiques n'ont de choix qu'entre maintenir leur non-institutionalité radicale, ce qui marginalise leur groupe au sein de l'État, ou d'accepter un statut particulier concédé par un pouvoir extérieur au groupe,actuellement[C'est-à-dire ?] les États. Cependant aucune de ces deux possibilités n'est acceptée dans les États qui se représentent comme une société (État-nation), car ils visent à l’homogénéité de la culture, des représentations et des valeurs, voire à l'unité administrative. Les langues minoritaires ne sont tolérées par les États que dans des cas précis :
Dans d'exceptionnels États fédéraux véritables.
Dans de rares cas de semi-fédéralisme : une autonomie territoriale concédée en contrepartie de la reconnaissance de la primauté de l'État central ou un faux fédéralisme où la loyauté fédérale prime sur les structures régionales.
En accordant des facilités linguistiques à des populations mais sans leur accorder de droits politiques ou de statut propre, personnel ou territorial.
En temporisant au moyen de quelques concessions sans importance, en attendant l'extinction naturelle des groupes linguistiques sans impacts forts sur le plan économique ou politique.
L'auteur précise que dans des cas comme celui de l'occitan, de groupes linguistiques numériquement importants, mais qui semblent ne pas relever des catégories précédentes pour des raisons de pratique politique étatique ou de stade d'évolution, une mobilisation adéquate des élites aurait pu permettre d'afficher l'ambition d'obtenir un statut semi-fédéral. Mais cela n'ayant pas été tenté, l'auteur juge qu'il est peut-être maintenant trop tard. En effet, si un groupe perd le droit d'afficher une identité propre à une société qui a son histoire et ses valeurs, alors la langue de ce groupe perd de son utilité. Elle est reléguée au rang de patrimoine et tend à être remplacée par des langues plus répandues.
L'enquête sur l’enseignement et l’emploi de l'occitan semble montrer unerésilience de la langue occitane.« Je travaille sur un observatoire de l’enseignement et de l’emploi. Je fais des statistiques sur le nombre de personnes qui suivent des cours d’occitan (cours pour adultes, calandreta, écoles bilingues publiques, lycée ou université), et le nombre de personnes qui ont un emploi en lien avec la langue et la culture. Cette enquête a pour objectif de démontrer qu’il y a tellement de gens qui travaillent, qui apprennent la langue et la connaissent, que la relève est assurée ! »[415].
Le linguiste Claude Hagège, médaille d'or duCNRS et professeur auCollège de France, juge que la conscience d'identité desOccitans est un facteur de maintien de la langue occitane[416].
« L'attitude actuelle d'une partie [...] desOccitans [...] peut être considérée comme une nouveauté. Alors que les facteurs essentiels de l'abandon de ces langues ont été la mise à l'écart sur les plans économique, social et politique, et la perte de prestige qui en est résultée, on note qu'une résurgence de fierté apparaît depuis peu chez les plus conscients. C'est là un facteur qui peut agir dans un sens opposé à celui des forces de dislocation. Héritiers d'une tradition d'humiliation, ils la remettent en cause, et puisent un haut sentiment d'identité dans cela même qui faisait mépriser la langue ancestrale : sa marginalité ou celle de ses locuteurs. »
— Claude Hagège (1936-aujourd'hui), Halte à la mort des langues, "La conscience d'identité" p.231
« Dans le cas occitan, une chance historique – la dernière vraisemblablement – est ainsi donnée.
Soit la « population occitane » (population vivant sur un espace historié construit de la langue et de la culture occitane) accède à un « niveau de conscience forte » de sa langue historique, de par lestatut de langue normalisée politiquement (cas du petit Val d’Aran, 7 000 habitants, haute vallée de la Garonne dans les Pyrénées catalanes d’Espagne), soit ses 15 millions d’habitants sontdéfinitivement intégrés au modèle français récusant toute autre langue interne, et ne concevant toute autre langue que comme étrangère.
Soit, enfin, un choix reste ouvert, ténu mais têtu et se construisant peu à peu depuis 60 ans : l’invention d’un modèle d’apprentissage scolaire en relation avec unerespiration sociale décomplexée, mettant ladidactisation [nota: approprié à l'enseignement, à la pédagogie] des langues au cœur de son système. C’est le cas avec lebilinguisme et l’intercompréhension. »
— Pierre Escudé;De l’invisibilisation et de son retroussement. Étude du cas occitan : normalité de la disparition, ou normalisation du bi/plurilinguisme ?, Laboratoire Cultures – Éducation – Sociétés, 2015
Le schéma régional de développement de l'occitan de larégion Midi-Pyrénées a pour objectif de remédier à certains problèmes de pérennité de la langue soulignés ci-dessus[417] :
Renforcer la transmission de la langue occitane
Signature d'un convention cadre avec le Rectorat de l'académie de Toulouse.
Développement des filières bilingues occitan-français dans les écoles et au collège.
Sensibilisation dans toutes les écoles de la région
Développement des cours de/et en occitan au collège et au lycée
Mise en place de formations pour adultes
Favoriser la socialisation de la langue occitane
Mise en place d'actions sur la transmission de l'occitan au sein de la famille et de la société
Label pour les entreprises valorisant l'occitan
Création de nouveaux services consacrés a l'occitan (emploi, formation, soutien a l'affichage bilingue)
Soutenir et renforcer la culture occitane
La région soutient de nombreux événements en faveur de la culture occitane et encourage la création et la diffusion artistiques occitanes (festivals, dictées occitanes, colloques)
Structurer la recherche linguistique
La région finance divers projets visant à structurer et à renforcer la recherche sur la langue et la culture occitanes
Création d'une académie de la langue occitane
Élaboration de traducteurs automatiques
Enquête sociolinguistique sur les usages
Compétences et représentations de l'occitan en Midi- Pyrénées
Développer la politique médiatique autour de la langue occitane
Structuration d'un réseau Interrégional des radios et médias d'expression occitane
Accompagnement des productions audiovisuelles en occitan
Larégion Occitanie finance les écoles « calandreta », dont l’objectif est de promouvoir la culture occitane. Ainsi, il existe une soixantaine d’écoles, de la maternelle au lycée, où les élèves sont en immersion complète dans la langue.[réf. nécessaire]
« A further 15% of the population of Monaco speaks the Niçard (Niçois) variety of Provençal, which greatly influences the French of the Monegasque region. In fact, the Niçard-speaking community comprises mainly individuals of over50 years of age, but Provençal is increasingly gaining status as a literary language. »
.
↑Selon les enquêtes linguistiques deCharles de Tourtoulon et deRaymond Arveiller : le ligure monégasque peut s'entendre surtout versle Rocher où est situé le palais princier et l'essentiel des institutions politiques du pays ; l’occitan est parlé surtout àMonte-Carlo. Auparavant, la principauté de Monaco incluait aussi deux communes occitanophones : Menton et Roquebrune qui représentaient plus de 80 % de la population totale du pays.
↑"Las comunas d'Occitània", par Joan Francés Blanc, éditions La Talavera, 17 juillet 2019, 41 communes rurales du sud des départements de l'Indre et du Cher citées.
↑Baromètre Calvet des langues du monde.méthodologie pour la détermination du « poids » des langues « Le Baromètre des langues 2012 a été réalisé par Alain Calvet, docteur ès sciences et Louis-Jean Calvet, docteur ès lettres et sciences humaines, professeur de linguistique. Ont collaboré à sa réalisation Daniel Prado, Anneflore Lemoulinier, François Noctulle, Florica Razumieff et Alain Couillault. Il a reçu le soutien technique et financier de l'Union latine et de laDGLFLF. »
↑« Le déclin de la transmission des langues de parents à enfants, remonte aux générations de l’entre-deux-guerres. De 1915 à 1945 le nombre de ceux qui déclarent parler l’occitan, de loin la langue la plus répandue en Aquitaine parmi les générations nées avant la Première Guerre mondiale, a diminué de 60 %. »INSEE_Langues_parlees_en_Aquitaine_2002
↑« À partir de 1945, les générations suivantes confirment cette diminution mais plus en douceur. » « chez les générations des moins de 35 ans, la tendance à la baisse s’est, semble-t-il, stabilisée et la proportion de locuteurs pour ces âges, à partir de 18 ans, se maintient. »INSEE_Langues_parlees_en_Aquitaine_2002
↑Loi catalane d'octobre 2010 relative à l'officialité de l'occitan nommé aranais dans le Val d'Aran(ca)Llei 35/2010, de l’1 d’octubre, de l’occità, aranès a l’Aran Primera edició, Barcelona, març del 2011,(edició núm. 404), Textos Legislatius, 128, Publicacions del Parlament de Catalunya, Departament d’Edicions
↑« 1. Le castillan est la langue espagnole officielle de l'État. Tous les Espagnols ont le devoir de le connaître et le droit de l'utiliser.2. Les autres langues espagnoles sont aussi officielles dans leurs communautés autonomes respectives conformément à leurs statuts.3. La richesse de la diversité linguistique de l'Espagne est un patrimoine culturel qui fait l'objet d'un respect et d'une protection spéciales. » Article 3 de laConstitution espagnole de 1978.
↑L'occitan est reconnu officiellement dans la loi italienne 482/1999 sur les minorités linguistiques historiques :Loi du 15 décembre 1999, no 482 en italien et en français. On dénombre 107 des120 communes occitanophones du Piémont ayant choisi d'opter pour l'occitan au niveau de leur territoire:Valadas_occitanas.fr.doc. Tandis que deux communes de Ligurie de parlerbrigasque ont choisi d'être reconnues occitanophones et sont donc incluses dans lesvallées occitanes.
↑« Lo Conselh lingüistic del Congrès es a actualizar e a completar las nòrmas ortograficas e oralas del Conselh de la lenga occitana. » Congrès permanent de la lenga occitanaGrafia comuna de la lenga occitana
↑Constanze WETH. « L'occitan / provençal ».Manuel des langues romanes, Edited by Klump, Andre / Kramer, Johannes / Willems, Aline. DE GRUYTER. 2014. Pages: 491–509. ISBN (Online): 9783110302585
↑abcdefghijk etlÉcrire l'occitan : essai de présentation et de synthèse. Jean SIBILLE Article paru dans : Dominique Caubet, Salem Chaker et Jean Sibille éds. 2002, Codification des langues de France. Actes du colloque « Les langues de France et leur codification, écrits ouverts, écrits divers » (Paris – Inalco, 29-), L'Harmattan, Paris, pages 17-37
↑Région Languedoc-Roussillon : culture et patrimoine« Au Moyen Âge l’occitan a été une grande langue de civilisation et le moyen d’expression d'une communauté humaine originale et d’une culture importante. ».
↑IEO Présentation« Tous ceux qui sont aujourd’hui à l’IEO travaillent pour que l’occitan trouve la place qui est due à une grande langue d’Europe ».
↑Nadal Rey :« […] l’Occitanie couvre un territoire qui lui a toujours été âprement disputé, forme un peuple original, connut une histoire particulièrement tourmentée, brillante et tragique, projeta sur l’Europe une civilisation bien en avance sur son temps, rechercha le progrès de l’être humain dans une philosophie de justice et d’amour, et enfin, pour aller vers cet idéal, créa la première et l’une des plus belles langues d’Europe ce pourquoi elle pense, aujourd’hui encore être utile à la définition du futur de l’humanité… ».L’Occitanie qu’es aquò ?, 2004Bibliothèque d’étude et du patrimoine
↑Pierre Bec :« L’occitan médiéval a été une grande langue de civilisation : expression d’une communauté humaine originale et support d’une culture qui a donné des leçons au monde ».La Langue occitane, 1995.Bibliothèque d'étude et du patrimoine
↑Joseph Anglade,Histoire sommaire de la littérature méridionale au Moyen Âge, 1921
↑A. Rey (dir.),Dictionnaire historique de la langue française, tome II (F-PR), page 2427 :« Occitan (langue d’oc) : […] Ce terme de « provençal », qui eut cours jusqu’au milieu duXXe siècle parmi les romanistes ».
↑“Artículo 4. Reconocimiento general. [...] 4. Se reconoce la política de persecución y represión contra laslenguas y culturas catalana, gallega, vasca, aragonesa,occitana y asturiana perpetradas por el régimen dictatorial franquista durante el periodo de guerra, así como en las décadas posteriores de dictadura.”,"Ley 20/2022, de 19 de octubre, de Memoria Democrática",Boletín Oficial del Estado núm. 252, de 20 de octubre de 2022, páginas 142367 a 142421
↑« les Guillaume (D'aquitaine) ne négligent pas pour autant le monde toulousain qui s'étend aux portes de l'Aquitaine orientale. Ils réuniraient bien ce territoire à leur domaine s'il n'existait une autre dynastie… celle des comtes de Toulouse. »,Histoire des Aquitains,p. 82-83,Antoine Lebègue, éditions du Sud-Ouest
↑C'est l'occitanisteCharles de Tourtoulon, avec Octave Bringuier, qui a mis en évidence la correspondance ente l'aire linguistique occitane et l'aire d'influence des comtes de Barcelone dansLa Limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oïl, 1894
« La langue se divise en trois grandes aires dialectales : le nord-occitan (limousin, auvergnat, vivaro-alpin), l’occitan moyen, qui est le plus proche de la langue médiévale (languedocien et provençal au sens restreint), et le gascon (à l’ouest de la Garonne). »
↑Codification des langues de France : actes du ColloqueLes Langues de France et leur codification, écrits divers – écrits ouverts (Paris – Inalco, 29-31 mai 2000) Auteurs Dominique Caubet, Salem Chaker, Jean Sibille, Rédacteurs Dominique Caubet, Salem Chaker, Jean Sibille éditeur, éditions L'Harmattan, 2002(ISBN2-7475-3124-4 et978-2-7475-3124-5)p. 18.
↑Jean Sibille, L’occitan: qu’es aquò ?,en ligne, Langues et cité, décembre 2007, numéro 10
↑Un traité de grammaire et de rhétorique occitane fut promulgué en 1356 sous le titre deLas leys d'Amors (qu'il faut traduire parLes Lois de la langue). Il conférait à l’occitan un statut officiel, donc politique, et Toulouse se donnait comme la capitale du langage.
« Longtemps, et près de nous encore, l’occitan a été associé à des représentations passéistes ou rétrogrades. Cette dévalorisation s’est inscrite dans un contexte qui entendait réduire la diversité linguistique »
— Jean SALLES-LOUSTAU, inspecteur général de l'Éducation nationale, groupe des langues vivantes - langues régionales, Pourquoi apprendre l'occitan ?
↑a etbL’Atlas des langues en danger de l’Unesco classe les six dialectes de l’occitanen danger (gascon, vivaro-alpin) ousérieusement en danger (auvergnat, languedocien, limousin, provençal) (« Atlas UNESCO des langues en danger dans le monde », surUNESCO,(consulté le)).
↑Une variété dialectale est identifiée comme éteinte depuis 1977 : le judéo-provençal oushuadit
« l’image de l’occitan a changé. D’abord parce que plusieurs décisions sont venues préciser son statut. La dernière en date, et non la moindre, est l’adoption le 22 septembre 2010 par le parlement de Catalogne de la loi donnant à l’occitan le statut d’une langue officielle sur tout le territoire catalan. Cette reconnaissance vient après celle de l’Italie (1999) et de la France, avec l’inscription des « langues régionales » dans la Constitution (2008). Elle fait de l’occitan une langue européenne à part entière, le bien commun de trois grands États.
L’enseignement et la création artistique contribuent tout autant à la valorisation de l’occitan : les sections bilingues sont synonymes de réussite scolaire, le dynamisme des groupes de musique parle aux jeunes.Les collectivités territoriales accompagnent ce mouvement ; elles signent avec l’État des conventions afin de développer l’enseignement de la langue, elles multiplient partout les initiatives culturelles et la signalétique bilingue se banalise. À Toulouse déjà, les stations de métro sont annoncées en occitan, et l’on traduit les notices des musées.
Il est un autre signe qui ne trompe pas : les entreprises font confiance à l’occitan pour leur communication et leur image de marque. Chacun songe à cette enseigne de produits de beauté qui a rendu familier le nom de la langue et du pays dans le monde entier. Enfin et surtout, comme on peut le voir dans ce numéro, les régions du sud de la Loire s’engagent tour à tour pour faire de l’occitan un identifiant majeur, un support de leur action culturelle et, comme en Catalogne, un outil de leur développement. »
— Jean SALLES-LOUSTAU, inspecteur général de l'Éducation nationale,groupe des langues vivantes – langues régionales, Pourquoi apprendre l'occitan ?
↑En 2015, 800 000 euros de subventions de la région Aquitaine pour l'occitan dont Centre de Formacion Professionau Occitan (CFP'OC) d'Ortès : 60 000 euros, Institut Occitan de Vilhèra: 140 000 euros, Calandreta (école): 200 000 euros, l'association Oc-Bi (promotion du bilinguisme français/occitan dans l'enseignement): 50 000 euros, l'association de doublage Conta'm: 60 000 euros, Òc Tele : 60 000 euros, Federacion Interregionau deus Mèdias Occitans: 15 000 euros, Congrès Permanent de la lenga occitana de Vilhèra: 40 000 euros.La Region Aquitània que publica las subvencions acordadas tà la lenga(oc).
↑Pompeu Fabra,« el català vindrà a èsser llavors una variant més de la gran llengua occitana retrobada », cité dans Xavier LAMUELA, Josep MURGADES,Teoria de la llengua literària segons Fabra, Barcelona, Quaderns Crema, 1984
↑En fait, l’appellationromans n’est nullement spécifique à l’occitan et se retrouve dans les autres langues que l’on continue à direromanes. Au Moyen Âge, on trouve respectivement les motsromanz en français,romanç encatalan, etromance encastillan, désignant la langue vulgaire issue du latin, par opposition au latin (et à l’arabe dans la péninsule Ibérique) (cf. leDictionnaire d’ancien français de R. Grandsaignes d’Hauterive, éditions Larousse, et le Diccionari català-valencià-balear d’Antoni Maria Alcover etFrancesc de B. Moll).
↑GARDY Philippe (2001) « Les noms de l'occitan / Nommer l'occitan », dans BOYER Henri, & GARDY Philippe (2001) (dir.)Dix siècles d’usages et d’images de l’occitan : des troubadours à l’Internet, coll. Sociolinguistique, Paris: L’Harmattan,p. 43-60.
↑Pierre Bec (1997) « Le siècle d'or de la Poésie gasconne (1550-1650) », Paris: Les Belles Lettres
↑RIGAUDIÈRE, Albert. Chapitre III. La royauté, le Parlement et le droit écrit aux alentours des années 1300 In : Penser et construire l’État dans la France du Moyen Âge (XIIIe – XVe siècle), 2003.
↑P. Sauzet art. « Occitan : de l’importance d’être une langue » in Cahier Langues en dangerno 3, DGLFLF 2013
↑La préface duDictionnaire languedocien-françois de l'abbé Sauvages indique ainsi : « la première de ces dénominations, ou celle de la Langue d'Oc, fut appliquée depuis le milieu duXIIIe siècle jusqu'àCharlesVII ; c'est-à-dire, pendant environ300 ans, aux Provinces méridionales de la France dont nos rois avoient nouvellement acquises et au langage qu'on y parlait. Cette même dénomination prise au dernier sens est au fond synonyme de celle de Languedocien. (…) D'où il résulte que non seulement le Provençal, mais généralement tous les idiomes gascons de nos Provinces méridionales, sont du ressort de ce dictionnaire ; & qu'ils viendront, tout naturellement, se ranger sous le titre qu'il porte… » Ce dictionnaire est accessible en ligne :https://archive.org/details/dictionnairelan00sauvgoog
↑Par exemple, le dialecte gascon s'étend au-delà des limites traditionnelles de la Gascogne
↑Pompeu Fabra, « el català vindrà a èsser llavors una variant més de la gran llengua occitana retrobada », cité dansXavier Lamuela, Josep MURGADES,Teoria de la llengua literària segons Fabra, Barcelone, Quaderns Crema, 1984
↑Composition linguistique des nations du mondeTitre Composition linguistique des nations du mondeVolume 1 de Travaux du Centre international de recherche sur le bilinguisme, International Center for Research on BilingualismComposition linguistique des nations du monde, Heinz KlossVolume 1 de Linguistic Composition of the Nations of the World: Composition Linguistique Des Nations Du Monde, Heinz KlossVolume 1 deLinguistic Composition of the Nations of the World, Grant D. McConnellPublication (Université Laval. Centre international de recherches sur le bilinguisme)Auteurs Université Laval. Centre international de recherches sur le bilinguisme, Heinz Kloss, Grant D. McConnellRédacteurs Heinz Kloss, Grant D. McConnellÉditeur Presses de l'Université Laval, 1974Original provenant de l'université du MichiganNumérisé 18 juin 2010Longueur 405 pages(ISBN0-7746-6710-9 et978-0-7746-6710-4)p. 36.
↑Article 'Gascon' rédigé par Peter V. Davies,Encyclopedia of the Languages of Europe, éd. Glanville Price, Oxford, 1998, p. 190-191
↑Linguasphere classe leGascou+Biarnés sous le code 51-AAA-f, différent del’occitan « général » sous 51-AAA-gLinguasphere g-g
↑Jean-Marie Klinkenberg,Des langues romanes. Introduction aux études de linguistique romane, De Boeck,2e édition, 1999,
↑Max Wheeler, « Occitan », in Martin Harris, Nigel Vincent,The Romance Languages, Routledge, 1997Aperçu en ligne
↑« Gascon, a Romance dialect of southwestern France, is usually classified as a dialect of Occitan »,The New Encyclopaedia Britannica, volume 8 - Page 860
↑La langue se divise en trois grandes aires dialectales : le nord-occitan (limousin, auvergnat, vivaro-alpin), l'occitan moyen, qui est le plus proche de la langue médiévale (languedocien et provençal au sens restreint), et le gascon (à l'ouest de la Garonne). inEncyclopédie Larousse
↑« On distingue plusieurs aires dialectales au sein même de l'occitan. À l'ouest, au sud de la Garonne, le dialecte gascon se démarque très nettement dans le traitement phonétique (par exemple, évolution du f latin en h :filia > hilia), comme dans la grammaire (imparfait de l'indicatif original, particuleque en renforcement du sujet.). »« Encarta »(Archive.org •Wikiwix •Archive.is •Google •Que faire ?)(consulté le).
↑Pierre Bec,La Langue occitane, Q. S. J. ? Presses universitaires de France, page 120
↑Sondage réalisé enLanguedoc-Roussillon en 1991 : « 28 % déclarent la parler plus ou moins », « une personne sur deux (…) déclare comprendre l’occitan » (Pierre Bec,La Langue occitane, Q. S. J. ? Presses universitaires de France, page 120).
↑Aucune norme littéraire n’est parvenue à s’imposer, le provençal rhodanien deFrédéric Mistral, le languedocien littéraire deLouis Alibert, le béarnais deSimin Palay etMichel Camelat ont regroupé des adeptes, mais un plus grand nombre de créations utilise les différents dialectes et parlers
↑G. Creazzo, A. Formica, H.P.Kunert,’O libre meu, manuale didattico per l'insegnamento della lingua occitana nella scuola, idea e progetto di A. Formica, Gnisci, Paola, 2001
↑Normas ortogràficas, chausias morfològicas e vocabulari de l'Occitan alpin oriental. Cuneo [Coni]: Espaci Occitan - Regione Piemonte, 2008
↑Christian Camps,Atlas linguistique du Biterrois, Institut d’études occitanes, Béziers, 1985
↑"Sabèm que la situacion lingüistica, sociolingüistica e subretot socio-politica de l’occitan “obliga” los editors a preveire mantunas versions d’un meteis producte (cf. las revistas pels mainatges Plumalhon e Papagai, per exemple), al detriment d’una diversitat de pro-duccions."L’aranés e l’occitan general. Quatre estudis Estudi 1.Distància lingüistica occitan-aranés/occitan-general Patrici Pojada
↑Robert Lafont (1984) « Pour retrousser la diglossie »,Lengas 15 [reproduit dans : Robert Lafont (1997) Quarante ans de sociolinguistique à la périphérie, coll. Sociolinguistique, Paris : L’Harmattan].
↑Domergue Sumien (2006)La standardisation pluricentrique de l'occitan : nouvel enjeu sociolinguistique, développement du lexique et de la morphologie, coll. Publications de l'Association internationale d'études occitanes, Turnhout : Brepols
↑« Créer le Basic avec ces objectifs n'a pas été facile, parce que curieusement, la variation a été beaucoup plus étudiée que ce qui est commun, à ce qui semble. Pas facile non plus de régler le curseur pour choisir ce qui est commun, ce qui se ressemble, ce qui est spécifique et qu'il faut conserver.
S’il est trop haut, le curseur écrase des variations auxquelles les gens sont sensibles. S'ils ne se reconnaissent pas assez dans ce qui leur est proposé, il n'y a pas d'adhésion, et sans adhésion il n'y a pas d'avenir. Si la distance est trop grande, cela peut mener à un refus, une répulsion, même de ce qui est proposé.
↑« Cette méthode d’occitan donne à voir toutes les variétés (ou dialectes) d’occitan. La première partie de l’ouvrage présente le languedocien standard – une variété qui permet de comprendre assez aisément la plupart des autres dialectes occitans puisque l’aire languedocienne occupe le centre géographique de l’espace occitan. La méthode revient ensuite sur les six principaux dialectes de l’aire occitane (auvergnat, gascon, languedocien, limousin, provençal, vivaro-alpin) »L'Occitan (livre seul)
↑Lo Basic, lexique élémentaire français-occitan, occitan commun au gascon et au languedocien, version provisoire (lettres A-K).Dicod'Òc
↑« Le Basic est un lexique élémentaire français-occitan qui se veut, à terme, un dictionnaire unique pour tous les locuteurs et usagers de l'occitan, quelle que soit leur variante. Pour une entrée en français, il propose la forme occitane commune et/ou les formes spécifiques aux grandes variantes. »Le Basic, introduction
↑a etbGeorg Kremnitz, « Sur la délimitation et l'individuation des langues. Avec des exemples pris principalement dans le domaine roman », IEC
↑Friedrich Diez,Grammatik der romanischen Sprachen, Bonn 1836–38 & 1876–77;
↑a etbCharles de Tourtoulon, Octavien Bringier,Étude sur la limite géographique de la langue d’oc et de la langue d’oïl (avec une carte) (1876), Paris: Imprimerie Nationale [rééd. 2004, Masseret-Meuzac: Institut d’Estudis Occitans de Lemosin/Lo Chamin de Sent Jaume]
↑Un exemple récent d'une telle croyance : Peter A. Machonis,Histoire de la langue : du latin à l'ancien français, University Press of America, 1990,(ISBN0-8191-7874-8), dont le chapitre 11,dialectes de l'ancien français, nomme : langue d'oc, langue d'oïl et franco-provençal
↑Carte dans Meillet & Cohen,Les Langues du Monde, 1924, surGallica
↑Parmi ses œuvres les plus significatives,Aièr e deman, roman de science-fiction, L'Astrado, 1971 et saGrammaire provençale, L'Astrado, 1967, plusieurs fois rééditée
↑Louis Bayle,L'óucitanisme, Toulon : Escolo de la Targo, 1964
↑Louis Bayle,Dissertation sur l'orthographe provençale comparée à la graphie occitane, L'Astrado, 1968
↑Louis Bayle,Procès de l'occitanisme, L'Astrado, 1975
↑Louis Bayle,Huit entretiens sur l'occitanisme et les occitans, L'Astrado, 1979
↑Louis Bayle,Considérations sur le Félibrige, L'Astrado, 1977
↑Voir une critique de ce document dans R. Teulat, « Occitan o lengas d'òc »,Quasèrns de lingüistica occitana 4, 1976, republié dansUèi l'occitan, IEO, 1985,(ISBN2-85910-004-0).
↑L'ensemble des publications utilisant développe en général la même argumentation :
il n'y aurait pas d'intercompréhension entre les différents dialectes d'oc
les occitanistes tenteraient d'imposer une langue et une graphie artificielle au détriment des langues « authentiques » et « historiques » de la Provence, de l'Auvergne...
les occitanistes constitueraient une menace pour l'identité régionale, voire pour l'unité nationale (alors que les groupes dénoncés, en général le parti nationaliste occitan et des groupes aujourd'hui disparus, ont eu peu ou pas de rôle dans la codification autour de la graphie classique)
l'occitan (la langue d'oc) n'existerait pas, puisque l'Occitanie n'a jamais existé – il s'agirait de démonter les « mythes » du « credo occitaniste » – par exemple Jean Lafitte, Guilhem Pépin,La « langue d'oc » ou les langues d'oc ? - Idées reçues, mythes et fantasmes face à l'histoire, PyréMonde/Princi Negue, 2009
par conséquent, les associations de défense des « langues d'oc » réclament leur reconnaissance officielle comme langues indépendantes.
Ces associations ont su se constituer un réseau, ténu mais présent, dans la sociolinguistique universitaire :
Philippe Blanchet (qui est l'un des animateurs actuels de l'Astrado) a présenté en 1992 une thèse sur le provençal (voir référence infra) où il développe une partie de cette argumentation et propose de mettre en avant un « droit des locuteurs à nommer leur langue »
Pour justifier l'inclusion dans le provençal de l'essentiel du vivaro-alpin, Philippe Blanchet a réutilisé récemment le concept delangue polynomique élaboré pour la langue corse (voir par exemple le Site de la Consulta Provenzale :http://www.consultaprovenzale.org/content/fran-ais)
Jean Lafitte, qui présente lebéarnais et gascon comme une langue indépendante de la langue d'oc, a également soutenu une thèse sous la direction de Ph. Blanchet
↑Communiqué publié dans lesQuasèrns de lingüistica occitana, 1976
↑Philippe Blanchet,Le provençal, essai de description sociolinguistique différentielle, Peeters, 1992,[2]
↑Sur le Collectif Provencce, voir la synthèse de Sylvie Sagnes, « Unité et (ou) diversité de la (des) langue(s) d’oc : histoire et actualité d’une divergence », Lengas, 2012, mis en ligne le 07 avril 2014, consulté le 17 juillet 2015 (lire en ligne,p. 71).
↑Question no 22674 (Journal officiel 13/05/2008 : 3919) in Sylvie Sagnes, 2014 : question écrite du président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’AzurMichel Vauzelle, adressée en septembre 2008 à la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel :« Le provençal dispose de caractéristiques propres qui le distinguent fortement de l’occitan. À ce titre, il mériterait d’être reconnu à part entière parmi les langues régionales. Il l’interroge donc sur la volonté du Gouvernement de reconnaître le provençal mistralien parmi les langues régionales ».
↑Ronjat appelant le gascon: « aquitain » dansGrammaire historique des parlers provençaux modernes, tome IV, Montpellier, Société d'études romanes, 1941
↑Pierre Bec,La Langue occitane et aussi la récente synthèse sur le sujet de Domergue Sumien, « Classificacion dei dialectes occitans »,Linguistica occitana, 7, 2009« en ligne »(Archive.org •Wikiwix •Archive.is •Google •Que faire ?).
↑ab etcBec, Pierre,Manuel pratique d'occitan moderne
↑Lire Nicolas Quint,Le Languedocien - Occitan central, Assimil, 196 pages. Le titre toutefois ne renvoie pas à une classification « supradialectale ».
↑Domergue SUMIEN (2006),La Standardisation pluricentrique de l'occitan : nouvel enjeu sociolinguistique, développement du lexique et de la morphologie, coll. Publications de l'Association internationale d'études occitanes, Turnhout: Brepols
↑Pierre Bonnaud,Correspondances phonétiques morphologiques et lexicales entre le poitevin-saintongeais et l’occitan, dans : Aguiaine, numéro spécial, septembre 1972.
↑Jacques Pignon,L'Évolution phonétique des parlers du Poitou, 1960 (page 512).
↑Pierre Bec,Compte rendu de lecture : Jacques Pignon. L'évolution phonétique des parlers du Poitou (Vienne et Deux-Sèvres), Cahiers de civilisation médiévale, Année 1965, Volume 8, Numéro 29, pp. 75-78.
↑Henri Malet,Les noms de lieux en Charente et les anciennes limites de la langue d’oc (paru dansBulletins et Mémoires de la Société Archéologique de la Charente), 1940.
↑Jacques Pignon,L'Évolution phonétique des parlers du Poitou, éditions d'Artray, 1960 (carteno 8).
↑Pierre Gauthier,Noms de lieux du Poitou, éditions Bonneton, 1996.
↑Pierre Gauthier (professeur honoraire de l'université de Nantes), Étude en introduction à son édition du « Rolea » (recueil de textes anonymes en poitevin duXVIIe siècle), 2002.
↑Jacques Duguet, Du nouveau sur la phonétique occitane dans la région, Aguiaineno 296 etno 297, 2015.
↑James H. Williston,Le Coutumier d'Oléron : Édition et traduction annotées, Société des antiquaires de l'Ouest, 1992 : « Je me suis intéressé au Coutumier au départ parce qu'on y trouve des formes, morphologiques surtout, qui correspondent au patois moderne de la région » (page 9).
↑Le Terrier du Grand fief d'Aunis (1246), publié par A.Bardonnet, Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1875.
↑Le vieux coutumier du Poitou, présenté par René Filhol,éditions Tardy, 1956.
↑Jacques Duguet, « Une charte en langue occitane (1260) » dans : Anthologie Poitou-Aunis-Saintonge-Angoumois, SEFCO, 1984.
↑Les Coutumes de Charroux, publiées pour la première fois, traduites et annotées, par A.-. de la Fontenelle de Vaudoré, Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1813.
↑Peter Nahon,Gascon et français chez les Israélites d'Aquitaine. Documents et inventaire lexical. Paris, Classiques Garnier, 2018.[3]
↑PeterNahon,Les parlers français des israélites du Midi, Strasbourg, Éditions de linguistique et de philologie,(ISBN978-2-37276-066-9).
↑LeWebster’s Third New International Dictionary, Unabridged avec ses addenda de 1993, arrive à environ 470 000 entrées, comme l’Oxford English Dictionary,2e édition. Lesite web du dictionnaire anglais Merriam-Webster estime qu’on arriverait à un nombre variant entre 250 000 et 1 million de mots.
↑Cette langue n’a pas connu d’épuration telle que le français qui selon ladoctrine de Malherbe a été amputé de ses néologismes, d'archaïsmes, de provincialismes, d'inversions, d'adjectifs composés, et de synonymes par l’Académie française auxXVIIe et XVIIIe siècles.
↑Olivier de Montégut,Le Drame albigeois: dénouement tragique de l'histoire secrète du Moyen Âge, éditeur Nouvelles Éditions latines, 1962,(ISBN2723313050 et9782723313056), 190 pages, p. 59
↑« La repressione dell’eresia valdese, attraverso la cattura e la detenzione di singoli individui, si intensificò dal 1592 al 1627, mossa proprio da un bisogno di uniformare usi, costumi, linguaggio. »La strage dei Valdesi, Elena Urgnani. Pierroberto Scaramella, L’Inquisizione romana e i Valdesi di Calabria (1554-1703). Naples: Editoriale Scientifica, 1999, pp. 268.
↑« Sono scarse le notizie relative al dialetto occitano in uso presso i valdesi di San Sisto, la sua scomparsa fu imposta dall’ordinanza emanata dall’Inquisizione nel 1592 che vietava, appunto, l’uso della lingua occitana e i matrimoni tra valdesi. »San Sisto dei Valdesi-Occitan
↑Pierre Serre,Occitan : la langue clandestine, « Sud »,no 71.
↑Emmanuel Le Roy Ladurie et Guillaume Bourgeois, « Vichy, État occitan ? »,Arkheia. Histoire, Mémoire du Vingtième siècle en Sud-Ouest.,nos 14-15-16,(lire en ligne).
↑Motion adoptée le 5 décembre 2003 stipulant que leconseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur« affirme solennellement que la langue occitane ou langue d’Oc est la langue régionale de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le provençal rhodanien, le provençal maritime, le niçard et l’alpin sont les formes régionales de la langue occitane ou langue d’Oc en Provence-Alpes-Côte d’Azur »Les Confettis de Babel, Louis-Jean et Alain Calvet, éditions OIF,p. 12-13.
↑Le vœu du conseil régional (voté le 5/12/2003).Le conseil régional de Provence-Alpes-Côtes d’Azur affirme solennellement :
- que la langue occitane ou langue d’Oc est la langue régionale de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur : le provençal rhodanien, le provençal maritime, le niçard et l’alpin sont les formes régionales de la langue occitane ou langue d’Oc en Provence-Alpes-Côtes d’Azu ;
- que toutes les variétés de la langue occitane ou langue d’Oc sont d’égale valeur et appartiennent au même domaine linguistique ; - que chacune de ses variétés est l’expression de la langue occitane ou langue d’Oc sur son aire géographique ;
- que la pleine dignité donnée ainsi à chaque variété de la langue occitane ou langue d’Oc atteste qu’il n’y a aucune hiérarchie entre ces variétés.
s’engage :
- à développer son soutien à la préservation de ces variétés et à la promotion de la langue occitane ou langue d’Oc ;
- à contribuer, au côté de l’État, à la généralisation de l’offre d’enseignement de la langue occitane ou langue d’Oc en région Provence-Alpes-Côtes d’Azur.
Sollicite Monsieur le premier Ministre pour qu’il intervienne auprès de ministres, directions de l’État concernés pour que la langue occitane ou langue d’Oc soit reconnue officiellement comme patrimoine commun de tous les citoyens français sans distinction et d’aider à son développement en ratifiant la Charte européenne des langues minoritaires[4].
↑« la lyrique occitane a germé et fructifié dans toute l'Europe,..., qui ont chanté à sa suite les valeurs defin'amors et de lacortezia » dansAuctor et auctoritas : invention et conformisme dans l'écriture médiévale, volume 59 de Mémoires et documents de l'École des chartes - L'École des Chartes. 59,Michel Zimmermann, éditeur : Librairie Droz, 2001,p. 389,(ISBN2-900791-41-3 et978-2-900791-41-7).
↑« La littérature occitane occupait au Moyen Âge une place prééminente dans la culture et l'art contemporains. » dans « Hommage à Pierre Nardin : philologie et littérature françaises, Volume 29 des Annales de la Faculté des lettres et sciences humaines de Nice, Faculté des lettres et sciences humaines de Nice,p. 91,Pierre Nardin, Éditeur : Belles lettres, 1977 »
↑Les poèmes de Richard Cœur de Lion ont été interprétés et enregistrés par l'Ensemble Alla Francesca.
↑Clovis Brunel,Les plus anciennes chartes en langue provençale. Recueil des pièces originales antérieures auXIIIe siècle. Avec une étude morphologique., Paris, Picard, 1926-1952.
↑abcdefghijk etlPujol J-P., 2004. Sottisier à propos des minorités ethniques.Le Petit Florilège chauvin, éd. Lacour-Rediviva
↑Claude de Seyssel cité dans « L'imaginaire d’une langue nationale : l'État, les langues et l'invention du mythe de l'ordonnance de Villers-Cotterêts à l'époque moderne en France », Cohen Paul, in: Histoire Épistémologie Langage. Tome 25, fascicule 1, 2003. Politiques linguistiques (2/2). pp. 19-69.DOI10.3406/hel.2003.2112en ligne Consulté le 21 août 2015
↑« langage corrompu et grossier, tel que celui du menu peuple »,Dictionnaire de Furetière (1690), ou « langage corrompu tel qu’il se parle presque dans toutes les provinces […] On ne parle la langue que dans la capitale… »,Encyclopédie de Diderot et d’Alambert
↑L'abbé Grégoire disait sous la Révolution française : « Car je ne puis trop le répéter, il est plus important qu'on le pense en politique, d'extirper cette diversité d'idiomes grossiers qui prolongent l'enfance de la raison et la vieillesse des préjugés. »
↑Patrick Cabanel, Mariline Vallez,La Haine du Midi : l'antiméridionalisme dans la France de la Belle-Époque, Apr 2000, France. p. 87-97, 2005.lire en ligne.
↑Georges Liens, « Le Stéréotype du Méridional vu par les Français du Nord de 1815 à 1914 »,La Provence historique, Aix-en-Provence, 1977lire en ligne.
↑a etbA reader in French sociolinguistics Titre A Reader in French Sociolinguistics Volume 1 de Applications in French Linguistics, 1 Auteur M. H. Offord, Rédacteur M. H. Offord Édition illustrée Éditeur Multilingual Matters, 1996(ISBN1-85359-343-5 et978-1-85359-343-7) Longueur 213 pages, pages 73 et suivantes
↑Claude Hagège,Dictionnaire amoureux des langues, Plon, 2009.
↑Chapitre « La théocratie républicaine » in :Les Avatars du Sacré, p.21
↑Jean Fourié, « A l'entorn d'un cinquantenari, la S.E.O. precursor de L'I.E.O. : contribucion a l'istòria del movement occitan »,Estudis occitansno 18, 1995(ISSN0980-7845)
↑El 70 % de la població occitana desitja que sigui preservada i promoguda la identitat pròpia, per bé que un notable percentatge d’aquesta població sigui d’origen forà i malgrat que la política oficial, en qüestions culturals i lingüístiques, sigui contrària al seu reconeixement.Jaume Figueras, Expert en littérature occitane, publié par laGénéralité de Catalogne,Occitània i l'occità, 32 p.
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↑dans le prolongement du travail sur le parler occitan deSaugues étudié par le linguiste Pierre Nauton (1912-1970) avec la mise en évidence la limite linguistique que représente laMargeride