L’obsidienne est uneroche volcaniquevitreuse et riche ensilice. De couleur grise, vert foncé, rouge ou noire, elle est issue d'unelave acide (typerhyolite). La vitrification en masse est rendue possible par le fort degré depolymérisation de la lave[1]. Ce phénomène n'a rien à voir avec les bordures figées de quelques millimètres à quelques centimètres observées sur des laves basiques (filons,pillow lavas) pour lesquelles lavitrification est due à un refroidissement rapide de la lave (contact avec un encaissant froid ou avec de l'eau).
SelonPline l'Ancien, son nom viendrait deObsius, personnage de laRome antique qui aurait signalé en premier la présence de cette roche, enÉthiopie, mais leslinguistes relient ce nom aulatinobsidio, « action d'assièger[2] ».
Obsidienne avec son effet caractéristique d'arc-en-ciel des obsidiennes.
L'obsidienne est opaque à translucide et présente une texture et un éclat vitreux[3]. Elle est le plus souvent grise ou noire mais il arrive que l'obsidienne réfléchisse la lumière, selon ses plans internes, de sorte que des reflets verts, violets et argentés apparaissent, ce phénomène est appelé « arc-en-ciel des obsidiennes »[3].
Le verre de l'obsidienne peut recristalliser, ce qui donne dessphérolithes decristobalite ou, parfois, des obsidiennes « flocon de neige » avec des orbicules de recristallisation.
dans lesîles Canaries, particulièrement sur l'île deTenerife, face nord duTeide (« Los huevos del Teide » — « Les œufs du Teide » — sont composés d'énormes masses ovoïdes d'obsidienne presque pure) ;
Les obsidiennes sont le plus souvent datées duPliocène (2 à 4 millions d'années) ; aucune n'est antérieure auCénozoïque : en effet, cette roche se dévitrifie avec le temps.
L'obsidienne a été utilisée pour la fabrication de tranchant pour les armes et les outils au cours de laPréhistoire, notamment enAmérique précolombienne (voir plus en détail l'article sur l'utilisation de l'obsidienne en Mésoamérique). Les galets roulés servent à la fabrication de bijoux et la dureté de ce minéral et sa facilité relative de taille permettent d'en faire des lames. En Amérique du Sud sur la côte Pacifique l'obsidienne faisait l'objet d'échanges à longue distance, notamment contre certains coquillages (spondyles etstrombes)[8]. EnMésoamérique au premier millénaire de notre ère les gisements d'obsidienne font la richesse deTeotihuacan, dont on retrouve la production jusqu'àAltun Ha[9].
Pointe de flèche en obsidienne.
Il existe aussi de nombreuses traces d'utilisation de l'obsidienne dans le sud de l'Europe auNéolithique, où une forme de commerce et de transport de la pierre était mise en place depuis les gisements des volcans de l'actuelle Italie. Des outils en obsidienne ont ainsi été retrouvés lors defouilles archéologiques, notamment dans le sud de la France[10]. À partir du Néolithique en Méditerranée occidentale, il y a 8 000 ans, des réseaux d’échanges se mettent en place entre les différentes communautés agropastorales, réseaux qui resteront actifs durant quatre millénaires[11].
Une étude récente portant sur l’obsidienne préhistorique permet de lever un voile sur la manière dont étaient organisés certains de ces échanges à longue distance, entre les îles et les rivages méditerranéens : ce commerce était en partie aux mains d’artisans spécialisés qui se déplaçaient par voie maritime et distribuaient le produit de leur artisanat aux communautés visitées. Les sites archéologiques attestent de la mise en forme desnucléus autour des gisements (principalementLipari etMonte Arci enSardaigne), puis du détachement de lames et de lamelles dans les villages « consommateurs »[12]. EnSardaigne, l'obsidienne était une ressource importante, exploitée depuis les premières phases duNéolithique ancien (6000-5000 avant notre ère). Utilisée pour fabriquer des armes, des outils et d'autres objets lithiques, l'obsidienne est beaucoup plus rare que le silex commun et possède de meilleures caractéristiques (brillance, facile à façonner) ; elle était donc très recherchée dans l'Antiquité et autour de quelques gisements, prospéraient une intense activité d'extraction, de transformation et d'échange même sur de longues distances[13].
AuJapon préhistorique, l'obsidienne est exploitée en divers lieux et est l'objet d'échanges sur quelques centaines de kilomètres, voire plus dans le cas d'échanges maritimes[7]; des objets en obsidienne deKyushu ont ainsi été retrouvés dans lesîles Ryukyu et d'autres en obsidienne d'Hokkaido ont été exhumés au nord deSakhaline[7].
La découverte d'obsidienne sur un site archéologique est une précieuse source d'information, car elle rend possible sadatation par laméthode de l'hydratation[14]. De plus chaque gisement a une composition chimique propre, ce qui permet de déduire le lieu d'extraction de l'obsidienne constituant unartéfact retrouvé lors d'une fouille[7].
Obsidienne « flocon de neige » avec orbicules de recristallisation.
Il existe des dénominations esthétiques ou commerciales de variétés, notamment selon les vertus curatives que laculture populaire leur accorde en fonction de leur apparence : l’« arc-en-ciel » (également nommée en France « œil céleste »), l’« acajou » (« mahogany »), la « flocon de neige » (« mouchetée »), la noire, la dorée, l’argentée, la « mentogochol » (déformation du nom mexicain Manta Huichol), la « spider web » (« toile d’araignée ») ou la « mezclada » (mélangée : mélange les caractéristiques de l’arc-en-ciel et de la spider web) par exemple[15],[16].
On trouve, dans le commerce desgemmes, des variétés synthétiques d’obsidienne. L’obsidienne bleue est un verre bleu transparent artificiel. On peut trouver du bleu dans l’obsidienne naturelle, mais à l’état de reflets plus ou moins visibles sur une pierre opaque à très légèrement translucide.
↑« L'or noir des néolithiques à Trets » inLe Guide des sites préhistoriques Provence-Alpes-Côte-d'Azur de Bertrand Roussel et Frédéric Boyer, éd. Mémoires Millénaires (avril 2018), p. 190(ISBN978-2-919056-61-3).
↑Éric Gallet et Fabien R. Sabatier,Pierres, minéraux et cristaux : Comprendre les énergies des minéraux et leur pouvoir de guérison, Fernand Lanore, 2015p. 202-204.