L'observation est un des régimes de lapreuve scientifique[1] : c'est uneexpérience d'accumulation et de recueil d'informations sur unphénomène, un objet d'étude, en absence devariables ou sans contrôler les variables et les paramètres. L'observation est une étape différente, et souvent complémentaire, d'une expérimentation ou expérience dite contrôlée.
Elle permet de valider/invalider deshypothèses ou de vérifier des observations ou des expérimentations antérieures. Ce stade de la recherche est indispensable dans tous les domaines scientifiques, dans lessciences naturelles comme dans lessciences humaines etsociales, par exemple enpsychologie.
L'observation, en tant que régime de preuve, fait partie des sciences palétiologiques ou historiques mais participe également à toutes les expériences scientifiques[2],[3],[4].
Les observations peuvent être :
qualitatives : seule l'absence ou la présence d'une propriété est notée ;
quantitatives : si une valeur numérique est attachée au phénomène observé par comptage ou mesure.
Même si les scientifiques ont toujours examiné la nature, l'observation en tant que telle n'a pas toujours fait partie de la méthode scientifique et le sens attribué à ce mot a varié au cours de l'histoire.
AuMoyen Âge, l'observation existe sous la forme de techniques ou de pratiques mais ne fait pas l'objet d'une réflexion méthodologique particulière. Le mot latinobservatio est surtout utilisé pour décrire la connaissance pratique que des marins, des cultivateurs, etc. ont de la nature. Dans la science, ce sont plutôt les termesexperimentum ouexperientia qui sont utilisés[5]. La connaissance est avant tout conçue comme un dialogue avec les autorités.
À partir de laRenaissance, le motobservation, très souvent utilisé dans les titres d'ouvrages, devient le nom d'un genre d'écrit scientifique[6]. Francis Bacon, dans sonNovum Organum, propose de refonder le savoir scientifique sur l'induction et l'observation. Les progrès en anatomie témoignent de ce nouveau rapport au réel.
Un changement important advient dans la seconde moitié du XVIIIe siècle avec la parution de traités scientifiques explicitement consacrés à l'observation et plus uniquement à l'expérience :L'Art d'observer deJean Senebier (1775), notamment, qui introduit la différence entre l'observation et l'expérimentation[7]. L'observation des Lumières repose davantage sur l'analyse des relations entre les phénomènes que sur leur perception sensible[8]. Elle est avant tout un talent, le « génie observateur » : ce n'est qu'au cours du XIXe siècle qu'elle sera peu à peu pensée comme une méthode à proprement parler[9]. La fin des Lumières correspond par ailleurs à un changement de « régime de perception »[10] et à une nouvelle façon de concevoir la vue, désormais inscrite dans la physiologie et dans le temps[11].
Au XIXe siècle,Auguste Comte contribue à disqualifier l'observation introspective au profit d'une observation extérieure des objets et des phénomènes. Cette observation doit se conformer au nouveau dogme scientifique de l'objectivité, supposant une reproduction mécanique du monde[12].Claude Bernard, dans sonIntroduction à l'étude de la médecine expérimentale, fixe la définition positiviste du terme en l'opposant à l'expérimentation.
Durant le XXe siècle, l'histoire de l'observation se diversifie selon les disciplines. L'observation participante, consistant à observer un groupe humain en y jouant un rôle, est développée par les sociologues de l'école de Chicago avant d'être reprise par la sociologie et l'ethnographie[13]. En physique, la découverte des propriétés quantiques soulève des questions épistémologiques tenant au fait que l'observation détermine ici toujours les phénomènes et qu'on ne peut plus clairement faire une distinction entre les faits et la théorie. Des questions similaires se posent dans d'autres domaines comme la médecine, où l'observation transite souvent par des instruments ou des machines[14].
La fin du XXe et le début du XXIe se caractérisent enfin par une critique de l'objectivité, particulièrement dans les sciences humaines, au profit d'une conception plus « située » du savoir[15].
La méthode scientifique consiste à observer lesphénomènes naturels pour formuler et tester des hypothèses. Telle qu'elle a été conceptualisée par Michel-Eugène Chevreul en 1856, elle passe par trois étapes : l'observation, l'hypothèse et l'expérimentation.
Tirer une conclusion des données recueillies lors de l'expérience, réviser ou re-formuler l'hypothèse et réitérer le processus ;
Rédiger une description de la méthode d'observation et des résultats ou conclusions obtenus ;
Demander à des pairs ayant l'expérience de la recherche sur le même phénomène d'évaluer les résultats.
Les observations jouent un rôle plus important dans la deuxième et cinquième étape de la méthode scientifique présentée ci-dessus. Cependant, afin de reproduire une méthode implique que les observations de différents observateurs puissent être comparables. Nosimpressions sensorielles humaines sont subjectives et qualitatives, ce qui les rend difficiles à enregistrer ou à comparer.
L'utilisation de mesures s'est développée afin de permettre l'enregistrement et la comparaison d'observations faites à différents moments et en différents lieux, par différentes personnes. Cettemesure consiste à utiliser l'observation et à comparer le phénomène observé à uneunité standard. Cette unité standard peut également être unartefact, un processus ou une définition qui peut être dupliqué ou partagé par tous les observateurs.
Dans une mesure, on compte le nombre d'unités standard qui est égal à l'observation. Cette mesure réduit une observation à un nombre qui peut être enregistré. Puis, deux observations qui aboutissent au même nombre seront égales dans le cadre de la résolution du processus.
Un des problèmes rencontrés dans la majorité des domaines scientifiques est que l'observation peut affecter le processus observé. C'est-à-dire que l'observation entraîne un résultat différent de celui obtenu si le processus n'était pas observé. C'est ce qu'on appelle l'effet observateur.
Par exemple, il n'est normalement pas possible de vérifier la pression d'un pneu de voiture sans laisser échapper une partie de l'air contenue dans lepneumatique.
Néanmoins, dans la plupart de ces domaines scientifiques, il sera possible de réduire les effets de l'observation à un niveau insignifiant en utilisant de meilleurs instruments.
Toutes les formes d'observation, qu'elles soient humaines ou instrumentales, sont considérées comme un processus physique. Ce qui implique une amplification. Ils sont donc des processusthermodynamiquement irréversibles qui augmentent l'entropie.
Dans certains domaines scientifiques spécifiques, les résultats d'une observation particulière diffèrent en fonction de facteurs moins importants dans l'observation quotidienne. Celles-ci sont généralement illustrées par des « paradoxes » dans lesquels un événement apparaît différent lorsqu'il est observé de deux points de vue différents, qui semblent contredire le « bon sens ».
↑Conférence : De Ricqlès, A (collège de France).« L'évolution, faits, hypothèse ou théorie : le problème de l'administration de la preuve dans les sciences historiques et son retentissement pour leur enseignement », 27 février 2009, université Claude Bernard, Lyon 1.
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↑CRARY, Jonathan,L'art de l'observateur. Vision et modernité au XIXe siècle, trad. Frédéric Maurin, Nîmes, J. Chambon, coll. « Rayon photo », 1994.
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