Obélisque de la place de la Concorde
| Autre nom | Obélisque de la place de la Concorde |
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| Commanditaire | |
| Construction | |
| Matériau | |
| Inscriptions | |
| Poids | 230 t |
| Hauteur actuelle | 23 m |
| Emplacement d’origine | |
| Emplacement actuel | |
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| Date d’installation | |
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| Coordonnées |
L'obélisque de Louxor est unobélisque duXIIIe siècle av. J.-C. provenant dutemple d’Amon deLouxor, enÉgypte, érigé depuis 1836 au centre de laplace de la Concorde àParis, après avoir été offert par l'Égypte.
L’obélisque de Louxor a été classé au titre demonument historique en 1937[2]. En tenant compte de sa fabrication, qui remonte à la civilisationégyptienne antique, il s'agit du monument de Paris le plus ancien, antérieur à la fondation de la capitale[3],[4]. Le secondobélisque de Louxor est visible sur le site de la ville égyptienne.

C'estMéhémet Ali, vice-roi d'Égypte, qui, en signe de bonne entente, et avec l'accord dubaron Taylor puis deJean-François Champollion, offre àCharles X et à laFrance, au début de 1830, les deux obélisques érigés devant letemple de Louxor. Seul celui de droite (en regardant le temple) est descendu de sa base et transporté vers la France ; le présidentFrançois Mitterrand annonça officiellement le que la France renonçait définitivement à prendre possession du deuxième obélisque, resté sur place, restituant ainsi sa propriété à l'Égypte[5],[6].
En échange des obélisques,Louis-Philippe Ier offre en 1845 une horloge en cuivre, qui orne aujourd'hui lacitadelle du Caire, mais qui, pour l'anecdote, ne fonctionna quasiment jamais, du moins aux dires des Cairotes, ayant été probablement endommagée lors de la livraison. Elle a été finalement réparée en 2021[7].
Les plans pour l'abattage sont établis parArmand Florimond Mimerel, ingénieur de la Marine. Larévolution de 1830 faillit tout remettre en cause, maisMéhémet Ali confirme son don en. C'est Champollion qui est chargé par le roi de choisir le premier des deux obélisques qui devait rejoindre la France.Jean-François Champollion choisit« le plus occidental, celui de droite en entrant dans le palais. Le pyramidion a un peu souffert, il est vrai, mais le corps entier de cet obélisque est intact, et d'une admirable conservation, tandis que l'obélisque de gauche, comme je m'en suis convaincu par desfouilles, a éprouvé une grande fracture vers la base »[8].
Un navire, spécialement construit à cette fin, leLouxor[9], commandé parRaymond de Verninac Saint-Maur, quitteToulon en et remonte leNil en août. Il s'agit d'une barge à fond plat, à usage unique d'une construction inhabituelle (cinq quilles, proue amovible) dont les dimensions ont été étudiées en fonction des ponts sur la Seine. Après s'être approché au plus près de l'obélisque grâce au creusement d'un canal par trois-centsfellahs, le bateau embarque le monolithe le. Huit mois s'écoulent avant que le Nil, en crue, permette au navire de flotter le. La barge quitteThèbes le, parvient le àRosette, à l'embouchure du Nil où elle est bloquée par des bancs de sable. Le, leLouxor franchit la barre du Nil grâce aux vents locaux qui déplacent le sable et parvient àAlexandrie le lendemain. L'équipage doit attendre la fin des tempêtes d'hiver pour quitter le port le avec sa précieuse cargaison[10]. Le navire est remorqué par la corvette à vapeur et à voilesSphinx sur le trajet Alexandrie - Rouen. Arrivé àToulon dans la nuit du 10 au, il atteintParis le après avoir contourné l'Espagne et remonté laSeine depuisRouen, après escale àCherbourg[11],[12]. Il est alors déposé couché sur le quai au début duCours-la-Reine.
Louis-Philippe Ier décide de l'ériger au centre de laplace de la Concorde àParis. Il y remplace un monument en l'honneur deLouis XVI, décapité en ce même endroit lors de laRévolution française. La première pierre de ce monument, qui comprenait une statue équestre du roi réalisée parJean-Pierre Cortot, fut posée parCharles X le[13],[14]. La statue royale qui occupait le centre de la place est détruite en 1830[15]. Le choix d'un monument totalement étranger à l'histoire nationale était destiné à empêcher les querelles de mémoire et les tentatives d'appropriation de ce haut lieu de laRévolution française par telle ou telle faction.
L'obélisque est érigé en grande pompe, le, par l'ingénieurApollinaire Lebas[16] à l'aide de machines élévatrices et de gigantesquescabestans. L’orientation originelle du monolithe par rapport aux points cardinaux n'a pas été respectée ; elle a subi une rotation anti-horaire d'environ 90°[a]. La face originellement à l’est s’est donc retrouvée au nord[17]. L’obélisque est dit « décalé » comme l'exprime le textemétaphorique d'un médaillon scellé au sol en 1939 :« Au levant de Thèbes surgit à Paris le Nord. »
Louis-Philippe Ier, dont c'était la première grande sortie publique depuis l'attentat d'Alibaud du, n'avait pas voulu prendre le risque du ridicule en cas d'échec de l'opération. Il s'était donc installé discrètement, avec la famille royale, aux fenêtres de l'hôtel de la Marine. Au moment précis où l'obélisque se dresse sur son socle, le roi et sa famille paraissent au balcon dans une mise en scène parfaitement réglée et recueillent l'ovation de la foule considérable qui se pressait pour assister à l'opération.
Lehaut piédestal[b] décrit les méthodes qui ont permis le transport de cet obélisque, puis son érection.
L'obélisque, datant duXIIIe siècle av. J.-C., mesure vingt-troismètres de hauteur et pèse222tonnes, auxquelles il faut ajouter les 240 t du piédestal[18]. Son sommet est à 33,37 m de hauteur.
Le médaillon mentionnant la rotation de l'obélisque est situé à une dizaine de mètres au nord du monument, sur la ligne horaire du midi ; il marque la position de l’extrémité de l’ombre de l'obélisque à midi, le jour dusolstice d'été ()[c], au moment où l’ombre est la plus courte de l’année[19].
Le monument est restauré en 2022[20]. Le site est desservi par lastation de métroConcorde.
L'obélisque lui-même est constitué desyénite (uneroche rose, voisine desgranites mais très pauvre enquartz) provenant de Syène (l'actuelAssouan). Dans ces mêmes carrières, on a trouvé unobélisque inachevé, qui a retenu l'attention des archéologues[21],[22].
À l'origine, comme sonalter ego deLouxor, l'obélisque reposait sur une base carrée décorée de seizebabouins dressés sur leurs pattes arrière et dont le sexe est bien visible. Un fragment de ce socle fut rapporté d'Égypte avec l'obélisque[23]. Pour ne pas choquer la société française prude duXIXe siècle, cet élément ne fut pas installé place de la Concorde. On peut le voir à lasection des antiquités égyptiennes dumusée du Louvre[24],[25]. Il est exposé un temps au musée duLouvre-Lens, dansla Galerie du temps, avant d'être exposé à nouveau au musée du Louvre fin 2024.
Le piédestal de l'obélisque est réalisé en cinq blocs de granite rose issus des carrières de l'Aber-Ildut , enBretagne[26], où une réplique au 1/7e a été réalisée et implantée sur le port. Il a été conçu dans le cadre du réaménagement général de la place de la Concorde parJacques Hittorff. Deux de ses faces montrent le prélèvement, le transport et le remontage de l'obélisque, les deux autres portent une inscription rappelant le patronage du projet parLouis Philippe et faisant allusion à l'engagement égyptien de la France depuisNapoléon Ier[27].L'ensemble du monument est entouré d'une grille composée de 323 piques de métal doré.
Parmi leshiéroglyphes ornant chacune des faces, on ne peut manquer lecartouche deRamsès II, où le roi fait une offrande au dieuAmon-Rê.
Une traduction des hiéroglyphes a été proposée, en 1868, par un égyptologue français,François Chabas[28].
En 2025, l'égyptologue françaisJean-Guillaume Olette-Pelletier révèle la présence de cryptographies hiéroglyphiques[29], c'est-à-dire des textes cachés dans les inscriptions et les scènes du sommet de l'obélisque. Il montre ainsi l'importance de ce monument dans la propagande de Ramsès II pour affirmer sa légitimité divine à régner sur l'Égypte.
Le sommet de cet obélisque est surmonté d'unpyramidion[d], de 3,60 m de haut réalisé en tôle de bronze laminé[e], et doré à la feuille d'or par les ateliers Gohard, dans la teinte la plus proche possible de celle de l'électrum employé dans l'Égypte antique[30].
Ce revêtement a été installé en dans le cadre de l'année France-Égypte, avec le soutien financier de la fondationBergé-Saint Laurent[31]. Après quelques hésitations et sur l'insistance de l'égyptologueChristiane Desroches Noblecourt, lepyramidion est censé remplacer un précédent ornement sommital, emporté lors d'invasions enÉgypte auVIe siècle.
Selon Étienne Poncelet, architecte en chef des monuments anciens de Paris, le sommet de l'obélisque s'est gravement détérioré lorsque le mégalithe était stocké pendant plusieurs mois dans les cales d'un bateau sur la Seine. Selon ses propos : « J'ai fait installer sous le pyramidion, sous la coiffe, un ensemble dont je ne peux pas vous parler, et qui est une sorte de secret de ce haut de l'obélisque dans lequel sont données toutes les qualités symboliques de ce qui se passe autour de Paris »[32].
Le sommet du pyramidion installé en 1998 n'était pas parfaitement pointu et a subi au fil du temps des dégradations provoquées par les volatiles. Une nouvelle restauration est lancée en 2022. Le, une pointe en acier recouverte de feuilles d'or est installée au sommet de l'obélisque ; elle a été réalisée par les Ateliers d'art Saint-Jacques et la Fonderie de Coubertin, sous l'autorité du ministère de la Culture[33].
L'astronomeCamille Flammarion avait eu l'idée, en 1913, d'utiliser l'obélisque commegnomon, mais la guerre de 1914 l'empêche de concrétiser ce projet. Sa veuve convainc Daniel Roguet, architecte de l’observatoire de Juvisy, de reprendre le projet, lors de l'exposition universelle de 1937[f]. Des travaux sont entrepris en 1939[g], mais la Seconde Guerre mondiale les interrompt[34].
À l’initiative dePhilippe de La Cotardière et deDenis Savoie de laSociété astronomique de France, la réalisation du « cadran solaire horizontal » est effective depuis le[35], jour dusolstice d'été. L'ombre de l’obélisque indique l'heure via des clous et des lignes thermocollées sur les terre-pleins piétonniers et sur la chaussée[h]. Ces lignes traversent la partie nord de laplace de la Concorde, et commencent ou se terminent par deschiffres romains. Seules les lignes entre7 h et17 h figurent.
La ligne deséquinoxes a également été tracée sur le parvis central.
Le prolongement des lignes horaires convergent vers un point situé sur la méridienne de l’obélisque, à vingt-neuf mètres au sud de celui-ci. Une droite joignant le point de convergence avec le sommet de l’obélisque ferait un angle de 49° avec le plan horizontal, ce qui correspond à la latitude de Paris. Cette droite serait parallèle à l’axe de rotation de la Terre. C'est l'ombre portée du sommet du monolithe qui doit être prise en compte, elle indique letemps solaire vrai. Il faut effectuer deux correctifs si l'on veut en déduire l'heure légale : à l'heure lue, ajouter 51 minutes en hiver ou 1 heure et 51 minutes en été, du fait de la position de l'obélisque par rapport au méridien deGreenwich (Londres) et du fuseau horaire de la France métropolitaine ; il faut ensuite tenir compte de l'équation du temps qui varie au cours de l'année jusqu'à environ quinze minutes en plus ou en moins[36]. Le flou de l’ombre est la principale source d’imprécision de ce cadran, il est dû à la surface du Soleil qui n’est pas ponctuelle.
En l’an 2000, le grimpeur urbain françaisAlain Robert escalade l’obélisque, sans avertir personne et sans aucun dispositif de sécurité.
En 2021,Jean-Guillaume Olette-Pelletier est le premier égyptologue à avoir pu accéder au sommet de l'obélisque, grâce à l'échafaudage des travaux de restauration du monument afin d'analyser de près les scènes et inscriptions[37].
Une exposition, « Le Voyage de l'obélisque », a été organisée aumusée national de la Marine au Trocadéro (16e arrondissement de Paris), du au[38].
Le1er décembre 1993, l'obélisque se retrouve recouvert d'un préservatif rose géant à la suite d'une action d'éclat d'Act Up-Paris, dirigée parCleews Vellay en collaboration avecBenetton, pour sensibiliser l'opinion et le pouvoir public à l'épidémie duSIDA[39].
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| La date est celle du dernier relevage de l'obélisque | |
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