La partie supérieure du cours principal du fleuve s'étend du confluent de laKatoun et de laBiia jusqu'à la rencontre de l'Ob et de son affluent, leTom, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest deTomsk[3].
La rencontre de deux rivières originaires des monts Altaï, laKatoun (aux eaux issues de la fonte desneiges des hauts sommets), à l'ouest, et laBiia (émissaire dulac Teletskoïe), à l'est, donnent naissance à l'Ob, en aval de Biïsk. Ces deux cours d'eau, d'une longueur respectives de 688 et 301 km, au débit soutenu, apportent 626 et 477 m3/s au fleuve naissant[4]. L'Ob adopte, dans la première partie de son cours, une direction occidentale, et reçoit, en rive gauche, de nombreux affluents de faible longueur (comparativement à ceux de l'aval) parmi lesquels la Peschanaya, l'Anuy et la Charysh. Le fleuve présente encore une pente moyenne relativement forte de 2,5 ‰, mais son lit est déjà encombré de bancs desable et d'îles[3]. Après sa rencontre avec la rivière Charysh[5], il s'oriente vers le nord, prenant la direction deBarnaoul, la vallée ainsi que le lit mineur s'élargissent, l'Ob prenant définitivement son aspect de cours d'eau deplaine, après avoir reçu l'apport de l'Aleï, tributaire de rive gauche. ÀBarnaoul, l'Ob reprend une orientation occidentale, sa vallée s'élargit encore, mesurant entre 5 et 10 kilomètres de large avec une rive gauche plus escarpée que celle de droite ; son lit se complexifie (nombreux bras, présence de lacs) tandis que sa profondeur moyenne augmente. Le fleuve change à nouveau de direction àKamen-na-Obi, reprenant une course orientée au nord-est, la vallée se rétrécit ne mesurant plus que 3 à 5 kilomètres de large avant que le cours d'eau n'entre dans l'immense réservoir deNovossibirsk. À partir de cette dernière ville, filant toujours vers l'Arctique, l'Ob entre dans une région forestière où dominent lesbouleaux et lestrembles, sa vitesse d'écoulement ralentit, sa vallée mesure près de 20 kilomètres de large en moyenne. Son cours supérieur s'achève lorsque le fleuve rencontre son puissant affluent de rive droite leTom près de la ville deTomsk[3].
Cette partie du fleuve s'étend du confluent avec le Tom jusqu'à celui avec le principal affluent qu'est l'Irtych au cours de laquelle l'Ob coule selon une direction nord-ouest, puis franchement occidentale.
À partir de sa rencontre avec le Vassiougan, l'Ob entre dans le domaine de l'immensetaïga sibérienne. Sa pente devient très faible et sa vallée s'élargit une nouvelle fois pour atteindre de 30 à 50 kilomètres alors que le lit principal du fleuve large d'un kilomètre lors des étiages peut atteindre trois kilomètres lors de la période des hautes eaux. La profondeur du lit ne descend guère à moins de 4 à 8 mètres durant les basses eaux. En période de crue, l'Ob sort de son lit mineur etinonde la vallée sur plusieurs dizaines de kilomètres pendant deux à trois mois[3].
Cette dernière partie du cours commence après le confluent avec l'Irtych, l'Ob quittant sa direction occidentale pour s'orienter nord-nord-est jusqu'à Peregrebnoye avant d'adopter, après cette ville, une orientation franchement septentrionale. Le fleuve franchit durant sa course la limite nord de la taïga avant de pénétrer dans le milieu de latoundra au niveau de sondelta. Dans une vallée large de 30 kilomètres, dominée par des hauteurs de médiocre altitude sur la rive droite, le cours d'eau s'écoule lentement se divisant, peu avant Peregrebnoye en deux bras : le grand (Bolchaïa[7]) Ob à droite, le petit (Malaïa) Ob à gauche. Chacun de ses bras reçoit des affluents, la Kounovat et leKazym pour le premier nommé, laSynia et laSosva du Nord pour le second. Avant d'arriver à Chourychkary, le fleuve retrouve un lit unique large de 19 kilomètres et profond de 40 mètres[3]. Après le confluent, au-delà deSalekhard, avec le Poluy, l'Ob se divise à nouveau en deux bras, le Khamanelsk Ob (gauche) et le Nadym Ob (droit) pour former undelta.
Ce delta s'ouvre sur le golfe de l'Ob (en russeObskaïa Gouba), qualifié aussi d'estuaire[notes 1], long de 800 kilomètres et large de 30 à 100 qui possède sa propre zone de captage, couvrant une superficie de 105 000 km2, avant sa rencontre avec lamer de Kara. Sur la côte orientale, s'ouvre un diverticule, legolfe du Taz, embouchure du cours d'eauéponyme, qui draine ledistrict autonome de Iamalo-Nénétsie et possède un bassin versant de 150 000 km2 pour une longueur supérieure à 1 400 km[8]. Le golfe (ou estuaire) de l'Ob, peu profond (de 10 à 12 mètres), entaille lespéninsules de Yamal et de Gyda; le littoral oriental est fortement escarpé tandis que celui de l'occident est bas etmarécageux[9].
Lebassin versant de l'Ob couvre au total une superficie d'environ 2 975 000 km2 ; cette aire inclut une zonesteppique de 521 000 km2 si peu arrosée qu'elle ne donne lieu à aucun écoulement superficiel et donc ne vient pas renforcer le débit du fleuve[10]. En fonction de la prise en compte ou de l'exclusion de cet espace, ce bassin est le cinquième ou le sixième au monde par l'étendue, après ceux de l'Amazone, duCongo, duMississippi, duNil et avant ou après celui de l'Ienisseï[11]. Le bassin est réparti sur le territoire de quatre États : la Russie (73,77 %) et le Kazakhstan (24,71 %) se partageant la quasi-totalité de sa superficie, la Chine (1,51 %) et la Mongolie (0,01 %) n'intervenant que de façon marginale[12]. Il est, en majeure partie (85 %), constitué par laplaine de Sibérie occidentale où lesinterfluves dominent les vallées des différents cours d'eau seulement de quelques dizaines de mètres (40 à 60 mètres en moyenne). Les seuls reliefs présents sont de petitescollines, appelées « grivy », orientées sud-ouest - nord-est. Cette plaine est une zone d'ennoyage ; lessédiments se sont accumulés sur plus de 6 000 mètres d'épaisseur au-dessus des couches de terrains de l'ère secondaire[13]. Ces vastes horizons portent l'empreinte des grandesglaciations avec la présence de nombreuses traînéesmorainiques et deterrasses fluvio-glaciaires. L'Ob doit d'ailleurs, à ces glaciations, sonestuaire au fond duquel il construit undelta, cet estuaire est le témoin d'une côte jadis immergée, lorsque le continent était enfoncé par le poids desglaces s'étendant jusqu'à 110° delongitude est[13].
Jusqu'à son confluent avec l'Irtych, l'Ob emprunte un ancienchenal glaciaire autrefois occupé par un cours d'eau s'écoulant vers la dépression aralo-caspienne. Le relèvement de la partie sud de laSibérie a orienté le réseau hydrographique vers le nord. Cette partie méridionale est constituée par les montagnes de l'Altaï et leur avant-pays qui correspondent au « château d'eau » du fleuve même si elles ne représentent guère plus de 10 % de l'aire totale du bassin[13].
L'Ob est une voie de communication majeure pour la Sibérie occidentale même s'il n'est navigable que 190 jours par an en moyenne dans son cours supérieur et environ 150 jours dans son cours inférieur. Une bonne partie des marchandises transportées sur le fleuve transite ensuite par la route maritime du nord à travers l'Arctique. Le transport fluvial agit en complémentarité avec leTranssibérien qui assure les liaisons est-ouest entre les grands bassins sibériens, bassin agricole d'Omsk sur l'Irtych et bassin charbonnier duKouzbass sur leTom par exemple[24]. Le grand axe ferroviaire franchit l'Irtych à Omsk et l'Ob àNovossibirsk, leTurksib, qui lie l'Asie centrale à la Sibérie, aboutit dans cette dernière ville après avoir traversé l'Ob supérieur àBarnaoul[25].
Les possibilitéshydroélectriques de l'Ob et de ses affluents sont considérables et estimées à 250 milliards dekWh mais la production est faible en regard de leurs possibilités. L'Ob ne fournit de l'énergie qu'à hauteur de 2 milliards de kWh et l'Irtych de 4 milliards de kWh (la production s'élève à 56 milliards de kWh sur l'Angara et à 44 milliards de kWh sur l'Ienisseï[24]). Les principauxbarrages se situent à Novossibirsk sur l'Ob et àBoukhtarma etÖskemen sur l'Irtych. Le premier cité est alimenté par un vaste lac de retenue, le plus important de Sibérie avec une superficie de 5 490 km2 pour une profondeur moyenne de 9 mètres[26].
Le bassin de l'Ob se localisant à près de 75 % sur le territoire russe et, accessoirement, sur le nord du Kazakhstan, la majorité de la population est composée deSlaves. Il existe néanmoins des peuples non-slaves comme lesKazakhs essentiellement concentrés dans le bassin moyen de l'Irtych[27], les peuples turcophonesAltaï etChor dans les zones montagneuses méridionales[28], lesTatars sur le cours de l'Irtych, lesKhantys etMansis sur celui de l'Ob. Dans la partie septentrionale vivent les peuplesNénètse,Nganasan,Énètse etSelkoupe dont certains pratiquent encore lenomadisme[29].
La population se concentre pour l'essentiel dans les vallées, les principales villes sont donc installées sur les rives de l'Ob et de ses affluents. De l'amont vers l'aval se situent les agglomérations suivantes :
Les activités agricoles et industrielles se sont très fortement développées dans le bassin de l'Ob durant la périodesoviétique. Aujourd'hui, et malgré un certain repli dans lesannées 1990,Omsk,Novossibirsk etBarnaoul apparaissent comme des centres industriels majeurs. Le sud du bassin, qui correspond à la zonesteppique, est la principale région productrice deblé de printemps de la Russie.
Mais aujourd'hui, c'est surtout l'extraction depétrole et degaz naturel dans le centre et le nord du bassin qui fait la richesse de ce vaste espace (près des 2/3 deshydrocarbures russes y sont produits)[25]. La principale zone d'extraction se situe dans ledistrict autonome des Khantys-Mansis exploitée depuis1965 et qualifiée de « troisièmeBakou ». Depuis les débuts de la mise en valeur du potentiel dusous-sol, pas moins de 6 milliards de tonnes de pétrole et 500 milliards de m³ de gaz naturel ont été extraits; les difficultés inhérentes à cette région à la nature hostile, le manque d'investissements dans des techniques plus performantes ont conduit à une diminution depuis1987 de la production (même si elle représente encore près de la moitié de lafédération de Russie pour le pétrole)[30].
Le bassin versant présente des formations végétales variées. Au sud, dans l'espace correspondant au climat sibérien méridional, se développe laprairie sibérienne, steppe gazonnée, accidentée dedépressions salines ousolonetz, demarécages, de bosquets debouleaux, detrembles et depins. Le bassin de l'Irtych, sur ses marges sud-occidentales et dans les vallées affluentes du Tobol et de l'Ichim, se situe à la limite duclimat semi-aride du Kazakhstan et est le domaine de lasteppe où l'arbre n'est plus présent. Plus au nord, lataïga se développe dans le climat sibérien à étés frais et est accidentée de fondrières appeléesourmany, elle précède latoundra qui occupe la partie la plus aval du fleuve et s'étale le long des côtes du long estuaire[6].
Plus d'une cinquantaine d'espèces de poissons vivent dans le bassin de l'Ob et dans le vasteestuaire[31]. Parmi celles-ci, les plus importantes économiquement se retrouvent desesturgeons, notammentStenodus leucichthys[32], et descorégones commeCoregonus muksun[33],Coregonus nasus[34] ainsi queCoregonus peled[35]. On trouve également desperches, deslottes, descarpes, desbrochets et desvandoises. Le gel saisonnier des eaux des cours d'eau dans la partie aval du bassin (du confluent avec le Tym jusqu'au delta) contribue à une forte diminution de l'oxygénation des eaux et entraîne une mortalité élevée chez les poissons.
Les problèmes environnementaux de l'Ob et d'un certain nombre de cours d'eau de son bassin hydrographique sont de plusieurs ordres.
La fonte rapide des glaciers de l'Altaï risque d'entrainer la multiplication des crues de l'Ob.
Leréchauffement climatique général affecte ce cours d'eau au même titre que ses autres homologues sibériens, il provoque une élévation de la température de lamerzlota, donc une augmentation de l'épaisseur de la zone active due à la fonte de laglace du sol. Les réserves d'eau dans lesol s'accroissent ainsi que la contribution des eaux souterraines à l'alimentation du système fluvial, ce qui renforce lescrues[37]. Les températures plus élevées entraînent également une fonte accélérée desglaciers des hauts espaces montagneux méridionaux (de l'Altaï en particulier) et ainsi un surcroît d'alimentation de l'Ob supérieur. Des observations, menées depuis plusieurs décennies, montrent, durant lesannées 1980 et1990, une augmentation du débit de l'Ob, en particulier durant les mois de juillet, août et septembre, et une plus grande fréquence desinondations[38]. L'augmentation du débit de l'Ob comme des autres fleuves sibériens pourrait avoir des conséquences non seulement à l'échelle locale ou régionale mais également mondiale. Un apport supplémentaire d'eau douce dans l'océan Arctique (qui reçoit déjà 10 % des écoulements de la planète) serait susceptible de modifier la circulation descourants marins et entrainerait des variations climatiques planétaires[39].
Un autre problème affecte le bassin de l'Ob par l'intermédiaire de son principal affluent l'Irtych Le cours supérieur de ce dernier (environ 30 % de sa longueur totale) se situe enChine qui envisage, depuis1997, la construction d'ouvrages conduisant à prélever une part importante des eaux de la rivière (au minimum 20 %) destinée à l'irrigation de ses territoires arides du nord-ouest[40]. La région d'Omsk dépend des eaux de l'Irtych, l'affaiblissement de son débit pourrait s'avérer catastrophique, réduisant les volumes de lapêche locale, l'irrigation des champs et privant l'industrie d'une partie de ses approvisionnements. Les conséquences écologiques ne seraient pas moins graves, de nombreuses espèces de poissons seraient susceptibles de disparaître[31].
Lapollution des eaux de l'Ob et de ses affluents par les rejets industriels et urbains s'avère très grave et s'étend. La dégradation de la qualité des eaux était, jusqu'au début desannées 1980, surtout localisée dans le cours supérieur de l'Ob et de l'Irtych, c'est-à-dire à proximité des lieux les plus peuplés et les plus industrialisés de la Sibérie occidentale. Aujourd'hui, conséquence du développement des zones d'extraction pétrolière et gazière, la pollution s'est étendue et gagne les régions plus septentrionales[26]. Les accidents d'oléoducs, les fuites et suintements des puits et stations de pompage sont les causes principales de la contamination des cours d'eau et des sols par les hydrocarbures tout comme l'utilisation de réservoirs de stockage creusés dans lelimon. Les effets de ces effluents sont d'autant plus inquiétants qu'ils interviennent dans des milieux à faible capacité d'auto-épuration[26]. Un des affluents de rive droite, leTom, traverse leKouzbass, le plus important centre d'extraction du charbon en Russie et l'un des hauts lieux de la métallurgie et de l'industrie chimique. Une étude menée par l'Institut des problèmes aquatiques et écologiques et d'autres instituts de la branche sibérienne de l'Académie russe des sciences révèle que cette rivière est fortement exposée à la contamination d'origine anthropique, en particulier immédiatement en aval des grands centres industriels. Les principaux polluants comprennent des nombreux composés organiques (des composés de pétrole, desphénols, des hydrocarbures polycycliques, duformaldéhyde, de l'aniline, des composéschlorés organiques, certainesamines, dunaphtalène et ses dérivés, dudibutylphtalate et ses dérivés), denitrate d'ammonium et d'azote ainsi que certains métaux lourds (cadmium,zinc,chrome,cuivre, etc.). Les concentrations de ces substances dépassent souvent de façon très importante les normes nationales en matière de qualité de l'eau dans les masses aquifères naturelles[26].
↑L'ambiguïté sur cet espace et sur le terme à employer pour le désigner conduit à son exclusion, dans presque toutes les sources, dans le calcul de la longueur du fleuve.
↑Synthèses des articles sur l'Ob de l'Encyclopædia Britannica, de l'Encyclopædia Universalis et de Jean Radvanyi, L'Ob inDictionnaire illustré des merveilles naturelles du monde, Sélection du Reader Digest, 1977.
↑abc etdJean Radvanyi, L'Ob inDictionnaire illustré des merveilles naturelles du monde, Sélection du Reader Digest, 1977,p. 282.
↑La superficie du bassin versant et le débit moyen des différents affluents de l'Ob disponibles sur cesite rassemblant les données des principales stations hydrologiques de l'ex-Union Soviétique.
↑Yvan Carlot,Exploitation des hydrocarbures et environnement en Sibérie occidentale. L'exemple de l'Arrondissement autonome de Khanty-Mansisk[1], sur le siteGéoconfluences