L’O Sanctissima est une prière catholique dédiée à la Vierge Marie. Encore aujourd'hui, la version originale latine est beaucoup plus priée et chantée que les versions traduites.
La prière rappelle la sainteté, la piété et la douceur de la Vierge Marie. Elle souligne que Marie est aimée sans tache ; ceci fait allusion à l'Immaculée-Conception. Cette prière souligne la beauté de la Vierge Marie, notamment par la formuleTota Pulchra Es, qui est aussi le titre d'une autre prière.
Les deux premiers vers du troisième strophe font clairement allusion auCantique des cantiques : « Comme un lis au milieu des épines, Telle est mon amie parmi les jeunes filles » (Ct 2:2). Enfin, la demande « Pour nous priez à l'heure de notre mort » peut aussi être trouvée dans l'Ave Maria.
latin | français |
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O sanctissima O piissima Tota pulchra es O Maria Sicut lilium inter spinas In miseria in angustia | Ô Très Sainte, Ô Très Pieuse [strophes ajoutées] 2. Tu es toute belle, ô Marie 3. Comme unlis au milieu desépines 4. En misère et en angoisse |
Le texte ne connaissait à l'origine qu'une seulestrophe tandis que les strophes II - IV furent successivement ajoutées, avec assez de variantes[1].
L'origine de l'hymneO sanctissima reste inconnue[2]. Toutefois, plus précisément, il existe peu d'études scientifiques par les chercheurs.
Il semble que l'hymne ne soit pas une composition tout à fait originelle, car sonincipit se trouve dans plusieurs documents plus anciens. L'incipitAve Virgo sanctissima, en tant que titre de la Sainte Vierge, était auXVe siècle en usage, par exemple àAix-en-Provence[3]. Vers 1580,Francisco Guerrero composa un motetpolyphonieAve Virgo sanctissima[4].
D'ailleurs, une prière mariale se trouve dans le ditOffice de la Vierge, début de Prime, Heures à l'usage deThérouanne (sans douteXVe siècle), folios 114v - 115v, dont l'incipit estO sanctissima o dulcissima o piissima o misericordissima[5]. Un manuscrit desmotets deLouis-Nicolas Clérambault, écrit au début duXVIIIe siècle, se commençait avec l'incipitO puissima, o sanctissima, Mater Virgo Maria.
Puis, l'hymne actuelle apparut et fut rapidement diffusée à partir de 1792, avec son attribution de l'origine à laSicile.
Avant que quelques compositions par les musiciens ne soient effectuées, la publication de mélodie apparut, pour la première fois, en 1792. Il s'agissait d'une partition dans la revueEuropean Magazine and London Review[19][7]. La pièce était intituléeThe Sicilian Mariner Hymn to the Virgin (L'hymne de marins de Sicile en hommage à la Sainte Vierge)[8]. La publication aux États-Unis avait apparu en 1794 tandis qu'elle fut suivi de celle de version anglaise à Londres en 1795 avec un texte différent qui était issu dupsaume 19 (18)[2].
À la suite de ces publications, l'hymne devint très populaire au Royaume-Uni et aux États-Unis[6]. De surplus, l'usage dans les pays anglophones fit paraphraser la pièce en hymne protestante[6].
En France, si celle-ci était bien appréciée, la pratique restait assez modeste. Ainsi, un recueil, publié en 1850 sous l'approbation de l'archevêque de Paris, et qui était destiné à plus de vingt-trois paroisses parisiennes[20], présentait cette hymne sur la dernière page et en seule première strophe[21].
En dépit du titre donné par la revue de Londres, l'attribution de l'origine à la Sicile n'est pas certaine.
On considérait que les marins de Sicile la chantaient à l'unisson et au soir, mais la tradition ne connaissait que la premièrestrophe, d'après l'article de 1792, qui n'était autre qu'une citation du texte deCharles Burney ayant visité larépublique de Venise. Le docteur Burney soulignait l'effet de l'unisson par 3 000 voix qui chantaient l'hymneO sanctissima. Selon ce musicologue, tous ceux qui l'exécutaient étaient des marins de Sicile sur leurs bateaux et lors ducoucher de soleil ainsi qu'à minuit[9].
Or, faute de manuscrit qui peut confirmer cette attribution, William Crump (2013) doutait l'origine de la tradition sicilienne[8]. Ce qui demeure plus certain est que la pratique était et est liée à Venise[1],[9], témoignée pour la première fois par Charles Burney[9] en août 1770[10],[N 1].
Il est à noter que la partition deJohann Gottfried Herder († 1803) fut publiée en 1807[22][11]. S'il avait visité la Sicile en 1788, la publication deStimmen der Völker in Liedern était posthume. Aussi l'attribution à la tradition sicilienne reste-t-elle hypothétique.
Cette pièce inspire un peu de compositeurs.Ludwig van Beethoven etAntonin Dvořák laissent leurs œuvres tandis qu'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann paraphrase en faveur de sa musique de scène.Charles Gounod, en exil à Londres, en arrange en quatre voixa cappella, ce qui est chanté auRoyal Albert Hall[12].
S'il s'agit d'unehymne catholique, elle ne fut jamais un chant officiel durite romain (à savoir, liturgie locale sous autorisation). D'où il existe assez nombreuses variations, y compris des versions en anglais[8].
À l'origine, l'usage n'était pas fixé. Toutefois, cette pièce est de nos jours souvent chantée àNoël, à la suite de sa publication en 1792 en faveur de Noël[8]. L'usage fut évolué notamment chez les protestants. La version en allemand créée par Johannes Falk fut enrichie par des strophes de Heinrich Holzschuher, laquelle est capable de s'adapter à de grandes fêtes, Noël,Pâques etPentecôte[1] .
En raison d'une ressemblance mélodique, l'hymne serait l'origine d'une chansonWe Shall Overcome et encore d'autres[6].