Leur nom vient du grec ancienνύμφη /nýmphē, signifiant généralement« jeune fille » et, selon les contextes,« jeune fille en âge d’être mariée »,« fiancée » ou« vierge ». Les nymphes personnifient les activités créatives et productives de la nature. Elles sont quelquefois liées à un lieu ou un élément particulier, et pouvaient faire l’objet d’un culte local. Elles accompagnent parfois d’autres divinités, dont elles forment le cortège.
Leur nom a donné naissance au terme« nymphomanie », car elles étaient connues pour leur liberté sexuelle. De fait, lesmythes les associent fréquemment auxsatyres, eux aussi réputés pour leurhypersexualité fantasmée.
Les nymphes sont des divinités féminines de la nature, caractérisées par la jeunesse et la beauté. Elles peuplent selon leurs affinités les forêts, vallées, bocages, sources, rivières, côtes maritimes, montagnes, grottes, etc. Elles sont souvent associées à des divinités supérieures, comme lesOcéanides ou lesNéréides qui habitent le royaume dePoséidon.
La nature divine des nymphes n’est pas limitée à leur beauté. Par exemple, on attribue àCircé des capacités magiques et àCalypso la possibilité de rendre les humains immortels.
Les capacités surnaturelles des nymphes signalent l’ambiguïté de leur nature. Dans l’Odyssée d’Homère, Calypso est appelée tantôt« nymphe », tantôt« déesse ». Cette ambiguïté est accentuée quand elle offre àUlysse l’immortalité, une capacité traditionnellement attribuée aux dieux. Cela ajoute la question de l’espérance de vie des nymphes : il est établi qu’elles vivent longtemps sans vieillir et sans être immortelles. Dans le même chant, Homère parle de Calypso comme nymphe et déesse, mais décrit Pénélope comme une nymphe ; ce qui suggère que le terme n’est pas réservé exclusivement à une créature mythologique mais aussi aux femmes[1].
L’attribution du terme« nymphe » àPénélope, alors qu’elle est humaine, lui donne un pouvoir sur son entourage : en tant qu’épouse, elle fait attendre les prétendants et maintient ainsi le foyer dans l’attente du retour d’Ulysse[2]. La capacité d’arrêter le temps, de figer l’environnement sous leur contrôle est un pouvoir que l’on retrouve chez d’autres nymphes précédemment citées, comme Calypso avec son pouvoir à rendre immortel[1].
Pour les chercheusesVinciane Pirenne-Delforge et Gabriella Pironti, ce statut « entre-deux » des nymphes remet en question la nature même des dieux grecs, la rendant bien plus complexe[3].
Parmi les nymphes les plus célèbres sont comptées la néréideAmphitrite, épouse dePoséidon[5].Daphné se transforma en arbre (laurier) pour échapper àApollon.Calypso accueillitUlysse après son naufrage.Thétis trempa son filsAchille dans leStyx pour le rendre invulnérable en le tenant par untalon. Il y a aussi l’oréadeÉcho qui utilisa son bavardage pour distraireHéra pendant queZeus la trompe[6].
Dans l'Acathiste, chant d'action de grâces à laVierge Marie, celle-ci est désignée sous les termes de« nymphe inépousée » (Νύμφη ἀνύμφευτε /Nýmphē anýmpheute), ce premier mot prenant le sens deπαρθένος /parthénos,« vierge »[7],[8].
L'univers des jeux s'inspire souvent de la mythologie, si bien que la présence des nymphes y est fréquente. On parle ici des jeux vidéo (Age of Mythology (2002),Naiad Game (2021)[10]), comme des jeux sur table les mettent aussi en scène (Critical Role, campagne 1, scène où une nymphe donne son cœur à Grog).
Dans l'industrie du cinéma, les nymphes sont présentes dans les films d'animation commeHercule (Disney, 1997) etFantasia 2000, les films commeLa Belle et la Bête (Gans, 2014) et les séries télévisées (Charmed, saison 5, épisode 19 :Nymph just wanna have fun, 2003).
Le monde de la mode s'empare aussi des mythes des nymphes pour nommer des parfums, comme leA Chant for the Nymph deGucci[11] ; ou sont intégrés dans lajoaillerie, comme dans les travaux de Marc Auclert[12].
Le mot nymphe est l'un des noms donnés auxpetites lèvres de lavulve. Le termenymphomane désigne un comportement de sexualité compulsive.
Enbiologie végétale le mot nymphe est utilisé pour désigner un type denénuphar,Nymphaea, qui inspira à partir des années 1900 le peintre françaisClaude Monet pour sa série nomméeLes Nymphéas ou« paysages d'eau »[13]. Ces œuvres exposées au Musée de l'Orangerie continuent d'inspirer les artistes contemporains, comme le vidéasteAnge Leccia[14].
↑Hélène Protopapadaki-Papakonstantinou,O Ακάθιστος ύμνος, The Akathistos hymn, L'Hymne acathiste, L'Inno acathistos, édition J. M. Hadjiphotis, Athènes, 1988. Édition en grec ancien et moderne, anglais, français et italien, illustrée.