Nuris ( enarabe :نورِِِس ) est un ancien villagearabepalestinien qui à l'époque de laPalestine mandataire relevait dusous-district de Jénine. En 1945, Nuris comptait 570 habitants. Il a été vidé de sa population pendant laguerre de 1948, à la fin du mois de mai. Lemoshav deNurit s'est établi sur les terres du village en 1950.
Nuris était situé dans lavallée de Jezreel, à 9 kilomètres au nord-est deJénine et au sud-ouest de la ligne de chemin de fer qui longe la vallée. Il était relié aux villages deZir'in et d'Al-Mazar[1] par des chemins de terre.
Nuris disposait au nord de plusieurs sources dont la principale étaitAin Jalut, l'une des plus abondantes de Palestine[1].
Sur les terres du village ont été trouvés des vestiges de l'âge du bronze[2], ainsi que des poteries d'époquebyzantine[3].
Nuris, dont le nom viendrait de celui d'une personne[4], était appelé « Nurith » par lescroisés. À proximité, lesmamelouks ont vaincu lesMongols lors de labataille d'Ain Jalut, en 1260[1].
En 1517, le village s'est trouvé inclus avec toute laPalestine dans l'Empire ottoman. Dans les registresfiscaux de 1556, il fait partie de lanahiya (sous-district) deJénine, dans laliwa' (district) deLajjun, et affiche une population de 16 foyers musulmans, comprenant environ 88 personnes. Les habitants étaient soumis à une imposition à taux fixe de 25% sur un certain nombre de produits, dont leblé, l'orge, lesolives, leschèvres et lesruches, pour un total de 7 500akçe[5].
Le village a été pris et incendié par les troupes deNapoléon après labataille du mont Tabor, en 1799[6]. Sur la carte établie parPierre Jacotin à l'occasion de cette campagne, son nom est écritNoures[7].
Le britanniqueJames Silk Buckingham, voyageur qui a visité le site au début du 19e siècle[1], écrit qu'on voyait de là plusieurs autres localités, « toutes habitées par desmahométans »[8]. En 1838, au cours de ses voyages dans la région,Edward Robinson relève que Nuris[9], situé dans le sous-district de Jénine, est également appelé « Haritheh esh-Shemaliyeh »[10].
En 1882, laSurvey of Western Palestine dépeint un petit village, établi sur un sol rocheux, bien caché entre les collines, à environ 200 m au-dessus d'une vallée[11]. Nuris possédait une école primaire pour garçons, fondée sous les Ottomans en 1888, et une mosquée. Certaines de ses ruines antiques restaient encore inexplorées en 1992[1].
Lors durecensement mené en 1922 par lesautorités du mandat britannique, Nuris comptait 364 habitants, tous musulmans[12]. En 1921, le village comptait 38 familles detenanciers et 224 personnes, sur une population totale de 364 habitants (d'après le recensement de 1922), cultivaient 5 500 dunums sur un territoire villageois de 27 018 dunums[13]. Cette année-là, lafamille Sursock vendit une partie des terres du village à laPalestine Land Development Company[14]. Un groupe de 35 jeunesjuifs commença à cultiver la terre qui est devenue le noyau dukibboutzEin Harod[15].
Certains villageois de Nuris perçurent une compensation monétaire et quittèrent le village[13]. Les autres reçurent une parcelle en location pour six ans avec option d'achat au terme du bail. Ils payaient un loyer égal à 6% du prix d'offre du terrain, mais porté plus tard, à la demande des fermiers de Nuris, à un cinquième de la valeur totale de sa production agricole. Après l'expiration du bail initial de six ans, les rapports de 1928 ont montré qu'aucun villageois n'avait acheté le terrain loué. Les baux ont été prolongés de trois ans tandis que la propriété était transférée auFonds national juif. En 1921, la surface moyenne d'une exploitation agricole était de 24 dunums ; en 1929, elle était tombée à 4,4 dunums, alors que la population avait augmenté de manière significative[16]. Lerecensement de 1931 dénombra une population de 429 personnes et 106 maisons dans le village[17].
Dans lesstatistiques de 1945, Nuris comptait 570 habitants musulmans[18],[19] et 163 maisons, malgré une superficie réduite à 6256dounams[20], bien moins étendue qu'avant 1920. Les habitants étaient principalement employés dans les cultures céréalières, bien qu'une partie des terres ait été allouée à l'irrigation et à la culture des olives[1],[20].
Le 19 avril 1948, la direction duPalmach ordonna la destruction des « bases ennemies àAl-Mazar, Nuris etZir'in[21] ». L'historien israélienBenny Morris relève que la destruction des villages faisait « partie intégrante » des opérations de laHaganah à cette époque, mais que Nuris n'a finalement été vidé de sa population qu'à la fin du mois suivant, les 29 et 30 mai, dans le cadre de l'opération Gédéon[21],[22].
À la suite de la guerre, la région a été incorporée à l'État d'Israël. Unmoshav,Nurit, a été établi en 1950 au nord-ouest du site[23],[24]. En 1992, l'historien palestinienWalid Khalidi donne cette description des lieux : « Le site, recouvert de pins et de chênes, est jonché de tas de pierres. Une partie des terres environnantes est clôturée et utilisée comme pâturage, tandis qu'une autre partie est cultivée. Des cactus, des oliviers et des figuiers poussent près du site[24]. »