Novembre est le onzièmemois des calendriersgrégorien etjulien. Ce mois dure 30 jours. Il est le troisième mois de l'automne météorologique dans l'hémisphère nord, alors qu'il est associé auprintemps dans l'hémisphère sud, mais aussi le premier mois hivernal (estival dans l'hémisphère austral).
Son nom est issu dulatin "novem", qui signifie neuf car il était le neuvième mois de l’anciencalendrier romain.
Calendrier flamand : novembre (Simon Bening), mois traditionnel de la chasse aux « bêtes noires et rouges » (sangliers, cerfs et chevreuils).Dans sonRuralium commodorum opus,Pierre de Crescent symbolise le mois de novembre par laglandée : à l’aide de saperche, le paysan fait tomber des glands du chêne dont se nourrissent les porcs.La Rentrée des troupeaux (titré aussiNovembre), tableau dePieter Brueghel l'Ancien en 1565, rappelle que le temps du pâturage est terminé.
À l’origine dans lecalendrier romain dit romuléen qui comprend dix mois[1], novembre (enlatinNovember, denovem, neuf et du suffixebris provenant peut-être du latin ber « porter », ou de l'expressionabimbre, « après les neiges[2] ») est le neuvième mois de l'année. LesRomains ayant pris l'habitude de personnifier et de déifier tous les faits qu'ils ont du mal à expliquer (tel le cycle annuel), ils rangent d'un côté les « bons » dieux, et de l'autre les « mauvais » dieux, et prennent soin de se mettre sous la protection des premiers, pour se préserver des seconds[3]. Ainsi dans ce calendrier romain, seuls les quatre premiers mois de l'année portent (ou se rapportent) à des dieux protecteurs, dont trois sont en réalité des déesses :Martius (mois de mars) consacré au dieu romainMars,Aprilis (mois d'avril) consacré àAphrodite,Maius (mois de mai) en l'honneur deMaia,Iunius (mois de juin) en l'honneur deJunon. Les autres mois avaient-ils moins de valeur que les précédents aux yeux des Romains ou, comme le penseThomas George Tucker(en), l'importance était-elle accordée uniquement aux quatre premiers mois[4] qui commandent la planification des travaux agricoles[5] ? Toujours est-il que les six derniers mois ne sont à cette époque désignés que par le chiffre qui les place et qui permet de les distinguer dans le cours de l'année :Quintilis pour le cinquième mois,Sextilis pour le sixième,September pour septième,October pour le huitième,November pour le neuvième,December pour le dixième. Dans ce contexte,mars est le premier mois de l’année romaine pour honorer le fondateur de RomeRomulus dont le père était le dieu Mars[6] mais également pour honorer le dieu agricole et guerrier[7] : cette divinité romaine préside au printemps, au retour des beaux jours favorables à l'agriculture[8], et inaugure dans le calendrier la nouvelle année qui met un terme à latrêve militaire traditionnelle ouverte d'octobre[9] à la fin février[10]. Selon les traditions relatées par les auteurs latins (Ovide,Varron), le calendrier passe à 12 mois, soit sousNuma Pompilius, soit sous lesdecemviri vers 450 av. J.-C. et janvier devient le premier mois de cecalendrier dit pompilien afin de rapprocher le début d'année dusolstice d'hiver qui met fin à la saison morte et amorce le renouveau solaire. Cependant, les années romaines sont identifiées par la date d'élection des deuxconsuls, qui prennent leurs fonctions le1er mai et le 15 mars avant153 av. J.-C.[11]. Le début de l'année consulaire est fixé au1er janvier lors de la mise en place ducalendrier julien en45 av. J.-C.,Jules César le faisant commencer non précisément au solstice d'hiver mais seulement au jour de lanouvelle lune qui suivait directement celui-ci, afin de s'accommoder de la mentalité des Romains, accoutumés à l'année lunaire[12].
AuMoyen Âge, les pays de la chrétienté utilisent lecalendrier julien et commencent la numérotation de l'année à une fête religieuse importante, le25 décembre (style de la Nativité deJésus), le25 mars (style florentin oustyle de l'Annonciation), voire àPâques (style de Pâques) comme dans certaines régionsfrançaises[13]. Cependant, lescalendriers médiévaux continuent à afficher les années selon la coutume romaine, en douze colonnes allant de janvier à décembre. Dès lehaut Moyen Âge, les autorités religieuses prévoient les temps liturgiques où il est interdit de célébrer le mariage[14] : cela va, selon les régions, depuis l'Avent jusqu'à l'octave de l'Épiphanie du Seigneur, de laSeptuagésime à l'octave de Pâques, du dimanche avant lesRogations au septième jour après la Pentecôte, si bien que le mois de novembre, marqué par la Toussaint et la fête de Saint-Martin, est une période moins propice pour les mariages[15]. En France, novembre s'impose comme le11e mois lorsque le roiCharlesIX décide, par l’édit de Roussillon en1564, que l’année débuterait désormais le1er janvier[16]. Le papeGrégoire XIII étend cette mesure à l'ensemble de la chrétienté avec l'adoption en1582 ducalendrier grégorien qui se met en place progressivement dans les États catholiques, lentement dans le reste du monde (la Turquie n'adopte cette réforme qu'en 1926)[17]. Mais même dans les pays chrétiens, l'application de cette réforme reste très inégale. Ainsi pendant plusieurs siècles, il n'est pas rare que deux villages voisins puissent fêter Noël à des semaines d'intervalle, ou que des paysans se révoltent contre les jours (de fête, de travail) qu'on leur avait « volés » en ajustant le calendrier[18]. En France, l'ordre des quatre derniers mois de l'année du calendrier est en partie conservé dans l’écriture courante des actes jusqu'à laRévolution et même au cours duXIXe siècle : VIIbre, 7bre ou 7bre (septembre) ; VIIIbre, 8bre ou 8bre (octobre) ; IXbre, 9bre, 9bre ou 9bre (novembre) ; Xbre, 10bre ou 10bre (décembre)[19]. Ainsi, l'étymologie latine du mois de novembre rappelle encore aujourd'hui l'ordre que ce mois tenait dans l'année ducalendrier dit pompilien : désormais en onzième position, il était « le neuvième » de l'année[20].
Dans l'hémisphère nord, le cycle de onze jours de la Toussaint à la Saint-Martin (jadis fête chômée rivalisant d'importance avec la Saint-Jean) est un point tournant dans le cycle des activités agraires et pastorales (en France, il correspond notamment au temps de plusieurs récoltes et cueillettes, des labours et des semailles d'automne, des battages et des vendanges, de la fin des pâtures en plein air)[21]. Mois hivernal marqué par le gel, il voit la disparition des moustiques et des insectes ravageurs[21]. Les symptômes de ladépression saisonnière hivernale se développent chez les sujets prédisposés. Novembre marque le début du cycle de l'Avent et l'arrivée de la morte-saison avec plusieurs rites funéraires (Toussaint,fête des morts,Armistice) qui font de ce mois le temps du souvenir mais aussi de l'angoisse. Les naissances sont à leur étiage naturel, les conceptions en forte baisse[22].
Plusieurs pays, notamment anglo-saxons, marquent un événement original dénommémovember pendant le mois denovembre.
Dans lecalendrier japonais, l'appellation traditionnelle de ce mois estShimo tsuki (霜月) qui se traduit par mois du givre (ou de la gelée tombante), rappelant qu'on entre dans la saison hivernale[23].
Tous les quatre ans, l'Election Day, le mardi qui suit le premier lundi de novembre (donc entre le2 et le à ne pas confondre avec lesuper tuesday des élections primaires), se tient l’élection présidentielle aux États-Unis. À mi-période, ce même mardi se tiennent aussi généralement les élections locales des différents États. LeThanksgiving a lieu le quatrième jeudi du mois aux États-Unis (et le deuxième lundi d'octobre au Canada).
Les cultures populaires se sont inventés desdictons météorologiques pour conjurer l'incertitude. Dans ces dictons qui ne traduisent une réalité que pour les pays tempérés de l'hémisphère nord, on distingue deux groupes : les prévisions à court terme élaborées généralement à partir d'un savoir empirique (marins, agriculteurs, forestiers) et qui ont une certaine fiabilité ; les prévisions à long terme qui s'appuient sur le calendrier et n'ont aucune fiabilité[27].
Voici une liste de quelques dictons se rapportant à ce mois et leurs interprétations[28] :
« Novembre chaud au début, froid à la fin », « novembre, mois des brumes, par devant réchauffe et par derrière refroidit. »
« Chaleur de novembre nuit fort et cause de bien des gens la mort. »
La chaleur, anormale pour la saison, n'est pas à souhaiter.
« Le vent de novembre arrache la dernière feuille », « quand il gèle en novembre, l'herbe part comme tendre », « quelque temps qu'il fasse en novembre, commence du feu dans ta chambre. » Au contraire le mois peut marquer les premières gelées.
« En novembre s'il tonne, l'année sera bonne », « quand en novembre il a tonné, l'hiver est avorté », « brouillard en novembre, l'hiver sera tendre », « quand en novembre la pluie noie la terre, ce sera du bien pour tout l'hiver. »
Le temps de novembre annonce celui des mois suivants.
« En novembre, bon paysan va vendre son poulain. »
Novembre est le mois traditionnel de foire aux chevaux qui a lieu aux alentours de la fête desaint Hubert,patron des chasseurs qui préside la bénédiction des animaux sur leparvis des églises.
↑En astrologie, le1erdécan duBélier est gouverné par laplanète Mars et correspond à la résurrection de l'année, l'aurore d'un cycle nouveau.
↑Cette période correspond également au mois demouharram qui marquait dans lecalendrier musulman le début d'une période de quatre mois durant lesquels une trêve sacrée devait être observée tandis que toute hostilité devait cesser le septième mois du calendrier, lerajab.Pierre Cuperly,Fêtes et prières des grandes religions,Editions de l'Atelier,,p. 38.
↑L'encadrement religieux des fidèles au Moyen Âge et jusqu'au concile de Trente : la paroisse, le clergé, la pastorale, la dévotion, Comité des travaux historiques et scientifiques,,p. 409.
↑Didier Philippe,Petit lexique des fêtes religieuses et laïques,Albin Michel,,p. 79.