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Nouvelle-France

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Pour les articles homonymes, voirNouvelle-France (homonymie).

Nouvelle-France

1534 – 1763 (229 ans)

Drapeau
Bannière royale de la France, fréquemment utilisée en Nouvelle-France.
Blason
Armoiries royales de la France, fréquemment utilisée en Nouvelle-France.
DeviseMontjoie ! Saint Denis !
HymneÀ la claire fontaine
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation des territoires de la Nouvelle-France (en vert) enAmérique septentrionale.
Informations générales
StatutVice-Royauté deFrance
CapitaleQuébec
Langue(s)Français
ReligionChristianismecatholique (Religion d’État)
MonnaieLivre tournois
Démographie
Population~ 90 000
GentiléNéo-Français(e)
Superficie
Superficie~ 8 000 000 km2
Histoire et événements
L'exploration duCanada commence avecJacques Cartier.
Fondation deQuébec, parSamuel de Champlain.
LeCardinal de Richelieu crée laCompagnie de la Nouvelle-France, chargée de coloniser le pays.
Louis XIV intègre la Nouvelle-France dans ledomaine royal, la dote d'unenouvelle administration et fonde laCompagnie française des Indes occidentales.
L'Angleterre tente de s'implanter auCanada.
Par lestraités d'Utrecht, laFrance cède la majeure partie de l'Acadie à laGrande-Bretagne, ainsi que ses prétentions surTerre-Neuve et laBaie d'Hudson.
Début de laguerre de Sept Ans enAmérique.
Défaite des Français dirigés parLouis-Joseph de Montcalm sur les « Plaines d'Abraham », dans la Haute-Ville de la ville deQuébec.
Par letraité de Fontainebleau,Louis XV cède secrètement la partie occidentale de laLouisiane à l'Espagne.
Par letraité de Paris,Louis XV cède le reste de la Nouvelle-France à laGrande-Bretagne.
Roi
1534-1547FrançoisIer(premier)
1715-1763Louis XV(dernier)
Vice-roi
1612Charles de Bourbon-Soissons(premier)
1737-1763Louis Charles César Le Tellier(dernier)
Gouverneur
1534-1541Jacques Cartier(premier)
1755-1760Pierre de Rigaud de Vaudreuil(dernier)
Conseil souverain
1er posteGouverneur
2e posteIntendant
3e posteÉvêque

Entités suivantes :

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LaNouvelle-France est un ensemble deterritoirescoloniauxfrançais d'Amérique septentrionale, ayant existé de1534 à1763, avec le statut device-royauté deFrance. Sa capitale étaitQuébec.

Son territoire était constitué des colonies d'Acadie, duCanada et de laLouisiane. À son apogée vers1745, elle comprenait le bassin versant dufleuve Saint-Laurent, desGrands Lacs et duMississippi, le nord de laPrairie, et une grande partie de lapéninsule du Labrador. Les descendants des habitants de cette ancienne colonie sont lesAcadiens, lesBrayons, lesCadiens, lesCréoles louisianais, lesCanadiens français (en majorité auQuébec) et lesMétis du Canada. Ce fut d'abord unecolonie-comptoir administrée par descompagnies coloniales, puis unecolonie de peuplement sous legouvernement royal duConseil souverain de la Nouvelle-France.

La position géographique de la Nouvelle-France gênait l'expansion vers l'ouest desTreize Colonies américaines sous obédience britannique, ainsi que la liaison entre ces dernières et laTerre de Rupert. Cela entraîna des tensions militaires qui culminèrent avec l'affaire Jumonville en 1754, événement déclencheur de laguerre de la Conquête, aspect nord-américain de laguerre de Sept Ans, qui se termina par lareddition de la Nouvelle-France en1760, suivie dutraité de Fontainebleau de1762 puis dutraité de Paris de 1763, après lequel la France céda à l'Espagne et à laGrande-Bretagne une part importante de sonpremier empire colonial.

Origine de la dénomination

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Giovanni da Verrazzano est le premier émissaire français à utiliser l'expression de « Nouvelle-France » (en latin :Nova Francia) pour nommer les terres qu'il avait découvertes enAmérique. En effet, en 1524 il avait accompli au nom duroi de France FrançoisIer une mission de reconnaissance le long du littoral atlantique de l'Amérique du Nord[1], faisant escale sur la côtealmouchiquoise. Il inscrit sur les cartes le titre de « Nova Gallia » comme première appellation.

Histoire

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Article détaillé :Histoire de la Nouvelle-France.

1534-1645 : exploration et création d'une colonie-comptoir

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Carte de la Nouvelle-France, parSamuel de Champlain, 1612.

Le golfe du Saint-Laurent fut exploré parJacques Cartier dès 1534. L’implantation de la croix par ce dernierle 24 juillet 1534 à Gaspé, épisode célèbre de l’histoire du Québec, apparaît en quelque sorte comme l’acte de baptême de la Nouvelle-France. On y a souvent vu un geste de prise de possession du territoire, mais il est probable qu’il ne s’agissait que d’un moyen de reconnaissance pour les navigateurs[2].

Jacques Cartier rencontra desnations autochtones et fit, en tout, trois voyages dans le golfe du Saint-Laurent ; la légende duRoyaume de Saguenay ayant contribué aux expéditions subséquentes. La Nouvelle-France fut progressivement occupée de façon permanente par leroyaume de France de l'Ancien Régime.

Alors que lescoureurs des bois entreprirent latraite des fourrures pendant la seconde moitié duXVIe siècle, ce n'est qu'en 1600 que le premier comptoir commercial permanent fut établi en Nouvelle-France, àTadoussac. Puis en 1603, sur lapointe Saint-Mathieu,Samuel de Champlain conclut un traité d'établissement au Canada avec des tribus amérindienne, lesMontagnais,Malécites etMicmacs. Et alors, des colons français s'y implantèrent de façon permanente après la fondation de laville de Québec en 1608. Lavallée du Saint-Laurent devenait alors le cœur d'un développement colonial maritime, avec pour centre lecap Diamant et l'île d'Orléans.

Ce n'est qu'en 1604 qu'on établit le premier établissement permanent en Amérique du Nord à Port-Royal en Acadie (Nouvelle-Écosse).

Cette colonie servait alors uniquement à la pêche et à la traite des fourrures. C'était alors une colonie-comptoir[3]. Elle portait ce titre puisqu'on ne vivait que temporairement en Nouvelle-France à cette époque. LesFrançais exploitaient les ressources dont ils avaient besoin et repartaient enMétropole.

Cependant,Louis Hébert, après deux séjours en Acadie (de 1606 à 1607 et de 1610 à 1613), revint en 1617 avec femme et enfants pour s'installer définitivement à Québec, devenant ainsi le premier des colons français à s'établir de façon permanente en Nouvelle-France. Son gendreGuillaume Couillard s'était installé à peu près à la même date.

Lemercantilisme (oucolbertisme) inspirait alors les décisions prises pour la Nouvelle-France, dont le développement et gouvernement était confié auxcompagnies de commerce à monopole.

En 1627, leCardinal de Richelieu créa à cet effet laCompagnie des Cent-Associés. LaCoutume de Paris et lerégime seigneurial furent alors introduits en Nouvelle-France.

Plusieurs compagnies coloniales se sont succédé dans le but d'assurer le gouvernement et le développement commercial de la Nouvelle-France :

En 1629, lesfrères Kirke conduisirent l'invasion de Québec qui mena à l'occupation de la Nouvelle-France, par leroyaume d'Angleterre, qui se termina à la restitution du territoire au roiLouis XIII par letraité de Saint-Germain-en-Laye de 1632.

1645-1745 : d'une colonie-comptoir à une colonie de peuplement

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Situation politique du nord-est de l'Amérique du Nord en 1664.

Ce n'est que sous le règne deLouis XIV que furent envoyées lesFilles du Roy et que furent adoptées les politiques de croissance de la population par l'intendantJean Talon.

Carte des territoires colonisés ayant constitué la Nouvelle-France (le Canada y est indiqué en rose, s'étendant jusqu'à la frontière de la Louisiane). La carte de base est deNicolas de Fer, et fut réalisée en 1719.

Si leXVIe siècle fut l'ère des premières expéditions et des établissements français éphémères, le règne d'Henri IV donna une impulsion importante à la colonisation de la Nouvelle-France. AuXVIIe siècle,Richelieu puisColbert furent les principaux acteurs de la politique coloniale au sein duConseil du roi de France.

En 1663, leConseil souverain de la Nouvelle-France fut créé hors dudomaine royal, chargé de prendre la relève des compagnies coloniales. Malgré lamonarchie absolue qui demeurait en vigueur enMétropole, la vice-royauté se voyait alors investie de pouvoirs qui rappelaient lerégime féodal duMoyen Âge. Dès lors, cegouvernement royal releva dusecrétaire d'État de la Marine.

C'est en 1664 que débarquent les premières «Filles du Roy ». Huit cents sont venues de France et éduquées à Paris par la fine fleur de l'aristocratie française s'installent à demeure en Nouvelle-France jusqu'en 1673, soit un apport représentant près de 25 % de la population d'avant leur arrivée. Tant et si bien que 9 ans après les premières arrivées, la population double pour un total de « 6 700 âmes en 1672 » ; elle triple en 1682 moins de 18 ans après l'arrivée des premières Filles du Roy pour un total de 10 000 âmes[4].

En 1665, la France envoie en Nouvelle-France leRégiment de Carignan-Salières pour protéger les établissements français des attaques des indiens, en particulier des Iroquois, et atteindre un traité de paix avec ceux-ci. De nombreux officiers et soldats de ce régiment restèrent au Canada et y firent souche, contribuant ainsi à la croissance de sa population.

Un siècle plus tard, la population s'élevait à 90 000 personnes[5]. Les colons français ayant peuplé leCanada de la Nouvelle-France provenaient principalement deParis, de l'Île-de-France et desprovinces françaises d'Aunis, d'Anjou, deBretagne, duMaine, deNormandie, de Bourgogne, du Pays basque, dePerche, dePicardie, duPoitou dont les Deux-Sèvres et la Vendée, deSaintonge et deTouraine. Les Filles du Roy provenaient de l'Orléanais alors que quelques dignitaires arrivaient directement d'Île-de-France.Plaisance, ou lacolonie de Terre-Neuve, fut fondée par lesBasques du Sud-Ouest de la France. LaLouisiane et la Baie du Nord furent principalement peuplées par des colons provenant de Nouvelle-France où ils s'étaient établis préalablement.

Claude-Thomas Dupuy, ancien avocat général au conseil du roi, fut intendant de la Nouvelle-France entre 1725 et 1728[6].

1745-1763

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Article détaillé :Guerres intercoloniales.

C'est vers lesannées 1750 qu'elle atteignit sonapogée territorial. Elle regroupait alors cinq colonies possédant chacune sa propre administration régionale.

Au terme de laguerre de la Conquête, le Canada tomba sousoccupation militaire britannique de 1760 à 1763. À la suite de laguerre de Sept ans et dutraité de Paris de 1763, leroyaume de France ne conserva que ses territoires auxAntilles ainsi que les îles deSaint-Pierre-et-Miquelon.

Politique administrative

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Colonies au sein de la Nouvelle-France
Articles détaillés :Gouverneur de la Nouvelle-France etCompagnies coloniales françaises.

Outre lesnations et groupes autochtones, la Nouvelle-France partageait principalement le territoire de l'Amérique du Nord avec lescolonies britanniques, dont laNouvelle-Angleterre, et lavice-royauté de Nouvelle-Espagne.

Carte de la Nouvelle-France dédiée à Colbert (Joannes Ludovicus Franquelin fiinxit, 1678).
Partie occidentale du Canada, parVincenzo Coronelli, 1688.

Contrairement à l'Acadie, laLouisiane etPlaisance, le Canada relevait directement dugouverneur de la Nouvelle-France, qui siégeait à Québec. Cependant, la colonie connut la création de trois gouvernements régionaux distincts, soit ceux deQuébec (1608), desTrois-Rivières (1634) et deMontréal (1642). La région desPays-d'en-Haut comprenait lebassin versant desGrands Lacs, dont les forts dePontchartrain (Détroit) etMichillimakinac (Sault-Sainte-Marie) formaient à peu près les uniques pôles de peuplement français après la destruction de laHuronie.

Lors dupremier recensement effectué en Nouvelle-France, parNicolas Levieux, sieur de Hauteville[7], secrétaire du conseil des finances deMonsieur, frère du roi, et lieutenant général civil de la Nouvelle-France et lieutenant général criminel de la Sénéchaussée de Québec, en 1666, on comptait quelque 3 215 Européens dans la vallée du Saint-Laurent (voirCanada).

Acadie

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Article détaillé :Liste des gouverneurs de l'Acadie.

L'Acadie fut une colonie dont le territoire s'étendait globalement sur laNouvelle-Écosse, leNouveau-Brunswick et leMaine ainsi que sur l'Île-du-Prince-Édouard, lesîles de la Madeleine et le Sud de laGaspésie (baie des Chaleurs). Ses administrations siégeaient àPort-Royal — aux abords de labaie Sainte-Marie —, et son centre culturel, auGrand-Pré. Cependant, la capitale fut déménagée àLa Hève de 1632 à 1635.

L'Acadie fut cédée par lestraités d'Utrecht de 1713 à laGrande-Bretagne. Mais par suite de cette cession, l'île Royale et l'Isle Saint-Jean furent élevées au rang de gouvernements administratifs de la Nouvelle-France. On entreprit alors le renforcement des colonies depuis les villes nouvellement fondées deLouisbourg etPort-la-Joye.

En 1755, au début de laguerre de la Conquête, ladéportation des Acadiens fut conduite principalement vers lesTreize Colonies[8] ou enMétropole[9]. Plusieurs se réfugièrent sur lapéninsule acadienne et auCanada. D'autres trouvèrent refuge enLouisiane, plus précisément au sud desAvoyelles et à l'ouest duMississippi, donnant ainsi naissance à l'Acadiane (ou pays des Cadiens), dont le centre culturel, en plein cœur desbayous, devint la ville deLafayette.

Baie du Nord

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Labaie du Nord était un territoire britannique connu sous le nom deTerre de Rupert, utilisé pour latraite des fourrures. Après une longue rivalité entre la Grande-Bretagne et la France, Louis XIV, par lestraités d'Utrecht, confirme la possession de laTerre de Rupert aux Britanniques. Cependant, il ne la cède pas, puisque ce territoire n'appartenait pas à la France.

Terre-Neuve et Plaisance

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Articles détaillés :Terre-Neuve (Nouvelle-France) etGouverneurs de Plaisance.

Les pécheurs français exploitent lesGrands Bancs autour de Terre-Neuve dès leXVIe siècle. Les colons dePlaisance étaient établis dans la localité éponyme, sur l'île deTerre-Neuve, ainsi que sur les îles deSaint-Pierre-et-Miquelon. Ils contrôlaient une partie des côtes de l'île. La lutte est constante contre les Anglais pour le contrôle total de l'île, surtout à la fin duXVIIe siècle, essentiellement pour la prise des capitales respectivesPlaisance etSaint-Jean. Si letraité de Ryswick conforte les deux puissances, chacune gardant ses territoires respectifs sur Terre-Neuve ; lestraités d'Utrecht, quant à eux, obligent les colons à quitter l'île pour la colonie de l'île Royale, carTerre-Neuve devient un territoire britannique dans son ensemble.

Louisiane

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Article détaillé :Louisiane (Nouvelle-France).
Article détaillé :Gouverneurs de la Louisiane.

LaLouisiane était une colonie nommée en l'honneur du roiLouis XIV. Elle était formée dubassin versant dufleuve Mississippi. Découvert en 1673 parLouis Jolliet et lepère Marquette, le territoire fut pris parCavelier de la Salle en 1682, au nom duroi de France, avant quePierre Le Moyne n'y fonde lacolonie en 1699.

Elle était subdivisée en deux régions administratives : laBasse-Louisiane et lePays des Illinois, dit la Haute-Louisiane. Cette dernière région englobait lavallée de l'Ohio, fortement prisée pour lecommerce de la fourrure, alors que la Basse-Louisiane s'étendait sur les plantations decannes à sucre et decoton. Outre les terres fertiles desgrandes Plaines, on trouvait de même en Louisiane, la culture duchanvre, de l'indigo, dulin et dutabac.

Les capitales de la Louisiane furent établies auFort MaurepasBiloxi dans l'État duMississippi), puis auFort Louis de la MobileMobile dans l'Alabama) et finalement, auVieux Carré deLa Nouvelle-Orléans. Pour sa part, lefort de Chartres (au sud deSaint-Louis dans leMissouri) devint le siège des administrations régionales du Pays des Illinois.

Letraité de Paris de 1763 concéda la partie orientale du fleuve Mississippi auroyaume de Grande-Bretagne. Mais dès la fin de laguerre d'indépendance des États-Unis en 1783, le territoire devint l'objet de laconquête de l'Ouest. À l'opposé, la partie occidentale et le delta du fleuve furent intégrés à laNouvelle-Espagne après letraité de Fontainebleau de 1762. Ceux-ci restèrent sous l'égide espagnole avant d'être cédés à laPremière République française par letraité de San Ildefonso en 1800, puisvendus auxÉtats-Unis en 1803.

Démographie

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Articles principaux :Démographie du Québec#Nouvelle-France etImmigration au Québec#Colonisation.

Huguenots

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Situation religieuse du Royaume de France auXVIe siècle
Immigrants français Nouvelle-France 1608 - 1700

Selon le deuxième article de la charte de la Compagnie des Cent-Associés de 1627 (soit 19 ans après la fondation), la Nouvelle-France ne pouvait être que catholique romaine[10].

En 1666, selon le recensement effectué par Jean Talon, 3 300 personnes vivaient en Nouvelle-France[11], dont seulement 300 personnes étaient Huguenots, soit 1/11 de la population[12]. En 1682, la population de la colonie atteint 10 000 personnes[4]. En 1685, à la suite de l'édit de Fontainebleau, 800 huguenots fuient vers la Nouvelle-France. Au total, on estime que durant l'existence de la colonie, 15 000 huguenots réussirent à s'y installer (sur une population totale d'environ 90 000 personnes)[5], principalement émigré pour des raisons socio-économiques[13]. Au moins les 2/3 d'entre eux prétendaient à tort être catholiques auprès des instances dirigeantes de la colonie.

La corrélation géographique de l'immigration est plutôt parlante. Un tiers du recrutement se fait au Pays de Caux, la partie nord de la Normandie. «Le Pays de Caux... formait une sorte de triangle délimité par les villes portuaires de Rouen, Dieppe et du Havre. Ces trois communautés ressortent comme les seuls vrais points de concentration, parfois remarquables»[14] sans oublier que «Le Pays de Caux abritait vraisemblablement la plus grande concentration de protestants ruraux au nord de la Loire.»[15] Un second tiers de l'immigration provenait de la région Poitou-Angoumois-Aunis et Saintonge, où vivait «la plus grande concentration deHuguenot à cette époque.»[16]

Relations avec les nations autochtones

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Les relations entre les représentants du royaume de France avec les plus proches nations autochtones avec lesquelles ils ont fait affaire, ceux de l'est du continent ouvert par le fleuve Saint-Laurent, ont données des effets durables de coexistence et de protection. Mais l'histoire est écrite différemment par des historiens anglais qui y voient,a posteriori, un malentendu.

Point de vue français

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Dès le début duXVIIe siècle, les colonisateurs français entrèrent en contact avec les tribus indigènes. Ils s'allièrent avec lesMicmacs, lesAbénaquis, lesAlgonquins, lesInnus et lesHurons.Samuel de Champlain participa à la protection de la colonie contre lesIroquois, devenus les ennemis des Hurons et des Algonquins, à cause de leur rivalité engendrée par le commerce des fourrures et le fait que les Hurons avaient perdu leurs terres au profit des Iroquois.

Dans la continuité des alliances,Samuel de Champlain s'entretient en 1633 àTrois-Rivières avec le chefCapitanal. LaRelations des jésuites du pèrePaul Le Jeune rapporte :« La conclusion fut que le sieur de Champlain leur dit, quand cette grande maison fera faite, alors nos garçons se marieront à vos filles, & nous ne ferons plus qu'un peuple »[17] ; Champlain parle de la naissance de laNation métisse en Nouvelle-France.

Dans les faits, le métissage généralisé n'a jamais abouti et la plupart des tentatives ont été des échecs. L'historienBenjamin Sulte déclare :« Un projet avait été soumis pour marier des Sauvagesses avec les Français, mais sur un rapport de Talon, il fut abandonné. Le métissage n'a jamais été bien vu parmi les Canadiens, et si l'on excepte le Nord-Ouest [...], il ne présente que des rares cas d'exceptions »[18].

Sur ce sujet, l'historien et nationalisteLionel Groulx rajoute :« Inutile de dire que cet élément inférieur ne s'est guère mêlé à notre population [...] Tout d'abord, il est bien connu, croyons-nous, que la francisation des sauvages aboutit à un brillant échec et qu'aucune cohabitation des deux races n'a pu vraiment se réaliser. » De plus, il ajoute« N'oublions pas non plus que leur accroissement, les Canadiens ne le doivent qu'à leur natalité. Aucun emprunt, si ce n'est quelques rares unités, au fonds indien »[18].

Le roiLouis XIV ordonne au gouverneurDaniel de Rémy de Courcelles, en 1665, que« les officiers, les soldats et tous les sujets de Sa Majesté doivent traiter les Autochtones de façon équitable, sans jamais avoir recours à la violence »[19].

LaGrande Paix de Montréal en 1701 rétablit les relations avec lesIroquois. La Ligue iroquoise s'engage à rester neutre dans une éventuelle guerre opposant Anglais et Français.

  • Entre 1634 et 1760 fut établie une série de missions jésuites en Nouvelle-France, dans le but de répandre la religion chrétienne parmi les amérindiens locaux, ainsi que pour maintenir la paix entre les nations autochtones.
    Entre 1634 et 1760 fut établie une série demissions jésuites en Nouvelle-France, dans le but de répandre la religion chrétienne parmi les amérindiens locaux, ainsi que pour maintenir la paix entre les nations autochtones.
  • À partir de 1756, l'entrée principale du Fort Niagara fut établie du côté de la rivière Niagara. Les Français nommèrent ce portail la porte des Cinq Nations en l'honneur des Cinq Nations de la confédération iroquoise.
    À partir de 1756, l'entrée principale duFort Niagara fut établie du côté de la rivière Niagara. Les Français nommèrent ce portail laporte des Cinq Nations en l'honneur des Cinq Nations de la confédération iroquoise.

Point de vue anglais

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Portant le même titre que l'original anglophone de 1991, l'ouvrage de Richard White,Le Middle Ground[20] propose une « relecture des passés amérindiens » en Nouvelle-France en général et dans lesPays-d'en-Haut en particulier.

Contrairement aux annexions plus ou moins complètes des conquêtes d'antan (qui venaient de culminer avec l'imposition de la religion[21] chez les simples sujets ou la conquête brutale des Espagnols en Amérique latine), l'auteur part du principe que, avant de devenir le Nouveau Monde, la Nouvelle-France a été longtemps « un " entre-deux " : entre cultures, entre peuples, et entre certains empires et le monde non institué des villages » et ce, bien avant l'arrivée des « découvreurs » dans un monde fragmenté, en devenir, et aux frontières pas claires. Dans un climat de conflits sinon de guerre permanente entre les tribus, occasionnellement aggravé par la dégradation cyclique des ressources et même les famines, leMiddle Ground (« terrain d'entente ») a établi tout un entrelacement parfois ténu, mais toujours subtil, de médiation, d’alliances, de compromis débouchant sur « une conception commune de modes d’action adéquats » : fragile, il était toujours susceptible de dériver sur des méprises et des malentendus. Ce moyen-terme concernait les domaines traditionnels comme l’« ensauvagement » descoureurs des bois et l'inverse, leur adaptation du canot d'écorce encanot de Maître , leurs fréquentations, voire leur mariage avec les Amérindiennes de mœurs souvent ouvertes (jugées comme libertines par les missionnaires), le commerce des fourrures… Mais la considérable documentation de l’auteur montre que leMiddle Ground, c’est bon nombre de coutumes et d'usages que l’ouvrage met en relief comme des « hybrides culturels étranges » : la compensation des meurtres (« couvrir ou relever le mort »), les barèmes du troc, radicalement différents chez les uns et chez les autres; le rôle d’Onontio, le gouverneur de Québec, considéré « comme un père, non comme un maître », dont on attendait cadeaux et soutien dans les moments difficiles; le protocole diplomatique (sanctionné par le calumet et le wampum); les usages des foires où s’échangeaient les biens ; la délicate notion de « juste prix », enfin, la contrebande, notamment avec les concurrents anglais, menée aussi bien par les uns que les autres.

Parmi les échanges, certains ne sont pas d'ordre matériel, mais, par exemple, juridique : peuplades surtout nomades, lespremières nations préconisaient plus la notion de ressource[22] que celle de territoire; les Européens, en revanche, devenus depuis l'invention de l'imprimerie particulièrement friands de textes juridiques, préconisaient nettement le terroir. Alors qu'ils n'en avaient que partiellement ou pas toujours mesuré la portée à l'époque, les Amérindiens, l'ayant bien intégrée des nouveaux occupants, négocient aujourd'hui avec eux sur la base de cette notion qu'ils ont acquise d'eux.

LaGrande Paix de 1701 consacre le paradoxe que « les Français ne furent jamais aussi forts que lorsqu’ils semblaient les plus faibles » et qu’ils jouaient leur rôle de médiateur : comme sur le plan militaire où ils ont profité des connaissances du terrain des Amérindiens.

Avec les mutineries des Républicains et rebelles, les premières rivalités entre les Français, les Louisianais et les Canadiens , l’abandon de l’espritmiddle ground par le nouveau Ministre des Colonies Rouillé mettent fin aux stratégies locales pour la stratégie impériale : les premiers affrontements de la guerre de Sept Ans (Contrecœur contre Washington) annoncent la fin de la colonisation en Nouvelle-France. Durant les quelques années après les victoires militaires de 1760 et leTraité de Paris, la férule militaire rigoureuse du conquérantAmherst fera des « enfants » d'Onontio des sujets infantilisés.

Ballotés entre l'attitude guerrière d'unCharlot Kaské et l'attitude négociatrice du chef révolutionnairePontiac, les Britanniques opteront finalement pour une alliance peu ou prou inspirée duterrain d'entente franco-amérindien[23].

Vie quotidienne en Nouvelle-France

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Pendant les premières années de lacolonisation, jusqu'à la fin duXVIIe siècle, la vie des colons en Nouvelle-France est marquée par de constantes contraintes : conditions climatiques auxquelles il fallut s'adapter, éloignement de la métropole, commerce incertain avec la France et lesAntilles, etc. Les habitants doivent donc se suffire à eux-mêmes dans la mesure du possible en produisant leurs propres denrées, en adaptant des méthodes et des techniques françaises aux réalités nord-américaines et en s'appropriant des éléments culturels des nations autochtones environnantes. Ces conditions créent bien sûr un milieu propice au développement des corps de métier locaux, et bientôt apparaît une petite bourgeoisie coloniale qui stimule la production de biens et de services, lesmarchands canadiens sous le régime français revêtent alors une importance capitale. De cette manière, les capitaux ne sont pas drainés vers la métropole : en achetant les produits locaux, les colons se trouvent à favoriser un certain enrichissement.

AuXVIIIe siècle, la population de la Nouvelle-France vit dans une certaine aisance matérielle (surtout quand on compare leur condition à leurs compatriotes de France), d'autant plus que l'amélioration des relations commerciales avec la métropole et avec les Antilles permet l'entrée de denrées et de produits importés, qui viennent s'ajouter aux produits locaux pour faciliter la vie quotidienne des colons. Durant lapaix de Trente Ans (1713-1744), la colonie prospère et la population, dans son ensemble, atteint un niveau d'aisance matérielle qui sera compromis par les troubles liés à laguerre de Succession d'Autriche puis à laguerre de Sept Ans.

Empreintes actuelles de la colonisation de la Nouvelle-France

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Traditions actuelles datant de l'époque de la Nouvelle-France

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Traditions juridiques

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Traditions sociales et culturelles

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  1. Joseph ouMarie, selon le sexe de l'enfant
  2. prénom duparrain ou de la marraine, selon le sexe de l'enfant
  3. prénom distinctif (généralement, leprénom usuel)

Symboles de la Nouvelle-France

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LesFêtes de la Nouvelle-France, qui se déroulent àQuébec rappellent l'époque de la Nouvelle-France.

Entre autres symboles, lerabaska est synonyme de la colonisation et de l'exploration des terres en Nouvelle-France. Il servit en outre à latraite de fourrures, entreprise principalement par lescoureurs des bois.

Gouvernement de l'Acadie (1604)

Gouvernement de Québec (1608)

Gouvernement des Trois-Rivières (1634)

Gouvernement de Montréal (1642)

Gouvernement de la Louisiane (1699)

Pays d'en Haut

Hommages

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La rue de la Nouvelle-France a été nommée en hommage, vers 1959, dans la ville de Québec.

Notes et références

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  1. John Alexander Dickinson,Brève histoire socio-économique du Québec, Septentrion,(ISBN 978-2-89448-602-3 et2894486022,OCLC 492982676)
  2. Gilles Thérien, « L’inscription dans le paysage. Un examen des modes d’habitation en Nouvelle-France depuis le XVIe siècle »,Études françaises, volume 22, numéro 2, automne 1986, p. 48 (lire en ligne).
  3. Julie Charette, Maude Daniel, Luc Dujardin, Philippe Vigneault,Questions d'histoire, Les Éditions CEC, 2007, 255 p.
  4. a etbJacquesLacoursière,JeanProvencher et DenisVaugeois,Canada-Québec : Synthèse historique, 1534-2000, Septentrion,(lire en ligne),p. 81.
  5. a etbHavard, Vidal,Histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003,p. 67.
  6. Gustave Chaix d'Est-Ange,Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin duXIXe siècle, tome 15, pages 159 à 160Dupuy de la Grandrive.
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  12. Leslie Choquette,De France à paysans : modernité et tradition dans le peuplement du Canada français, Sillery, Septentrion, 2001.
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  17. Le Jeune 1633,p. 235.
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  19. Jaenen 2015.
  20. Richard White,Le Middle Ground, Toulouse, Anacharsis,, 732 p.(ISBN 978-2-914777-44-5)
  21. Cujus regio, ejus religio
  22. Corrélaire : la recherche de nouvelles ressources à la suite de l'épuisement local constitue l'un des paramètres fondamentaux dunomadisme. Le développement desréserves partout en Amérique, tentatives à peine dissimulées desédentarisation, révèle la perte de l'espritmiddle ground dans cet épisode.
  23. « Les Anglais arrivent et disent que les terres sont à eux et que les Français les leur ont vendues. Vous savez parfaitement que nos pères nous ont toujours dit que la terre était à nous, que nous y étions libres et que les Français ne sont venus que pour nous protéger et nous défendre comme un bon père protège et défend ses enfants. » (p. 429)
  24. Loi sur les shérifs (L.R.Q., c. S-7).

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