LeNouvel Empire est la période la plus prospère de toute l'histoire égyptienne après l'âge d'or connu dans l'Ancien Empire. C'est une période de raffinement et d'évolutions qui s'étale sur un peu plus de cinq siècles. L'initiateur en estAhmôsis Ier, premier roi de cette époque. Chasseur desHyksôs, il va mettre en place les fondations du Nouvel Empire en compagnie de sa mèreIâhhotep et de son épouseAhmès-Néfertary.
Le Nouvel Empire couvre une période allant d'environ -1500 à -1000, et est formé de trois dynasties : lesXVIIIe,XIXe etXXe dynasties.
Cette période commence par la fin du règneHyksôs qui occupait laBasse-Égypte. Vers -1570, le roihyksôs ne contrôle plus que le nord de l'Égypte depuisAvaris, sa capitale. Ce sont les révoltes des princes thébains qui mettent fin à l'occupation desHyksôs en Égypte. D'abord sousKamosé qui les repousse vers le nord, leur prenant les territoires deMoyenne-Égypte. Le roihyksôs essaie en vain de s'allier avec des souverains nubiens deKerma, mais son messager est fait prisonnier sur la route des oasis.
Ahmôsis, futur roi thébain, prend la ville deMemphis lors d'une seconde attaque et place ses troupes devant la ville d'Avaris qu'elles prennent. Après trois ans de siège, la dernière place forte desHyksôs (Sharouhen, dans le désert du Néguev) est prise par les Égyptiens. C'en est fini desHyksôs, les territoires anciennement égyptiens sont remis sous leur contrôle.
C'est par l'expulsion desHyksôs hors d'Égypte et par l'unification de laHaute et Basse-Égypte parAhmôsis Ier que commence le Nouvel Empire d'après les égyptologues. Au début du Nouvel Empire, on note surtout de grandes conquêtes, notamment vers l'Asie Mineure et laNubie, qui amènent les frontières de l'Égypte du cœur de l'actuel Soudan (près d'Abou Hamed, au nord de lacinquième cataracte) jusqu'à un pays appeléNaharina (près de l'Euphrate, au nord-est du pays).
Ainsi, l'Égypte acquiert une sorte de réputation mondiale. Cependant, les territoires au-delà de la vallée duNil ne sont pas bien contrôlés, notamment les principautés qui, bien que contrôlées par un conseiller égyptien, restent sous la domination des populations autochtones. De nombreux témoignages montrent que l'Égypte souhaite quand même dominer le monde « jusqu'à ses limites ». Cela reste utopique, surtout quand on sait que l'Égypte n'a jamais su pacifier la Syrie septentrionale et centrale, où elle rivalise d'abord avec les princes du royaume du Mitanni, puis avec les Hittites.
Ahmôsis Ier, puisAmenhotep Ier (en grec : Aménophis) réalisent l'unification desDeux Terres, indispensable à la prospérité du pays. Pour cela, ils engagent des réformes telles que l'homogénéité de l'administration, de la législation, du calendrier et du culte.Amenhotep Ier est élevé au rang de dieu à sa mort pour ces actes.
À cette époque, on renforce l'importance de la famille royale au sein du culte divin. Par exemple, c'est à une princesse de la famille royale que revient le titre d'épouse du dieuAmon, àThèbes. Cette fonction est très importante car elle apporte à la famille royale une plus grande influence politique (en raison de l'oracle d'Amon). Cette époque voit aussi Amon, dieu à l'origine seulement local, élevé au rang de dieu dynastique (constructions de temples dans tout le pays).
À la mort deThoutmôsis II, c'est le fils d'une épouse secondaire,Thoutmôsis III, qui monte sur le trône. En raison de son jeune âge, la régence revient à sa tante et belle-mère,Hatchepsout, fille deThoutmôsis Ier et épouse deThoutmôsis II.
Hatchepsout s'impose sur le plan politique. Elle dresse de nombreux obélisques dans le temple de Karnak et construit un magnifique temple funéraire sur la rive ouest de Thèbes, au lieu-ditDeir el-Bahari. Dans ce temple, on peut voir des scènes dethéogamie, où est relatée la naissance divine du pharaon.
L'histoire retient une Hatchepsout pacifique et unThoutmôsis III belliqueux, et parfois même un peu trop énergique : au cours d'une chasse de cent vingt éléphants dans une plaine de l'Oronte, le roi fait une démonstration personnelle de son audace, mais un officier doit intervenir pour le tirer d'une situation périlleuse.
Hatchepsout etThoutmôsis III bénéficient des acquis deThoutmôsis Ier, qui avait conquis le Sud deCanaan et avait imposé l'autorité égyptienne sur la Syrie au roi duMittani. Durant le règne d'Hatchepsout, le prince deQadesh profite de son pacifisme pour réunir des détracteurs au pouvoir égyptien ; de plus, les conflits surtout commerciaux ne cessent de croître. À la mort de la femme pharaon, les troupes deThoutmôsis III atteignent Gaza. Après un siège de sept mois, la ville deMegiddo se rend, suivi de nombreuses principautés qui reconnaissent la suprématie égyptienne[1]. La vingtaine d'années suivantes sont occupées par des campagnes visant à asseoir l'emprise égyptienne sur la Syrie centrale. Pour intervenir rapidement contre un risque de rébellion à Qadesh, deux bases sont établies, à l'embouchure de l'Oronte, àGaza et peut-être aussi àDamas.
Dès la fin de l'occupation des Hyksôs, on s'empresse de reconquérir les territoires du Sud, notamment dans la région d'Éléphantine et en Basse-Nubie, où les princes de quelques cités avaient conclu des accords avec le roi de Kerma.Thoutmôsis Ier, comme Ahmôsis avant lui, attaque le centre du pouvoir de Kerma ; la ville est assiégée et le royaume anéanti (vers -1500).
Pour continuer à contrôler ces territoires, la région est mise sous contrôle d'un vice-roi égyptien nomméfils royal de Koush et dont le pouvoir s'étend jusqu'à proximité d'El Kab, dans la région du désert oriental. Tout comme ceux des princes d'Asie du Nord, les fils des princes nubiens sont emmenés à la cour égyptienne, et élevés parmi les jeunes princes égyptiens afin de préserver leur loyauté future. Le tribut reçu du Sud est administré par le temple d'Amon à Thèbes.
Le culte du roi et de ses ancêtres est introduit dans les régions du Sud en édifiant de nouveaux temples au sud deKerma (notamment àSaïs, Soleb etNapata). On voue ainsi des cultes à Amon, Ptah et Horus. Pour protéger les arrivées massives d'or nubien, si précieux aux yeux de l'Égypte qui en avait besoin pour consolider son prestige, des forteresses sont édifiées à la sortie du Ouadi Allaqi.
Avec les tributs du Nord ajoutés à ceux du Sud, déposés au trésor royal de Thèbes, l'influence économique de l'Égypte est devenue incontestable. Avec la fin du monopole maritime minoen enCrète[2], et la prise de pouvoir parMycènes, l'Égypte a l'occasion de pratiquer plus amplement des échanges commerciaux avec les autres royaumes.
Les produits égyptiens, dont l'or était très apprécié des royaumes étrangers, n'ont pas de mal à se répandre dans toute la merÉgée. Mais l'Égypte importe aussi beaucoup de produits finis, ainsi que de matières premières et de la main d'œuvre : des artisans syriens, d'Asie Mineure et de Crète viennent travailler sur les chantiers navals royaux du port deMemphis.
Le fer provient du Liban, près de Koumidou, et la turquoise est extraite des mines deSarabit al-Khadim dans leSinaï. Cette ouverture sur le monde méditerranéen modifie profondément les modes et les goûts. L'influence des conseillers étrangers ne cesse de croître, et de nombreux mots d'origine sémitique sont introduits dans la langue égyptienne.
Amenhotep II, fils deThoutmôsis III, poursuit les campagnes en Syrie. Son petit-filsThoutmôsis IV impose sa politique avec le soutien de l'armée, car il a reçu une formation militaire. Le roi du Mitanni, qui craint une nouvelle menace d'une grande puissance hittite, aspire à des rapprochements avec l'Égypte, et permet àThoutmôsis IV d'installer son propre dirigeant sur le trône du pays de Noukhassé, au sud d'Alep.
Amenhotep III n'a qu'à poursuivre la politique militaire déjà bien installée en Syrie et n'a à faire que quelques campagnes en Nubie. Il se marie avec une fille d'officier influent dans la cour de la région d'Achmim. À dix huit ans, il a une épouse secondaire, Giloukhépa, fille d'un souverain du Mitanni, avec en dot, d'importants territoires du Levant. D'autres mariages politiques ont ainsi lieu, notamment avec les filles des rois deBabylone, d'Assour et d'Arzawa enAnatolie.
Les campagnes militaires finies, le roi peut se consacrer à son pays, et prend de grandes décisions lors de safête-Sed[3]. D'abord, il construit un immense ensemble palatial àMalqata, sur la rive gauche du Nil, qui disposait de son propre port. Il est alors vénéré quotidiennement à la cour comme l'incarnation du Soleil.Amenhotep fils de Hapou, érige pour le roi un imposant temple funéraire.
Cette époque est aussi celle de la naissance du culte d'Aton, dont le nom est habituellement donné au disque solaire. D'après l'idéologie, le roi et le dieu se mêlent la nuit pour qu'au matin, le roi apparaisse sous l'incarnation d'une divine forme humaine.Aton fait de l'ombre àAmon qui est contesté par la cour, et ainsi naît une dispute entre celle-ci et les grandes familles égyptiennes.
AmenhotepIV, fils d'Amenhotep III et de Tiyi, épouseNéfertiti, probablement d'origine étrangère. Il a sans doute baigné depuis son enfance dans les discussions sur le culte dynastique du roi et de son dieu Amon. Ainsi, on peut supposer qu'il a préparé depuis longtemps le remplacement du culte d'Amon par celui du dieu solaire, ce qu'il fait effectivement, six ans après son couronnement : il supprime le culte d'Amon à Karnak, mais, au lieu de supprimer le temple, il l'utilise au profit de son dieu. Sa femmeNéfertiti et sa filleMérytaton exercent la fonction sacerdotale des anciennes épouses du dieu. Petit à petit, on supprime le nom d'Amon dans les lieux de cultes égyptiens, et la propriété d'Amon change de culte.
C'est à partir de l'an 5 du règne d'AmenhotepIV-Akhenaton que la reine mère et la cour au complet déménagent pour le palais de l'actuelleAmarna, en Moyenne-Égypte.Akhetaton (« horizon d'Aton ») est le nom de cette ville, destinée à la fonction decapitale. En changeant de capitale, il change son nom pour celui plus connu d'Akhenaton, probablement par provocation aux règles religieuses précédentes ; il centralise le culte solaire au palais royal avec le temple du palais d'Aton et un temple funéraire, et sa tombe est volontairement édifiée loin de celles des fonctionnaires de la cour dans le désert oriental. Souvent, on représenteAkhenaton par des statues répondant à la modification des canons artistiques, et non forcément à la réalité physique.
En architecture comme en sculpture, on note de profondes modifications, notamment au niveau de la coupe des blocs de pierres (probablement des nouveaux modules utilisés pour tailler la pierre). Des expressions populaires font leur apparition dans des documents officiels, on parle alors de néo-égyptien. Des représentations du pharaon et de sa famille remplacent aussi les représentations des dieux locaux dans tout le pays.
Ce radicalisme s'adoucit vers l'anXII de son règne, carAkhenaton doit faire face de nouveau auxHittites qui tentent d'exercer de l'influence surQadesh. Cette menace n'est pas prise à la légère par les Égyptiens, comme le prouvent les différentes correspondances en écriture cunéiforme retrouvées à ce propos, et les différentes mises en garde données à l'Égypte par le roi de Byblos contre le souverain de Qadech. Pour pallier ce problème, le pharaon envoie d'abord des troupes nubiennes en Palestine pour assurer la sécurité de l'administration égyptienne, mais il finit par régler la situation par un mariage diplomatique en épousant une fille du roi kassite de Babylone.
On suppose que Kiya, une reine représentée sur les monuments de l'époque, est une fille du roi du Mitanni. Lors de sa mort et de celle de Néfertiti, on suppose que c'estMérytaton, la fille d'Akhenaton, qui prend la place degrande épouse royale.
Akhenaton meurt sans successeur direct. Ses réformes sont rapidement abrogées et Amon retrouve sa place à Karnak. Le gouvernement revient àMemphis, quittantAkhetaton, et la tombe du successeur d'Akhenaton est construite comme à l'habitude à Thèbes.
Il semble que pendant cette période confuse qui suit la fin du règne d'Akhenaton et sa mort, ce soit unereine qui monte sur le trône, sous le nom d'Ânkh-Khéperourê, mais on n'est pas certain de son identité : peut-être était-ce Mérytaton, première fille et dernière grande épouse d'Akhenaton. Peut-être en l'anII de son règne partage-t-elle le trône avec l'hypothétique pharaonSmenkhkarê, ayant demandé après la mort de son mari au roi des Hittites un prince destiné à devenir son époux, probablement pour des raisons diplomatiques (car étant elle-même de sang royal, le mariage avec elle suffirait à légitimer comme pharaon même un prince étranger). À moins que cette demande n'émane en fait un peu plus tard de la reineÂnkhésenamon, troisième fille d'Akhenaton et alors jeune veuve de son époux et demi-frère, le pharaonToutânkhamon. Après de multiples vérifications pour s'assurer de l'authenticité de la demande, l'empereur hittiteSuppiluliuma Ier fait envoyer un prince, qui est assassiné à la frontière égyptienne, donnant aux Hittites une raison valable de marcher sur la Syrie du Nord. Toujours est-il que le règne d'Ânkh-Khéperourê/Smenkhkarê est bref, de trois ans au maximum, et que sa position dans la chronologie est controversée.
C'est en effet sous l'influence d'Aÿ queÂnkhésenpaaton, une des filles d'Akhénaton et de Néfertiti, épouse le jeuneToutânkhaton. Le couple abandonne le culte d'Aton, revient à celui du dieu Amon et change leurs noms enÂnkhésenamon etToutânkhamon. Le règne du jeune roi est bref, mais il reste un des personnages les plus connus de l'Égypte antique, parce sa tombe a été retrouvée par chance inviolée. À sa mort, c'estAÿ qui monte sur le trône, mais il meurt très peu de temps après.
Le haut commandantHoremheb, chef de l'armée àMemphis, prend le pouvoir après le règne controversé d'Aÿ, et se fait confirmer cette prise de pouvoir par un oracle d'Amon àThèbes. Ramsès, son suppléant militaire, est désigné comme son successeur, et de son règne commence la seconde moitié du Nouvel Empire, nommée époque ramesside (XIXe etXXe dynasties).
Horemheb, puisRamsès Ier et son filsSéthi Ier, effectuent de multiples réformes à l'intérieur du pays. Séthi réhabilite le nom d'Amon et les anciens sanctuaires, et fait déclarerAkhenaton roi hérétique. À l'extérieur, il entreprend la consolidation des frontières, réduisant les foyers de rébellion enNubie et aux frontières orientales. Il parvient à reprendre les territoires perdus et rétablit la zone d'influence de l'Égypte jusqu'aux rives de l'Euphrate.
Stratégiquement, la capitale est déplacée àPi-Ramsès, dans ledelta du Nil oriental, proche de l'ancienne capitalehyksôs, permettant par ses points d'eau et ses forteresses un point de départ sûr versCanaan. La ville a une taille imposante et des activités éclectiques comme des palais, des installations militaires, divers temples destinés aux grands dieux de l'empire, des écuries et des manufactures d'armes. Ces dernières fabriquent des boucliers hittites pour des troupes auxiliaires, grâce au cuivre tiré des mines deTimna dans leNéguev.Pi-Ramsès est aussi un point militaire stratégique, permettant une action rapide des troupes égyptiennes en cas de révoltes au Levant. Il y a là de nombreuses tribus nomades, comme lesShasous ou lesApirous (que l'on a rapproché de l'actuel nom « Hébreux »), qui gênaient le commerce par leurs guerres incessantes. Pour finir, une intervention militaire dans le pays d'Amurru (dont le centre estQadesh) était devenue inévitable depuis qu'ils étaient passés ouvertement du côtéhittite.
C'est ce que faitRamsès II, fils et successeur deSéthi Ier, en engageant une importante guerre contre lesHittites. Lors de labataille de Qadesh, les troupes égyptiennes sont attirées dans un piège. L'armée égyptienne a la chance de pouvoir s'enfuir lors d'une embuscade. L'arméehittite était en effet dispersée par des pillages. L'Égypte perd alors le pays d'Amourou, et bien que la bataille de Qadesh ne soit remportée par personne, les murs des temples égyptiens sont couverts des inscriptions attribuant la victoire aux Égyptiens. Cette bataille marque cependant un tournant dans l'histoire des relations entre l'Égypte et le Proche-Orient : le roi hittite, ayant des problèmes de politique interne, de famines et d'épidémies, convient avec le pharaon qu'une victoire totale n'était pas possible et signe un accord de paix. Ce premiertraité de paix entre deux États dont on ait une trace tangible sera alors scellé plus tard par le mariage deRamsès II avec une princesse hittite. Non seulement le traité dont on a retrouvé des versions dans les deux camps, définissait une alliance formelle entre les deux royaumes, mais il fixait également les frontières et prévoyait l'extradition des traîtres et condamnés par la justice des deux pays.
Ramsès meurt à quatre-vingt-dix ans, après un long règne bien occupé. Hormis ses victoires militaires et diplomatiques, il fait construire ou reconstruire de nombreux sanctuaires, portant son nom, dans tous les principaux centres d'habitation du pays. Grâce à l'or obtenu par l'exploitation intensive des mines nubiennes il assure un revenu permanent aux caisses de l'État égyptien. Les relations commerciales florissantes depuis que la paix régnait entre les deux grandes puissances de la région favorisent une nouvelle ère prospère.
Parmi sa centaine d‘enfants,Khâemouaset, l'un de ses fils, a la tâche de rétablir les anciens cultes dont ceux des ancêtres royaux et certaines de ses filles occupent la fonction deGrande épouse royale. Cependant malgré cet apogée apparent, l'édification des temples, les victoires successives cachent une entrée dans une crise économique profonde pour l'Égypte.
À l'ouest du pays, lesLibyens s'allient aux « Peuples de la mer » et sous le règne deMérenptah, qui succède àRamsès II, attaquent le delta... En vain, carMérenptah parvient à les repousser à l'issue d'une victoire totale sur terre et sur mer.
Après le règne de celui-ci, la famille royale est déchirée par une guerre de succession, que le trop grand nombre de descendants deRamsès II rendait prévisible, menaçant le pays d'anarchie.
Le scénario qui avait vu la reprise du royaume par une famille de militaires se reproduit. C'estSethnakht, alors probablementvizir du nord, qui rétablit l'ordre pour son compte, installant son fils Ramsès, le futurRamsès III, comme corégent dès son accession au trône.
Le royaume hittite est tombé sous les coups despeuples de la mer, qui dévastent sur leur passage les cités d'Asie Mineure et deChypre, les villes du pays d'Alalakh, d'Ougarit et deKarkemish. D'après les sources, dont notamment les textes relatant les exploits de Ramsès III sur son grand temple deMédinet Habou, l'Égypte est assiégée de toutes parts : par desShardanes (que l'on a rapprochés desSardes), des Lyciens, des Touresh, des Akhiyaouas (que l'on croit être lesAchéens), des Péléset (rapprochés desPhilistins), etc.
Malgré une triple attaque par l'ouest, l'est et la mer, menée encore une fois par les Libyens, l'invasion est repoussée par les Égyptiens lors d'une éclatante victoire qui met un terme définitif à la progression de cettepremière invasion barbare.
Grâce à cette victoire et son butin correspondant,Ramsès III peut entreprendre la construction du temple deMédinet Habou qui, signe des temps, est aussi une forteresse de par ses imposantes murailles et son portail d'accès en forme demigdol (sorte de porte fortifiée renforcée de deux tours crénelées).
Les ennemis vaincus sont alors incorporés aux troupes de Pharaon et reçoivent l'autorisation de s'établir dans certaines régions du delta. Les Libyens s'intègrent rapidement et peu à peu au cours de laXXe dynastie franchissent les échelons de l'armée, gardant notamment les frontières occidentales et orientales du pays. Plus tard, ils formeront de véritableschefferies qui feront les fondations des futures dynasties de laTroisième Période intermédiaire.
Cependant, cette invasion a profondément modifié l'environnement géopolitique du Moyen-Orient, renouvelant les forces en présence et brisant les anciennes alliances de royaumes disparus. Les échanges commerciaux et les tributs cessent peu à peu. C'est à partir de ce moment que s'installent lesPhilistins àGaza et àAshdod, aux portes de l'Égypte.
Avec la perte des tributs et la demande constante de l'entretien de troupes de mercenaires (et peut-être aussi une baisse du rendement de l'or nubien), l'Égypte s'enfonce dans un déclin économique, qui se traduit par une déstabilisation du système sur lequel se fondait l'économie de l'empire. La désorganisation de l'administration et probablement une corruption accrue des élites de la société, le tout associé à des famines causées par des crues, entament durablement les réserves de l'État. De grands procès sanctionnent des scandales qui éclaboussentThèbes à la fin de la dynastie. Ils font état de véritables complots, y compris contre la personne royale.Ramsès III, à la fin de son règne, est victime d'une conspiration du harem, qui atteint mortellement le roi et qui sera punie par son fils légitime et successeurRamsès IV.
Les successeurs deRamsès III ne peuvent qu'observer la chute de l'influence de l'Égypte qui, règne après règne, perd ses principales conquêtes et ne sont que les témoins de l'éclatement interne du pays.
Toujours àThèbes, de véritables associations de malfaiteurs n'hésitent pas àpiller les tombes de leurs ancêtres, dénotant certes une transgression morale impensable aux dynasties précédentes, mais traduisant surtout une réalité économique plus catastrophique que ne le laissent imaginer les grandes œuvres du règne. Celles-ci se résument parfois à un hypogée royal commandité par des souverains de plus en plus isolés dans leur fonction régalienne et qui n'ont plus vraiment les moyens de les achever.
Des tribus libyennes profitent du déclin égyptien pour s'infiltrer dans le pays, développant l'insécurité des routes commerciales et pillant les temples thébains.
Devant l'anarchie grandissante et l'incapacité des administrateurs locaux à garantir l'intégrité du royaume,Ramsès XI fait appel auvice-roi deNubie,Panéhésy pour rétablir l'ordre.
Celui-ci entame alors une guerre civile contre Amenhotep, legrand prêtre d'Amon àThèbes, qu'il destitue, fait emprisonner et déporter dans le désert occidental. C'était sans compter avec les ambitions duvizir et généralHérihor, probablement fils ou parent d'Amenhotep, qui reprend le dessus et repoussePanéhésy au-delà de la frontière traditionnelle au sud d'Assouan. Le prix de cette victoire est la perte définitive de l'emprise égyptienne sur laNubie et leSoudan, qui désormais formeront un royaume indépendant.
Un nouvel équilibre semble être retrouvé et, plein d'espoir, la fête du renouvellement des naissances deRamsès XI, qui a pour but de définir une nouvelle orientation politique et d'instaurer une situation stable, n'a pas de réelles retombées et le pharaon doit assister à l'effondrement de son pouvoir surThèbes. En effet, c'est alors qu'Hérihor-Siamon, qui avait succédé à Amenhotep dans la charge degrand prêtre d'Amon, s'arroge les pouvoirs royaux sur la Thébaïde et instaure une dynastie parallèle fondée sur unethéocratie définie par l'oracle d'Amon-Rê. Le clergé d'Amon, devenu une véritable dynastie, prend le pouvoir enHaute-Égypte. C'est la fin du Nouvel Empire.
Au Nouvel Empire, où la littérature et l'art connaissent un nouvel âge d'or, les formules et incantations couvrant les sarcophages duMoyen Empire sont transposées sur des papyrus. Leslivres des morts étaient probablement fabriqués dans lamaison de vie, une institution religieuse qui faisait partie intégrante des grands temples. C'est un lieu d'instruction religieuse. C'est là aussi qu'on élaborait les rituels et les mythes et que l'on rédigeait et copiait les textes funéraires. Il existait deux possibilités pour obtenir ce papyrus. La première était d'acheter un livre des morts contre une somme très élevée. Mais on sait que dans l'Égypte antique beaucoup de livres des morts ont été fabriqués sans mention du propriétaire. Si bien que lorsqu'un acheteur se présentait, il suffisait de rajouter son nom dans les espaces laissés en blanc prévu à cet effet. Le rouleau était déposé près de lamomie ou glissé dans les bandelettes.