Cet article concerne la découverte de l'Amérique par les Européens. Pour les autres significations de l'expression « nouveau monde », voirNouveau Monde (homonymie).
Le Nouveau Monde (en vert).
L'expressionNouveau Monde, en latinMundus Novus, a été utilisée pour la première fois en 1503 dans une lettre publiée du navigateurAmerigo Vespucci pour désigner les terres atteintes parChristophe Colomb dans les années 1490, principalement des îles desCaraïbes (Hispaniola,Cuba,Jamaïque, etc.). Elle indiquait clairement qu'il ne s'agissait pas des « Indes », c'est-à-dire de l'Asie orientale, comme le croyait Colomb[Note 1], mais de terres encore inconnues en Europe occidentale, où, depuis l'Antiquité, le monde était divisé en trois parties : l'Europe, l'Afrique et l'Asie.
Le nom d'« Amérique », qui se généralise ensuite, n'élimine pas celui de « Nouveau Monde », utilisé jusqu'à nos jours, ni celui d'« Indes », avec la précision qu'il s'agit des « Indes occidentales » tandis que l'Asie de l'Est devient « les Indes orientales », formules qui restent en usage jusqu'auXVIIIe siècle.
L'expression Nouveau Monde se réfère à un point de vue dépassé, celui d'une époque où on ignorait la Préhistoire : or la présence humaine en Amérique remonte auPaléolithique. Elle est toujours utilisée, notamment pour des sujets qui continuent d'opposer ou de différencier deux grandes parties du monde. Dans certains domaines, notamment laviticulture, l'Afrique du Sud peut aussi être englobée dans cette expression.
Contexte : la géographie en Europe, de Ptolémée au premier voyage de Colomb
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Au Moyen Âge, les savants d'Europe occidentale se fondent pour l'essentiel sur la géographie dePtolémée, duIIe siècle, qui synthétise les connaissances de l'Antiquité grecque depuis l'époque dePlaton : la Terre est sphérique ; une mesure assez exacte de la longueur du méridien a été obtenue parÉratosthène. Les latitudes sont mesurées de façon assez précise, notamment la situation desTropiques ; en revanche, on ne sait pas mesurer les longitudes (avancée qui date duXVIIIe siècle). Cette géographie ne connaît que les trois parties du monde classique, situées au nord, au sud et à l'est de lamer Méditerranée.
Quelques avancées ont eu lieu depuis l'époque de Ptolémée. Des Norvégiens ont atteint l'Islande auXIe siècle, puis leGroenland et même une terre plus au sud, leVinland, situé vers le Saint-Laurent. Mais les établissements du Groenland prennent fin auXIVe siècle et dans l'ensemble, l'existence de terres dans l'Atlantique-Nord reste inconnue des savants, ainsi que des gouvernements. Une meilleure connaissance de l'Asie résulte des voyages deMarco Polo en Chine, tandis que l'Afrique est très peu connue au-delà du Maroc.
Pour les élites européennes de cette époque, en premier lieu les marchands, un enjeu essentiel serait de pouvoir commercer avec l'Asie sans devoir passer par l'intermédiaire des marchands musulmans qui contrôlent le commerce dans l'océan Indien.
AuXVe siècle, l'entreprise portugaise lancée parHenri le Navigateur d'exploration de la côte atlantique de l'Afrique et de recherche d'un passage de l'océan Atlantique à l'océan Indien, est poursuivie tout au long du siècle et est couronnée de succès en 1498 par le voyage deVasco de Gama àCalicut après la découverte ducap de Bonne-Espérance. Mais elle ne remet pas en cause la géographie classique, tout en permettant de connaître les véritables dimensions de l'Afrique.
Le projet deChristophe Colomb, atteindre l'Asie en traversant l'océan Atlantique, reste lui aussi dans les cadres classiques, l'innovation résidant dans l'immensité de l'espace à parcourir sur mer, que Colomb minimise d'ailleurs pour obtenir le financement desrois catholiques en 1492, année de la fin de laReconquista.
Lorsque, partie dePalos le 3 août 1492, la flotte de Colomb atteint le 12 octobre une île (nommée Guanahani par les indigènes) qu'il baptiseSan Salvador, dans l'archipel des Bahamas, il est certain d'avoir atteint son but : les Indes.
Les conséquences géographiques des voyages de Christophe Colomb (1492-1507)
Christophe Colomb, qui est mort en 1506, a fait trois autres voyages à travers l'Atlantique, dont un l'a amené sur le territoire de l'actuel Venezuela. Il est cependant resté convaincu d'avoir atteint l'Asie, alors que cela est apparu rapidement peu probable, même avant la conquête duMexique (Cortés), puis duPérou (Pizarre).
C'est le FlorentinAmerigo Vespucci, lui aussi navigateur transatlantique, qui le premier énonce formellement l'idée que Colomb se trompe, que ses découvertes sont des territoires qui ne font pas partie du monde classique.
Carte « Universalis Cosmographia ».
En 1503 paraît à Paris une œuvre en latin intituléeMundus Novus[1],[2], qui est présenté comme la traduction d'une lettre écrite en italien parAlbericus Vespuccius à Lisbonne et adressée àLorenzo de Médicis.
En 1507 est publiée une version italienne de son livre :Paesi novamente retrovati et Novo Mondo da Alberico Vesputio florentino intitulato (« Pays nouvellement découverts et Nouveau Monde, nommé du florentin Alberico Vesputio »).
La même année est publiée la première carte portant le nomAmerica, lePlanisphère de Waldseemüller, avec sa carte « Universalis Cosmographia ».
Le Nouveau Monde a apporté à l'Ancien Monde lemaïs, lavanille, l'arachide, latomate, letabac, lafève de cacao, etc. Lapomme de terre a aussi joué un grand rôle. Elle était cultivée dans l'Empire inca et a permis après son introduction en Europe de combattre les famines enIrlande comme enPrusse. Les fruits actuellement les plus appréciés enAsie et dans lePacifique proviennent du Nouveau Monde : l'avocat, lapapaye, l'ananas, lepiment ainsi que toute une grande gamme de fruits exotiques.
Ces cartes antérieures au premier voyage de Christophe Colomb ne mentionnent que les trois parties du monde connues depuis l'Antiquité : l'Europe, l'Afrique et l'Asie, entre lesquelles se trouve la mer Méditerranée.
Le dernier planisphère représentant l'Ancien Monde est celui d'Henricus Martellus (Florence, vers 1491), qui indique cependant le passage maritime au sud de l'Afrique, découvert parBartolomeu Dias en 1487-1488 et connu à Lisbonne en décembre 1488.
D'une façon générale, la dénomination « Indiens » pour désigner les indigènes du nouveau monde, en Amérique du Nord comme en Amérique du Sud, est restée prégnante dans l'usage courant depuis le premier voyage de Colomb, même si une formulation nouvelle, « Amérindiens », est apparue, qui ne fait pas disparaître l'erreur initiale.
↑Colomb interprète au départ l'archipel où il se trouve comme faisant partie du Japon, « Cipango ». Colomb a aussi accosté sur le continent sud-américain (actuelVenezuela), lors de son troisième voyage, mais n'y a pas effectué d'exploration prolongée.
↑Marie-CécileBénassy-Berling, « Le Nouveau Monde. Les voyages d'Amerigo Vespucci (1497-1504), Traduction, introduction et notes de Jean-Paul Duviols »,Caravelle. Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien,vol. 85,no 1,,p. 243–244(lire en ligne, consulté le)