Pour les articles homonymes, voirBobbio (homonymie).
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Norberto Bobbio (né le àTurin enItalie et mort dans la même ville le) est unphilosopheitalien spécialiste de laphilosophie politique et de laphilosophie du droit. Il s'est notamment attaché à définir les conditions d'accompagnement de ladémocratie, qui implique, selon lui, la mise en œuvre effective desdroits de l'homme et la recherche de lapaix via ledroit international et une conceptioncosmopolitique ducitoyen.
Il a notamment écrit le livreL'État et la démocratie internationale : de l'histoire des idées à la science politique.
Bobbio a passé la majeure partie de sa vie à Turin, qui abrite, dans les années 1920, le philosophemarxisteAntonio Gramsci et l'intellectuellibéralPiero Gobetti. Il fait ses études aulycée d'Azeglio, où il rencontre ses camaradesLeone Ginzburg,Massimo Mila etVittorio Foa[1]. Dans les années 1930, il enseigne au lycée d'Azeglio, où le jeunePrimo Levi a été reçu en candidat libre. Quoique d'une famille plutôt favorable aurégime fasciste et lui-même peu engagé, Bobbio est arrêté en 1935 avec des camarades militant dans le mouvement antifascisteGiustizia e libertà des frèresCarlo etNello Rosselli, assassinés en France, en 1937, par laCagoule[1]. Vite relâché, il écrit alors une lettre àMussolini où il affirme ses convictions fascistes, épisode qu'il relatera dans son autobiographie de 1997[1]. Sur le plan intellectuel, ses influences majeures sont alorsLuigi Einaudi,Gioele Solari (it), qui est son professeur de philosophie du droit, etBenedetto Croce, tous troislaïques,libéraux et antifascistes[1].
À l'entrée en guerre de l'Italie en, Bobbio est professeur à l'université de Padoue, et rejoint activement la résistance deGiustizia e libertà[1]. Il participe alors à la fondation, en, duPartito d'Azione (Parti d'Action), avant d'être arrêté et emprisonné entre et[1]. En 1995, il écrira dansLa Stampa :
Après laSeconde Guerre mondiale, Bobbio se présente, sans succès, auxélections de 1946. Il est ensuite nommé à l'Université de Turin, et lit alors de prèsHans Kelsen, l'auteur de laThéorie pure du droit, qui prône lepositivisme juridique contre lejusnaturalisme[1]. Pendant toute laGuerre froide, Bobbio dialogue avec leParti communiste italien (PCI). Dans son livre de 1955,Politique et Culture, il crédite lemarxisme de donner le « point de vue des opprimés » sur l'histoire, tout en défendant les « prétendues libertés bourgeoises » et l'État de droit[1]. Il adhère en 1966 auParti socialiste italien (PSI) et collabore à la revue socialisteMondoperaio (en)[1].
Il quitte en 1972 la chaire de philosophie du droit de Turin pour devenir professeur de philosophie politique à la faculté des sciences politiques de Turin[1]. Alors que l'Italie est coincée entre l'opposition entre la Démocratie chrétienne et le PCI, Bobbio se montre sceptique relativement au « compromis historique » proposé par le secrétaire général du PCI,Enrico Berlinguer, et un des chefs de la Démocratie chrétienne,Aldo Moro[1]. L'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro, par lesBrigades rouges, supprime de toute façon cette proposition de sortie de crise, empêchant ainsi à Bobbio de vérifier les raisons de son scepticisme.
Membre de l'Académie des Lyncéens, il dirige avecNicola Abbagnano laRivista di filosofia.
À l'intérieur du PSI, Bobbio est déçu parBettino Craxi, secrétaire du parti à partir de 1976 etPrésident du Conseil de 1983 à 1987[1]. Reconnaissant l'influence d'une figure intellectuelle majeure de l'Italie d'après-guerre, le présidentSandro Pertini (PSI) le nommesénateur à vie en 1984[1].
L'ensemble de son œuvre est distinguée par lePrix européen de l'essai Charles Veillon en 1981.
Avec l'opération Mains propres des années 1990, la chute duMur, l'apparition de laLigue du Nord et le succès éclair deSilvio Berlusconi, les espoirs de Bobbio sont déçus, amertume qu'il exprime dansLa Stampa, tout en continuant à défendre l'« actionisme » de gauche[1]. En 1991, Bobbio surprend une partie de son entourage en soutenant laguerre contre l'Irak, qu'il qualifie de « guerre juste »[1]. Il est gratifié en 1994 duPrix Balzan, qui encourage les actes scientifiques et culturels ainsi que l'engagement humanitaire en faveur de la paix et de la fraternité entre les peuples. Partisan dudroit international et desNations unies, il participe chaque année à la « Marche pour la paix » entrePérouse etAssise[1].
Jean-Baptiste Le Bohec.,Noberto Bobbio et la question internationale, Rennes, PU Rennes,coll. « Philosophica »,, 410 p.(ISBN 978-2-753-54761-2,OCLC 939550288,présentation en ligne)