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Noblesse

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Pour les articles homonymes, voirNoblesse (homonymie).

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« Petit noble » redirige ici. Pour le titre de noblesse hongrois, voirPetit-noble.

Le termenoblesse peut désigner une qualité qui peut êtremorale ouinstitutionnelle, et qui, dans le second cas, peut être détenue à titre personnel ou biendynastique, révocable ouhéréditaire.Johann Wirn (de) distingue dès leXVIIe siècle la noblesse morale de la noblessepolitique.

Noblesse morale

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Articles détaillés :Morale,Responsabilité morale etVertu.

La « noblesse morale » n'est ni un ordre social, ni une caste, ni unapanage, mais une forme deresponsabilitéphilanthropique, uncomportement vertueux etgénéreux, que tout homme de toute condition peut adopter selon savocation et sonéducation :Grégoire de Nazianze la divise en « trois genres ». Lepremier consiste à s'efforcer d'être et d'agir commeDieu est censé l'attendre de nous, ledeuxième à se purifier en résistant à la possible corruption de notre nature humaine, letroisième à cultiver et partager les dons et les savoirs que nous possédons.Gilles-André de La Rocque écrit dans sonTraité de la noblesse[1] que celle-ci ne donne point de droits mais bien des devoirs, dont un comportement désintéressé dans les activités humaines ou sociales, sans rechercher niprofitindividuel, nilucre, niusure, niprostitution, que ce soit dans la fonction publique, lajustice, les forces armées, l'administration, lesarts libéraux… Quant à ladignité, l'« honneur », il provient surtout de la défense des valeurs collectives, et non de l'intérêt, de la dépense ou du défi, et il est antinomique d'une attitudeutilitaire ouvénale[2].

Noblesse politique

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Articles détaillés :Stratification sociale etSociété d'ordres.
Les troisordres de lasociété féodale :laboratores (travailleurs),oratores (prieurs) etbellatores (combattants).
Enluminuremédiévale (British Library) : le clerc, le guerrier et le producteur.

Du point de vue dessciences sociales,historiques etpolitiques, lanotion de « noblesse » renvoie généralement à unecastearistocratique souventendogame, et désigne alors lacondition d'ungroupe social distinct ethiérarchisé jouissant deprivilèges spécifiques. Dans la plupart des cultures, la noblesse remonte, non comme lignées, mais comme caste decombattants, aux « fonctions tripartites indo-européennes » (guerrière,religieuse et économique) décrites parGeorges Dumézil à propos dessociétés indo-européennes (mais qui existaient aussi ailleurs)[3],[4].

Histoire de la noblesse politique

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Articles détaillés :Société romaine,Cingulum,Nobilitas,Patriciat,Potestas,Noblesse franque etListe de titres byzantins.

L'anoblissement est apparu avec l'émergence des sociétéssédentaires et organisées d'agriculteurs, d'éleveurs, demarchands et d'artisans ayant besoin de défenseurs professionnels ayant les moyens de s'armer eux-mêmes et leurs compagnons[5]. Il consiste à coopter une personne aurang des nobles en raison de ses capacités à combattre et commander d'autres combattants, des mérites ainsi acquis ou de sa fortune[6]. Dans cette noblesse politique, l'ancienneté (les « quartiers de noblesse ») apparaîtra àSébastien Le Prestre de Vauban comme « le premier critère de dignité »[7].

La « noblesse » institutionnelle d'un État (en général unemonarchie, mais aussi desrépubliques commeRome ouVenise), ou d'uneprovince de ce pays, regroupe laminorité dominante d'un ensemble defamilles détenant, le plus souventhéréditairement, des fonctions d'autoritémilitaire,politique,civile oureligieuse plus ou moins étendues, dans le cadre d'unstatut privilégié comprenant des exemptions (le plus souvent detaxes et d'impôts) et des charges etemplois publics rémunérés (collecte des taxes et impôts, administration des provinces, levée des armées, conduite des guerres…) dits alorsemplois nobles, ainsi que desacerdoces réservés (lorsque ces fonctions sont religieuses, comme chez leslévites ou lesbrahmanes, on ne parle pas de noblesse, mais decaste sacerdotale).

Charles Fourier en 1822 représente seizecastes et sous-castes sociales dont il analyse le « courant ascendant » de sentiments d'envie et de haine, et le « courant descendant » de sentiments de morgue et de mépris :« La noblesse de cour méprise la non-présentée ; la noblesse d'épée méprise celle de robe : les seigneurs à clocher méprisent les gentillâtres, tous les parvenus anoblis qui ne sont que de1er degré et qui dédaignent les castes bourgeoises. Dans la bourgeoisie nous trouverions en1re sous-caste la haute banque et la haute finance (no 5), méprisées des nobles mais s'en consolant avec leurs coffre-forts, méprisant le gros marchand et le bon propriétaire (no 6). Ceux-ci tout fiers de leur rang d'éligibles méprisent la sous-caste qui n'a que rang d'électeur (no 7) qui elle, s'en dédommage en méprisant la sous-caste des savants, les gens de loi et autres vivant de traitements ou casuels ou petits domaines qui ne leur donnent pas l'entrée au corps électoral (no 8) ; enfin la basse bourgeoisie (no 9), le petit marchand (no 10), le petit campagnard (no 11) seraient bien offensées si on les comprenait dans le peuple dont elle méprise les trois sous-castes (nos 12, 13, 14) et dont elle se pique d'éviter les manières, sans même compter la pègre et les vagabonds (nos 15 et 16). Il règne entre toutes ces castes des haines régulières c'est-à-dire que lano 9 hait lano 8 autant que celle-ci hait lano 7, quoique chacune recherche la fréquentation du degré supérieur par ambition et non par amitié »[8].

La noblesse est donc uneclasse sociale que l'on rencontre dans la plupart des sociétés sédentaires traditionnelles, dès lors que la fonction guerrière est distinguée par les pouvoirs économiques et religieux (tripartition), comme chez lesRomains ou lesCeltes avec la classe deschevaliers[9]. Les modalités d'entrée et de maintien dans cette classe ont varié selon les époques et les pays, mêlant initiation, capacités et hérédité. Elle se trouve à toutes les époques et dans de nombreux types de sociétés, aussi bien antiques, comme enGrèce, que chez lespeuples premiers, et jusqu'auxÉtats-nationsmodernes.

Dans laGrèce antique, il existait quatre termes qui, engrec ancien, servaient à désigner les groupes humains :γένος /génos, « noble lignée » ;λάος /láos, « peuple assemblé » ;δῆμος /dêmos, « ensemble des citoyens libres[10] » etἔθνος /éthnos, « classe d'êtres d'origine commune ». Le pouvoir politique, le droit de propriété et les privilèges ont progressivement diffusé, dans l'Athènes antique, de la première à la deuxième et troisième catégories, tandis que lesmétèques relevaient de la quatrième[5] et lesesclaves d'aucune, leur statut étant proche de celui dubétail[11]. L'exemple le plus connu de noblessegrecque antique est celui desEupatrides[12].

Dans laRome antique, lesgens (familles au sens élargi) s'enorgueillissaient de l'ancienneté de leurs lignées, qui n'était pas forcément biologique (génétique) en raison de la pratique fréquente desadoptions, et qui ne connaissaient pas la transmission héréditaire du pouvoir public. Il s'agissait surtout de la transmission d'unnomen et d'un patrimoine. L'acquisition des pouvoirs publics était individuelle, au fil ducursus honorum au service de lares publica (l'intérêt public) ou duprinceps. On obtenait unhonor ou charge publique, soit par élection républicaine, soit par nomination sénatoriale ou impériale[13]. Deshomines novi, sans être « bien » nés, pouvaient aussi être élus ou nommés à unhonor élevé et ainsi devenir chef et souche d'une nouvelle famille noble[14].

Dans l'antiquité tardive, enEurope, lanobilitas de l'Empire romain est régie par les codes deThéodose[15] et deJustinien[16]. Après lesgrandes invasions, auhaut Moyen Âge, lanobilitas resta en vigueur dans l'Empire romain d'Orient (mégarchontes) et fut en partie adoptée, mais aussi transformée, par lesroyaumes germaniques enOccident[17], par lesslaves occidentaux et leshongrois enEurope centrale, et par lesÉtats orthodoxes (grecs,slaves ouvalaques) enEurope du Sud-Est. L'éducation classique des jeunes nobles à lacour des rois comportait une formation à la fois physique et intellectuelle leur permettant de faire carrière dans la hiérarchie civile, militaire ou religieuse de leur royaume[18].

Dans de nombreux pays, la noblesse a été abolie commeinstitution. EnFrance, elle a été supprimée sous laRévolution française en 1789, rétablie sous lePremier Empire en 1804, et à nouveau supprimée sous laTroisième République en 1870 ; les titres de noblesse, qui sont considérés comme un accessoire du nom, peuvent toujours être officiellement enregistrés auprès duministère de la Justice (afin d'être transcrits à l'État civil). Dans les paysayant été gouvernés par unparti unique se réclamant ducommunisme, non seulement les titres et indicateurs de noblesse furent abolis et les biens matérielsnationalisés, mais les anciens nobles, considérés comme« des exploiteurs, des parasites, desennemis du peuple » finirent pour beaucoup leurs existences dans les camps detravaux forcés comme ceux duGoulag ou duLaogai, à moins qu'ils aient réussi à s'échapper et à s'exiler à temps (cas de nombreuxnobles russes àParis, Londres et Berlin dans les années 1920).Dans leurs pays d'origine, les survivants ont perdu leur statut social et une grande partie de leur mémoire familiale, car durant les longues années dedictature (en moyenne un demi-siècle), faire valoir ce qui y était considéré comme un « passé dont il faut faire table rase » (selon un couplet del'Internationale) pouvait entraîner des persécutions et conduire encamp de travail « rééducatif »[19].

Après l'ouverture durideau de fer et lachute des régimes communistes en Europe, les descendants de ces survivants qui ont revendiqué la restitution de leurs biens familiaux nationalisés ont, pour la plupart, échoué en raison de la complexité des procédures, des preuves exigées et du coût des démarches judiciaires. Seules les familles nobles les plus puissantes financièrement ont obtenu la restitution d'une partie de leurs anciennes propriétés dans les pays, comme la République tchèque ou la Roumanie, où la législation le permet : c'est le cas des héritiers de lafamille autrichienne Schwarzenberg qui a obtenu la restitution duchâteau d'Orlík au sud dePrague, et, enTransylvanie, des héritiers ducomte hongroisDaniel Bánffy[20], desHabsbourg d'Autriche[21] ou desHohenzollern de Roumanie[22],[23].

Dans la mesure où les privilèges, titres et indicateurs ont été abolis, l'existence d'une noblesse est compatible avec l'exercice de ladémocratie, par exemple auRoyaume-Uni où elle a été conservée après laGlorieuse Révolution et ailleurs en Europe où elle a perduré après lesrévolutions de 1848. Unepairie et destitres de noblesse existent toujourslégalement auXXIe siècle dans plusieurspayseuropéens, comme laBelgique, lesPays-Bas, leRoyaume-Uni, laSuède, l'Espagne,Saint-Marin, leLuxembourg. Lepouvoir législatif est exercé en partie par desreprésentants de la noblesse, comme c'était le cas auRoyaume-Uni avec laChambre des lords jusqu'à la fin duXXe siècle. Ce fut le cas aussi enFrance auXIXe siècle avec l'ancienneChambre des pairs.

Endroit international il n'y a pas de noblesse et il n'existe pas d'ordre de noblesse international : la noblesse de chaque pays lui est donc spécifique, même si certains types de noblesse peuvent être communs à plusieurs pays (à titre d'exemple lesbarons,comtes,marquis,ducs,archiducs,princes sont globalement similaires enEurope occidentale etcentrale tandis que lesjoupans,boyards,hospodars etvoïvodes sont communs aux pays d'Europe orientale). Il existe en revanche desordres internationaux dont certains sont initiatiques et qui, bien qu'usant de grades, de titres et de symboles, ne sont pas des ordresde chevalerie ou de noblesse, car ils sont ouverts à tous parcooptation (même si réunir tous les critères est ardu) et n'ont aucun caractère héréditaire ou transmissible[24],[25].

AuXXIe siècle, destitres de noblesse existent encore officiellement et continuent à être décernés par les souverains desmonarchies actuelles[Note 1], au nombre de trois enAfrique[Note 2], treize enAsie[Note 3], dix enEurope (en ne comptant que les maisons royales héréditaires)[Note 4] et deux enOcéanie[Note 5]. On peut être noble par l'hérédité (baron de Ceuninck,vicomte Montgomery), par lahaute finance (baron Empain ;baron Norman), par lapolitique (baronne Thatcher ;duc de Suárez), par lesarts (baron Gros ;marquis de Dali), par lessciences (baron Winston ;vicomte Frimout) ou par lessports (baron Coe ;comte Rogge)[26].

Noblesses par aires culturelles

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Afrique précoloniale

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Articles détaillés :Castes en Afrique,Castes au Mali etTitres de noblesse éthiopiens.
LeRas Tafari Makonnen d'Éthiopie en 1923, futurempereur Hailé Sélassié.

Les noblesses africaines les plus anciennement attestées, celles de l'Égypte antique et de laMaurétanie, se sont progressivement fondues dans lesélites romaines avant d'être absorbées par l'islamisation de l'Afrique du Nord ; pour leur part, les noblessesnubienne,makurienne,nobadienne,alodienne,axoumite,zagouée etabyssine ont fini par former lanoblesse éthiopienne (négus,ras,mesafint,mekwanent et autreswarashehs enamharique) elle-même dispersée ou massacrée par larévolution éthiopienne ; enfin auGhana et dans les autresmonarchies sub-sahariennes, leshorons (motmandé) outouboungs (motlounda) étaient hiérarchisés en trois groupes principaux[27],[28],[29] :

  • lesmassalen (haute noblesse) étaient au sommet de la hiérarchie, assurant la royauté et le pouvoir territorial dans les provinces : c'étaient lesducs etcomtes, grands propriétaires terriens et de bétail, détenteurs des droits de chasse et pêche qu'ilsaffermaient, qui avaient sous leurs ordres les chefs des différents villages de leur province ;
  • lesdimo,geer,rimbe outondjon (moyenne noblesse, militaires et chasseurs, grands fermiers) ;
  • lesmori (ou marabouts, à la fois sages, juges, prêtres, éducateurs, gardiens et transmetteurs desmythes, destraditions et des connaissances comme l'herboristerie et les pratiquesthérapeutiques).

Avec l'islamisation et lacolonisation, ces noblesses ont perdu tout caractère officiel et le motmarabout a changé de sens pour désigner de nos jours deux choses différentes : soit, avec une connotation positive et flatteuse, unguide religieuxmusulman, soit, avec une connotation négative et péjorative, unsorcier ou un envoûteur auquel on prête des pouvoirs devoyance et de guérison ; parmi les marabouts, certains sont desmanipulateurs psychiques qui prétendent pouvoir, moyennant finances, résoudre tout type de problème. Ces derniers, que lesguides religieux considèrent comme descharlatans, mêlent en unsyncrétisme religieux qui varie de l'un à l'autre, l'islam, l'animisme, lechristianisme, levaudou et diverses formes demagie.

AuRwanda et auBurundi, ce ne sont ni la langue ni la religion qui séparent lesTutsi desHutu, mais le statut : les premiers sont issus de la noblesse, les seconds du peuple agriculteur ou artisan[30].

Le prestige de la noblesse est encore très grand dans les sociétés africaines, et peut compter en politique : à titre d’exemple,Nelson Mandela n'était pas seulement un militant de l'ANC et un président de l'Afrique du Sud, mais aussi un princeXhosa de lignée royaleThembu, de son nom royalRolihlahla Madiba[31],[32].

Amérique précolombienne

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LeSapa IncaTúpac Amaru (1545-1572), dernier souverain deVilcabamba (Pérou).

Lesconquistadors espagnols dénommèrent indifféremment « caciques » les aristocrates des empiresamérindiens (maya, aztèque, inca…) dont la hiérarchie était aussi complexe qu'en Europe, mais moins cloisonnée et pas systématiquement héréditaire. Le motcacique désigne un noble entaïno, langue indigène d'Hispaniola[33]: il est généralement traduit par « dignitaire » ou « seigneur » et chez lesAztèques par exemple, les descendants desnobles, désignés commetecuhtli ennahuatl[34] étaient nommés« pilli »[35], terme équivalent à l'espagnol« hidalgo » (« fils de quelqu'un »)[36].

Ces nobles amérindiens pouvaient aussi bien être d'extraction relativement modeste (par exemple, chez lesAztèques, lescalpullec, des villages ou des quartiers de la capitale), que desseigneurs de rang élevé (empereurs, rois des monarchies subordonnées, gouverneurs des provinces, conseillers des monarques, juges importants ou grands chefs militaires, par exemple lesapu,kuraka,qhapaq,tuqriquq etvarayoks desIncas). Les nobles amérindiens qui se sont opposés auxconquistadors ont disparu, mais ceux qui se sont ralliés à eux et se sont convertis aucatholicisme ont parfois pu s'intégrer à la petite noblesse créole locale commevizcondes oucaballeros[37].

Brésil

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AuBrésil, c'est lamaison d'Orléans-Bragance qui, durant son règne sur l'Empire brésilien, décerna quelques titres de noblesse, non-reconnus en Europe[38] où les récipiendaires, de riches planteurs et éleveurs de bétailesclavagistes, furent qualifiés de « rastaquouères »[39],[40].

L'impératrice douairière de ChineCixi (Ts'eu-Hi) en 1902.

Chine

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Article détaillé :Noblesse chinoise.

Incluant lessouverains et les nobles proprement dits[41], la noblesse chinoise a été un élément important de l’organisation sociale et politique traditionnelle de laChine impériale. Les concepts de souverains héréditaires, de titres de noblesse et de familles nobles apparaissent dès lesdébuts semi-mythiques de l'histoire de la Chine puis, sous ladynastie Zhou un système structuré définissant la noblesse et les nobles se met en place et perdure durant plus de deux millénaires suivants, avec quelques modifications et ajouts dont le plus récent date de ladynastie Qing.

Un titre de noblesse peut être gagné ou perdu à titre posthume, l'élévation posthume étant souvent utilisée comme un moyen d'exprimer sa considération envers le défunt. AinsiGuan Yu, qui vécut à lafin de la dynastie Han, portait de son vivant le titre demarquis de Han Zhou (漢壽亭侯) et reçut à titre posthume le titre deduc de Zhonghui (忠惠公). Sous ladynastie Yuan, Yiyong Wu'an Yingji portait le titre deprince de Xianling (顯靈義勇武安英濟王), avant d'être littéralement « béatifié » et élevé au rang d'empereur sous ladynastie Ming, où il devient le « saint empereur Guan », leGrand dieu qui subjugue les démons des trois mondes et dont la grâce se propage loin et se déplace dans le ciel (三界伏魔大神威遠震天尊關聖帝君). Dans la culture populaire, il est révéré comme étant un Dieu de la prospérité, du commerce, de la guerre et de la police[42].

Ce système perdure jusqu'à laRévolution chinoise de 1911 qui met fin à l'empire chinois. Toutefois larépublique de Chine permet à quelques familles nobles, ayant soutenu le nouveau régime, de garder leurs titres et leurs dignités, mais tous perdent leurs domaines et cela précipite leur déclin économique. Quant à larépublique populaire de Chine mise en place en1949, elle ne se contente pas d'abolir tous les titres, prédicats et indicateurs de noblesse, mais cible l'aristocratie physiquement dans le cadre de lalutte des classes, de sorte que tous ceux qui n'ont pas réussi à fuir le pays sont, au mieux, détenus auxtravaux forcés duLaogai et au pire massacrés sur place, notamment pendant larévolution culturelle. De nos jours, seule une poignée de personnes de ladiaspora chinoise continue à revendiquer tel ou tel titre de noblesse dans l'indifférence générale[43].

Europe

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La noblesse européenne et la tradition de l'héraldique, comme ici chez lespleurants, Louvre.

En Europe, chaque pays a ses proprestraditions nobiliaires[Note 6].

« Statue équestre » d'unchevalier enarmure, sa monture cabrée (ce qui suppose uncheval beaucoup plus musclé que lesraces actuelles).
Portrait de Pierre-Cardin Le Bret seigneur de Flacourt (1639-1710) et de son fils Cardin Le Bret comte de Selles (1675-1734) : l'achat au roi de France d'une fonction de justice (office)anoblit. LesLe Bret,parlementaires d'Aix-en-Provence à la fin duXVIIe siècle.
La noblesse et son histoire est étudiée dans des armoriaux, comme ici desPays-Bas, contenant mariages avec quartiers duXVIIIe siècle.

Antiquité tardive

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EnEurope occidentale, lesroyaumes germaniques copièrent plus ou moins le système romain de délégation de lapotestas[44]. Ainsi, des nobles germaniques purent se voir confier, par lesmaiores natu ou « grands des peuples barbares », des fonctions publiques ouhonores, non héréditaires, comme dans lanobilitas romaine, et ainsi entrer dans lamilitia principis en jurant obéissance « à la romaine » (obsequium) au nouveau roi germanique. Par exemple, pour être mieux accepté et obéi par ses sujetsgallo-romains, largement majoritaires dansson royaume, le souverainfrancChlodwig (Clovis) conserva le droit romain pour les Romains et pour leschrétiens[45], incita ses « grands » à entrer dans ce système et finit par renoncer à sareligion germanique pour adopter lui-même lechristianisme[46].

L'osmose germano-romaine en Occident a été freinée par la division duchristianisme entreariens (variante initialement adoptée par une grande part de la noblesse germanique) etnicéens (variante des autochtones romains[Note 7],[47]) mais facilitée par certaines similarités entre noblesses romaines etgermaniques[Note 8].

Moyen Âge

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Dans laféodalité européenne, le noble,vassal de sonsuzerain et qui a les ressources économiques pour disposer de montures, d'armesd'hast,d'estoc et de taille, d'armures, d'écus, detentes, d'écuyers et de goujats (responsables des bagages), se bat à cheval et s'astreint à des règles de combat spécifiques. L'homme du peuple, moins bien armé et cuirassé, se bat à pied dans l'infanterie, enfantassin, enarcher ou enfrondeur : il est appelé « piéton ». À la fin duMoyen Âge, les innovations technologiques et notamment lesarmes à feu rendent obsolète le combat à cheval en armure lourde, tandis que le besoin demain-d'œuvre agricole et la professionnalisation des métiers d'armes favorise l'usage desmercenaires dans l'infanterie. Cela n'empêchera pas lamythologie associée à lachevalerie de persister jusqu'à la périoderomantique, auXIXe siècle[48].

La noblesse occidentale dans la culture

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Dans la culture occidentale, l'expression métaphorique de « sang bleu » pour les nobles apparaît auXIXe siècle : elle provient de l'espagnol « sangre azul » désignant la noblesse chrétienne actrice de lareconquista, peut-être en référence à l'archétype duhéros princier moralement noble, à l'âme pure comme le ciel bleu sans nuages, appelé enEspagnePrincipe azul[49]. D'autres hypothèses sont proposées pour expliquer cette référence à la couleur bleue : pâleur de la peau des nobles restant à l'abri du soleil et qui les différencie du peuple laborieux des villes et des campagnes à la peau burinée par le soleil et le grand air (lesvaisseaux sanguins des aristocrates transparaissant dans une teinte bleuâtre à travers le filtre de la peau) ; association au statut de laVierge Marie,patronne principale de la France, et dont le bleu est la couleur exclusive et « noble » pour peindre le manteau sur sesreprésentations artistiques (« noble » dans le sens où l'utilisation de pigments bleus pour honorer la Vierge fait appel à un ingrédient extrêmement cher, lelapis-lazuli)[50].

DuXVIe au XVIIIe siècle, l'expression en France est celle de « sang clair », « sang pur » ou « sang épuré », mythe racial qui se diffuse en même temps que celui d'« Occident chrétien » à la fin du règne deLouis XV, dans le contexte d'une réaction nobiliaire face à l'affaiblissement du pouvoir politique de lanoblesse d'extraction face à labourgeoisie et à lanoblesse de robe, et à une réception de l'œuvre d'Henri de Boulainvilliers qui reprend la théorie germaniste des « deux races » (la race supérieure, franque ou germanique, en lutte contre la race inférieure des Gaulois ou Gallo-Romains)[51].

Albrecht Dürer,Le Chevalier, la Mort et le Diable, 1513. Cette gravure a donné lieu à de multiples interprétations au cours des siècles.
AuXXe siècle, une noblesse fictive est mise en scène à travers les œuvres deJ. R. R. Tolkien ou deWalt Disney (ici leChâteau de la Belle au bois dormant àDisneyland,Anaheim,Californie).
Articles détaillés :Occident chrétien,chanson de geste,Légende arthurienne,roman de chevalerie etromantisme.

Karl Ferdinand Werner décrit plusieursmythes concernant la noblesse et le Moyen Âge en général :

  • la noblesse occidentale d'origine germanique se serait intégrée à lamilitas romaine et la chevalerie européenne est l'héritière de lamilitas. Selon Werner il n'y a pas de remplacement des élites romaines par les élites germaniques mais une fusion des deux, les élites germaniques adoptant les formes et les institutions romaines[52].
  • Werner affirme aussi que les privilèges de la noblesse ne relèvent pas du droit privé, comme dans la logique desÉtats de droit modernes qui proscrivent la personnalisation de l'espace public, mais structurent le droit public[53], faisant office d'administration civile et laïque efficace à l'époque féodale[54]. En fait, beaucoup de nobles surveillaient de près et administraient soigneusement, directement ou parrégisseurs oufermiers interposés, les populations qui assuraient leur prospérité[55].
  • Selon Werner, il y a eu plusieurs avantages et apports positifs de la noblesse à la civilisation européenne :
    • les nobles auraient été élevés dans l’idée qu’ils étaient nés pour servir le prince, mais aussi son seigneur,Dieu de qui vient toute autorité et tout idéal de justice. Dans l’idéal, ce service consistait à gouverner les hommes, les protéger, les juger, les aider, plus particulièrement les faibles et les pauvres, les veuves et les orphelins, protéger leclergé, les moines, conformément à l'idéal chrétien[56].
    • la noblesse aurait développé en son sein une culture courtoise bénéficiant à lafemme associée au culte de laVierge Marie : selon Werner,« lemiles a découvert la dignité de la femme, représentée dans ce monde par l’épouse du seigneur, la dame, à laquelle il pouvait avoir le privilège de vouer son service. S'est ainsi développée la civilisation courtoise, avec lapoésie destroubadours et les tournois des chevaliers, plus ritualisés et moins violents que les batailles, dont les dames étaient juges. Toute une culture du respect de la femme et de lagalanterie en est issue ; la femme, qu’elle soit noble ou bourgeoise, devait avoir pas sur les hommes, le plus grand respect étant acquis aux dames âgées et cultivées. Cette culture présupposait des hommes éduqués dans les normes chevaleresques, celles du cavalier à la Cour »[57].

La vision idéalisée de la noblesse européenne deKarl Ferdinand Werner fait abstractiondes razzias, des massacres, des nobles pillards, des campagnes dépeuplées, desguerres de religion, descorvées, desviols, desviolences et desservitudes du temps ; quant aux dames nobles, elles étaient certes mieux nourries, vêtues et traitées que les roturières, mais aussi mariées très jeunes pour nouer des alliances matrimoniales sans que leurs sentiments soient pris en compte[58]. La « galanterie chevaleresque » de l'idéal romantique de Werner occulte le fait que même nobles, les femmes, à l'exception de quelques souveraines très énergiques, étaient juridiquement mineures et n'existaient que comme filles, épouses ou sœurs des hommes de leur famille[59].

Sayajirao Gaekwad III,maharaja de l'État indien du Baroda.

Inde

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Parmi lesvarṇas (castes) de l'Inde, aujourd'hui sans existence légale[60] mais toujours très présentes dans la structure sociale[61], ce sont les plus minoritaires : lesbrahmanes ou prêtres et, parmi leskshatriyas ou guerriers, leslignées derājans ourājahs (ou seigneurs, particulièrement lesmaharājahs ou souverains), qui constituaient la noblesse[62]. Ce système a été diffusé, en même temps que l’hindouisme, enIndochine,Malaisie etIndonésie[63]. Lorsque l’hindouisme a été supplanté par lebouddhisme ou l’islam, lesrājahs ont perduré comme maîtres de la terre, et lesmaharājahs comme rois bouddhistes ousultansmalais.

Indonésie

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Articles détaillés :Noblesse indonésienne etTitres de noblesse indonésiens.
Unregent javanais et sa famille (1888).

Bien que l'Indonésie soit aujourd'hui une république, on y trouve encore de nombreuses cours royales et princières dont les membres forment une noblesse de sang qui n'a plus de privilèges mais conserve ses titres. Les chefs de cesmaisons ont encore un rôle symbolique et rituel. Il existe en outre des rites par lesquels on accorde une distinction nobiliaire à des personnes. Enfin, àJava, les descendants d'unenoblesse de robe créée auXVIIe siècle par leSultan Agung duroyaume de Mataram, lespriyayi, sont souvent reconnaissables à leurnom de famille, alors que ce dernier n'est pas encore une institution répandue pour la grande majorité desIndonésiens[64].

Japon

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Undaimyo japonais en visite d'État.
Fukuzawa Yukichi, samouraï de rang médiocre et grand intellectuel japonais, photographié en Allemagne ; les armoiries de son clan figurent sur son habit.

Source de ce sous-chapitre[65].

Jusqu'en 1869, la noblesse japonaise (kuge) était structurée sur le modèle chinois, et basée sur la possession de grands domaines dont les habitants étaient desserfs (auxquels pouvaient s'ajouter lesesclaves des grands propriétairesdaimyo : on pouvait devenir esclave pour dettes, comme punition à la suite d'un jugement, ou comme prisonnier de guerre si on n'était pas mort les armes à la main car dans les trois cas on était déshonoré et on cessait d'être une personne pour devenir une « chose » (hinin 非人).

Initialement, ce qu'on appelle,stricto sensu, noblesse japonaise (kuge) s'est articulée autour du souverain impérial, d'où procédaient tous les honneurs, apanages et charges décernés aux clans de courtisans (uji) comme lesFujiwara ouMononobe), dont nombre d'origine coréenne (Soga). Les chefs de ces clans portaient des titres hiérarchisés oukabane. Parallèlement, dès leVIIe siècle, s'est constituée une noblesse de service qui a peu à peu accaparé la réalité du pouvoir, sans jamais éliminer leskuge, lessamouraï[Note 9]. Cette classe, sans équivalent en Europe[Note 10], s'est rapidement fédérée autour de descendants de princes impériaux (lesHeike et lesGenji), puis desshoguns. Ses principaux chefs, politiques et gouverneurs régionaux (lesdaimyo[Note 11] et lesshomyo[Note 12]) ont été graduellement admis au sein deskuge (d'autant plus qu'ils en procédaient le plus souvent)[Note 13]. Dans l'ensemble, les samouraï ont fourni au Japon shogounal la plupart de ses cadres, de ses militaires et de ses fonctionnaires, surtout provinciaux. Les chefs héréditaires de sectes ou de temples étaient généralement d'origine samouraï et classés comme tels.

Lors de lapériode Meiji (1868), le nouveau gouvernement institua une nouvelle noblesse, oukazoku(華族?,littéralement « ascendance fleurie »), inspirée du système français (napoléonien) et anglais. Elle fut abolie à la fin de laSeconde Guerre mondiale. Les bénéficiaires furent surtout des politiques (princeItō Hirobumi, artisan de la colonisation japonaise de la Corée), des hauts fonctionnaires et des hommes d'affaires (baron Iwasaki Yatarô, fondateur du groupeMitsubishi). Hormis lesTokugawa, la distribution des titres dekazoku pour les anciensdaimyos dépendait du revenu en riz de cesseigneurs féodaux : ceux qui percevaient plus de 150 000 koku devinrent marquis, ceux qui percevaient plus de 50 000 koku devinrent comtes, etc. L'ancienshogun,Tokugawa Yoshinobu, devint prince, les chefs des branches primaires de la familleTokugawa (shimpan daimyō) devinrent marquis et les chefs des branches secondaires devinrent comtes. Ainsi, lakuge (la noblesse de la cour impériale deKyoto) et lesdaimyo (lesseigneurs féodaux) fusionnèrent en une seule classe aristocratique.Itō Hirobumi, un des acteurs de larestauration de Meiji et plus tard l'un des auteurs de laConstitution de 1889, destinait lekazoku à servir de rempart pour l'empereur et l'institution impériale rénovée, qui élargit le statut dekazoku aux personnes ayant brillamment servi la couronne.

Article détaillé :Kazoku.

En 1884, le gouvernement divisa lekazoku en cinq rangs explicitement basés sur lapairie de Grande-Bretagne. Ce système utilise des titres dérivés des anciens titres de noblesse d'avant 1864 qui, eux aussi, sont au nombre de cinq :

LaConstitution actuelle du Japon, datant de 1947, abolit lakazoku et les titres, prédicats et indicateurs de noblesse en dehors de la famille impériale. En revanche, elle ne priva pas lakazoku de ses biens, de sorte que ses membres conservèrent leur assise économique et qu'auXXIe siècle encore, les descendants des anciennes familles nobles continuent à occuper des postes de première importance dans lasociété et l'industrie[67].

L'empire du Japon actuel[Note 14],État démocratique, ne reconnaît de noblesse que pour le seul noyau de lafamille impériale, c'est-à-dire letennō, ses oncles et tantes par les hommes, ses frères et sœurs, leurs enfants et les siens.

AuXXIe siècle, 4 710 blasons (mons, originaux et variantes incluses) existent au Japon[68].

Perse

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EnPerse impériale on différenciait deux catégories de nobles :ashrâfiyyat-e divâni etashrâfiyyat-e lashgari, qui correspondaient plus ou moins à la distinction entre lanoblesse de robe et celle d'épée. Sous lesArsacides, la noblesse du premier rang se définissait par la parenté (lafiliation ou lagermanité) avec la personne duShah. Ainsi, les membres de Mehestan (nom hérité du Sénat iranien sous l'Empire parthe) étaient nommés parmi les princes de sang qui de ce fait appartenaient au plus haut rang de la noblesse. Avec l'avènement de ladynastie Pahlavi en1924,Reza Shah fit voter une série de lois portant l'abolition de tous lesprivilèges et titres de la noblesse, commeMirza (persan ميرزا, transcritmourza,murza oumorza et fréquemment pris pour unpatronyme dans les sources secondaires)[69]. L'usage deMirza parcourtoisie a néanmoins perduré jusqu'à larévolution iranienne en 1979 et existe encore dans ladiaspora iranienne[70].

Portrait d’un mourza parVassili Sourikov, 1873.

Peuples cavaliers des steppes

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Initialementchamaniste outengriste, la noblesse despeuples cavaliers de lasteppe eurasienne (Scythes,Sarmates,Huns,Avars,proto-Bulgares,Alains,Khazars,Magyars,Pétchénègues,Polovtses (Coumans),Mongols,Tatars…)[71] comprenait plusieurs rangs : à partir duVIIe siècle apparaissent les titres dekhan (« souverain ») d'origineturco-mongole, deboïla (бꙑлꙗ, « noble ») d'originebulgare[72] et demirza (« prince », d'origine perse)[73].

Ces titres identifiaient les aristocrates deskhanats proto-bulgares de lamer Noire (steppe pontique), dela Volga etdu Danube, ainsi que ceux des khanatsturcophones deQazan, d'Astrakhan, deFerghana, deKhiva ou deBoukhara, mais aussi les princescircassiens absorbés par les tatars, les nobles polovtses et tatars absorbés par lesprincipautés russes ouroumaines ainsi que l'aristocratie des pays balkaniques d'avant lachristianisation par l'église byzantine ou d'avant laconquête turque et l'islamisation[74].

Ce qui subsistait de cette « noblesse des steppes » au début duXXe siècle disparaît ou émigre en Occident après larévolution d'Octobre de 1917 en Russie, après l'abolition de l'Empire ottoman remplacé par larépublique de Turquie en 1923 et après l'avènement desgouvernements communistes enEurope centrale et orientale à partir de 1945[75].

L’Ariki nuiPori Makea, roi polynésien deTeauotonga àRarotonga en 1833, portant sonta’iri (éventail équivalent d'un sceptre).

Polynésie

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EnPolynésie, unariki est un guerrier, et le chef des guerriers, l’ariki nui (littéralement « grand guerrier ») est le chef tribal, souvent assimilé à un roi, au statut généralement semi-héréditaire. Auxîles Marquises par exemple, la société comprenait cinq classes : les familles nobleshakaiki parmi lesquelles chaque tribu avait sa lignée royale héréditaire (hérédité pas forcément patrilinéaire), lestaua ou prêtres, leskaïoï ou clans libres ordinaires (chacun ayant ses propresaffiliations initiatiquestotémiques), lestuhuna (artisans, artistes, conteurs) et leskikino (serfs et serviteurs, pouvant être des captifs de guerre ou des personnes punies pour avoir enfreint destabous ou pour dettes)[76]. À partir duXVIIIe siècle, la christianisation et l'européanisation des institutions aboutit à la création des monarchies d'Hawaii, deBora Bora, deRaiatea et deTahiti, autour de dynasties comme celles deKame ha Meha àHawaii ou dePōmare àTahiti[77].

Ces états ne résistèrent que quelques décennies auxprotectorats imposés par lespuisances coloniales, mais auxTonga, des titres de noblesse furent conférés à des grands chefs traditionnels lors de la fondation du royaume des Tonga en tant qu'État d'inspiration occidentale, auXIXe siècle, posant ainsi les fondements d'unenoblesse tongienne qui dispose jusqu'à ce jour[Quand ?] d'un grand prestige, ainsi que de prérogatives politiques[78]. ÀWallis-et-Futuna, leprotectorat français ne destitua pas leslavelua (souverains), assistés dekivalu (ministres) et defaipule (gouverneurs), de sorte qu'aujourd'hui ceterritoire français d'outre mer n'est pasrépublicain maistriplement monarchique avec les troisroyaumes coutumiers d'Alo,Sigave etUvea, reconnus et représentés à l'assemblée territoriale[79].

Notes et références

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Notes

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  1. En 2020 il existe dans le monde28 monarchies (sur193 États reconnus par l'ONU) en comptant pour une celles duCommonwealth et en ne comptant que les monarchies souveraines, pas lesroyautés coutumières beaucoup plus nombreuses.
  2. Monarchies souveraines africaines :Eswatini,Lesotho etMaroc ; l'Afrique compte aussi 34 royautés coutumières n'ayant pas le statut d'État souverain.
  3. Monarchies souveraines asiatiques :Arabie saoudite,Bahreïn,Bhoutan,Brunei,Cambodge,Émirats,Japon,Jordanie,Koweit,Malaisie,Oman,Qatar etThaïlande.
  4. Monarchies souveraines européennes :Norvège,Suède,Danemark,Pays-Bas,Belgique,Luxembourg,Royaume-Uni,Espagne,Monaco etLiechtenstein ; l'Andorre et leVatican sont des états à constitution monarchique, mais sans maison royale.
  5. Monarchies souveraines océaniennes :Samoa etTonga ; àWallis-et-Futuna il existe aussi trois royautés coutumières, mais sousprotectorat français.
  6. Voir lacatégorie « Noblesse européenne » et ci-dessous les articles connexes.
  7. De nombreuses sources occidentales commeCharles George Herbermann dans l’Encyclopédie catholique ouMichel Le Quien dansOriens Christianus, désignent lechristianisme nicéen des Romains sous le vocable « Église catholique », paranachronisme puisque cela se passe avant laséparation des Églises d'Orient et d'Occident et avant les 14 conciles postérieurs à celle-ci, qui définissent l'Église catholique romaine actuelle.
  8. Dans la hiérarchie administrative et militaire romaine, les fonctions deduc et decomte existaient déjà (Werner 2012,p. 428), comme l'atteste un texte de Wandrille qui, après sa période aulique, fut nomméexactor rei publicæ gentis Francorum, l’exactura étant un terme romain pour l'administration fiscale, qui n'a jamais cessé d'être utilisé et l'était encore sous le roi Pépin (Werner 2012,p. 396). Leroyaume franc qui intègre l'héritage romain, emploie les termes denobiles viri ouillustres viri (« hommes illustres »), mais aussi des termes tels queproceres pour « les grands ».La pratique du serment par la noblesse romaine transfère le serment de fidélité des nobles au roi germanique devenuprinceps dans son royaume : ainsi, auVIe siècle, le roi exigea ce serment « à la romaine » de tous ses sujets libres etCharlemagne se fit jurer fidélité deux fois, « à la romaine » et « à la germanique », et « devant Dieu » ; sous les Mérovingiens ce serment de fidélité liant les grands au roi est parfaitement attesté (Werner 2012,p. 265-266).Des centres de commandement romains sont maintenus par les rois germaniques : le comte germain peut résider dans l'ancien prétoire romain, contrairement à l'image des « cours barbares » comme autant de « villages de tentes » ou de « grandes fermes en bois » (Werner 2012,p. 393 et Carl-Richard Brühl,Palatium et Civitas, 1975). Au début, les tribunaux romains conservèrent leur qualité de lieux publics sous l'autorité des grands germaniques (Werner 2012,p. 650). Des nobles romains se sont parfois maintenus par alliance avec les grands de l'aristocratiegothique,vandale,franque,burgonde oulombarde qui adoptèrent eux aussi lecingulum (Werner 2012,p. 581).AuxVe,VIe et VIIe siècles, le haut clergénicéen des royaumes germaniques, mêmeariens, pouvait être d'origine romaine sénatoriale, et l'enseignement des élites permettait de conserver une partie des savoirs de l'antiquité (Werner 2012,p. 394). Par exemple, à la cour d'Austrasie àMetz, dès leVIe siècle dont Werner cite l'exemple, les écrits que Venance Fortunat a adressé aux grands révèlent leurs accès aux sources antiques.Arnoul de Metz fut présenté à la cour par un noble de sa famille, de rang sénatorial : Gundulf. Formé à la cour, il finit par administrer de larges parties de l'Austrasie et devenir un des hommes les plus puissants du royaume. Il y a d'autres exemples de formations auliques comme celui des parents du futur saintErmeland (VIIe siècle).
  9. Terme vieilli (de nos jours, on dit plutôtbuke) ;samurai provient du verbesaburau, signifiant « garder », « servir ».
  10. Par extension, on pourrait vaguement l'apparenter à lahidalguia espagnole ou à lagentry anglaise, etc.
  11. Grands seigneurs apanagés.
  12. Petits seigneurs apanagés.
  13. L'importance des daimyos et desshomyo dans la hiérarchie nobiliaire (voir laliste des clans japonais) était proportionnelle aux revenus officiels (calculés enkoku de riz) qu'ils tiraient de leurs apanages, ainsi qu'à leur situation géographique; néanmoins, ces revenus étant calculés par le pouvoir shogounal lors de la prise de fonction du chef de famille, ils correspondaient généralement assez peu à la réalité des richesses de la région concernée. AuXVIIe siècle, unkoku équivalait - officiellement - à quelque180 litres de riz, soit la quantité nécessaire pour nourrir un adulte pendant une année.
  14. Le nom officiel du Japon estnihonkoku(日本国?), c'est-à-dire le pays à/de l'origine du jour/soleil.

Références

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Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Généralités

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En Europe par pays

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