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Njapche | |
![]() Njapche à la pistache | |
Autre(s) nom(s) | Morelle noire |
---|---|
Lieu d’origine | ![]() |
Place dans le service | plat principal |
Température de service | Chaud ou tiède |
Ingrédients | feuilles deMorelle noire, pistaches , huile de palme et autres épices locales |
Accompagnement | quenouh (boisson locale faite à base de la canne à sucre) |
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LeNjapche (ouNdjapche) est un mets traditionnel dudépartement du Noun, dans la région del’Ouest Cameroun.
Ce plat populaire typique représentel’identité culturelle et l’hospitalité de tout unpeuple. Préparé avec desingrédients locaux, le Njapche offre une combinaison unique desaveurs et detextures.
L'origine du Njapche, remonte à l'utilisation d'unlégume spécifique dans sa préparation : lamorelle noire. Au départ, ce légume se trouvait uniquement sur lesrives gauches dufleuve Noun,territoire occupé par le peuple Bamoun, tandis que l'autre rive était habitée par le peupleBamiléké. Les Bamouns considéraient ce légume comme un dondivin, une véritablemanne offerte parDieu. Initialement, le Njapche était consommé uniquement lors de certainsrites et commeoffrande. Au vu, de l'abondance de ce légume, saconsommation s'est généralisée et il a même été exporté vers des contrées voisines[1].
Selon lalégende, les habitants de larive droite dufleuve, intrigués par lesfeuilles mystérieuses qui conféraient une grande force aux guerriers Bamouns, ont traversé le fleuve pour s'approprier ce fameux légume. Malheureusement, ils n'ont jamais réussi à préparer le véritable Njapche authentique, à l’instar de la femme Bamoune, qui maîtrise véritablement sa préparation, préservant ainsi son authenticité et cethéritage culinaire[2].
Le Njapche se prépare de trois façons, selon les préférences et lestraditionslocales : avec dubeurre d'arachide, à lapistache (commeingrédient clé) et enfin, en sauté avec de latomate comme ingrédient principal.
Pour relever lasaveur du Njapche, différentscondiments sont utilisés. Il s'agit notamment de l’huile rouge,sel, tomate,oignon,poivron vert,poireaux et autres condiments locaux. Ces ingrédients sont écrasés ensemble sur une pierre plate etovale, ce qui permet de libérer leurs saveurs et de les mélanger[3].
Les feuilles découpées de Njapche sont bouillies parfois avec dusel gemme selon lessaisons (ensaison sèche, les feuilles plus dures nécessitent lesel gemme, ensaison pluvieuse pas besoin de cet ingrédient, car les feuilles sont plus tendres), généralement sur unfeu de bois. Les feuilles ainsi bouillies sont lavées à l’eau froide afin de retirer le goût du sel gemme. Pendant ce temps, les condiments préparés sont frits dans de l'huile rouge de palme, ce qui crée unparfumappétissant. Ensuite, on ajoute notre Njapche bouillie et les pistaches si c’est au pistache ou du beurre d’arachides si c’est aux arachides avec les condiments. on sale ajoute de l’eau et contrôle lacuisson[4].
Lecouscous de maïs est un complément important dans la préparation du Njapche . Il est fait à partir demanioc séché et moulu, mélangé avec de lapoudre demaïs. Ce mélange est ensuite tourné dans unemarmite bouillante posée sur le feu. Le processus de tournage du couscous demande de l'énergie et de laméthode. Le résultat est une boule de couscous blanchâtre, savoureuse, qui est considérée comme un signe desavoir-faireculinaire féminin[5].
Le Njapche est souvent servi en accompagnement du couscous, et ces deux plats se complètent mutuellement. Selon la tradition bamoune, la capacité d'unefemme Bamoune à préparer un délicieux couscous au Njapche est considérée comme unequalité appréciée par le mari. Le couscous Njapche peut être accompagné d'uneboisson traditionnelle appelée quenouh, fabriquée à base decanne à sucre, pour compléter unrepas festif[6].
Le Njapche revêt une signification culturelle etsociale importante au Cameroun, en particulier dans le royaume Bamoun. Ce plat est associé à l'identité culinaire etethnique de ce royaume et est considéré comme unsymbole de fierté et d’appartenance .
Sur le plan culturel, le Njapche est fréquemment préparé lors de grandes occasions festives, telles que les célébrations familiales, les mariages, lesbaptêmes, lesfunérailles ou d'autres événements sociaux culturels tels que leNguon (fête de la récolte). Sa confection et sadégustation sont généralement accompagnées de rituels et de traditions spécifiques, ce qui en fait un moment de rassemblement et de partage au sein de lacommunauté.
En tant que plat traditionnel qui se veut d’être préservé, le Njapche est transmis de génération en génération, principalement par les femmes qui détiennent unsavoir-faire culinaire pour le préparer. Cela renforce ainsi le rôle des femmes dans la préservation d’unpatrimoine culturel dont l’écho retentit bien au-delà du Cameroun. Cette préservation maintient ainsi l'identité culinaire de la communauté.
Sur le plan social, le Njapche occupe une place particulière dans les relations familiales et conjugales. Il est dit que les maris Bamoun et même la belle famille apprécient les femmes qui savent bien cuisiner le Njapche, ce qui souligne l'importance de la compétence féminine dans la construction des relations familiales harmonieuses. Du coup, la maîtrise de la préparation du Njapche est considérée comme un signe de compétence, derespect et d'attention et même de bonneéducation envers la famille et les invités.
Le partage du Njapche lors des repas rassemble lafamille et les proches, renforce ainsi les liens sociaux et familiaux. Il crée un sentiment de convivialité, de générosité et d'appartenance communautaire, encore plus dans ladiaspora bamoune. La dégustation du Njapche est souvent accompagnée de discussions sur certains faits marquants sociaux, contribuant ainsi à la création d'un environnement festif et chaleureux.
Le Njapche incarne l'identité culturelle, la transmission des traditions, la valorisation des compétences culinaires féminines et lacohésion sociale au sein de la communauté.
De nos jours, la préparation du Njapche se fait habituellement en utilisant des ingrédientsindustriels qui sont étrangers à la région du Noun (des huiles raffinées produites en masse...). De plus, certaines épices provenant d'autres régions y sont ajoutées. Tout ceci altère la saveur du plat et lui fait perdre sonauthenticité.
Ces pratiquesmodernes conduisent à unedénaturation du Njapche, qui avec le temps peut perdre sa véritable essence et son lien avec les traditions culinaires Bamounes. Cette réadaptation culinaire impacte négativement sur l'authenticité et la qualitégustative de ce platemblématique.
La culture, laproduction et la préparation du Njapche font travailler les agriculteurs, les producteurs et les vendeurs locaux. La demande de Njapche et des ingrédients nécessaires à sa préparation stimule l'activité économique au niveau local.
De plus, la valorisation du Njapche en tant que plat traditionnel contribue au développement dutourisme culinaire. Les visiteurs intéressés par la culture et la gastronomie camerounaise sont attirés par l'expérience de déguster le Njapche préparé de manière authentique, ce qui peut soutenir les petites entreprises derestauration et d'hébergement dans ledépartement[7]
En ce qui concerne la préservation des traditions, le Njapche joue un rôle essentiel. La transmissionintergénérationnelle des connaissances et des compétences nécessaires pour préparer le Njapche garantit la perpétuation des traditions culinaires de la communauté Bamoun. Les femmes, en tant que gardiennes de ces traditions, jouent un rôle crucial dans la préservation et la transmission du savoir-faire associé à la préparation du Njapche.
Il est important de soutenir et de promouvoir la préservation des traditions culinaires comme le Njapche. Cela peut se faire par le biais de programmes éducatifs, de la documentation des recettes et des techniques de préparation, de l'organisation d'événements culturels mettant en valeur la cuisine traditionnelle et de la sensibilisation à l'importance de la préservation du patrimoine culinaire local.