| Niouserrê | |
Statue de Niouserrê conservée auBrooklyn Museum deNew York | |
| Période | Ancien Empire |
|---|---|
| Dynastie | Ve dynastie |
| Fonction principale | Pharaon |
| Prédécesseur | Chepseskarê |
| Successeur | Menkaouhor |
| Famille | |
| Grand-père paternel | Sahourê |
| Grand-mère paternelle | Méretnebty |
| Père | Néferirkarê |
| Mère | Khentkaous II |
| Conjoint | Rêpoutnoub |
| Enfant(s) | ♀Khâmerernebty ♀Sheretnebty ♂ Un fils au nom perdu ♂Menkaouhor ? ♂Djedkarê Isési ? |
| Fratrie | ♂Néferefrê ♂Iryenrê |
| Sépulture | |
| Nom | Pyramide de Niouserrê |
| Type | Pyramide à faces lisses |
| Emplacement | Abousir |
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Niouserrê Ini (en grecRathurês, ´Ραθούρης) est le sixièmesouverain de laVe dynastie égyptienne. Il règne pendant l'Ancien Empire, aux alentours duXXVe siècle avant notre ère[1]. Niouserrê est le fils cadet du roiNéferirkarê et de la reineKhentkaous II, et le frère du roi éphémèreNéferefrê. Il a peut-être succédé directement à son frère, comme l'indiquent des sources historiques plus récentes. Alternativement,Chepseskarê a pu régner entre les deux, comme le supposeMiroslav Verner, mais seulement pour quelques semaines ou quelques mois. La relation entreChepseskarê,Néferefrê et Niouserrê reste très incertaine. Niouserrê fut à son tour remplacé parMenkaouhor, qui fut peut-être son neveu et un fils deNéferefrê.
Niouserrê fut le bâtisseur le plus prolifique de sadynastie. Il a construit trois pyramides pour lui-même et ses épouses, ainsi que trois autres pour son père, sa mère et son frère, toutes dans la nécropole d'Abousir. Il éleva le plus grandtemple solaire de l'Ancien Empire, nomméShesepibrê ou « Celui qui réjouit le cœur de Rê », situé àAbou Ghorab. Il a également achevé leNekhenrê, le temple solaire d'Ouserkaf àAbou Ghorab, et le temple de la vallée deMykérinos àGizeh. Ce faisant, il fut le premier roi depuisChepseskaf, dernier souverain de laIVe dynastie, à s'intéresser à la nécropole deGizeh. Il faut peut-être voir là une tentative de légitimation de son règne, à la suite de la mort inattendue de son frèreNéferefrê.
Peu de signes indiquent une action militaire sous le règne de Niouserrê. L'État égyptien continuait à entretenir des relations commerciales avecByblos, sur la côtelevantine, et à organiser des expéditions d'extraction minière dans leSinaï et la Basse-Nubie. Le règne de Niouserrê vit la croissance de l'administration et la naissance effective des nomarques, gouverneurs provinciaux qui, pour la première fois, furent envoyés vivre dans les provinces qu'ils administrent plutôt qu'à la cour du pharaon.
Comme les autres rois de l'Ancien Empire, Niouserrê bénéficia d'un culte funéraire après sa mort. Parrainé par l'État, le culte officiel de Niouserrê subsista pendant des siècles, survivant même à la première période intermédiaire et jusqu'à laXIIe dynastie duMoyen Empire. Parallèlement, un culte populaire spontané apparut avec une vénération de Niouserrê sous son nom de naissance,Ini. Dans ce culte, Niouserrê jouait un rôle semblable à celui d'un saint, invoqué comme intercesseur entre les croyants et les dieux. Ce culte a laissé peu de traces archéologiques et semble s'être maintenu jusqu'auNouvel Empire, près de mille ans après sa mort.
Niouserrê est le fils cadet deNéferirkarê Kakaï et deKhentkaous II[2],[3],[4]. C'est ce que montre un relief trouvé dans le temple mortuaire de sa mère, oùKhentkaous II et Niouserrê sont représentés avec la même taille[3]. Il est également le frère cadet deNéferefrê[5] et il a un autre frère nomméIryenrê[6],[7].
Niouserrê semble avoir eu au moins deux épouses, comme en témoignent deux petites pyramides situées à l'extrémité sud du champ pyramidal d'Abousir[8]. Les deux monuments portent aujourd'hui les noms de LepsiusXXIV et LepsiusXXV, qui leur ont été donnés parKarl Richard Lepsius dans sa liste de pyramides. Ils sont fortement ruinés et les noms de leurs propriétaires sont inconnus[8]. L'une de ces deux reines a pu êtreRêpoutnoub[9], la seule épouse connue de Niouserrê. Son existence et sa relation avec Niouserrê sont attestées par une statuette fragmentaire en albâtre de la reine[10],[note 1], découverte dans le temple de la vallée[11] du complexe pyramidal de Niouserrê[12]. Des fragments de reliefs de la tombe du vizirPtahchepsès donnent les titres d'une reine, et bien que son nom soit perdu, ces titres sont les mêmes que ceux queRêpoutnoub portait[13]. Cela conduit les égyptologues à penser que ceux-ci se rapportent bien à elle[14],[12].
Niouserrê etRêpoutnoub ont probablement eu une fille, en la personne de la princesseKhâmerernebty[5],[15],[note 2], comme le suggère son titre de « fille du roi » ainsi que son mariage avec le puissant vizirPtahchepsès[16],[17]. Cette hypothèse est resté conjecturale jusqu'à ce qu'une preuve de cette relation soit découverte[13]. Le lien établi entreRêpoutnoub etKhâmerernebty est un relief de la tombe dePtahchepsès, dont la présence semble naturelle[18],[13] siRêpoutnoub est la mère deKhâmerernebty[19].
En 2017, la tombe deCheretnebty, une fille de Niouserrê jusque-là inconnue, a été fouillée àAbousir-sud par une équipe dirigée par Miroslav Bárta. Elle était mariée à un haut fonctionnaire égyptien dont le nom a disparu. Selon Bárta, ce mariage reflète le népotisme croissant de l'élite égyptienne et la dilution progressive du pouvoir royal[20].
Niouserrê a eu au moins un fils. Son premier-né, dont le nom est perdu, est représenté sur plusieurs fragments en relief[21],[22] du temple funéraire de son complexe pyramidal[12]. Au-delà du titre d'Iry-pat et de « fils aîné du roi », ce prince possédait probablement deux titres sacerdotaux : « prêtre lecteur »[23] et « prêtre de Min »[note 3],[24]. Bien que le nom de ce fils aîné soit perdu,Michel Baud observe qu'un fragment de relief comporte un "r[e]", peut-être une partie du nom du prince. Dans ce cas, il se distinguerait deMenkaouhor, le successeur de Niouserrê[26].
Les liens précis entre Niouserrê etMenkaouhor restent incertains. Mais les preuves indirectes du mastaba deKhentkaous III, découvert en 2015, favorisent l'hypothèse queMenkaouhor était un fils deNéferefrê, et donc un neveu de Niouserrê plutôt que son propre fils[27].Khentkaous III est appelée « épouse du roi » et « mère du roi » dans les inscriptions laissées par les constructeurs de sa tombe. Étant donné l'emplacement du mastaba près de la pyramide deNéferefrê, son mari était probablement ce pharaon[28],[29]. Puisqu'elle était aussi la mère d'un roi et que Niouserrê était le frère deNéferefrê, le fils en question est très probablement le futurMenkaouhor, qui aurait ainsi succédé à son oncle[27].
Quoi qu'il en soit, la succession de Niouserrê semble s'être bien passée. Un sceau portant les noms de Niouserrê et deMenkaouhor a été découvert dans le complexe funéraire de la mère de Niouserrê,Khentkaous II[30],[31]. Un autre sceau semble porter les noms de Niouserrê et deDjedkarê Isési, ce dernier étant le deuxième successeur de Niouserrê[32],[31]. Pris ensemble, ces sceaux révèlent qu'à tout le moins,Menkaouhor etDjedkarê Isési ne considéraient pas Niouserrê comme un opposant[33],[34],[35].


L'Ægyptiaca deManéthon indique que Niouserrê a régné quarante-quatre ans[36], un chiffre qui est rejeté par les égyptologues, qui lui attribuent environ trois décennies de règne[37] en raison de la pénurie de dates sûres pour son règne[note 4],[39]. La ligne ducanon royal de Turin concernant Niouserrê est endommagée et la durée de son règne est difficile à lire. Après l'étude duCanon royal de Turin parAlan Henderson Gardiner en 1959[40], des chercheurs tels que Nigel Strudwick ont attribué à Niouserrê onze ans de règne[41],[note 5]. La lecture duCanon royal de Turin par Gardiner a ensuite été réévaluée à partir de fac-similés, donnant à Niouserrê un règne de vingt-quatre ou vingt-cinq ans. Cette durée est acceptée par des chercheurs commeNicolas Grimal[43]. Des études plus récentes du papyrus original menées parKim Ryholt ont montré que la longueur du règne de Niouserrê, telle que rapportée sur le document, pourrait également être de 11-14, 21-24, ou 31-34 ans[44],[note 6],[44]. Les égyptologues Nigel Strudwick et Miroslav Verner sont maintenant en faveur de ce dernier nombre[39].
L'opinion selon laquelle Niouserrê a régné plus de vingt ans est d'ailleurs étayée par des preuves archéologiques qui laissent présager un long règne. Verner, qui fouille la nécropole d'Abousir depuis 1976 pour le compte de l'université de Prague, souligne les nombreuses constructions de Niouserrê, dont pas moins de trois nouvelles pyramides, l'achèvement de trois autres, la construction du plus grand temple solaire construit sous l'Ancien Empire et des travaux plus modestes comme la rénovation du complexe funéraire deMykérinos[45].
L'hypothèse d'un règne de plus de trente ans pour Niouserrê est soutenue indirectement par des reliefs découverts dans son temple solaire, et qui le montrent participant à unefête-Sed. Cette fête avait pour but de rajeunir le roi et était normalement célébrée après trente ans de règne. Mais la représentation de la fête faisait partie des décorations typiques des temples associés aux rois sous l'Ancien Empire[45], et ne prouve pas nécessairement un long règne[note 7]. Par exemple, un relief montrantSahourê dans la tunique de lafête-Sed a été trouvé dans son temple mortuaire[46],[47], alors que les sources historiques et archéologiques s'accordent à dire qu'il a gouverné l'Égypte pendant moins de quatorze ans[48],[49],[50]. Pourtant, dans le cas de Niouserrê, ces reliefs ainsi que les preuves archéologiques ont convaincu la plupart des égyptologues que Niouserrê a eu plus de trente ans de règne, et que « les scènes de lafête-Sed d'Abou Ghorab reflètent réellement le trentième anniversaire de l'accession du roi au trône »[45].
Les reliefs de lafête-Sed de Niouserrê offrent un rare aperçu des rites pratiqués durant cette cérémonie. En particulier, l'évènement semble avoir inclus une procession dans une barque sur un plan d'eau[51],[52]. Ce détail n'est pas représenté (ou a été perdu) dans les représentations ultérieures, jusqu'à celle du règne d'Amenhotep III, plus de mille ans après celui de Niouserrê[52].
En plus des monuments d'Abousir, diverses attestations de Niouserrê se trouvent parfois dans des contextes de réemploi :
Deux hypothèses concurrentes existent pour décrire la succession des événements allant de la mort deNéferirkarê, troisième roi de laVe dynastie, au couronnement de Niouserrê, sixième souverain de laVe dynastie. S'appuyant sur des sources historiques, notamment latable de Saqqara et l'Ægyptiaca deManéthon d'après lesquelsNéferefrê aurait succédé àChepseskarê, de nombreux égyptologues tels queJürgen von Beckerath etHartwig Altenmüller, ont toujours cru[54] à la succession royale suivante :Néferirkarê →Chepseskarê →Néferefrê → Niouserrê. Dans ce scénario,Néferefrê serait le père de Niouserrê, qui serait devenu pharaon après la mort inattendue du premier[15],[55].
Ce point de vue a été contesté, notamment parMiroslav Verner en 2000 et 2001[56],[57],[58]. Lesfouilles de la nécropole d'Abousir indiquent que le prétendu prédécesseur deNéferefrê,Chepseskarê, n'a probablement régné que quelques mois, entreNéferefrê et Niouserrê.Verner propose donc que la succession royale soit :Néferirkarê →Néferefrê →Chepseskarê → Niouserrê. À l'appui de cette hypothèse,Verner observe queNéferefrê et Niouserrê étaient des frères, tous deux fils deNéferirkarê[note 8]. Il existe également des preuves queNéferefrê était le fils aîné deNéferirkarê. Donc au décès de son père, dans sa vingtième année, il était donc susceptible d'hériter du trône[61]. Ces observations, ainsi que d'autres preuves archéologiques telles que l'absence d'une pyramide deChepseskarê et la position deNéferefrê, ont convaincuVerner queNéferefrê a directement succédé à son père, décédé après un court règne d'environ deux ans[61].
Niouserrê était alors encore enfant et, dans cette hypothèse, sa prétention au trône se heurtait à un sérieux défi en la personne de son éventuel oncleChepseskarê qui a pu être un fils deSahourê. Par ailleurs,Chepseskarê peut avoir été un fils supposé deNéferefrê[62], ou moins probablement un usurpateur extérieur à la famille royale[63]. En tout cas,Chepseskarê aurait réussi à porter la couronne pendant une courte période. Niouserrê l'emporta finalement, soit à cause de la mort prématurée deChepseskarê, soit parce qu'il était soutenu par de puissants hauts fonctionnaires et membres de la famille royale[64], au premier rang desquels sa mèreKhentkaous II etPtahchepsès[60]. Cette dernière hypothèse est motivée par les positions élevées que les deux individus semblent avoir appréciées. Le temple mortuaire deKhentkaous II a été conçu en imitant celui d'un roi, par exemple en incorporant sa propre pyramide satellite et ayant un alignement sur un axe est-ouest[65]. Ces caractéristiques, ainsi que le titre particulier deKhentkaous II deMout Nisou bity Nisou bity bity, traduit à l'origine par « mère du roi de Haute et Basse-Égypte [exerçant la fonction de] roi de Haute et Basse-Égypte » ont conduit certains égyptologues, dontVerner, à proposer qu'elle pourrait même avoir régné en son propre nom[65]. Cette hypothèse est maintenant jugée peu probable, et son titre est plutôt traduit par « mère de deux rois de Haute et Basse-Égypte »[note 9].Ptahchepsès devint vizir sous Niouserrê[66], dont il épousa la fille, et reçut le titre honorifique de « fils du roi »[note 10]. Il fut enterré dans une des plus grandes tombes privées d'Égypte[68]. SelonVerner et Nigel Strudwick, les éléments architecturaux de ce tombeau[69], tels que ses colonnes à boutons de lotus semblables à celles utilisées dans le temple de Niouserrê, les fosses à bateaux et la disposition de la chambre funéraire[70],[68] démontrentla faveur accordée par ce roi à son beau-fils[70],[68],[71].


Le règne de Niouserrê a été témoin de la croissance continue de la prêtrise et de la bureaucratie d'État[60],[72]. Ce phénomène avait commencé au début de laVe dynastie[73], en particulier sousNéferirkarê[74]. Les changements intervenus dans l'administration égyptienne au cours de cette période se traduisent par une multiplication du nombre de titres, reflétant la création de nouveaux bureaux administratifs[74]. Ceux-ci, à leur tour, reflètent un mouvement visant à mieux organiser l'administration de l'État, avec de nouveaux titres correspondant à des charges attachées à des fonctions très spécifiques[74].
Le pouvoir du roi s'affaiblit lentement à mesure que la bureaucratie s'étendait[note 11], même s'il demeurait un dieu vivant aux yeux de ses sujets[60]. Cette situation resta incontrôlée jusqu'au règne du second successeur de Niouserrê,Djedkarê Isési, qui mit en œuvre les premières réformes globales du système des titres de classement, et donc de l'administration[79].
Il y a deux preuves directes de l'activité administrative sous le règne de Niouserrê. La première en est lesannales royales de l'Ancien Empire, dont il ne reste que des fragments et qui sont censées avoir été composées sous son règne ou sous celui de son père. Elles détaillent les règnes des rois à partir de laIre dynastie, année après année, mais sont endommagées[80] et brisées après le règne deNéferirkarê. Le deuxième élément concerne l'administration provinciale. Sous l'Ancien Empire, l'État égyptien était divisé en provinces appeléesnomes. Ces provinces sont connues depuis l'époque deDjéser, fondateur de laIIIe dynastie, et remontent probablement auxroyaumes prédynastiques de la vallée duNil[81]. Les premières listes topographiques desnomes de Haute et Basse-Égypte remontent au règne de Niouserrê[81] : un cortège denomarques personnifiés est représenté sur les reliefs du temple solaire de Niouserrê[82]. C'est également à cette époque que les nomarques ont commencé à résider dans leurs provinces plutôt qu'à la résidence royale[73].
Au nord de l'Égypte, des contacts commerciaux avecByblos, sur la côtelevantine, existaient pendant une grande partie de laVe dynastie, et étaient apparemment actifs sous le règne de Niouserrê. C'est ce que suggère un fragment de vase cylindrique en albâtre portant son nom et découvert dans la ville[83],[84].
À l'est de l'Égypte, Niouserrê commanda au moins une expédition auOuadi Maghara, dans leSinaï[85], où des mines de cuivre et de turquoise étaient exploitées sous l'Ancien Empire[86]. Cette expédition a laissé un grand relief rocheux, aujourd'hui conservé aumusée égyptien du Caire[note 12], qui montre Niouserrê « frappant les bédouins de toutes les terres étrangères, le grand dieu, seigneur des deux terres »[87]. À droite de Niouserrê se trouve une dédicace à « Thot, seigneur des terres étrangères, qui a fait des libations pures »[87]. Cette expédition quitta l'Égypte depuis le port d'Ain Sukhna, sur la rive ouest dugolfe de Suez, comme en témoignent des empreintes de sceaux portant le nom de Niouserrê et trouvées sur le site[88]. Le port comprenait de grandes galeries creusées dans le grès pour servir de logement et de lieu de stockage. La paroi d'une de ces galeries porte un texte inscrit à l'encre, qui mentionne l'expédition auSinaï et qui la date de l'année du second recensement des bovins, soit peut-être la quatrième année de règne de Niouserrê[89].
Au sud de l'Égypte, en Basse-Nubie, Niouserrê exploita les carrières degneiss de Gebel el-Asr, près d'Assouan. Celles-ci fournissaient des matériaux pour les bâtiments et les statues, comme en témoigne une stèle fragmentaire en pierre portant lenom d'Horus de Niouserrê, découverte dans un établissement adjacent à ces carrières[90].
Peu de traces témoignent d'une action militaire sous le règne de Niouserrê.William Christopher Hayes pense que quelques statues fragmentaires en calcaire de prisonniers de guerre agenouillés et ligotés, découvertes dans son temple mortuaire[91],[92], attestent peut-être de raids punitifs enLibye à l'ouest ou dans leSinaï et laPalestine à l'est[93]. Pour sa part, l'historien de l'art William Stevenson Smith fait remarquer que ces statues étaient des éléments habituels[91] de la décoration des temples royaux et des mastabas, et suggère qu'elles ne sont peut-être pas liées à des campagnes militaires réelles. De telles statues et de petites figures en bois de captifs agenouillés ont été découvertes dans les complexes funéraires d'autres rois, tels queNéferefrê[94],Djedkarê Isési[95],Ounas[96],Téti[97],Pépi Ier[98] etPépi II[91], ainsi que dans la tombe du vizirSenedjemib Mehi[99],[100].


Niouserrê fut l'avant-dernier pharaon égyptien à construire un temple solaire. Ce faisant, il suivait une tradition établie parOuserkaf et qui reflète l'importance primordiale du culte deRê sous laVe dynastie. Les temples solaires de cette période étaient destinés à jouer pourRê le même rôle que la pyramide jouait pour le roi : c'étaient des temples funéraires pour le dieu soleil. Son renouvellement et son rajeunissement, nécessaires pour maintenir l'ordre du monde, devaient y être célébrés. Les cultes pratiqués dans ce temple concernaient donc principalement la fonction créatrice deRê et son rôle de père du roi. De son vivant, le roi nommait ses fonctionnaires les plus proches à la direction du temple, leur permettant ainsi de bénéficier des revenus du temple et de s'assurer de leur loyauté. Après la mort du roi, le revenu du temple du soleil sera associé au complexe pyramidal, soutenant le culte funéraire de Niouserrê[101].
Situé à Abou Ghorab, au nord d'Abousir, letemple solaire de Niouserrê est le plus grand et le mieux préservé de son genre[15]. Cela conduit des égyptologues commeJürgen von Beckerath à considérer le règne de Niouserrê comme le sommet du culte solaire[102], une affirmation qui, selonNicolas Grimal, est exagérée[103]. Le temple était appeléChesepibrê par les anciens Égyptiens[note 13], un nom qui signifie « Celui qui réjouit le Cœur de Rê »[15], « Lieu préféré de Rê »[105], « Délice de Rê »[106] ou « Lieu agréable pour Rê »[107]. Curieusement, il fut d'abord construit en briques de terre[106], puis reconstruit entièrement en pierre[106]. C'est la seule structure de ce type à recevoir ce traitement[note 14],[103],[102], grâce auquel une grande partie des éléments architecturaux et des reliefs ont survécu jusqu'à ce jour[103],[108]. La raison de cette reconstruction reste incertaine ;Mark Lehner a proposé qu'elle soit liée à lafête-Sed de Niouserrê, ou à une évolution de la théologie entourant les temples du soleil[106].
L'accès au temple se faisait par le côté est, par une longue chaussée qui partait d'un temple de vallée situé plus près duNil. Ce temple inférieur servait surtout de porte d'entrée au temple supérieur, et abritait un portique à pilastres en briques de terre encastré dans du calcaire jaune[106]. Le temple supérieur se composait d'une grande cour rectangulaire, à laquelle on accédait par cinq portes en granit situées sur son côté est. Un autel était situé au centre de la cour, que l'on peut encore voir aujourd'hui. Il a été construit à partir de cinq grands blocs d'albâtre, l'un en forme dehiéroglyphe pourRê et les autres en forme deglyphe pourHotep. Ils étaient disposés de manière à lireRâ-Hotep, c'est-à-dire « Que Râ soit satisfait »[109], des quatre points cardinaux[105]. Le signe pourHotep signifie aussi « offrande » ou « table d'offrandes » enégyptien ancien, de sorte que l'autel était littéralement une table d'offrandes àRê[110].
À l'extrémité ouest de la cour rectangulaire se dressait un obélisque géant, symbole du dieu SoleilRê. Il fut élevé sur un piédestal avec des côtés inclinés et un sommet carré, comme une pyramide tronquée, de vingt mètres de haut[110]. Il fut assemblé en pierre calcaire et en granit rouge autour de la base. Le sommet de l'obélisque était haut de trente-six mètres, entièrement construit en calcaire[106].
Le temple fut orné de nombreux et beaux reliefs, qui représentaient lafête-Sed de Niouserrê, ainsi que d'une « chapelle des saisons » attachée au piédestal de l'obélisque, ornée de représentations des activités humaines au cours de l'année[111],[106].
Ouserkaf, le fondateur de laVe dynastie, fut aussi le premier pharaon à construire un temple deRê à Abou Ghorab. Ce temple s'appelaitNekhenrê enégyptien ancien, ce qui signifie « l'Enclos de Rê ». Il fut construit en quatre phases par troisrois successifs.Ouserkaf construisit d'abord une enceinte rectangulaire avec un monticule en son centre.Sahourê[112] ouNéferirkarê[113] ont ensuite transformé ce monticule en obélisque de granit dressé sur un piédestal, ajoutant deux sanctuaires près de sa base. Les deux dernières phases de construction furent entreprises sous Niouserrê. Ce roi ajouta d'abord une enceinte intérieure en calcaire dans la cour préexistante. Il étendit l'enceinte extérieure et acheva - ou construisit entièrement - le temple de la vallée. Dans la dernière phase de construction, Niouserrê encastra l'enceinte intérieure en briques crues, ajouta un autel et cinq bancs de pierre à la cour centrale, et construisit une annexe au temple[113].

Lapyramide deNéferirkarê était sans doute beaucoup plus grande que celle de ses prédécesseurs de laVe dynastie. Sa base carrée mesurait cent-cinq mètres de côté et sa hauteur était de soixante-douze mètres. À la mort du pharaon, la pyramide était bien avancée, mais elle n'avait pas encore reçu son revêtement extérieur de calcaire. Le temple funéraire qui devait l'accompagner n'était pas encore construit. Les ouvriers deNéferefrê avaient commencé à recouvrir de calcaire la surface de la pyramide et avaient construit les fondations d'un temple de pierre à l'est de la pyramide. Niouserrê acheva le complexe pyramidal de son père[114], bien qu'il le fît plus parcimonieusement que son frère. Il abandonna le recouvrement complet de la pyramide, et termina le temple mortuaire avec des matériaux moins chers que ceux qui étaient normalement utilisés pour de tels bâtiments. Ses murs étaient faits de brique crue plutôt que de calcaire et son sol était en terre battue[115]. La partie extérieure du temple fut construite en comprenant un portique à colonnes et une cour à pilastres. Toutes les colonnes étant en bois et non pas en granite comme à l'habitude[115]. Le temple et la pyramide furent également entourés d'un mur de briques. Probablement pour des raisons d'économie, la chaussée menant au temple mortuaire au pied de la pyramide ne fut jamais construite. Aucune pyramide satellite ne fut ajoutée au complexe mortuaire et le temple de la vallée resta inachevé[116]. Par conséquent, le prêtre affecté au culte mortuaire deNéferirkarê vivait sur les lieux, dans des habitations de briques de terre et de joncs, plutôt que dans la ville pyramidale plus proche de la vallée duNil[116].

La construction de la pyramide deNéferefrê venait juste de commencer lorsqueNéferefrê mourut prématurément, au début de sa vingtième année. Au moment où Niouserrê monta sur le trône, un seul degré du noyau de la pyramide deNéferefrê était achevé. Les infrastructures, construites dans une grande fosse à ciel ouvert au centre de la pyramide, n'étaient peut-être pas terminées non plus. Niouserrê compléta hâtivement[117] la pyramide, en la transformant en un monticule stylisé primitif[117] qui ressemblait à un mastaba. Les parois de la couche centrale déjà en place furent couvertes de calcaire, et le sommet fut rempli d'argile et de pierres provenant du désert local[118].
Le temple mortuaire qui l'accompagnait ne comprenait alors qu'une petite chapelle de pierre, probablement construite par l'éphémère roiChepseskarê[54]. Il fut achevé par Niouserrê[119]. S'étendant sur toute la longueur de la pyramide (soixante-cinq mètres), le temple fut construit en briques de terre. Il comprenait la premièresalle hypostyle de l'Égypte antique, avec son toit soutenu par des colonnes de bois. La salle abritait une grande statue en bois du roi décédé[119]. Niouserrê construisit également des entrepôts au nord du hall, et à l'est, le « sanctuaire du couteau » où des animaux étaient rituellement sacrifiés. Une cour à colonnes complétait l'entrée du temple, ornée de deux colonnes en pierre et de vingt-quatre colonnes de bois[119].

La construction de lapyramide et du temple mortuaire de la mère de Niouserrê,Khentkaous II, avait commencé sous le règne de son mariNéferirkarê, mais furent arrêtés au cours de la dixième année de son règne[65], alors que seul le noyau de la pyramide était encore intact[120]. Après un retard de douze ans[121], Niouserrê reprit les travaux. Il consacra beaucoup d'efforts[122] à l'achèvement de la majeure partie de la construction[123],[124], peut-être pour légitimer son règne après la mort prématurée deNéferefrê et l'éventuel défi deChepseskarê[125].
La pyramide est située àAbousir, à côté de celle deNéferirkarê[122]. Une fois terminée, la pyramide mesurait dix-sept mètres de haut, avec un côté de vingt-cinq mètres à la base et une pente de cinquante-deux degrés[65]. La chambre sépulcrale abritait probablement un sarcophage de granit rouge. Aujourd'hui, la pyramide n'est plus qu'un monticule de gravats de quatre mètres de haut[121].
Le temple funéraire de la reine, au pied est de la pyramide[121], a fait l'objet de travaux successifs d'achèvement sous le règne de Niouserrê, le plus ancien en pierre et le dernier en briques crues[122]. Totalement ruiné aujourd'hui, il semble avoir été conçu en imitation des temples mortuaires des rois[124]. Il incorporait par exemple une pyramide satellite[126], et il était aligné sur un axe est-ouest[65]. Le temple était administrativement au moins en partie indépendant[127] du temple deNéferirkarê, avec lequel il partageait néanmoins certains services religieux[128]. Il continua à fonctionner jusqu'à la fin de laVIe dynastie, trois-cents ans après la mort deKhentkaous II[65].
Desfouilles archéologiques conduites en 2012-2015 ont révélé que Niouserrê avait entrepris des travaux dans le temple de la vallée deMenkaourê, comme en témoignent les nombreuses empreintes de sceaux portant sonserekh découvertes sur le site[129],[130]. Ces travaux se déroulèrent sur une longue période allant du règne deChepseskaf jusqu'à son règne, au cours duquel la nécropole deGizeh ne fit pas l'objet d'une grande attention de la part de la royauté[130]. Au-delà du temple de la vallée deMykérinos, Niouserrê s'intéressa apparemment davantage à l'administration de la ville pyramidale deKhéphren. Il raviva le culte deMykérinos et de la reineKhentkaous Ire[131]. SelonMark Lehner, cette reine, qui portait le même nom que la mère de Niouserrê et qui, comme sa mère, portait le titre de « mère de deux rois de Haute et Basse-Égypte », fournit à Niouserrê un lien familial avec laIVe dynastie[132]. John Nolan pense que la position en miroir des noms et titres des deux reines Khentkaus ont été soulignés pour que Niouserrê puisse légitimer son règne après un temps troublé entourant la mort deNéferefrê[133].
Dans le temple de la vallée deMykérinos, Niouserrê prolongea l'annexe orientale. Il y ajouta deux ensembles de colonnes en albâtre[129]. Il reconstruisit l'entrée principale et restaura la chaussée en calcaire qui menait du temple de la vallée au temple supérieur[134].Mark Lehner suggère que Niouserrê a agrandi la partie intérieure du temple haut[135],[136] , notamment pour y ajouter une antichambre carrée qui n'a qu'un seul pilier central[129].
Un temple dédié à la déesseSatis, une personnification des inondations duNil, se dressait sur l'île Éléphantine, dans le sud de l'Égypte, au moins depuis la fin de lapériode prédynastique. Ce temple avait été agrandi et rénové plusieurs fois dès le début de lapériode dynastique. Il fut de nouveau reconstruit au cours de laVe dynastie, peut-être sous le règne de Niouserrê. Une plaque de faïence portant le nom de Niouserrê a été découverte dans un gisement d'offrandes votives sous le sol du sanctuaire[137]. Malheureusement, ce dépôt ne représente pas le contexte original de la plaque, qui a pu orner les murs du temple ou avoir été déposée dans le cadre d'un rite de fondation fait en prévision de la reconstruction du temple[137].
Des personnages éminents de la cour, on citera notamment :
Loin d'être exhaustive, cette liste montre que sous Niouserrê les fonctions et le nombre des fonctionnaires rattachés à la cour et à la famille royale se sont fortement accrus. Les marques d'estime que le roi semble directement leur accorder donnent l'image d'une royauté pleine et entière, proche de ses courtisans, soucieuse de ses origines et de la pérennité des institutions et des traditions. Le pays se couvre de monuments et son économie reste florissante.

Dans l'hypothèse de la reconstitution par Verner de la famille royale de laVe dynastie, Niouserrê fut confronté à une tâche énorme lorsqu'il monta sur le trône : son père, sa mère et son frère avaient tous laissé leurs pyramides inachevées, les temples solaires de son père et de son frère étaient également inachevés. Il dut construire sa proprepyramide ainsi que celles de ses reines. Niouserrê a relevé ce défi, en plaçant sa pyramide à proximité immédiate de celles inachevées, à l'angle nord-est de celle deNéferirkarê et à côté de celle deSahourê. Il concentrait ainsi toutes les activités de construction de pyramides àAbousir-Sud, dans une zone de 300 × 300 m. Cela signifie que sa pyramide étant hors alignement formé par les précédentes, a limité sa taille ainsi que la disposition de son complexe mortuaire. Cela expliquerait pourquoi, bien qu'ayant connu l'un des plus longs règnes de laVe dynastie, la pyramide de Niouserrê est plus petite que celle de son père et plus proche en taille de celle de son grand-pèreSahourê.
Niouserrê s'est construit une pyramide à Abousir nomméeMensout Niouserrê[note 18], signifiant « Les lieux de Niouserrê sont établis »[107] ou « Les lieux de Niouserrê durent »[15].
Lapyramide une fois achevée était entièrement recouverte de calcaire fin. Elle mesurait environ cinquante-deux mètres de haut, avait une base de 78,8 m de côté[150], une pente de cinquante-deux degrés et un volume total de pierres d'environ 112 000 m3. La chambre funéraire et l'antichambre étaient toutes deux revêtues de calcaire fin et couvertes de trois étages de gigantesques poutres en calcaire longues de dix mètres et pesant chacune quatre-vingt-dix tonnes[119].
L'ensemble pyramidal est inhabituel, car les parties extérieures du temple funéraire sont décalées au sud du côté est de l'ensemble. Cela a permis à Niouserrê de compléter la chaussée de son père au profit de sa pyramide, qui menait du temple de la vallée près duNil à la pyramide elle-même, en lisière du désert. Le temple de la vallée de Niouserrê fut ainsi construit sur les fondations posées par son père pour son propre temple de vallée inachevé. Une fois terminé, il se composait d'un portique à huit colonnes papyriformes, son sol était en basalte noir et ses murs en pierre calcaire. Des reliefs étaient peints au-dessus d'un lambris en granite rouge[119]. L'arrière du portique menait à la chaussée, dont la base était entièrement recouverte de basalte, tandis que les parties supérieures étaient ornées de nombreux reliefs, certains montrant le roi comme un sphinx piétinant ses ennemis[151]. La chaussée était couverte de blocs de calcaire peints en bleu avec des étoiles dorées[151]. Arrivé près de la pyramide, la chaussée menait dans une cour à colonnes, précédée de magasins et suivie par le temple mortuaire proprement dit. Celui-ci abritait des statues du roi et des représentations de la famille royale en présence des dieux[151]. L'ensemble pyramidal plus large était entouré d'un mur, avec deux grandes structures rectangulaires à ses angles nord-est et sud-est. Lehner et Verner y ont vu une préfiguration dupylône caractéristique des temples égyptiens ultérieurs[152],[151]. Au-delà de la pyramide principale, il y en avait une plus petite pour leKa du roi[151].


Au sud de la pyramide de sa mèreKhentkaous II, Niouserrê construisit une pyramide pour une reine, l'une des siennes ou de celles de son frèreNéferefrê[153]. Cette pyramide est répertoriée sous le nom deLepsiusXXIV, d'après son numéro inscrit dans la liste pionnière des pyramides deKarl Richard Lepsius[8]. À l'origine, elle atteignait environ vingt-sept mètres de haut et avait une base de 31,5 m. Son noyau était fait de calcaire et de mortier argileux organisé en couches horizontales et d'accrétion[154].
Aujourd'hui, la pyramide est fortement ruinée. Son enveloppe extérieure en calcaire blanc a disparu depuis longtemps et elle ne mesure plus que cinq mètres de haut. Des graffiti laissés par les constructeurs indiquent que sa construction date de la fin du règne de Niouserrê et qu'elle s'est déroulée sous la direction du vizirPtahchepsès[154]. Mais le nom de la reine à qui elle était destinée est perdu[8].Rêpoutnoub a été cité comme candidate probable. Dans la chambre funéraire, à laquelle on accède par un passage droit nord-sud, on a découvert la momie brisée d'une jeune femme. Elle mesurait environ 1,60 m et elle est morte entre vingt-et-un et vingt-trois ans[155]. On ignore si la momie est celle de la propriétaire originale de la pyramide ou si elle date d'une période ultérieure, comme la méthode de momification employée pourrait le suggérer[154]. Les fouilles de la chambre funéraire ont mis au jour des fragments d'un sarcophage de granit rose, ainsi que des morceaux de grandes jarres canopes de calcite et de petits équipements funéraires[154].
À l'est de la pyramide, les ruines d'une petite pyramide satellite et celles d'un temple mortuaire ont été découvertes. Toutes deux ont été fortement touchés par le vol de pierres, qui a commencé dès leNouvel Empire et a atteint son apogée pendant lespériodes saïte etperse, rendant impossible une reconstruction moderne du plan du temple[154].

Les ruines connues aujourd'hui sous le nom deLepsiusXXV ne sont pas celles d'une, mais de deux grandes tombes adjacentes, construites comme un seul monument à l'extrémité sud-est de la nécropole d'Abousir. Cette construction originale, que Verner a appelée double pyramide, était connue par les anciens Égyptiens sous le nom de « Les deux sont vigilants »[note 19]. Les pyramides, toutes deux tronquées, avaient des bases rectangulaires de 27,7 × 21,5 m pour la pyramide orientale et de 21,7 × 15,7 m pour la pyramide occidentale, et leurs murs atteignait une inclinaison de 78 degrés environ. Cela signifie que la construction ressemblait plus à une paire de mastabas qu'à des pyramides, à tel point que Dušan Magdolen a proposé queLepsiusXXV soit un mastaba[157].
Une autre particularité de cette structure est l'absence de temple mortuaire[153]. La tombe est seulement ornée d'une petite chapelle à offrandes, construite en calcaire blanc non décoré et située à l'intérieur de la superstructure de la tombe. Son plafond s'élève à cinq mètres de haut. Les fouilles ont révélé des fragments de papyrus portant une liste d'offrandes, ainsi que les débris d'une statue en albâtre représentant une femme vêtue d'une simple robe. La chambre funéraire a révélé peu de restes de la propriétaire et quelques pièces de mobilier funéraire[153].
Le tombeau ouest a été construit après le tombeau est, et semble avoir servi à enterrer une autre femme. Des graffiti de constructeurs, découverts lors des fouilles tchèques, démontrent selon toute vraisemblance que le monument fut construit sous Niouserrê. Ses propriétaires étaient probablement parmi les derniers membres de la grande famille royale à être enterrés àAbousir. La nécropole fut abandonnée parMenkaouhor, le successeur de Niouserrê[153].
En tant que roi, Niouserrê a bénéficié d'un culte funéraire établi à sa mort. Sous le terme de « culte funéraire » sont regroupées diverses activités cultuelles de deux types différents. D'abord, il y avait un culte officiel qui se déroulait dans l'ensemble mortuaire du roi et qui était prévu par les domaines agricoles établis sous le règne de Niouserrê. Ce culte fut le plus actif jusqu'à la fin de l'Ancien Empire, mais il dura au moins jusqu'à laXIIe dynastie pendant leMoyen Empire[158], date à laquelle la dernière mention connue d'un prêtre servant dans le complexe funéraire de Niouserrê nous soit parvenue[159]. Plus tard, le culte officiel de Niouserrê se réduisit essentiellement à un culte de la figure de l'ancêtre royal, uneversion limitée du culte du divin, comme l'écritJaromír Málek[160], qui se manifesta par la dédicace des statues et la compilation des listes des rois à honorer[161].
Parallèlement à ce culte officiel se trouvaient les cultes plus privés d'individus pieux vénérant Niouserrê comme une sorte de saint, un intercesseur entre les croyants et les dieux[160]. Ce culte populaire, qui s'est développé spontanément, peut-être à cause de la proximité de la pyramide de Niouserrê àMemphis[160], faisait référence à Niouserrê en utilisant son nom de naissanceIni[162], et consistait probablement en invocations et offrandes aux statues du roi ou dans son temple funéraire[160]. Les traces archéologiques de ce culte sont donc difficiles à discerner, mais le statut particulier de Niouserrê se manifeste dans certaines formules religieuses, où son nom est invoqué, ainsi que dans l'onomastique des individus, notamment pendant leMoyen Empire, dont les noms comprenaientIni, comme Inhotep, Inemsaf, Inankhu et beaucoup d'autres[163]. Bien que la vénération de Niouserrê ait été à l'origine un phénomène local d'Abousir, deSaqqarah et de leurs environs[160], elle a pu finalement se répandre en dehors de l'Égypte même, dans leSinaï, àByblos et enNubie, où des fragments de statues, de vases et de stèles portant le nom de Niouserrê ont été découvertes dans des contextes religieux[164].
Sous l'Ancien Empire, les provisions pour le culte funéraire officiel de Niouserrê étaient produites dans des domaines agricoles établis sous son règne[165]. Les noms de certains de ces domaines ont été retrouvés inscrits sur les murs des tombes deSaqqarah ou dans le temple mortuaire de Niouserrê[165], comme « La piste d'Ini »[note 20] et « Les offrandes d'Ini »[note 21]. Plusieurs domainesḤout du roi, qui comprennent les possessions foncières du temple mortuaire de Niouserrê[168], sont connus : « Hathor souhaite que Niouserrê vive »[note 22], « Horus souhaite que Niouserrê vive »[note 23], « Bastet souhaite que Niouserrê vive »[note 24], et « Ptah désire que Niouserrê vive »[note 25]. Plusieurs prêtres servant dans le complexe pyramidal et le temple du soleil de Niouserrê sont connus de leurs tombes jusqu'à la fin de laVIe dynastie, ce qui montre que le culte mortuaire officiel a duré tout au long de l'Ancien Empire[173].
Niouserrê a d'ailleurs fait l'objet d'une attention particulière d'au moins deux de ses successeurs au cours de cette période :Djedkarê Isési restaura ou acheva son temple funéraire[note 26][175], etPépi II érigea un jambage de porte gravé d'une inscription mentionnant à la fois sa premièrefête-Sed et Niouserrê dans le temple de sa vallée. Cette association étroite était destinée à « témoigner de la prétendue association du roi avec son ancêtre »[175],[note 27].
Niouserrê est l'un des rares rois de l'Ancien Empire pour qui il est prouvé que le culte funéraire s'est poursuivi sans interruption pendant laPremière Période intermédiaire[note 28], lorsque l'autorité centrale des pharaons s'était effondrée et que l'État égyptien était en crise[162],[177]. Les tombes de deux prêtres, HérychefhotepIer etII, qui ont vécu pendant cette période[note 29], mentionnent leurs rôles et devoirs dans l'établissement funéraire de Niouserrê, témoignant de l'existence continue du culte funéraire officiel[181].
L'efficacité de la déification et de la vénération populaire de Niouserrê s'épanouit parallèlement au culte officiel tout au long de la période, comme en témoignent par exemple les inscriptions sur la tombe d'un individu nommé Ipi, qui désire être « honoré devant Ini »[note 30], une terminologie dans laquelle Niouserrê joue un rôle normalement réservé aux dieux[182]. Des qualifications similaires dénotant le statut de Niouserrê se retrouvent dans les tombes datant du début duMoyen Empire, comme la momie d'un individu nommé Inhotep, sur laquelle il dit qu'il doit être « honoré devantOsiris, seigneur de la vie, et Ini, seigneur du respect »[note 31].
LeMoyen Empire voit le déclin du culte officiel de Niouserrê. Les témoignages de cette période proviennent des travaux entrepris dans letemple de Karnak parSésostris Ier, qui consacra un certain nombre de statues de rois de l'Ancien Empire[161], dont au moins une de Niouserrê[note 32], à un culte d'Amon et des ancêtres royaux[185]. Dans le même temps, laXIIe dynastie voit le démantèlement généralisé de nombreux temples funéraires de l'Ancien Empire pour leurs matériaux, qui furent notamment réutilisés dans les complexes pyramidaux d'Amenemhat Ier etSésostris Ier[160]. Ces événements sont contemporains de la vie du dernier prêtre servant le culte officiel du Niouserrê, un certain Inhotep[181]. Ces deux faits font allusion à un manque d'intérêt royal pour les cultes funéraires parrainés par l'État des souverains de l'Ancien Empire[160].
La vénération populaire de Niouserrê dans les temps anciens a continué à influencer les cultes duNouvel Empire. Laliste des rois de Karnak, composée sous le règne deThoutmôsis III, dans le but d'honorer une sélection d'ancêtres royaux et qui comprend le cartouche représentantIni pour Niouserrê, en est le meilleur exemple. Ce choix est inhabituel, car les cartouches comportent normalement le nom de couronnement du roi plutôt que son nom de naissance,Ini étant probablement choisi ici parce que c'est sous ce nom que Niouserrê était vénéré et avait été déifié[186].
Plus tard, pendant lapériode Ramesside, des statues de pharaons de l'Ancien Empire, dont une de Niouserrê, furent placées dans une cachette du temple dePtah àMemphis, suggérant leur utilisation continue à des fins cultuelles jusque-là[187]. Parallèlement à ces activités, d'importants travaux de restauration ont été entrepris àAbousir et àSaqqarah sous le règne deRamsès II, sous la direction du princeKhâemouaset. Letemple solaire de Niouserrê faisait partie des monuments bénéficiant de ces travaux[188].
A la fin de laTroisième Période intermédiaire, les temples mortuaires de l'Ancien Empire ont connu un regain d'intérêt, dû principalement au style d'archivage favorisé par les rois de laXXVe dynastie[189]. En particulier,Taharqa a fait reproduire des reliefs des temples deSahourê, Niouserrê etPépi II dans letemple d'Amon (Gem-Aton) àKarnak durant des travaux de restauration[189].
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