Nikāya (निकाय) est un motsanskrit etpāli qui signifie « volume ». Il est souvent utilisé comme synonyme du mot sanskritāgama (आगम)[Note 1] pour signifier « collection », « assemblage », « classe » ou « groupe » à la fois en pāḷi et en sanskrit[1]. Dans son emploi le plus fréquent, il renvoie auxtextes bouddhistes en pali duTripitaka (« Triple corbeille ») réunis dans leSutta Piṭaka (Corbeille dessûtras). Il est également utilisé pour désigner des lignées monastiques, auquel cas, il peut être parfois traduit par « fraternité monastique ». Enfin, l'expression « bouddhisme Nikāya » est parfois utilisé dans les études contemporaines pour désigner le bouddhisme despremières écoles bouddhistes.
Dans le Canon Pāli, en particulier dans la « Corbeille des discours » ouSutta Piṭaka, la signification denikāya est à peu près équivalente à celle decollection en anglais, et le mot renvoie aux cinq groupements de discours duBouddha, qui rassemblent les sûtras en fonction par exemple de leur longueur ou de leur thème, ou d'autres critères. Ainsi, leSutta Piṭaka est divisé en cinq nikāyas :
Une partie de ces recueils (en particulier lesDîgha etMajjhima) correspond à ce que, chez lesSarvâstivâdin, on appelaitāgama dans leurSutra Piṭaka[2]. Ainsi, la partie duSutra Piṭaka en langue sanskrite, qui n'appartient pasmahâyâna, est appelée « āgamas » par les bouddhistes mahāyāna. Les Āgamas ne subsistent pour la plupart que dans les traductionstibétaines etchinoises classiques. Ils correspondent étroitement aux Pāḷi nikāyas[réf. nécessaire].
Dans le bouddhisme chinois, on utilise aussi souvent le termeāgama comme synonyme denikāya[3]. Cependant, les âgamas chinois ne reprennent pas l'entier duSutta Pitaka. Le grand commentateurBuddhaghosa emploie les deux termes comme des synonymes[4].
Le mot « nikâya » renvoie aussi aux courants et écoles du « Bouddhisme indien » oupremières écoles bouddhistes (on en compte aujourd'hui dix-huit bien qu'il y en ait eu plus), courants qui se distinguaient avant tout par le code de discipline (Vinaya) qu'ils avaient adopté. Ces courants sont parfois appelés « Bouddhisme Nikâya », en référence au bouddhisme monastique qui s'est développé après la séparation entre les écolesMahâsâmghika etSthavira[5].
Enfin le mot est aussi employé comme substitut neutre et non péjoratif àHinayana[Note 2], qui désigne en fait les premières écoles bouddhistes[5]. Selon Robert Thurman (université Harvard),« L'expression « bouddhisme Nikaya » a été inventée par le professeur Masatoshi Nagatomi de l'université Harvard, qui me l'a suggérée pour désigner les dix-huit écoles du bouddhisme indien, afin d'éviter le terme « bouddhisme Hinayana », jugé offensant par certains membres de la tradition Theravada. »[6]. Lebouddhisme pré-sectaire et les premières écoles bouddhistes sont des exemples de des groupes, mais certains chercheurs excluent le bouddhisme pré-sectaire lorsqu’ils utilisent ce terme. Le mot « Theravada » fait référence aux pratiques bouddhistes basées sur ces premiers enseignements, tels que préservés dans le Canon Pāli.
L'expressionbouddhisme nikâya oubouddhisme des nikâya désigne donc, selon le contexte, le bouddhisme ancien ou le bouddhisme hinayana, aussi désigné comme lesdix-huit écoles bouddhistes anciennes. Elle tend aussi à se répandre pour désigner l'ensemble des écoles qui constituaient cette voie[7].
AuSri Lanka et dans les pays d'Asie du Sud-Est où l'on pratique le bouddhisme Theravāda,nikāya est désigne également une lignée monastique (paramparâ) ; de tels groupements sont aussi parfois appelés « fraternités monastiques » ou « fraternités ». Les nikāyas peuvent apparaître dans un groupe monastique à la suite d'un patronage royal ou gouvernemental (comme leDhammayuttika Nikāya en Thaïlande), en raison de l'origine nationale de leur lignée d'ordination (le Siam Nikāya du Sri Lanka), en raison de différences dans l'interprétation du code monastique (Vinaya), ou en raison d'autres facteurs, comme par exemple l'Amarapura Nikāya au Sri Lanka, apparu en réaction aux restrictions de caste au sein duSiam Nikāya). Ces divisions ne vont cependant pas jusqu'à former des sectes distinctes au sein de la tradition Theravāda, car elles ne suivent généralement pas des doctrines ou des codes monastiques différents, et ne s’étendent pas non plus aux laïcs (upâsaka).
EnBirmanie, des ordres monastiques nikaya ont émergé en réaction au conservatisme relatif de l'interprétation des codes monastiques (Vinaya) ainsi qu'à la structure hiérarchique au sein du nikaya. Cependant, depuis 1980, aucun nouveau nikaya n'a été autorisé, et il existe aujourd'hui en Birmanie neuf ordres monastiques légalement reconnus en vertu de la loi de 1990 concernant les organisations Sangha[8]. Le plus important d'entre eux est leThudhamma Nikaya, fondé dans les années 1800 sous ladynastie Konbaung.