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Nicolas Krebs (1401 -), plus communément appeléNicolas de Cues (en allemandNikolaus von Kues), est unthéologien,philosophe,humaniste,mathématicien etprélatallemand de la fin duMoyen Âge. Il est également connu sous les noms deNicolas Chrypffs ouCryfftz,Nicolas de Cusa,Nicolaus Cusanus ou encoreNicolas de Cuse oule Cusain en raison de son lieu de naissance,Cues sur laMoselle.
Pour ce qui est des aspects philosophiques et scientifiques de son œuvre,« son nom retient surtout l’attention aujourd’hui en raison de son ouvrageDe la docte ignorance (1440) qui passa inaperçu en son temps. Or y figuraient [pourtant] des conceptions astronomiques qui annonçaient, dès le milieu duXVe siècle la "nouvelle astronomie" »[1], c'est-à-dire rien de moins que larévolution copernicienne du siècle suivant, et qui remettaient en question lethomisme dominant sur plusieurs points, tout en ne s'écartant point trop dudogme catholique. Sacosmologie de nature essentiellement spéculative représente en effet l'une des premières grandes alternatives à lascolastique aristotélicienne, notamment sur la brûlante question de la finitude ou de l'infinité de l'univers. Sa théorie de la connaissance a durablement influencé laphilosophie des sciences (Giordano Bruno,Descartes[2]…) et l'astronomie théorique (Copernic,Kepler,Galilée…). PourErnst Cassirer, ladocte ignorance constitue l'une des premières formulations de l'épistémologie moderne.
Nicolas Chrypffs (ouKrebs : écrevisse, crabe) est né àCues en 1401 dans le territoire duWestrich. Il est le fils d'un richebatelier du nom de Jean Chrypffs et de Catherine Roemer. Protégé du comteUlrich de Mandersheid, il reçoit une éducation soignée : sans doute envoyé d'abord àDeventer[3], chez lesfrères de la vie commune, il étudie ensuite brièvement à Heidelberg (1416-1417), puis plus longuement à Padoue, où il approfondit ses connaissances enphilosophie,jurisprudence etmathématiques. Docteur en droit en 1423, il revient ensuite à Cologne (1425), où il étudie la théologie, sous la direction d'Heymeric de Campo (van de Velde), qui l'initie àRaymond Lulle etAlbert le Grand. Il fait à cette époque des recherches érudites de manuscrits rares ou non diffusés (Paris, 1428)[4]. Il travaille en même temps, en qualité de juriste et de secrétaire au service de l'archevêque-électeur de Trèves,Othon de Ziegenhain.
À la mort de ce dernier (), il soutient la candidature de son protecteur Ulrich de Manderscheid (alors doyen du chapitre deCologne et archidiacre deTrèves), au poste d'archevêque-électeur. Mais les électeurs se déchirent, une partie préférantJacques de Sierck. Devant une situation bloquée au niveau local, le pape intervient en nommant un troisième homme,Raban de Helmstatt.Ulrich de Manderscheid, qui est convaincu de s'imposer bientôt au plan local sur Jacques de Sierck, s'estime lésé par cette intervention. Aussi cherche-t-il un soutien contre le pape chez les Pères duConcile de Bâle (1431-1449). Nicolas de Cues, qui le représente, arrive en 1432 au concile, dont les travaux sont dirigés parGiuliano Cesarini. Sa place est alors évidemment dans le camp des partisans duconciliarisme contre les tenants de la primauté du pape, sur la question de savoir qui détient l'autorité suprême dans l’Église catholique. Ce débat prend place dans le contexte des suites de la résolution dramatique duGrand Schisme d'Occident auconcile de Constance (1414-1418) pour tenter de mettre fin au conflit entre papes de Rome et« antipapes » d'Avignon ou de Pise, ainsi qu'entre la papauté et les souverains de l'époque. Contexte marqué aussi par lesprémices duprotestantisme et leur répression, avec lescroisades contre les hussites (1420-1434), et les supplices deJan Hus (1415) et deJérôme de Prague (1416) au concile de Constance. D'ailleurs, les efforts de Nicolas de Cues en faveur de son protecteur se soldent par un échec en 1434.
Mais en 1437 a lieu l'événement décisif de la vie de Nicolas : il se range finalement du côté du pape de RomeEugène IV, lorsque celui-ci décide de créer un "contre-concile" àFerrare (puis Florence) pour réaffirmer son autorité, cependant que les Bâlois créent de leur côté un autre "anti-pape" (Félix V). Nicolas de Cues se met désormais sous la protection du légat pontifical, Cesarini, qu'il a probablement connu à Padoue comme professeur de droit canon. Et il fait partie, en 1437, de l'ambassade chargée par le papeEugène IV d'inviter l'empereur byzantinJean VIII Paléologue et lepatriarche de Constantinople à prendre parti pour leconcile de Ferrare et non celui de Bâle. Les Grecs, qui ont en tête de se réunir avec l'Église catholique pour obtenir son soutien contre les Turcs, choisissent le parti de la centralisation pontificale contre celui de la dispersion conciliaire.
Nicolas de Cues ne demeure toutefois pas à Ferrare : il est en effet envoyé en Allemagne pour rallier les princes et les ecclésiastiques allemands à la cause du pape. Ses talents de diplomate font alors merveille, et lui valent son surnom d'« Hercule des Eugéniens », tant il met de force de conviction dans la défense d'Eugène IV. Sa mission était cependant ardue. Elle lui vaut l'hostilité de nombreux ecclésiastiques allemands, à commencer parJean Wenck de Herrenberg, un universitaire de Heidelberg, qui l'attaque dans sonDe ignota litteratura (L'ignorance des Lettres). Plus tard, au début des années 1450, le chartreuxVincent d'Aggsbach essaie encore de convaincre les moines bénédictins de l'abbaye de Tegernsee, près de Munich, que la pensée cusaine ruine la véritable théologie mystique, qu'il conçoit beaucoup moins spéculative. En plus des lettres qu'il a adressées aux moines de Tegernsee, le Cusain nous a laissé, de cette période, leTraité sur la Vision de Dieu (Le Tableau) de 1453.
En récompense de tous ses efforts, Cues est nommé cardinal-prêtre de labasilique Saint-Pierre-aux-Liens à Rome en 1448, puisPrince-évêque de Brixen (Bressanone) en 1450. Envoyé de nouveau comme légat apostolique en Allemagne, pour prêcher cette fois-ci l'année jubilaire, il rentre finalement dans son diocèse en 1452. Il y rencontre l'hostilité de l'archiducSigismond d'Autriche, qui soutient des moniales de Sonnenburg, révoltées contre les velléités réformatrices de leur évêque.
Défait, Nicolas cherche refuge au château de Buchenstein (Andraz) (1458). C'est là qu'il reçoit la nouvelle de sa nomination à Rome commevicaire général du pape « humaniste »Pie II (Eneas Silvio Piccolomini). On le charge de proposer des mesures générales en vue de la réforme de l’Église, mais il rencontre derechef une vive opposition au sein de laCurie.
« Nicolas de Cues, le fils certainement le plus célèbre de la Moyenne Moselle, meurt en 1464 dans la ville épiscopaleombrienne deTodi »[5].
Le Monastère du Cusain et l'hôpital Saint-Nicolas à Bernkastel-Kues. Gravure colorée en aquarelle à la main, par F. Hegi aprèsKarl Bodmer (Coblence, 1831).
En1458, il avait aussi publié les statuts de l'« hôpital des pauvres » (hospitale pauperum), connu depuis commehôpital Saint-Nicolas(de), qu'il venait de fonder dans sa ville natale et dont il fit don à Bernkastel-Kues pour loger et entretenir des vieillards nécessiteux[6]. L'établissement ouvrit en 1465, peu après la mort, donc, de son commanditaire.« Le bâtiment de style gothique tardif érigé sur le modèle monastique est encore aujourd'hui un établissement pour personnes âgées »[5]. En plus de cette vocation d'hospice liée à son statut deCusanus Foundation (« Fondation du Cusain »), l'édifice a conservé pour partie son caractère religieux, mais il a en plus aujourd'hui une orientation muséale, car il abrite l'exceptionnelle bibliothèque de son fondateur. En effet,
Dans le sanctuaire de la chapelle, sous une plaque de laiton, le cœur du fondateur repose dans une capsule de plomb[5]. Mais sa dépouille a été inhumée dans labasilique Saint-Pierre-aux-Liens (en italien :Basilica San Pietro in Vincoli), à Rome.
Il commence par se rendre célèbre en étant le premier à oser remettre en cause l'authenticité de laDonation de Constantin (La Concordance catholique, l. III, chap. 2, n. 294-298, 1433). Il sera suivi sur cette voie parLorenzo Valla huit ans plus tard (Sur la donation de Constantin, à lui faussement attribuée et mensongère, 1441).
Lecteur assidu deRaymond Lulle (1232-1315), il élabore une méthode intellectuelle pour essayer de penser l'Infini ou Maximum. Selon lui, en passant à la limite, la raison est obligée de changer de régime, en passant du principe de non-contradiction à celui de la « coïncidence des opposés ». Un polygone inscrit dans un cercle finit par exemple par devenir le cercle lui-même, et donc une figure sans côté (un non-polygone), à mesure que le nombre de côtés augmente.
Cette recherche de Nicolas de Cues pour tenter de penser l'Infini de la nature divine appliqué à l'univers l'amènera donc à poursuivre l'investigation sur le plan mathématique en tentant de résoudre le problème de laquadrature du cercle (voir ci-dessous la section consacrée aux mathématiques). Cette recherche s'inscrit aussi dans une double tradition de la pensée chrétienne : celle de laThéologie négative[7], ainsi que celle du long processus qui consiste à concilier la pensée grecque (et son aversion pour l’in-fini[a]) avec lemonothéismejudéo-chrétien (et sa volonté d’appréhender l’absolu hors toute mesure humaine). Il s'agit notamment de rendre compatible ledogme catholique concernant la naturetrinitaire du divin et ses attributs d'infinité, d'éternité incréée, avec la distinction conceptuelle d'Aristote entre« "l'infini en acte", effectif et concret, qui ne peut se réaliser dans la nature, et"l'infini en puissance", celui que peuvent imaginer les hommes, le seul à exister »[8], mais seulement en tant que concept abstrait et potentialité. Le problème pour la pensée chrétienne est alors que pour elle Dieu n'est pas seulement un infini conceptuel et potentiel, mais qu'il est aussi, en tant qu'éternel et créateur de toutes choses, un infini en acte, qui existe réellement et dont tous lesétants procèdent. Dans cette tentative de concilier la pensée chrétienne avec l'aristotélisme, Nicolas de Cues a été précédé entre autres parJean Damascène (676-749),Thomas d'Aquin (1225-1274), etNicolas Oresme (1323-1382)[8], eux-mêmes précédés par des penseurs de l'antiquité latine tardive commeMarius Victorinus (290-364) etBoèce (480-524)[9].
Mais il est allé plus loin qu'eux[8]. Déjà avec Thomas d'Aquin l’infini pouvait admettre la perfection en Dieu seul : première rupture, donc, ou conciliation avec l'in-fini selon Aristote, qui était pour lui nécessairement imparfait de par son inachèvement.« Mais cette réévaluation de l’infini ne vaut que pour Dieu. C’est uniquement un infini théologique. Le monde, lui, reste fini et l’espace demeure nécessairement limité », expliqueJean-Marie Nicolle[8]. L'univers, en tant queCréation, est fini, car rien qui ne soit parfait et achevé ne peut émaner de Dieu qui est laPerfection même.
Un des précieux manuscrits de la bibliothèque de Nicolas de Cues :Decretales cum Glossa (décrétales du papeGregoire IX avec commentaires[10]), Hôpital Saint-Nicolas à Bernkastel-Kues, codex 231, folio 182r,XIIIe / XIVe siècle.
C'est d'ailleurs cette vision aristotélicienne restrictive de l’infini révisée par l’exception duthomisme qui enverra au bûcher en1600Giordano Bruno, lequel avait poursuivi la réflexion de Nicolas de Cues sur l'infini bien plus loin que l’"arrêt" de Thomas d’Aquin. Car pour lesinquisiteurs, dire comme Bruno que l'Univers est infini (et constitué d'une infinité de mondes finis chantant tous la gloire de Dieu présent partout) est en fait unblasphème qui confondrait le Créateur avec sa création (en unpanenthéisme à la limite dupanthéisme, soit unehétérodoxie qui annonceSpinoza). Pour le dogme catholique de l'époque inspiré par Thomas d'Aquin, en Dieuseul donc peuvent se conjuguer infinien acte et perfection absolue (car pour Thomas et pour l'Inquisition, l'infinité réelle, incréée ettranscendante de Dieu, comme son rapport à l'immanence de Sa création, est un mystère et un paradoxe dont Aristote lui-même ne pouvait avoir connaissance ni prescience, n'en ayant pas reçu laRévélation). Et Sa création, qui lui est subordonnée, ne saurait être in-finie doncinachevée c'est-à-dire imparfaite, ce qui serait faire insulte à latoute-puissance et à la perfection de Dieu[11]. Alors que pour Bruno c'est l'inverse :« affirmer que l'infinité divine a créé un monde fini [donclimité] reviendrait à dire que Dieu est avare de sa toute-puissance » (Jean-Marie Nicolle[12]). Selon Bruno, son idée d'un Dieu universel dont l'Omniprésence se déploie dans l'infinité d'une création à sa démesure et magnifiant sa transcendance surplombante, englobante,« ne peut que renforcer la religion catholique. Son refus de se rétracter, ces accusations de blasphème, et sa pratique desarts divinatoires, lui vaudront une condamnation sans appel. Le 17 février 1600, [en cette aube blafarde duXVIIe siècle], Giordano Bruno est livré aux flammes sur leCampo de' Fiori… la langue clouée pour le réduire au silence »[11].
Pour Jean-Marie Nicolle toujours, Nicolas de Cues quant à lui est encore bien en deçà de telles extrémités, et il ne s'aventure que prudemment à peine un pas plus loin que l'orthodoxie catholique de son temps. Néanmoins,
« Le Cusain est le premier [précédant donc Bruno dans cette conjecture et annonçant mêmeDescartes] à rapprocher la cosmologie et la théologie. Il transpose en quelque sorte à l’Univers l’image d’une sphère infinie et considère que l’infinité de Dieu est une infinité en acte, par opposition à celle de l’Univers qui est une infinitépar défaut »[8].
Infinité de l'univers par défaut, certes, mais une infinité quand même : c’est donc la première irruption concrète et explicite de l’infini, quoique timide, dans un monde encore caractérisé par ses limites (l’infini de Dieu est "concave", contenant, quand celui de l’univers en tant que « sphère infinie » est "convexe", contenu).
De manière générale, il importe peu pour Nicolas de Cues de savoir si Dieu doit être pensé comme Forme ou Matière, Acte ou Puissance : tous ces termes conviennent, pourvu qu'on les considère comme des conjectures initiales à dépasser. Que l'on choisisse de penser l'être commeactus essendi (« l’acte d’être » de Thomas d'Aquin, ou « l'être en acte[9] »)[b] ou commeforma essendi (« la forme d’être »)[c], il demeure que, commeAnselme de Cantorbéry (1033-1109) l'a appris au Cusain, la pensée doit procéder à un double dépassement : du concept fini à ce qu'on peut concevoir de plus grand ; puis du concept du maximum à ce qui est plus grand que ce qu'on peut concevoir. Dieu n'est pas n'importe quel acte ou forme, c'est l'acte et la forme les plus grands ; c'est lePremier Moteur et la Cause enacte d'Aristote[14], c'est l'actus purus (« l’activité pure ») selonHegel commentant lesscolastiques[15] ; et il est si grand qu'il excède même l'acte et la forme.
Un autre précieux manuscrit de la bibliothèque de Nicolas de Cues :L'Apologétique deTertullien[16], début du premier chapitre, Hôpital Saint-Nicolas à Bernkastel-Kues, codex 42, folio 162r.
En effet, le philosophe françaisHervé Pasqua, dont l'objet d'études se concentre sur leNéoplatonisme et sur le rapport entrel'Un (leprincipe premier dont toute chose existante dérive, chezPlotin) etl'Être, résume ainsi l'itinéraire spéculatif du Cusain (plutôt néoplatonicien) dans la suite de Thomas d'Aquin (plutôt aristotélicien), mais aussi en opposition à lui :
« L’unité [de l'Un] résulte d’un mouvement infini, d’une conversion :unitas,aequalitas,connexio [traduits rapidement par "unité", "égalité", "connexion", et reliés à la Trinité du Père, du Fils-Verbe, de l'Esprit]. L’unité comme résultat n’est pas l’Un neutre et immédiat, l’unitas initiale, mais l’Un médiatisé qui s’est égalisé sans se diviser en s’actuant comme relation infinie à soi. L’Un vit de sa propre histoire a priori. Il se réfléchit sans être. Nous comparons cette pensée cusaine de l’Unum in se ["l'Un-en-soi"] à celle, thomiste, de l’Esse per se subsistens ["l'Être par soi-même subsistant") qui ne se précède pas à lui-même dans son acte d’être, qui est unique et immédiat, immuable, infini, éternel, parce qu’il est. Il n’est pas parce qu’il est un, il est un parce qu’il est. »[17].
La manière de penser la création est elle aussi originale chez Nicolas de Cues, puisqu'il pense celle-ci, dans le deuxième livre de laDocte ignorance, comme une contraction de l'Être divin, qui fait entrer du vide dans l'être, ce qui permet la diversité des étants. Cette conception est très proche de la notion juive detsim-tsoum développée un siècle plus tard dans lakabbale lourianique[18].
Esprit curieux et rigoureux, sa bibliothèque a été conservée à Bernkastel-Kues. Elle offre en particulier les meilleures copies de certaines œuvres latines du dominicainMaître Eckhart, dont il s'est partiellement inspiré sur certains points de doctrine touchant à la vie mystique (codex cusanus 21, de 1444), et à la théologie négative.
Nicolas de Cues rompt avec la distinction aristotélicienne entre les mondes supra-lunaire et sub-lunaire, en appliquant à la « machine du monde » l'image dela sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Cette image, dont l'origine remonte aux écrits hermétiques (Livre des XXIV philosophes, proposition II, datant peut-être duIVe siècle), reçut son expression classique à la fin duXIIe siècle, en particulier chezAlain de Lille (1116-1202), dans sesRègles de Théologie, où elle était appliquée exclusivement à Dieu :« Dieu est la sphèreintelligible… »[19]. Nicolas de Cues accepte cette image symbolique (qui sera reprise par lePascal desPensées et bien d'autres), image qu'il applique d'ailleurs aussi à Dieu ; mais son originalité est de l'utiliser aussi à propos de l'univers, quitte à bouleverser la cosmologie traditionnelle et ainsi continue le pas menant à larévolution copernicienne. Cette avancée décisive est bien résumée dans cette phrase empruntée au second livre de son traitéDe la docte ignorance (1440), au titre emblématique de sa volonté d’union des contraires ou, comme il dit, de « coïncidence des opposés » :
« Donc la machine du monde aura, pour ainsi dire, son centre partout et sa circonférence nulle part, parce que Dieu [Lui-même] est sa circonférence et son centre, lui qui est tout à la fois partout et nulle part (Nicolas de Cues[8]). »
En revanche, il n'admet pas l'existence d'uninfiniment petit.« Pour lui, les nombres commencent à 1. Il n'y a même pas de zéro[d] ! On a découvert une comptabilité qu'il a tenue. Il explique le bon équilibre des recettes et des dépenses comme une "absence de différence" et non comme un solde zéro entre les deux » (Jean-Marie Nicolle[8]).
Alors qu'il est l'un des premiers à envisager l'infini dans le réel cosmique, il semble donc que Nicolas de Cues ait en revanche été rétif au concept d'ensemble vide et du zéro comme nombre avec lequel opérer[8] ; pourtant cette notion héritée de l'Inde via les mathématiciens arabes commençait déjà à se répandre à son époque en tant que concept, à défaut d'être généralisée dans la vie courante. Les chiffres indo-arabes avaient déjà été importés en Europe depuis quatre siècles par le futur papeSylvestre II (ouGerbert d'Aurillac, sous la forme de « l'abaque de Gerbert »), sans grand succès. Mais les travaux notamment deLeonardo Fibonacci, ainsi que ceux deNicole Oresme à propos dessuites mathématiques (qui lient d'ailleurs étroitementzéro avec l'infini) précédaient pourtant largement Nicolas de Cues, et il en avait probablement connaissance. D'une certaine manière, l'expression « centre partout et circonférencenulle part » implique d'ailleurs le zéro en tant que concept sous-jacent.
Toujours est-il que, sans être à proprement parler infini, l'univers est pour Nicolas de Cuessans limite finie, il est donc indéfini ou « indéterminé » (sans terme assignable). Il reprend en cela les déductions déjà faites parNicole Oresme au siècle précédent, pour qui :« il est nécessaire qu’existe un espace infini pour que Dieu puisse éventuellement y placer un être. Cet espace, c’est l’immensité même de Dieu » (Jean-Marie Nicolle[8]).
Comme l'univers est indéfiniment grand, Nicolas de Cues considère que la terre ne peut plus en être le centre :
« Bien que le monde ne soit pas infini, il ne peut cependant pas être conçu comme fini, puisqu'il lui manque les termes entre lesquels il serait enclos. Par conséquent, la terre, qui ne peut pas en être le centre, ne peut pas être privée de tout mouvement. En effet, il est nécessaire qu'elle soit mue de façon telle qu'elle soit mue infiniment moins. Comme donc la terre n'est pas le centre du monde, de même la sphère des fixes n'en est pas la circonférence, bien que, si l'on compare la terre au ciel, la terre paraît plus proche du centre et le ciel de la circonférence. »[20]
Il confirme que, comme tous les astres, la terre n'est pas fixe mais en mouvement :
« Il résulte de tout cela que la terre se meut. Et puisque du mouvement des comètes, de l'air et du feu, nous savons que les éléments se meuvent, et que la lune [se meut] de l'Orient à l'Occident, moins [vite] que Mercure ou Vénus ou le soleil et ainsi de suite, il s'ensuit que la terre se meut moins que tout le reste, et cependant elle ne décrit pas, comme une étoile, un cercle minimum autour du centre ou du pôle, pas plus que la huitième sphère ne décrit un [cercle] maximum comme on vient de le démontrer. »[21]
Le Cusain prend ainsi part à ce mouvement de transition entre le Cosmos clos de l'Antiquité et l'Univers infini de l'époque moderne.Giordano Bruno, lecteur de Nicolas de Cues, s'inspirera de ses propositions pour sa théorie concernant l'infinité de l'univers ;René Descartes reconnaîtra dans sa correspondance l'originalité de sa pensée. Toutefois, la cosmologie présentée par Nicolas de Cues ne peut ni neveut être parfaitement mathématisée. Cette insistance sur l'« imperfection » naturelle le distingue, sur ce point, clairement de ses successeurs, commeCopernic etGalilée ; peut-être est-ce un ultime vestige de la vision sub-lunaire d'Aristote, pour qui la physique ne pouvait être réduite en aucun cas aux mathématiques, du fait de l’individualité concrète des corps matériels[22].
Armoiries de Nicolas de Cues sur sa tombe dans laBasilique Saint-Pierre-aux-Liens à Rome. À noter que l'emblème du homard ou écrevisse pourpre qu'on y voit (qui fait allusion à sonpatronyme : Chrypffs, Cryfftz ou Krebs, et qui est surmonté du chapeau de cardinal ou "Galero"), se retrouve aujourd'hui dans lesArmoiries de Bernkastel-Kues, sa ville natale.
Cherchant à démontrer la puissance de son principe appelé "la coïncidence des opposés", le Cusain s'est lancé dans une recherche mathématique[23],[24] pour résoudre le problème de laquadrature du cercle, rédigeant de 1445 à 1459 une douzaine de traités sur la question[25]. Au Moyen Âge, ce problème revêt une très forte symbolique religieuse : c'est un exercice spirituel figurant le passage du terrestre (le carré) au céleste (le cercle). Or on sait aujourd'hui que ce problème est insoluble du fait de latranscendance dunombreπ et la démonstration en a été faite en 1882 parFerdinand von Lindemann.
La quête mathématique de Nicolas de Cues était donc vouée à l’échec : bien qu'il croie avoir trouvé la solution, il essaie en vain plusieurs méthodes jusqu'à recourir à la "visio intellectualis", sorte d'intuition visuelle qui ne démontre rien. Sauf dans sonDe transmutationibus geometricis, ses propositions reviennent à une évaluation deπ en dehors de l'encadrement d'Archimède.
Voulant utiliser les mathématiques comme propédeutiques à la formation des théologiens, il est victime de préjugés métaphysiques hérités dunéoplatonisme, comme la confusion entre l'égalité et l'identité, le privilège donné à la ligne droite sur les lignes courbes, la croyance dans l'ordre proportionnel des choses. Les mathématiciens de son temps étaient plus avancés, etRegiomontanus ne s'est pas privé de se moquer des mathématiques du Cusain[26].
Sous une apparence conservatrice, Nicolas de Cues laisse une empreinte ambiguë dans l'histoire de l'Église : défenseur acharné de la cause pontificale, l'« Hercule des Eugéniens » (surnommé ainsi parce qu'il a défendu la cause du pape Eugène IV avec la force d'Hercule) est aussi célèbre pour avoir inspiré la pensée de nombre de novateurs postérieurs.
Refusant d'associer une quatrième personne à la Trinité (qui serait le Christ ressuscité aux côtés du Père, du Verbe et de l’Esprit), il défend le dogme de l'union hypostatique : le Christ ne doit pas le fait d'être « un homme » à une subsistance humaine, mais au Verbe. Alors, en Christ, l'humanité est unie personnellement à l'Être maximal, à l'Infini. Jésus existe ainsi en tant que personne dès l'origine, sans attendre les étapes du développement progressif de l'embryon. Il est de ce fait « minimus homo » (sermon 17). Il est cependant aussi « maximus homo », homme parfait possédant au plus haut degré les vertus humaines. Minimum et maximum coïncident là aussi.
Cette union hypostatique rend possible l'échange des propriétés essentielles que l'on appelle « communication des idiomes » en théologie, l'interaction entre les deux natures divine et humaine en la personne du Christ. Cette interaction, indissociable des mystères de l'Incarnation et de laTrinité, notamment de« la conception de l’"Un unitrine" de Nicolas de Cues [qui] fait de l’unité de l’Un un résultat »[27], permet d'assumer la plénitude de leurs conséquences dans la fusion de l'humain et du divin. Alors, dans laCrucifixion, Dieu accède à la connaissance de la mortalité, et l'humanité accède à l'immortalité et à l'ubiquité. Cette manière de penser la Croix retiendra l'attention de l'évangélique françaisLefèvre d'Etaples, qui édite les œuvres du Cusain en 1514.
Ulrich Pinder,Speculum intellectuale felicitatis humane. Compendium breve de bone valitudinis cura, quod est Regimen sanitatis, Nüremberg, 1510. Recueil de morceaux choisis du Cusain.
Opera, ss dir. Lefèvre d'Etaples, Paris, Josse Bade, 1514 ; réédité par Henri Petrus, Bâle, 1565
Opera omnia, éd. de l'Académie de Heidelberg, Leipzig, Meiner, 1932 et suiv.
Les Opuscules des années 1440-49 (Le Dieu caché; La recherche de Dieu; la filiation de Dieu; le don du Père des lumières; Conjectures des derniers jours; Dialogue sur la genèse) et 1459 (L'Égalité ; le Principe); introduction, traduction et notes de Hervé Pasqua, ICR, Ipagines, Rennes 2011(ISBN978-2-9538844-0-1)
La Sagesse, l'esprit, les expériences de statique selon l'Idiot ; tr. Françoise Coursaget, intr. et commentaires Roger Bruyeron, Hermann, 2012(ISBN978-2-7056-8243-9)
Edmond Vansteenberghe,Le Cardinal Nicolas de Cues (1401-1464). L'action, la pensée, Paris, Alcan, 1920.
Henry Bett,Nicolas of Cues, Londres, 1932
Maurice de Gandillac,La philosophie de Nicolas de Cues, Paris, Aubier, « Philosophie de l'Esprit » 24, 1941.
Alexandre Koyré,Du monde clos à l'univers infini, tr. Raïssa Tarr, Paris, PUF, 1962.
Bufo, Giovani,Nicolas de Cuse ou la métaphysique de la finitude, Paris, Seghers, "Philosophes de tous les temps" 10, 1964.
Anawati, Georges Chehata,Nicolas de Cues et le problème de l'Islam, dansNicolo Cusano agli inizi del mondo moderno, Florence, 1970,p. 141-173.
Counet, Jean-Michel,Mathématiques et dialectique chez Nicolas de Cuse, Paris, Vrin, 2000.
Gandillac, Maurice de,Nicolas de Cues, Paris, Ellipses, coll. "Philo", 2001.
Bédard, Jean,Nicolas de Cues, Montréal, Éditions de l'Hexagone, 2001.
Larre, David (éd.),Nicolas de Cues, penseur et artisan de l’unité. Conjectures, concorde, coïncidence des opposés, Paris, ENS Éditions, 2005.
Counet, Jean-Michel et Mercier, Sébastien (éd.),Nicolas de Cues, les méthodes d’une pensée, Louvain-la-Neuve, Éditions de l’ISP, 2006.
Marie-Anne Vannier (éd.),La naissance de Dieu dans l’âme chez Eckhart et Nicolas de Cues, Paris, Cerf, coll. "Patrimoines", 2006.
Vannier, Marie-Anne (éd.),L’Humilité chez les mystiques rhénans et Nicolas de Cues, Paris, Beauchesne, 2016.
Bocken, Iñigo,L’Art de la collection. Introduction historico-éthique à l’herméneutique conjecturale de Nicolas de Cues, trad. J.-M. Counet, Louvain-la-Neuve, Éditions de l’ISP, 2007.
Kurt Flasch,Initiation à Nicolas de Cues, adapt. fr. J. Schmutz & M. Corrieras, Paris - Fribourg, Cerf - Academic Press, 2008.
Vannier Marie-Anne (éd.),La Prédication et l'Église chez Eckhart et Nicolas de Cues, Paris, Cerf, coll. Patrimoines", 2008.
Vannier Marie-Anne (éd.),La Trinité chez Eckhart et Nicolas de Cues, Paris, Cerf, coll. "Patrimoines", 2009.
Corrieras, Maude,Le traité du béryl: Tome 2, Introduction au traité De Beryllo de Nicolas de Cues - Le De Beryllo, une ars cognoscendi, Paris, Ipagine,2012(ISBN978-2953354997)
Sfez, Jocelyne,L'Art des conjectures de Nicolas de Cues, Paris, Beauchesne, 2012.
Jean-Michel Counet, “Dialectique et mathématiques chez Nicolas de Cues" (pp. 449-469),In Michel Cazenave (sous la direction de),De la science à la philosophie. Y a-t-il une unité de la connaissance ?, Paris, Albin Michel/France Culture, 2005,(ISBN2-226-15564-3)
↑Pour les Grecs en effet, l’in-fini ("in" privatif) est le"négatif" du fini auquel il est« irréductiblement opposé. Le fini est pour eux associé à la forme, la perfection, la totalité, l’Un [soit la mesure, l’équilibre, l’harmonie]. L’infini est perçu comme inachèvement, imperfection, multiplicité » (Tony Lévy,9e colloque de Landerneau,Histoire d’infini, 1992[8]). Soit un indéfini vague, sans contour, et chaotique, un peu comme« la mer duTartare, ce lieu sous les enfers où l’on jetait les dieux déchus, sans rives, ni fond, ni repères. » (Jean-Marie Nicolle[8]). Alors que pour nous, l’infini c’est un peu une sorte de « plus-grand-que-le-plus-grand », donc un "immense" à la puissance n, infini = "sans fin" et doncpositif, promesse d'éternité ; pour les Grecs infini = "pas fini". Pour nous, la fin est associée à lafermeture, à la limite, à l'entrave, à la mort ; pour les Grecs le fini est associé à laforme reconnaissable, à l'identité, au parachevé. Pour les Grecs anciens, l'infinité est donc uneinfinitude, un improbable flou mathématique incommensurable (comme lesnombres irrationnels qu'ils découvrent géométriquement, dont√2 par exemple), un vertige, c’est donc l’effroi maximum. Pour eux, seul ce qui est mesuré est équilibré et harmonieux, le mesurable rationnel est rassurant, à la fois sur les plans mathématique, métaphysique et psychologique : ainsi, la tempérance et la modération, qui sont d’abord connaissance de soi et de ses limites, sont seules souhaitables ; l’hubris [ὕϐρις], la démesure, dont relève l’infini en tant que non mesurable, était pour eux du côté de la folie, de l'irrationnel, de la violence débridée des passions[8].
↑(actus essendi est « ce par quoi une chose est »[13], ce qui fait qu’unétant est ; maisactus est là distingué d’opus, qui est l’œuvre de l’être donnant l’existence à tous les étants[9]. On y retrouve la substance duPremier Moteur d'Aristote (voir aussi l'articlecause première) qui est cause enacte (ὴ οὐσία ἐνέργεια)[14]. Plus tardHegel commentera ainsi ce concept :« Lasubstance absolue de l’étant-en-et-pour-soi [l’être véritable] se définit chez Aristote comme lenon-mû, l’immobile et l’éternel, qui esten même temps moteur, activité pure,actus purus. […] LesScolastiques ont vu avec raison [dans la définition de l’essence absolue comme pure activité] la définition même de Dieu : Dieu estl’activité pure[15]. »)
↑(laforma essendi est ce qui fait qu’un étant estce qu’il est, etcomme il est, c'est « la forme, entendue comme ce qui fait d’une chose ce qu’elle est »[9] en tant que distincte des autres)
↑a etbJean Delumeau, « Nicolas de Cues, Célébrations nationales 2001 », surEncyclopédie de l'Agora(consulté le), résumé introductif. On trouvera ce texte écrit à l'occasion de l'anniversaire des 600 ans de la naissance du Cusain, dans une version plus complète, sur le site du ministère de la Culture consacré aux célébrations nationales en 2001 :Jean Delumeau, « Nicolas de Cues, Célébrations nationales 2001 », surculture.gouv.fr(consulté le).
↑Vansteerberghe, M., « L'humanisme en Alsace »,Actes du Congrès de 1938 de Strasbourg de l'Association Guillaume Budé,,p. 15.
↑Sur ses découvertes de manuscrits, voir Sabbadini Remigio,Le scoperte dei codici latini e greci ne’secoli 14 e 15, Firenze, G.C. Sansoni, 2 tomes: 1905 et 1914, notamment dans le tome 1,p. 109-113:archive.org
↑À propos du lien entre la pensée de Nicolas de Cues et la théologie négative, voir notamment, dans le numéro 26-27 de la revueNoesis (2016, p. 113-114) consacré à « Nicolas de Cues (1401-1464) :Le tournant anthropologique de la philosophie », l'article d’Hervé Pasqua, « Thomas d’Aquin et Nicolas de CuesActus essendi etPossest », surOpenEdition.org, 2016, mis en ligne le 15 juin 2018(consulté le), § 1 et 4 à 7.
↑abcdefghijk etlVoir sur ces sujets, dans le numéro spécial 202 consacré àL'Infini de la revueSciences et Avenir, l'article deDenis Delbecq, « Deux mille cinq cents ans pour approcher l'inconcevable »,Sciences et Avenir,,p. 26-31.
↑dont on trouvera une traduction en ligne ici :Tertullien, traduction littérale par J. P. Waltzing, « L'Apologétique : Apologie du christianisme écrite en l'an 197 après J.-C », surtertullian.org, 1914, mis en ligne en 2002(consulté le) ; ou ici :Tertullien, traduction par Antoine-Eugène Genoud, « Apologétique », surWikisource,(consulté le). Et le fac-simile de la traduction de 1914 ici :Tertullien, traduction littérale par J. P. Valtzing, « Apologétique », surGallica BnF.fr,(consulté le).
↑Voir dans le numéro 26-27 de la revueNoesis (2016, pp. 113-114) consacré à « Nicolas de Cues (1401-1464) :Le tournant anthropologique de la philosophie », l'article d’Hervé Pasqua, « Thomas d’Aquin et Nicolas de CuesActus essendi etPossest », surOpenEdition.org, 2016, mis en ligne le 15 juin 2018(consulté le), résumé introductif, et § 1 à 5.
↑Alexandre Koyré,Du monde clos à l'univers infini, Gallimard,p. 17-43
↑Jean-Marie Nicolle,Mathématiques et métaphysique dans l'œuvre de Nicolas de Cues, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion,, 327 p.(ISBN2-284-02110-7)
↑Cf. Nicolas de Cues,Les écrits mathématiques, présentation, traduction et notes par Jean-Marie Nicolle, Paris, Champion, 2007 et Jean-Marie Nicolle,Le laboratoire mathématique de Nicolas de Cues, Paris, Beauchesne, 2020.
↑voir dans le numéro 26-27 de la revueNoesis (2016, p. 113-114) consacré à « Nicolas de Cues (1401-1464) :Le tournant anthropologique de la philosophie », l'article d’Hervé Pasqua, « Thomas d’Aquin et Nicolas de CuesActus essendi etPossest », surOpenEdition.org, 2016, mis en ligne le 15 juin 2018(consulté le), résumé introductif.
(de)Portail Nicolas de Cues (Cusanus-Portal) (Projet de la DFG réalisé par l'Institutfür Cusanus-Forschung et leKompetenzzentrum für elektronische Erschließungs - und Publiktaionsverfahren in den Geisteswissenschaften de l'université de Trêves avec une version numérisée des œuvres complètes selon l'édition de l'Académie de Heidelberg avec des traductions allemandes et anglaises, une encyclopédie et une bibliographie)
(fr) Voir leno 26-27 de la revueNoesis (2016), entièrement consacré à « Nicolas de Cues (1401-1464). Le tournant anthropologique de la philosophie », et qui est intégralement consultable en ligne, sommaire :[2]