Il est célèbre pour ses travaux pionniers enstatistique et enprobabilités, pour son analyse des modes de scrutin, levote Condorcet, « théorème du jury » et leparadoxe de Condorcet, ainsi que pour ses écrits philosophiques et son action politique, notamment contre l'esclavage et pour l'égalité des sexes, tant avant laRévolution que sous celle-ci. Siégeant parmi lesgirondins, il propose la refondation dusystème éducatif au profit du peuple, dont les femmes en tant que base de la démocratie, ainsi que celle dudroit pénal.
LaConvention nationale ordonne son arrestation en 1793. Après s'être caché pendant neuf mois à Paris, il tente de fuir, est arrêté et placé dans une cellule de la prison de Bourg Égalité (Bourg-la-Reine) ; il y est retrouvé mort le surlendemain. Les causes de sa mort ne sont pas élucidées.
Biographie
Maison natale de Condorcet vers 1875. Dessin de Joachim Malézieux (1851-1906).
Origines familiales et formation
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat de Condorcet est issu d'une branche de lafamille de Caritat dont les membres tiennent leur titre de la possession (depuis 1552) de laseigneurie deCondorcet, alors dans la province duDauphiné (aujourd'hui dans laDrôme)[1]. Les Caritat ont reçu le titre de comte en980[2].
Il est le fils d'Antoine de Caritat de Condorcet, originaire du Dauphiné, officier durégiment de Barbançon, en garnison à Ribemont, qui meurt le au cours de manœuvres d'entrainement enAlsace, alors que son fils a un peu plus d'un mois[3].
Sa mère, Marie Madeleine Catherine Gaudry, très dévote, voue son fils à la Vierge Marie et l'habille en robe jusqu'à ses9 ans, âge auquel elle confie son éducation à unprécepteurjésuite[4].
Sur l'intervention de son oncle paternel l'évêqueJacques-Marie de Caritat de Condorcet (1703-1783), Condorcet est envoyé à11 ans aucollège des Jésuites de Reims, puis à15 ans aucollège de Navarre àParis[5]. Il conserve toute sa vie des souvenirs douloureux du système d'éducation des Jésuites, pourtant réputé, auquel il reproche notamment ses brutalités et ses méthodes humiliantes[6].
Condorcet se distingue par des capacités intellectuelles remarquables.
Le mathématicien
À l'âge de13 ans, il reçoit un prix de seconde[7].
En 1757, il obtient son émancipation. Son oncle est choisi commecurateur[8].
À l'âge de16 ans, ses capacités d’analyse sont remarquées pard'Alembert etClairaut. C'est à cet âge qu'il soutient sa thèse de mathématiques[9].
Il refuse la carrière militaire à laquelle sa famille le destine pour se consacrer à celle de mathématicien[5]. Bientôt, il devient l’élève, l'ami et finalement le légataire universel de d’Alembert (1717-1783)[10].
Anonyme,Le Marquis de Condorcet, localisation inconnue.
De 1765 à 1774, il se concentre plus particulièrement sur lessciences.
En 1765, il publie son premier travail de mathématiques, intituléDu calcul intégral, qui reçoit un rapport enthousiaste de d'Alembert et deBézout[11].
Dès 1767-1769, il écrit ses premiers articles enarithmétique politique et en calcul desprobabilités, défrichant ainsi la nouvelle disciplinestatistique[12]. Condorcet est influencé par les savants desLumières de l'Italie du Nord et par leurs essais de formalisation du réel (Cesare Beccaria, lesPietro etAlessandro Verri,Paolo Frisi[12], etc.). Il envisage ainsi des calculs en matière dejurisprudence (voir le texte inachevé « Sur les lois criminelles en France »)[12]. En 1784, Condorcet développe une théorie d'ensemble de l'arithmétique politique[12].
L'amitié avec ce dernier date de ces années-là (au plus tard 1770)[13]. Cette même année, à l'occasion d'un voyage àFerney, il noue une amitié durable avecVoltaire[13].
En 1772, il publie de nouveaux travaux sur lecalcul intégral, unanimement acclamés.
À l'Académie des Sciences, il s'attache à la rédaction des éloges des académiciens, travail qui devient sa tâche officielle lorsqu'il y est élu pensionnaire, adjoint au Secrétaire perpétuel en 1773[13].
Il soutient les réformes entreprises par Turgot au contrôle général des finances. L'objectif de Turgot est de diminuer, voire de mettre fin, au déficit budgétaire chronique. Il prend des mesures de restriction et de contrôle des dépenses, qui ont une certaine efficacité. Il promeut aussi plusieurs réformes importantes : liberté du commerce des céréales (1774), suppression de lacorvée royale[13] etsuppression des corporations (1776). Condorcet écrit essentiellement despamphlets :Lettre d'un cultivateur de Picardie à M. Necker, auteur prohibitif (1774), dans laquelle il attaqueJacques Necker et soncolbertisme, suivi deRéflexions sur le commerce des blés (écrit en 1775 et publié en 1776)[16] etRéflexions sur les Corvées (1775)[17].
En 1775, Turgot le nomme inspecteur général de laMonnaie[12]. Condorcet s'installe à Paris à l'hôtel de la Monnaie, où sa mère et son oncle maternel Claude Nicolas Gaudry le rejoignent[18].
En 1776, Turgot est démis de son poste de contrôleur général. Condorcet choisit alors de démissionner de son poste d’inspecteur général de la Monnaie ; sa démission est refusée. Il reste en poste jusqu’en 1790.
Philosophe engagé (1776-1789)
Les années suivantes, tout en continuant ses travaux scientifiques et techniques, il prend la défense desdroits de l'homme et soutient lesdroits des minorités, dontceux des femmes, desJuifs et desNoirs. Il s'engage dans la défense contre les injustices et soutient les idées novatrices venues desÉtats-Unis tout juste indépendants. Il propose en France des projets de réformes politiques, administratives et économiques.
Cette période voit aussi la disparition d'êtres chers (Julie de Lespinasse en 1776, sa mère en 1778,Voltaire en 1778,Turgot en 1782, son oncle etd'Alembert en 1783 dont il devient l'exécuteur testamentaire)[13]. Il rend hommage à ses trois amis Turgot, Voltaire et d'Alembert dans deux biographies et un éloge (Éloge de D'Alembert[19] (1784) -Vie de Turgot (1786) -Vie de Voltaire (1789)) dans lesquelles il expose et commente leurs idées politiques et philosophiques.
En 1776, il est élu Secrétaire perpétuel à l'Académie royale des sciences[20] et continue sa série d'éloges des académiciens[13].
En 1776-1777, il collabore à la hauteur de vingt-quatre articles dans leSupplément à l'Encyclopédie[13].
À partir du printemps 1785, il milite auprès des politiques afin que l'arithmétique politique soit enseignée comme science à part entière, et lui donne un rôle central en ce qui concerne l'instruction publique ; celle-ci sera l'ancêtre de lastatistique moderne[12].
En 1786, il participe à l'aventure duLycée, établissement mixte où vont enseigner des académiciens de renom (Jean-François Marmontel, l'écrivainLa Harpe, le chimisteAntoine-François Fourcroy et le mathématicienGaspard Monge[22]). Condorcet est responsable de la chaire de mathématiques. Il délègue àSylvestre-François Lacroix la charge d'assurer les cours sous sa supervision[23] mais y prononce les discours inauguraux (sur les sciences mathématiques en 1786, sur l'astronomie et le calcul des probabilités en 1787[13]).
En 1788, il est membre fondateur de laSociété des Trente, cercle d'idées révolutionnaires et club d'influence constitutionnelle[27]. Au début de 1789, il publie de nombreux essais sur le droit et devoir des citoyens (Déclaration des droits,Lettres d’un gentilhomme à Messieurs du Tiers État,Réflexions sur les pouvoirs et instructions à donner par les provinces à leurs députés aux États Généraux[13]. Il joue un rôle actif en aidant à la rédaction descahiers de doléances de la noblesse à Mantes puis à Paris. Il n'est pas élu député auxétats généraux[28].
Période de la révolution
Durant l'Assemblée nationale constituante (juillet 1789 – septembre 1791)
Condorcet voit dans laRévolution la possibilité d'une réforme rationnelle de la société.
Après laprise de la Bastille, il est élu, le 18 septembre 1789, dans l'assemblée générale de laCommune de Paris[13], dont il dirige le comité de rédaction du projet de statut municipal[29]. À ce poste, en 1790, il s'oppose en vain, à l'Assemblée nationale constituante, qui a établi un « décret du marc d'argent » visant à subordonner l'exercice des droits de citoyen au versement d'une somme importante[30]. Il essuie un même échec dans sa demande de faire de Paris un département à part entière et dans sa proposition du statut municipal[31]. Il n'est pas réélu en janvier 1791[32].
Un décret ayant mis fin au poste de directeur des monnaies (1790), Condorcet quitte l'hôtel des monnaies. En avril 1791, malgré son opposition affichée à la mise en place desassignats, il est choisi par le roi pour occuper un poste d'administrateur de latrésorerie nationale. Son acceptation, considérée par beaucoup comme une compromission, lui sera plus tard reprochée[36]. Il se démet de cette fonction avant son élection aux législatives[37],[Note 3] et prononce en 1792 un discoursSur la nomination et la destitution des commissaires de la trésorerie nationale où il s'insurge contre le pouvoir de nomination discrétionnaire du roi pour ces postes[38].
AvecThomas Paine etAchille du Chastellet, il collabore sous l'anonymat à une publication intermittente,Le Républicain, qui diffuse les idées derépublicanisme. En juillet 1791, après lafuite manquée de Louis XVI à Varennes, il y insère un court textesatirique, laLettre d'un jeune mécanicien aux auteurs du Républicain, où il tourne en dérision le modèle de lamonarchie constitutionnelle ; le « mécanicien » propose de remplacer le roi et la famille royale par desautomates :« Mon Roi ne serait pas dangereux pour la liberté. Et cependant, en le réparant avec soin, il serait immortel, ce qui est encore plus beau que d'être héréditaire ». Ses amis royalistes sont outrés de son retournement[39].
Durant cette période, Condorcet s'active dans deux directions : le journalisme et sa fonction de député[40].
Il expose ses idées et celles des autres philosophes dans une revue politique et sociale qu'il publie, laBibliothèque de l'homme public. Dans leJournal de Paris (octobre 1791), puis dansLes Chroniques de Paris à partir de novembre, il est chargé de la rubrique sur l'assemblée nationale[41]. C'est dans ce journal qu'il publiera les textes contreRobespierre en avril-juin 1792, lors dugouvernement girondin, dans le conflit qui opposeBrissot et les Girondins à Robespierre et lesJacobins[42]. Il écrit également dans une revue mensuelleLa Chronique du mois des essais concernant les réformes qu'il juge utiles[43].
À l'assemblée législative, où il siège près deBrissot[44], il est considéré comme un meneur de la majorité prenant la parole lors des grandes circonstances[40]. Il en est secrétaire (octobre 1791), vice-président (janvier 1792) et président de quinzaine du 5 au 19 février[45]. C'est lui qui rédige lesAdresses, messages adressés au peuple ou aux autres nations, qui sont toujours adoptées, imprimées et distribuées dans tous les départements[40].
Il intervient en octobre 1791 quand se décide le sort à réserver auxémigrés. Il rappelle le droit fondamental de la liberté de circulation mais exige des émigrés un engagement à ne pas se retourner contre la France. L'attitude choisie parBrissot et l'assemblée sera moins modérée[46].
Il est membre ducomité d'instruction publique chargé d'examiner une réforme de l'enseignement public qui débouche sur leRapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique présenté à l'assemblée le 20 avril 1792[13].
En novembre, lors du débat concernant les prêtres réfractaires, il prône plus généralement la séparation entre l'Église et l'État et la création d'un état civil indépendant de l'Église. Cette position l'éloigne encore plus des amis royalistes qui lui restent[47].
En décembre 1791, quand la guerre menace, Condorcet, malgré son désir de paix en Europe, soutient l'ultimatum proposé par le roi. Son projet d'adresse est adopté dans l'enthousiasme[48],[49]. Il complète sa pensée dans sonDiscours sur l'empereur de janvier 1792 approuvé et imprimé par l'Assemblée[50].
En février, il fait adopter une adresse aux FrançaisL'Assemblée nationale aux Français dans laquelle il essaie de rassembler les Français autour de plusieurs projets phares : rétablissement des finances, rédaction d'un code civil, mise en place d'une instruction nationale, création d'un système fraternel de secours public et se prononce pour la guerre[51].
Le 20 avril, son projet d'instruction publique est éclipsé par la situation extérieure : l'assemblée vote la déclaration de guerre. Le projet de Condorcet est repoussé, en attendant l'étude des moyens financiers à mettre en place.
Les 19 et est adopté un décret relatif au brûlement de tous les titres généalogiques établissant les titres de noblesse[52], pris sur la proposition de Condorcet. Ce décret complète un autre décret du, qui abolissait les titres de noblesse[53].
En juillet 1792, il est impliqué dans les événements qui précèdent la destitution du roi. Le 11 juillet, lapatrie est déclarée en danger, la méfiance envers le roi grandit. Président de la Commission des Vingt-et-un[Note 4], Condorcet étudie comment protéger la nation des décisions royales. Les demandes de déchéance du roi parviennent à l'Assemblée. Condorcet, pourtant favorable à la république, tergiverse : légaliste, il considère la déchéance comme prématurée, préfère une transition en douceur, se méfie de l'insurrection populaire et souhaite que la décision vienne de l'Assemblée ; le rapport de la commission va dans son sens. C'est le peuple qui, finalement, le10 août 1792, décide de la chute de la monarchie[55]. Ses deux adressesExposés des Motifs (13 août) etAdresse de l'Assemblée Nationale aux Français (19 août) expliquant les raisons de la destitution sont votées à l'unanimité et distribuées dans les départements et les ambassades de France[56].
Lors desmassacres de Septembre, Condorcet reste étonnamment silencieux. Ce silence lui sera souvent reproché[57].
Il continue à écrire ses comptes-rendus de l'Assemblée dansLes Chroniques de Paris et crée leJournal d'instruction sociale en juin 1793 avecSieyès et Jules-Michel Duhamel[58].
Deux courants de pensée s’affrontent quant à la manière de réformer l’État français : lesgirondins, et lesmontagnards. Condorcet est plutôt partisan de l'union et se démarque peu à peu de ses amis girondins[59].
En octobre[13], il est élu membre du comité de constitution et propose en février 1793 à la Convention leprojet de constitution[60] qu’il a rédigé. Celui-ci n'est pas adopté par l’Assemblée.
Lors duprocès de Louis XVI, Condorcet, opposé à lapeine de mort, vote contre l’exécution deLouisXVI, choisissant la condamnation auxfers à vie, peine maximale qui ne soit pas la peine de mort[61]. Il vote contre l'appel au peuple et ne se prononce pas sur le sursis[62].
Pendant lesjournées du 31 mai et du 2 juin 1793, les girondins perdent le contrôle de l’Assemblée en faveur desjacobins et nombre d'entre eux sont arrêtés. Dans un premier temps, Condorcet, qui ne siège plus avec les girondins et s'est même prononcé contre eux en votant contre le rétablissement de laCommission des Douze, n'est pas inquiété[63].Saint Just, d'ailleurs, ne l'inclut pas dans son rapport concernant le prétendu « complot » girondin[64]. Lorsque le 24 juin[13], le montagnardMarie-Jean Hérault de Séchelles propose une nouvelle constitution, très différente de celle de Condorcet, celui-ci s'insurge. Dans uneLettre aux citoyens français sur la nouvelle constitution, il critique le nouveau projet, présente celui de février et dénonce le coup de force du 31 mai-2 juin[65] soutenant ainsi ouvertement les girondins. Le, sur proposition du montagnard jacobinFrançois Chabot, la Convention vote un décret d'arrestation contre lui[66].Jean Pierre André Amar l'ajoute comme complice du complot girondin dans son acte d'accusation[67] du 3 octobre 1793[13].
Averti parPierre Jean Georges Cabanis dudécret d'arrestation à son encontre, Condorcet est contraint de se cacher et trouve refuge pendant neuf mois dans la demeure de Rose Marie Boucher, veuve du sculpteur Louis François Vernet[68], « rue des Fossoyeurs » (actuellerue Servandoni) à Paris, où une plaque commémorative lui rend désormais hommage. Il en profite pour écrire l’un de ses ouvrages les plus appréciés par la postérité, l’Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, qui fut publié après sa mort, en 1795.
Il est retrouvé mort deux jours plus tard dans sa cellule. Les circonstances de sa mort restent énigmatiques (suicide par un poison issu d'une bague qu'il portait, meurtre etœdème pulmonaire figurent parmi les hypothèses)[Note 6],[70].
Travaux et pensée politique
Mathématiques
Les travaux mathématiques de Condorcet s'étalent de 1765 à 1787, avec de nombreuses publications donc beaucoup ne sont que des améliorations de publications antérieures[71]. Son sujet principal est l'analyse. On y note une attirance pour l'abstraction et la généralisation, sans support visuel permettant d'éclairer ses raisonnements[72].
À l’exception de sa mathématique sociale, il n'a pas laissé une grande trace dans l'histoire des mathématiques. Son traité d'intégration comporte quelques théorèmes entrevus par Euler et démontrés par Condorcet mais rien d'autre de décisif dans cette matière[73]. Ses historiographes expliquent cet oubli, d'une part par le fait que Condorcet investit plus de son temps dans le domaine politique que mathématique, d'autre part par le caractère difficile de ses exposés (absence de constance dans les notations, manque de précision dans le développement)[72].
On lui doit cependant une définition très moderne de la fonction comme correspondance entre grandeurs[74],[75].
Condorcet est convaincu que les mathématiques sont non seulement des outils puissants pour résoudre des problèmes très concrets mais aussi le lieu idéal pour exercer sa logique[76]. On lui doit cette observation :
« Les premières notions de mathématiques doivent faire partie de l’éducation des enfants. Les chiffres et les lignes parlent plus qu’on ne le croit d’ordinaire à leur imagination naissante, et c’est un moyen sûr de l’exercer sans l’égarer[77]. »
Il en fait donc un élément essentiel de son projet d'instruction avec notamment l'enseignement des mathématiques appliquées aux sciences morales et politiques[78].
Calcul intégral
SonEssai sur le calcul intégral traite de la résolution d'équations différentielles. Il est complété par sonTraité du calcul intégral, ouvrage ambitieux et incomplet commencé en 1778 et partiellement publié à partir de 1786[79]. Il cherche des méthodes générales de résolution[80] et s'intéresse aux solutions approchées (Problème des trois corps (1767) -Mémoire de Turin (1770) -Sur la détermination des fonctions arbitraires (1771) -Méthode d'approximation pour les équations différentielles dansTraité du calcul intégral -Théorie des comètes (1780))[81].
Probabilités
À partir de 1770, Condorcet se tourne vers les probabilités[82]. S'il n'apporte pas de résultats nouveaux notables dans cette branche, il essaie d'en clarifier les concepts et les usages[83]. Il cherche à élucider leparadoxe de Saint-Pétersbourg[84], et exploite laformule de Bayes, améliorée parLaplace dans des situations pratiques[85].
Théoricien des systèmes de votes et du jury pénal
Page de titre de l’Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix.
Dans de nombreux ouvrages (Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix de 1785 -Essai sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales -Sur les élections), Condorcet s’intéresse à la représentativité dessystèmes de vote, tant dans le cadre politique que dans le cadre judiciaire : l'essai de 1785 ne concerne pas tant le vote politique que le délibéré d'unjury, puisqu'il insiste sur le caractère correct, c'est-à-dire vrai ou faux, de la décision finale — il ne s'agit donc pas de déterminer une préférence (pour tel ou tel candidat) mais un fait (untel a-t-il commis tel crime ?). Partant de l'hypothèse d'une très légère propension de l'homme de la rue à juger en accord avec les faits plutôt que de façon erronée, il démontre que plus il y a de votants, plus les chances que le résultat du vote aboutisse à une décision correcte sont importantes. Cette démonstration mathématique soutient sa préférence, en matière pénale, pour le jury populaire plutôt que pour les magistrats individuels.
Ses travaux sur le jury le conduisent à condamner lapeine de mort. Dans une lettre àFrédéric II de Prusse, il explique les motifs de son opposition à cette peine : selon lui, les crimes graves et affreux qui en sont susceptibles conduisent lejury populaire — institution qu'il défend dans sa correspondance avecTurgot de 1771, au cours de laquelle il préconise d'écarter les préjugés de classe en évitant que des riches ne jugent des pauvres, et inversement, ainsi que dans l’Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix (1785) — à ne pas pouvoir juger de façon sereine et éclairée, d'où une propension importante à l'erreur judiciaire. Tout comme dans ses travaux sur les modes de scrutin, Condorcet montre ainsi comment les mathématiques peuvent être employées pour soutenir l'analyse de problèmes sociaux et politiques.
Dans les autres essais, il démontre que lescrutin uninominal peut très bien ne pas représenter les désirs des électeurs dès lors que le premier candidat ne récolte pas plus de la moitié des voix : c'est leparadoxe de Condorcet, qui montre un biais inhérent à ce type de scrutin, dans la mesure où le candidat préféré d'une majorité d'électeurs peut n'être pas élu, en raison de la division de ceux-ci et de la dispersion conséquente des voix, conduisant ainsi un candidat qui n'obtient qu'une majorité relative à être élu. En effet :
Considérant une assemblée de 60 votants ayant le choix entre trois propositions a, b et c. Les préférences se répartissent ainsi (en notant a > b, le fait qu'a est préféré à b) :
23 votants préfèrent : a > c > b
19 votants préfèrent : b > c > a
16 votants préfèrent : c > b > a
2 votants préfèrent : c > a > b
Le candidata sera élu, ayant remporté 23 voix, soit la majorité. Néanmoins,a n'est pas le choix préféré de la majorité des électeurs, puisque 35 électeurs (19 + 16) préféraientb àa, mais qu'ils n'ont pas réussi à faire élireb car ils ont chacun préféré voter pour leur candidat préféré dans l'absolu, c'est-à-direb ouc. En termes concrets : si la gauche (ou la droite) possède une majorité dans le pays, mais présente deux candidats plutôt qu'un, elle perdra les élections face au candidat unique de l'autre camp. Ce « paradoxe » sera développé auXXe siècle dans lathéorie du choix social, et notamment par lethéorème d'impossibilité d'Arrow.
Pour pallier ce biais, Condorcet propose un autre système, laméthode de Condorcet, dans lequel l'unique vainqueur est celui, s'il existe, qui comparé tour à tour à tous les autres candidats, s’avérerait à chaque fois être le candidat préféré. Néanmoins, il considère que ce système est peu réalisable à grande échelle. À la même époque (1770 puis 1784), son collègueJean-Charles de Borda émet les mêmes doutes concernant le vote à la majorité et propose un autre système de vote,avec pondérations : laméthode Borda[86].
Encyclopédiste
Dans le supplément de l'Encyclopédie de 1776-1777, Condorcet est chargé de la rédaction des articles d'analyse[87]. Il s'agit de prendre en compte les avancées faites dans cette matière depuis la première publication. Condorcet y expose donc les travaux de d'Alembert,Euler,Lagrange,Vandermonde,Bézout, … , en leur en attribuant le mérite[88].
En 1781, dans la nouvelle édition de l'encyclopédie, il corrige et complète les articles duComplément et ajoute des rubriques sur l'arithmétique politique, les probabilités, et les assurances maritimes[89].
Travaux techniques
Navigation intérieure et hydrodynamique
Condorcet sait l'importance de la navigation intérieure. En 1774, il est chargé parTurgot d'une expertise sur lescanaux (en particulier un projet de canal souterrain enPicardie[12]). Il souhaite y jouer un rôle plus que consultatif[90]. Il tient à en superviser la réalisation sur le plan scientifique, technique et économique. C'est le rôle de la Commission de la Navigation Intérieure regroupantCharles Bossut,d'Alembert et lui-même créée en 1775[90]. Cette expertise « présente un épisode de la lutte duparti philosophique face auxingénieurs des ponts et chaussées »[12]: il pense que seul un aréopage de savants est apte à étudier le sujet et à donner les instructions au Corps des Ponts et Chaussée chargé de la réalisation technique[91]. Il faut par exemplemesurer non seulement la résistance que présente le fluide face au bateau, mais aussi calculer le rapport du coût aux bénéfices[12]. Il publie en 1780 unMémoire sur le canal de Normandie. En 1785, lesétats de Bretagne sollicitent l'Académie des Sciences pour une contre-expertise concernant la construction ducanal de Bretagne. Condorcet cosigne en 1786, avec Bossut,Rochon etAntoine-François Fourcroy, un rapport[92] contredisant les avis des Ponts et Chaussées[93].
Avec Turgot, il propose aussi une réforme de lajauge, visant à évaluer le contenu des navires afin d'établir une justefiscalité[12]. Celle-ci se heurte à l'opposition de laFerme générale et de laCour des aides, ainsi que deLavoisier[12].
Convaincu de l'importance de la science hydrolique, il encourage Turgot à créer une chaire royale d'hydrodynamique attribuée à son ami Bossut en 1775[94]. En 1777, il publie un traité sur lesNouvelles expériences sur la résistance des fluides avec Bossut et d'Alembert.
Monnaie et Assignats
En tant qu'inspecteur général de monnaies de 1775 à 1790, Condorcet a été amené à mettre ses compétences de physicien et de mathématicien au service de la qualité de fabrication des monnaies[95]. Ainsi il réfléchit en 1780, avecSage etTillet au titrage de la monnaie[96] et évalue , en 1785, les machines de fabrication de Louis Joseph de Grobert[97],[95]. À ces compétences techniques, s'ajoutent des capacités de réflexion qui le conduisent à dépasser ce simple rôle d'inspecteur. Il publie en 1790 pas moins de cinqMémoires sur les Monnaies[96], dans lesquels il livre ses réflexions sur le système monétaire, l'importance de la fiabilité des mesures, l'étalonnage fondé sur une valeur économique et non matérielle[98]. Favorable initialement à un étalon s'appuyant sur un seul métal, l'argent, pour éviter l'agiotage, sa pensée évolue et il se rallie ensuite à un bimétalisme or et argent[99].
Ses compétences mathématiques et sa compréhension du mécanisme des rentes, des loteries et des emprunts le conduisent à porter un regard sur la dette publique[100]. Concernant les assignats, Condorcet est intialement très opposé à leur principe. De tendance libérale, voirephysiocrate, il refuse l'idée d'une banque nationale qui pourrait être trop inféodée au pouvoir[101],[102]. En 1789-1790, dans de nombreux articles,Des causes de la disette du numéraire,Sur la proposition d'acquitter la dette exigible en assignats,Plan d'un emprunt public avec des hypothèques spéciales,Sur les opérations nécessaires pour rétablir les finances, il considère que les assignats, par la volatilité de leur valeur, ne constituent pas une monnaie fiable et il doute de leur capacité à relancer l'économie[103]. Mais son opinion change à partir de 1791 et en 1792[104], son soutien aux assignats est total[105]. Sur les raisons de son revirement, les avis sont partagés, certains y voient l'effet d'un pragmatisme : lorsque la patrie est en danger, il n'est plus temps de l'affaiblir en mettant en doute la valeur de ce qui est devenu sa monnaie[106], mais d'autres y voient seulement une évolution naturelle de sa pensée, un rapprochement avec lesbrissotins et la conviction que ses craintes étaient infondées[107],[108].
Arpentage
Selon la théoriephysiocrate que Condorcet soutient, l'impôt juste est proportionnel auproduit net agricole, exigeant donc un cadastre précis et rationnel qui n'existait pas encore[12]. Condorcet, dès 1782, s'intéresse alors au « Rapport sur un projet pour la réformation ducadastre deHaute-Guyenne de 1782 », problème scientifique qui soulève deux types d'enjeux : comment effectuer l'opération d'arpentage ? comment estimer à leur juste valeur les terres[12] ? Il avait préalablement écrit l'article sur l'arpentage dans leSupplément paru en 1776[12].
Engagements
L'épistolière et amie de CondorcetJulie de Lespinasse (1732-1776), dans une de ses lettres intituléePortrait de M. le Mquis de Condorcet[109], décrit les moteurs de ses engagements :
« Cette âme calme et modérée dans le cours ordinaire de la vie, devient ardente et pleine de feu, s'il s'agit de défendre les opprimés, ou de défendre ce qui est plus cher encore, la liberté des hommes et la vertu des malheureux ; alors son zèle va jusqu’à la passion ; il en a la chaleur et le tourment, il souffre, il agit, il parle, il écrit, avec toute l’énergie d'une âme active et passionnée. »
Justice
Inspiré parCesare Beccaria et son traitéDes délits et des peines, Condorcet souhaite une justice plus proche du modèle anglais avec une instruction publique, un droit à la défense pour l'accusé et l'abolition de la torture et de la peine de mort[110]. Il est favorable à l'instauration d'un système de jurés tirés au sort[110]. Il expose ses idées en les mathématisant dans son traitéProbabilités rendues à la pluralité des voix (1785)[111]. Opposé à l'arbitraire, il désapprouve le principe deslettres de cachet[112].
Il s'indigne des pouvoirs accordés auxParlements de justice, leur reprochant leur clientélisme, leur tyrannie et leur obscurantisme. Il les rend responsables des persécutions exercées contre ceux qui osaient exprimer leurs idées[113]. Lorsque, en 1771, Maupeous'attaque au Parlement de Paris et le dissout, Condorcet s'en réjouit tout en craignant l'installation d'un système judiciaire tout aussi injuste[112]. Il s'attaque ouvertement aux parlements en 1788 dans un pamphletLettre d'un citoyen des États-Unis à un Français sur les affaires présentes[114].
Sensible aux injustices, il s'engage, en 1774, aux côtés de Voltaire dans un combat, hélas sans résultat, pour la réhabilitation duchevalier de La Barre, torturé et exécuté pour blasphème et sacrilège[115]. Il a plus de succès lorsqu'il s'engage, en 1786, auprès deDupaty, dans la défense desroués de Chaumont, trois personnes accusées à tort de vol avec violence et condamnées à la roue. Ceux-ci sont acquittés en 1787[116].
Mais, pour Condorcet,« il ne peut pas y avoir ni vraie liberté, ni justice, dans une société, si l'égalité n'y est pas réelle; et il ne peut y avoir d'égalité, si tous ne peuvent acquérir des idées justes sur les objets dont la connaissance est nécessaire à la conduite de leur vie »[117]. C'est pourquoi Condorcet porte son combat également sur l'instruction et sur l'égalité des droits.
Droit d'auteur
En 1776, il publie lesFragments sur la liberté de la presse[118]. En 1790, ils serviront de base aux propositions que l'abbé Sieyès fera avec lui pour instituer une responsabilité des auteurs en tant que propriétaires de leurs œuvres. Si l'essentiel de l'écrit de 1776 porte sur la question des délits d'auteurs (pour distinguer la responsabilité qui revient à l'auteur, à l'imprimeur et au libraire), cet écrit comporte également quelques pages sur la propriété intellectuelle et ledroit d'auteur[118], qui limitent les privilèges de l'auteur et plaident ouvertement pour la libre circulation des écrits. Le projet de Sieyès et Condorcet est critiqué puis modifié parBeaumarchais qui, avecMirabeau, renforce les droits des auteurs, par exemple en accordant à l'auteur et à ses héritiers le droit exclusif d'autoriser la reproduction de leurs œuvres pour une durée de cinq anspost mortem (cinq ans encore au-delà de la mort de l'auteur) à la place de la durée de dix ans seulement (commençant à la publication de l'œuvre et limitée par la mort de l'auteur) accordée par le projet initial.
Accès au savoir
Condorcet accorde une grande importance à l'instruction dans son projet de république. Pour lui, il faut« éclairer les hommes pour en faire des citoyens » car« même sous la constitution la plus libre un peuple ignorant est toujours esclave »[119].
Les 20 et 21 avril 1792, Il présente un projet de réforme dusystème éducatif à l'Assemblée nationale législative, visant à créer un système hiérarchisé[5],[120], placé sous l’autorité d’hommes de savoir, qui agiraient comme des gardiens desLumières et qui, indépendants du pouvoir, seraient les garants des libertés publiques.
Il prône un enseignement laïc et indépendant du pouvoir politique[121], une égalité d'accès à l'instruction sans distinction d'âge, de sexe ou de classe et la gratuité pour l'enseignement élémentaire[122]. Il n'exclut pas l'existence d'un enseignement libre venant compléter l'offre d'enseignement public[123],[124].
Condorcet prévoit quatre types d'institutions : les écoles élémentaires pour les savoirs de bases, les écoles secondaires axées sur les mathématiques et les sciences, les instituts pour l'enseignement général et la formation des maitres, les lycées pour l'étude approfondie des sciences et la formation des professeurs. Toutes ces institutions seraient chapeautées par une cinquième : la Société nationale des sciences et des arts[122].
Condorcet y défend le principe de l'éducation permanente qui doit permettre d'« assurer aux hommes, dans tous les âges de la vie, la facilité de conserver leurs connaissances et d'en acquérir de nouvelles »[125].
Accueilli avec faveur, le projet fut amendé parLouis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau dans un mémoire posthume queRobespierre lut à la Convention le et qui, d'accord avec Condorcet pour ce qui concernait les degrés secondaire et supérieur de l'enseignement, préconisait en revanche pour les enfants de 5 à11-12 ans, dans un sens égalitaire, la création de « maisons d'éducation »[126] ; allant plus loin que Lepeletier, quelques conventionnels (Cambon,Chabot,Coupé de l'Oise, Michel-Edme Petit) estimèrent que le plan de Condorcet conduisait à perpétuer, sous un autre nom, une aristocratie de savants[127].
Égalité des droits
L'esclavage et les droits des Noirs
AvecJacques Pierre Brissot etEmmanuel de Pastoret, il est un des trois anciens membres de laSociété des amis des Noirs élus à l'assemblée législative. Membre fondateur de cette association en février 1788, il se bat depuis très longtemps contre l'esclavage et les discriminations dont les Noirs sont victimes et amplifie ses efforts après son élection de septembre 1791. Jusque là, il envisageait une abolition graduelle de l'esclavage colonial étendue sur 70 ans, dans l'immédiat l'abolition de la traite négrière ainsi que l'égalité des Blancs et des hommes de couleur libres.
Il publieRéflexions sur l'esclavage des nègres en 1781, sous le pseudonyme de « M. Schwartz » (« M. Noir » en allemand). En 1790, il désigne ironiquement la déclaration du comme une « déclaration des droits de l'homme blanc ». Devenu député en octobre 1791, il écrit régulièrement des articles en faveur des droits des hommes de couleur libres dansLa Chronique de Paris, sans se désintéresser des esclaves insurgés.
Ces droits sont reconnus une première fois par l'Assemblée constituante le avec des restrictions (les affranchis sont exclus), mais ils sont révoqués le. Ce combat, mené aux côtés des députésbrissotins (Jacques Pierre Brissot,Pierre Victurnien Vergniaud,Élie Guadet,Armand Gensonné,Jean-François Ducos), ou proches (Jean Philippe Garran de Coulon) aboutit le à un décret reconnaissant l'égalité des droits à tous les hommes de couleur libres, ratifié par le roi le 4 avril. Mais les esclaves sont insurgés depuis août 1791 ; des troupes sont envoyées contre eux depuis l'automne. Le, Condorcet, qui n'oublie pas ses engagements passés contre l'esclavage, émet une réserve quant à la mise en application du décret, trop limité à ses yeux. Il écrit :« Il est à espérer au nom de l'Humanité que les intérêts des Noirs ne seront pas entièrement oubliés »[128].
Membre du club des jacobins, il fait partie en septembre 1791 d'un jury chargé de sélectionner le meilleuralmanach ; il retient l’Almanach du père Gérard, deJean-Marie Collot d'Herbois, dans lequel il est question d'abolir l'esclavage colonial. Peut-être, à ce titre, Condorcet contribue-t-il à la nomination des deux commissaires chargés de se rendre à Saint-Domingue pour y apporter le décret,Léger-Félicité Sonthonax etÉtienne Polverel. Polverel etÉtienne Clavière, nouvellement ministre et ancien membre de la Société des amis des Noirs, sont également membres du jury qui prime l'ouvrage. Clavière parvient rapidement à convaincreLouis XVI desanctionner le décret du[129]. Malgré ses préventions à l'égard de Condorcet et de la Gironde et le conflit qui l'oppose à eux sur la question de la guerre,Maximilien de Robespierre, qui lit assidûmentLa Chronique de Paris etLe Patriote français, salue ce combat « au nom de l'humanité » à la fin du mois de mai 1792[130],[131],[132].
Par ailleurs, le, Emmanuel de Pastoret présente devant le Parlement, au nom de Condorcet dont il était l'ami, une motion d'abolition de la traite des Noirs qui est cependant dans l'immédiat enterrée[133]. Finalement, le, l'Assemblée législative vote l'abrogation des primes offertes par le pouvoir royal, à titre d'encouragement, aux armateurs négriers depuis 1784, abolition que les membres de la Société des amis des Noirs réclamaient depuis sa fondation en 1788[134].
Droit des femmes
Condorcet est engagé dans la défense de lacause des femmes. Il se prononce notamment pour ledroit de vote des femmes (1788 :Lettres d'un bourgeois de New Haven).
Il continue ce combat dans un article duJournal de la Société de 1789, « Sur l’admission des femmes au droit de cité » (1790)[135]. Selon lui, il n'a jamais existé d'État réellement démocratique, puisque« jamais les femmes n'ont exercé les droits de citoyen »[136].
En se référant à laDéclaration des droits de l'homme et du citoyen, il dénonce la violation du principe de l'égalité en droit (« les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ») dont les femmes sont victimes. Dans un article du 3 juillet 1790, il s'exclame :
« Tous (les hommes) n'ont-ils pas violé le principe de l'égalité des droits en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de concourir à la formation des lois[137], en excluant les femmes du droit de cité ? »
Il critique l'argumentation commune qui justifie aux yeux de presque tous les patriotes de maintenir les femmes à l'écart du droit de cité : il n'y a pas de femmes de génie ? C'est parce que les femmes n'ont pas accès à l'éducation ; la plupart des citoyens hommes ne sont pas des génies et il existe des femmes plus intelligentes que certains hommes. Il écrit notamment :« Ce n'est pas la nature, c'est l'éducation, c'est l'existence sociale qui cause cette différence »[138],[139].
Élisabeth et Robert Badinter relèvent que « leCercle social adhère à ses vues ». Le 25 novembre 1790, le journal a fait publier un discours féministe d'Etta Palms d'Aelder qui s'emploie à créer des sociétés patriotiques de citoyennes[141].
Droit des protestants
Condorcet n'éprouve aucune attirance pour la religion réformée[142] mais ses ancêtres étaient d'origine protestante et durent s'exiler ou abandonner leur religion après la révocation de l'édit de Nantes[143], et il est probable qu'il ait été sensibilisé parleur sort[142].
Larévocation de l'édit de Nantes a privé les protestants du droit de rassemblement, de celui de porter des armes et a restreint leur droit à la propriété, ledécret de 1724 a limité leur droit au travail, à l'émigration, à l'héritage, et contraint les orphelins protestants à la conversion les obligeant à suivre leur instruction dans des collèges catholiques[144]. Les mariages réalisés hors de l'église catholique ne sont pas considérés comme valides[145]. Condorcet s'indigne de cette situation.
En 1778, il rédigeRéflexions d’un citoyen catholique sur les lois de France relatives aux protestants[146] et publie, anonymement en 1781, sous le titreRecueil de pièces sur l'état des protestants en France, son essai de 1778, ainsi que 3 autres essaisRécit de ce qui s’est passé le 15 décembre 1778 à l’assemblée des chambres du Parlement de Paris[Note 7],Sur les moyens de traiter les protestants français comme des hommes sans nuire à la religion catholique[Note 8] etLettre de M. ***, avocat au parlement de Pau, à M.***, professeur en droit canon à Cahors.
Dans sesRéflexions d'un citoyen catholique ...., il fait l'inventaire de toutes les persécutions qu'ont subies les protestants, en analyse les causes et les conséquences[144]. Il en rejette la faute sur le pouvoir clérical[148] et démontre les conséquences économiques néfastes induites par une telle oppression. À l'inverse, intégrer une minorité pacifique en abrogeant des lois iniques aurait des conséquences économiques positives en rendant heureux un million de citoyens et en favorisant le retour des exilés[144].
L'essaiSur les moyens de traiter les protestants... regroupe 42 propositions de lois: lutte contre l'intolérance et le fanatisme, dépénalisation de l'hérésie, liberté d'association, constitution d'un état civil, autorisation du divorce, liberté d'enseignement, levée des interdictions concernant la vie professionnelle, les universités, les écoles, accès à plus de fonctions contribuant aubien public[149]. Tout ceci pourrait se faire sans nuire aux catholiques qui continueraient de bénéficier des avantages d'une religion dominante. Pour Condorcet, toutes ces proposition relèvent desdroits naturels de l'être humain[150] et devrait pouvoir s'appliquer dans le cadre plus général de l'égalité des droits des résidents en France[151].
Condorcet est favorable à une liberté religieuse exercée dans la sphère privée et cherche à combattre le fanatisme et la superstition qui sont à l'origine de l'intolérance[152]. Il écrit à ce sujet vers 1774[13] unAlmanach anti-superstitieux. Convaincu que c'est l'ignorance et l'aveuglement qui ouvrent la voie au fanatisme, il prône une instruction du peuple, qui lui permettra de prendre conscience des erreurs qui ont fait obstacle au progrès. Selon lui, il faut instituer un enseignement sur les religions et un enseignement civique et moral séparée du religieux[152].
Il est opposé auconstantinisme[Note 9],[153]. Les réformes doivent donc contribuer à séculariser les législations[144], en particulier sur l'état civil. La laïcité de Condorcet est donc plus anticléricale qu'antireligieuse[152].
Droit des Juifs
À la fin duXVIIIe siècle, se met en place un débat pour l'émancipation des Juifs. En France, les près de 40 000 Juifs sont soumis à des traitements inégaux. Si les Juifs du Sud, dits « Espagnols » ou « Portugais », arrivent à bénéficier de licences pour travailler, ceux du Nord-Est, dits « Allemands », limités dans leur accès au travail, vivent à l'écart, dans desghettos, parlantyiddish et obéissant à leurs propres règles[154],[155].
Fidèle à sa volonté d'étendre des droits égaux à tous[156], Condorcet s'intéresse au sort des Juifs dès le début des années 1780[157]. Déjà, il a envisagé de les laisser acquérir des terres dans les colonies aux côtés des protestants dans sesRéflexions sur l'esclavage des nègres[158] de 1781. Il s'enquiert du statut des juifs en Autriche dès 1782 et est proche des idées de l'abbé Grégoire[157] sur ce sujet. En tant que membre de lacommune de Paris, il soutient en 1790 la demande d'intégration des Juifs de Paris portée parJacques Godard qu'il a connu à laSociété de 1789. Il fait partie, avecBrissot de Varville et Robin, de la commission chargée d'étudier le discours prononcé par de Bourge[Note 10] à l'assemblée générale des représentants de la commune[159] appuyant leur demande. La commission conclut favorablement en mai 1790[160] et son texte, accompagné du discours de de Bourge, est envoyé au comité de constitution de l'Assemblée nationale[161].
La citoyenneté sera accordée à tous les Juifs de France le 27 septembre 1791[162].
Dès 1776, Condorcet s'intéresse au constitutionnalisme. Dans sesLettres d’un bourgeois de New-Haven à un citoyen de Virginie (1788[13]), il présente une réflexion de fond sur le sujet. Il y défend une constitution proche de celle queBenjamin Franklin avait imaginée en 1776 pour laPennsylvanie. Il y reprend les idées deTurgot sur une constitution permettant d'une part une liberté politique et d'autre part une centralisation du pouvoir autour d'une chambre unique. Les lois y seraient générées naturellement par l'usage de la raison[163].
Dans son projet de constitution de 1792-1793, il défend une république laïque, accueillante, dans laquelle les lois sont révisables, décidéesin fine par les citoyens égaux devant la loi, libres de s'exprimer, avec accès éventuel au referendum et à la pétition[164]. Il souhaite une république solidaire[165] mais conserve une vision libérale de la société, confirmant le droit à la propriété[165]. Toujours partisan d'une chambre unique, il cherche cependant à en limiter les pouvoirs par le contrôle du peuple[166].
Son projet de constitution exposé à l'assemblée en février 1793, sera écarté en juin de la même année au profit d'une propositionmontagnarde, élaborée dans l'urgence, moins démocratique, et portée parHérault de Séchelles[168].
Du mariage de Condorcet avecSophie de Grouchy naît, au mois de mai 1790, une fille unique : Alexandre-Louise Sophie de Condorcet, appelée Élisa toute sa vie.
Elle épouse, en 1807, le généralArthur O'Connor. Cet ami de son oncleCabanis avait mis, en 1804, son épée au service de la France, croyant par là servir la liberté. Le général meurt en 1852, et Élisa en 1859. Ils sont inhumés dans le parc du château familial de Bignon. Les époux O'Connor-Condorcet ont cinq enfants, dont un seul, Daniel O'Connor laisse une postérité : deux fils, dont le général Arthur O'Connor qui se marie, en 1878, à Marguerite Elizabethde Ganay. De cette union, naissent deux filles : la première, Elizabeth O'Connor, se marie àAlexandre Étignard de La Faulotte ; la seconde, Brigitte O'Connor, au comte François de La Tour du Pin qui lui donne trois enfants : Philis, Aymar etPatrice de La Tour du Pin[169].
En hommage à celui qui proposa le premier système d'instruction publique en France[172] afin de permettre« une instruction publique commune à tous les citoyens »[173] comme le prévoyait la Constitution de 1791, de nombreux établissements scolaires (écoles primaires, collèges et lycées) portent le nom de Condorcet, comme lelycée Condorcet, fondé parNapoléon Ier, dans le9e arrondissement deParis.
LeCampus Condorcet, porté par un nombre important d'institutions universitaires françaises, comme l'EHESS, l'EPHE, l'INED, ou encore le CNRS[174], et situé à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, porte son nom. Il constitue un nouveau pôle important de recherche en sciences humaines et sociales, axé sur l'international[175],[176].
1767 :Du problème des trois corps, Paris, Didot[lire en ligne].
1778 :Nouvelles expériences sur la résistance des fluides, par MM.d’Alembert, le marquis de Condorcet, et l'abbé Bossut, Paris, Claude-Antoine Jombert[lire en ligne].
1780 :Essai sur la théorie des comètes. In :Dissertations sur la théorie des comètes qui ont concouru au prix proposé par l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Prusse pour l'année 1777 et adjugé en 1778, Utrecht, Barthelemy Wild[lire en ligne].
Économie, fiscalité et finance
1775 :Lettre d’un laboureur de Picardie à M. N.*** [Necker], auteur prohibitif à Paris (lire en ligne surGallica).
1775 :Réflexions sur les corvées. Monopole et monopoleur
1775 :Rapport sur un projet de réformateur du cadastre
1788 :Lettres d’un bourgeois de New Haven à un citoyen de Virginie, sur l’inutilité de partager le pouvoir législatif entre plusieurs corps
1788 :Essai sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales
1789 :Réflexions sur les pouvoirs et instructions à donner par les provinces à leurs députés aux États généraux. Sur la forme des élections
1789 :Réflexions sur ce qui a été fait et sur ce qui reste à faire (lire en ligne surGallica).
1791 :De la République, ou Un roi est-il nécessaire à la conservation de la liberté ?
1791 :Discours sur les conventions nationales
1792 :Sur la nécessité de l’union entre les citoyens
1792 :De la nature des pouvoirs politiques dans une nation libre
1793 :Ce que les citoyens ont droit d’attendre de leurs représentants
1793 :Que toutes les classes de la société n’ont qu’un même intérêt
1793 :Sur la nécessité d’établir en France une constitution nouvelle
Politique
1774 :Lettres d’un théologien à l’auteur du Dictionnaire des trois siècles, Berlin,(lire en ligne).
1775 : Réflexions sur la jurisprudence universelle
1783 :Dialogue entre Aristippe et Diogène sur la flatterie,Mercure de France, novembre 1814,p. 279-282
1783-1788 :Essai pour connaître la population du royaume
1784 :Essai sur l'application de l'analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix,(lire en ligne).
1786 :De l’influence de la révolution d’Amérique sur les opinions et la législation de l’Europe, dédié « à M. leMarquis de Lafayette, qui, à l'âge où les hommes ordinaires sont à peine connus de leur société, a mérité le titre de Bienfaiteur des deux Mondes »
1788 :Lettres d’un citoyen des États-Unis à un Français, sur les affaires présentes de la France
1789 :Réflexions d'un citoyen sur la révolution de 1788
1790 :Dissertation philosophique et politique, ou Réflexions sur cette question « S'il est utile aux hommes d'être trompés ? »
1790 :Opinion sur les émigrants
1790 :Sur le mot « pamphlétaire »
1790 :Le Véritable et le Faux Ami du peuple
1791 :Lettre d'un jeune mécanicien aux auteurs du « Républicain »(lire en ligne)
1791 : Discours du 25 octobre sur les émigrants à l’Assemblée législative
1792 : Rapport et projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique présentés à l'Assemblée nationale au nom du Comité d'instruction publique
Correspondance inédite de Condorcet et deTurgot, 1770-1779, publiée avec des notes et une introduction d'après les autographes de la collection Minoret et les manuscrits de l'Institut, par M.Charles Henry, Paris, Charavay frères, 1883.
Correspondance inédite de Condorcet et Madame Suard 1771-1791,Élisabeth Badinter (éd.), Paris, Fayard, 1988.
Inventaire Condorcet, inventaire de la correspondance et des manuscrits de Condorcet, dirigé par Nicolas Rieucau,en ligne.
Ouvrages de Condorcet en ligne
Inventaire Condorcet, inventaire de la correspondance et des manuscrits de Condorcet
Manuscrit de Condorcet « Sur les raisons qui m'ont empêché de croire au magnétisme animal [de Mesmer] », texte en ligne et analysé surBibNum
Simone Chamoux,« L'ascendance dauphinoise de Condorcet », dansop.cité,,p. 19-29;
Horst Dippel,« Condorcet et la discussion des constitutions américaines en France avant 1789 », dansop. cité,,p. 201-206.
Jean-Paul de Lagrave (dir.),Condorcet (1743-1794) : le condor des Lumières, Montréal : Département de philosophie, UQAM, 1993, 340 p.
P. Crépel, Chr. Gilain (dir.),Condorcet : mathématicien, économiste, philosophe, homme politique, colloque international, Paris, S.I. Minerve, 1989.
Franck Alengry,Condorcet : Guide de la révolution française - Théoricien du droit constitutionnel et Précurseur de la science sociale, Slatkine reprints (1971),, (lire en ligne surGallica).
Joffre Dumazedier et Éric Donfu,La Leçon de Condorcet, une conception oubliée de l'instruction pour tous nécessaire à une République, Paris, L'Harmattan, 1994
Henri de Montfort,Les Idées de Condorcet sur le suffrage, Société française d’imprimerie et de librairie, Poitiers, 1915 ; réédition Slatkine, Genève, 1970
Antoine Diannyere,Condorcet (Notice sur la vie et les ouvrages de Condorcet, suivie de conseils à sa fille), Le Livre d'histoire-Lorisse, Paris 2000(ISBN2-84435-180-8)
Madeleine Arnold-Tétard,Sophie de Grouchy, marquise de Condorcet, la dame de cœur, préface du professeur Jean Paul De Lagrave, éditions Christian, 2006
Jacques Poujol, « Aux sources de l'Édit de 1787 : une étude bibliographique »,Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-2015),vol. 133,,p. 343-384(JSTOR4296248).
Sur la monnaie et les assignats
Christian Charlet,« Condorcet, inspecteur général des Monnaies de France (1775-1790) », dans Pierre Crépel (dir.),Condorcet : Homme des Lumières et de la Révolution, ENS Éditions,(ISBN9791036203633,DOI10.4000/books.enseditions.23843).
↑a etbBourg-la-Reine fut appelée Bourg de l'Égalité de 1793 à 1801.
↑Les méridiens ont d'abord été définis comme faisant le tour duglobe terrestre. C'est ainsi qu'à la fin duxviiie siècle on a défini lemètre comme la 10 000 000e partie duquart de méridien, là où l'on dirait aujourd'hui (mais la définition du mètre a changé) la 10 000 000e partie d'undemi-méridien.
↑Selon certains biographes (comme Antoine Guillois dansLa Marquise de Condorcet, sa Famille, son Salon, ses Amis, chap. II, p. 104), cette démission serait due à un changement radical des idées de Condorcet à la suite de la fuite du roi.
↑Commission chargée de préparer les décisions de l'Assemblée, initialement « Commission extraordinaire des Douze » (17 juin 1792), passée à vingt-un membres le 18 juillet[54].
↑Ce jour-là, M. de Brétignières présentait uneadresse au parlement de Paris demandant que soit accordé aux protestants un statut civil, demande qui fut rejetée[147].
↑par M.***, docteur en droit canon de la faculté de Cahors en Querci.
↑Conception politique dans laquelle les pouvoirs religieux et étatiques sont confondus
↑L'orthographe est fluctuante, le discours est signé Debourge, la bnf l'attribue à Jean-Claude-Antoine de Bourge et les Badinter l'orthographient Bourges
↑abcdefghijklm etnPierre Crépel, « Comment la mesure en arithmétique politique est venue à Condorcet », dans Jean-Claude Beaune (dir.),La mesure. Instruments et philosophies, Seyssel, Éditions Champ Vallon, 1994,p. 175-185.
↑Anne Marie Laffitte-Larnaudie, « Le secrétaire de Condorcet, Etienne Cardot (1754-1847) », Pierre Crépel (dir.),Condorcet : homme des Lumières et de la Révolution, 1997, p. 39.
↑Archives départementales du Val d'Oise, 3 E 50 6, registre paroissial de Condécourt 1780-1792, vues 45-46/114, 28 décembre 1786, mariage Condorcet-Grouchy.Document numérisé.
↑Condorcet,« DiscoursSur la nomination et la destitution des commissaires de la trésorerie nationale et des membres du bureau de comptabilité », dansŒuvres complètes de Condorcet - Tome premier(lire en ligne),p. 103.
↑Selon lesmémoires de l’abbé Morellet : « Le lendemain matin, on le trouva mort. Il avait pris du stramonium combiné avec de l’opium, qu’il avait toujours avec lui ; ce qui lui avait fait dire à Suard en le quittant : Si j’ai une nuit devant moi, je ne les crains pas ; mais je ne veux pas être mené à Paris. »
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien, §. 21.
↑a etbGranger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien, §. 23.
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien, §. 31.
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien, §. 88.
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien §. 13.
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien La recherche des solutions approchées.
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien, Les probabilités - §. 39.
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien, Les probabilités - §. 40.
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien Le paradoxe de Petersbourg.
↑Granger 1989, Chapitre II : Condorcet mathématicien, Théorème de l'induction - §. 67.
↑K. M. Baker, « Les débuts de Condorcet au secrétariat de l'Académie royale des Sciences (1773-1776) », Revue d'histoire des sciences, 1967,no 20-3, pp. 229-280Lire en ligne, p. 255.
↑Condorcet, Conclusion de l'«Éloge de Franklin» (1790)(lire en ligne)
↑Condorcet,Rapport et projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique, présentés à l'Assemblée nationale, les 20 et 21 avril 1792, Paris,, 94 p.(lire en ligne surGallica)
↑James Guillaume, « Les travaux du Comité d'instruction publique de la Convention nationale relatifs à l'organisation de l'instruction, du 3 juillet 1793 au 30 Brumaire an II », inRevue pédagogique, année 1894, 25/2, p. 227-250 ; cf. Keith Michael Baker, « Condorcet », dansDictionnaire critique de la Révolution française, dir.François Furet etMona Ozouf, Paris, 1988,p. 240.
↑Élisabeth Badinter etRobert Badinter,Condorcet (1743-1794) un intellectuel en politique, Paris, Fayard,, 670 p.,p. 305. Les deux auteurs ont omis les huit derniers mots de la citation.
↑Milo Lévy-Bruhl, « À l’ombre de la question juive, la regrettable lucidité des Juifs de France »,Le Philosophoire,no 51,(DOI10.3917/phoir.051.0113).
↑« Nous n’avons pas cru qu’il fût possible, chez une Nation éclairée de ses droits de proposer à la moitié des citoyens d’en abdiquer une partie ni qu’il fût utile (…) de séparer un peuple activement occupé des intérêts politiques en deux portions, dont l’une serait tout et l’autre rien en vertu de la loi, malgré le vœu de la nature qui, en les faisant hommes, a voulu qu’ils restassent tous égaux. » – cité dansOlivier Le Cour Grandmaison,« Condorcet : citoyenneté et République », dansLes citoyennetés en révolution, Presses universitaires de France,(lire en ligne),p. 97-142.