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Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (également orthographiéde Peyresc), né le àBelgentier et mort le àAix-en-Provence, est un érudituniversaliste de l'époquebaroque, conseiller auParlement de Provence,astronome etantiquairecollectionneur.
Il écrira que les « gens de l'inquisition sont des bestes indignes de l'humanité ».
Il est connu notamment pour avoir été l'avocat deGalilée, ami proche deRubens, conseiller en art auprès deMarie de Médicis, précurseur de l'égyptologie, et d'avoir entrepris de dresser la première carte de laLune fondée sur des observationstélescopiques. M. Fumaroli l'a qualifié de prince de laRépublique des Lettres[1].
Claude Fabri naît àBelgentier en 1580, où ses parents, aixois, se sont réfugiés afin d’échapper à la peste qui sévit àAix. Il prend en1604 le nom de Peiresc, terroir desAlpes-de-Haute-Provence (aujourd'huiPeyresq) qui lui vient de son père et où il ne s'est jamais rendu[2].
Il fait des études dephilosophie et ressent de l’intérêt pour l'astronomie, lesmathématiques, les langues, etc.[3].
Appartenant à unefamille de robe, il apprend le droit et est attiré par l'archéologie, ce qui lui permet de poursuivre ses études enItalie. Il revient en France en1602 afin de préparer son doctorat à l'université deMontpellier et en1604 il soutient sathèse, obtenant le grade dedocteur en Droit.
Il fait de nombreux voyages (Paris,Londres, région desFlandres) avant d'être nommé conseiller au parlement deProvence[2].

Début juillet1608, les faubourgs d'Aix-en-Provence sont recouverts d'une pluie de « sang ». Le peuple et quelques théologiens n'hésitent pas à voir dans cet événement des influences diaboliques.
Peiresc fait des relevés de cette pluie en recueillant quelques gouttes sur la muraille du cimetière de la cathédrale.
Il découvre que ce liquide est laissé par leschrysalides desvanesses lorsqu'elles se muent en papillons (papillons qui avaient été observés)[3].
Le centre-ville n'ayant pas été envahi, il est resté épargné. Cette explication scientifique ne calme pas la terreur populaire[4].
Son talent ne s'arrête pas là. Peiresc est aussi un brillant astronome.
Il fait construire une tour d'observation sur le toit du château de Belgentier et monte sur le sommet de la montagneSainte-Victoire pour y observer les astres.
Entre la fin novembre et le début décembre1610, il découvre lanébuleuse d'Orion - il invente le mot - qu'il décrit dans ses manuscrits par ces mots :
À la suite de son amiGalilée, il observe les satellites deJupiter dont il laisse des croquis montrant qu'il a très bien compris qu'il s'agit desatellites de cetteplanète. Il veut utiliser les disparitions de ces satellites pour améliorer la connaissance deslongitudes et commence à dresser des tables très précises. Apprenant queGalilée a le même projet, il l'abandonne par déférence envers celui qu'il admire[5]. Les premières analyses des manuscrits de Peiresc ont montré que ses formules étaient plus précises que celles de Galilée.
Il s'aperçoit que la méthode des satellites deJupiter pour améliorer la connaissance des longitudes n'est pas commode à utiliser, notamment pour les marins. Il tente alors une méthode bien connue desastronomes qui consiste à observer un même phénomène depuis deux lieux distants (par exemple une éclipse deLune). Pour cela, il coordonne l'observation de l'éclipse de Lune du en répartissant des observateurs tout le long de laMéditerranée ; ceci lui permet de constater que cette mer est en réalité plus courte de près de 1 000 km que ce que l'on croyait jusqu'alors[5].
Avec l'appui deGassendi qui l'avait baptisé « le prince des curieux », Peiresc demande au graveurClaude Mellan de dresser la première carte de laLune fondée sur des observations télescopiques réalisées depuis l'observatoire personnel qu'il a mis en place sur le toit de sa demeure et sur le sommet de lamontagne Sainte-Victoire qu'il gravit avec Gassendi et Claude Mellan, mais sa mort, alors qu'il est le commanditaire et le mécène du projet, va l'empêcher de mener à bien cette tâche.
Lelivre d'Hénoch est unpseudépigraphe de la Bible qui avait fasciné les Pères de l’Église (Lactance,Priscillien,Jérôme de Stridon, Augustin d'Hippône), avant qu'ils le rangent au nombre desécrits apocryphes. Un capucin arabisant, Egidius de Loches, de retour d'Égypte, proposa un jour au magistrat Peiresc d'acquérir pour son compte quelques manuscritséthiopiens de ce texte rarissime, détenus par des monastères d'orient. Ces manuscrits furent achetés à la mort de Peiresc par Mazarin[5], et ne furent expertisés qu'en 1683 par l'orientaliste saxonHiob Ludolf. En les comparant au corpus du livre d'Hénoch deGeorges le Syncelle († vers 800), Ludolf établit qu'ils contenaient un texte entièrement différent[6].
Peiresc est encorenumismate[7] (avec son médaillier de plus de 18 000 pièces), archéologue, amateur d'art, historien (il montre queJules César, lors de sa conquête de l’Angleterre, n’est pas parti deCalais, mais deSaint-Omer), égyptologue, botaniste, zoologue (études sur les caméléons, les crocodiles, l'éléphant et l'alzaron, sorte degazelle à tête de taureau venant deNubie et aujourd'hui disparue), physiologiste, géographe (projet de construction d'uncanal de Provence reliantAix àMarseille), etécologiste[réf. nécessaire].
Il s'intéresse également à lagéologie (notamment à unegrotte sur le mont Coyer) et à lapaléontologie[8]
Cet humaniste s'éteint à l'âge de 57 ans.
Peiresc est un exemple de grand intellectuel, à la charnière de laRenaissance et de l'essor scientifique moderne, ce qui lui vaut le titre de « Prince de la république des Lettres ».
Peiresc constitue dans ses demeures d'Aix-en-Provence et de Belgentier, uncabinet, véritable musée où se côtoient sculptures antiques, peintures modernes, médailles, bibliothèque, et unjardin d'acclimatation et debotanique (un des plus anciens de France). Il est un des premiers Français à s'intéresser à l'œuvre duCaravage. Il découvre lestableaux de la chapelle Contarelli à Rome en 1600 à l'âge de 20 ans. Il initiera un véritable « atelier du midi caravagesque » avecLouis Finson,Martin Hermann Faber,Trophime Bigot, et d'autres peintres. Ses textes sont les premiers écrits en français connus sur l'œuvre du Caravage. Il défendra les artistes caravagesques jusqu'à sa mort.

Le cabinet de Peiresc était considéré comme un des plus beaux de toute l’Europe. Il comptait notamment :
Il fait représenter les objets précieux de sa collection, dont de nombreux vases antiques, sous forme de dessins réunis dans deux recueils ; l'un d'eux, cédé avec sa collection par l'abbé de Marolles àLouis XIV, intègre en 1667 labibliothèque royale et est inventorié en 1684 (mention de 158 pièces) ; l'autre, légué par Henri du Bouchet à l'abbaye de Saint-Victor et qui est utilisé en 1719 par domBernard de Montfaucon pour sonAntiquité expliquée et représentée en figures[9], transite vers 1797 par l'hôtel de ville de Paris.
En 1766 Joly, garde du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque du Roi, en dresse un inventaire détaillé; réunis, les deux volumes sont reliés "de façon uniforme" (Guibert) sous lePremier Empire (Bibliothèque Nationale de France). En 1910 le premier des deux volumes en fut publié par Joseph Guibert, du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de Paris, dans un ouvrage tiré en 125 exemplaires intitulé"Les dessins du Cabinet Peiresc au Cabinet des Estampes,...etc Antiquité- Moyen Âge - Renaissance(Paris, Honoré Champion), dont l'album final comprend 24 planches hors-texte reproduisant des dessins aquarellés, estampes ou photographies d'éléments de la collection.
S'il fut un politique remarqué dans sa région, Fabri de Peiresc est aussi un infatigable épistolier avec ses plus de 15 000 lettres. Il est en correspondance régulière avec plus de 1500 personnes dontMalherbe,Hugo Grotius, les frèresJacques Dupuy etPierre Dupuy, avec le cardinal deRichelieu et son frère,Jean Barclay,Rubens,Gassendi, dont il est le grand ami, mais aussiGalilée[10] etCampanella pour lesquels il lutte afin de les défendre des attaques de l'Inquisition.
La correspondance de Peiresc fut en majorité acquise par les bibliothèques Inguimbertine àCarpentras, Méjanes àAix-en-Provence, et nationale àParis. Elle revit le jour à la fin du XIXe siècle grâce à l’historien et éditeurPhilippe Tamizey de Larroque qui en publia sept volumes, en restant loin du compte[11].
Sans qu’on sache comment il se l’est procuré, il offre l’ivoire Barberini, une exceptionnelle œuvre byzantine en ivoire, aucardinalFrancesco Barberini, œuvre qui appartient auLouvre depuis 1899.
Sa correspondance avecMalherbe permet de mieux comprendre la personnalité dufils de celui-ci, tué en duel parPierre-Paul de Fortia de Piles avec l’aide deGaspard de Covet deMarignane le. Ce drame ravageMalherbe de douleur, qui en meurt l'année suivante.
Des milliers d'hommages sont lisibles dans les textes de grands personnages qui continueront de faire vivre la mémoire de Peiresc. En voici quelques-uns :
Galilée décrit son ami et protecteur Peiresc comme « un maître de tout ».
PourRubens, ami de Peiresc,« de son visage émanait une grande noblesse, propre à son génie, avec un je-ne-sais-quoi de spirituel qu’il n’est pas facile de pouvoir rendre en peinture ».
« Notre maître Peiresc » se remémoreCyrano de Bergerac.
« Il a fait dans cette patrie de toutes les nations, un nom honorable. Il est doué pour acquérir l’espérance de la dignité céleste… » écrivait le papeUrbain VIII.
C’était le « Prince des curieux » pourGassendi.

« Il a toutes les vertus des anciens et les grâce de la jeunesse » avouaitCassiano dal Pozzo, que l’on surnommait le “Peiresc italien“.
« L’un des beaux génies françois, et des plus savants hommes duXVIIe siècle» lit-on dansl'Encyclopédie universelle deDiderot etJean Le Rond d'Alembert.
Je me « sens un nouveau Peiresc » écrivait le MarquisGiampietro Campana.
« Ça revigore de se rappeler, quand la besogne flanche, qu’il y a à côté de vous, dans la même ville, un bougre comme lui » soupiraitCézanne, au pied de la statue de Peiresc d’Aix-en Provence.
Umberto Eco, admirateur de Peiresc, lui rendra hommage dans « L'Île du jour d'avant ».
Antoine Schnapper a qualifié les fonds Peiresc de « montagne d'or de l'histoire ».
David Bowie était admiratif de la maison de Rubens et des recherches sur l'Egypte de Peiresc.
L'astéroïde(19226) Peiresc, découvert en 1993, a éténommé en son honneur[12].

En son hommage, un buste enbronze a été élevé sur la place de l'université àAix-en-Provence, en face de lacathédrale Saint-Sauveur.
Par ailleurs, sa demeure, qui était située près du Palais de Justice, a complètement disparu, abattue lors de la construction de l'actuel palais ; une rue bordant cet édifice porte aujourd'hui son nom et une plaque commémorative a été apposée en 1981 au numéro 8 de cette rue Peiresc.
Le petit « ermitage » qu'il possédait àBelgentier fut doté à la fin duXVIe siècle d'un canal afin d'irriguer le domaine seigneurial et d'alimenter le village, mais aussi de jardins qui furent représentés parIsraël Silvestre[13] . Il y reçut en 1625 son ami l'érudit et antiquaire romainGirolamo Aleandro, membre de la légation du cardinal neveuFrancesco Barberini. Cet "ermitage" fut transformé auXVIIe siècle en un pavillon rectangulaire avec escalier à double révolution par son neveu, le chevalier deRians. En février 1660, Louis XIV, de passage enProvence, y fit halte.
Le musée du village dePeyresq, situé près deDigne, dans lesAlpes-de-Haute-Provence, est entièrement consacré à son œuvre[14].
À titre d'hommage, un genre d'ammonite provençale lui a été dédié par Bert et al., 2006 :Peirescites.
Un collège deToulon (Var) porte son nom[15].
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