La ville ancienne est située dans le périmètre de la ville actuelle d’İznik à l’extrémité est du lac Ascanion (aujourd’huilac d'İznik), entouré de collines au nord et au sud. Elle est entourée de tous les côtés par un mur de plus de trois kilomètres de longueur et de dix mètres de hauteur. Un double fossé longe ce mur sur le côté terrestre ; plus de cent tours permettent la surveillance du mur. Des portes massives percées sur la portion terrestre des murs constituaient les seuls moyens d’accès à la ville. De nos jours, ce mur a été percé à de nombreux endroits pour permettre la circulation. Une grande partie des fortifications originales est conservée et constitue une attraction touristique appréciable.
La muraille ouest de la ville longe le lac, interdisant ainsi tout siège naval. Elle permet l'approvisionnement de la ville. Le lac est suffisamment vaste pour interdire tout blocus naval et la ville, suffisamment étendue pour rendre difficile toute tentative d’atteindre le port grâce à des engins de siège montés sur le rivage.
Selon lalégende, la ville aurait été fondée par le dieuDionysos ou le demi-dieuHéraclès et nommée d’après lanympheNicée dont l’effigie se retrouvait sur les pièces de monnaie de la ville[1].
Peu avant 280 av. J.-C., la ville fut conquise par la dynastie locale des rois deBithynie. Ce fut le début de sa montée en importance comme résidence royale, en même temps que de la rivalité qui devait l’opposer àNicomédie. La dispute entre les deux villes pour obtenir le titre de capitale (metropolis) de la Bithynie devait durer deux siècles et la trente-huitième oraison deDion Chrysostome fut spécifiquement composée pour mettre un terme à la controverse[2],[3].
Nicée fut conquise par Rome en. Elle demeura l'un des centres urbains les plus importants d’Asie Mineure tout au long de lapériode romaine, continuant sa compétition traditionnelle avecNicomédie comme siège de la résidence du gouverneur romain de Bithynie et duPont[4],[2]. Le géographeStrabon la décrit comme bâtie selon lacoutume hellène avec une grande régularité[5]. Elle avait la forme d’un carré mesurant 16 stades de circonférence, c'est-à-dire 0,7 km × 0,7 km, couvrant donc une superficie de 50 ha ou 0,5 km². Elle avait quatre portes et ses rues s’entrecroisaient à angle droit conformément aux plans d’Hippodamos deMilet, permettant, à partir d’un monument situé au centre-ville, d’apercevoir les quatre portes[3],[6]. Ce monument était situé augymnasium, lequel fut détruit par le feu mais reconstruit parPline le Jeune qui y fut gouverneur au début duIIe siècle. Pline fait du reste fréquemment mention de Nicée et de ses monuments dans ses écrits[3].
Dans le cadre des grands voyages entrepris pour mieux intégrer les provinces à l’Empire, l’empereurHadrien visita la ville en 123 ap. J.-C., après qu’elle eut été gravement endommagée par untremblement de terre, et en fit commencer la reconstruction. La nouvelle ville était entourée d’un mur polygonal de plus de trois kilomètres de longueur. Elle ne devait être achevée qu’auIIIe siècle et ses nouvelles murailles ne la sauvèrent pas des attaques desGoths en 258[2],[6]. Les nombreuses pièces de monnaie de Nicée encore existantes témoignent de l’intérêt porté à la cité par les empereurs romains ainsi que de la fidélité des citoyens envers ces derniers. Nombre de ces pièces commémorent les grandes festivités qui y étaient célébrées en l’honneur des dieux et de l’empereur comme àOlympie,Isthmie,Dionysies,Delphes,Philadelphie, etc[3],[7].
Nicée maintint son importance tout au long duIVe siècle et fut témoin de la proclamation de l’empereurValens (364) et de la révolte manquée deProcope (365). Au cours de cette même période l’évêché de Nicée se sépara de celui de Nicomédie et fut élevé au rang d’archevêché, son titulaire prenant le titre de « métropolite ». La ville, dévastée par deux tremblements de terre d’envergure en 363 et 368, connaît un fort déclin : beaucoup de ses grands édifices publics, négligés, tombèrent en ruines et durent être restaurés auVIe siècle par l’empereurJustinien[11].Marcien (né vers 395, empereur en 450, mort en 457) y convoqua un nouveau concile qui se réunit le et fut déplacé presque immédiatement versChalcédoine, plus proche de Constantinople, sans doute pour que l’empereur puisse y assister en personne malgré la pression que faisaient peser lesHuns d’Attila sur la frontière duDanube[14].
Après la chute de Constantinople aux mains de laquatrième croisade en 1204, l’Empire de Nicée fut l’un desÉtats grecs survivants. Lorsque les croisés créèrent unnouvel empire « latin » dans la capitale après avoir déposé l’empereurAlexis III Ange, son gendreThéodore Laskaris quitta Constantinople pour l’Asie Mineure où, en 1206, il s'établit à Nicée où il fut couronné empereur en 1208[30]. Après des débuts difficiles, le jeune empire prit bientôt son essor : au printemps 1211, Théodore réussit à vaincre les forces du sultan seldjoukide auprès duquel s’était réfugiéAlexis III ; le sultan périt au cours de la bataille alors qu’Alexis III finit ses jours dans une prison de Nicée[31].
Sur le plan religieux, lepatriarche de Constantinople,Jean X Kamateros, réfugié enThrace, déclina l’invitation de Théodore Laskaris de venir s’établir à Nicée. Mais dès son décès en 1206, le synode de Nicée élut patriarche le savantMichel Autoreianos qui reprit le titre de patriarche œcuménique et procéda au couronnement de Théodore en 1208[32]. Lorsque lesSerbes demandèrent leurautonomie ecclésiastique, c’est au patriarche de Nicée qu’ils s’adressèrent, le reconnaissant ainsi comme primat de l’Église orthodoxe[33], de sorte qu’en 1332, Jean III et son patriarcheGermain II purent s’adresser aupape comme représentants légitimes deschrétiens orientaux[34]. Toutefois, la ville de Nicée fut bientôt délaissée comme résidence principale des empereurs qui lui préféraientNymphaion etMagnésie sur leMéandre.Jean III Doukas Vatatzès (1222-1254) réussit à faire de l’état grec de Nicée, pourtant coincé entre les « latins » au nord-ouest et lesmusulmans au sud-est, une puissance respectée. Il réussit non seulement àreprendre pied dans les Balkans et à se rendre maître de l’empire deThessalonique, mais aussi à nouer des relations tant avec lapapauté qu’avec l’Empire latin[35].
Après la reconquête de Constantinople par les Grecs, Nicée perdit de son importance. De plus, la politique deMichel VIII Paléologue, qui délaissait la frontière anatolienne, occasionna de graves rébellions en 1262 et 1265, alors que la panique s’insinuait en ville, nourrie par les rumeurs au sujet d’une attaquemongole imminente. Cette rébellion de paysans bien armés se doubla de la rivalité opposant l’empereur Michel VIII Paléologue et le patriarcheArsène Autorianos, partisan de la famille desLascaris[38]. L’empereurAndronic II visita la ville en 1290 et prit soin de restaurer ses défenses. L'Empire s’avéra incapable de freiner l’expansionottomane dans la région[11]. Aussi, lorsque l’empereurAndronic III etJean Cantacuzène furent défaits àPélékanon le, seules quelques villes comme Nicée,Nicomédie,Brousse,Sardes etPhiladelphie continuèrent de dépendre des Byzantins[39]. Il devint rapidement impossible de les défendre et Nicée dut se rendre aux Ottomans après unsiège de trois ans, le[40],[41].
Pichet d'Iznik, céramique siliceuse à décor peint sur engobe et sous glaçure transparente, v. 1560–1570,musée du Louvre.
La ville fut donc conquise et intégrée à l’Empire ottoman qui, après la conquête de Nicomédie, s’étendait sur la presque totalité de la Bithynie et de l’Asie Mineure. Soumis à cette nouvelle puissance et à salégislation musulmane, les habitants s’y intégrèrent : nombreux furent ceux qui se convertirent à l’islam et passèrent auturc pour échapper austatut deroumis et à ladouble-capitation imposée aux non-musulmans, en dépit des protestations du patriarche de Constantinople qui leur adressa vainement des admonestations en 1339 et 1340[42]. Les villes de Bithynie reprirent le rôle important qui avait jadis été le leur dans le commerce international : les deux industries majeures de Nicée, le textile et la céramique, en furent ravivées[43].Orhan, ledeuxième sultan ottoman, envoya même une caravane à Constantinople pour y vendre les icônes, manuscrits et reliques qu’il avait enlevés aux églises de Nicée[44]. Un grand nombre d’édifices publics furent détruits et leurs matériaux utilisés par lesOttomans pour la construction de mosquées et autres édifices. Après lachute de Constantinople en 1453, Nicée perdit à nouveau son importance, mais retrouva une nouvelle vitalité auXVIIe siècle en devenant un centre de production defaïence etporcelaine.
Dans l’un de ses poèmes,Nicéphore Blemmydès (1197-vers 1269) décrit ainsi la ville : « Nicée, une ville aux larges avenues, remplie de gens, fière de ce qu’elle contient, constitue la marque par excellence de la bienveillance impériale[45]. »
Les anciennes murailles ainsi que leurs tours et portes sont relativement bien conservées. Elles s’étendent sur plus de trois kilomètres, étant d’une épaisseur de 5 à 7 mètres à la base et d’une hauteur de 10 à 13 mètres. Elles sont percées de quatre larges portes et de deux plus petites. Sauf à quelques endroits, elles sont faites de dalles romaines et de blocs de pierre équarris joints par un ciment très épais. Des colonnes et autres fragments de ruines ou d’édifices plus anciens y sont intégrés çà et là. Comme ceux de Constantinople, les murs semblent avoir été édifiés auIVe siècle. Quelques tours portent des inscriptions grecques[46].
Les ruines des temples antiques, églises, synagogues, mosquées, bains, marchés couverts et villas, dispersées à travers les jardins et immeubles modernes, occupant une grande partie de l’espace autrefois à l’intérieur des fortifications romaines et byzantines, témoignent de ce que l’endroit eut, pendant la période ottomane, une importance certaine, quoique moindre que pendant la période byzantine[47]. L’ancien centre-ville ottoman semble avoir été entièrement construit avec les débris de l’ancienne Nicée, et les murs en ruine des anciennes mosquées et bains publics (thermes devenus « bains turcs ») sont pleins de fragments des anciens temples et églises greco-romains. Au nord-ouest de la ville, deux digues s’avancent dans le lac, formant un port. Toutefois, le lac s’est considérablement envasé à cet endroit et l’ancien port est désormais un marécage. Hors des murs de la ville, on peut aussi voir les ruines d’un ancien aqueduc[46].
Dans l’Église catholique romaine, ceux auxquels ce titre est accordé, autrefois appelés évêquesin partibus, pourin partibus infidelium (« en pays des infidèles »), par référence à d’anciensdiocèses disparus au cours de l’histoire, sont depuisLéon XIII (1882) dénommés « évêques titulaires ». Tout évêque, même si contraint à la démission, reste « évêque d'un lieu particulier » ; il lui est alors donné le titre d'un siège titulaire. Ainsi, l’archevêché catholique de Nicée constitue un « siège titulaire » vacant depuis la mort de son dernier titulaire en 1976[51].
Dans l'univers deWarhammer 40.000, où l'imagerie chrétienne est omniprésente, le concile de Nikaea est une réunion del'Empereur et de ses généraux et fils, les Primarques, débattant de l'utilisation des énergies occultes du Chaos par leurs armées.