(en)Nez humain vu de profil. Formant une saillie médio-faciale, il s'inscrit dans une pyramide triangulaire à sommet supérieur. Il présente trois bords : le dos ou l'arête, bord antérieur arrondi qui s'étend de la racine du nez[1] (notée A, au niveau de l'espace inter-sourcilier ouglabelle) à la pointe (apex noté B) saillante. Les sillons naso-labiaux (ou sillons alaires) formant les bords latéraux, le sillon sous-nasal (philtrum) et lessillons naso-géniens(en) les bords inférieurs. il présente trois faces : la face inférieure porte deux orifices piriformes, les narines, délimités médialement par leseptum nasal et latéralement par deux faces, les ailes du nez séparées de la joue par le sillon alaire noté C[2].
Lenez, appelé aussiappendice nasal, est chez l'être humain la saillie médiane duvisage située au-dessus de lalèvre supérieure et qui, en le surplombant, recouvre l'orifice desfosses nasales, qui constituent le segment supérieur desvoies respiratoires et renferment l'organe de l'olfaction (odorat). Il concourt, en livrant passage à l'air, à l'accomplissement de larespiration et de laphonation.
Ce terme est également utilisé par analogie pour lesvertébréstétrapodes ne possédant pas unetruffe à l'extrémité dumuseau (« nez » — organe olfactif — des poissons, nez olfactif et nez respiratoire des crocodiliens)[3].
La plupart des langues européennes présentent souvent une même racine évidente :naso en italien,nos en russe, ou l'anglaisnose, l'allemanddie Nase de genre féminin. En français, les mots de la famille se ressemblent à l'exception de nez : nasal (adjectif), nasal (substantif, la partie du casque protégeant le nez),naseau,nasalisation, nasalité (enphonétique), nasiller (parler du nez), nasillard, nasillement,nasard (jeu de mutation flûté à l'orgue), nasarde (coup ou chiquenaude sur le nez), nasarder,nasique.
La morphologie nasale chez l'humain actuel est, entre autres facteurs, une adaptation climatique. Conformément à la règle deThomson(en) énoncée en 1923[4], les cavités nasales sont généralement étroites dans les climats froids (grande turbulence de l'air froid dans la cavité pour réchauffer cet air au contact des muqueuses) et larges dans les climats chauds[5],[6]. Ces adaptations ainsi que des mutations et sélections génétiques aléatoires ont donné forme à plusieurs grands types de nez :
droit, ou grec : à l’arête bien rectiligne, et pointant vers l’avant plutôt qu’en largeur pour le nez grec ;
épaté : s’étalant en largeur plutôt que vers l’avant ;
aquilin (en bec d'aigle), ou busqué : avec une bosse ou une courbure de l’arête vers l’extérieur.
camard, ou camus : à l’arête creusée vers l’intérieur ;
tombant : dont le bout descend plus bas que la base des narines ;
retroussé : dont le bout s’oriente vers le haut, contraire du nez tombant.
bourbonien : long, large et volumineux sur le visage, tel que celui dela famille de Bourbon.
D’autres classifications existent. La beauté de chaque forme relève de critères d’appréciation individuels et culturels. Elle dépend des yeux qui regardent.
On trouve d'autres appellations de formes, plus imagées, dont le sens est sujet à davantage de variations et dont l’usage est généralementfamilier (liste non-exhaustive) :
en trompette, ou mutin : assez proche du nez retroussé ;
en patate, « gros nez » : gros et en particulier avec un bout volumineux et arrondi ;
crochu : tombant et fort courbé, généralement gros et disgracieux ;
La cavité nasale a pour fonction de réguler la température de l’air inspiré (à la température corporelle), de l’humidifier et de le filtrer, cela avant d’atteindre les voies respiratoires inférieures (sous lepharynx)[7]. Cela contribue au bon fonctionnement de l’appareil mucociliaire qui piège et élimine par expectoration ou ingestion la plupart des particules et agents pathogènes inhalés[8].
Grâce aux parois internes du nez qui sont tapissées de vaisseaux sanguins et de cellulescaliciformes productrices de mucus[7], l’air inhalé atteint généralement 90% des niveaux de température et d’humidité requis avant même d’atteindre lenasopharynx[9]. Ce conditionnement de l'air inhalé dépend de sa dynamique d’écoulement et donc de la taille et géométrie de la cavité nasale[8].
L’odorat permet de détecter des groupes de molécules aériennes spécifiques. Cette fonction est bien moins développée chez l’homme que chez des animaux cousins. Le nombre d’odeurs que l’homme peut distinguer reste très complexe à calculer avec exactitude[10].
Le nez humain est constitué d'unsquelette fait decartilages accolés au squelette osseux de la face. Ces cartilages sont recouverts depeau sur leurs faces externes et d'une muqueuse sur leurs faces internes. Ils délimitent deux orifices, lesnarines, qui font communiquer lescavités nasales avec l'extérieur.
Le squelette comprend cinq cartilages principaux. L'espace entre ces cartilages est comblé par de petits cartilages accessoires et du tissu fibreux. Les cartilages principaux sont :
le cartilage septal, une lame médiane verticale qui sépare les deux narines ;
les cartilages latéraux, deux lames triangulaires qui forment la paroi supérieure de chaque narine ;
les cartilages alaires, deux lames concaves en dehors qui forment la paroi antéro-latérale des narines.
Les poils nasaux se densifient sensiblement à lapuberté[11]. L’homme possède de l’ordre de 105 à 125 poils de nez de 0,9 à 1 cm dans chaque narine, selon une étude sur 10 hommes et 10 femmes décédés[12] d’en moyenne 83 ans. Les poils sont de tailles similaires dans toute la profondeur du nez[13].
Leur fonction principale est immunitaire par la filtration des poussières[14], la détection d’intrusion de particules et la stimulation du réflexe d’éternuement[15]. Il n’est pas parfaitement établi que les poils réchauffent et humidifient l’air dans la mesure où ils n’ont pas d’effet sur le débit du flux aérien nasal[16].
Les cellules spécialisées dans l’olfaction (odorat) sont situées dans l'épithélium olfactif au sommet de la cavité nasale. Au moins 400 récepteurs olfactifs sont connus à ce jour chez l’être humain[17].
Lemicrobiote nasal est principalement constitué de bactéries. Plus de 900 espèces colonisent la muqueuse du nez humain[18]. Ce microbiote a un rôle important contre la colonisation par lestaphylocoque doré résistant à laméticilline[19].
On parle derhinite pour désigner une inflammation nasale, souvent due à un agentinfectieux. Cela est généralement accompagnée derhinorrhée, c’est-à-dire d’écoulement de fluides nasaux.
À la suite d'un choc ou aussi spontanément, on peut subir un saignement de nez (épistaxis), bénin dans la majorité des cas. Cela se traite par une expulsion nasale (se moucher) puis une compression longue, comme la majorité des saignements, la tête droite ou très légèrement penchée vers l’avant pour éviter l’engorgement[20].
L'hominisation se caractérise par la régression duprognathisme et l'apparition d'un nez proéminent (élément nonconservé dans les crânes fossiles, car entièrement cartilagineux).
Le nez est un organe qui a évolué à partir d'uncaractère ancestral : latruffe ourhinarium. La plupart des mammifères[22] (jusqu'aux primatesStrepsirrhiniens) ont en effet une truffe humide alors que les primateshaplorrhiniens (comprenant entre autres, les singes, notamment les gorilles et l'être humain) ont perdu ce rhinarium au profit du nez. Cet appendice nasal apparu il y a environ 55 Ma, est unesynapomorphie qui se traduit par la migration de lamuqueuse externe du rhinarium vers l'intérieur des narines du nez[23].
Les variations de forme du nez au sein des populations humaines ont fait l’objet d’un débat continu, notamment sur leurs raisons évolutives. La forme interne du nez (cavité nasale) conditionne l’air inspiré avant qu’il n’atteigne les poumons. La forme du nez variant selon les populations suggère qu’elle ne résulte pas uniquement de ladérive génétique mais aussi d'adaptations géoclimatiques (température,humidité relative, taux de particules aéroportées)[24]. Une étude basée sur les comparaisons Qst-Fst a conclu que la largeur des narines et celle de la base alaire sont plus différenciées entre les populations que ce qui serait le cas sous l'effet de la seule dérive génétique[24]. Selon ce travail : la largeur des narines est corrélée à la température et à l’humidité absolue, mais pas à l’humidité relative, ce qui laisse penser que la forme du nez a une composante liée à l'adaptation au climat local et à d’autres facteurs dont lasélection sexuelle[24].
Une hypothèse est que le nez humain a évolué dans le contexte de la réduction du massif facial qui tend à se disposer sous laloge cérébrale, et de la verticalisation du front du fait de l’expansion crânienne et de la réduction duprognathisme facial. Labipédie et l'expansion cérébrale conduisent donc à une réorganisation complète de l'architecture crânienne, si bien que l'appendice nasal serait uneadaptation squelettique à la bipédie humaine(en)[25],[26].
Une autre hypothèse, qui peut être complémentaire, est que le développement du nez dans la lignée d'hominidés du genreHomo aurait répondu à la nécessité de conserver une humidification importante de l'air inspiré pour empêcher les poumons de se dessécher dans des environnements de contrées sèches et semi-arides (savanes arborées, forêts plus arides). Inversement, laturbulence au niveau des chicanes descornets nasaux aide le nez à récupérer cette humidité lors de l'expiration, ce qui suggère unesélection pour parcourir de longues distances à pied dans la chaleur (notamment lors de lachasse à l'épuisement selon lathéorie du coureur de fond) sans se déshydrater[27],[28].
Du point de vueévolutif un nez est caractérisé par :
Chez les poissons, chaque cavité nasale, appelée « sac olfactif » ou « sac nasal », correspond à une poche creusée dans le cartilage des capsules olfactives du crâne et est tapissée depapilles gustatives et decellules olfactives(en). Elle est ouverte à l'extérieur par une « narine » (ouverture nasale non reliée à la cavité buccale et ausystème respiratoire) sur lemuseau. La narine externe est ventrale chez lespoissons cartilagineux, dorsale chez lespoissons osseux.
Ce sont les mouvements respiratoires branchiaux qui activent la circulation du milieu aquatique dans le sac olfactif, via une ouverture inhalante (entrée de l'eau par la narine antérieure) et une ouverture exhalante (sortie de l'eau par la narine postérieure). Chaque sac est souvent divisé en deux par un repli cutané, formant une cavité en forme de « U » qui permet l'installation d'un courant d'eau à l'intérieur de l'organe olfactif, les quatre « narines » améliorant ainsi les capacités olfactives en milieu aquatique[29].
Des orifices narinaires postérieurs qui s'ouvrent au plafond buccal, apparaissent chez lessarcoptérygiens et plus particulièrement chez lesDipneustes ouPoissons pulmonés chez qui les orifices exhalants des narines externes ont migré à l'intérieur de la cavité buccale. Ces poissons présentent diverses étapes de transition entre la respiration branchiale aquatique (bouche ouverte, aspiration de l'eau étant grâce à la pompe buccopharyngée puis expulsion par les orifices branchiaux) et la respiration pulmonaire (montée en surface pour aspirer de l'air amené aux poumons)[30].
L'existence d'un palais primaire permet des mouvements de pompage aquatique réalisés bouche fermée, via les canaux nasaux et les arcs branchiaux[31], fournissant une complète indépendance des voies de l'olfaction et de la respiration aérienne, contrairement à ce que les zoologues ont souvent pensé[32]. Cetteinnovation évolutive assure de plus une première ébauche de séparation des voies alimentaire et respiratoire (elles confluent cependant dans la cavité bucco-pharyngée), et améliore l'acuité olfactive en favorisant un courant d'eau actif entre le nez et la bouche grâce à la pompe buccopharyngée que ces poissons utilisent principalement pour l'alimentation par aspiration desproies[33].
L'émergence deschoanes chez lesTétrapodes terrestres ne serait donc pas une adaptation à la respiration aérienne mais un moyen d'obtenir une meilleure olfaction aquatique chez ces poissons qui vivent dans des eaux stagnantes et troubles exigeant une adaptation à la diminution des stimuli visuels, puis cette structure anatomique aurait été adaptée à l'olfaction aérienne qui a besoin d'une bonne acuité olfactive et d'un système d'humidification desfosses nasales assuré par la sécrétion muqueuse desglandes de Bowman(en) et desglandes lacrymales (la présence d'uncanal lacrymonasal pourrait être unvestige de la narine externe postérieure)[34],[35]. Si les choanes et les poumons des dipneustes et celles des tétrapodes sont apparues indépendamment parconvergence évolutive résultant d'uneadaptation à la vie terrestre, l'évolutionphylogénétique suggère de considérer le nez respiratoire comme uneexaptation du nez olfactif primaire[36] et l'utilisation des poumons hors de l'eau également comme un processus d'exaptation, conséquence d'une adaptation de poissons à des milieux aquatiqueshypoxiques ou bien oxygénés, en lien dans ce dernier cas avec les besoins accrus en oxygène du cœur[37],[38].
Dans le mondegréco-romain antique, le nez est associé au sens de l'odorat. Il est aussi le siège de lacolère.
L'allongement du nez, ne serait-ce d'unpied, dans les vieux contes romans ou germaniques, n'est souvent pas bon signe pour le protagoniste, à moins de ne susciter que l'hilarité des témoins.
« Condition de l’homme : inconstance, ennui, inquiétude.
Qui voudra connoître à plein la vanité de l’homme n’a qu’à considérer les causes et les effets de l’amour. La cause en est un je sais quoi (Corneille) ; et les effets en sont effroyables. Ce je ne sais quoi, si peu de chose qu’on ne peut le reconnoître, remue toute la terre, les princes, les armées, le monde entier. Lenez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre auroit changé. »
Le personnage de fictionPinocchio est connu pour son nez qui grandit à chaque fois qu'il ment.
L'écrivainJean Giraudoux décrit ainsi le nez grec :« Le seul angle à peu près droit s’obtient en prolongeant par une ligne imaginaire le nez grec jusqu’au sol grec. » (Intermezzo, acte premier, sc. 6)
De nombreux caps, exclusivement sur les côtes de laManche : enNormandie, plus particulièrement dans leCotentin, et dans lePas de Calais, utilisent le mot nez. Ce mot n'a ni la mêmeétymologie ni même la même prononciation[c]. L'étymologie est scandinave et viendrait denes signifiant pointe de terre[41].
↑D'un point de vue concret, le mot latin signifie aussi le bec ou le goulet d'un vase ou d'un récipient allongé. De manière figurée, le mot latin représente la finesse du goût ou l'esprit moqueur, la moquerie. En ancien français,nes ounez désigne également la trompe ou les narines d'un animal.
↑Le mot grec au pluriel désigne aussi les narines.
↑certaines populations perpétuent une distinction dans la prononciation entre leNez (cap) et lenez (appendice nasal) dans la Hague, notamment àSaint-Germain-des-Vaux, le premier se prononçant « née » [ne:] et le second « nô » [no:]