| New Glenn Lanceur spatial lourd | |
Schéma du lanceur. | |
| Données générales | |
|---|---|
| Pays d’origine | |
| Constructeur | Blue Origin |
| Premier vol | 16 janvier 2025 |
| Statut | Opérationnel |
| Lancements (échecs) | 2 (0) |
| Hauteur | 98 m |
| Diamètre | 7 m |
| Masse au décollage | entre 1 400 t et 1 500 t |
| Étage(s) | 2 |
| Poussée au décollage | 16 800 kN (1 700 t) |
| Base(s) de lancement | Cap Canaveral |
| Charge utile | |
| Orbite basse | 45 t |
| Transfert géostationnaire (GTO) | 13 t |
| Dimensioncoiffe | diamètre : 7 m, hauteur : 18,5 m |
| Motorisation | |
| Ergols | LOX +méthane (1er étage) LOX +LH2 (2e étage) |
| 1er étage | 7BE-4 (7 x 250 t) |
| 2e étage | 2BE-3U (2 x 78 t) |
| modifier | |
New Glenn est unlanceur lourd (45 tonnes enorbite basse)américain qui effectue son premier vol le. Le lanceur, qui peut placer13 tonnes enorbite géostationnaire, est développé par la société américaineBlue Origin, créée en 2000 et en partie financée par l'entrepreneurJeff Bezos.
La version de base du lanceur, qui est haute de 98 mètres pour un diamètre de7 mètres, comprend deux étages : le premier étage est réutilisable et propulsé par septmoteurs-fuséesBE-4 de250 tonnes de poussée brûlant un mélange d'oxygène liquide et deméthane, et le deuxième est propulsé par deux moteurs-fuséesBE-3U de78 tonnes de poussée brûlant un mélange d'oxygène liquide et d'hydrogène liquide. Ces deux types de moteurs sont développés par Blue Origin. La fusée dispose d'unecoiffe d'un diamètre de sept mètres. Le premier étage réutilisable et revient se poser à la verticale sur une barge. Lapoussée au décollage est de 1 700 tonnes.
Le lanceur décolle depuis lecomplexe de lancement SLC-36 de labase de Cap Canaveral enFloride à proximité immédiate de l'usine dans laquelle les éléments du lanceur sont construits et assemblés. Un deuxième pas de tir est prévu àVandenberg sur la côte ouest enCalifornie pour les tirs visant l'orbite polaire. Blue Origin vise à la fois le marché dessatellites militaires américains et celui des satellites commerciaux.
Le lanceur spatial, après une phase de développement plus longue que prévue, a effectué son premier vol le 15 janvier 2025. Lors du deuxième vol qui a lieu le 13 novembre 2025 et qui emporte les deux sondes spartiales de la NASAEscaPADE, le premier étage est récupéré avec succès sur une barge pré-positionnée au large de la Floride, faisant du constructeur Blue Origin le deuxième fabriquant de fusée capable de réutiliser partiellement celle-ci.
New Glenn est un lanceur lourd développé par la société américaineBlue Origin. Cette société ne dispose dans le domaine des lanceurs que d'une expérience limitée au lanceur suborbital réutilisableNew Shepard. Elle a été créée parJeff Bezos, fondateur et propriétaire d'Amazon. Bezos est l'un des trois milliardaires, avecElon Musk (SpaceX) etRichard Branson (Virgin Galactic), qui ont décidé de devenir desacteurs industriels majeurs dans le domaine spatial. Bezos a ainsi investi dans sa société au cours des années 2010 environ un milliard de dollars par an.
Initialement,Blue Origin, créée en 2000, se consacre au développement duvol suborbital avec le vaisseauNew Shepard, dont le premier vol a lieu en 2015. Pour propulser cet engin, la société, qui reprend le modèle d'intégration verticale de SpaceX, développe son propremoteur-fusée, le BE-3, de 50 tonnes de poussée et brûlant un mélange d'oxygène et d'hydrogène liquides. En 2014, la sociétéUnited Launch Alliance (ULA) sélectionne le moteur-fusée BE-4 de270 tonnes de poussée proposé par Blue Origin pour propulser le lanceurVulcan, successeur de son lanceurAtlas V[1],[2].
Le développement du lanceur partiellement réutilisableNew Glenn est annoncé le par Bezos. Le projet capitalise sur les autres développements en cours au sein de la société : la fusée suborbitale réutilisableNew Shepard et les moteurs-fuséesBE-4 etBE-3. Le nom du lanceur fait référence àJohn Glenn, premierastronaute américain ayant effectué un vol orbital[3]. À l'époque, Bezos annonce que le premier vol aura lieu en 2020.
Blue Origin propose en 2017New Glenn en réponse à l'appel d'offres de l'Armée de l'air américaine. Celle-ci doit remplacer les fuséesAtlas V (propulsée par des moteurs russes) etDelta IV (obsolète et coûteuse), qui sont jusqu'alors utilisées pour placer en orbite ses satellites militaires. En, l'armée pré‑sélectionneNew Glenn ainsi que les lanceurs en cours de développementOmegA deNorthrop Grumman etVulcan deUnited Launch Alliance. L'armée prévoit de verser à terme en tout2 milliards US$ aux constructeurs sélectionnés pour les aider à développer leur lanceur.500 millions de dollars sur six ans sont promis à Blue Origin[4], mais deux ans plus tard lePentagone annule son contrat, après avoir versé256 millions de dollars[5]. En, l'opérateur de satellitesEutelsat est la première société à sélectionner le lanceur de Blue Origin pour placer en orbite un de ses satellites géostationnaires[6]. Au cours des deux années suivantes, des contrats de lancement sont signés pour le lancement de satellites individuels (Sky Perfect,JSAT et mu Space) ou deconstellation de satellites (OneWeb etTelesat)[7]. Le lanceur doit également être utilisé pour déployer la mégaconstellationKuiper d'Amazon[5].
La date de premier vol de la fuséeNew Glenn annoncée par Jeff Bezos (2020) est considérée dès le départ comme trop ambitieuse par les responsables du projet. Le choix de développer iun lanceur aussi puissant sans avoir mis au point une fusée de puissance intermédiaire (New Shepard, la seule réalisation de Blue Origin, a une poussée40 fois inférieure) rallonge les délais de conception et de mise au point. Par ailleurs, Blue Origin est devenu un acteur majeur duprogrammeArtemis en étant sélectionné comme chef de file du vaisseau proposé pour amener des hommes sur la Lune. Ce projet ainsi que le développement du moteur-fusée BE-4, qui rencontre des difficultés de mise au point de sa turbopompe, ont la priorité.
En 2018, l'architecture du lanceur évolue. Pour propulser le deuxième étage, l'unique moteur BE-4U est remplacé par deux moteurs BE-3U, de larges ailettes fixes sont ajoutées à la base du premier étage et la taille de la coiffe est accrue. En 2019, la société annonce l'abandon de la version à trois étages qui devait être utilisé pour desservir les orbites hautes et lancer des missions interplanétaires[Note 1],[8],[9]. Blue Origin annonce en que le premier vol est repoussé fin 2022[10].
La construction de l'usine de fabrication et d'assemblage du lanceur ainsi que celle du complexe de lancement deCap Canaveral (SLC-36) sont par contre pratiquement achevées début 2021[11]. En janvier 2023, le premier lancement est repoussé en 2024[12],[13]. Après la mise à feu statique des sept moteurs du premier exemplaire deNew Glenn le, le vol inaugural est prévu pour le[14],[15].
Depuis l'annonce du développement du lanceur en 2016, plusieurs opérateurs de satellites commerciaux ont passé contrat avec Blue Origin pour le lancement de leurs satellites :Eutelsat,Mu Space,OneWeb,Sky Perfect JSAT etTelesat. LaNASA ajoute en laNew Glenn dans la liste des lanceurs auxquels elle est susceptible de faire appel[16]. En, la NASA décide de passer contrat avec Blue Origin pour le lancement de ses satellites jumeauxEscaPADE (2 × 500 kg) par le premier vol de laNew Glenn pour un montant de20 millions US$[17]. Ce lancement est finalement repoussé au deuxième vol de la New Glenn, à cause des retards dus à la préparation du vol inaugural.
Pour son vol inaugural, qui a lieu le 16 janvier 2025, le lanceurNew Glenn remplit son objectif principal (mise en orbite de la charge principale sur une orbite moyenne) sans aucun dysfonctionnement visible en première analyse. Le deuxième étage a pu être rallumé. Par contre, la récupération du premier étage sur une barge, objectif secondaire mais très ambitieux, n'est pas atteint[5]. Lors du deuxième vol qui a lieu le 13 novembre 2025 et qui emporte les deux sondes spartiales de la NASAEscaPADE, le premier étage est récupéré avec succès sur une barge pré-positionnée au large de laFloride, faisant du constructeur Blue Origin le deuxième fabriquant de fusée capable de réutiliser partiellement celle-ci[18].
Le lanceur est conçu pour permettre un abaissement important des coûts de lancement. Pour y parvenir, il reprend la solution adoptée parSpaceX pour sa fuséeFalcon 9, c'est-à-dire la réutilisation du premier étage, qui atterrit après utilisation sur une barge située au large de la base de lancement. Les principaux choix d'architecture sont[5] :
La seule version du lanceurNew Glenn disponible comprend deux étages, dont le diamètre constant est de 7 mètres sauf à la base où il est plus large. La fusée est haute de 98 m avec la coiffe (82,2 m sans celle-ci). Sa masse estimée est comprise entre 1 400 et 1 500 tonnes, soit la moitié de celle deSaturn V mais une valeur proche de laFalcon Heavy du concurrentSpaceX. Lerapport poids sur poussée proche de 1,1 entraîne une vitesse particulièrement lente dans les premières secondes de vol[5],[20].

Le premier étage (GS-1) est haut de 57 mètres et emporte 1 150 tonnes d'ergols. Sa structureorthogrille est réalisée en alliage d'aluminium. Pour contrôler le retour au sol, le corps de l'étage comprend deux virures en bas, fixes, et quatre ailerons en haut, qui sont mobiles et mesurent cinq mètres de haut et deux mètres de large. Les dômes des deux réservoirs sont réalisés par soudure avec un fonds commun. Le premier étage est propulsé par septmoteurs-fusées àergols liquidesBE-4 d'unepoussée unitaire de250 tonnes (2 450 kilonewtons) au sol et brûlant un mélange d'oxygène liquide et deméthane. Le BE-4 est haut de 3,81 mètres pour un diamètre de 1,93 mètre.Ce moteur a des caractéristiques très avancées : il utilise un cycle à combustion étagée, sa poussée peut être modulée de 40 à 100 % et il peut être redémarré. Contrairement aux lanceursStarship et auFalcon 9, les ergols ne sont pas sur refroidis[Note 2]. La poussée totale au décollage est de 16 809 kilonewtons. Six des moteurs sont répartis à la périphérie et un moteur est en position centrale. Les trois moteurs médians peuvent pivoter pour contrôler l'orientation de la fusée en vol, les quatre autres étant fixes. Les réservoirs utilisent un système depressurisation autogène, c'est-à-dire qu'une faible fraction des gaz produits par la gazéification des ergols au niveau des moteurs est détournée pour mettre sous pression les ergols contenus dans les réservoirs. Les moteurs fonctionnent durant190 secondes[5].
L'étage est conçu pour être réutilisé (il n'existe pas de version non réutilisable). Après la séparation avec le deuxième étage, il utilise d'une part ses appendices aérodynamiques pour contrôler sa trajectoire et d'autre part trois de ses moteurs pour réduire sa vitesse afin de venir se poser à la verticale sur une barge mobile en mer. Les ailerons mobiles situés dans la partie supérieure sont utilisés pour contrôler son attitude durant la descente. Les deux virures fixées sur le bas de l'étage fournissent une portance supplémentaire lors du retour sur Terre. Pour protéger de la surchauffe produite par la vitesse de rentrée dans l'atmosphère, la surface de ces appendices ainsi que des parties inférieure et supérieure du corps de l'étage est recouverte d'un revêtement de protection thermique baptisé Comet, qui donne leur couleur brune à ces parties non peintes lors du vol inaugural. L'étage dispose d'un train d'atterrissage comprenant six pieds placés sous un carénage, qui sont déployés peu avant l'atterrissage. Le nombre important de pieds permet de pallier une défaillance éventuelle de l'un d'entre eux. Les parties mobiles (train d'atterrissage et ailettes supérieures) sont actionnées à l'aide degroupes auxiliaires de puissance brûlant duperoxyde d'azote. Desmoteurs à gaz froid (azote) sont utilisés pour contrôler l'attitude lors du retour au sol[5],[8],[6],[21].

Le deuxième étage (GS-2) est haut de 26,8 mètres et embarque 175 tonnes d'ergols. Sa structure orthogrille est réalisée en alliage d'aluminium. Les dômes des deux réservoirs sont réalisés par soudure avec un fonds commun. Le deuxième étage est propulsé par deux moteursBE-3U brûlant un mélange d'oxygène liquide et d'hydrogène liquide et fournissant une poussée unitaire de79 tonnes dans le vide (770 kilonewtons. Le BE-3U, qui dispose d'une tuyère allongée optimisée pour le vide, est haut de 4,4 mètres pour un diamètre maximum de 2,5 mètres. Ce moteur, dont la poussée peut être modulée entre 18 et 100 %, utilise uncycle à expandeur ouvert et peut être rallumé[Note 3]. Le BE-3U dérive d'une version utilisée par la fusée surborbitaleNew Shepard adaptée au fonctionnement dans le vide. La durée de combustion est de 644 secondes. Ses réservoirs utilisent un système de pressurisation autogène[5],[8],[3].
Lacoiffe de la fusée a un diamètre de sept mètres, largement supérieur à celui des lanceurs lourds opérationnels (cinq mètres). Elle est haute de18,5 mètres et son volume intérieur est de 458 m3. Elle fournit sur une hauteur de11,4 mètres un espace utilisable d'un diamètre supérieur à6,2 mètres[22].
LaBlue Ring est un module développé par Blue Origin qui est placé sous la coiffe et qui peut remplir plusieurs fonctions en orbites moyenne et haute. Il peut prendre en charge plusieurs charges utiles d'une masse totale pouvant atteindre trois tonnes pour les déployer et dispose d'une capacité de manœuvre importante. Il peut servir de support pour des fonctions de ravitaillement, de relais de données, de transport et de logistique[23].
Le lanceur peut placer une charge utile de 45 tonnes en orbite basse ou de 13 tonnes en orbite géostationnaire. Cette capacité est obtenue avec la récupération du premier étage, qui est la seule configuration disponible contrairement aux fusées Falcon. Blue Origin veut privilégier le lancement de charge utile unique mais pourra, à partir du cinquième vol, effectuer des lancements doubles[5],[24].
À la suite de la décision par SpaceX de développer leStarship, Blue Origin développe un deuxième étage entièrement réutilisable en acier dans le cadre du projet Jarvis. Un premier exemplaire de réservoir en acier est amené à SLC-36 pour des tests en[25].
Lesétages sont fabriqués dans l'usine deBlue Origin située à 35 kilomètres dusite de lancement de labase de lancement de Cap Canaveral. Lesmoteurs sont fournis par l'établissement de la société situé dans l'Alabama. Chaque étage est ensuite acheminé par la route jusqu'au bâtiment d'assemblage sur le complexe de lancement 36, dédié au lanceur. Les deux étages et lacharge utile y sont assemblés et testés. Puis l'ensemble est placé sur un véhicule tracteur-érecteur qui comprend latable de lancement. Le véhicule amène lelanceur jusqu'au pas de tir. Celui-ci comprend de manière classique desCarneau (astronautique)carneaux sous la table de lancement pour évacuer les gaz brûlants produits au décollage, unchâteau d'eau utilisé par le système dedéluge mis en marche peu avant le décollage et des réservoirs d'ergols permettant de faire le plein du lanceur. Une fois arrivée à destination, la fusée est redressée à la verticale. Le plein d'ergols débute cinq heures avant le lancement et s'achève une demi-heure avant celui-ci, tandis que des tests destinés à vérifier que tous les systèmes fonctionnent de manière nominale sont effectués.
Les moteurs du premier étage sont mis à feu deux secondes avant le décollage. L'extinction du premier étage a lieu environ198 secondes après celui-ci. Le largage du premier étage intervient deux secondes plus tard et la mise à feu du second étage débute quatre secondes plus tard. Dix secondes après celle-ci, lacoiffe est larguée. Le deuxième étage est éteint805 secondes après le décollage. Si le lanceur vise une orbite haute, le deuxième étage est rallumé environ 1 700 secondes après le décollage et est éteint environ100 secondes plus tard. La séparation des charges utiles intervient985 secondes après le décollage pour l'orbite basse et 1 801 secondes pour uneorbite haute[26].
Le premier étage est récupéré et vient se poser sur unebarge flottante positionnée plusieurs centaines de kilomètres au large de la base de lancement. Pour ce faire, après la séparation avec la fusée, l'étage modifie son orientation pour se préparer à une manœuvre de freinage alors qu'il se trouve encore à une altitude où l'atmosphère est peu dense. Alors qu'il se déplace à unevitesse supersonique, les trois moteurs médians sont rallumés durant 28 secondes pour réduire sa vitesse. S'ensuit une phase durant laquelle l'étage perd progressivement de l'altitude en planant, aidé par les deux longues virures situées à sa base et en contrôlant son orientation grâce aux ailettes mobiles situées à son sommet. Un unique moteur est allumé pour annuler sa vitesse 36 secondes avant d'arriver sur la barge. Quatorze secondes avant l'atterrissage, les pieds d'atterrissage sont déployés. Le déploiement est achevé en huit secondes[27],[11].
Pour construire, intégrer et maintenir sonlanceur,Blue Origin, qui a son siège àKent, en banlieue deSeattle dans l'État deWashington, a construit une nouvelle usine enFloride à environ15 kilomètres à vol d'oiseau du pas de tir SLC-36 de labase de lancement de Cap Canaveral, que le lanceur utilisera. Cet établissement se trouve à Exploration Park, aux portes duCentre spatial Kennedy. Il dispose d'une surface couverte de 180 000 m2[28]. Les moteurs BE-3 et BE-4 sont eux construits dans une usine édifiée àHuntsville dans l'Alabama[29].
Le lanceurNew Glenn décolle depuis lecomplexe de lancement SLC-36 de labase de Cap Canaveral enFloride. Cet ancien site de lancement des lanceursAtlas, qui n'était plus actif depuis 2005, a été repris en 2016 par Blue Origin (contrat de typelocation longue durée) pour en faire la base de lancement de sa fusée Blue Glenn. En parallèle, la société a repris en location le complexe de lancement LC-11 adjacent pour y installer unbanc d'essais utilisé pour les tests de mise à feu de son moteur BE-4. Le SLC-36 est situé à 35 kilomètres de l'usine de fabrication du lanceur. Le complexe de lancement comprend un bâtiment d'assemblage, où sont assemblés les deux étages en provenance de l'usine et la charge utile, et la pas de tir proprement dit, faiblement distant du bâtiment d'assemblage. Le lanceur assemblé y est transporté par un véhicule de type transporteur-érecteur. Un bâtiment destiné à remettre en condition de vol le premier étage après sa récupération doit être construit à deux kilomètres du complexe de lancement. Un deuxième pas de tir est prévu dans labase de lancement de Vandenberg sur la côte ouest enCalifornie, pour les tirs visant l'orbite polaire[28],[30].

À la suite de la mise à feu statique du premier étage de l'exemplaire de vol avec tout le lanceur intégré, réussie le[14], le vol inaugural de laNew Glenn, baptiséBlue Ring Pathfinder, est programmé initialement pour le, mais est reporté au par suite de la formation de glace sur une ligne de purge[15],[31],[32],[33]. Le lanceur décolle pendant la nuit depuis le complexe delancement 36 de labase de lancement de Cap Canaveral, et place sur uneorbite moyenne (2 426 km x 19 251 km avec uneinclinaison orbitale de 29,99° (écart inférieur à 1% par rapport à l'orbite visée 19300 x 2400 km et 30°) unecharge utile constituée d'un prototype deBlue Ring équipé de capteurs chargés de collecter des données sur le fonctionnement de la fusée. Les deux moteurs BE-3U du second étage ont effectué avec succès deux rallumages en orbite[34]. Le deuxième étage est resté sur l'orbite moyenne, choix critiqué par certains car non conforme aux recommandations en matière de gestion des débris spatiaux, même si celles-ci concernent principalement l'orbite basse[35].
Une récupération du premier étage était prévue, après son atterrissage sur une plateforme flottante placée à620 kilomètres au large de la base de lancement[27]. La première phase de la récupération du premier étage (rallumage à vitesse supersonique de trois des moteurs) est bien réalisée, mais le centre de contrôle perd le contact avec l'engin spatial 7 minutes et 55 secondes après le décollage alors qu'il se trouve encore à plus de25 kilomètres d'altitude et qu'il se déplace à une vitesse de 6,9 km/s[9],[36],[35].
Le deuxième vol du lanceurNew Glenn (NG-2) a lieu le 13 novembre2025 après un report de 4 jours destiné à éviter les conséquences d'éruptions solaires. La fusée emporte cette fois unecharge utile constituée des deux petitessondes spatialesEscaPADE qui doivent être placées sur une orbite de transit vers lepoint de Lagrange L2 du système Terre-Soleil et dont l'objectif est d'étudier la magnétosphère et l'atmosphère de Mars[18](il y a également une petite charge utile qui reste solidaire de la fusée : le démonstrateur technologique InRange[Note 4] développé par Viasat pour le compte de la NASA[37]. Le premier étage doit être récupéré sur une barge pré-positionnée au large de laFloride et en cas de succès sera réutilisé pour une mission suivante.Blue Origin a proposé un tarif particulièrement bas (20 millions US$) pour lancer cettecharge utile sous-dimensionnée (1 tonne environ alors queNew Glenn est théoriquement capable de placer environ 13 tonnes sur une trajectoire similaire) car les ingénieurs veulent vérifier son fonctionnement en vol avec une charge utile réelle tout en limitant les risques en cas de poussée insuffisante des moteurs[38]. Le lancement se déroule de manière nominale. Le premier étage se sépare du reste de la fusée un peu plus de 3 minutes après le décollage (T0), réduit sa vitesse de rentrée à l'aide de sa propulsion à T0+6'48", rallume ses moteurs pour le freinage final à T0+8'47" et vient se poser sur la barge Jacklyn à T0+9'9". Blue Origin devient le deuxième constructeur de fusée, aprèsSpaceX, en mesure de réutiliser partiellement son lanceur. Le deuxième étage qui avait été mis à feu à T0+3'17" est éteint à T0+12'53" puis rallumé à T0+25" avant d'être éteint définitivement à T0+26'44". Les deux sondes spatiales EscaPADE sont larguées quelques minutes plus tard[18].
Lors de son troisième vol prévu au premier semestre 2026 le lanceurNew Glenn doit lancer la missionBlue Moon Pathfinder dont l'objectif est de valider en vol les composants critiques de l'atterrisseurBlue Moon développé par Blue Origin et qui doit déposer un équipage sur la Lune dans le cadre de la missionArtemis V. Le prototype qui sera utilisé, baptisé (Blue Moon mark 1), est une version cargo plus légère que celle qui sera employée pour les missions avec équipage[39]. Par ailleurs le lanceur joue un rôle pivot dans le déploiement de la constellation de satellites de télécommunicationsKuiper développée par son constructeur et a reçu plusieurs commandes d'opérateurs de satellites de télécommunications.
| Vol n° | Date | Base de lancement | Charge utile | Masse | Spécificités du lancement | Orbite | Statut |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1 | 16 janvier 2025 | Cap Canaveral SLC 36 | Blue Ring Pathfinder | Orbite moyenne | Vol inaugural réussi (échec de la récupération du1er étage) | ||
| 2 | 13 novembre 2025 | Cap Canaveral SLC 36 | EscaPADE | 1 tonne | Récupération du premier étage sur une barge. | Transfert vers point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil | Deux petitsorbiteurs de la NASA étudiant lamagnétosphère et l'atmosphère de Mars. Récupération du premier étage. |
| 3 | Premier semestre 2026 | Cap Canaveral SLC 36 | Elytra | Orbite basse | Véhicule de transfert orbital développé par la société Firefly[39] | ||
| 4 | Premier semestre 2026[39] | Cap Canaveral SLC 36 | Blue Moon Mark 1 | Transfert vers la Lune | Atterrisseur lunaire de Blue Origin inspiré deBlue Moon et capable de transporter trois tonnes de charge utile. Réutilisation du premier étage du vol n°2[39]. | ||
| 5 | mi-2026 | Cap Canaveral SLC 36 | KuiperSat x 49 | Orbite basse | [39] | ||
| 2025 | Cap Canaveral SLC 36 | Eutelsat nn | Orbite géostationnaire | Satellite de télécommunications. | |||
| Cap Canaveral SLC 36 | OneWeb x ? | Orbite basse | Plusieurs vols prévus |

New Glenn peut placer 45 tonnes en orbite basse, ce qui en fait, début 2025, la deuxième fusée commerciale la plus puissante après laFalcon Heavy (64 tonnes), compte tenu du fait que les deux lanceurs les plus puissants — leSpace Launch System et leStarship (la version actuelle ne permet pas de mettre en orbite des satellites « normaux ») — ne sont pas positionnés sur ce marché. Pour l'orbite géostationnaire, si dans sa version non réutilisable la Falcon Heavy domine largement la New Glenn par ses 26,7 tonnes, elle est nettement battue dans sa version réutilisable (8 à 10 tonnes contre 13 tonnes), au coût sans doute plus proche de celui de la New Glenn. Dans ce domaine, aucun chiffre officiel n'est disponible, mais le cout du lancement d'une New Glenn est estimé à75 millions US$. La coiffe, tant par son diamètre (7 mètres contre 5 mètres) que par son volume (490 m2), dépasse largement la fusée Falcon Heavy et pourrait ouvrir des perspectives pour les charges utiles qui sont aujourd'hui contraintes dans leurs dimensions, comme lestélescopes spatiaux. Sur le marché des lancements institutionnels américains (essentiellement militaires), le lanceur New Glenn, si sa fiabilité est démontrée, pourrait concurrencer la fuséeVulcan deULA, qui est handicapée par son coût car elle n'est pas réutilisable[5].
| Charge utile | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Lanceur | Premier vol | Masse | Hauteur | Poussée | Orbite basse | Orbite GTO | Autres caractéristiques |
| 2024 | 566 t | 57,2 m | 10 500 kN | 27,5 t | 13,3 t | ||
| 2025 | 1400 à 1500 t. | 98 m | 16 800 kN | 45 t² | 13 t² | Le premier étage est réutilisé (seule configuration disponible) | |
| 2018 | 1 421 t | 70 m | 22 819 kN | 64 t¹ | 27 t¹ | Le premier étage est réutilisable (optionnel). | |
| 2022 | 2 660 t | 98 m | 39 840 kN | 70 t | |||
| 2023 | 5 200 t | 121 m | 76 000 kN | 100 t | Les deux étages sont réutilisés (seule configuration disponible). | ||
| 2024 | 860 t | 63 m | 10 775 kN | 21,6 t | 11,5 t | ||
| 2023 | 609 t | 63 m | 9 683 kN | 6,5 t | |||
| 2018 | 549 t | 70 m | 7 607 kN | 22,8 t¹ | 8,3 t¹ | Premier étage réutilisable (optionnel) | |
| 2016 | 867 t | 57 m | 10 460 kN | 23 t | 13 t | ||
| 2030³ | 4 339 t | 114 m | 26 262 kN | 150 t | 50 t | ||
| 2027³ | 2 187 t | 92 m | 59 821 kN | 70 t | 27 t | ||
| 1967 | 3 038 t | 110,6 m | 34 000 kN | 118 t | 47 t | Pour référence. Ce lanceur n'est plus utilisé. | |
| 1kN équivaut à 0,1 t. - ¹ Sans récupération du premier étage. - ² Avec récupération du premier étage. - ³ Prévision. | |||||||
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| La première date est celle du lancement du lancement (du premier lancement s'il y a plusieurs exemplaires). Lorsqu'elle existe la deuxième date indique la date de lancement du dernier exemplaire. Si d'autres exemplaires doivent lancés la deuxième date est remplacée par un -. Pour les engins spatiaux autres que les lanceurs les dates de fin de mission ne sont jamais fournies. | |||||||||||||||||