La commune de Neuve-Église présente à peu près les mêmes similitudes que les villages proches de son aire géographique :Dieffenbach-au-Val etNeubois. Implantée sur l'ancienComte-Ban le village se situe à une altitude de 300 mètres. Cette altitude varie d'ailleurs d'un secteur à l'autre entre 260 et 320 mètres, avec quelques élévations plus marquées en direction du village deBreitenau faisant partie de l'ancienvignoble de la Boos. Neuve-Église est située à l'intersection des routes qui mènent à Breitenau,Villé,Triembach-au-Val,Saint-Maurice etDieffenbach-au-Val. La commune comprend également le hameau de Hirtzelbach et la partie de la rive droite du Luttenbach à Breitenau.
Les limites communales de Neuve-Église et celles de ses communes adjacentes.
Neuve-Église s'inscrit dans le bassin d'effondrement de Villé. Les dépôts permiens présentent trois particularités, de bas en haut :
l'assise de Triembach, conservée à la faveur des petits compartiments effondrés du vallon de Hirtzelbach et des Saucematten, et qui se caractérise par des conglomérats,arkoses,schistes,argile rouge (ancienne carrière deglaise) ;
l'assise de Meisenbuckel qui présente une majorité de matériel volcanique : tufs et brèches observables dans plusieurs caves du village ;
l'assise de Kohlbaechel, épaisse d'environ 180 m, qui présente desgrès grossiers, arkoses, concrétions dedolomie et lits argileux ;
Au, Neuve-Église est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[15].Elle est située hors unité urbaine[16]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Sélestat, dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[16]. Cette aire, qui regroupe 37 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[17],[18].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (50,8 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (51,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (50,8 %), forêts (34,7 %), zones urbanisées (14,5 %)[19]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Neuve-Église : Neukirch en allemand,Nejkerich en alsacien. La première mention connue de Neuve-Église remonte à 1336 : Neukirche ; la graphie change de nom souvent : Nuwenkirch que l'on retrouve dans des documents datés de 1359, 1362, 1369 ; Nüwenkirch (1371), Nuwenkirche (1419), Nuwekirch (1469), N¨kirch (1543) etc. Après lestraités de Westphalie (1648), une grande partie de l'Alsace est rattachée à la France. Pour certains documents en français, le nom est francisé en Neuve-Église. Pour ceux en langue allemande ou en langue latine (comme les actes paroissiaux) le nom reste bien sûr Neukirch.
Neuve-Église est située au centre de l'ancienComte-Ban qui était la résidence du Meier ou maire et des comtes de Frankenbourg-Werde, qui deviennentLandgraves en 1196 et y possèdent lechâteau du Frankenbourg. Le nom de Neuve-Église et celui des autres localités du Comte-Ban apparaissent pour la première fois en 1336 : Ulrich, landgrave d'Alsace, et son fils Johann, engagent à Henrich de Müllenheim le château de Frankenbourg, Grube (Fouchy), Breitenow (Breitenau), Nunkirche (Neuve-Église), Hirzelbach, Gerute et Dieffenbach, avec leurs dépendances. Saint Maurice sera rattaché l'année suivante. Il est fort possible que le nom de Neuve-Église soit apparu bien plus tôt, peut-être déjà avant leXIVe siècle.
Le village passe entre les mains de nombreuses familles
Neuve-Église, au cours de son histoire, passe entre les mains de plusieurs familles nobles : les Werde, les Oettingen, puis devient une possession épiscopale en 1359. Les évêques de Strasbourg donnent le tout en gage à divers seigneurs : les Leiningen, les Lützelstein (1395-1447), les Uttenheim, les Bock... pour finalement, en 1489, vendre l'ensemble au Grand Chapitre de la cathédrale de Strasbourg qui en restera propriétaire jusqu'à la Révolution.
AuXIVe siècle, Neuve-Église est touchée par lapeste noire. Une grande partie de la population est décimée. Au cours de laguerre de Trente Ans (1618-1648), le village en 1623 est ruiné et la désolation règne un peu partout. En 1618, Neuve-Église comptait encore 26 familles de bourgeois, en 1649 il ne reste plus que deux et trois manants. Sur les 26 maisons habitées avant la guerre, sept sont encore debout. Neuve-Église est un des villages les plus touchés par ce terrible conflit.
Des familles de Lorraine et de Suisse repeuplent le village
LaRévolution de 1789 entraine de profondes inquiétudes pour la population qui ne voit pas d'un bon œil tous les excès de cette période trouble. Lesprêtres doivent prêter serment à laConstitution civile duclergé. De nombreux ecclésiastiques refusent de se soumettre et doivent alors quitter ledépartement sous peine deprison. L'agent de la commune invite le curé, François Antoine Stackler, de Neuve-Église à se soumettre à la loi. Celui-ci refuse. Bravant la loi, il accueille même d'autres prêtres réfractaires dans sonpresbytère pendant une année avant d'être menacé par des « patriotes » du village. Il se réfugiera d'abord àSoultz,Battenheim et finalement enSuisse. Plus tard, la situation s'étant un peu calmée, le maire du village Antoine Siffer, qui n'approuve pas les excès de la Révolution, invite le curé Stackler à regagner saparoisse, ce qu'il fait le. Il exerce d'abord discrètement sonministère, puis se montre au grand jour en prêchant publiquement. Il est dénoncé par quelques villageois et son arrestation est ordonnée aussitôt par leDirectoire deStrasbourg qui lance à ses trousses dessoldats venus deSélestat. Le curé Stackler est finalement arrêté dans la nuit du alors qu'il se cache dans la maison du maire, Antoine Siffer. Une partie de la population tente de le protéger en empêchant son arrestation avant d'en être dissuadée. Le maire du village est arrêté à son tour pour entrave à la justice. Les deux prisonniers sont transférés à la prison de Strasbourg. Refusant de se soumettre de nouveau à la Constitution, le curé aggrave son cas. Il est condamné dès le lendemain à lapeine de mort et conduit à l'ancienne place d'Armes où est dressé un échafaud. Il est guillotiné à midi. Dans la région, la nouvelle de sa mort plonge la population dans la stupeur et pendant de longues années, son exécution fera l'objet de longues discussions pendant les veillées au coin du feu. Une plaque de marbre commémorative se trouve dans le chœur de l'église rappelant cette sombre journée où fut exécuté le curé Stackler. Le principalcarrefour porte aujourd'hui son nom.
Les biens duComte-Ban sont vendus au cours de la Révolution et Neuve-Église redevient une simple commune. Le hameau de Hirtzelbach encore autonome sera rattaché à Neuve-Église en 1825.
En 1814, au moment de la retraite de l'armée deNapoléon, le village est menacé de destruction. Les soldats de la coalition accusent un habitant d'avoir tiré sur la troupe. En représailles ils menacent de mettre le feu au village. Le curé du village, Pimbel, à force de parlementer avec les soldats, arrive à empêcher le drame.
LeXIXe siècle contraste avec le siècle précédent : lasurpopulation provoque des pénuries. Lamalnutrition gagne une grande partie de lapopulation et de nombreux habitants sont contraints de quitter lavallée pour chercher de quoi se nourrir en dehors de leur village. En 1849 on assiste à uneépidémie decholéra où l'on déplore 31 morts.La guerre 1870-1871 amène d'autres cortèges de malheurs. À la suite de la bataille deThanvillé (), des soldats allemands cherchent à se venger en fusillant et en sabrant de simples personnes qui ont le malheur de se trouver sur leur passage. Un monument en leur mémoire est érigé en 1932 par le Souvenir Français au bord de la route menant de Neuve-Église àVillé. Il sera détruit par lesnazis en 1941.
Le village est relativement épargné par les deux grandes guerres. Cependant on déplore la mort de 19 habitants pendant lepremier conflit et 13 au cours dusecond conflit. Les noms de ces personnes sont gravés sur une plaque de marbre scellée sur l'avant de lagrotte de Lourdes édifiée en 1913.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[25]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[26].
En 2022, la commune comptait 617 habitants[Note 5], en évolution de −2,22 % par rapport à 2016 (Bas-Rhin : +3,17 %,France horsMayotte : +2,11 %).
C'est le curé Martin Dennefeld officiant de 1841 à 1874 qui offrit la chapelle à la commune de Neuve-Église. L'édifice, appelé aussi chapelle du Rindsfeld, est construit par sononcle Florent sur un ancien site fréquenté depuis fort longtemps. La chapelle est visitée par des femmesstériles venant implorer laVierge pour les rendre fertiles. Descrapauds ornent la chapelle. Bien que considéré comme une créature maléfique, le crapaud est également considéré comme un symbole de la mère nourricière et de lavirilité.
La chapelle a été construite entre 1854 et 1857, à la suite d'une promesse qu'avait faite Angélique Marcot, fille de François-Antoine Marcot de l'annexe deHirtzelbach, décédée en 1856 à l'âge de 23 ans. Ses frères et sœurs vont poursuivre son œuvre. La chapelle est achevée le. le1er juin de la même année lecuré Dennefeld procède à la bénédiction descloches sous le patronage desainte Angélique. L'après-midi la chapelle est bénite parAndré Raess,évêque de Strasbourg, sous l'invocation de Marie auxiliatrice. Durant les mois de mai, une tradition est établie pour la récitation tous les dimanches duchapelet. En 1904, la famille Marcot décide d'octroyer la chapelle à titre gratuit auconseil de fabrique de l'église de Neuve-Église en ajoutant une somme de 240 marks qui devait permettre avec les intérêts d'entretenir l'édifice. Il arrive que desoffices aient lieu dans cette chapelle (mariage,baptême) et une manifestation autour de la fête de l'Assomption. La chapelle fait l'objet d'un entretien permanent grâce aux promeneurs qui se dirigent vers lechâteau du Frankenbourg.
La grotte de Lourdes, qui se trouve à l'arrière du bâtiment presbytéral, a été construite entre 1900 et 1913 par une entreprise locale appartenant à Joseph Ulhrich. Elle sert aussi de monument aux morts et rend hommage aux victimes des deux grandes guerres. Une plaque donne les noms des victimes. Après quelques déboires, la grotte de Lourdes est achevée vers 1908.
Auparavant, une grille métallique et un portail empêchaient l'accès à la grotte. Au cours du mois de mai, un office marial à l'église paroissiale terminait la soirée de prières à proximité de la grotte et les enfants, surveillés par les religieux, se mettaient le long de la palissade métallique pour prier la Vierge.
Lors de lafête du Saint-Sacrement, un autel y était érigé, comme une étape avec les deux autres montés dans le village.
Cecrucifix est construit du temps de l'abbé François Antoine Stackler nommé curé en 1786 à Neuve-Église. La paroisse dispose à l'époque de confortables revenus provenant de ladîme qui est versée par leComte-Ban. Le curé Stackler est un farouche opposant de laRévolution. Il abrite d'autres prêtres réfractaires. Il se cachera dans lesmontagnes en compagnie d'autres prêtres comme l'abbé Boulanger deRombach-le-Franc. Il manquera même d'être arrêté alors qu'il se trouve caché dans une ferme de Grangoutte sur les hauteurs de Rombach-le-Franc en compagnie de deux autres prêtres. On l'apercevra souvent en compagnie de l'abbé Boulanger de Rombach-le-Franc et du curé Schaal deSainte-Croix-aux-Mines où ils disent lamesse à la chapelle de la Goutte installée sur un rocher sur les hauteurs du Grand Rombach. L'abbé Stackler fut arrêté et guillotiné en 1796.
Le village dispose encore de huitfontaines reliées à des sources. On utilisait jadis desconduites en bois pour alimenter ces fontaines et, dans la vallée, quelques personnes savent encore percer de tels tuyaux.
Les limites entre les communes deNeubois etBreitenau sont indiquées par une série de pierre-bornes de 1764 qui délimitaient avant laRévolution la forêt seigneuriale dite « forêt supérieur du Comte-Ban ». Elles portent leblason du Grand Chapitre de lacathédrale de Strasbourg. Dans la cour du presbytère, on trouve une borne avec les initiales ST.N prouvant son appartenance à laparoisse de Saint-Nicolas. Cette borne marquait jadis une lisière forestière.
D'azur à la croix d'argent cantonnée de quatre besants du même.
Détails
Ce blason présente les armes du Comte-Ban, terres du Grand Chapitre de lacathédrale de Strasbourg de 1489 à 1789. Neuve-Église est alors le chef-lieu du Grafenbann. On y rend la justice ; la prison y était encore visible auXIXe siècle.
Une grande partie des informations de cette page provient de l'ouvrageLe Val de Villé, un pays des hommes, une histoire, rédigé avec le soutien de la Société d'histoire du Val de Villé et la communauté de communes du canton de Villé, 1995. Les textes ont pu être modifiés depuis.
Le Val de Villé, un pays, des hommes, une histoire, édité par la Société d'histoire du Val de Villé avec le concours de la communauté de communes du canton de Villé, Imprimerie Gyss, Obernai, 1995
Annuaires de la Société d'histoire du Val de Villé (plusieurs annuaires), mairie de Villé
↑Les moyennes interannuelles (écoulements mensuels) ont été calculées le 21/05/2024 à 02:05 TU à partir des 484 QmM (débits moyens mensuels) les plus valides du 01/01/1984 au 01/04/2024.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).