Son nom et son culte sont attestés dès les débuts de l'histoire du pays grâce à des témoignages des rois des premières dynasties qui effectuèrent des visites régulières à son sanctuaire deSaïs, pèlerinages qui semblent avoir une signification particulière dans les rites liés au couronnement du souverain ou encore à son jubilé.
Les Égyptiens reconnaissaient l'originelibyenne de la déesse Neith, venueselon leur mythologie depuis laLibye pour s'établir dans le delta du Nil. Neith est elle-même associée parHérodote puis parPlaton — qui lui reconnaissent une origine libyque —, à la déesse grecqueAthéna[2]. Elle correspond aussi aux déessesAshera/Ashrat,Tanit[1] etAstarté. Certains portraits de dieux égyptiens, commeAment, les montrent pourvus d'attributs et bijoux typiquement berbères[réf. nécessaire].
Sur les parois des temples et des tombeaux, elle est représentée sous les traits d'une femme portant lacouronne rouge (symbole de laBasse-Égypte) et, avec la déesseOuadjet deBouto, elle est l'une des gardiennes de cette coiffe royale.
C'est également coiffée de la couronne deBasse-Égypte qu'elle est représentée debout munie d'un arc et de flèches, affichant un caractère guerrier. Elle avait pour emblème deux flèches entrecroisées sur un bouclier. On l'associe ainsi aux victoires militaires dupharaon. C'est sous cet aspect que les Grecs l'assimilèrent plus tard à leur déesseAthéna.
Elle est également représentée sous la forme d'une déesse portant sur sa coiffe le symbole
que l'on retrouve dans son nom et qui est parfois placé à la verticale parfois à l'horizontale, symbole ovoïde représentant la navette que les tisserands égyptiens utilisaient dans leurs métiers. Elle personnifie ainsi la protectrice de tous ceux qui travaillaient et produisaient les tissus, étoffes et bandelettes nécessaires pour les rites de momification.
Hérodote signale un culte rendu à la déesse sous la forme d'une vache couchée la tête dorée et portant un disque d'or entre ses cornes. Comme beaucoup de déesses égyptiennes, Neith pouvait être assimilée àNout, la grande vache céleste qui supporte sur son dos la course du dieu solaireRê.
Parfois, Neith est représentée comme une femme allaitant des bébés crocodiles jumeaux, d'où son titre de « Nourrice de crocodiles », reflétant une mythologie provinciale du sud enHaute-Égypte la présentant comme la mère du dieu crocodile,Sobek[3],[4].
Elle fut particulièrement adorée durant l’époque saïte, au moment où laBasse-Égypte fut soumise à une forte influence libyenne et où règne une dynastie de même origine[1].
Dans un tout autre registre, elle est également une déesse primordiale et créatrice asexuée ou androgyne faisant ainsi partie du cercle très restreint des démiurges du panthéon égyptien. Dans ce rôle, elle est fécondée par le Verbe et engendre le Soleil. Elle tisse le monde et en fixe les limites avec sept tissus, puis elle crée les sept paroles justes qui la font maîtresse de l'univers. Elle est mère deSobek qui engendreRê au matin et le dévore au soir.
Elle fait aussi partie du mythe osirien en tant que la « Grande de sagesse » qui jugea le combat entreSeth etHorus et proposa au tribunal divin que Horus devienne roi du monde végétal et Seth du désertique, mais pour ne pas favoriser Horus elle offre à Seth les déesses étrangères.
Une de ses fonctions à dater duNouvel Empire est de protéger les viscères du roi en compagnie d'Isis, deSerket et deNephtys. Elle est responsable duvase canope contenant l'estomac du défunt. Placé à l'est, il était fermé par un bouchon représentant le génieDouamoutef à tête de chacal.
Par la suite elle est parfois considérée comme l'épouse deKhnoum ou, dans leFayoum, et en tant queparèdre deSeth elle est la mère deSobek. Elle est aussi parfois assimilée à la déesseNout, la voûte céleste.
À l'époque gréco-romaine elle sera assimilée àIsis[5] et par ce biais transmettra une partie de son caractère dedémiurge à la divinité égyptienne dont le culte se répandra dans tout l'Empire se confondant avec celui de la grande déesseCybèle[6].
Son culte culmina aux alentours de laXXVIe dynastie (VIIe siècle avant notre ère) dont les pharaons sont originaires deSaïs. À dater de cette époque son clergé devient aussi puissant que celui d'autres dieux célèbres et son grand temple du delta est réputé avoir l'une des bibliothèques les plus riches du pays ainsi qu'une école de médecine célèbre dans tout le pays.
On retrouve le culte de Neith dans les grands centres religieux suivants :
Saïs dont elle est la déesse principale et qui est son lieu de culte principal et où elle est à l'origine du monde.
Memphis où elle reçoit un culte sous l'appellation deNeith au nord du Mur et est associée à la cosmogonie parfois considérée comme la contrepartie féminine du dieuPtah, dieu créateur qui par le Verbe donne naissance à toute chose.
Esna où elle intervient au sein d'unecosmogonie complexe et remplit le rôle de parèdre du dieuKhnoum, dieu créateur qui forme le corps des hommes sur son tour de potier divin.
Neith reçoit également un culte dans la ville de l'oasis occidentale deKellis l'actuelle Ismant el-Kharab dans l'oasis d'Al-Kharga, où elle partage un sanctuaire avec la déesseTapsaïs à l'époque romaine.
Neith est l'une des1 038 femmes dont le nom figure sur le socle de l'œuvre contemporaineThe Dinner Party deJudy Chicago. Elle y est associée à laDéesse primordiale, première convive de l'aileI de la table[7].