Lenaxalisme est le nom donné à un mouvement composé de plusieurs groupes révolutionnaires en activité dans quinzeÉtats de l'Inde (cf. carte). Les naxalites cherchent à« organiser les paysans pour provoquer uneréforme agraire par des moyens radicaux y compris la violence ». Le terme « Naxal » dérive deNaxalbari, un village situé dans ledistrict de Darjeeling, au nord duBengale-Occidental d'où le mouvement est issu.
Actuellement, le mouvement est considéré comme terroriste par le gouvernement indien, mais est toutefois populaire auprès de la majorité des populations vivant dans ses zones d'influence[1].
La naissance du naxalisme s'explique d'abord par l'influence de laTroisième Internationale dans la région. L'implantation du communisme en Inde remonte au début duXXe siècle et, notamment sous l'impulsion deManabendra Nath Roy, s'organise sous la forme duParti communiste indien en 1924. Celui-ci encourage un soulèvement révolutionnaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, principalement auTelangana. La répression du gouvernement résout le parti à entrer dans la voie électorale. LeCPI (M) naît en1964 du refus d'abandonner la voie violente et de l'opposition à la politique de l'URSS, jugéerévisionniste, une partie des membres se déclarant favorables au maoïsme. Néanmoins, l'influence des centristes conduit à ne pas abandonner le parlementarisme, ce qui provoque la déception de la fraction la plus à gauche[2].
Il reste que les idées et les instances communistes exercent une certaine autorité dans les campagnes de l'est indien. Dans les années 1960, les Kisans Sabhas, des organisations influencées par le PCI, incitent les paysans à lutter contre les propriétaires terriens (les jotedars) et à prendre deux tiers des récoltes conservées dans les greniers. Or, ledistrict de Darjeeling présente des conditions favorables à un soulèvement radical par sa situation géographique, aux confins duNépal, de l'Inde et de l'ancienPakistan oriental, et surtout en raison de la pauvreté des habitants. Près de 50 % des agriculteurs gagnent leur vie selon le système dubhagchasis , c'est-à-dire par la location des terres. Il s'ensuit une exploitation de la part des jotedars, qui de plus contournent les réformes gouvernementales limitant les hectares de terres par famille. En outre, lesjacqueries ne sont pas un fait rare dans la région, comme l'illustrent les insurrections de Tebhaga (1946) et de Telengala (1946-1951)[3].
Menés parCharu Majumdar,Kanu Sanyal etJangal Santhal, des militants deSiliguri expriment alors leurs divergences par rapport à la ligne du parti. Ils affirment notamment la nécessité de prendre le pouvoir et de libérer des zones révolutionnaires. Emprisonné en 1965 pour incitation à la révolte, Majumdar écrit un texte,Nine Deeds, dans lequel il préconise l'entrée dans la clandestinité pour mener la guerre révolutionnaire dans le monde rural. N'ayant pas réussi à faire entendre leurs positions à la Conférence des kisans duBengale occidental tenue en, ils prennent la décision de former un groupe séparé et appellent les paysans à établir des comités populaires pour la gestion des villages, s'organiser pour la résistance et redistribuer les terres[4].
Le, dans le village deNaxalbari, près de la frontière népalaise, un groupe de 150 sympathisants duPCI (M), sous la conduite de Kanu Sanyal, s'empare des réserves de riz d'un propriétaire terrien. Le village acquiert alors une renommée internationale et donne son nom au mouvement. Les autorités locales craignent qu'une réponse trop brutale ne mette de l'huile sur le feu[5]. Dans son éditorial du, leRemin Ribao salue la confiscation des ressources agricoles, la punition des potentats locaux et la résistance aux forces de police[6]. Dans le même temps, le cabinet bengali lance une opération policière qui met fin à l'insurrection. Si le soulèvement ne dure que 52 jours en raison de son absence de préparation et de soutien populaire, il marque une date importante dans l'histoire du communisme indien et du développement d'un courantmaoïste.
En, Majumdar et les partisans quittent le CPI (M) et forment leAll India Coordination Comitee of Communits Revolutionaries afin de centraliser les forces qui leur sont favorables. Le est officiellement créé le CPI marxiste-léniniste (ML). Commence à se développer ainsi ce qu'ils appellent « une opposition révolutionnaire » afin de mettre en place « un gouvernement révolutionnaire » en Inde. Majumdar et ses partisans sont de grands admirateurs deMao Zedong et préconisent que les paysans indiens et les classes inférieures suivent ses traces et renversent le gouvernement et les classes supérieures qu'ils jugent responsables de leur situation difficile. Ce fut le début de longues années de conflits entre pauvres et riches, basses castes et hautes castes, peuple et autorité.
Après la mort de Majumdar, le, le mouvement a éclaté en un grand nombre de groupes dont les principaux sont ou ont été :
LeMCC est issu d'une scission de1969 du CPI (ML) des débuts. Il s'appelait à l'origineDakshin Desh[8]. En 1975, il prit son nom deMCC.
La situation du naxalisme s'est ensuite améliorée par la fusion de plusieurs groupes épars.
Apparaissent :
LeCPI Maoist et leCPI (ML) Janashakti sont les deux groupes les plus importants. Le premier est présent dans les États d'Andhra Pradesh,Chhattisgarh,Jharkhand,Bihar,Orissa,Uttar Pradesh,Madhya Pradesh,Maharashtra,Bengale-Occidental,Karnataka,Tamil Nadu,Uttaranchal etKerala (156 districts), et le second se limite à ceux d'Andra Pradesh, Chhattisgarh et Maharashtra. Ce dernier mouvement a souffert de scissions en1996 et2003.
Les divergences entre les différents "CPI (ML)..." ne reposent que sur de vagues interprétations idéologiques - voire syntaxiques des textes d'idéologie - et sur des conflits entre personnes de pouvoir. Les scissions sont quasiment permanentes, ce qui est la faiblesse de ce mouvement. Les plus puissants étant ceux qui ont réussi à réunir le plus de factions et à pérenniser l'union.
Le naxalisme trouve la majeure partie de son soutien auprès des travailleurs ruraux sans terre extrêmement pauvres et des membres des castes inférieures. Ses militants emploient fréquemment la violence, y compris l'assassinat, l'usage de bombes, l'attaque de train et d'autobus, le chantage, l'émeute et l'extorsion, pour arriver à leur fins. Le mouvement a été par exemple impliqué dans la tentative d'assassinat deChandrababu Naidu (en), l'ex-ministre en chef de l'Andhra Pradesh. Ils ont également menacé de tuer les ministres en chef duJharkhand, duBengale-Occidental, duBihar, duMadhya Pradesh et duChhattisgarh, les états où ils sont bien implantés. En dehors de ces États, les Naxalites ont également effectué des actions telles que le meurtre d'officiers de police et de fonctionnaires de gouvernement, sans compter le déraillement de trains transportant des passagers civils dans les États tels que leMaharashtra, l'Orissa, l'Uttar Pradesh et leJharkhand. Les estimations de décès consécutifs aux actions belligérantes des groupes naxalites sont de quelques dizaines. Certains groupes s'impliquent dans le processus électoral, tel, par exemple, leCOI (ML) et diverses autres factionsCPI (ML), trop faibles pour envisager un autre moyen d'action ou n'étant pas d'accord avec l'option violente d'"élimination de classe".
Les fonctionnaires de police affirment que les Naxalites indiens essayent également de mettre en place une liaison avec les révolutionnaires communistes duNépal. Ceci a été confirmé par le communiqué du duParti communiste du Népal (maoïste) (Communist Party of Nepal (Maoist) -CPN (M)) dans lequel il appelait "les peuples du Népal et de l'Inde à s'opposer ensemble aux politiques fascistes et génocidaires des classes dirigeantes indiennes et de leurs laquais népalais".
La guérilla, née en1967 dans la région duBengale-Occidental, connaît une recrudescence dans plusieurs États depuis2004. Les affrontements entre naxalites et forces gouvernementales font des centaines de morts chaque année.
Pour financer leur mouvement, les naxalites prélèvent unimpôt révolutionnaire, qui représente jusqu'à 20 % des bénéfices des entreprises locales[9].
En juillet 2006, lors d'un congrès à New Delhi,Manmohan Singh décrit le naxalisme comme « le plus grand défi pour la sécurité intérieure du pays »[10].
Le naxalisme moderne est fondé sur la démocratie directe[11].
La défense de l’accès à la terre et aux produits de la forêt est au cœur de la stratégie naxalite. Ils ont ainsi contraint le gouvernement à offrir un prix décent aux tribus pour la vente des feuilles detendu, récoltées dans la forêt et utilisées pour la fabrication des cigarettesbidis. Leur intervention a également permis d’imposer unsalaire minimum pour les travailleurs du bambou, de rendre auxintouchables leurs droits sur la pêche, de lutter contre lespratiques usurières, etc[12].
La guérilla naxalite bénéficie d'un degré de soutien important dans les régions où elle est présente. Selon une étude du journalThe Times of India en 2010, 58 % des personnes vivant dans ces zones ont une perception positive de la guérilla, contre seulement 19 % pour le gouvernement[1].
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