Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Nature morte

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirNature morte (homonymie).

Les Tournesols, peinture deVincent van Gogh.

Unenature morte est ungenre artistique, principalementpictural qui représente des éléments inanimés (aliments, gibiers, fruits, fleurs, objets divers...) organisés d'une certaine manière dans le cadre défini par l'artiste, souvent dans une intention symbolique.

Charles Sterling en propose la définition suivante :

« Une authentique nature morte naît le jour où un peintre prend la décision fondamentale de choisir comme sujet et d'organiser en une entité plastique un groupe d'objets. Qu'en fonction du temps et du milieu où il travaille, il les charge de toutes sortes d'allusions spirituelles, ne change rien à son profond dessein d'artiste : celui de nous imposer son émotion poétique devant la beauté qu'il a entrevue dans ces objets et leur assemblage. »

— La Nature morte de l'Antiquité à nos jours, 1985[1].

Il existe des styles picturaux voisins de la nature morte, comme lanature morte inversée ou lesvanités.

Histoire et types de natures mortes

[modifier |modifier le code]

Le terme n'apparaît qu'à la fin duXVIIe siècle. Jusque-là, seule l'expression« cose naturali » (« choses naturelles ») avait été utilisée parGiorgio Vasari pour désigner les motifs peints deGiovanni da Udine. En Flandre, vers 1650, apparaît le motstilleven pour des« pièces de fruits, fleurs, poissons » ou« pièces de repas servis », ensuite adopté par lesAllemands (« Stillleben ») et par lesAnglais (« still-life »), qui se traduirait par « vie silencieuse ou vie immobile ». EnEspagne, l'expression relative aux natures mortes estbodegón, qui dérive du termebodega (« lieu de rangement alimentaire »), suivi d'unaugmentatif. Par extension, il désigne l'antichambre de cave de tavernes modestes et les natures mortes composées de récipients et d'aliments dans ce type de pièce. Au milieu duXVIIe siècle, l'expression « vie coite », traduite du hollandais, reste marginale. L'Académie, attachée à lahiérarchie des genres, classe en dernier les peintres de fleurs et de fruits. Un siècle plus tard, « nature morte » — expression attestée en 1736 — condense ce jugement, en remplaçantcoite, c'est-à-dire tranquille, silencieuse, parmorte[2].Diderot, dans sesSalons, parle de « natures inanimées ».

Préhistoire

[modifier |modifier le code]

SelonLaurence Bertrand Dorléac, on peut considérer les haches gravées dans la pierre duCairn de Gavrinis comme la première nature morte de l'histoire, vers 3500av. J.-C. Avant cela, la plus ancienne représentation d'objet connue est actuellement la corne de bison de laVénus de Laussel, vers 25000av. J.-C.

Après les haches de Gavrinis, on peut voir des natures mortes dans lespictogrammes mésopotamiens et les objets miniaturisés produits par cette culture, notamment dans le cadre d'offrandes ; mais on en retrouve surtout enÉgypte, par exemple avec les peintures de frises d'objets dans les sarcophages duMoyen Empire. Un objet votif de laXIIe dynastie représente une table avec quatre pains, deux vases et des animaux destinés à être mangés.

Laurence Bertrand Dorléac attire notre attention sur la multiplicité des natures mortes de la Préhistoire :« le chariot du Val Camonica imaginé à l'âge de bronze, les longues barques à rames dans les peintures rupestres de Norrköping, la tiare des Hittites, le disque solaire et le croissant lunaire des Carthaginois, l'urne-cabane des Étrusques, le tabernacle, la menorah et le Livre des Juifs, les plantes des Minoens, les clochettes des Scythes, le bustier de la déesse aux serpents des Crétois, etc. »[3].

Antiquité

[modifier |modifier le code]

D'autres natures mortes apparaissent durant l'époque hellénistique[4], mais il ne nous en reste que des descriptions, aucune peinture n'ayant survécu. SelonPline l'Ancien, le plus célèbre des natures-mortistes de cette période étaitPiraïcos (IVe et IIIe sièclesav. J.-C.). Il peignait des boutiques debarbiers et decordonniers, desânes et surtout des victuailles, sans doute entableaux dechevalets. On parle alors de rhopographie (représentation de menus objets) et derhyparographie (représentation d'objets vils), qui ont desconnotations péjoratives. Pourtant, Piraïkos, toujours d'après Pline, connaît un véritable succès et ses peintures, perçues comme mineures, se vendent mieux et plus cher que celles de ses contemporains plus en vue.

Malgré cette vision critique de la part de ses contemporains, la nature morte de l'Antiquité possède déjà une autre ambition que celle du seul plaisirmimétique.« Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne », comme le précise Charles Sterling. On trouve ainsi assez fréquemment desmosaïques de natures mortes telles que lamosaïque des Xenia, ainsi que des vanités dans lesatriums et lestricliniums d'été romains, où les convives invités aux repas retrouvaient ainsi rappelé lecarpe diem horacien.

Moyen Âge

[modifier |modifier le code]

Au Moyen Âge, on peint surtout des objets symboliques. Avec l'hégémonie catholique, la représentation d'objets comme seul sujet d'uneœuvre disparaît auMoyen Âge. À cette époque,« l'esprit réaliste s'effaça au profit d'un langage emblématique compris de toute la chrétienté. Les objets, en se soumettant au sujet d'une composition, concourent au développement du thème religieux ; ils ont une importance primordiale dans la signification de certaines scènes bibliques ; ils les situent, ils les datent, ils caractérisent les personnages » (Michel et Fabrice Faré,catalogue d'exposition[5]). Ces objets ne sont donc plus là pour leur existence propre, mais pour ce qu'ils symbolisent, et c'est une des principales raisons qui font que les spécialistes s'accordent souvent à considérer qu'il n'y a pas eu de nature morte durant cette période.

Il faut attendre lesthéologies de saintFrançois d'Assise, et de saintThomas d'Aquin, le retour de laphilosophiearistotélicienne ainsi que les théories deRoger Bacon etGuillaume d'Ockham pour voir lecatholicisme se réconcilier avec les sensations et l'expérience de la nature, et pour que réapparaisse un certain intérêt pour l'objet en tant que tel, au travers des œuvres deGiotto (fresque entrompe-l'œil de 1305) représentant unlustre enfer forgé à lachapelle des Scrovegni àPadoue, enItalie) et deDuccio di Buoninsegna[6]. Il faudra toutefois attendre encore deux siècles pour voir s'imposer la représentation d'objets comme sujet d'une peinture.

XVIe et XVIIe siècles

[modifier |modifier le code]
Nature morte, détail, peinture deWillem Claeszoon Heda (1635),Rijksmuseum Amsterdam.
Nature morte avec ustensiles de cuisine, Martin Dichtl (1639-1710).

Dans le monde moderne, la nature morte naît auXVIe siècle en Italie, avec notammentFede Galizia[7] et laNature morte avec perdrix et gants de fer deJacopo de' Barbari, peinte à l'huile sur bois en 1504, qui est considérée par de nombreux historiens comme le chef-d'œuvre qui ouvre une nouvelle ère de l'art de la nature morte[8]. AuxXVIe et XVIIIe siècles, la nature morte prend tout son essor en Flandre et en Hollande ; au nord, on se consacre à la peinture bourgeoise et au sud, aux œuvres religieuses. Ce genre se développe et se fixe à partir du début duXVIIe siècle, dans les Écoles du Nord (Flandre etHollande notamment sous la forme du « déjeuner monochrome »[9]), toujours très enclines à représenter un réel cru. Elle se propage ensuite enEurope, et enFrance particulièrement. En 1650, auxPays-Bas, apparaît le termestilleben, pour les Anglaisstill-life, en Espagnebodegones, et en France « nature morte ».

Ce retour de l'intérêt pour le monde matériel et quotidien, que l'on trouve dans les domaines de lamarqueterie, desobjets d'art et de la peinture, s'inscrit dans l'héritage de l'Antiquité gréco-romaine, mais aussi dans les pensées nouvelles, l'évolution du christianisme et le développement ducapitalisme, qui leur confèrent de nouvelles significations[10].

Pour montrer que le genre des choses est aussi noble qu'un autre, des artistes figurent des natures mortes engros plan sur des paysages qui ne servent plus que de décor. Les choses s'imposent comme de véritables personnages de la scène[11].

À partir de la seconde moitié duXVIe siècle, les artistes représentent souvent les choses qui s'accumulent, s'échangent ou s'achètent dans un mondecapitaliste ouvert aux échanges demarchandises ou de monnaie. Elles contribuent à dévoiler les vies, les croyances et les sentiments. Les choses se mêlent aux figures humaines, mais aussi religieuses. Le récit chrétien est renvoyé au second plan, en miniature, les paysans derrière les fruits et légumes qu'ils récoltent. Un nouveau statut en majesté s'impose pour les choses ordinaires qui contribuent à définir et à ordonner l'espace social[12].

Nombreuses furent alors les natures mortes de fleurs. Les Grandes découvertes et l’arrivée en Europe de plantes (et autres merveilles naturelles) inconnues suscitèrent un énorme intérêt pour la nature qui amena à l’accumulation de spécimens (dans descabinets de curiosité et desjardins botaniques), puis à leur classification, à la création de catalogues, puis d’ouvrages de botanique, et donc à l’apparition de l’illustration scientifique. On commença à apprécier ces objets pour eux-mêmes, dépouillés de toute association religieuse, morale ou mythologique.

Juan de Arellano,Guirlande de fleurs, Oiseaux et Papillon, vers 1650-1670, musée du Louvre.

Les spécimens collectionnés, échangés, vendus servirent de modèles aux peintres qui en donnèrent des représentations réalistes. La passion pour l’horticulture créa un marché, dès le début duXVIIe siècle, pour les natures mortes de fleurs (peintes à des fins esthétiques), et pour lesminiatures (révélant une approche plus scientifique). Parmi les premiers peintres fleuristes privilégiant le naturalisme, on peut mentionner les Flamands ou NéerlandaisJan Brueghel l'Ancien (1568-1625),Roelandt Savery (1576-1539) ouAmbrosius Bosschaert l'Ancien (1573-1621), puisJean-Michel Picart (1600-1682), qui fut au début de sa carrière au service d’un « curieux » (amateur de curiosités) célèbre :Henri de Bourbon-Verneuil. Le Français (né à Lille)Jean-Baptiste Monnoyer (1636-1699) est connu en particulier pourFleurs, fruits, et objets d'art (1665), tableau représentant des objets tels que ceux conservés dans les cabinets de curiosité, le tout orné d’une sorte de guirlande de fleurs et de fruits. DansLe Livre de toutes sortes de fleurs d'après nature (vers 1670-1680 ?), il présente des arrangements floraux dans lesquels les fleurs sont figurées de manière exacte et précise. Dans la seconde moitié du siècle, des peintres espagnols, dontJuan de Arellano, qui est à la tête d'un atelier prospère àMadrid, se spécialisent en peignant presque exclusivement de luxuriants bouquets, des guirlandes et des couronnes de fleurs[13].

AuXVIIe siècle, enEspagne, les natures mortes se présentent souvent sous la forme de vanités à la morale catholique. Par opposition, l'Europe du Nordprotestante refuse les sujets religieux et se consacre à la peinture bourgeoise, au travers despaysages et de la nature morte. Cette dernière devient alors un outil au service des deux principales puissances religieuses du moment.

Pourtant, derrière ces messages pieux prodigués par les natures mortes, se cache un véritable intérêt mimétique. Les objets représentés conservent certes leursymbolique religieuse, héritée des texteschrétiens, mais, contrairement à la période médiévale, l'aspect esthétique de la peinture prend une importance primordiale et la nature morte est l'occasion de prouver l'habileté de l'artiste.

XVIIIe siècle

[modifier |modifier le code]
Nature morte avec carafe et fruits (1750), peinture deJean Siméon Chardin (1699-1779)Staatliche Kunsthalle Karlsruhe.

AuXVIIIe siècle, en France, la représentation d’objets passe du symbolisme à l’esthétisme etvice versa. Dans les textes de Diderot consacrés àChardin, le plaisir mimétique pur, inavoué auXVIIe siècle dans les vanités, s'affirme pleinement et la représentation d'objets dans la peinture y est constamment partagée entre le plaisir de lamimesis et celui de lasymbolique. Cette dualité de la nature morte est illustrée dès l'Antiquité, et aussi par son premier classement de genres, qui place la nature morte tout en bas de l'échelle, tout en considérantZeuxis comme un peintre de génie pour être parvenu à peindre des grains de raisin qui trompent jusqu'aux oiseaux.

À la fin du siècle,Watelet daigne consacrer un article à la nature morte dans son volume de l'Encyclopédie méthodique consacré aux beaux-arts, et écrit de Chardin qu'il« a peint de la manière la plus ragoutante et la plus vraie, la nature morte : il ne devait rien à l'imitation, aux conventions d'aucun artiste, et semblait avoir inventé l'art », pour conclure après quelques éloges techniques, qu'il a été« un très-grand peintre dans un petit genre[14]. ».

La nature morte se place ainsi à la charnière entre le désir artistique de rivaliser avec la Nature, hérité de l'Antiquité et redécouvert à laRenaissance, et l'expression de l'artiste par la façon de la représenter, qui va dominer le siècle suivant. Chardin est avec Poussin et Claude Lorrain l'artiste français antérieur auXIXe siècle qui a eu le plus d'influence sur la peinture moderne[15].

XIXe siècle

[modifier |modifier le code]

AuXIXe siècle, Delacroix sut se différencier des autres peintres de nature morte. Ces peintres firent valoir à leurs yeux l‘art et la science. La valeur symbolique de l’objet se perpétua selon les époques et devint une constante mathématique de la peinture française. Un outil sur lequel on peut se fonder pour mesurer le degré d’évolution de la société, de la culture, de la religion… On peint des objets de la vie courante, contrairement à la périodenéo-classique (grosso modo la période 1700 à 1850) où l’on peint des objets des Antiquités romaine et grecque.

« Les artistes duXIXe siècle, à partDelacroix, n'inventent guère de nouveaux arrangements.Manet même héritera de ces formules non sans les pénétrer, il est vrai, de son génie. »

« D'autres occupations s'adressent aux gens heureux du siècle. Ils sont nombreux à se convaincre du progrès des idées et des mœurs. Renonçant aux œuvres de mort, à la guerre comme à la chasse, ils s'appliquent à la vie de l'esprit. Les peintres de nature morte feront valoir à leurs yeux l'art et la science, en mêlant habilement les attributs. Ainsi, la valeur symbolique de l'objet, par-delà les siècles, ne se perd pas totalement. Elle se perpétue, se modifie selon les époques. Elle apparaît comme une constante de la peinture française de nature morte. Les trophées des arts et des sciences retiennent le souvenir des lointaines allégories et des anciens emblèmes du Moyen Âge. Leur sens évolue seulement. Le désordre des cabinets d'amateurs, des tables encombrées de livres et de papiers, représentés en peinture, n'évoque plus la mélancolie des vaines recherches. Les objets symbolisent désormais la fièvre de connaître ! »

— Ibidem,p. 18.

Nature morte de fleurs, de coquillages, de tête de requin et de pétrifications (1819),Antoine Berjon (1754-1843).

Mais si cette citation résume une partie de la représentation de la nature morte duXIXe siècle, elle n'indique pas toute l'ampleur de l'évolution que connaît ce genre à cette période.

C'est essentiellement parce que la nature morte était perçue comme un genre mineur trop mimétique durant les précédents siècles qu'elle n'a pas été investie des significations et des aspirations complexes associées à d'autres genres estimés, tels que lapeinture d'histoire ou leportrait, et qu'elle put ainsi devenir un véritable instrumentavant-gardiste de recherches formelles auXXe siècle. Cette transition de la nature morte comme genre mineur à celle d'outil plastique quasi-incontournable duXXe siècle se fait par le biais deCézanne qui, le premier, et avant lescubistes, expérimente au travers de la nature morte de nouveaux systèmesperspectivistes/représentatifs.

XXe siècle

[modifier |modifier le code]
Nature morte aux pommes et aux oranges,Paul Cézanne (1895-1900).

Ce qui définit lesavant-gardes duXXe siècle est essentiellement le choix des sujets : de simples ustensiles domestiques, des fruits (non exotiques) et, de façon plus générale, des objets simples de la vie courante. Les messages extra-picturaux de la peinture desAnciens sont supprimés et la bougie se transforme en lampe à gaz, etc.

Étrangement, la nature morte traverse tout l'art duXXe siècle, alors que ce genre est perçu par la plupart des gens comme étranger à l'art contemporain. Le genre a évolué et la représentation des objets n'est plus étroitement liée à une symbolique chrétienne, comme elle le fut auXVIIe siècle, mais la signification de la nature morte a évolué avec celle de l'objet. Il n'est dès lors pas surprenant de retrouver les natures mortes aussi bien chez lessurréalistes, que dans lepop art, où il symbolise à lui seul une « société de consommation ».

Avec lecubisme, lefuturisme ou ledada, les codes de la représentation du réel éclatent. Les objets sont observés en tous sens, sous plusieurs angles et simultanément. Le lien avec le monde n'est plus rendu parhomologie, par sa représentation fidèle à la réalité, mais par l'intrusion du journal, de tissus, de plastiques ou desdéchets. Les artistes donnent une forme à la série, au bruit, à la vitesse, au chaos de la société moderne où, les êtres et les marchandises se confondent, en particulier les femmes qui fusionnent avec les objets domestiques de leur cuisine[16].

Quoi qu'il en soit, la nature morte est aujourd'hui partagée entre son lourd passé et son omniprésence au sein même de l'art contemporain. Si l'on voulait ouvrir le débat, il serait dès lors tentant de réfléchir sur leready-made en tant que nature morte contemporaine. Car si cette forme artistique ne répond pas à la définition de Charles Sterling citée en introduction, elle n'en reste pas moins la mise en valeur d'un objet anodin par le biais de l'art, et certainscommissaires d'exposition n'hésitent pas à associer leready-made à la nature morte, comme le démontre l'expositionObjects of Desire: The Modern Still Life, organisée par leMuseum of Modern Art deNew York, en 1997. La question de la nature morte reste donc aujourd'hui encore, ouverte.

Les femmes et la nature morte

[modifier |modifier le code]

Certaines femmes sont parfois représentées par les artistes, qui les aux marchandises dans les marchés peints desXVIe et XVIIe siècles. Elles sont montrées avec leurs objets quotidiens à partir duXXe siècle. À partir de la seconde moitié des années 1960 notamment, les femmes artistes commeLouise Bourgeois,Niki de Saint Phalle,Judy Chicago ouMiriam Schapiro inventent des formes nouvelles pour raconter leur condition, où les objets jouent un rôle central.Alina Szapocznikow dresse sur la coupe de sonDessert III (1971) desseins coupés[17].

Écoles

[modifier |modifier le code]

École flamande

[modifier |modifier le code]

XVIIe siècle

[modifier |modifier le code]
Nature morte avec un rafraîchisseur à vin,Frans Snyders,Gemäldegalerie Alte Meister.

AuXVIIe siècle, parallèlement à la peinture de paysages et d'intérieurs, apparaît des représentations d'objets inanimés peints pour eux-mêmes. D'abord sous forme d'études (de fleurs, de fruits, etc.), les arrangements simples d'aliments prennent le nom dedéjeuner et, pour des représentations plus fastueuses, debanquet. Les natures mortes de poissons rencontrent alors un vif succès, ornant les murs des notables d'Amsterdam et d'Utrecht, comme celle deWillem Ormea (Nature morte aux poissons)[18]. Ce n'est que vers 1650 qu'apparaît le termestilleven pour désigner des natures mortes.

Les natures mortes prennent peu à peu tous les objets décoratifs ou domestiques comme sujets à représenter. Elles reflètent bientôt le luxe croissant des classes moyennes. Ainsi, les tapis persans remplacent les nappes blanches et les poteries chinoises la faïence. Ces tableaux prennent preneurs auprès d'une clientèle fortunée qui décore ses demeures avec ce reflet de leur niveau de vie.

Les natures mortes de cette époque sont davantage que des représentations soignées d'objets. Elles incorporent souvent un message, dont le plus familier est celui de la vanité des choses terrestres et le caractère éphémère de la vie, d'où le termevanité souvent accolée aux natures mortes flamandes[19].

La nature morte flamande se caractérise par :

  • ses compositions amples ;
  • l'accumulation décorative des objets, à mettre en rapport avec l'abondance et la prospérité des Pays-Bas, espagnols à cette époque ;
  • l'utilisation de grands formats.

L'atelier dePierre Paul Rubens emploie de nombreux peintres de natures mortes, dont le style calque plus ou moins celui du maître. Ses principaux représentants sont :

XVIIIe siècle

[modifier |modifier le code]

L'art de la nature morte flamande se perpétue auXVIIIe siècle, et essaime dans toute l'Europe.Abraham Brueghel diffuse son style à Naples, par exemple.

École espagnole

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Bodegón.
Nature morte,Juan Gris (1913).

Les natures mortes espagnoles s’inspirent en première instance de la tradition flamande — l'art hispano-flamand —, avec qui l'Espagne avait d'étroites relations politiques, culturelles et économiques. Cependant, ces natures mortes — oubodegones —, tiennent à la fois de la nature morte et de la scène de genre.

« Apparus àSéville et àTolède, lesbodegones, qui rassemblent des éléments de natures mortes et de scènes de genre, constituent l'un des rares genres profanes de lapeinture espagnole. Ils montrent des gens du peuple dans les activités quotidiennes, comme aller chercher de l'eau, cuisiner, manger et boire. La représentation des personnages est tout aussi soignée que celle des objets et des aliments, avec une attention particulière aux valeurs tactiles et au rendu des surfaces. »

— Karin Hellwig, « La peinture duXVIIe siècle en Italie, en Espagne et en France », inL'Art baroque, éd. Citadelles,p. 413.

Initiée avecJuan Sánchez Cotán etFrancisco de Zurbarán durant le siècle d'or espagnol, elle évolue auXVIIIe siècle avec des peintres tels queLuis Paret y Alcázar etLuis Egidio Meléndez qui abandonnent la morale catholique pour le naturalisme et le souci du détail.

Francisco de Goya rompt cette tradition pour se concentrer sur la mort. Il rejette le concept traditionnel de la vie et revient à l'esthétique de Rembrandt. Ses toiles sont de claires métaphores de la mort ; les animaux morts sont des victimes aux corps présentés de façon directe et cruelle. La mort, l'existence éphémère et le fatalisme imprègnent ses œuvres (Nature morte avec des côtes et une tête d’agneau,Nature morte à la dinde, etc.[20]).

Le genre retrouve de sa vigueur auXXe siècle, avec des toiles deJuan Gris,Pablo Picasso (Nature morte à l'épée de matador,Nature morte à la chaise cannée, etc.),Joan Miró (Nature morte au vieux soulier), mais surtoutSalvador Dalí, avec une abondante production faisant référence à ses prédécesseurs (Siphon et bouteille de rhum avec bouchon,La Corbeille de pain,Nature morte vivante, etc.).

École hollandaise

[modifier |modifier le code]

XVIIe siècle

[modifier |modifier le code]
Nature morte avec coupe Nautilus,Willem Claeszoon Heda (1654).
L'Étal de boucher, unenature morte inversée de Pieter Aertsen, 1552.

On oppose souventécole flamande ethollandaise. En effet, dans les Pays-Bas du Nord, le système politico-économique fait que lesmécènes sont souvent des bourgeois — fortunés ou non —, et non pas de riches aristocrates. La nature morte, thème bourgeois par excellence, prend donc une grande importance, et se caractérise par :

  • de petits formats ;
  • peu d'objets, mais assemblés dans une composition savante, avec souvent un couteau posé de manière transversale afin de creuser la profondeur, et/ou une assiette posée en déséquilibre sur un rebord ;
  • une observation minutieuse, un goût pour le rendu précis des matières ;
  • une forte connotation moralisatrice, plus ou moins à décoder. Ainsi, un citron épluché en spirale peut représenter le temps qui passe, tout comme un verre à moitié plein, tandis que le sucre marque l'ambiguïté entre la douceur et le danger, le verre couché montre que tout a été consommé et fait référence à la mort…

Les peintres hollandais produisent parfois des tableaux de manière quasi-mécanique. Chacun a sa spécialité : les fleurs, les livres, les repas interrompus… On note un fort développement de la vanité, qui se caractérise par la présence d'un crâne, d'une horloge ou d'un sablier, références au temps qui passe et à la vanité des possessions.

Sous l'influence deRembrandt, figure majeure de l'École hollandaise, des nouveautés stylistiques se mettent en place :clair-obscur intense, touche qui se libère, augmentant le mystère et la dimension lyrique de l'œuvre.

Les grands représentants de la nature morte hollandaise sont :

École française

[modifier |modifier le code]
Nature morte avec chandelier « des travaux d'Hercule » et deux aiguières, Meiffren Conte.
Lubin Baugin,Le dessert de gaufrettes.

XVIIe siècle

[modifier |modifier le code]

XVIIIe siècle

[modifier |modifier le code]

XIXe siècle

[modifier |modifier le code]
  • Édouard Manet (1832-1883)[21], dont les natures mortes représentent environ un cinquième de son œuvre[22].

XXe siècle

[modifier |modifier le code]

Galerie

[modifier |modifier le code]

Notes et références

[modifier |modifier le code]
  1. (Sterling 1985), tel que le citeTurco 2012,p. 22.
  2. Sterling 1952,p. 39.
  3. Dorléac 2020a.
  4. IIIe et IIe sièclesav. J.-C.
  5. Michel Faré et Fabrice Faré,La Nature morte, deJan Bruegel de Velours (1568-1625) àChaïm Soutine (1893-1943), Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts,, « Vie silencieuse de la nature morte »,p. 7.
  6. Vers 1255-1260 ; † vers 1318-1319.
  7. Notice de mutualart.com.
  8. Dorléac 2020b,p. 66.
  9. « Nature morte », surlarousse.fr.
  10. Dorléac 2020b.
  11. Dorléac 2020b,p. 120.
  12. Dorléac 2020b,p. 74.
  13. Charlotte Chastel-Rousseau, dansDorléac 2020b,p. 114.
  14. Claude-HenriWatelet,Beaux-arts,t. 2, Panckoucke,coll. « Encyclopédie méthodique »,(lire en ligne),p. 137.
  15. Sterling 1952,p. 80.
  16. Dorléac 2020b,p. 218.
  17. Laurence Bertrand Dorléac (sous la dir. de),Les choses. Une histoire de la nature morte,p. 22-23.
  18. Aude Prigot, dansDorléac 2020b,p. 130.
  19. Hans Konig,Vermeer et son temps, Pays-Bas, Time -Life International,, 192 p.,p. 99-102.
  20. Robert Hughes,Goya. Artysta i jego czas, Varsovie, WAB,(ISBN 83-7414-248-0,OCLC 569990350),p. 76 et 248.
  21. Dorléac 2020b,p. 170 et suivantes.
  22. George Mauner,Manet : the still-life paintings.p. 12.

Voir aussi

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Articles connexes

[modifier |modifier le code]
LephysautotypeLa Table servie, une despremières photographies, attribuée à Nicéphore Niépce. 1832 ou 1833. Le premier témoignage conservé du « 8e art ».
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Nature_morte&oldid=229520711 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp