L'histoire de Naples s'étend sur plus de vingt-huit siècles, ce qui en fait l'une des plus anciennes villes continuellement habitées au monde. Sous le nom deParthénope (engrec ancien :Παρθενόπη /Parthenópē), elle fut fondée auVIIIe siècle av. J.-C. sur la colline de Pizzofalcone par des Grecs de la cité voisine deCumes[10]. Deux siècles plus tard, elle est refondée sous le nom deNeápolis et s'étend rapidement jusqu'à devenir l'un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de laGrande-Grèce également très respecté desRomains, sous lesquels elle demeure un grand centre culturel et joue un rôle essentiel dans le développement conjoint de la civilisation gréco-romaine[11].
Après avoir été brièvement dépendante de l'Empire byzantin, elle devient autonome au sein duduché de Naples (661–1139). Dès leXIIIe siècle et pour ensuite plus de six cent ans, elle devient successivement la capitale duroyaume de Naples (1282–1816) puis duroyaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d'Europe jusqu'à sonannexion auroyaume d'Italie en1860, date à laquelle elle entame un relatif déclinsocio-économique. De 1925 à 1936, son centre historique est en grande partie réhabilité sous lerégime fasciste avant de subir d'intenses bombardements dans les derniers mois de laSeconde Guerre mondiale au cours de l'invasion alliée de la péninsule italienne[12].
À mi-chemin entre deux volcans (Vésuve à l'est etchamps Phlégréens à l'ouest), Naples est soumise au risque volcanique. Les4 millions d'habitants de l'agglomération seraient en danger en cas d'éruption explosive du Vésuve accompagnée denuées ardentes et de coulées de lave pyroclastique (du même type qu'àPompéi). En 1984, 40 000 personnes ont dû être évacuées à la suite d'une alerte sur les champs Phlégréens. Afin d'anticiper les risques d'une éruption volcanique, des plans d'évacuation de la ville sont à l'étude, tandis que le volcan et sachambre magmatique sont soumis à une surveillance scientifique permanente et minutieuse. En cas d'alerte d'éruption imminente, l'immense population de l'agglomération napolitaine aurait au minimum besoin de 4 à 5 jours pour évacuer Naples et ses environs à plus de 30 km du Vésuve.
Naples est aussi soumise au risque sismique, comme en témoignent les destructions causées par le séisme de 1930 et leséisme de 1980 dont les épicentres se situaient dans l'Irpinia.
Photographie de la piazza Carlo-III enneigée dans les années 1930.
Naples bénéficie d'unclimat méditerranéen (Csa selon laclassification de Köppen)[22] avec des étés chauds et secs et des hivers doux et pluvieux, mais toujours rafraîchis par la brise marine[23]. La douceur et la fertilité du climat local ont fait dugolfe de Naples une destination de villégiature privilégiée dès l'Antiquité, fréquentée notamment par les empereurs romainsTibère etClaude[24]. Le reste de l'année est marqué par des épisodes pluvieux généralement courts mais qui peuvent occasionnellement être violents, comme le 15 septembre 2001 (plus de 80 mm) et le 21 juin 2009 (7 cm en 40 minutes). Le mois le plus pluvieux est novembre, le plus sec est juillet. Le soleil brille en moyenne 250 jours par an[25]. La conformation morphologique particulière du territoire de la ville est cependant de nature à garantir que la ville dispose de différents microclimats, avec la possibilité de rencontrer des variations climatiques même importantes en se déplaçant de quelques kilomètres. À titre d'exemple, la neige est un phénomène rare dans la ville proprement dite mais beaucoup plus fréquent sur les pentes duVésuve.
Les valeurs extrêmes thermiques relevés à la station météorologique de Naples-Capodichino de 1946 à 2025 ont été de −5,7 °C le 8 janvier 2017[26] et 40,0 °C le 4 août 1981[27]. L'amplitude thermique moyenne au cours d'une journée ensoleillée est généralement faible, autour de 6-8 °C. L'humidité est statistiquement élevée toute l'année, en particulier durant les mois d'automne et d'hiver, lorsque les précipitations sont plus fréquentes. Le brouillard est un phénomène assez rare en ville, mais peut parfois se former aux premières heures de la matinée, surtout dans les zones périphériques et les plaines environnantes.
Les chutes de neige sont très rares à Naples, mais certains épisodes historiques restent gravés dans la mémoire collective. La journée du 13 février 1956 est considérée comme l'une des plus enneigées duXXe siècle, avec des accumulations au sol jusqu'au centre-ville.
Tableau climatologique de Naples / Capodichino (période 1991-2020).
L'arrière-pays se compose d'une multitude de villes et faubourgs plus ou moins organisés autour des grands axes routiers et ferroviaires, qui sont parmi les plus denses du pays. Sur la plaine deCaserte se concentrent les principales industries et activités économiques de la région. De nombreuses cités y ont vu le jour, s'y concentre une certaine misère sociale.
À l'ouest de la ville se développent les beaux quartiers dePosillipo bordant la mer avec le fameux quai Francesco-Caracciolo, leBorgo Santa Lucia et leCastel dell'Ovo offrant une vue panoramique sur toute la baie. À l'est de la ville s'est développé le nouveau quartier d'affaires de Naples, leCentro direzionale, situé entre la gare centrale et le périphérique nord.
Héritage de son ancien tracé romain, le centre historique de Naples se caractérise toujours par la présence de trois axes majeurs, lesdecumani : Spaccanapoli (decumano inferiore), lavia dei Tribunali (decumano maggiore) et la via dell'Anticaglia (decumano superiore). Les dénivelés parfois abrupts du centre ancien ont nécessité la création d'un grand nombre d'escaliers.
Escalator de la station Toledo dumétro de Naples, souvent citée comme l'une des plus belles stations de métro au monde[29].
Selon une enquête, les Napolitains passent en moyenne 77 minutes par jour dans les transports en commun. 19 % des usagers des transports urbains voyagent plus de 2 heures par jour. Le temps moyen d'attente à un arrêt ou une station est de 27 minutes, tandis que 56 % des usagers attendent généralement plus de 20 minutes chaque jour. La distance moyenne que les gens parcourent habituellement en un seul trajet de transports en commun est de 7,1 km, et seuls 11 % d'entre eux dépassent 12 km[30].
Naples est un des nœuds routiers les plus importants d'Italie. L'autoroute A1, véritable colonne vertébrale du pays, relieMilan à Naples et est prolongée vers le sud par l'A3 jusqu'àSalerne où elle bifurque avec l'autoroute de la Méditerranée jusqu'à la pointe sud de l'Italie et l'A16 en direction deCanosa à l'est[31]. Cette dernière est surnommée « autostrada dei Due Mari » (autoroute des Deux Mers) car elle sert de liaison entre les côtestyrrhénienne etadriatique[32].
Latangenziale di Napoli (autoroute A56), empruntée quotidiennement par 270 000 passages, dessert l'intérieur de la ville dont elle franchit les collines au moyen de nombreux tunnels. La ville est ceinturée par plusieurs rocades, qui ne suffisent pas à décongestionner le trafic du centre. La circulation en ville en dehors des grandes artères est difficile et mal organisée. La ville étant notoirement connue pour ses rues étroites (la municipalité de Naples fut la première ville au monde à mettre en œuvre des rues piétonnes à sens unique[33]), les automobilistes traversant le centre-ville sont incités à utiliser des véhicules de dimensions restreintes àhayon voire desscooters[34].
Les services de transports en commun de l'agglomération napolitaine sont assurés parTrenitalia,Circumvesuviana,Ferrovia Cumana etMetronapoli. Le vaste de transports publics napolitain comprend destramways, des bus et destrolleybus, dont la plupart sont exploités par la société municipaleAzienda Napoletana Mobilità (ANM)[35]. Certains services de banlieue sont exploités parAIR Campania.
Lemétro de Naples (enitalien :metropolitana di Napoli), inauguré en 1993, comprend en 2024 trois lignes desservant un total de 30 stations sur 36,4 km, mais est appelé à se développer au cours des prochaines années.
De nombreusesstations de métro sont réputées pour leur architecture décorative et leurqualité esthétique, enrichies depuis 1996 par le projet desStazioni dell'Arte (stations artistiques). De fait, l'arrêt Toledo figure souvent aux premières places des classements des plus belles stations de métro du monde[36],[37].
Letramway de Naples, très ancien puisque remontant à 1875, comprend un réseau de trois lignes, pour un total de 11,8 km de voies. Il relie le port, la gare centrale et la banlieue est.
Le TGV italien (TAV), inauguré en 2007, a commencé par relier Naples àSalerne puis àRome et Milan, plaçant cette dernière à3 h 30 de voyage seulement et la capitale à moins d'une heure[42]. La gare ferroviaire de Napoli-Centrale constitue un nœud d'échange vital pour l'ensemble du système ferroviaire national italien. Elle est la septième gare d'Italie en termes de flux de passagers, avec 150 000 usagers par jour. Elle est également la quatrième gare du pays par sa taille[43]. En 2023, elle a été classée parmi les dix gares les plus performantes d'Europe selon l'European Railway Station Index[44]. Située sur la piazza Garibaldi, la première gare fut construite en 1886 sur un projet de l'urbanisteErrico Alvino. La structure de l'édifice d'origine a toutefois été détruite après la Seconde Guerre mondiale afin de laisser place à un nouveau bâtiment voyageurs, reculé de 250 mètres par rapport au précédent, et conçu en 1954 par une équipe d'architectes et d'ingénieurs la direction dePierluigi Nervi.
La gare de Napoli-Afragola, desservie par la LGV Rome-Naples, sert de pôle d'échange macrorégional pour l'ensemble des régions méridionales, duLatium à laCalabre. La voie ferrée de Naples, partiellement intégrée à laligne 2 du réseau métropolitain, traverse la ville d'est en ouest. Ses principales stations sontNapoli-Campi Flegrei (à l'ouest),Napoli-Mergellina (au centre) et Napoli-Piazza Garibaldi (à l'est), avec plusieurs correspondances vers laligne 1 du métro. La ville est couverte par un vaste réseau de tramways urbains de 1881 à 1961. À partir de 1929, le réseau intégra les lignes de Capodimonte, et fut complété par des tramways extra-urbains opérés par la Société Anonyme des Tramways Provinciaux (SATP), reliant Naples à Aversa-Giugliano, Albanova, Frattamaggiore et Caivano. D'autres lignes extra-urbaines, exploitées directement par l'entreprise municipale de transport, reliaient Naples à Portici et Torre del Greco, ainsi qu'à Bagnoli et Pouzzoles.
L'aéroport de Naples-Capodichino est situé à 4,5 km au nord du centre-ville, dans le quartier de San Pietro a Patierno. Il est classé4e aéroport national (derrièreRome-Fiumicino,Milan-Malpensa etMilan-Bergame) et premier d'Italie du Sud avec 12,5 millions de passagers en 2024. En 2018, il remporte le titreFast and Furious, saluant la plus forte croissance européenne de l'année (de 6,77 à 8,57 millions de passagers entre 2016 et 2017, soit +26,6 %[46]).
L'aéroport de Salerne-Côte Amalfitaine, inauguré le 11 juillet 2024, est situé à environ 70 km et a été conçu pour désengorger le développement du trafic aérien régional face à l'impossibilité d'agrandir l'aéroport de Capodichino. L'aéroport militaire de Grazzanise, exploité par l'armée de l'air italienne, n'accueille pas de trafic civil régulier mais constitue un atout stratégique pour la région.
Leport de Naples, grand port méditerranéen actif depuis l'Antiquité, exerce des fonctions commerciales, touristiques et de liaison maritime, plus importantes pour le transit de passagers que de marchandises. Sa superficie globale dépasse les 200 000 m², tandis que la longueur cumulée de ses quais atteint environ 20 kilomètres. Les ports de Castellammare di Stabia (avec sa marina destinée à la plaisance), Bagnoli et Mergellina relèvent également de son autorité. Il est le point de départ de nombreuxferries et debateaux de croisière à destination des îles environnantes (Capri,Ischia) et des ports régionaux deSorrente,Salerne,Positano etAmalfi[49], mais également plus loin vers laSicile, laSardaigne,Ponza et lesîles Éoliennes. Le trafic de marchandises est relativement faible en comparaison avec les autres ports d'Italie, mais reste actif et stratégique pour le sud du pays.
Avec 6 562 325 passagers[50] et 1 306 151 croisiéristes en 2016[51] (chiffres qui tendent à croître, respectivement de 7 millions[52] et 1,7 million en 2023[53]), il s'agit de l'un des ports les plus importants tant au niveau européen que méditerranéen. La ville est également desservie par les ports de Pouzzoles et de Mergellina (avec connexions et fonctions touristiques). D'autres petits ports de plaisance, tels que ceux de Nisida, Posillipo, Molosiglio etSanta Lucia ont des fonctions exclusivement touristiques.
Un service régional de transport parhydroptère, la « Metropolitana del Mare », fonctionne chaque année de juillet à septembre, géré par un consortium d'armateurs et d'administrations locales[54].
Illustration représentant lasirèneParthénope, qui a prêté son nom à Naples à ses toutes premières heures.
Le site de Naples est habité depuis la périodenéolithique. Au deuxième millénaire av. J.-C., un premier établissementmycénien s'est formé non loin de l'emplacement de la future cité grecque[55].
Refondée par de nouveaux colons sous le nom de Neápolis (Νεάπολις,ville nouvelle, par opposition à la Palaiópolis,vieille ville, qui correspond aux quartiers préexistants) auVIe siècle av. J.-C.[57], elle devient l'une des principales cités de laGrande-Grèce et supplante Cumes dans le commerce maritime régional[58]. Sous influence de la puissantecité deSyracuse[59], la ville s'étend rapidement et conclut une alliance avec laRépublique romaine contreCarthage auIVe siècle av. J.-C. Pendant lesguerres samnites, Neápolis est conquise par lesSamnites[60] avant d'être libérée parRome, qui finit toutefois par la transformer en colonie latine en 326 av. J.-C.[61] Tout au long desguerres puniques, la solide muraille protégeant la ville a repoussé les armées d'Hannibal à de multiples reprises[62], ce qui lui a valu d'être élevée au rang de capitale de la Campanie à la place deCapoue (qui, au contraire, s'était alliée au général carthaginois).
Neápolis inspire beaucoup de respect aux Romains qui la considèrent comme un modèle de citéhellénistique. Ainsi, sous l'Empire, la cité conserve longtemps salangue et sa culturegrecques tout en adoptant les infrastructures romaines, notamment des aqueducs, d'élégantesvillas et desthermes. Les évergètes y font édifier d'imposants édifices publics tels que le temple desDioscures et, après les destructions causées par les partisans deSylla en 89 av. J.-C., d'un port marchand elle est transformée en cité d'otia (c'est-à-dire de villégiature) pour la haute société romaine et les empereurs, dont certains y élisent même temporairement résidence afin de s'éloigner des tumultes de la capitale à la manière deTibère et deClaude.Virgile, auteur de l'épopée nationale de Rome, l'Énéide, reçoit une partie de son éducation dans la cité empreinte d'hellénisme et y séjournera de nombreuses fois à l'âge adulte[63].Horace y étudia dans les écoles fondées parPhilodème de Gadara etSiron. Déterminé à en faire la métropole de la culture grecque enOccident,Auguste y institue la tenue des Jeux isolympiens, qui acquerront un prestige égal à ceux d'Olympie et verront notamment l'empereurTitus s'illustrer publiquement à la compétition d'athlétisme[64],[65]. De 161 à 180 apr. J.-C., elle obtient, peut-être par décision de l'empereurMarc Aurèle, le nom deColonia Aurelia Augusta Antoniniana Felix Neapolis.
À la chute de l'Empire romain d'Occident, Naples est conquise par le peuplegermain desOstrogoths, qui l'incorporent à leurroyaume avant d'être reprise parBélisaire, généralbyzantin, qui parvient à pénétrer dans les murs de la ville par un aqueduc en 536. À peine sept ans plus tard, toujours en pleineguerre des Goths,Totila refait brièvement passer la ville aux mains des Ostrogoths jusqu'à la désastreusebataille du Vésuve, qui permet aux Byzantins de récupérer Naples au prix d'un lourd bilan humain. Elle est par la suite rattachée à l'exarchat de Ravenne, circonscription impériale dont l'autorité s'étend en théorie sur l'entièreté de lapéninsule italienne.
Après la chute de la capitale de l'exarchat, unduché de Naples est créé et gagne progressivement en autonomie jusqu'à devenir pleinement indépendant auIXe siècle. Selon la tradition, le premierduc de la ville, nommé Basile, est élu en 660 par l'empereurConstant II. Bien que la culture grecque ait perduré jusqu'à cette époque, le ducÉtienne II de Naples soustrait la ville à l'influence deConstantinople en la faisant passer sous lasuzeraineté spirituelle dupapeGrégoire II en 763, en plein débat théologique alors que la crise iconoclaste fait fureur sous le règne deLéon III l'Isaurien. Les relations entre le duché et l'Empire byzantin sont particulièrement houleuses dans les années 820 alors qu'une plus grande autonomie voire l'indépendance du duché deviennent un sujet majeur lorsque plusieurs prétendants rivaux se disputent le titre ducal. Théoctiste est nommé duc sans l'approbation impériale et est évincé au profit deThéodore II, ce qui provoque le mécontentement de la population qui le chasse à son tour pour élire à sa placeÉtienne III, un duc particulièrement hostile à l'autorité impériale et qui fait frapper les pièces de monnaie avec ses propres initiales plutôt que celles de l'empereur. Sans guerre ni rébellion ouverte, Naples gagnede facto son indépendance.
Le duché de Naples fraîchement indépendant devient une cible de choix pour lesLombards duduché de Bénévent qui assiègent la ville. Le duché, dont les intérêts marchands se lisent dans une optique plus méditerranéenne que franchement chrétienne ou européenne, engage des mercenairessarrasins (avec lesquels elle entretient de fructueux rapports commerciaux, tout commeAmalfi) en 836 afin de repousser momentanément la menace lombarde. Le ducAthanase II, principal artisan de cette coopération, sera excommunié par le papeJean VIII. Toutefois, cela n'empêcha pas Naples de prendre part à la victorieusebataille d'Ostie en 849 pour se prémunir des raids sarrasins ni au général musulman Muhammad ibn al-Aghlab de piller le port deMisène un an plus tard pour des raisons dekhoms (butin islamique), sans réelle intention de conquête des territoirescampaniens. La ville tombe brièvement sous le contrôle direct desLombards après la capture parPandolf IV de laprincipauté de Capoue, rivale de longue date de Naples ; cependant, sa volonté d'indépendance ne s'est jamais éteinte et, après seulement trois ans de domination lombarde, elle profite d'un affaiblissement de ces derniers pour rétablir son duché comme elle l'avait fait avec les Byzantins près de deux siècles plus tôt.
En 1030, pour faire face à ses ennemis Byzantins et aux Lombards de Capoue, le ducSerge IV de Naples accueille desmercenairesnormands dirigés parRainulf Drengot dans la cité vassale d'Aversa. Les Normands, engagés par les différents acteurs rivaux de la région, ne cesseront plus d'accroître leurs possessions en Italie du Sud et, en 1139,Roger II, proclaméroi de Sicile par l'antipapeAnaclet II, incorpore la ville auroyaume de Sicile alors qu'il l'encerclait déjà depuis deux ans après s'être emparé successivement des duchés et principautés deCapoue,Bénévent,Salerne,Amalfi,Sorrente etGaète[66]. SiPalerme est privilégiée en sa qualité de capitale du royaume, Naples demeure une cité de prestige et continue de prospérer grâce au commerce méditerranéen[67],[68],[69],[70].
Après 150 ans de vassalité normande, leroyaume de Sicile entre en crise successorale opposantTancrède, qui s'empare du trône malgré sa naissance illégitime, à ladynastiesouabe desHohenstaufen[71], dont le prince Henri avait épouséConstance, dernière héritière légitime du trône de Sicile. En 1191,Henri VI, qui vient d'être sacré empereur du Saint-Empire romain germanique, se lance à la conquête du royaume et de nombreuses villes sont contraintes de rendre les armes dans son sillon. Pour autant, Naples lui résiste des mois de mai à août sous les ordres du comteRichard d'Acerra,Nicolas d'Aiello etMargaritus de Brindisi jusqu'à ce que l'armée germanique, victime d'une épidémie, ne batte en retraite.Conrad II, duc de Bohême, etPhilippeIer, archevêque de Cologne, sont au nombre des victimes de l'effroyable siège de Naples. Pire encore pour les assaillants,Tancrède capture l'impératrice Constance lors d'une contre-attaque et la fait incarcérer auCastel dell'Ovo de Naples avant de la libérer le 11 mai 1192 sous la pression du papeCélestin II. Deux ans plus tard, après la mort de Tancrède, l'empereur Henri VI lance une seconde offensive mais cette fois la ville capitule sans résistance et le royaume de Sicile passe sous la coupe des Hohenstaufen. Naples intègre alors legiustizierato de laTerre de Labour.
L'université de Naples, première école d'Europe destinée à la formation des administrateurs laïcs, est fondée parFrédéric II qui fait de la ville le centre intellectuel du royaume[72]. La ville se rebelle plusieurs fois à l'encontre des fils du défunt empereur,Conrad IV etManfred, à un point tel que le premier décide en 1253 de démanteler ses fortifications et transfère le siège de l'université àSalerne (elle retournera dans sa ville d'origine cinq ans plus tard).
En 1442,Alphonse V d'Aragon, désigné successeur de la reineJeanneIre de Naples qui n'avait pas d'héritier direct, prit possession de la ville l'année suivante aux dépens deRené d'Anjou en y pénétrant par un aqueduc (comme l'avait fait Bélisaire 900 ans plus tôt). Cette conquête fut très importante du point de vue économique et militaire. Avec les Aragonais, Naples connut un second renouveau culturel et surtout commercial grâce à l'établissement de liens maritimes forts avec lapéninsule Ibérique. Alphonse d'Aragon continua d'attirer les humanistes à sa cour et l'art de la Renaissance fit irruption à Naples en même temps que la fondation de l'Académie pontanienne. C'est également à Naples, sous la domination aragonaise, que naît l'équitation classique. SousFerdinandIer, les couronnes de Naples et de Sicile, provisoirement réunies sous le règne de son prédécesseur, sont de nouveau séparées mais restent toutes deux des dépendancesaragonaises. Brièvement envahie par les Français deCharles VIII en, puis victime d'une alliance franco-espagnole sousLouis XII au début duXVIe siècle dans le contexte desguerres d'Italie, le roiFrédéric est fait prisonnier en France mais c'est à l'Espagne que Naples et son royaume passent en 1503 à la suite de la débâcle française à labataille du Garigliano[76].
Au même titre que l'Espagne, Naples fit partie de l'héritage deCharles Quint, entrant dans l'orbite de l'Empire espagnol tout au long du règne desHabsbourg d'Espagne. Dès lors, Naples est gouvernée par desvice-rois agissant au nom des rois d'Espagne. La longue période de domination espagnole est généralement vue par les historiens comme une ère de stagnation voire de régression qui n'affecte pas tant la ville de Naples que les provinces du royaume[77]. Au contraire, la ville est animée par une vive activité intellectuelle qui se manifeste lors de sesmostre[78] ou par le courantanticurialiste typique de la vie napolitaine. Au milieu duXVIe siècle, le vice-roiPierre Alvarez de Tolède procède à de nombreux travaux d'urbanisme et d'embellissement de la ville, ouvrant la fameusevia Toledo, principale artère commerçante de Naples, et créant les quartiers espagnols pour loger les soldats de l'armée hispanique. De même, il tenta d'introduire l'Inquisition dans la ville, cette fois sans succès[79]. En 1544, environ 7 000 habitants de la ville sont capturés par descorsaires et déportés sur lacôte des Barbaresques (Afrique du Nord) où ils sont réduits enesclavage lors dusac de Naples.
À l'exception du bref interlude de laRépublique napolitaine, la domination espagnole aura duré de 1503 jusqu'en 1707, quand Naples et son royaume passent à l'Autriche lors de laguerre de succession d'Espagne ; en 1714, l'empereurCharles VI règne sur la ville depuisVienne par l'intermédiaire ses propres vice-rois[80]. Cependant, en 1734, laguerre de succession de Pologne va permettre aux Espagnols de réaffirmer leurs droits sur la Sicile et Naples dans le cadre d'uneunion personnelle, que l'Autriche va reconnaître via letraité de Vienne en 1738 sous condition que les deux entités politiques soient indépendantes l'une de l'autre et c'est par conséquent une branche cadette desBourbons d'Espagne qui va monter sur le trône[81].
Ainsi, dès 1734, le royaume de Naples regagne son indépendance après plus de deux siècles de domination étrangère : cette année, les Espagnols deCharles de Bourbon chassent les Autrichiens et Charles est nommé roi de Naples, s'installant dans la nouvelle capitale. C'est le début d'une période de grand renouveau culturel et artistique pour Naples. Charles est un grand bâtisseur, donnant à la ville et à ses environs de nombreux palais et monuments comme lepalais royal de Capodimonte et lepalais de Portici. Il lance en outre les premières fouilles archéologiques de la cité romaine d'Herculanum. La découverte des vestiges antiques a une grande influence dans le monde des arts, avec le goût dunéoclassicisme, dont lepalais royal de Caserte est l'un des premiers exemples. Les touristes étrangers fortunés accourent à Naples pour visiter ses monuments antiques et modernes à l'occasion duGrand Tour. L'arrivée à Naples de lacollection Farnèse, jusqu'alors répartie dans les différentes propriétés de lafamille, élève la ville au premier rang des grandes capitales européennes, alors qu'elle est aussi l'une des plus peuplées[82],[83]. La ville devient par ailleurs la capitale incontestée de la musique à cette époque et lethéâtre San Carlo est la plus importante salle d'opéra d'Europe. En 1755, le duc de Noja commande une carte topographique précise de Naples, connue plus tard sous le nom deCarte du duc de Noja, employant une précision d'arpentage rigoureuse et devenant un outil de planification urbaine essentiel pour la ville.
En 1758, Charles est rappelé en Espagne pour succéder à son père et laisse le trône de Naples à son filsFerdinand. Cette année marque donc la rupture définitive du royaume de Naples d'avec la couronneespagnole. Sous son règne, les effets de laRévolution française se font sentir jusqu'à Naples :Horatio Nelson, un allié des Bourbons, arrive dans la ville en 1798 pour mettre en garde le roi face au danger des français républicains. Ferdinand est contraint de s'enfuir àPalerme, d'où il est protégé par uneflotte britannique[84]. Cependant, leslazzaroni de laclasse inférieure de Naples sont fortement pieux et royalistes, favorables aux Bourbons ; dans la mêlée qui s'ensuit, ils combattent la bourgeoisie napolitaine pro-républicaine, ce qui déclenche une guerre civile.
Les républicains s'introduisent dans lecastel Sant'Elmo et proclament laRépublique parthénopéenne, protégée par l'armée française. Une milice catholiquecontre-révolutionnaire delazzaroni connue sous le nom desanfedisti (lasanta fede, la sainte foi) commandée par le cardinal Fabrizio Ruffo est levée ; elle rencontre un succès fulgurant et les Français sont contraints de rendre les châteaux napolitains, et leur flotte quitte la ville pourToulon. Ferdinand IV est rétabli sur le trône ; cependant, après seulement sept ans,Napoléon conquiert le royaume et y installe des roisbonapartistes, son frèreJoseph Bonaparte et son beau-frèreJoachim Murat, qui ne parvient pas à unifier la péninsule mais éveille les premiers sentiments nationalistes lors de laproclamation de Rimini. Avec le soutien de l'empire d'Autriche et de ses alliés, les forces bonapartistes sont défaites lors de laguerre napolitaine et Ferdinand IV regagne une fois de plus le trône[85]. Naples fut l'une des principales victimes desspoliations napoléoniennes.
À la suite de l'Expédition des Mille menée parGiuseppe Garibaldi, qui s'achève à la fin dusiège de Gaète, Naples intègre leroyaume d'Italie en 1861 dans le cadre de l'unification italienne, mettant fin à l'ère de la domination des Bourbons. L'économie des régions de l'ancien royaume des Deux-Siciles, dépendante de l'agriculture, souffre désormais de la pression internationale sur les prix du blé ce qui, couplé à la diminution du prix des billets de mer, conduit à unevague d'émigration sans précédent[89] : environ 4 millions de personnes émigrent depuis la seule région de Naples entre 1876 et 1913. Dans les quarante années qui ont suivi l'unification, la population de Naples n'a augmenté que de 26 %, contre 63 % pour Turin et 103 % pour Milan ; cependant, en 1884, Naples était toujours la ville la plus peuplée d'Italie avec 496 499 habitants, soit environ 64 000 au km² (soit une densité de population deux fois plus élevée qu'à Paris). Cette crise sociale profonde est dénoncée par l'écrivaineMatilde Serao, qui en accable la faute au nouveau système fiscal et douanier piémontais dansIl ventre di Napoli etIl paese di Cuccagna[90].
En 1864, le royaume d'Italie fut contraint par laconvention de septembre imposée par leSecond Empire français deNapoléon III à déplacer sa capitale jusqu'alors implantée àTurin. Pour des raisons militaires, Naples est envisagée comme potentielle nouvelle capitale en concurrence avec Florence — la première étant protégée par la mer Tyrrhénienne, la seconde par les Apennins[91]. Cependant, le roi favorisa Florence, jugée plus adaptée à un rôle de capitale temporaire, choix confirmé par un comité militaire, Naples étant considérée comme étant plus difficile à défendre faute d'uneflotte comparable à celles de laFrance ou de l'Angleterre[92].
Les conditions d'hygiène publique de la ville étaient mauvaises, avec douze épidémies decholéra et defièvre typhoïde qui ont tué environ 48 000 personnes entre 1834 et 1884. Untaux de mortalité de 31,84 pour mille, élevé même pour l'époque, malgré l'absence d'épidémies entre 1878 et 1883. En 1884, Naples est victime d'une nouvelle épidémie decholéra d'ampleur inédite, causée en grande partie par la mauvaise infrastructure d'égouts de la ville. En réponse à ces problèmes persistants, en 1885, le gouvernement a lancé une transformation radicale de la ville appeléerisanamento[93] pour améliorer l'infrastructure d'égouts et de percer les quartiers les plus denses, la densité étant considérée comme la principale cause d'insalubrité, par de grandes avenues aérées. Le projet s'est avéré difficile à réaliser politiquement et économiquement en raison de la corruption, comme le démontre l'enquête Saredo, de la spéculation foncière et d'une bureaucratie extrêmement lente et procédurière. Cela a entraîné des retards considérables dans le projet, avec des résultats mitigés. Les transformations les plus notables ont été le traçage de la via Caracciolo à la place de la plage le long de la promenade, la création de lagalleria Umberto-I et de la galleria Principe ainsi que la construction du corso Umberto-I[94]. Par la suite, de nombreux bâtiments seront démolis pour laisser place à de nouveaux quartiers, places et voies espacées sur le modèle destransformations urbaines parisiennes. La vie culturelle de l'époque est dominée par lescafé-chantants et des figures majeures telles queBenedetto Croce[95].
Le, Naples subit son uniquement bombardement dupremier conflit mondial de la part d'un dirigeable allemand qui cause une vingtaine de morts et une centaine de blessés. Le 24 octobre 1922, elle accueillit une grande manifestation dechemises noires à l'instigation d'Aurelio Padovani, chef desfaisceaux italiens de combat dans la ville[96]. Sous Mussolini, Naples devient le port de transit entre l'Italie et sonempire colonial[97]. Pour ce faire, il fait construire laMostra d'Oltremare ainsi que la première ligne de métro urbain italien (Naples-Pouzzoles)[98].
Naples fut la ville italienne la plus bombardée pendant laSeconde Guerre mondiale. Bien que ses habitants ne se soient pas révoltés contre le régime fasciste en place, Naples fut la première ville italienne à se soulever contre l'occupation militaire allemande ; pour la première fois en Europe, les nazis, commandés par colonel Scholl, ont dû négocier une reddition face aux insurgés : du 27 au 30 septembre 1943, lors desQuatre journées de Naples, la population locale se soulève et s'attaque auxforces nazies qui occupent la ville. L'armée allemande est mise en déroute avant l'arrivée desAlliés. Ces actions ont valu à Naples laMédaille d'or de la valeur militaire. La ville était déjà complètement libérée le1er octobre 1943[99], lorsque les forces britanniques et américaines sont entrées dans la ville. Les Allemands qui prenaient la fuite ontincendié la bibliothèque de l'université ainsi que les archives de la ville. Les bombes à retardement disséminées dans toute la ville ont continué d'exploser jusqu'au mois de novembre[100]. Le symbole de la renaissance de Naples fut la reconstruction de labasilique Santa Chiara, qui avait été détruite lors d'un bombardement de l'US Army Air Force.
Après-guerre, le napolitainEnrico De Nicola devient le premier président de la République italienne et la ville s'affirme comme le centre politique, économique et social le plus important de l'Italie méridionale, avec la constitution d'uneagglomération de plus de trois million d'habitants et le développement de nombreuses industries. Naples est classée troisième ville d'Italie, aprèsMilan etRome, pour la puissance économique[101]. Les années dumiracle économique entraînent une expansion urbaine majeure, souvent marquée par laspéculation immobilière telle que décrite dans le filmMain basse sur la ville deFrancesco Rosi[102]. Naples voit également se développer une intense activité cinématographique[103].
Un financement spécial, laCassa del Mezzogirno, a été fourni aux régions du sud du pays de 1950 à 1984, stimulant l'économie napolitaine qui s'améliore quelque peu, permettant à certains monuments de la ville tels que lapiazza del Plebiscito d'être rénovés[104]. Cependant, le développement de Naples a été freiné par de gros problèmes sociaux. Le taux de chômage avoisine les 25 % de la population active et la pauvreté règne sur près de 32 % de la population. Leséisme d'Irpinia en 1980 affecte également Naples, avec notamment l'effondrement d'un immeuble causant 52 morts dans la banlieue est de la ville[105]. La crise économique et sociale favorise le déclin du tourisme et l'ascension de laCamorra.
Les activités de laCamorra, réseau decrime organisé local, et lacrise des déchets en Campanie ont achevé de ternir l'image de la ville[106]. Comme l'a révéléRoberto Saviano dans son livreGomorra, une grave contamination environnementale et des risques sanitaires accrus restent répandus en raison des déversements illégaux de déchets. En 2007, le gouvernement deSilvio Berlusconi a tenu des réunions de haut niveau à Naples pour démontrer son intention de s'investir dans la résolution de ces problèmes[107]. Cependant, larécession de la fin des années 2000 a eu un impact sévère sur la ville, intensifiant ses problèmes de gestion des déchets et de chômage[108]. En août 2011, le nombre de chômeurs dans la région de Naples était passé à 250 000, déclenchant des protestations publiques face au marasme économique[109]. En juin 2012, des accusations de chantage, d'extorsion et d'appels d'offres illicites ont émergé concernant les problèmes de gestion des déchets de la ville[110].
Chacun des 7 896comuni italiens est représenté localement par unconseil municipal présidé par un maire élu, appelésindaco et familièrement désigné « premier citoyen » (primo cittadino). Ce système est en place depuis l'invasion de l'Italie par les forcesnapoléoniennes en 1808. Lorsque leroyaume des Deux-Siciles fut restauré, le système a été maintenu en place mais les fonctions de maires étaient occupées par des membres de la noblesse. À la fin duXIXe siècle, lespartis politiques connaissent un essor ; sous l'ère fasciste, chaque commune était représentée par unpodestà. Depuis laSeconde Guerre mondiale, le paysage politique de Naples n'est ni fortement ancré à droite ni à gauche : lesdémocrates-chrétiens et lessocial-démocrates ont alternativement gouverné la ville à différentes reprises, avec une fréquence à peu près égale. Depuis le début des années 1990, les maires de Naples sont tous issus de groupes politiques de gauche ou de centre-gauche.
La commune de Naples, auparavant découpée en 21 districts, l'est désormais en 10 municipalités d'environ cent mille habitants, chacune est dirigée par un président élu au suffrage direct, une junte et une assemblée de 30 conseillers. Ces 10municipalità sont elles-mêmes subdivisées enquartiers (30 au total) :
En 2022, la population de la commune de Naples s'élève à environ 910 000 habitants. L'aire urbaine élargie de Naples, parfois appeléeGrand Naples, compte environ 4,4 millions d'habitants[117]. Le profil démographique de la province napolitaine en général est relativement jeune : 19 % ont moins de 14 ans, tandis que 13 % ont plus de 65 ans, contre une moyenne nationale de 14 % et 19 % respectivement. Naples a un pourcentage plus élevé de population féminine (52,5 %) que masculine (47,5 %). Naples possède letaux de natalité le plus élevé d'Italie, avec 10,46 naissances pour 1 000 habitants (la moyenne italienne étant de 9,45 naissances pour 1 000 habitants)[118],[119].
Vue satellite nocturne de l'aire métropolitaine de Naples.
La population de Naples est passée de 621 000 habitants en 1901 à 1 226 000 en 1971, pour diminuer à 910 000 en 2022, beaucoup de citadins ayant migré vers les banlieues. Selon différentes sources, la ville métropolitaine de Naples est soit la deuxième aire urbaine la plus peuplée d'Italie aprèsMilan (avec 4 434 136 habitants selon Svimez Data), soit la troisième (avec 3,5 millions d'habitants selon l'OCDE[120]). En outre, Naples est la grande ville la plus densément peuplée d'Italie, avec environ 8 182 personnes par km² ; cependant, elle connaît une baisse notable de sa densité de population depuis 2003, alors que le chiffre était supérieur à 9 000 personnes par km².Habitants recensés (en milliers)
En 2024, Naples, bien qu'étant la troisième commune la plus peuplée du pays, demeure la ville la plus densément peuplée parmi les métropoles italiennes[122]. Toutefois, la ville s'est développée bien au-delà de ses limites administratives au fil des décennies. Il serait donc plus pertinent de prendre en compte les données démographiques de l'ensemble de la ville métropolitaine, marquée par un important phénomène d'urbanisation ayant donné vie à une vaste conurbation. Un exemple représentatif de ce phénomène est le déménagement de nombreux habitants du centre-ville vers les communes de l'ancienne province. En réalité, les limites métropolitaines de Naples sont bien plus étendues, englobant également des secteurs des provinces voisines, notamment celle deCaserte : les urbanistes désignent l'ensemble de ce territoire urbanisé sous le nom de « Grande Napoli ».
Selon les sources consultées, la zone métropolitaine de Naples est la deuxième[123] ou troisième[124] (derrière Milan et parfois Rome) plus peuplée du pays. À l'échelle européenne, elle se classe vers le huitième rang, analogue aux métropoles deBarcelone ou d'Athènes. En se basant sur le critère de l'âge moyen, Naples est la plus jeune des grandes villes italiennes[125], avec un taux de natalité supérieur à celui de nombreuses autres cités italiennes (par exemple, on y enregistre 1,1 naissance de plus pour 1 000 habitants par rapport à Milan[126]), et un nombre relativement modéré d'immigrés.
Les quartiers les plus peuplés correspondent à ceux des anciens « casali » annexés par la commune à l'époque murattienne (Vomero,Arenella,Fuorigrotta), auRisorgimento (Piscinola), et sous la période fasciste (Barra, Chiaiano, Marianella, Soccavo,Ponticelli, San Pietro a Patierno,Miano,Secondigliano etScampia).
Ci-contre, un tableau qui montre les nationalités étrangères les plus fréquentes à Naples au 31 décembre 2023.
En 2023, il y avait officiellement 56 153 étrangers vivant dans la ville de Naples[127], mais ce chiffre est largement sous-estimé, Naples étant l'une des plaques tournantes de l'immigration illégale en Europe. La majorité de ceux-ci sont originaires d'Europe de l'Est (Ukraine etRoumanie) et d'Asie (Sri Lanka,Chine,Pakistan). Les statistiques démontrent que la majorité des immigrés sont des hommes[128]. Relativement à sa population et aux villes du nord de l'Italie, il y a peu d'étrangers à Naples ; 94,3 % des habitants de la ville sont de nationalité italienne.
Lefootball est de loin le sport le plus populaire à Naples. Introduit dans la ville par les Britanniques au tout début duXXe siècle[129], ce sport est profondément ancré dans la culture locale : aucune strate de la société n'y est insensible, desscugnizzi (enfants des rues) aux plus fortunés.
Naples compte plusieurs autres clubs de football, parmi lesquels on trouve leFC Neapolis et l'Internapoli, qui jouent tous deux austadio Arturo-Collana. La ville possède également des équipes dans de nombreux autres disciplines sportives : Eldo Napoli représente la ville en Serie A de basket-ball et joue ses matchs dans le quartier excentré deBagnoli. La ville a co-organisé l'EuroBasket 1969. Partenope Rugby est l'équipe derugby à XV la plus connue de la ville : elle a remporté laSerie A de rugby à XV à deux reprises. Parmi les autres sports locaux populaires figurent lefutsal, lewater-polo, lessports hippiques, la voile, l'escrime, laboxe et les arts martiaux. L'Accademia Nazionale di Scherma (Académie nationale et école d'escrime de Naples) est la seule institution en Italie où les titres de « Maître d'épée » et de « Maître dekendo » peuvent être obtenus[131].
La principaleuniversité de Naples est l'université Frédéric-II (enitalien,Università degli studi di Napoli « Federico II ») qui est la plus ancienne université laïque et d'État au monde et une des plus anciennes en absolu, ayant été fondée en 1224 par l'empereurFrédéric II « Stupor Mundi »[132]. Elle est toujours l'une des plus importantes d'Italie et réunit environ 70 000 étudiants et 6 000 chercheurs en 2022[133]. Plus récemment, d'autres universités ont été fondées à Naples : la « Seconde Université de Naples » en 1989 dans laprovince de Caserte[134], la « Parthénope », « L'Orientale » et la « Sœur-Ursule-Benincasa ».
Académie des Beaux-Arts de Naples (Accademia di Belle Arti di Napoli), fondée en 1752 sur ordre de Charles de Bourbon. Elle a joué un rôle très important dans le développement de la peinture napolitaine et plus particulièrement dans la formation de l'école du Posillipo[138] ;
Faculté pontificale de Théologie de l'Italie méridionale (Pontificia Facoltà Teologica dell'Italia Meridionale, PTFIM)[139] ;
Le conservatoire San Pietro a Maiella est la principale institution d'éducation musicale de la ville, les premiers conservatoires de musique napolitains ont été fondés auXVIe siècle sous les Espagnols[140] ;
L'école militaire « Nunziatella » figure parmi les plus anciens établissements de formation militaire d'Italie et du monde. Fondée en 1787 par volonté du roi Ferdinand IV de Bourbon sous le nom d'Académie militaire royale, elle est proclamée en 2012 patrimoine culturel des pays de la Méditerranée par l'Assemblée parlementaire de la Méditerranée (PAM). Située à Pizzofalcone, via Generale-Parisi, elle a dès l'origine été un lieu d'excellence en formation militaire et civile. Parmi ses enseignants et élèves notables, on compteFrancesco De Sanctis,Mariano d'Ayala,Carlo Pisacane,Enrico Cosenz etVictor-Emmanuel III.
La ville est le siège de l'archidiocèse de Naples. Lacathédrale est son principal lieu de culte ; chaque année, le 19 septembre, elle accueille le célèbre Miracle desaint Janvier, lesaint patron de la ville[141]. Au cours du miracle, auquel des milliers de Napolitains viennent assister, le sang séché de saint Janvier est censé se liquéfier lorsqu'il est rapproché dereliques sacrées supposées provenir de son corps. La ville, à l'exception des quartiers ouest relevant du diocèse de Pouzzoles, fait partie de l'archidiocèse de Naples, dirigé par l'archevêqueDomenico Battaglia[142]. Elle est organisée en 13 doyennés, comptant 500 lieux de culte, dont 189 paroisses.
De faibles présences musulmanes, bien que sporadiques, sont attestées dans la ville de Naples dès leIXe siècle en raison des relations commerciales établies entre marchands napolitains et arabes. La diffusion de l'islam dans la ville eut toutefois lieu en même temps que les flux migratoires des années 1980, période durant laquelle sont fondées les deux premières mosquées, piazza Garibaldi et piazza Municipio. Une troisième mosquée fut ensuite ouverte piazza Mercato. Cette dernière, au lendemain desattentats du 11 septembre 2001, rédigea conjointement avec le diocèse de Naples une déclaration commune intituléeSalam alaikum – Pax Vobiscum, affirmant les principes de respect mutuel et de cohabitation. Aujourd'hui, la présence islamique dans la ville connaît une évolution significative[143], comme en témoigne le docufilmNapolislam de 2015, lauréat du Biografilm Festival.
Enfin, on trouve également une église évangélique, uneéglise anglicane ainsi qu'une communauté juive.
Naples est confrontée à des phénomènes de criminalité organisée depuis leXIXe siècle, avec l'émergence de la camorra. Cette organisation est structurée enclans autonomes selon une organisation horizontale. Ses activités comprennent le trafic dedrogue, lesextorsions, l'usure et d'autres formes d'illégalité. Malgré les interventions des forces de l'ordre au cours des premières décennies du nouveau millénaire, le phénomène reste profondément enraciné, en particulier dans les quartiers périphériques. En plus de la criminalité organisée, la ville enregistre également des niveaux élevés de petite délinquance, avec une forte incidence de délits courants. Les institutions mettent en œuvre des actions de lutte et de prévention, mais des problèmes d'ordre socio-économique persistent, aggravés par la faiblesse institutionnelle et le manque d'interventions efficaces de la part de l'État.
Naples, étant au centre des grandes voiesméditerranéennes et disposant d'un arrière-pays fertile entre deux zones volcaniques, pouvait compter dès l'origine sur une économie solide fondée avant tout sur l'agriculture, l'extraction de matières premières et l'artisanat. Du Moyen Âge à la période moderne, elle est devenue l'un des grands centres italiens de l'industrie textile, en particulier de la transformation de la soie[144]. À l'ère industrielle apparaît à Naples le premier grand complexe métallurgique du pays, laPietrarsa, qui entraîne un développement industriel et économique considérable au cours des vingt années suivantes : en 1860, il employait environ 1 200 personnes. Cependant, après l'unification, l'usine a connu une phase de lente régression jusqu'à la cessation des activités de production vers 1880, tout en maintenant jusqu'en 1975 l'entretien et la réparation des locomotives.
Pour prendre la mesure de l'historique puissance économique de la ville, il suffit de penser qu'en 1871, dix ans après l'annexion, la province de Naples avait encore un indice d'industrialisation supérieur à celui de Turin. Naples abritait également laBourse, la Monnaie et leBanco delle Due Sicilie(en).
En 1904, dans le contexte duRisanamento di Napoli, de grands districts industriels sont créés à l'est et à l'ouest (notamment à Bagnoli), bien que le décollage effectif du secteur ne se produira pas avant le boom économique d'après-guerre. LePIB urbain de Naples est vingt-sixième (sur 115 villes) enEurope (61,8 milliards de dollars en 2014, soit plus que des pays entiers comme laSlovénie et comparable à des villes telles queZurich ouCopenhague), mais au cinquième rang pour la croissance du taux de chômage pendant la crise et avec l'un des revenus par habitant les plus bas d'Italie.
Lesactivités illicites napolitaines ont un impact considérable sur l'économie nationale, et non sans effets négatifs sur les structures sociales et environnementales de la ville, appauvrie par des décennies d'absence. L'absence d'un véritable tissu industriel a fait de Naples un important pôle tertiaire spécialisé dans les domaines ducommerce, de l'administration publique, de l'édition, dudivertissement, desmédias, de larecherche, de la finance, destransports, dutourisme et, depuis peu, destechnologies de pointe (présence de géants américains commeApple etCisco Systems Academy). Le port de Naples a toujours été une source de revenus cruciale pour la ville, tandis que le principal centre d'affaires ettertiaire est leCentro direzionale, grand quartier d'affaires rivalisant avec ceux de Milan et de Rome.
Dans ses limites administratives, Naples est aujourd'hui la quatrième économie urbaine d'Italie aprèsMilan,Rome etTurin, et la103e économie urbaine mondiale en termes depouvoir d'achat (quinzième en Italie), avec unPIB estimé à 22 779 eurospar habitant en 2023[147]. Naples est un importantterminal de fret, et leport de Naples est l'un des plus grands et des plus fréquentés de la Méditerranée. La ville a connu une croissance économique soutenue depuis laSeconde Guerre mondiale, mais le chômage reste une ombre au tableau[148],[149],[150], et la ville est gangrénée par des taux élevés de corruption politique et decrime organisé.
Au cours des dernières décennies, la province de Naples a connu une réorientation de son économie traditionnelle basée sur l'agriculture vers une économie tournée vers lesservices. Le secteur des services emploie la majorité des Napolitains, bien que plus de la moitié d'entre eux soient employés par de petites entreprises de moins de 20 salariés ; environ 70 entreprises sont considérées comme de taille moyenne avec plus de 200 salariés et seules 15 entreprises emploient plus de 500 travailleurs au sein de la ville.
Dès leXVIIIe siècle, Naples attire les visiteurs dans le cadre de leurGrand Tour. Aujourd'hui[Quand ?], c'est une destination touristique nationale et internationale majeure, l'une des principales d'Italie et d'Europe au même titre queFlorence,Rome,Venise ouMilan[151],[152]. Avec 14,5 millions de visiteurs en 2024[153], la ville est parvenue à sortir de la forte dépression touristique des dernières décennies (due principalement à la dégradation de l'image de la ville engendrée par les médias italiens[154], auséisme de 1980 en Irpinia et à lacrise des déchets[155]). Pour évaluer correctement le phénomène, il faut cependant considérer qu'une grande partie des touristes visitant Naples chaque année séjournent dans les nombreuses localités environnantes, reliées à la ville par des lignes directes privées et publiques[156],[157]. Les touristes visitant Rome ou d'autres sitescampaniens (côte amalfitaine,péninsule de Sorrente) effectuent fréquemment une escapade journalière à Naples ; en 2019, Naples est la dixièmecommune la plus visitée d'Italie, dépassant notamment Turin etRiccione, et la première duMezzogiorno.
Par ailleurs, la demande touristique a eu un impact significatif sur l'offre de logements. Dans le centre historique, les prix ont connu une flambée tandis que l'offre traditionnelle a diminué, poussant touristes comme résidents à chercher des solutions alternatives[158]. De ce fait, le nombre d'arrivées devient l'indicateur essentiel du flux touristique global, car beaucoup de visiteurs ne passent pas la nuit dans la ville mais se déplacent vers d'autres localités environnantes[159].
Le secteur est en pleine croissance[160],[161] et les perspectives futures semblent s'orienter vers un rapprochement des standards des autres grandes cités d'arts italiennes[162] ; le tourisme assume de plus en plus un poids décisif pour l'économie de la ville, c'est pourquoi, exactement comme cela s'est produit par exemple dans le cas de Venise ou de Florence, le risque de gentrification ducentre historique est de plus en plus élevé[163],[164],[165].
L'écrivain Curzio Malaparte rend dans son romanLa peau un hommage à Naples en la décrivant, en 1943, comme « la seule cité antique qui n'ait pas péri comme Ilion, comme Ninive, comme Babylone »[169].
En effet, les 2 800 ans d'histoire de Naples lui ont laissé une richesse de bâtiments et monuments historiques, allant des châteaux médiévaux aux ruines antiques, ainsi qu'une large gamme de sites culturellement et historiquement significatifs dans ses alentours, notamment lepalais de Caserte (homologue napolitain duchâteau de Versailles[170]) ou les ruines romaines dePompéi etHerculanum.
Les styles architecturaux les plus marquants visibles dans Naples aujourd'hui sont les stylesmédiéval,Renaissance etbaroque[171]. Naples compte 448 églises historiques[172], ce qui en fait l'une des villes comptant le plus grand nombre d'édifices catholiques au monde[173]. En 1995, lecentre historique de Naples a été inscrit aupatrimoine mondial de l'UNESCO selon le critère suivant :
La plupart des palais et des églises historiques de Naples ont été construits ou remodelés et redécorés à cette époque, alors que la ville est sous la domination du royaume d'Espagne avant de regagner son statut de capitale en 1734 avec l'arrivée des Bourbons sur le trône. Cette nouvelle indépendance induit la construction de grands monuments auliques, comme lepalais de Capodimonte, le célèbrethéâtre San Carlo, premier grand opéra de l'histoire, lepalais du musée archéologique ou l'immense bâtiment duReal albergo dei Poveri, hospice destiné à recueillir les pauvres et les indigents aux portes de la ville.
De nombreuses villas sont construites sur la côte au nord et au sud de Naples, en bordure de la mer, pour les grandes familles aristocratiques napolitaines mais aussi pour les visiteurs étrangers fortunés, anglais, français ou allemands, qui se rendent dans la ville à l'occasion duGrand Tour. Naples est l'étape finale de ce voyage de formation de l'aristocratie européenne du siècle des Lumières grâce à ses sites et monuments antiques, le site grandiose de sa baie dominée par le Vésuve, sa cour raffinée et sa vie musicale intense (avec des compositeurs de premier plan tels queAlessandro Scarlatti,Pergolèse,Nicola Porpora,Francesco Durante,Leonardo Leo,Leonardo Vinci,Domenico Cimarosa etGiovanni Paisiello). La première moitié duXIXe siècle voit se développer, notamment dans l'architecture des villas (villa Floridiana,Villa Pignatelli), un néoclassicisme palladien et des décors inspirés des fresques romaines retrouvées aux sites tous proches de Pompéi et Herculanum.
Outre la piazza del Plebiscito, les plus grandes places publiques de Naples sont lapiazza Dante et lapiazza dei Martiri. Cette dernière n'était initialement décorée que d'un mémorial dédié auxmartyrs chrétiens mais, en 1866, après l'unification italienne, quatre lions furent ajoutés afin de rendre hommage aux quatre rébellions de la ville contre les Bourbons[174].
San Gennaro dei Poveri est un hospice destiné aux pauvres érigé par les Espagnols en 1667. Il fut le précurseur d'un projet beaucoup plus ambitieux, leReal albergo dei Poveri, initié parCharles III. Cet établissement était destiné aux démunis et aux malades de la ville ; il faisait vivre une communauté autarcique où les pauvres pouvaient vivre et travailler. Bien qu'il soit parvenu intact jusqu'à nos jours, cet hôtel-Dieu n'est plus en activité[175].
Grâce à son climat doux et à sa position naturelle avantageuse, Naples et ses environs ont, au fil des siècles, été choisis comme lieux de villégiature. Avec l'ascension de la ville au rang de capitale, commencèrent à être édifiées des demeures et palais aristocratiques, résidences de nobles désireux de participer à la vie de cour. En conséquence, la ville et sa région (notamment le long de la côte du Vésuve) furent enrichies de centaines de villas, parmi lesquelles il convient de mentionner lavilla Pignatelli, lavilla Carafa du Belvédère, lavilla Doria d'Angri, lavilla Rosebery, lavilla Floridiana, lavilla Rocca Matilde et lavilla Visocchi.
Palazzina Russo-Ermolli, pur exemple deLiberty Napoletano.
Les obélisques de la ville — les plus célèbres étant ceux de l'Immacolata, deSan Domenico et deSan Gennaro — datent d'une période allant du Moyen Âge au baroque. Leur construction était liée aux pratiques de l'Église, qui voulait doter chaque grand édifice religieux d'un élément reconnaissable par les pèlerins, mais aussi aux fêtes populaires, durant lesquelles on construisait des tours en bois richement décorées en carton-pâte et portées à dos d'hommes (tradition qui survit encore aujourd'hui avec la fête des Gigli deNola).
« Ce qui nous a paru le plus extraordinaire à Naples, c'est le nombre et la magnificence de ses églises; je puis vous dire sans exagérer que cela dépasse l'imagination. » »
Au cours des siècles, Naples a vu des centaines de couvents, d'églises et de monastères s'élever, à tel point qu'elle lui a valu le surnom deville aux 500 coupoles.
Parmi ces églises, on compte notamment :
Chartreuse Saint-Martin (certosa di San Martino), chef-d'œuvre du baroque napolitain, ornée de toiles de grands maîtres, célèbre pour son grand cloître agrémenté de sculptures de Cosimo Fanzago[179] ;
Basilique Santa Chiara, gothique, c'est le lieu de sépulture des rois angevins et Bourbons de Naples, savoûte est l'une des plus élevées au monde (45 mètres). Célèbre pour son cloître des majoliques, décoré de faïences duXVIIIe siècle ;
Église San Domenico Maggiore, église gothique avec décors de la Renaissance et d'époque baroque, dont la sacristie décorée d'une fresque de Francesco Solimena ;
Il existe également d'innombrables édicules sacrés à Naples, des cloîtres monumentaux et des oratoires et chapelles. Lecimetière de Poggioreale est l'un des plus vastes d'Europe.
Dès l'Antiquité, les murailles de la ville s'étendaient selon un tracé quadrangulaire, délimité au nord par l'actuelle via Foria, au sud par le corso Umberto-I, à l'ouest par la via San Sebastiano et à l'est par la via Carbonara. Des modifications furent apportées à leur tracé pour accueillir les réfugiés de l'éruption du Vésuve en 79 apr. J.-C. puis sous le règne deValentinien III.
Naples ayant vu se succéder plusieurs dynasties étrangères, elle a été contrainte de se doter de puissantes fortifications : la plus ancienne fut lecastel dell'Ovo, construit directement sur la mer, sur les vestiges de lavilla de Licinius Lucullus, avec une fonction purement défensive. En 1153 fut érigé lecastel Capuano, selon la volonté deGuillaumeIer de Sicile, afin de protéger l'arrière-pays et de servir de résidence royale.
Sous la vice-royauté espagnole, de nouveaux travaux de fortification furent entrepris. En 1656, la ville comptait 450 000 habitants malgré l'interdiction de s'étendre au-delà des murs. À cette époque furent construits lechâteau de Nisida et le fort de Vigliena. Lacaserne Garibaldi, enfin, constitue la dernière fortification érigée peu avant l'unification de l'Italie. D'autres châteaux, le plus souvent des palais ou monastères fortifiés, se trouvent au-delà des murailles et dans les environs de la ville. Il convient aussi de signaler les petits forts de douane dumuro finanziere, dernière enceinte murale entourant la ville napolitaine duXIXe siècle.
L'enceinte murale originelle était ponctuée d'une série de tours, d'abord érigées en tuf, puis en piperno et en pierre volcanique, accompagnées sur le tracé de plusieurs portes, dont certaines sont encore visibles de nos jours : laporta Medina (1640) dans l'actuel quartier de Montesanto, laporta San Gennaro (1573) sur l'actuellepiazza Cavour, laport'Alba (1625) sur lapiazza Dante, et l'ancienneporta Capuana. Parmi les tours encore debout, on peut citer latorre Ranieri et latorre San Domenico.
Lecastel dell'Ovo (château de l'Œuf), construit sur le minusculeîlot de Mégaride, où les premierscolons grecs avaient fondé la ville. À l'époque romaine, l'îlot appartenait au domaine de la villa deLucullus et accueillit plus tardRomulus Augustule, le dernier empereur romain d'Occident alors en exil[180]. Il servit également de prison à l'impératriceConstance entre 1191 et 1192, après sa capture par les Normands qui l'ont fait reconstruire, ainsi que pourConradin etJeanneIre de Naples avant leurs exécutions respectives ;
Lecastel Nuovo, également connu sous le nom deMaschioAngioino, est l'un des monuments les plus emblématiques de la ville ; il fut construit sousCharlesIer d'Anjou, le premierroi de Naples. Ce château fort a été le théâtre de nombreux événements historiques marquants : par exemple, en 1294, le papeCélestin V abdiqua dans l'une de ses salles, et son successeur, le papeBoniface VIII, y fut élu par lecollège des cardinaux avant de s'installer à Rome[182] ;
Lecastel Sant'Elmo, puissante forteresse en forme d'étoile dominant Naples au sommet du Vomero achevée en 1329. Sa position stratégique surplombant toute la ville en a fait une cible de choix lors des invasions étrangères. Lors du soulèvement deMasaniello en 1647, les Espagnols se sont réfugiés à Sant'Elmo pour échapper aux révolutionnaires ;
Sous Naples se trouve un réseau de grottes et de galeries aménagées par des siècles d'extraction minière, la ville reposant sur une zone à l'importante activité géothermique. On y trouve également plusieurs anciens réservoirsgréco-romains creusés dans la tendre pierre de tuf, sur laquelle et à partir de laquelle une grande partie de la ville a été construite. Environ un kilomètre des nombreux tunnels situés sous la ville peut être visité via laNapoli sotterranea (Naples souterraine), située dans le centre historique. Ce système de tunnels et de citernes, qui s'étend sous la majorité de la ville, se trouve à environ 30 mètres de profondeur. Pendant laSeconde Guerre mondiale, ces tunnels ont été utilisés commeabris anti-aériens, et des inscriptions sur les murs témoignent des souffrances vécues par les réfugiés de ces temps troublés.
De grandescatacombes se trouvent également dans et autour de la ville, ainsi que des monuments tels que laPiscina Mirabilis, la principale citerne qui alimentait labaie de Naples à l'époque romaine.
Plusieurs sites de fouilles archéologiques sont présents dans la ville. Ils permettent de mettre au jour, notamment àSan Lorenzo Maggiore, lemacellum (marché) de Naples, ainsi qu'àSanta Chiara, le plus grand complexe thermal de la ville à l'époque romaine. Par ailleurs, les fouilles archéologiques menées dans le chantier du métro ont permis de mettre au jour le temple des jeux isolympiques.
Le parco Virgiliano de Posillipo offre une vue particulièrement saisissante, permettant d'observer simultanément l'ensemble de la baie de Naples et l'îlot volcanique de Nisida. Ce parc porte le nom de Virgile, le célèbre poète romain, qui passe pour être enterré quelque part en son sein. Sur la colline de Camaldoli commence le parc métropolitain des collines de Naples (2 215 hectares), qui occupe un cinquième de l'ensemble de la zone municipale jusqu'au parc Poggio ai Colli Aminei. Naples possède aussi son vignoble, lavigne San Martino, existant depuis plus de six siècles au pied de la chartreuse du même nom sur la colline du Vomero.
Outre les espaces verts, Naples se caractérise également par des zones marines protégées, telles queNisida, ou le parc submergé de Gaiola, ce dernier constituant un exemple rare en Méditerranée d'un parc archéologique entièrement subaquatique, comprenant labaie de Trentaremi, des côtes rocheuses, des plages, des falaises de tuf et des sites archéologiques.
Naples accueille desarchives d'État, instituées en 1808 dans l'objectif de recueillir en un seul lieu tous les anciens fonds d'archives du royaume de Naples. Le territoire communal compte quatorze bibliothèques municipales en activité.
La bibliothèque la plus ancienne de la ville — et la deuxième d'Italie par ordre de fondation après celle desMalatesta àCesena — est la bibliothèque des Hiéronymites (Girolamini)[186],[187], ouverte au public en 1586. La plus grande, et troisième du pays par sa taille (après celles de Rome et de Florence), est la bibliothèque nationale, ouverte en 1804 sous le nom deBibliothèque royale de Naples, au sein duPalais des Études (Palazzo degli Studi). Ses collections furent transférées depuis la Reggia di Capodimonte sur ordre royal. DevenueBibliothèque royale bourbonienne en 1816, elle fut renomméeBibliothèque nationale après l'unification italienne en 1860.
Parmi les autres bibliothèques, archives ou collections de la ville, on peut citer celles de l'université de Naples (BUN)[188], du conservatoire San Pietro a Majella, de l'Académie des Beaux-Arts de Naples, de la fondation Benedetto-Croce, de l'Institut Italien pour les Études Historiques, de la Société Napolitaine d'Histoire Patrimoniale, la bibliothèque Tarsia, celle dumusée archéologique national de Naples (MANN), la bibliothèque d'histoire de l'artBruno-Molajoli, la bibliothèque Alfredo-De Marsico au castel Capuano, l'émerothèque Tucci, ainsi que la collection appartenant aux archives d’État mentionnées précédemment.
De nombreux romantiques ont puisé l'inspiration de leurs œuvres dans les paysages napolitains (peinture de Rudolf Wiegmann, 1836).
Naples a longtemps été un centre d'art et d'architecture, mais le facteur déterminant dans la création de l'École napolitaine de peinture a été l'arrivée du Caravage à Naples en 1606. AuXVIIIe siècle, la ville a connu une intense période denéoclassicisme, stimulée par la découverte des ruines romaines exceptionnellement préservées d'Herculanum et dePompéi.
Tarentelle à Naples sur une carte postale de 1903.
La premièreguitare à six cordes est créée par le Napolitain Gaetano Vinaccia en 1779 ; cet instrument est aujourd'hui connu sous le nom deguitare romantique. La famille Vinaccia a également été à l'origine de l'invention de lamandoline[193]. Influencés par la tradition espagnole, les Napolitains ont joué un rôle pionnier dans la musique de guitare classique, avec des représentants commeFerdinando Carulli etMauro Giuliani[194]. Ce dernier, originaire desPouilles mais ayant vécu et travaillé à Naples, est souvent considéré comme l'un des plus grandsguitaristes et compositeurs duXIXe siècle, aux côtés de son contemporaincatalanFernando Sor[195],[196]. Autre musicien napolitain de renom, le chanteur d'opéraEnrico Caruso est l'un desténors les plus célèbres de tous les temps[197]. Issu d'un milieu ouvrier, il était considéré comme un homme du peuple à Naples[198].
La danse traditionnelle la plus populaire dans leMezzogiorno et à Naples est latarentelle (tarantella), originaire desPouilles puis répandue dans tout leroyaume des Deux-Siciles. La tarentelle napolitaine est unedanse de séduction amoureuse exécutée en couple, caractérisée par des « rythmes, mélodies, gestes et chants d'accompagnement distingués », avec une musique plus rapide et joyeuse que la version d'origine.
À laBelle Époque, Naples rivalisait avec Paris pour sescafés-concerts, où de nombreuses chansons napolitaines célèbres ont été créées pour divertir le public. Parmi celles-ci, on peut citerNinì Tirabusciò (Nini Tirebouchon), probablement la plus connue. L'histoire de la création de cette chanson a été portée à l'écran dans la comédie dramatique éponyme,Ninì Tirabusciò: la donna che inventò la mossa, avecMonica Vitti dans le rôle principal.
Le théâtre est l'une des traditions artistiques les plus anciennes et les plus connues de la ville ; déjà l'empereur Néron a joué au premier siècle de notre ère sur la scène du théâtre romain de Neápolis. AuXVe siècle, les œuvres célébratives deJacopo Sannazaro rencontrent un grand succès à la cour aragonaise. En effet, Naples fut l'un des foyers d'origine du théâtre moderne tel qu'on le conçoit de nos jours depuis l'apparition de lacommedia dell'arte à la Renaissance. Le personnage masqué dePolichinelle est devenu une figure mondialement célèbre, aussi bien dans le domaine du théâtre que dans celui de lamarionnette.
De nos jours, Naples propose une vaste offre théâtrale, parmi lesquels leMercadante, leSan Ferdinando, l'Augusteo, le Sannazaro, leteatro Bellini, le Mediterraneo et bien d'autres. Grâce à cette tradition séculaire et durable et au grand nombre de théâtres de la ville, Naples a été choisie pour accueillir d'importants événements, tels que le Festival national du théâtre.
Le genre populaire napolitain de lasceneggiata constitue un volet essentiel du théâtre folklorique moderne, avec des récits dramatiques portant sur des thèmes classiques tels que les histoires d'amour malheureuses, les comédies ou les mélodrames. Ces histoires mettent souvent en scène des personnages honnêtes poussés à devenir des hors-la-loi au sein de lacamorra à la suite de circonstances tragiques. Lasceneggiata a gagné une immense popularité parmi les Napolitains et est devenue l'un des genres les plus emblématiques du cinéma italien grâce à des acteurs et chanteurs commeMario Merola etNino D'Angelo. De nombreux écrivains et dramaturges, commeRaffaele Viviani, ont écrit des comédies et des drames pour ce genre. Par ailleurs, des acteurs et comédiens tels qu'Eduardo Scarpetta et ses enfantsEduardo,Peppino etTitina De Filippo ont fortement contribué au développement du théâtre napolitain. Leurs comédies et tragédies, commeFilumena Marturano etNapoli Milionaria, sont particulièrement célèbres et continuent d'être jouées et appréciées à travers le monde.
Les premières tentatives de production cinématographique remontent à 1904, mais c'est à partir de 1905 que les films commencent à être tournés à Naples avec une certaine régularité, grâce aux frères Troncone. En 1924-25, plus d'un tiers des films produits en Italie provenaient de Naples, avec des expressions souvent dialectales. L'époque pionnière de l'industrie cinématographique napolitaine a pris fin pendant les vingt années du fascisme : l'accent mis sur le développement du capital et la réduction des coûts due à la centralisation a entraîné le transfert de la production de films italiens à Rome, où les studiosCinecittà ont été construits.
L'un des quatre centres de production télévisuelle et radiophonique de laRai se trouve à Naples. Situé via Guglielmo-Marconi, il accueille de nombreuses émissions et productions télévisées, parmi lesquelles le feuilleton italien le plus ancien et le plus suivi mondialement,Un posto al sole (Un endroit au soleil).
Mario Pagano, fondateur spirituel de l'école historique napolitaine du droit.
De 80 à 40 av. J.-C., Naples devient l'un des grands centres d'enseignement philosophique romains, où l'épicurisme croît en terrain fertile, loin de la vie frénétique de la capitale. Y enseignèrent à cette époque Philodème de Gadara etSiron, qui eurent pour élèvesQuintus Horatius Flaccus (Horace) et le jeunePublius Vergilius Maro (Virgile). Le penseur médiéval le plus important ayant exercé à Naples fut le théologiensaint Thomas d'Aquin, qui vécut aucouvent de San Domenico et devint une figure majeure de la philosophiescolastique ainsi que l'élaborateur de la visionthomiste[203]. Le point focal de la philosophie napolitaine duXVIe siècle fut la pensée deGiordano Bruno, qui développa une théologie où Dieu est l'intellect et l'ordonnateur de tout ce qui existe dans la nature, tout en étant à la fois la Nature elle-même divinisée, dans une unitépanthéiste indissociable entre pensée et matière[204].
Dans le milieu culturel dynamique de la Naples duXVIIIe siècle émergea la personnalité deGiambattista Vico, figure de proue de l'Accademia degli Investiganti. Il esquissa les traits d'une nouvelle activité culturelle basée non seulement sur la raison, mais aussi sur l'inspiration, les sentiments et l'ingéniosité, en opposition totale avec la pensée cartésienne. Sur cette même ligne, et en partie influencé par les idées néoplatoniciennes deShaftesbury, évolua son compagnonAntonio Genovesi, qui en 1754 devint titulaire de la première chaire d'économie (« Mécanique et Commerce ») connue en Europe[205]. Le juriste lucanienMario Pagano, figure importante desLumières italiennes, fut quant à lui l'initiateur de « l'école historique napolitaine du droit », ainsi qu'un précurseur de la penséepositiviste.
La figure la plus éminente de la pensée philosophique napolitaine à l'époque contemporaine futBenedetto Croce, originaire des Abruzzes mais adopté par Naples, principal idéologue dulibéralisme italien caractéristique duXXe siècle et figure majeure de l'historicisme. L'Institut italien pour les études philosophiques de Naples, qui rassemble environ 300 000 volumes, a été défini par l'UNESCO comme étant « sans égal au monde »[206].
Éruption du Vésuve le 26 avril 1872, photographie deGiorgio Sommer.
C'est à Naples que naît la science de lavolcanologie, grâce à la présence de plusieurs volcans dans les alentours de la ville. Dans le sillage des premières observations de l'anglaisWilliam Hamilton, et grâce au travail du physicienMacedonio Melloni, l'observatoire du Vésuve est construit en 1841 et devient ainsi le premier institut au monde destiné à l'observation des phénomènes volcanologiques[207].
Façade de l'observatoire astronomique de Capodimonte.
L'astronomie napolitaine a atteint des résultats d'excellence grâce à l'Observatoire astronomique de Capodimonte, fondé en 1812 parFederigo Zuccari.Giambattista della Porta, qui décrivit les principes du télescope environ vingt ans avant que Galilée n'en fabrique le premier modèle, apporta une contribution fondamentale à ce champ d'études. Della Porta fut d'ailleurs l'une des figures scientifiques les plus marquantes duXVIe siècle, également reconnu pour ses études en cryptographie et en sciences naturelles.Francesco Fontana, constructeur de télescopes képlériens, fut quant à lui le premier à dessiner la Lune,Mars (dont il découvrit et décrivit la rotation), ainsi que d'autres astres majeurs.
Naples a également apporté une forte contribution à la botanique, en particulier grâce àMichele Tenore, auteur de laFlora Napolitana, ainsi qu'àDomenico Cirillo,Vincenzo Petagna etGuglielmo Gasparrini. La zoologie napolitaine eut pour éminent représentantOronzio Gabriele Costa, dont la classification correcte duBranchiostoma lanceolatum (lancelet), découvert dans les eaux du golfe de Naples, permit d'identifier en cet animal marin le chaînon manquant entre invertébrés et vertébrés — un apport majeur à la formulation de la théorie de l'évolution de Darwin.
Il convient également de mentionner l'école de médecine napolitaine, dont le plus illustre représentant futDomenico Cotugno. Recteur de l'université de Naples, il se distingua par d'importantes découvertes en neurologie, obtenues grâce à la méthode de ladissection. Enfin, la ville est aussi liée à l'origine de l'anatomie comparée :Marco Aurelio Severino fut l'auteur de laZootomia democritea, le tout premier traité général au monde en la matière[209].
Représentation du festival de Piedigrotta en 1813.
La richesse culturelle de Naples se reflète aussi dans la salve de festivals qui ponctuent le calendrier de la ville. Voici une liste de quelques-uns des festivals les plus notables :
Festival de Piedigrotta - un événement musical généralement organisé en septembre, en l'honneur de la célèbre Madone de Piedigrotta. Tout au long du mois, des ateliers musicaux, concerts, événements religieux et activités pour enfants sont proposés pour divertir les Napolitains[210] ;
Pizzafest - Naples étant réputée pour être le berceau de la pizza, la ville organise un festival de onze jours consacré à ce plat emblématique. Cet événement attire autant les Napolitains que les touristes, et de nombreux stands proposent une vaste gamme de pizzas napolitaines authentiques à déguster. En plus des dégustations, des spectacles et animations variés sont proposés[211] ;
Il Ritorno della festa di San Gennaro (Le Retour de la fête de Saint Janvier) - une célébration annuelle et une fête religieuse de trois jours en l'honneur desaint Janvier. Le festival comprend des parades, des processions religieuses et des animations musicales. Une célébration similaire est également organisée chaque année dans le quartier deLittle Italy à Manhattan[213] ;
Napoli Comicon - foire internationale dédiée à la bande dessinée et au divertissement ;
NauticSud - salon international de sport nautique ;
Prix Napoli - prix littéraire décerné chaque année à Naples depuis 1954 ;
Napoli Film Festival - festival de cinéma actif depuis 1997.
Lalangue napolitaine (napulitano),langue néolatine du groupeitalo-romanméridional, est principalement parlée dans la ville de Naples ainsi que dans la région de laCampanie. Elle s'est également diffusée dans d'autres parties dusud de l'Italie ainsi que dans de nombreuses régions du monde en raison des migrations napolitaines. Le 14 octobre 2008, une loi régionale a été adoptée en Campanie pour protéger l'usage de la langue napolitaine[214].
Parmi les auteurs de langue napolitaine, on se souvient deGiulio Cesare Cortese (Vaiasseide) et Giambattista Basile (Lo cunto de li cunti), rendu célèbre par la traduction de Benedetto Croce[218].
Le terme « napolitain » est souvent utilisé pour désigner la langue parlée dans toute laCampanie (à l'exception duCilento) et est parfois appliqué à l'ensemble deslangues du centre-sud de l'Italie.Ethnologue désigne ce groupe linguistique sous le nom deNapoletano-Calabrese[219]. Ce groupe linguistique est répandu dans la majeure partie du sud de l'Italie continentale, à savoir les alentours deGaète et deSora dans le sud duLatium, le sud desMarches et desAbruzzes, leMolise, laBasilicate, le nord de laCalabre et desPouilles.
En 1976, on estimait à 7 047 399 le nombre delocuteurs natifs de ce groupe dialectal.
La ville est reconnue comme le berceau de lapizza[221]. À l'origine un plat simple destiné aux classes populaires, la pizza a gagné en popularité auprès de l'aristocratie sous le règne deFerdinand IV. La célèbrepizza margherita doit son nom à la reineMarguerite de Savoie qui en a dégusté une lors de sa visite de la ville. La pizza napolitaine est traditionnellement cuite dans des fours à feu de bois et, depuis 2004, sa préparation est soumise à des règles strictes. Ses ingrédients authentiques sont : de la farine de blé, de l'eau minérale, des tomates pelées ou destomates cerises fraîches, de lamozzarella, dusel de mer et de l'huile d'olive extra vierge[222].
Le nom de Naples est également pour certains synonyme despaghetti agrémentés depalourdes (spaghetti alle vongole) ou d'autres fruits de mer. La proximité maritime se reflète dans une grande variété de plats locaux à base de produits de la mer, tels que : l'impepata di cozze (moules pimentées), lepurpetiello affogato (poulpe poché dans un bouillon), lesalici marinate (anchois marinés), lebaccalà alla napoletana et lebaccalà fritto (plats demorue populaires à Noël). Parmi les autres plats napolitains emblématiques, on trouve laparmigiana di melanzane et lecasatiello (gâteau salé traditionnellement consommé à Pâques)[223].
La gastronomie napolitaine compte également une variété de desserts renommés : leszeppole, lebabà (gâteau imbibé de rhum), lessfogliatelle (viennoiserie en forme de coquille, garnie de ricotta), lapastiera (tarte sucrée à base de ricotta et de blé, traditionnellement préparée pour Pâques[224]) ou encore lesstruffoli (boules de pâte enrobées demiel, consommées à Noël). La ville est également renommée pour songelato, uneglace aux saveurs fruitées, et sa culture du café. Lacuccuma oucuccumella,cafetière napolitaine, a précédé l'invention de lamachine à expresso et a inspiré celle de laMoka (dite cafetière italienne).
↑GiuseppeGalasso, « Carlo I d'Angiò e la scelta di Napoli come capitale »,Publications de l'École Française de Rome,vol. 245,no 1,,p. 339–360(lire en ligne, consulté le)
↑André-Alain Morello,« Pluie de feu et fleuves de sang : la Méditerranée rouge de Curzio Malaparte », dans Paul Carmignani, Jean-Yves Laurichesse, Joël Thomas,La Méditerranée à feu et à sang : Poétique du récit de guerre, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan,(ISBN9782354123970,lire en ligne),p. 253-267.
↑FrancescoHarvard University,Della città di Napoli dal tempo della sua fondazione sino al presente : memorie storiche, Napoli : Stamperia e calcografia,(lire en ligne)
Sébastien Allard, Sylvain Bellenger et Charlotte Chastel-Rousseau,Naples à Paris : Le Louvre invite le musée de Capodimonte, Gallimard,, 320 p.(ISBN978-2073013088).