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Négationnisme

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Pour les articles homonymes, voirNégationnisme (homonymie).

Étagère chargée de différents ouvrages négationnistes.

Lenégationnisme est au sens strict lanégation de l'existence de la Shoah. Au sens large, le négationnisme désigne undéni de certainsgénocides ou crimes majeurs, malgré la présence de preuves flagrantes rapportées par les historiens.

Le terme est créé en 1987 par l'historienHenry Rousso pour désigner la contestation de la réalité dugénocide mis en œuvre contre lesJuifs par l'Allemagne nazie pendant laSeconde Guerre mondiale, c'est-à-dire lanégation de la Shoah. Le négationnisme consiste ainsi à prétendre, soit qu'il n'y a pas eu d'intention d'exterminer les Juifs, soit que les moyens de réaliser cetteextermination, notamment leschambres à gazdestinées à donner la mort, n'ont pas existé.

Par la suite, le négationnisme désigne la contestation ou la minimisation descrimes contre l'humanité condamnés par letribunal de Nuremberg, puis par extension la contestation ou la minimisation d'autres faits historiques qu'on pourrait aussi qualifier de crimes contre l'humanité, tels que legénocide arménien perpétré par le gouvernementJeunes-Turcs de l'Empire ottoman pendant laPremière Guerre mondiale, leHolodomor ukrainien par l'URSS (le caractère intentionnel de cette famine est cependant remis en question par de nombreux historiens), lemassacre de Nankin par l'armée impériale japonaise, legénocide des Tutsi au Rwanda, lescrimes du régime khmer rouge auCambodge, ou encore lelaogai deChine.

Bien que le spectre des épisodes visés par les négationnistes soit large, des traits communs se retrouvent dans leurs négations respectives[1], et notamment l'emploi de laméthode hypercritique dans l'analyse des sources et des témoignages[2] ainsi que lessophismes suivants[3] :

  • tels détails ne sont pas clairs ou sont contradictoires, donc toute l'explication est fausse, donc les preuves avancées pour cette explication sont en fait des réfutations sophistiques ;
  • l'absence depreuves vaut preuve de l'absence des faits invoqués.

Les négationnistes se revendiquent souvent du « révisionnisme historique », courant d'opinion selon lequel l'approche adoptée par les historiens, qui consiste à vérifier et recroiser le maximum d'archives primaires et de traces matérielles conservées, à considérer avec scepticisme les sources et à remettre les faits en perspective dans leurs contextes de l'époque, ne serait pas objective et contribuerait à véhiculer une « histoire officielle » partisane. Selon les « révisionnistes », il faudrait « revisiter l'histoire » en sortant de cette approche, en prenant davantage en considération les points de vue devenus minoritaires ou réfutés par les chercheurs en histoire et en n'écartant pas d'office les sources secondairespropagandistiques qui auraient leur « part de vérité ». C'est pourquoi le terme « révisionnisme » est polémique et fréquemment utilisé comme synonyme de négationnisme, en particulier en français[4].

Cas des génocides perpétrés par les nazis

Article détaillé :Négation de la Shoah.

Le, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté par consensus une résolution condamnant la négation du génocide des Juifs par l'Allemagne nazie pendant laSeconde Guerre mondiale[5].

Qu'elle concerne les crimes des nazis ou d'autres, la démarche négationniste a ceci de particulier qu'elle use d'une méthodologie partiale et malhonnête, opérant la sélection, la dissimulation, le détournement ou la destruction d'informations corroborant l'existence du crime (voire lacréation de fausses preuves « impliquant » l'inexistence des évènements passés). On peut légitimement parler de négationnisme lorsque de telles méthodes sont employées, lorsque les faits contestés ont été indubitablement établis et lorsque les motivations ne sont pas exclusivement la recherche des faits historiques mais la volonté de promouvoir une idéologie, une croyance ou une mémoire collective magnifiée, en l'exonérant des crimes commis en son nom (par exemple leracisme, lecommunisme, lepanturquisme, l'antisémitisme, l'intégrisme religieux…).

Négationnisme et révisionnisme

La notion de négationnisme est fondamentalement à distinguer de celle durévisionnisme.

Le terme « négationnisme » a été créé par l’historienHenry Rousso en 1987[6]. Son utilité est de désigner correctement la démarche de falsification historique comme celle deRobert Faurisson ou d'Henri Roques, qui se qualifient eux-mêmes indûment de « révisionnistes ». Selon les termes d'Henri Rousso, lors de son témoignage au procès intenté par Robert Faurisson enversRobert Badinter en 2007, « il fallait distinguer ce qui me paraît être la démarche normale d'un historien — la remise en cause permanente d'un certain nombre d'interprétations — de la négation pure et simple d'un certain nombre de faits établis »[7].

Il s'agit donc principalement de dénoncer les méthodes employées par les négationnistes : contre-vérités, falsifications, discrédit jeté sur les témoins[8].

Le négationnisme vient en parfaite contradiction des évènements qui se sont effectivement déroulés, alors que le révisionnisme essaye de réinterpréter ou de remettre en perspective des faits, en accord avec les données objectives, sans opérer de sélection dans celles-ci.

Motivations

Motivations principales

Les motivations des négationnistes peuvent être diverses. Dans le cas de lanégation du génocide juif commis par les nazis, elles apparaissent être principalement l'antisémitisme et la volonté de défendre — en niant la réalité des faits — le régime nazi et ses collaborateurs (comme lerégime de Vichy enFrance). Mais il existe aussi un négationnisme issu de l'« ultragauche » (comme celui du groupe françaisLa Vieille Taupe fondé parPierre Guillaume) qui visait initialement à défaire la pensée politique du consensus de l'antifascisme jugé préjudiciable à la possibilité de la révolution. Ce groupe très minoritaire[9] est, de fait, conduit à se tourner vers l'extrême droite négationniste[10].

La négation d’un génocide ou d'un crime contre l'humanité (Shoah,Porajmos,génocide arménien,Goulag,crimes desKhmers rouges,Laogai ougénocide des Tutsis par exemple) vise notamment,de facto, à obtenir unnon-lieu pour ce qui est admis comme un crime, et à retirer aux victimes leurdroit de mémoire et tout droit à des réparations (en l’absence de crime il n’y a plus ni criminels ni victimes). Le négationnisme peut ainsi servir à protéger les auteurs d'un génocide, leurs complices et leurs héritiers idéologiques.

Les thèses négationnistes reposent le plus souvent sur des faits maquillés (destruction d'archives ou defosses communes par exemple), et sur la contestation ou l'omission délibérée des éléments à charge. Ces thèses peuvent être le fait d'extrémistes (néo-nazis oufanatiques religieux par exemple), de faussaires (protochronistes par exemple) mais parfois aussi d'auteurs qui se présentent comme des « historiens » qui emploient laméthode hypercritique pour déclarer que les preuves sont insuffisantes.

Aussi le négationnisme est-il, pour le philosopheAndré Jacob, une « subversion dudoute cartésien » consistant à « profiter, sous l'égide de quelque pulsion inavouée, de l'éloignement temporel des événements pour manipuler et en fairedouter »[11].Pierre-André Taguieff, analysant lecomplotisme contemporain, relève pour sa part à propos de la « tentation du relativisme radical, impliquant le règne du doute sans limites », qu'à cet égard, « lenégationnisme n'est qu'un miroir grossissant d'un phénomène affectant l'ensemble des sciences historiques et sociales »[12].

Boris Cyrulnik définit le négationnisme comme un message adressé aux survivants :« Crevez, votre souffrance nous importune »[13].

Passé et présent

Le négationnisme vise des objectifs politiques, en se référant au passé pour agir sur le terrain des conflits du présent, pourBernard-Henri Lévy. Ainsi, selon lui, lanégation de la Shoah constitue l’un des fondements dunouvel antisémitisme, basé sur l’« accusation d’inventer, aggraver ou, simplement exploiter l’hypothétique souffrance des siens »[14] afin de promouvoir lesionisme. La négation de la Shoah vise, le plus souvent, à faire pression sur leconflit israélo-palestinien, et à délégitimer l'État d'Israël, selon Lévy, en mettant en jeu l’idée que « les juifs seraient des profiteurs, non de guerre, mais de la Shoah, et n’entretiendraient leur obsession mémorielle que dans le but de couvrir leurs propres crimes »[14].

Exemples de faits historiques objets du négationnisme

La Shoah

Article détaillé :Négation de la Shoah.
Graffiti sur le mémorial de l'Holocauste du peuple juif àMontevideo (Uruguay) se voulant rétablir « la vérité » en précisant une utilisation duZyklon B commedésinfectant pour éradiquer letyphus et réduisant le nombre des Juifs « seulement morts du typhus » à 300 000 (photographie de 2017)

La négation de laShoah est à l'origine du terme même de négationnisme.

Déjà responsable d'une oppression violente et mortifère, le régimenazi a procédé entre août 1941 et début 1945 à uneextermination devenue systématique desJuifs européens, en commençant par destueries en masse dans les territoires soviétiques envahis, d'abord parfusillades ou encore déportations dans descamps de concentration, puis diverses actions degazage : camions de gazage, puis envoi dans des camps pourvus dechambres à gaz. En 1942, s'ajoutent les déportations de l'Europe occidentale. Très peu de temps avant la libération du camp d'Auschwitz par l'Armée rouge, les déportés en étaient évacués par desmarches de la mort, comme l'avaient été et le seront de multiples camps. Les historiens s'accordent pour dire qu'entre 5 et 6 millions de Juifs européens sont morts dans legénocide, en comptant les morts dans lesghettos, les camps, les exécutions directes.

Ledéni de la réalité matérielle de cette extermination est apparu après la guerre en Europe et aux États-Unis, porté par des personnes et des groupes marginaux désorganisés, puis s'est déployé dans des partis politiques et des publications principalement d'extrême droite dans diverses parties du monde, en particulier auMoyen-Orient où il intègre parfois la doctrine de forces politiques et religieuses de premier plan. Cette entreprise d'apparence et de prétention scientifique est intrinsèquementantisémite etconspirationniste puisqu'elle présente lesJuifs non comme des victimes mais comme des génies criminels, inventeurs d'une odieuserumeur de génocide qui leur aurait permis d'exercer, au détriment de plusieurs nations, unchantage pour percevoir des compensations financières et légitimer lacréation de l'État d'Israël[15]. En particulier, la négation de l'existence deschambres à gaz, devenues un symbole du crimenazi et de son caractère massif et industriel, est un aspect et un moyen d'une tentative de réhabilitation du nazisme. Afin de faire passer pour la conclusion d'une étude ce qui est en réalité un présupposé délirant, l'abondante anti-histoire des négationnistes (telsRobert Faurisson,David Irving ou encoreErnst Zündel) use de tous les subterfuges : fabulation,hypercritique, ergotage, dissimulation des preuves, sélection et falsification de témoignages, etc.[16].

Génocide arménien

Article détaillé :Négation du génocide arménien.

Entre avril1915 et juillet1916 ont été méthodiquement massacrés les deux tiers de lapopulation arménienne de l'Empire ottoman par le gouvernementJeune-Turc.Ce génocide a fait près de 1 500 000 morts.

L'État turc admet l'existence d'un « déplacement » des Arméniens et la mort d'une partie d'entre eux, mais réduit beaucoup le nombre des victimes, conteste voire condamne l'utilisation du terme « génocide » et tait le caractère génocidaire des évènements. Officiellement, les responsables Jeunes-Turcs ont déjà été jugés par lesCours martiales turques de 1919-1920 et ce désastre appartient à la longue liste des « massacres » qui émaillent l'histoire de l'humanité. Ladiplomatie turque mène un important travail delobbying pour faire valoir sa vision des faits.

Guerre de Sécession américaine et Lost Cause

Article détaillé :Cause perdue des États confédérés d'Amérique.

La « Cause Perdue » est une théorie négationniste américaine qui tente de minimiser voire de nier le rôle central de l'esclavagisme dans le déclenchement et l'issue de laguerre de sécession (1861-1865), pour dédouaner leSud et ses principaux chefs de motivations principalement esclavagistes.

Crimes communistes

Pendant toute laGuerre froide, l'existence même duGoulag et de l'Holodomor ainsi que le fait que l'URSS soit l'auteur dumassacre de Katyń ont été niés par les gouvernements des pays dubloc de l'Est et par la presse communiste internationale, y compris des historiens universitaires reconnus et par des journalistes et polémistes commeLouis Aragon,Jean Bruhat,Jean Bruller,Pierre Courtade,Pierre Daix,Roger Garaudy,Fernand Grenier,Jacques Jurquet,Louis Martin-Chauffier,Claude Morgan, ouAndré Wurmser ; le même phénomène a existé dans le mouvementmaoïste concernant leLaogai (« Goulag chinois »). De même pour laDécosaquisation. Quant aux témoins, telsMargarete Buber-Neumann, (auteur et survivante aux camps du Goulag en Union soviétique et auxcamps de concentration nazis),Jacques Rossi,David Rousset,Boris Souvarine,Alexandre Soljenitsyne ouJean Pasqualini (auteur dePrisonnier de Mao. Sept ans dans un camp de travail en Chine), ils étaient considérés par les négationnistes comme des affabulateurs mus par un « anticommunisme viscéral » ou des agents d'influence de laCIA. Pendant les années 1930,Walter Duranty, correspondant duNew York Times àMoscou etprix Pulitzer en 1932, nie l'existence de lafamine ukrainienne de 1932-1933 et contredit avec véhémence les témoignages d'autres journalistes commeMalcolm Muggeridge ouGareth Jones[17].Jacques Jurquet nie en outre legénocide desKhmers rouges[18].

Ce n'est qu'à partir de laGlasnost (1989) que les archives ont commencé à s'ouvrir, que les gouvernements concernés ont reconnu ces crimes, et que journalistes et historiens « sympathisants » ont cessé de les nier (tout en continuant, pour certains, à les relativiser)[19]. En 1990, un éditorial deKarl E. Meyer (en) dans leNew York Times reconnaît que Walter Duranty fut l'auteur de« quelques-uns des pires reportages jamais parus dans ce journal »[20].

Crimes de guerre japonais

Article détaillé :Révisionnisme au Japon.

LaChine, laCorée du Sud et lesPhilippines dénoncent régulièrement les tentatives de ladroite nationaliste japonaise de nier lescrimes de guerre perpétrés sur le continent asiatique par l'armée impériale japonaise au cours de l'expansion de l'empire japonais.

Le massacre perpétré par l'armée impériale japonaise àNankin lors de l'invasion de la Chine, l'esclavage sexuel imposé à des civiles et lesexpérimentations menées sur des humains par desunités de recherche bactériologiques constituent notamment des épisodes de cette histoire longtemps occultée pour des raisons politiques. Dans le cadre de laGuerre froide, le gouvernement des États-Unis, par exemple, n'a pas voulu s'aliéner son allié japonais et nombre de criminels ont été exonérés de poursuites devant leTribunal de Tokyo.

La visite annuelle de l'ancien premier ministre japonais,Jun'ichirō Koizumi, au sanctuaire deYasukuni-jinja, où sont honorés certains criminels de guerre, a fait l'objet de protestations régulières, de même que les déclarations deShinzō Abe sur l'implication durégime shôwa dans l'enlèvement desfemmes de réconfort.

En1990, le maire deNagasaki, Motoshima Hitoshi, a été victime d'une tentative d'assassinat pour avoir soulevé la question de la responsabilité de l'empereurHirohito dans laSeconde Guerre mondiale.

Massacre de Srebrenica

Pour nier le massacre, des cerclesultranationalistesserbes et leurs relais dans l'extrême droite européenne minimisent le nombre des victimes, contestent la légitimité duTribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et rejettent les responsabilités sur de supposés « impérialistes occidentaux », voire sur les victimes elles-mêmes[21],[22].

Lemassacre de Srebrenica possède les caractéristiques des procédés génocidaires, il est souvent simplement qualifié degénocide par les médias et des associations desdroits de l'homme depuis que le Tribunal pénal international et laCour internationale de justice le conçoivent juridiquement comme tel[23],[24]. Certains historiens ou humanitaires, telsYves Ternon ouRony Brauman, contestent cette qualification, mais leurs arguments ne sont pas négationnistes[25].

Génocide des Tutsi au Rwanda

Article détaillé :Négation du génocide des Tutsi au Rwanda.

La théorie du « double génocide » a pour but de transformer le génocide desTutsi en unmassacre « inter-ethnique » pour disculper legouvernement intérimaire rwandais de 1994, dont les deux tiers des membres ont été poursuivis par leTribunal pénal international pour le Rwanda. Elle a aussi pour objectif de « disculper » lesautorités occidentales accusées de l'avoir soutenu passivement ou activement. Ce négationnisme, très répandu dans lafrancophonie, est souvent exprimé par le pluriel :les génocides auRwanda. Cette expression a été utilisée notamment en France parFrançois Mitterrand dans la version écrite de son discours à Biarritz du 8 novembre 1994[26],[27].

Le mythe du complothamite repose sur des documents de même nature queLes Protocoles des Sages de Sion. Il servit de justificatif augénocide des Tutsi au Rwanda. Il s'agit de la systématisation des spéculations des premiers colonisateurs de la région qui voyaient chez lesTutsi du Rwanda et du Burundi des descendants des hamites ayant émigré auRwanda plusieurs siècles auparavant[28].

Négationnisme colonial

La colonisation de l'Algérie par la France est accompagnée par des discours affirmant qu'il s'agit d'une région sans histoire propre[29].

Traites négrières

Les attitudes négationnistes concernant latraite des esclaves originaires d'Afrique subsaharienne par des Européens duXVIe au XVIIIe siècle sont de plus en plus rares compte tenu de l'abondance des preuves historiques et de l'évolution des idées. En revanche les traites négrières réalisées duMoyen Âge auxTemps Modernes sous des responsabilités non européennes ou partagées entre Européens et non-Européens sont encore souvent niées ou du moins fortement minimisées. Pour justifier ce négationnisme, l'argument le plus souvent invoqué est la crainte qu'une trop large publicité sur les activités esclavagistes non européennes ne relativise les responsabilités européennes.

Démarches et méthodes du négationnisme

Il existe uneméthodologie générale de la négation, qui emprunte tantôt à une démarche historique (révisionnisme historique) dévoyée, mais aussi à des procédésrhétoriques.

Argument de la rétro-analyse

Les événements les plus susceptibles de remise en cause négationniste semblent être des événements au fort contenuémotionnel. Cela permet au négationnisme d'arguer que l'affectivité serait à l'origine des différents témoignages sur les événements.

On pourra ainsi prétendre, sans aucune démonstration, que les chambres à gaz ne sont que des constructions postérieures à la guerre érigées pour accréditer la thèse de la Shoah et diaboliser l’Allemagne nazie. Les différents témoins seront de fait, présentés comme autant d’agents manipulateurs (stipendiés par leKGB, laCIA, laDGSE, par exemple).

Cette inversion de la charge de la preuve implique de gonfler un événement réel ou de créer un événement imaginaire (théorie d'un « complot juif international »,théorie du complot prémédité, de la part de la victime ou d’une tierce partie ayant intérêt au déclenchement des hostilités).

Neutralisation des témoins

Le silence sur les événements par tous les moyens, la neutralisation (de la ridiculisation à l'élimination) des personnes qui affirment l'existence de génocides sont des constantes de ce type de démarche.

Utilisation des médias

Les négationnistes, selonPierre Vidal-Naquet, exploitent l'ignorance des journalistes. Vidal-Naquet cite la description que faitMarshall Sahlins (New York Review of Books du) de cette manipulation :

« Le livre d'Arens suit un modèle traditionnel des entreprises journalistico-scientifiques en Amérique : le professeur X émet quelque théorie monstrueuse - par exemple : les nazis n'ont pas véritablement tué les Juifs ; ou encore : la civilisation humaine vient d'une autre planète ; ou enfin : le cannibalisme n'existe pas. Comme les faits plaident contre lui, l'argument principal de X consiste à exprimer, sur le ton le plus élevé qui soit, son propre mépris pour toutes les preuves qui parlent contre lui […]. Tout cela provoque Y ou Z à publier une mise au point telle que celle-ci. X devient désormais le très discuté professeur X et son livre reçoit des comptes rendus respectueux écrits par des non-spécialistes dansTime,Newsweek et leNew Yorker. Puis s'ouvrent la radio, la télévision et les colonnes de la presse quotidienne. »

Paul Rateau

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DansLa vérité, le mensonge et la loi[30], Paul Rateau a montré les dangers que représente l’admission — au nom de la liberté d’expression — du négationnisme dans l’espace public. D’une part, parce que le négationnisme ne procède pas de l’ignorance ou d’une méprise de celui qui le défend, mais d’une intention délibérée de falsifier les faits. Il n’est donc pas une erreur, mais une tromperie. D’autre part, parce qu'admettre la diffusion d’idées négationnistes tend à présenter celles-ci comme des « opinions » recevables et respectables comme n’importe quelles autres, au nom de la liberté d’opinion et d’expression. Le « négationniste » y gagne en respectabilité et parvient ainsi à se placer au même niveau que l’historien et le savant, au préjudice de la vérité ramenée elle-même à une simple opinion. Pour P. Rateau, la falsification historique ne peut pas avoir sa place dans le débat public, car, écrit-il, le mensonge qu’elle défend « n’est tout simplement pas une opinion, ni une interprétation sur laquelle on serait amené à donner son avis, mais une fraude dont le but est de transformer le monde ». Le mensonge devient « délictuel lorsqu’il offense, diffame, voire menace l’ordre public en incitant à la haine. C’est à ce titre qu’une loi doit le sanctionner, et non parce qu’il s’agirait d’une opinion fausse ou d’une erreur (ce que, encore une fois, il n’est pas) ». La loi diteloi Gayssot du 13 juillet 1990 visant à interdire le négationnisme ne fixe, selon P. Rateau, aucune vérité « officielle » ou « d’État ». Par cette loi, l’État ne se prononce pas sur l’histoire, sur le fait lui-même. Il ne dit pas ce qu’il faut en penser ni comment l’interpréter. C’est la contestation publique de sa réalité qu’il condamne. Ainsi, conclut P. Rateau, « la loi ne soumet pas la politique à la vérité, ni la vérité à la politique ». Elle empêche simplement la confusion entre lesvéritésfactuelles établies par la recherche historique (c’est-à-dire par une instance indépendante de l’État), lesmensonges visant à manipuler et à tromper, et lesopinions, objet seul de débats et de discussions dans l’espace public.

Incrimination pénale

Article détaillé :Loi Gayssot.

La négation du génocide perpétré par l'Allemagne nazie et par ses satellites (y compris lerégime de Vichy) contre les Juifs est réprimée pénalement dans les pays suivants :

Aux États-Unis, lepremier amendement à la Constitution, qui interdit de légiférer sur le droit de s'exprimer, empêche le vote d'une loi pénale punissant le négationnisme. En Europe, l'article 10 de laConvention européenne des droits de l'homme garantit la liberté d'expression, alors que l'article 17 interdit d'abuser du droit[32]. LaCour européenne des droits de l'homme, s'appuyant sur ces deux articles, a conforté l'utilisation de la loi française du 13 juillet 1990 diteloi Gayssot pour poursuivre et condamner des auteurs de publications négationnistes[33]. En France, laCour de cassation et laCour d'appel de Paris ont jugé que la liberté d'expression pouvait légitimement être restreinte pour des motifs de protection de l'ordre public, de la morale et des intérêts des victimes du nazisme[34].

Notes et références

  1. Richard G. Hovannisian, « « L'Hydre à quatre têtes du négationnisme : Négation, rationalisation, relativisation, banalisation »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) »,inCDCA,Actualité du génocide des Arméniens, préface deJack Lang, Paris, Edipol, 1999. Disponible en ligne sur le site imprescriptible.org.
  2. François Bédarida,Histoire, critique et responsabilité, Complexe, 2003, 357 p.(ISBN 9782870279823),p. 291 et Jean-Christophe Prochasson, « Témoignages et expériences. Les usages du vrai et du faux de Jean-Norton Cru à Paul Rassinier », dans Christophe Prochasson, Anne Rasmussen,Vrai et faux dans la Grande guerre, La Découverte, 2010(ISBN 9782707155597),p. 302-326.
  3. Voir par exemple dans le cas deRobert Faurisson, Barbara Lefebvre, Sophie Ferhadjian,Comprendre les génocides du20e siècle : comparer-enseigner, Bréal, 2007, 319 p.(ISBN 9782749521411),p. 157.
  4. Enzo Traverso,Le passé, modes d'emploi,[1], La Fabrique, 2005, page de conclusion.
  5. L’Assemblée générale réitère sa condamnation de tout déni de l’holocauste dans un texte qui compte 103 coauteurs sur 192 États membres, communiqué de presse n° AG/10569, Nations Unies, 26 janvier 2007
  6. Henri Rousso,Le syndrome de Vichy, ed. du seuil, 1987,2e édition 1990,p. 176-183
  7. Propos reproduits dansBernardJouanneau,La Justice et l'Histoire face au négationnisme. Au cœur d'un procès : dossier composé par Bernard Jouanneau, avant-propos de Robert Badinter, Paris,Fayard,, 396 p.(ISBN 978-2-213-63558-3),p. 118.
  8. Ainsi, en réponse à la demande du militant trotskisteDavid Rousset d'une commission d'enquête sur l'existence de camps de concentration enURSS,Pierre Daix rédige un article : « Pierre Daix, matricule 59 807 à Mauthausen », paru dansles Lettres françaises, niant l'existence duGoulag. Plus tard, Pierre Daix a reconnu avoir eu tort - voir à ce sujet l'ouvrage deTzvetan Todorov, « Mémoire du mal, tentation du bien. Enquête sur le siècle », Robert Laffont, 2000 et aussi Frédéric Verger, « Les Lumières et le goulag » dans laRevue des deux Mondes,no 1, janvier 2011,p. 133.
  9. Cf. Valérie Igounet,op. cit.,p. 23
  10. Dérive dénoncée par François Cerruti, ancien de laVieille Taupe, adressée àJacques Baynac, où il évoque« la dérive vers l'extrême-droite d'une tendance comme celle de Pierre Guillaume », cité par Valérie Igounet,op. cit.,p. 604
  11. André Jacob,En quête d'une philosophie pratique: De la morale à l'éthico-politique, L'Harmattan, 2007, 395 p.(ISBN 9782296036819) p. 357.
  12. Pierre-André Taguieff,Court traité de complotologie, Fayard, 2013, 440 p.(ISBN 9782755505344)[EPUB] emplacements 4334 et suiv. sur 9455.
  13. Boris Cyrulnik,Un merveilleux malheur, Odile Jacob, 1999,(ISBN 2-7381-0681-1), p. 141
  14. a etbBernard-Henri Lévy,L'Esprit du judaïsme, Grasset, 2016.
  15. Jean-Yves Camus,« Le négationnisme dans le monde occidental : un paravent pseudo-scientifique de l'antisémitisme », sur le site PHDN, 2008-2012.
  16. Bernard Comte, « Le génocide nazi et les négationnistes »,Historiens et Géographes,no 339, 1990, p. 141-150.Lire en ligne sur le site PHDN.
  17. Nicolas Werth, « Le journaliste face à la famine ukrainienne »,L'Histoire,‎,p. 95(lire en ligne)
  18. La fin du PCF : vers un néo-communisme?, L'AGE D'HOMME,, 276 p.(ISBN 2-8251-1799-4,lire en ligne)
  19. Boris Souvarine,Staline, Plon, Paris, 1935 etStéphane Courtois (dir.),Du passé faisons table rase, Robert Laffont,(ISBN 978-2221095003).
  20. (en) JacquesSteinberg, « Times Should Lose Pulitzer From 30’s, Consultant to Paper Says »,The New York Times,‎(lire en ligne, consulté le).
  21. Conspiracy WatchLe procès Karadzic et la théorie du complot sur Srebrenica, 10 mars 2012.
  22. MRAPFédération de Seine Saint Denis - Commémoration du génocide de Srebrenica
  23. Theodor Meron, « Address by ICTY President Theodor Meron, at Potocari Memorial Cemetery »,(consulté le) :« By seeking to eliminate a part of the Bosnian Muslims [Bosniaks], the Bosnian Serb forces committed genocide. They targeted for extinction the forty thousand Bosnian Muslims living in Srebrenica, a group which was emblematic of the Bosnian Muslims in general. They stripped all the male Muslim prisoners, military and civilian, elderly and young, of their personal belongings and identification, and deliberately and methodically killed them solely on the basis of their identity »
  24. « The Application of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide (Bosnia and Herzegovina v. Serbia and Montenegro), case 91 »,(consulté le) :« The Court concludes that the acts committed at Srebrenica falling within Article II(a) and(b) of the Convention were committed with the specific intent to destroy in part the group of the Muslims of Bosnia and Herzegovina as such; and accordingly that these were acts of genocide, committed by members of the VRS in and around Srebrenica from about 13 July 1995 »,p. 108, paragraphe 297
  25. Bastié, EugénieLe massacre de Srebrenica est-il un «génocide» ?Le Figaro, 11 juillet 2015.
  26. Discours de M. François Mitterrand, Président de la République, surla démocratisation de l'Afrique, la proposition de créer une force d'intervention interafricaine pour la prévention des conflits et l'organisation du développement et de la croissance du continent, Biarritz le 8 novembre 1994.
  27. La France a fait obstacle à la reconnaissance du génocide. Des dirigeants français ont tenté d’accréditer la thèse du « double génocide »
    Dans son livrel'inavouable, la France au Rwanda Patrick de Saint Exupéry, envoyé spécial du Figaro au Rwanda en 1994, prend prétexte de l'usage de cette expression par Dominique de Villepin pour l'emmener sur les traces de ce qu'il a vu au Rwanda, ce qui constitue la trame de son livre
    Voir également « Le Rwanda s'interroge sur le rôle de Paris dans le génocide» Le Figaro
  28. Alison Des Forges -Aucun témoin ne doit survivre,le génocide au Rwanda - Karthala.
    Pierre Péan a repris à son compte cette théorie dans son livreNoires Fureurs, blancs menteurs - Mille et une nuits
  29. ZehmiSaad, « Le rapport franco-algérien entre colonialité des savoirs et négationnisme historique. Le Manuel de langue française en témoignage »,Journal Almuqadimah des études humaines et sociales,vol. 07,no 02,‎,p. 575-590(ISSN 2602-5566,lire en ligne[PDF])
  30. Paul Rateau, « La vérité, le mensonge et la loi »,Les Temps modernes,nos 645-646,‎, p. 26-58(lire en ligne[PDF])
  31. La Presse. 8 avril 2022. La négation de la Shoah en voie d'être une infraction criminelle. En ligne. Page consultée le 2022-04-09
  32. Texte de la convention révisé en 2003
  33. Revue trimestrielle des droits de l'homme 2004. Article de Michel Levinet au sujet du recoursGaraudy vs France, décision du 24 juin 2003
  34. Cf. Cour de cassation 23 février 1993 et 9 octobre 1995, Cour d'appel de Paris 21 mai 1992.

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