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Musaraigne

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Musaraigne
Nom vulgaire ounom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Musaraigne » s'applique enfrançais à plusieurstaxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-après
Blarina brevicauda,Sorex araneus,
Crocidura russula,Suncus etruscus.

Taxons concernés

Dans la famille desSoricidae :

  • dans la plupart des genres

Dans la famille desTenrecidae :

Dans la famille desTalpidae :

Voir aussi la famille desMacroscelididae

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Musaraigne est unnom vernaculaire ambigu enfrançais, pouvant désigner plusieursespèces différentes de petitsmammifèresinsectivores, généralement gris-brun à museau pointu.

La masse d'une musaraigne varie de six à quatorze grammes environ. Elle mesure moins de dix centimètres (hors queue, d'au moins 4 cm)[1].

EnFrance, les naturalistes n'ont décrit qu'une seule espèce de musaraigne jusqu'au milieu duXVIIIe siècle. Historiquement, on appelait « musaraigne » la seule Musaraigne carrelet (Sorex araneus). En 1756, est identifiée une Musaraigne d'eau (Neomys fodiens). Puis le nom s'est étendu aux représentants dugenreSorex, qui regroupe les musaraignes « vraies ». De nos jours, ce mot désigne de nombreuses espèces la plupartexotiques[pas clair].

Globalement, les musaraignes sont classées dans lasous-famille desSoricinae, ou du moins dans lafamille desSoricidés, mais certains membres de ce dernier groupe sont appelés aussimusettes,crocidures,nectogales ou encorecrossopes. En revanche, quelques musaraignesmalgaches font partie du genreMicrogale, genre classé dans la famille desTenrecidés et lesMusaraignes-taupes font partie de la famille desTalpidés. LesMusaraignes à trompe sont classées dans unordre à part : lesMacroscelidés.

Outre leur mauvaise réputation, globalement infondée, les musaraignes ont fait l'objet de cultes antiques et sont présentes culturellement sous différents aspects.

Étymologie et histoire du mot

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Le terme provient demusaraneus, enlatin (mus-araneus, signifiant littéralement "souris-araignée"). Cet animal ressemblant à une souris doit, semble-t-il, son surnom à la croyance longtemps répandue que sa morsure étaitvenimeuse, comme celle de l'araignée[2],[3].

Le mot « musaraigne » remonte à 1552[4]. Auparavant on trouve mention des nomsmerisengne[5] oumesiraigne[6],[3].

En 1606,Jean Nicot dans leThresor de la langue françoyse tant ancienne que moderne associe clairement musaraigne à la seule espèceMus araneus (syn. actuelSorex araneus)[7].

Les naturalistes n'ont décrit qu'une seule espèce de musaraigne jusqu'en 1756, date à laquelleDaubenton identifie une musaraigne d'eau et en fait la description à L'Académie Royale de Sciences[8].

En 1762, leDictionnaire de L'Académie française,4e édition, associe le mot à deux espèces, celle des écuries et des basses-cours et « une autre espèce de musaraigne » amphibie. Un début de distinction entre les musaraignes terrestres et les musaraignes aquatiques. En 1832-1835, la6e édition ne fait plus de lien avec une espèce précise mais plutôt avec l'aspect extérieur de l'animal : son museau pointu distingue la musaraigne de la souris, mais la8e édition de 1932-1935 fait la distinction par ses mœurs de « mammifère carnassier, insectivore »[7].

D'aprèsÉmile Littré, auteur duDictionnaire de la Langue Française, laMusaraigne est définie ainsi[9]:

« Nom d'un genre de mammifères carnassiers insectivores, où l'on distingue la musaraigne commune, dite vulgairement musaraigne, musette, et au masculin, muset, sorex araneus, Linné ; musaraigne d'eau, sorex fodiens, Gmelin.

Étymologie, Lat. musaraneus, de mus, rat (comparez l'all. Maus, souris, et le sanscr. mush, dérober), et aranea, araignée ; wallon, miserette ; norm. mesirette ou miserette. »

À la fin duXXe siècle, leTrésor de la Langue Française (1971-1994) n'associe également plus aucuntaxon au mot musaraigne mais il ajoute à tous les caractères précédents « odeur forte», « mœurs nocturnes », « presque aveugle » et « habitant des trous... »[3].

Enanglais, la musaraigne se ditshrew mais ce terme ne recouvre pas exactement les mêmestaxons que ceux nommés ainsi en français.

Noms vernaculaires et noms scientifiques correspondants

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Grosse musaraigne grise sans oreilles
Grande musaraigne (Blarina brevicauda).
Musaraigne brune à ventre gris et museau très pointu
Musaraigne carrelet (Sorex araneus).
Musaraigne noire à ventre blanc
Musaraigne de Miller (Neomys anomalus).
Musaraigne brune à ventre blanc
Musaraigne bicolore (Crocidura leucodon).
Musaraigne brune à ventre gris
Musaraigne des jardins (Crocidura suaveolens).

Liste alphabétique denoms vernaculaires attestés[10] en français.
Note : certaines espèces ont plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, l'espèce la plus connue des francophones.

Nom vernaculaireAutre nom vernaculaireDénomination scientifique
Grande musaraigneBlarina brevicauda[11],[12]
Grande musaraigne du désertMegasorex gigas[12]
Grande musaraigne à queue courtevoirGrande musaraigne[12]
Musaraigne des ApenninsSorex samniticus[12]
Musaraigne des AppalachesSorex dispar[12]
Musaraigne aquatiqueNeomys sp., en généralNeomys fodiens[12]
Musaraigne des AlpesvoirMusaraigne alpine
Musaraigne alpineSorex alpinus[12],[13]
Musaraigne arctiqueSorex arcticus[12],[11],[14]
Musaraigne de BeaufortvoirMusaraigne cendrée[14]
Musaraigne de BendirevoirMusaraigne des marais[12],[14]
Musaraigne de Béringie (ancien)voirMusaraigne cendrée[14]
Musaraigne bicoloreCrocidura leucodon[12],[13]
Musaraigne carreletSorex araneus[12],[11],[13],[14]
Musaraigne cendréeSorex cinereus[12],[11],[14]
Musaraigne des champsvoirMusaraigne bicolore[12]
Musaraigne de CowanMicrogale cowani[12]
Musaraigne ciliéeMusaraigne aquatique[12]
Musaraigne communevoirMusaraigne carrelet[12],[14]
Musaraigne couronnéeSorex coronatus[12]
Musaraigne à dents blanchesCrocidurinaesp.[14]
Musaraigne du désertNotiosorex crawfordi[12]
Musaraigne de DobsonMicrogale dobsoni[12]
Musaraigne d’eauNeomys fodiens[12]
Musaraigne erranteSorex vagrans[12],[14]
Musaraigne d’Éthiopie Ce lien renvoie vers une page d'homonymie
Musaraigne étrusqueSuncus etruscus[12],[14]
Musaraigne de FlowerCrocidura floweri (en)[12]
Musaraigne fuligineuseSorex fumeus[12],[11],[14]
Musaraigne de GaspéSorex gaspensis[12],[11],[14]
Musaraigne de GaspésievoirMusaraigne de Gaspé
Musaraigne de HoySorex hoyi[14]
Musaraigne géanteCrocidura goliath (en)[12]
Musaraigne ibériqueSorex granarius[12]
Musaraigne italiennevoirMusaraigne des Apennins[12]
Musaraigne des jardinsCrocidura suaveolens[12],[13]
Musaraigne KulandarCrocidura lusitania (en)[12]
Musaraigne laponevoirMusaraigne masquée[12]
Musaraigne leucodevoirMusaraigne bicolore[12]
Musaraigne à longue queuevoirMusaraigne des Appalaches[12],[14]
Musaraigne longicaudevoirMusaraigne des Appalaches[12],[11],[14]
Musaraigne des maisonsSuncus murinus[12]
Musaraigne des maraisSorex bendirii (en)[12]
Musaraigne masquéeSorex caecutiens[12]
Musaraigne de MerriamSorex merriami (en)[14]
Musaraigne de MillerNeomys anomalus[12]
Musaraigne de MilletvoirMusaraigne couronnée[15]
Musaraigne minusculevoirMusaraigne naine[12]
Musaraigne des montagnesvoirMusaraigne alpine[12]
Musaraigne musetteCrocidura russula[12]
Musaraigne musquéeDesmana moschata[12]
Musaraigne naineSorex minutissimus[12]
Musaraigne nordiquevoirMusaraigne arctique[14]
Musaraigne palustreSorex palustris[12],[11],[14]
Musaraigne porte-ramevoirMusaraigne aquatique[12]
Musaraigne de PrebleSorex preblei (en)[14]
Musaraigne pygmée Ce lien renvoie vers une page d'homonymie
Musaraigne pygmée de ThompsonMicrosorex thompsoni[14]
Musaraigne de SikkimSoriculus nigrescens (en)[12]
Musaraigne sombreSorex monticolus (en)[12],[14]
Musaraigne des steppesSorex haydeni (en)[14]
Musaraigne de TalazacMicrogale talazaci (en)[12]
Musaraigne de TanzanieCrocidura usambarae (en)[12]
Musaraigne des TarfayaCrocidura tarfayensis (en)[12]
Musaraigne-taupeUropsilus soricipes[12]
Musaraigne de ThomasMicrogale thomasi (en)[12]
Musaraigne de toundraSorex tundrensis (en)[14]
Musaraigne de TrowbridgeSorex trowbridgii[14]
Musaraigne du ValaisSorex antinorii[4]
Musaraigne à visage pâleMicrogale fotsifotsy[12]
Musaraigne vulgairevoirMusaraigne carrelet[12]
Musaraigne de WitakerCrocidura whitakeri[12]
Petite musaraigneCryptotis parva[12]
Petite musaraigne à queue courtevoirPetite musaraigne[12]

Comme nom d'un groupe d'espèces :

Nom vernaculaireDénomination scientifique
MusaraigneSoricidae sp. (le plus souvent)[11]
MusaraignesSorex etSuncus sp.[12] ouSoricidae sp.[13]
Musaraignes d'AmériqueBlarina sp.[12]
Musaraignes à dents blanchesCrocidura sp.[12] et tous lesCrocidurinae
Musaraignes à dents rougesSoricinae sp.[13] et les espèces africaines :Myosoricinae sp.
Musaraignes du désertNotiosorex sp.[12]
Musaraignes pygmées Ce lien renvoie vers une page d'homonymie
Musaraignes-taupesUropsilus sp.[12]
Musaraignes à trompeMacroscelididae sp.[13]
Petites musaraignes à queue courteCryptotis sp.[12]

Le nom de « Musaraignes arboricoles » a été donné autrefois, sans doute à la suite d'une observation un peu rapide, aux espèces du genreTupaia qui ne sont pourtant pas des insectivores et présentent une longue queue touffue[16].

Les espèces présentes en France

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EnFrance on peut rencontrer les espèces suivantes (présentées sous forme de tableau triable)[4] :

Nom vernaculaireDénomination scientifique
Musaraigne alpineSorex alpinus
Musaraigne aquatiqueNeomys fodiens
Musaraigne bicoloreCrocidura leucodon
Musaraigne carreletSorex araneus
Musaraigne couronnéeSorex coronatus
Musaraigne étrusqueSuncus etruscus
Musaraigne des jardinsCrocidura suaveolens
Musaraigne de MillerNeomys anomalus
Musaraigne musetteCrocidura russula
Musaraigne pygméeSorex minutus
Musaraigne du ValaisSorex antinorii

Galerie de photo

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Musaraigne à taches.

Physiologie, comportement et écologie

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Les caractéristiques générales des musaraignes sont celles des petitsmammifèresinsectivores, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur comportement ou leur physiologie respective.

Caractéristiques

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Articles détaillés :Soricidae etMicrogale.

Description

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Les musaraignes ont un aspect assez proche dessouris avec leur pelage court, leurs pattes et leur queue presque nues. Elles se distinguent des souris par des yeux et des oreilles plus petits mais aussi et surtout par leur museau beaucoup plus pointu, mobile et doté de multiplesvibrisses. Il leur sert à fouiller le sol ou la vase à la recherche des proies vivantes dont elles se nourrissent, qu'elles dénichent en se fiant surtout à leurodorat. Certaines sont capables de repérer ainsi unver de terre à 12 cm de profondeur ou unacarien minuscule. Contrairement auxrongeurs, leur denture est définitive et s'use avec l'âge[17].

Ethologie

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Les mœurs des musaraignes sont également différentes. Elles chassent et s'activent en permanence, plus intensément encore la nuit. En cas de pénurie de nourriture ou de froid elles entrent en état de torpeur, un stade proche de l'hibernation mais alterné avec des périodes d'activité. Ce sont des proies faciles qui ont un cycle de vie très court et peu d'espèces atteignent plus de deux ans. Ces animaux perpétuellementstressés peuvent périr de peur : un excès d'hormones les empoisonne[17].

Mais il existe de grandes différences entre les espèces appelées musaraignes : certaines sont aquatiques, d'autres terrestres. Certaines ont les dents rouges, imprégnées defer, d'autres les ont blanches. Certaines sont minuscules :Suncus etruscus est le mammifère terrestre le plus léger au monde et pèse 2,5 grammes,Neomys anomalus est le plus petit des mammifères d’eau douce, mais d'autres sont beaucoup plus grandes :Blarina brevicauda pèse jusqu'à 28 g, soit environ dix fois plus.

Habitats

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Elle se répartissent un peu partout : montagnes, déserts, cours d'eau et jusque dans les jardins et les dépendances où elles éliminent un grand nombre d'insectes, vermisseaux, larves et autres petites proies vivantes[17].

Adaptations hors normes

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Des adaptations parfois uniques chez les mammifères ont été découvertes chez les musaraignes : certaines modifications physiologiques permettent à certaines espèces de survivre à des conditions de vie difficiles et d'occuper des niches écologiques particulières.

  • Les musaraignes les plus petites doivent avoir un métabolisme accru pour maintenir leur température : cœur plus musclé, ultra rapide et sang hyperoxygéné. AinsiSuncus etruscus a un cœur qui bat de 15 à 23 pulsations par seconde (soit environ 1 000 pulsations par minute), elle a24,2 mL d'oxygène pour100 mL de sang et doit manger deux fois son poids en nourriture par jour, ce qui en fait l'un des animaux les plus voraces[17],[18].
  • La musaraigneSorex araneus a une tête qui diminue significativement de taille en hiver quand la nourriture est rare. Sa masse corporelle diminue au cours de l'hiver et sa colonne vertébrale raccourcit, tout comme ses principaux organes (cœur, rate,poumons) ; son crâne lui-même diminue de taille (de 15 % par autolyse au niveau des zones de sutures semble-t-il) alors que la masse cérébrale qu'il abrite peut diminuer de 20 à 30 % les mois d'hiver[19]. Au printemps la taille de ces organes et le poids de la musaraigne réaugmentent, mais sans que le crâne par exemple ne retrouve tout à fait sa taille originale[19]. Une hypothèse est que ces changements ont une valeur adaptative, sans doute liée au métabolisme particulièrement rapide chez la musaraigne. Diminuer sa masse corporelle en hiver est un moyen efficace d'avoir besoin de bien moins de nourriture quand elle vient à manquer, ce qui expliquerait aussi l'importante fonte du cerveau (organe particulièrement consommateur de sucre et de nutriments)[19]. Ceci n'a été démontré qu'en 2016-2017. La musaraigne pygmée (Sorex minutus) et la musaraigne eurasienne (Neomys fodiens) sont aussi concernées par ce phénomène et selon quelques co-auteurs de l'étude il semble qu'au moins deux espèces de belettes connaissent aussi de telles modifications en hiver. Il est possible qu'il soit finalement plus commun qu'on ne le pense, mais qu'il n'ait jamais été remarqué[19].
  • Cæcotrophes : certaines musaraignes mangent leurs premières déjections, probablement pour assimiler au maximum lesnutriments qu'elles contiennent encore.
  • Certaines espèces cachent aussi des réserves de nourriture[17]. Une espèce plus proche destenrecs, laMusaraigne de Dobson (Microgale dobsoni) peut stocker de la graisse dans sa queue.
  • Les individus du genreScutisorex ont, quant à eux, unecolonne vertébrale renforcée qui résiste très longtemps à l'écrasement.
  • Lamusaraigne carrelet (Sorex araneus) n'a pas le même nombre dechromosomes chez le mâle et la femelle, ce qui semble unique chez les mammifères.
  • L'espèceSuncus varilla (en) a trouvé un logement tout fait et occupe volontiers lestermitières abandonnées tandis que les petits des genresCrocidura etSuncus se déplacent en file indienne derrière la femelle et s'agrippent fermement les uns aux autres en cas de danger[17]. On pense aussi que certaines musaraignes utilisent l'écholocation comme leschauves-souris.
  • Certaines espèces ont une salivetoxique qui leur sert à capturer des proies plus grosses, capacité très rare chez les mammifères ; sur près de 380 espèces, rien que chez les Soricidés, seules trois espèces sont venimeuses : laGrande musaraigne (Blarina brevicauda), présente uniquement sur le continentnord américain, et deux espèces sur les trois que compte le genreNeomys desmusaraignes aquatiques qui s'attaquent ainsi à despoissons et destritons. Si la Grande musaraigne a de quoi tuer 200 souris, sa morsure ne provoque en principe chez l'homme qu'une inflammation qui dure environ une semaine[17],[20]. Ceci a sans doute contribué à leur mauvaise réputation.

Aspects culturels

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Légende de la morsure de musaraigne

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Les musaraignes ont eu très longtemps mauvaise réputation.

Comme l'indique l'étymologie de leur nom qui remonte au moins auMoyen Âge, on accuse depuis fort longtemps les musaraignes d'avoir une morsure venimeuse comme celle de l'araignée[3]. On trouve cela chezAristote, dans sonHistoire des animaux, livre VIII, chapitre 24 :

« La morsure de la musaraigne est dangereuse pour tous les animaux d'attelage, car il se produit des pustules ; mais la morsure est encore plus dangereuse si la musaraigne qui mord est en état de gestation. Car les pustules coulent, sinon elles ne coulent pas[21]. »

En réalité seules quelques très rares espèces ont unesalive toxique : laGrande musaraigne (Blarina brevicauda) que l'on rencontre surtout auCanada et plus localement auxÉtats-Unis et deuxmusaraignes aquatiques (Neomys)[17]. En principe elles sont toxiques pour d'autres petits animaux mais trop petites pour être vraiment dangereuses pour l'homme ou du bétail. On peut dire qu'enEurope, il n'y a aucun danger si l'on croise une musaraigne qui vit loin d'un cours d'eau. Toutefois, comme tous les animaux sauvages, la morsure de n'importe quelle musaraigne peut être un vecteur de germes si elle est négligée.

LaMusaraigne carrelet (Sorex araneus) a beaucoup souffert de ces préjugés. On l'accusait d'avoir du venin. Pour preuve : les chats la tuent mais ne la consomment pas. On pensait que sa morsure était dangereuse pour le bétail et les chevaux en particulier. Cette réputation la poursuit et on a longtemps cherché à éliminer cette musaraigne commune, malgré des démentis officiels, dès leXVIIIe siècle[7]. Dans leur encyclopédie,Diderot etd'Alembert expliquent bien que les chevaux souffrent d'une sorte d'« enthrax » (sans doute unanthrax) et non d'une piqûre de musaraigne[8].

Des remèdes traditionnels conseillent l'application demiel ou d'ail contre la « piqûre » de ces animaux.Pline l'Ancien cite unantidote traditionnel à la morsure de musaraigne : « l'application de la terre de l'ornière où elle a été écrasée »[22].

Symbole

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LesÉgyptiens vénéraient déjà la musaraigne et en ont enterré àBouto. Ils l'associaient, avec lefaucon, au dieuHorus Khenty-irty mais les anciens en font aussi l’animal deOuadjet. Elle était adorée par les habitants d'Athribis. On vouait un culte à cet animal comme symbole du chaos d'où tout est né, parce qu'elle passe pour être aveugle à cause de ses yeux minuscules. Elle désigne pour lesmétaphysiciens l'incompréhensibilité du premier principe[23],[24],[25],[26].

Dans la vallée deKatmandou, une variation iconographique deGanesha donne pour monture à ce dieu une musaraigne et non unrat. Cette distinction est antérieure auXVIIIe siècle, début de l’occupation de la vallée de Katmandou par la dynastieShah. Elle sert de marqueur ethnique subtil, de test de tradition, permettant auxNewars de se reconnaître entre eux malgré l'intégration dans la culture dominante delangue népalaise[27].

Métaphore animalière

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On dit de quelqu'un qui a un nez pointu qu'il a un « nez de musaraigne »[3].

La musaraigne est aussi associée à la femme ou à la jeune fille, soit commemétaphore de leur charme menu, soit pour leur prêter des principes étroits, une petitesse de sentiments et d'économie[3]. Les Anglais associent la musaraigne à une femme acariâtre.William Shakespeare a d'ailleurs immortalisé cette métaphore dans sa célèbre pièceThe Taming of the Shrew, littéralementl'apprivoisement de la musaraigne (titre en français :La Mégère apprivoisée)[17].

Œuvres à propos de musaraignes

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Notes et références

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  1. Le Monde, rubrique JARDINER
  2. Centre National de Ressources textuelles et Lexicales :Musaraigne
  3. abcde etfMusaraigne dans le TLFi, issu duTrésor de la Langue Française (1971-1994). Sur le portailcnrtl, consulté en mars 2010
  4. ab etcÀ la découverte d'un animal utile : la musaraigne, publié le par Claire König, surFutura-environnement, consulté en mars 2010
  5. Traité de fauconnerie, éd. H. Martin-Dairvault, à la suite du Livre du roi Dancus, Paris, 1883,p. 90
  6. Haudent,Apologues d'Esope, I, 201 ds HUG.
  7. ab etcmusaraigne dans les Dictionnaires d'autrefois, des17e,18e,19e et20e siècles, surAtilf
  8. a etbDenis Diderot, Jean Le Rond d'Alembert,Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers, Volume 22. Éditeur Pellet, 1778. Original provenant de Bibliothèque cant. et univ. LausanneNumérisé le 10 sept. 2009Lire ce document en ligne page 558
  9. ,Dictionnaire de la langue française d'Émile Littré.
  10. Attention aux appellations et traductions fantaisistes circulant sur l'Internet
  11. abcdefgh etiNom vernaculaire français d'aprèsDictionary of Common (Vernacular) Names surNomen.at
  12. abcdefghijklmnopqrstuvwxyzaaabacadaeafagahaiajakalamanaoapaqarasatauavawaxayazbabbbcbdbebfbgbhbibj etbk(en) Murray Wrobel, 2007.Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007.(ISBN 0-444-51877-0), 9780444518774. 857 pages.Rechercher dans le document numérisé
  13. abcdef etgMeyer C., ed. sc., 2009,Dictionnaire des Sciences Animales.consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  14. abcdefghijklmnopqrstuvw etx Nom vernaculaire en français d’aprèsTermium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  15. Nom attesté par exemple sur le site belge duSIBW :« Sorex coronatus »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  16. Toupaye sur le site del'Université Bordeaux 1
  17. abcdefgh etiMusaraigne surTerra Nova, consulté en mars 2010
  18. « Pourquoi la musaraigne est-elle si vorace ? »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne, consulté le)
  19. abc etd Emma Young (2017) News intituléeShrew skulls shrink for winter survival Getting smaller by absorbing bone tissue may help animals to save energy when food is scarce, publié par la revue nature le 23 Octobre 2017
  20. Franz-Xaver Reichl, Robert Perraud, Eduard Krahé,Guide pratique de toxicologie. Traduit par Robert Perraud, Eduard Krahé. Éditeur De Boeck Université, 2004.(ISBN 280414626X),(ISBN 9782804146269), 368 pages.Lire le document en ligne page 245
  21. Aristote,Histoire des Animaux, Traduction J. Bertier, Gallimard, folio essais, 1994, p. 459-460.
  22. Histoire naturelle de Pline, Volume 18Volumes 9-20 de Bibliothèque latine-française, traduit par Ajasson de Grandsagne. Éditeur C. L. F. Panckoucke, 1833. Original provenant de l'Université de Californie. Numérisé le 25 janv. 2008Lire en ligne liv. XXX, p.17
  23. Aubin Louis Millin,Dictionnaire des beaux-arts, Volume 2. Éditeur Desray, 1806. Original provenant de laNew York Public Library. Numérisé en 25 avr. 2008.Lire en ligne p.505
  24. Benjamin de Constant de Rebecque,De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, volume 3. Éd° Béchet, 1827. Original provenant de la Bibliothèque cant. et univ. Lausanne. Numérisé le 6 mai 2008.Lire le dicument en ligne Liv.VI, chap.IV, page 81
  25. Horus sur le siteL'Égypte Ancienne de Toutankharton consulté en mars 2010
  26. Bestiaire sacré sur le siteL'Égypte Ancienne de Toutankharton consulté en mars 2010
  27. Will Tuladhar-Douglas, University of Aberdeen, U.K.Au sujet d’une variations iconographique de Ganesha dans la vallée de Kathmandu et de ses raisons. Intervention au Colloque de la Société Européenne pour l'Étude des Civilisations de l'Himalaya et de l'Asie Centrale (SEECHAC) du 27-28 avril 2009, organisé au Collège de France à Paris, sur le thème :La création artistique face aux contraintes politiques et religieues de l'Himalaya et de l'Asie Centrale de l'antiquité à nos jours

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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