Lemusée d'État de l'Ermitage (enrusse :Государственный Эрмитаж,Gossoudarstvenny Ermitaj) est un musée situé àSaint-Pétersbourg enRussie, au bord de laNeva.
Fondé en1764, c'est le plus grand musée du monde quant au nombre d'objets exposés (plus de soixante mille pièces dans près de mille salles tandis que près de trois millions d’objets sont conservés dans les réserves)[1]. Avec ses 230 000 m2 de surface, dont 100 000 m2 consacrés aux expositions[2], il s'agit de l'un des troisplus grands musées d'art du monde aux côtés duLouvre et duMusée national de Chine. Le journalArt Newspaper l'a classé10e sur laliste des musées d'art les plus visités au monde, avec 2 812 913 visiteurs en 2022[3][réf. incomplète]. Les bâtiments abritant le musée de l'Ermitage occupent un vaste ensemble de six bâtiments historiques constituant un des principaux ensembles architecturaux du centre de Saint-Pétersbourg qui est classé aupatrimoine mondial de l'Unesco[4]. Le musée présente, à côté de nombreuses pièces de l'Antiquité, une grande collection d'œuvres d'art européen de la période classique. Il abrite notamment la plus grande collection du monde de peintures, avec plus de seize mille toiles. Parmi les œuvres exposées figurent des peintures de maîtres hollandais et français commeRembrandt,Rubens,Henri Matisse etPaul Gauguin. On y trouve également deux peintures à l'huile deLéonard de Vinci ainsi que trente-et-une peintures dePablo Picasso. Le musée emploie deux mille cinq cents personnes et utilise l'aide de nombreux stagiaires gérés par leservice des volontaires du musée de l'Ermitage.
Initialement, seul le bâtiment désigné sous le nom de « Petit Ermitage » portait ce nom. Aujourd'hui, l'Ermitage regroupe un complexe de plusieurs bâtiments construits auxXVIIIe et XIXe siècles. À côté duPetit Ermitage, on trouve le « Grand Ermitage », le « Nouvel Ermitage » (et ses célèbresatlantes), et le « théâtre de l'Ermitage » ainsi que la majeure partie du « palais d'Hiver », autrefois résidence principale des empereurs de Russie. Au cours de ces dernières années, une partie dubâtiment d'État-major situé de l'autre côté de la place du château, ainsi que le « palais Menchikov », sont venus s'ajouter au complexe de l'Ermitage.
Le complexe de l'Ermitage. De gauche à droite : le théâtre de l'Ermitage, le Vieil Ermitage, le Petit Ermitage, lepalais d'Hiver (leNouvel Ermitage, situé derrière le Vieil Ermitage, n'est pas visible).
Le premier palais d'Hiver est construit en 1711 ; reconstruit en 1721 à la mort dePierre le Grand, il est remplacé dans les années qui suivent par un ouvrage de l'architecte Domenico Trezzini. L'impératriceÉlisabeth, qui estime que le bâtiment résultant manque de grandeur, le fait reconstruire en 1754 parBartolomeo Rastrelli.
En décembre 1837, le palais est ravagé par unincendie (l'incendie dure trente heures), mais les œuvres sont sauvées grâce aux pompiers qui établissent un mur d'eau sur les parois séparant la zone en feu de la partie contenant les œuvres. L'empereurNicolasIer ordonne sa reconstruction à l'identique : au printemps 1839, les travaux de reconstruction sont achevés. Le bâtiment ne sera par la suite pratiquement plus modifié. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le palais d'Hiver est endommagé durant lesiège de Léningrad mais réparé par la suite. Le bâtiment est aujourd'hui confronté aux problèmes soulevés par l'afflux des visiteurs, à l'instabilité du sol marécageux sur lequel il a été bâti ainsi qu'à l'humidité engendrée par la proximité de la Neva. Des travaux de restauration ont été menés en 1984 et 2005.
Le palais est aujourd'hui considéré comme un joyau de l'artbaroque russe. Le palais d'Hiver est de plan rectangulaire avec de grandes cours intérieures ; chaque façade est décorée différemment. Des statues de 3,5 m décorent la façade extérieure du palais.
La ligne céleste de Saint-Pétersbourg
Le tsar russeNicolasIer, qui habitait dans le palais d'Hiver, signe une loi qui interdit la construction de bâtiments à Saint-Pétersbourg qui dépasseraient la hauteur de la résidence impériale, car personne ne devrait vivre au-dessus des tsars.
Cette loi crée un phénomène architectural qui est connu dans le monde entier sous le nom de « ligne céleste de Saint-Pétersbourg »[5].
Le Petit Ermitage, construit dans un style classique parJean-Baptiste Vallin de La Mothe, sert entre 1764 et 1775 de refuge àCatherine II et est le plus petit des bâtiments du complexe de l'Ermitage. C'est dans cet immeuble que Catherine entrepose les premières peintures dont elle fait l'acquisition.
Le Grand Ermitage (ou Vieil Ermitage) est construit de 1771 à 1787 par l'architecteGeorg Friedrich Veldten pour abriter une collection en rapide croissance : c'est le bâtiment le moins décoré du complexe. En1792,Giacomo Quarenghi ajoute au Grand Ermitage un bâtiment qui abrite laLoggia Raphaël. Le premier étage du bâtiment abrite les collections de peinture italienne et son rez-de-chaussée est occupé par l'administration du musée.
Leo von Klenze dessine les plans du Nouvel Ermitage, qui est construit entre 1839 et 1852, et qui est peut-être la seule de ses œuvres qui échappe aux styles que lui a imposéLouisIer de Bavière et peut-être à ses propres conceptions artistiques. C'est le seul bâtiment du complexe qui ne se trouve pas le long de la Néva, maisrue Millionnaïa, qui est parallèle au fleuve. Ce bâtiment a également été bâti pour faire face à la croissance des collections ; on y trouve, entre autres, la reconstitution complète d'une loggia construite parRaphaël auVatican. Les statues d'atlantes qui se trouvent sur sa façade sont peut-être les œuvres de ce type les plus célèbres au monde.
Le théâtre de l'Ermitage est bâti entre 1783 et 1787. Le théâtre impérial est à l'époque le premier théâtre de Saint-Pétersbourg. Des pièces y sont jouées jusqu'en 1796 et à nouveau à partir de 1989 : en hiver, lethéâtre Mariinski, entre autres, y monte des spectacles. Il sert aujourd'hui essentiellement de siège pour l'administration de l'Ermitage, mais il conserve une scène et une salle de spectacles. Le théâtre est le plus petit de la ville, car il était à l'origine conçu pour des représentations privées pour la famille impériale. Le théâtre de l'Ermitage n'est normalement pas ouvert au public.
Parmi les 250 musées de la ville, l'Ermitage est, avec ses trois à quatre millions de visiteurs annuels, le plus visité et le plus réputé. C'est un des musées d'art les plus importants du monde. Il héberge une énorme collection de peintures européennes pour la période courant jusqu'en 1917. L'accrochage particulièrement serré des peintures, qui résulte de la densité des collections présentées, a reçu le nom d'accrochage pétersbourgeois.
Le musée compte trois millions cent deux mille objets au total[6] dont :
1 122 000 objets numismatiques (une des plus importantes collections du monde) ;
749 000 objets archéologiques ;
651 000 objets d'art :
622 000 en arts graphiques (dont 486 000 estampes),
16 900 peintures (la plus vaste collection du monde),
12 800 sculptures (une des plus grandes collections du monde) ;
Le musée conserve dans ses réserves 2,7 millions de pièces ; soixante-cinq mille pièces sont exposées dans trois cent cinquante salles et rassemblées en six collections :
Le musée a été célèbre pour sa collection d'art scythe, qui a été pendant un temps la plus importante au monde. Nombre de ces pièces scythes ne sont plus à l'Ermitage mais ont regagné leur pays, l'Ukraine, et sont à présent exposées àKiev, dans un musée consacré à l'Or des Scythes, situé dans l'enceinte de la « Lavra de Kiev », un monastère immense aussi nommé « laure des Grottes ». L'Ermitage conserve néanmoins quelques exemples d'art scythe en or, notamment le célèbrePeigne en or de Solokha.
Les pièces les plus remarquables sont une série d'objets particulièrement bien conservés du peuple desHuns. Letapis de Pazyryk, trouvé àBalyktouïoul, est considéré comme le plus ancien du monde. On trouve également une collection particulièrement riche d'objets retraçant l'histoire de la Sibérie, comme les écrits desIVe et Ve siècles retrouvés dans lesgrottes de Mogao, enChine. L'Ermitage expose le plus ancien témoignage d'écriture mongole — lapierre de Dchingis — ainsi qu'un grand nombre d'objets de laRussie kiévienne. Environ un tiers des pièces exposées sont des pièces de monnaie dont 220 000 pour l'Asie orientale et 300 000 pour la Russie. La chambre dite des Trésors retrace l'histoire de la bijouterie et de la fabrication des objets en or depuis leIIIe millénaireav. J.-C.
Le musée abrite la plus vaste collection de peintures au monde avec plus de seize mille toiles. On trouve dans cent vingt salles des œuvres essentiellement de peintres italiens, français, hollandais et flamands ; il existe également des collections d'œuvres anglaises et allemandes.
La collection de peintures impressionnistes et expressionnistes, en particulier françaises et allemandes, compte plus de 1 000 œuvres. Elle inclut sept œuvres deMonet, six deRenoir, deux deCamille Pissarro et plusieurs dessins deDegas. Le musée possède des dizaines d'œuvres majeures deCézanne,Gauguin etVan Gogh, 32 peintures deMatisse et 31 dePicasso. En outre, il présente une très importante collection de peintures des symbolistes français, et de nombreuses peintures des écoles allemandes de Munich, Berlin et Düsseldorf (en particulier le romantiqueCaspar David Friedrich). Des peintres russes sont aussi présentés, parmi lesquelsKandinsky se distingue. En 2002, grâce à un mécénat privé, le musée a incorporé l'une des versions de l'emblématiqueCarré Noir deKazimir Malevitch.
Le musée abrite plus de 190 000 objets en provenance d'Orient, d'Égypte, de Mésopotamie, de Chine, d'Iran, d'Inde ou de Turquie. La collection comprend notamment 120 000 objets del'Empire byzantin, ce qui en fait la seconde collection au monde. On trouve également mille œuvres de l'Empire sassanide d'Iran, dont la plus grande collection d'argenterie sassanide du monde, ainsi que de nombreuses œuvres islamiques, venant d'Égypte, de Syrie, de Turquie ou d'Iran. L'art indien est représenté par des sculptures, objets, joyaux. Les objets provenant de Chine comptent quelque 5 000 pièces, et le Japon est présent avec 8 000 œuvres.
L'Ermitage, tant comme complexe architectural que comme collection d'art, est l'œuvre de l'impératriceCatherine la Grande. En 1764, elle fit acheter 225 tableaux au marchand d'art berlinoisJohann Ernst Gotzkowsky[9] ; celui-ci l'avait à l'origine acquise pour leroi de PrusseFrédéric le Grand qui avait dû y renoncer car les caisses de l'État avaient été vidées par laguerre de Sept Ans. En 1765, Catherine acheta pour la somme de 80 000 thalers (environ un million de francs de l'époque) près d'un millier de tableaux, soit la totalité de la collection ducomte von Brühl (mort en 1763) dont la valeur avait été estimée à 105 329 thalers.
Ces tableaux furent dans un premier temps entreposés dans lepalais d'Hiver. Catherine acquit par la suite un grand nombre de peintures, parfois des collections entières, en partie pour satisfaire sa passion de collectionneuse, en partie pour prouver à l'Europe occidentale le caractère éclairé et cultivé de la Russie et de Saint-Pétersbourg. Parmi les conseillers qui la guidèrent dans ses acquisitions figuraient entre autres les encyclopédistesMelchior Grimm etDenis Diderot et des diplomates russes commeDimitri Galitzine et lecomte Stroganov. En 1771, elle acquiert ainsi lacollection Crozat.
En 1775, Catherine se fit construire près du palais d'Hiver dans le style qui était à la mode à l'époque, lePetit Ermitage par l'architecte françaisJean-Baptiste Vallin de La Mothe afin de pouvoir s'y retirer à titre privé ou avec de petits groupes de personnes. Bientôt un deuxième bâtiment fut construit pour pouvoir entreposer les nouvelles acquisitions ; ce bâtiment, leVieil Ermitage, fut conçu par l'architecte allemandGeorg Friedrich Veldten en 1784. À l'époque, des pièces de théâtre étaient données dans le Petit Ermitage ; en 1783, Catherine fit construire un bâtiment destiné à cet usage : lethéâtre de l'Ermitage. Presque à la même époque fut édifiée laloggia de Raphaël dans l'aile située le long du quai du canal de l'Hiver, une réplique de l'originale dupalais du Vatican àRome. En 1797, la collection avait crû au point de contenir 3 996 peintures.
La collection de peintures n'était accessible jusque-là qu'au cercle restreint des membres de la cour impériale. L'empereur décida donc en 1852 de séparer la résidence impériale des salles d'exposition de la collection de l'Ermitage. Ainsi, la collection put être, pour la première fois, accessible au public bien qu'avec d'importantes restrictions.NicolasIer fit construire leNouvel Ermitage qui communiquait avec le reste de l'Ermitage, mais disposait d'une entrée séparée permettant d'accéder directement au musée. Le bâtiment fut édifié entre 1839 et 1851 sous la direction de l'architecteVassili Stassov et de Nikolaï Efimov, d'après les plans deLeo von Klenze.
NicolasIer travailla par ailleurs à agrandir les collections : il acheta, entre autres, la collection rassemblée durant les guerres napoléoniennes parJoséphine de Beauharnais, la veuve de Napoléon, à ses héritiersHortense etEugène.
Durant laPremière Guerre mondiale, une partie dupalais d'Hiver servit d'hôpital. Un événement décisif de larévolution d'Octobre eut lieu dans ces murs lorsque les bolcheviques arrêtèrent dans le palais d'Hiver les membres du gouvernementKerenski. Durant la révolution d'Octobre, un grand nombre de collections privées d'aristocrates russes comme celles des famillesStroganov,Chérémétiev,Youssoupov etChouvalov furent confisquées au profit de l'Ermitage.
Peu après la prise de pouvoir desbolcheviques, le musée impérial fut renommé en musée d'État et les bâtiments du palais d'Hiver ouverts au public comme salles d'exposition. Les premières années de la Révolution furent, en particulier à Pétrograd (ex Saint-Pétersbourg, bientôt rebaptisée Léningrad), marquées par la volonté de sensibiliser le public à la culture de l'Europe de l'Ouest. Lepremier ministère de l'Éducation formé après la Révolution d'Octobre reçut ainsi l'appellation decommissariat public aux Lumières ; cet état d'esprit régna également sur l'Ermitage durant les premières années. Peu après la révolution, le palais d'Hiver fut consacré à des conférences publiques, des exposés et des projections de film. La première exposition permanente d'antiquités égyptiennes ouvrit ses portes en 1920 ; en 1922, l'Ermitage était entièrement ouvert au public, l'entrée restant gratuite durant les cinq premières années. Jusqu'au milieu des années 1930, un musée de la Révolution d'Octobre était installé dans le palais d'Hiver, à côté du musée de l'Ermitage.
Dans lesannées 1920, de longues négociations furent menées avec ce qui est devenu depuis lemusée Pouchkine de Moscou pour la cession de certaines pièces des collections de l'Ermitage. Un accord fut trouvé en 1927 et sept cents peintures conservées en dépôt furent transférées au musée moscovite. Plus tard, soixante-dix œuvres majeures exposées à l'Ermitage furent également transférées, parmi lesquelles laMinerve deVéronèse etLe Combat de Joseph contre les Amorites deNicolas Poussin.
Dans le cadre de la mise en place du premierplan quinquennal de l'URSS (1929-1933), le ministre du Commerce extérieur décida de vendre une partie des collections d'art des musées d'État, en passant par l'organisationAntikvariat. Entre 1928 et 1933,Calouste Gulbenkian, puis les marchands d'artFrancis Matthiesen(de) (Berlin),Colnaghi (Londres) etKnoedler (New York) achetèrent près de trois mille objets d'art et peintures provenant de l'Ermitage. Parmi celles-ci, figuraient deux cent cinquante œuvres majeures d'une grande valeur artistique et patrimoniale[10].
Pendant laSeconde Guerre mondiale, l'Ermitage fut une des cibles de l'armée allemande au cours dusiège de Léningrad. Celle-ci avait reçu des ordres explicites de ne pas épargner la ville et Léningrad fut soumise pendant plusieurs années à des bombardements aériens et terrestres intensifs qui l'endommagèrent fortement. Les bâtiments de l'Ermitage furent sévèrement touchés par dix-sept obus d'artillerie et deux bombes lancées d'avion. Les collections avaient été mises à l'abri en partie dans les caves du musée ; plus d'un million de pièces avaient été envoyées àEkaterinbourg. À l'époque, douze mille personnes vivaient à l'Ermitage pour préserver les collections et, dans la mesure du possible, limiter les dégâts produits par les bombes et par le froid. La première exposition des collections restées dans le musée fut ouverte peu après la levée du siège, le 7 novembre 1944 ; la réouverture officielle du musée avec toutes ses collections eut lieu le 5 novembre 1945. La réparation des dégâts causés par le siège s'étala sur plusieurs années.
En 1948, une grande partie de la collection du musée de Moscou consacré aux arts de l'Occident fut transférée à l'Ermitage. Parmi ces peintures, figuraient les collections de deux mécènes de la période impériale :Sergueï Chtchoukine etIvan Morozov[11]. La plupart des œuvres duXXe siècle de l'Ermitage, en particulier les tableaux dePablo Picasso, proviennent de cette collection. Ces peintures, taxées de formalisme durant une partie de l'ère soviétique, ne purent être exposées qu'après la mort deStaline. Par ailleurs, des tableaux qui avaient été volés durant laSeconde Guerre mondiale par laWehrmacht dans les territoires occupés, puis récupérés par l'Armée rouge, furent également confiés à l'Ermitage. Depuis 1990, certains de ces tableaux ont été restitués à leurs propriétaires légitimes, et d'autres, commeLe Jas de Bouffan dePaul Cézanne, ouPiti Teina dePaul Gauguin, sont exposés dans des salles qui leur sont consacrées[12].
Sous l'ère soviétique, bien que le musée de l'Ermitage passât alors pour l'une des vitrines de l'Union soviétique, il était connu dans les pays occidentaux surtout par un public cultivé et peu par le grand public occidental. La direction du musée et les principales décisions étaient en pratique prises par lePolitburo. Depuis 1996, l'Ermitage est placé directement sous le patronage duprésident de la fédération de Russie.
Toutefois, depuis 1990, le musée dispose d'une plus grande autonomie, bien que souffrant toujours de problèmes financiers : ainsi, en 1996, le musée, qui demandait l'équivalent de soixante millions de dollars à l'État, se vit promettre quarante millions, mais en reçut finalement dix-huit. Les chiffres respectivement pour 1997 (90 millions / 30 / 12) et 1998 (7,4 / 5,4 / 2,7) furent encore inférieurs. L'Ermitage fait partie avec lethéâtre Bolchoï et labibliothèque Lénine[Laquelle ?] des principaux projets placés sous la protection de l'UNESCO en Russie. Le budget du musée, qui, comparativement, représentait dans les années 1990 seulement 1 % du budget duMetropolitan Museum of Art, s'est relevé par la suite pour atteindre environ 10 %. Sur ce, 60 % des frais de fonctionnement de l'Ermitage sont pris en charge par l'État. Les 2 500 employés du musée doivent souvent occuper un second emploi le soir ou la nuit pour compenser la faiblesse des salaires versés[réf. nécessaire].
Depuis l'ouverture de la Russie, l'Ermitage est devenu pour les touristes étrangers l'attraction principale du pays. Une coopération à long terme s'est mise en place avec laFondation Solomon R. Guggenheim. LesPays-Bas soutiennent également financièrement et techniquement le musée depuis l'éclatement de l'Union soviétique. En 2004, l'Ermitage a ouvert une annexe àAmsterdam ainsi qu'un musée Guggenheim Ermitage àLas Vegas en collaboration avec la Fondation Guggenheim. Un projet similaire àLondres a débouché sur la création de salles d'exposition Ermitage à l'Institut Courtauld. Le musée travaille ces derniers temps sur la numérisation de ses collections. Contrairement à beaucoup de musées, les prises de photos à des fins privées non lucratives ou pédagogiques sont autorisées.
En juillet 2006, deux cents pièces (essentiellement des bijoux et des émaux) ont été dérobées, sans doute avec la complicité d'employés du musée. Ce vol est estimé à quatre millions d'euros[13].
Le Service des volontaires du musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg propose à toute personne intéressée de s'impliquer dans son fonctionnement. Ce service aide non seulement l'Ermitage dans ses activités internes et externes mais il est aussi un lien informel entre les professionnels et le public. Il vulgarise les connaissances très spécifiques des scientifiques afin qu'un plus grand nombre puisse profiter de leur savoir. Les volontaires développent aussi leurs propres projets en accord avec la mission qu'ils se sont donnée.
Depuis plus de deux siècles[évasif], des dizaines deschats gardent les terrasses du toit du musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg et certains recoins des bâtiments.Aujourd'hui[Quand ?] ils sont autour de soixante-dix à garder ainsi les caves et recoins du musée et quatre personnes s'occupent d'eux. Mais ils n'ont pas accès aux salles d'exposition ouvertes au public. Ces chats sont populaires auprès du personnel du musée et des visiteurs, si bien qu'il y a au printemps une « fête des gardiens chats ». Il y a pour l'occasion une exposition d'œuvres représentant des chats, des visites des quartiers des chats, des jeux pour les enfants et les adultes, un concours de portraits de chats, etc. La fête permet aussi de récolter de l'argent pour l'entretien des chats qui ne figure pas au budget général du fonctionnement du musée et qui provient donc de dons des employés, des visiteurs ainsi que des dons d'origine étrangère[14].
Sergeï Androsov, Ludmila Kagané, Militsa Korchounova, Irina Solokova et Valery Chevtchenko, préfaces deMarc Restellini et Mikhaïl Piotrovsky,L'Ermitage - La Naissance du musée impérial - Les Romanov, Tsars collectionneurs, catalogue de l'exposition de laPinacothèque de Paris, 2011, 468 p.(ISBN978-2-3586-7014-2)