Mughallis ( enarabe :مٌغلّس ) est un ancien villagearabepalestinien qui se trouvait à trente kilomètres au nord-ouest d'Hébron. Il a été privé de sa population pendant laguerre de 1948, les 9 et 10 juillet, dans le cadre de l'opération An-Far.
Victor Guérin, qui connait le nom du village sous la formeDeir al Mokhalles, le traduit par « le couvent du Sauveur ». Il voit dans cette dénomination le probable dérivé d'un anciencouvent chrétien ayant existé autrefois à cet endroit[1]. SelonEdward Henry Palmer (en),Mughullis signifie « venir à l'aube pour prendre de l'eau », ou « pour faire une razzia »[2].
Le village a été intégré dans l'Empire ottoman en 1517, avec l'ensemble de laPalestine ; les registresfiscaux de 1596 le situent dans lanahié (« sous-district ») deGaza, à l'intérieur dusandjak de Gaza, avec une population de 77 ménages, soit quelque 424 habitants, tousmusulmans. Les villageois payaient un impôt au taux fixe de 25 % sur une production agricole qui comprenait notamment le blé, l'orge, les cultures d'été, les arbres fruitiers, les chèvres et les ruches, auxquels s'ajoutaient les produits occasionnels, pour un total de 10 350akçes . Tous les revenus fiscaux allaient à unwaqf[3].
En mai 1863,Victor Guérin décrit la localité comme « unhameau, encore habité par quelques familles »[1].
Une liste officielle de villages, établie dans les années 1870, compte à Mughallis 27 maisons et une population masculine de 71 hommes[4],[5].
En 1882, leSurvey of Western Palestine (en) duPEF le décrit en ces termes : « Un village de taille moyenne, près duquel passe une route ancienne, et principalement composé de maisons de pierre »[6].
Lerecensement de la Palestine de 1922 (en), conduit par lesautorités mandataires britanniques, lui donne une population de 311musulmans[7], qui passent lors durecensement de 1931 à 447 musulmans, pour 93 maisons[8].
D'après lesstatistiques de 1945 (en), la population de Mughallis était de 540 musulmans[9]. Sur 11 459dounams de terre[10], 88 étaient dévolus aux plantations et aux terres irrigables et 7 277 aux céréales[11], tandis que 23 dounams étaient des terres bâties (urbaines)[12].
Mughallis a perdu sa popupation les 9 et 10 juillet 1948[13],[14]. Le 16 juillet, le QG de labrigade Guivati informait l'état-major que « nos forces sont entrées dans les villages deQazaza (en),Kheima (en),Jilya (en),Idnibba (en) et Mughallis, ont expulsé les habitants, [et] ont fait sauter et incendié un certain nombre de maisons. La région est à présent exempte d'Arabes »[15].
Lesforces israéliennes avaient reçu pour instruction d'empêcher toute infiltration versSummeil (en),Barqusya,Bi'lin (en),Masmiya al Saghira (en),Al-Tina (en), Kheima, Idnibba, Jilya, Qazaza et Mughallis. Les ordres étaient précisément de « détruire » toute « force armée » rencontrée et d'« expulser [...] les villageois non armés »[16]. Au cours des jours suivants, des patrouilles ont expulsé des réfugiés des environs deTel es-Safi, al Tina et Mughallis, tuant apparemment trois des personnes initialement détenues[17]. À la mi-août 1948, une patrouille de la brigade Guivati est revenue à Idnibba, Mughallis, Jilya, Qazaza etSajd, tuant « une poignée d'Arabes » au cours de plusieurs affrontements[18].
En 1955, lemoshav deGefen (en) s'est créé sur les terres de Mughallis, au nord du site du village[19].
En 1992, l'historien palestinienWalid Khalidi décrit ainsi les lieux : « Le site et les environs sont enclos. Les débris des maisons ont été nivelés et on peut encore voir des éléments de construction. Les vestiges d'une maison du quartier est sont entourés de bornes de pierre qui identifiaient autrefois les limites d'un jardin potager. De nombreux arbres, des oliviers et des caroubiers notamment, poussent en tous sens et des cactus se trouvent aux abords nord et sud »[19].