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Moyen Âge

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Cet article concerne une période de l'histoire européenne. Pour les autres significations, voirMoyen Âge (homonymie).

Moyen Âge
Dates
Début
Fin
Époques
Précédente
Suivante

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Miniature de laboureurs devant un château.
Lechâteau fort, ici leLouvre, est l'une des constructions caractéristiques de lafin du Moyen Âge, remplaçant lamotte castrale (les très riches heures du duc de Berry) auXIIe siècle.
Crucifix en or incrusté de pierres précieuses
Croix de procession germanique duXIe siècle ; lareligion chrétienne était un élément central de lasociété médiévale.
Enluminure représentant le labour d'un champ avec une charrue tirée par deux bœufs. À l'arrière-plan, des paysans coupent des ceps de vigne.
Labour dansLes Très Riches Heures du duc de Berry ; l'agriculture était la base de l'économie du Moyen Âge, tandis que la paysannerie formait la majorité du« tiers état », l'un des troisordres de la société médiévale avec leclergé et lanoblesse.

LeMoyen Âge est une période de l'histoire de l'Europe, s'étendant du début duVe à la fin du XVe siècle, qui débute avec ledéclin de l'Empire romain d'Occident et se termine par laRenaissance et lesgrandes découvertes. Située entre l'Antiquité et lesTemps modernes, la période est souvent subdivisée entre lehaut Moyen Âge (Ve – Xe siècle), leMoyen Âge central (XIe – XIIIe siècle) et leMoyen Âge tardif (XIVe – XVe siècle).

La dépopulation, la désurbanisation et lesmigrations de l'Antiquité tardive se poursuivent durant le haut Moyen Âge et les envahisseurs ou migrantsbarbares fondent de nouveauxroyaumes sur les territoires de l'ancien Empire romain d'Occident. La période est marquée par de profonds changements sociétaux et politiques ; la rupture avec l'Antiquité classique n'est cependant pas complète. La partie orientale de l'Empire romain survit aux bouleversements géopolitiques de la période et reste une puissance de premier plan sous le nom d'Empire byzantin. Il perd cependant une grande partie de ses territoires auMoyen-Orient et enAfrique du Nord au profit descalifatsmusulmans auVIIe siècle. À l'ouest, la plupart des royaumes incorporèrent de nombreuses institutions romaines, tandis que l'expansion duchristianisme fut marquée par la construction de nombreuxmonastères. Sous la dynastiecarolingienne, lesFrancs établissent unempire couvrant la plus grande partie de l'Occident chrétien auIXe siècle avant de décliner du fait des tensions internes et des attaquesVikings au nord,hongroises à l'est etsarrasines au sud.

Après l'an mille, durant le Moyen Âge central, la population européenne augmente fortement grâce à des innovations techniques, qui permettent un accroissement des rendements agricoles. La société se réorganise selon les systèmes de laseigneurie, l'organisation des paysans en communautés cultivant la terre pour le compte desnobles, et de laféodalité, la structure politique par laquelle leschevaliers et la basse-noblesse servaient dans l'armée de leursuzerain en échange du droit d'exploiter leursfiefs. Cette dernière institution connaît un déclin à la fin du Moyen Âge du fait des efforts de centralisation menés par les différents souverains dont l'autorité se renforce aux dépens de celle des seigneurs locaux. Lescroisades, lancées pour la première fois auXIe siècle sont des expéditions militaires menées au nom de la foi catholique ; elles sont principalement destinées à reprendre le contrôle de laTerre sainte aux musulmans, mais visent également les croyances jugées hérétiques en Europe. La vie intellectuelle est marquée par lascolastique cherchant à concilier la foi et la raison et par l'apparition d'universités dans les grandes villes. La philosophie deThomas d'Aquin, les peintures deGiotto, la poésie deDante et deChaucer, lesrécits deMarco Polo et l'architecture des grandescathédrales gothiques comme celle deChartres sont parmi les plus grandes réalisations de cette période.

Le Moyen Âge tardif estmarqué par desfamines, lapeste noire et les guerres qui réduisent fortement la population de l'Europe occidentale tandis que l'Église catholique traverse de profondescrises politiques. Les changements culturels et technologiques de la période transforment néanmoins la société européenne et ouvrent la voie à laRenaissance et à l'époque moderne.

Définition

Article détaillé :Chronologie du Moyen Âge.

Le Moyen Âge est unepériode historique de l'histoire de l'Europe délimitée par l'Antiquité et l'époque moderne[1]. Les auteurs médiévaux divisaient l'Histoire en périodes inspirées de laBible comme les « six âges du monde » et considéraient que leur époque était la dernière avant lafin du monde[2]. Lorsqu'ils évoquaient la période dans laquelle ils vivaient, ils la qualifiaient de « moderne »[3]. Dans les années 1330, l'humaniste et poètePétrarque qualifiait l'époque pré-chrétienne d'antiqua (« ancienne ») et la période chrétienne denova (« nouvelle »)[4]. LeFlorentinLeonardo Bruni fut le premier historien à utiliser un découpage en trois périodes dans sonHistoriarium Florentinarum de 1442 car il considérait que le développement de l'Italie l'avait fait changer d'époque par rapport à celle de Pétrarque[5]. L'expression de « Moyen Âge » apparut pour la première fois en latin en 1469 sous la forme demedia tempestas (« saison intermédiaire ») dans l'avant-propos de l'Éloge deNicolas de Cues parGiovanni Andrea Bussi[6] puis demedium ævum (« moyen âge ») en 1604[7]. La division en trois périodes de l'histoire fut popularisée auXVIIe siècle parChristoph Cellarius et est depuis devenue la norme[8].

Schéma chronologique des quatre époques de l'Histoire selon les historiens français.

La date admise le plus communément pour le point de départ du Moyen Âge est l'année 476, quandle dernier empereur romain d'Occident fut déposé, et celle-ci fut proposée pour la première fois par Bruni[5]. Lafin du Moyen Âge est généralement située à la fin duXVe siècle mais selon le contexte, la date exacte peut varier. On peut par exemple citer lachute de Constantinople en 1453, le premier voyage deChristophe Colomb en1492 ou le début de laRéforme protestante en 1517[9]. Les historiens français utilisent souvent la fin de laguerre de Cent Ans en 1453 pour marquer le terme de la période tandis qu'enGrande-Bretagne et enEspagne, c'est respectivement labataille de Bosworth en 1485[10] et laprise de Grenade en 1492[11] qui sont plus fréquemment mentionnées. Ces dates symboliques ne marquent pas à elles seules un changement d'époque et l'historiographie contemporaine considère que la période de laRenaissance allant du début duXVe siècle au milieu duXVIe siècle marque la transition du Moyen Âge à l'époque moderne. De la même manière, il n'y eut pas de passage brutal de l'Antiquité au Moyen Âge mais un processus assez long appeléAntiquité tardive s'étendant de la fin duIIIe siècle au milieu duVIIe siècle. Une définition plus large est donnée parJacques Le Goff, défenseur d'un « long Moyen Âge » occidental qui s'étendrait duIVe siècle (l'installation du christianisme) auXVIIIe siècle (la révolution industrielle en Grande-Bretagne et la Révolution française), contestant l'idée que la Renaissance aurait mis fin à la culture médiévale[12],[13].

Le Moyen Âge est lui-même subdivisé en trois parties : lehaut Moyen Âge de la fin duVe siècle à la fin duXe siècle, leMoyen Âge central ou classique du début duXIe siècle à la fin duXIIIe siècle et lebas Moyen Âge ou Moyen Âge tardif du début duXIVe siècle à la fin duXVe siècle[1].

Fin de l'Empire romain en Occident

Articles détaillés :Antiquité tardive etDéclin de l'Empire romain d'Occident.
Sculpture située au coin d'un bâtiment aux murs en marbre représentant quatre hommes portant des toges et des épées. Les statues sont quasiment identiques et regroupées par deux.
Statue des quatre tétrarques réalisée vers 300 et se trouvant aujourd'hui àVenise.

L'Empire romain atteignit son extension territoriale maximale auIIe siècle mais il perdit progressivement le contrôle de ses territoires frontaliers durant les deux siècles qui suivirent[14]. Les problèmes économiques et les pressions extérieures provoquèrent unegrave crise politique auIIIe siècle durant laquelle lesempereurs accédaient au pouvoir par la force et en étaient rapidement chassés[15]. Les dépenses militaires augmentèrent fortement notamment du fait desguerres contre lesSassanides en Orient[16]. La taille de l'armée doubla mais sa composition vit la disparition progressive de l'infanterie lourde au profit de lacavalerie et de l'infanterie légère tandis que leslégions furent remplacés par des unités plus petites[17]. Cet accroissement des dépenses militaires entraîna une augmentation des impôts et un appauvrissement des classes inférieures comme lesdécurions[16].

Pour faire face à ces difficultés, l'empereurDioclétien (r. ) décida en 286 de diviser administrativement l'Empire en deux moitiés, l'uneorientale et l'autreoccidentale qui furent à leur tour subdivisées en deux. Chacune de ces quatre régions possédait un empereur qui formaient laTétrarchie. Malgré cette gouvernance quadruple, il ne s'agissait pas d'un éclatement de l'Empire et les zones correspondaient plus à des zones d'influence ou à desthéâtres militaires qu'à des entités indépendantes[18]. Après une guerre civile,Constantin Ier(r. ) réunifia l'Empire en 324 mais il fut contraint de réinstaurer une tétrarchie peu avant sa mort. Il décida de faire deByzance qu'il renommaConstantinople la nouvelle capitale de l'Empire[19]. Grâce aux réformes de Dioclétien, la bureaucratie et la défense de l'Empire fut améliorée mais elles ne résolurent pas les problèmes structurels qu'il connaissait dont notamment une imposition excessive, une démographie déclinante et les agressions extérieures[20]. La situation politique resta instable tout au long duIVe siècle et l'affaiblissement de la défense des frontières causées par les luttes de pouvoir entre empereurs permit à des « tribus barbares » de s'implanter au sein de l'Empire[21]. Lasociété romaine s'éloigna de plus en plus de ce qu'elle était durant lapériode classique (en) avec un écart grandissant entre riches et pauvres et un déclin des petites villes[22]. Une autre évolution importante de la période fut la conversion de l'Empire auchristianisme qui devintreligion officielle en 381[23]. Cettechristianisation ne se fit pas sans difficultés et fut marquée par de nombreusespersécutions et l'opposition entre les différentscourants théologiques[24].

En 376, lesOstrogoths, qui fuyaient l'avancée desHuns, furent autorisés par l'empereurValens (r. ) à s'installer dans laprovince romaine deThrace dans lesBalkans. La gestion par les Romains de leur implantation et de leur admission en tant quepeuple fédéré fut calamiteuse et les Ostrogoths se mirent à piller la région[25]. Alors qu'il tentait de ramener l'ordre, Valens fut tué lors de labataille d'Andrinople en 378 et les Ostrogoths s'implantèrent de manière autonome au sein de l'Empire[26]. En 400, lesWisigoths envahirent l'Empire d'Occident etpillèrent Rome en 410[27]. D'autres peuples firent de même et les « invasions barbares » virent lamigration de nombreuses populations essentiellementgermaniques dans toute l'Europe. LesFrancs, lesAlamans et lesBurgondes s'installèrent dans le nord de laGaule, lesAngles, lesSaxons et lesJutess'implantèrent en Grande-Bretagne tandis que les Wisigoths et lesVandales fondèrent respectivement des royaumes enHispanie et enAfrique du Nord[28],[29]. Ces mouvements de population étaient en partie causés par l'avancée vers l'ouest des Huns qui, menés parAttila (r. ), pillèrent les Balkans en 442 et 447, la Gaule en 451 et l'Italie en 452[30]. Les Huns restèrent menaçants jusqu'en 453 quand l'Empire hunnique s'effondra à la mort de son chef[31]. Ces invasions bouleversèrent profondément la nature culturelle, politique et démographique de l'Empire romain d'Occident[29].

AuVe siècle, la partie occidentale de l'Empire se divisa en petites entités autonomes gouvernées par les tribus qui s'y étaient installées au début du siècle[32]. Les empereurs de cette période avaient généralement peu d'influence et la plus grande partie du pouvoir appartenait à des généraux d'originebarbare commeStilicon (d. 408),Aspar (d. 471) ouRicimer (d. 472). La déposition du dernier empereur romain d'Occident,Romulus Augustule par le chef ostrogothOdoacre en 476, est traditionnellement utilisée pour marquer la fin de l'Empire romain d'Occident et par extension celle de l'Antiquité[33]. Même s'il survécut aux invasions barbares, l'Empire romain d'Orient, devenuEmpire byzantin, fut fortement affecté et fut incapable de reprendre le contrôle des territoires perdus. AuVIe siècle, l'empereurJustinien (r. ) parvint à reconquérir l'Afrique du Nord et lapéninsule italienne mais ces territoires furent reperdus au siècle suivant[34].

Apparition du terme Moyen Âge

D'après Jacques Le Goff :

À partir du XIVe siècle mais surtout au XVe siècle, quelques poètes et écrivains surtout italiens eurent le sentiment qu'ils évoluaient dans une atmosphère nouvelle [...]. Ils voulurent donc définir, de façon péjorative, la période dont ils pensaient sortir avec bonheur. [...] Cette période qu'ils cherchaient à définir avait ainsi comme seule particularité d'être intermédiaire entre une Antiquité imaginaire et une modernité imaginée : ils la désignèrent comme « âge moyen » (mediaætas)[35].

Haut Moyen Âge

Article détaillé :Haut Moyen Âge.

Évolution de la société

Articles détaillés :Femmes durant le haut Moyen Âge etEssor des écoles chrétiennes.

La structure politique de l'Europe occidentale changea profondément avec la fin de l'Empire romain d'Occident. Même si les mouvements de populations durant cette période ont été qualifiés d'« invasions », il ne s'agissait pas d'expéditions militaires mais de migrations concernant des peuples entiers. Les structures romaines en Occident ne disparurent néanmoins pas brusquement car ces barbares ne représentaient que 5 % de la population d'Europe occidentale[36]. Le mélange des élites barbares et romaines notamment par le biais du christianisme donna naissance à une nouvelle société intégrant des éléments des deux cultures[37]. La disparition de la bureaucratie romaine entraîna cependant l'effondrement du système économique romain et la plupart des nouvelles entités politiques finançaient leurs armées de manière décentralisée par le biais de chefs locaux et du pillage plutôt que de manière centralisée par l'impôt. La pratique de l'esclavage déclina mais avec la ruralisation de la société, il fut remplacé par leservage[38].

Pièce en or grossièrement frappée avec le profil d'un homme portant une toge
Pièce à l'effigie deThéodoric

En Europe occidentale, de nouvelles entités apparurent dans les anciens territoires de l'Empire romain[39]. Les Ostrogoths menés parThéodoric (d. 526) s'installèrent enItalie à la fin duVe siècle et créèrent unroyaume caractérisé par une coopération entre Italiens et Ostrogoths du moins jusqu'à la fin du règne de Théodoric[40]. Le premier royaume burgonde fut détruit par les Huns en 436 et unnouveau fut fondé dans les années 440 dans l'actuel est de la France[41]. Dans le nord de la Gaule, les Francs formèrent plusieursroyaumes indépendants qui furent unifiés et christianisés parClovis (r. )[42]. Dans lesîles Britanniques, les Anglo-Saxons s'installèrent aux côtés desBritto-romains mais l'actuelle Angleterre resta divisée en plusieurs royaumes. Au sud, les Wisigoths et lesSuèves formèrent respectivement des royaumes dans l'est et l'Ouest de lapéninsule Ibérique tandis que les Vandales s'installèrent enAfrique du Nord[41]. Profitant du chaos causé par lesattaques byzantines en Italie, lesLombards supplantèrent le royaume ostrogoth à la fin duVIe siècle[43]. Plus à l'est, des peuplesslaves s'installèrent enEurope centrale etorientale dans les anciens territoires des tribus germaniques même si les circonstances de ces migrations restent en grande partie inconnues. Sur le plan linguistique, lelatin fut progressivement remplacé par des langues apparentées mais distinctes regroupées sous l'appellation delangues romanes tandis que legrec resta la langue dominante de l'Empire byzantin et que les Slaves apportèrent leurs propreslangages en Europe de l'Est[44].

Survivance de l'Empire romain d'Orient

Mosaïque représentant un groupe d'hommes en tenues ecclésiastiques blanches en entourant un autre portant une toge noire. Des hommes en armes se tiennent à leurs côtés.
Mosaïque montrantJustinien avec l'évêque deRavenne, des courtisans et des gardes du corps.

Alors que l'Europe occidentale se fragmentait en de multiplesroyaumes germaniques, l'Empire romain d'Orient conserva globalement son intégrité territoriale et son économie resta dynamique jusqu'au début duVIIe siècle : soninfluence reste largement méconnue hors des spécialistes, ou bien elle n'est perçue qu'à travers le prisme de l'influence arabe[45]. LaPerse étant également menacée par despeuples nomades venant dessteppes d'Asie centrale (Shvetahûna), une paix relative exista une grande partie duVe siècle entre les Romains d'Orient (que nous appelons « Byzantins ») et les Sassanides. Sur le plan politique, l'influence de l'Église était forte tant dans l'Empire byzantin (christianisme oriental) qu'en Europe occidentale (occident chrétien) et les questions doctrinales influençaient fréquemment les décisions des dirigeants. Ledroit romain de tradition orale futcodifié parThéodose II (r. ) en 438[46] et une autrecompilation fut menée par Justinien sous la forme duCorpus juris civilis en 529[47]. Justinien supervisa également la construction de labasiliqueSainte-Sophie à Constantinople et son généralBélisaire (d. 565) reprit l'Afrique du Nord aux Vandales et l'Italie aux Ostrogoths[48],[49]. Cette reconquête ne fut pas complète car la détérioration de la situation économique causée par une épidémie depeste en 542 l'empêcha de mener de nouvelles offensives jusqu'à la fin de son règne[48]. À sa mort, les Byzantins avaient repris le contrôle d'unegrande partie de l'Italie, de l'Afrique du Nord et du sud de l'Espagne. Les historiens ont cependant critiqué les conquêtes de Justinien qui épuisèrent les finances de l'Empire et le rendirent probablement trop étendu pour être défendu efficacement ; l'Italie fut ainsi envahie par les Lombards quelques années plus tard et tous les autres territoires furent perdus dans la première moitié duVIIe siècle[50].

L'Empire byzantin fut également menacé par l'installation des Slaves dans les provinces deThrace et d'Illyrie au milieu duVe siècle tandis que dans les années 560, lesAvarsturcophones migrèrent jusqu'au nord duDanube. À la fin du siècle, ces derniers étaient devenus la puissance dominante en Europe orientale et les empereurs byzantins devaient régulièrement payer destributs pour éviter leurs attaques. Ils restèrent une menace jusqu'à la fin duVIIIe siècle et l'arrivée des tribus hongroises dans le bassin du Danube[51]. L'empereurMaurice (r. ) parvint àstabiliser la situation en Europe mais les Sassanides deKhosro II (r. ) profitèrent de l'instabilité causée par son renversement pourenvahir l'Égypte, leLevant et une partie de l'Asie mineure. L'empereurHéraclius (r. ) organisa une contre-attaque victorieuse avec notamment l'appui d'auxiliairesturcs dans les années 620 et il parvint à récupérer tous les territoires perdus en 628[52].

Société occidentale

Photographie d'un casque métallique équipé de garde-joues, d'un masque facial et d'une jugulaire en cuir. La surface métallique est décorée avec des motifs finement ciselés, tandis que certains éléments sont dorés.
Reconstitution d'uncasque anglo-saxon duVIIe siècle découvert àSutton Hoo dans le Sud-Est de l'Angleterre

En Europe occidentale, lesystème éducatif romain (en) essentiellement oral disparut et si le degré d'alphabétisation resta élevé chez les élites, savoir lire devint plus une compétence pratique qu'un signe de statut social. La littérature de l'époque devint majoritairement d'inspiration chrétienne et auIVe siècle,Jérôme de Stridon (d. 420), l'un desPères de l'Église, rêva que Dieu lui reprochait de plus lireCicéron que laBible[53]. Les textes classiques continuèrent néanmoins d'être étudiés et certains auteurs commeAugustin d'Hippone (d. 430),Sidoine Apollinaire (d. 486) etBoèce (d. 524) devinrent des références durant tout le Moyen Âge et jusqu'à nos jours[54]. La culture aristocratique délaissa les études littéraires, tandis que les liens familiaux et les valeurs de loyauté, de courage et d'honneur conservèrent une place importante. Ces liens pouvaient mener à des conflits au sein de la noblesse qui pouvaient être réglés par les armes ou par l'argent[55].

En raison du faible nombre de documents écrits sur le monde paysan avant leIXe siècle, la vie des classes inférieures est bien moins connue que celle de la noblesse et la plupart des informations est issue de l'archéologie ou des textes juridiques et des écrivains des classes supérieures[56]. L'organisation foncière n'était pas uniforme en Europe occidentale et certaines régions étaient fragmentées en de nombreuses propriétés tandis que dans d'autres, les grandes exploitations étaient la norme. Ces différences créèrent une grande variété de sociétés rurales et cela influa sur les relations de pouvoir ; certaines communautés étaient dominées par l'aristocratie tandis que d'autres disposaient d'une large autonomie[57]. La population rurale n'était pas non plus répartie de manière uniforme et des villages de plusieurs centaines d'habitants pouvaient cohabiter avec des fermes isolées dispersées dans toute la campagne[58]. La société du Haut Moyen Âge était moins figée qu'à la fin de l'Empire romain et via le service militaire auprès d'un seigneur local, une famille de paysans libres pouvait accéder à l'aristocratie en quelques générations[59].

La fin de l'Empire romain et le début du haut Moyen Âge virent une diminution importante de la population et la taille des villes se réduisit fortement.Rome passa ainsi de près d'un million d'habitants auIIIe siècle à environ 30 000 à la fin duVIe siècle. Lestemples romains furent convertis en églises chrétiennes tandis que d'autres constructions et monuments furent utilisés comme sources de matériaux de construction. L'apparition de nouveaux royaumes entraîna à l'inverse une croissance démographique dans les villes choisies comme capitales[60]. Les migrations et les invasions de l'Antiquité tardive bouleversèrent les réseaux commerciaux établis par les Romains autour de laMéditerranée. Les produits importés furent donc remplacés par des productions locales en particulier pour les régions éloignées de la Méditerranée comme la Gaule et la Grande-Bretagne et seuls les produits de luxe continuèrent à être transportés sur de longues distances[61].

Expansion de l'islam

Article détaillé :Expansion de l'islam.
Carte de l'expansion de l'islam. Le rouge sombre indique les conquêtes de 622 à 632, l'orange celles de 632 à 661 et le jaune celles de 661 à 750.

L'Empire byzantin et la Perse connurent un grand foisonnement religieux auVIe siècle. En plus du christianisme et de ses nombreux courants idéologiques, lejudaïsme et lezoroastrisme étaient également influents, tandis que des cultespolythéistes existaient dans lapéninsule arabique. Dans les années 610 et 620,Mahomet fonda une nouvelle religion, l'islam, etunifia les tribusarabes[62]. Profitant du chaos provoqué par la guerre entre l'Empire byzantin et la Perse, lesArabesannexèrent les seconds entre 637 et 642 et chassèrent les premiers duLevant en 634-635 et de l'Égypte en 640-641. Ils envahirent également l'Afrique du Nord à la fin duVIIe siècle et lapéninsule ibérique qu'ils appelèrentAl-Andalus dans les années 710[63],[64].

Lagrande mosquée de Kairouan, état actuel duIXe siècle.

L'expansion musulmane en Europe cessa au milieu duVIIIe siècle avec l'échec dusiège de Constantinople en 718 et la défaite face aux Francs àPoitiers en 732. Une autre raison de cet arrêt fut l'effondrement de la dynastie desOmeyyades en 750 et son remplacement par lesAbbassides. Ces derniers installèrent leur capitale àBagdad et se préoccupèrent plus duMoyen-Orient que de l'Europe. Le monde musulman était également traversé par destensions internes et les Abbassides perdirent le contrôle de l'Espagne au profit de l'émirat de Cordoue tandis que l'Afrique du Nord et l'Égypte devinrent respectivement gouvernées par lesAghlabides et lesToulounides[65].

Église et monachisme

Dessin de style médiéval montrant deux hommes assis en habits de moines. L'un d'eux écrit sur un livre placé sur un pupitre.
Illustration d'unmanuscrit duXIe siècle représentant le papeGrégoireIer dictant à un secrétaire.

Lechristianisme était un important facteur d'unité entre l'est et l'ouest de l'Europe mais la conquête arabe de l'Afrique du Nord rompit les liens maritimes entre les deux régions. Des différences théologiques et politiques émergèrent alors et au milieu duVIIIe siècle, les divergences concernant l'iconoclasme, lecélibat des prêtres, lecontrôle étatique de l'Église et laliturgie (en grec à l'est et latin à l'ouest) devinrent particulièrement profondes[66]. La rupture futofficialisée en 1054 lorsque lepapeLéon IX et lepatriarche de ConstantinopleMichel Cérulaire s'excommunièrent mutuellement après des affrontements au sujet de lasuprématie pontificale et de questions d'ordre théologiques et liturgiques. La Chrétienté fut ainsi divisée en deux avec une branche occidentale qui devint l'Église catholique et une branche orientale qui forma l'Église orthodoxe[67].

Lastructure ecclésiastique apparue sous l'Empire romain resta globalement inchangée malgré les bouleversements de l'Antiquité tardive mais la Papauté avait peu d'influence et peu d'évêques suivaient son autorité religieuse ou politique. Avant 750, lespapes se préoccupaient essentiellement des controverses théologiques avec les Byzantins et sur les 850 lettres du papeGrégoireIer (pape 590-604) qui nous sont parvenues, la vaste majorité concernait les affaires en Italie et à Constantinople. La christianisation de l'Europe occidentale, déjà bien avancée à la fin de l'Empire romain, se poursuivit et desmissions furent notamment envoyées en Grande-Bretagne en 597 pourévangéliser les Anglo-Saxons[68]. Lesmoines irlandais (en) commeColomban (d. 615) furent particulièrement actifs entre lesVIe et VIIIe siècles et ils fondèrent des missions en Angleterre puis dans l'actuelle Allemagne[69].

Le haut Moyen Âge vit l'émergence dumonachisme en Europe occidentale dont le concept avait été développé par lesPères du désert d'Égypte et de Syrie. Les moines vivaient généralement de façon autonome et se concentraient sur la vie spirituelle en appliquant les enseignementscénobitiques développés parPacôme le Grand (d. 348) auIVe siècle. Les idéaux monastiques se répandirent en Europe occidentale grâce auxhagiographies comme laVie d'Antoine[70]. AuVIe siècle,Benoît de Nursie (d. 547) rédigea larègle de saint Benoît qui détaillait les responsabilités administratives et spirituelles d'une communauté de moines dirigée par unabbé[71]. Les moines et les monastères eurent un impact considérable sur la vie politique et religieuse et servaient de gestionnaires pour les biens de la noblesse, de centres de propagande et de soutien au pouvoir royal dans les régions conquises et de bases pour l'évangélisation[72]. Ils étaient les principaux et parfois les seuls centres intellectuels d'une région et la plupart destextes antiques qui nous sont parvenus ont étécopiés dans des monastères durant le haut Moyen Âge[73]. Les moines commeBède (d. 735) furent également les auteurs de nouveaux travaux en histoire, en théologie et dans d'autres domaines[74]. Tout au long du Moyen Âge, les moines ne représentèrent cependant qu'une très faible proportion de la population, en moyenne moins de 1 %[75].

Empire carolingien

Articles détaillés :Empire carolingien,Renaissance carolingienne etArt carolingien.
Carte de l'expansion du pouvoir des Francs de 481 à 814

En Grande-Bretagne, les descendants des envahisseurs anglo-saxons fondèrent les royaumes rivaux deNorthumbrie, deMercie, deWessex, et d'Est-Anglie, tandis que des entités plus petites enÉcosse et dans lePays de Galles restaient sous le contrôle desBretons et desPictes natifs de l'archipel[76]. Le paysage politiqueirlandais était encore plus fragmenté avec près de 150 rois locaux d'autorité variable[77]. Durant lesVIe et VIIe siècles, le royaume franc dans le nord de la Gaule se désintégra en plusieurs royaumes, l'Austrasie, laNeustrie et la Bourgogne gouvernés par des membres de ladynastie mérovingienne descendant de Clovis. Les deux premiers furent fréquemment en guerre durant leVIIe siècle[78] et ces affrontements furent exploités parPépin de Landen (d. 640), lemaire du palais d'Austrasie, qui devint le principal conseiller du roi. Ses descendants devinrent à leur tour rois ou servirent comme régents ou conseillers. L'un d'eux,Charles Martel (d. 741), mit un terme aux incursions musulmanes au nord desPyrénées après labataille de Poitiers en 732[79].

Les successeurs de Charles Martel, formant ladynastie carolingienne prirent le contrôle des royaumes d'Austrasie et de Neustrie lors d'un coup d'État organisé en 753 parPépin III (r. ). Cette accession au pouvoir fut accompagnée d'une propagande représentant les Mérovingiens comme des souverains incapables et cruels et qui vantait les exploits de Charles Martel et la grande piété de safamille. Comme cela était la tradition à l'époque, le royaume de Pépin III fut partagé à sa mort entre ses deux fils Charles (r. ) etCarloman (r. ). Quand ce dernier mourut de causes naturelles, son frère profita de la situation pour réunifier les possessions de son père. Charles, généralement appelé Charles le Grand ouCharlemagne, entreprit une politique d'expansion agressive qui permit d'unifier une grande partie de l'Europe occidentale au sein de l'Empire carolingien s'étendant sur la majeure partie de l'actuelle France, du nord de l'Italie et de l'ouest de l'Allemagne moderne.

Photographie de l'intérieur d'une chapelle de style carolingien avec un large lustre doré suspendu au-dessus d'un autel.
Intérieur de lachapelle palatine d'Aix-la-Chapelle achevée en 805.

Sacour àAix-la-Chapelle fut le centre d'un renouveau culturel appeléRenaissance carolingienne qui vit un épanouissement desarts et de la culture. Sur le plan linguistique, lelatin classique utilisé depuis l'Empire romain évolua vers une forme plus adaptée aux besoins de l'administration et du clergé qui fut appeléelatin médiéval[80]. Laminuscule caroline apparut également pour remplacer l'onciale romaine ; plus ronde, elle facilitait la lecture et se diffusa rapidement dans toute l'Europe[81]. Charlemagne encouragea des évolutions de la liturgie grâce àBenoît d'Aniane en imposant les pratiques romaines et lechant grégorien dans les églises[82].

En 774, Charlemagne battit les Lombards et la fin de cette menace marqua le début desÉtats pontificaux qui existèrent jusqu'à l'unification italienne auXIXe siècle. Son couronnement commeempereur d'Occident par lepape le jour deNoël de l'année 800 fut considéré comme unerenaissance de l'Empire romain d'Occident[83] tandis que ce nouveau titre permettait à Charlemagne de se placer au même niveau que l'empereur byzantin[84]. L'Empire carolingien restait cependant très décentralisé et l'administration impériale était composée d'une cour itinérante tandis que le territoire était subdivisé en centaines de comtés. Les activités des fonctionnaires locaux étaient contrôlées par des représentants impériaux appelésmissi dominici (« envoyés du seigneur »)[85]. La société restait très rurale et ne comptait que quelques villes tandis que le faible commerce était limité aux îles britanniques et à laScandinavie[83].

Réorganisation de l'Europe

Article détaillé :Âge des Vikings.
Division territoriale de l'Empire carolingien en843,855 et870

Juste avant de mourir, Charlemagne couronna empereur son unique filsLouisIer (r. ) mais son règne fut marqué par les luttes de pouvoir entre ses fils. Avant sa mort, il divisa l'Empire entre son fils aînéLothaire (d. 855) qui obtint laFrancie orientale située à l'est duRhin et son plus jeune fils,Charles (d. 877) qui reçut laFrancie occidentale, tandis qu'un troisième fils,Louis (d. 876), fut autorisé à régner sur la Bavière sous la suzeraineté de Charles. Le partage fut contesté après la mort de LouisIer et au terme d'une guerre civile de trois ans, les frères s'accordèrent sur letraité de Verdun[86]. Charles obtint les territoires occidentaux correspondant à une grande partie de la France actuelle, Louis reçut la Bavière et les territoires orientaux de l'Empire aujourd'hui situés en Allemagne tandis que Lothaire conserva son titre d'empereur et régna sur laFrancie médiane située entre les possessions de ses deux frères[86]. Ces royaumes furent à leur tour divisés et toute cohésion interne disparut[87]. La dynastie carolingienne s'éteignit en Francie orientale en 911 avec la mort deLouis IV[88] et le choix deConrad Ier sans lien de parenté[89]. Elle perdura plus longtemps en Francie occidentale mais fut finalement remplacée en 987 par ladynastie capétienne avec le couronnement deHugues Capet (r. ).

Plaque en ivoire gravée représentant un homme barbu en toge assis sur une sorte d'anneau. Plusieurs personnages également en toge l'entoure et l'un d'eux tient la maquette d'une église.
Ivoireottonien duXe siècle représentantJésus-Christ recevant une église des mains d'OttonIer.

La désintégration de l'Empire carolingien s'accompagna de nouvelles vagues de migrations. LesVikings originaires de Scandinavie pillèrent les côtes britanniques et continentales de lamer du Nord et s'y installèrent au début duIXe siècle. En 911, le chef vikingRollon (d.c. 931) fut autorisé par le roi francCharles III (r. ) à s'installer dans ce qui devint laNormandie[90]. Depuis cette base, lesNormands lancèrent des expéditions militaires notamment en Angleterre avecGuillaume le Conquérant (d. 1087) et jusque dans lesud de l'Italie avecRobert Guiscard (d. 1085)[91]. À l'est, les frontières des royaumes francs furent la cible de nombreuses attaques hongroises jusqu'à ce que ces derniers ne soient battus à labataille du Lechfeld en 955 et sesédentarisent dans laplaine de Pannonie[92].

Les actions des dirigeants locaux pour faire face à ces invasions entraînèrent la formation de nouvelles entités politiques. EnAngleterre anglo-saxonne, le roiAlfred le Grand (r. ) négocia avec les envahisseurs vikings le partage du territoire et céda unebonne partie du Nord et de l'Est de l'Angleterre[93]. Au milieu duXe siècle, ses successeurs reprirent certains territoires et restaurèrent la domination anglaise sur le sud de la Grande-Bretagne[94]. Plus au nord,Kenneth MacAlpin (d.c. 860) rassembla les Pictes et lesÉcossais au sein du royaume d'Alba[95]. Au début duXe siècle, ladynastie ottonienne s'imposa dans leroyaume de Germanie qui avait succédé à la Francie orientale et combattait les Hongrois.OttonIer (r. ) renforça son pouvoir et en 962, il fut couronnéempereur duSaint-Empire romain germanique[96]. En Espagne, les chrétiens qui avaient été repoussés au nord de la péninsule par l'expansion musulmane s'étendirent progressivement vers le sud auxIXe et Xe siècles et fondèrent les royaumes deLeón et deNavarre[97].

Lesactivités des missionnaires en Scandinavie auxIXe et Xe siècles facilitèrent l'émergence de royaumes comme laSuède, leDanemark et laNorvège. En plus de l'Angleterre et de la Normandie, les Vikings s'installèrent enIslande et dans ce qui devint laRussie. Dans cette région, ils développèrent un important réseau commercial en s'appuyant sur leréseau fluvial de la région et ils tentèrent même de prendre Constantinople en860 et907[98]. Malgré ces attaques, la situation de l'Empire byzantin, ébranlée par les attaques musulmanes, s'améliora durant les règnes des empereursLéon VI (r. ) etConstantin VII (r. ) de ladynastie macédonienne. Le commerce fut relancé et les réformes de l'administration et de l'armée permirent à l'empereurBasile II (r. ) de progresser sur tous les fronts. La cour impériale fut le centre d'unerenaissance culturelle avec des auteurs commeJean Géomètre (d.c. 1000)[99]. Les missionnaires venant à la fois de l'ouest et de l'est convertirent lesMoraves, lesBulgares, lesPolonais, les Hongrois et les slaves de laRus' de Kiev et ces conversions contribuèrent à la formation de nouveaux États sur les terres de ces peuples comme laMoravie, laBulgarie, laPologne ou laHongrie[100].

Art et architecture

Articles détaillés :Architecture chrétienne au Moyen Âge,Architecture carolingienne,Art des migrations,Art préroman etArt carolingien.
Page en vélin portant une riche enluminure représentant Jésus-Christ au centre entouré de quatre personnages plus petits, probablement les Évangélistes. L'ensemble est décoré de motifs celtiques colorés.
Une page dulivre de Kells, unmanuscritenluminé créé dans les îles britanniques vers la fin duVIIIe siècle ou au début duIXe siècle.

Peu de grands bâtiments en pierre furent construits entre lesIVe et VIIIe siècles mais l'Empire carolingien raviva le concept debasilique[101] dont la principale caractéristique était la présence d'untransept[102] perpendiculaire à une grandenef[103]. Elles comportaient également unetour-lanterne au-dessus de lacroisée du transept et unefaçade monumentale généralement située à l'extrémité ouest du bâtiment[104]. La cour de Charlemagne semble avoir été responsable de l'introduction dessculptures monumentales dans l'art chrétien[105] et à la fin du haut Moyen Âge, les représentations humaines presque grandeur nature comme lacroix de Gero s'étaient répandues dans les plus grandes églises[106].

L'art carolingien était destiné à un petit groupe de personnes appartenant à la cour ainsi qu'aux monastères et aux églises qu'elle soutenait. La volonté carolingienne était de retrouver les formes et la splendeur de l'art romain etbyzantin, tandis que l'art anglo-saxon cherchait à associer les formes et les motifsceltiques avec ceux venant de la Méditerranée. Les œuvres religieuses du haut Moyen Âge qui nous sont parvenues sont essentiellement desmanuscrits enluminés et desivoires utilisés dans des pièces d'orfèvrerie qui ont depuis été fondues[107],[108]. Les objets en métaux précieux étaient les plus prestigieux mais ils ont presque tous été perdus hormis quelquescroix comme lacroix de Lothaire et desreliquaires. D'autres ont été retrouvés lors de découvertesarchéologiques médiévales comme lestrésors deSutton Hoo en Angleterre anglo-saxonne, deGourdon en France mérovingienne, deGuarrazar en Espagne wisigothique et deNagyszentmiklós enRoumanie près du territoire byzantin[109]. De nombreux livres enluminés nous sont parvenus comme leLivre de Kells et lesÉvangiles de Lindisfarne anglo-saxons ou leCodex Aureus de Saint-Emmeran carolingien qui est l'un des rares à avoir conservé sapremière de couverture en or et incrustée depierres précieuses[110].

Développements militaires

Durant leBas-Empire, les Romains cherchèrent à développer une force de cavalerie efficace et la création d'unités decataphractaires lourdement protégés d'inspiration orientale fut une des solutions proposées. Cependant, en l'absence d'étrier, qui ne fut introduit en Europe que vers leVIIIe siècle, l'efficacité de la cavalerie en tant qu'unité de choc était limitée car il n'était pas possible de transférer toute l'énergie du cavalier et de sa monture dans les coups portés sans risquer d'être désarçonné[111]. La cavalerie était donc essentiellementlégère et était souvent composée d'archers équipés de puissantsarcs composites[112]. La composition des armées barbares n'était pas uniforme et certaines tribus comme les Anglo-Saxons étaient majoritairement composées de fantassins tandis que les Wisigoths et les Vandales intégraient une plus grande proportion de cavaliers[113]. L'importance de l'infanterie et de la cavalerie légère commença à décliner au début de la période carolingienne du fait de la domination croissante de la cavalerie lourde grâce à l'utilisation des étriers. Une autre avancée technologique qui eut des implications au-delà du domaine militaire fut lefer à cheval qui permit aux chevaux d'être utilisés sur tous les types de terrains[114]. L'art de la guerre fut également marqué par l'évolution de laspatha romaine qui s'allongea et s'affina pour donner naissance à l'épée médiévale[115] tandis que l'armure d'écailles (en) fut progressivement remplacée par lacotte de mailles et l'armure lamellaire (en) plus flexibles[116]. L'emploi demilices levées parmi la population déclina durant la période carolingienne avec une plus grande professionnalisation de l'armée[117]. Une exception fut l'Angleterre anglo-saxonne où les armées restaient composées de levées régionales appeléesfyrds commandés par les élites locales[118].

Moyen Âge central

Article détaillé :Moyen Âge central.

Le Moyen Âge dit « classique » ou « central », qui s'étend auxXIe,XIIe et XIIIe siècles, est la période comprise entre le « haut Moyen Âge » et le « bas Moyen Âge ».

Cette époque est marquée par une augmentation rapide de la population enEurope, entraînant des changements sociaux et politiques considérables, profitant à l'économie européenne à partir de 1250.

Lacrise de la fin du Moyen Âge et la pandémie depeste noire marquent la fin du Moyen Âge classique et voient la stagnation de l'économie ainsi que le déclenchement de plusieurs guerres (dont laguerre de Cent Ans). C'est ce que l'on appelle la « grande dépression médiévale » théorisée par Guy Bois qui marque le début de l'entrée dans leMoyen Âge tardif par opposition avec laRenaissance.

Société et économie

Articles détaillés :Société médiévale,Féodalité,Seigneurie,Femmes au Moyen Âge,Cuisine médiévale etNaissance des armoiries.
Enluminure représentant un chevalier entièrement recouvert d'une cote de mailles avec un heaume et un bouclier entouré de deux hommes, l'un en habits de moine et l'autre vêtu d'une tunique et tenant une pelle.
Enluminure française duXIIIe siècle représentant les troisordres de lasociété médiévale : ceux qui prient, lesecclésiastiques, ceux qui combattent, leschevaliers et ceux qui travaillent, lespaysans.

Le Moyen Âge central vit uneforte croissance démographique. Les historiens estiment que la population européenne passa de 35 à 80 millions entre 1000 et 1347 et suggèrent que cela fut lié à l'amélioration des techniques agricoles, à unclimat plus favorable, à l'accroissement des surfaces cultivées grâce auxdéfrichements et à l'absence d'invasions[119],[120],[121]. Plus de 90 % de la population restait composée de paysans et ces derniers se regroupèrent dans des petites communautés appeléesseigneuries[120]. Ils étaient souventassujettis à des nobles à qui ils devaient des services et un loyer en échange du droit de cultiver la terre. Le nombre de paysans libres était faible et ils étaient comparativement plus nombreux au sud qu'au nord de l'Europe[122].

Les nobles, ceux portant destitres et les simples chevaliers, exploitaient les seigneuries et les paysans ; ces terrains ne leur appartenaient cependant pas entièrement et unsuzerain les autorisaient à les utiliser via lesystème féodal. Durant lesXIe et XIIe siècles, ces terres oufiefs devinrent héréditaires et ne furent plus divisés entre tous les héritiers du propriétaire comme cela était le cas pendant le haut Moyen Âge mais étaientintégralement transmis au fils aîné[123],[124]. La domination de la noblesse reposait sur son contrôle de la terre et des châteaux, son service militaire dans la cavalerie lourde et sur diverses protections et exemptions fiscales[125]. Leschâteaux forts, initialement construits enbois puis en pierre, commencèrent à être construits auxIXe et Xe siècles en réponse aux désordres de la période et offraient une protection contre les envahisseurs et les seigneurs rivaux. Ces fortifications étaient l'un des facteurs du maintien du système féodal car elles garantissaient une certaine autonomie des seigneurs face aux rois et aux autres suzerains[125]. La noblesse était subdivisée en plusieurs strates. Les rois et la haute-noblesse contrôlaient de vastes domaines et avaient autorité sur d'autres nobles. Cette basse-noblesse avait moins d'influence et possédait de plus petites propriétés avec moins de serfs. En dessous, leschevaliers était la classe inférieure de la noblesse car ils ne pouvaient pas posséder de terres et devaient servir d'autres nobles[126] ; certains, comme lesministériels étaient techniquement des serfs avec le statut de chevalier[127].

Leclergé était également divisé et était composé duclergé séculier vivant au milieu des laïcs et duclergé régulier, qui suivait unerègle religieuse comme les moines[128]. La plupart des membres du clergé régulier était issue de la noblesse qui fournissait également le haut de la hiérarchie du clergé séculier. À l'inverse, les prêtres desparoisses avaient généralement une ascendance paysanne[129]. Les citadins se trouvaient dans une position intermédiaire car ils ne s'intégraient pas à la division traditionnelle de la société en troisordres à savoir la noblesse, le clergé et la paysannerie. Poussée par la croissance démographique, la population urbaine augmenta fortement auxXIIe et XIIIe siècles[130] même si elle ne dépassa probablement pas les 10 % de la population totale[131].

Dessin représentant deux hommes assis portant d'amples tuniques discutant sous les arches d'un bâtiment.
Illustration duXIIe siècle représentant une discussion entre un chrétien et un juif reconnaissable à sonchapeau pointu.

Durant le haut Moyen Âge, lesjuifs habitaient principalement enEspagne et des communautésapparurent enAllemagne et enAngleterre auxXIe et XIIe siècles. Les juifs disposaient d'une relativeprotection en Espagne musulmane, tandis que dans le reste de l'Europe, ils subissaient des pressions pour les contraindre à se convertir au christianisme et étaient parfois victimes depogrom comme lors de laPremière croisade[132]. La majorité étaitconfinée dans les villes car ils n'avaient pas le droit de posséder des terres et de nombreuses professions marchandes leur furent progressivement interdites[133]. En plus des juifs, d'autres minorités religieuses existaient aux marges de l'Europe, comme lespaïens à l'est ou les musulmans au sud[134].

Au Moyen Âge, les femmes étaient officiellement subordonnées à un homme pouvant être leur père, leur époux ou un autre membre de la famille. Les veuves, qui avaient généralement une plus grande autonomie, devaient également faire face à des restrictions. Les activités féminines se limitaient habituellement aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants. À la campagne, elles participaient auxmoissons, à l'élevage des animaux et pouvaient obtenir des revenus supplémentaires enfilant ou enbrassant chez elles[135]. Les citadines devaient aussi s'occuper du foyer mais elles pouvaient également avoir une activité marchande, même si ces opportunités étaient variables selon les régions et les périodes[136]. Les femmes de la noblesse avaient souvent la possibilité de déléguer leurs tâches à desdomestiques et pouvaient gérer les domaines et les affaires courantes en l'absence d'un proche mâle mais elles étaient communément exclues des questions militaires ou gouvernementales. Le seul rôle ouvert auxfemmes dans l'Église était celui denonne car il leur était interdit de devenir prêtre[135].

En Italie et dans lesFlandres, la croissance des villes qui disposaient d'une relative autonomie stimula la croissance économique et favorisa l'émergence de nouvelles formes commerciales. Les villes marchandes autour de lamer Baltique se rapprochèrent pour former une ligue commerciale appeléeHanse, tandis que lesrépubliques maritimes italiennes commeVenise,Gênes etPise s'affrontèrent pour le contrôle du commerce en Méditerranéenne[137]. Des grandesfoires furent créées notamment dans leNord de la France pour permettre les échanges entre marchands venant de toute l'Europe[138]. L'accroissement du commerce donna naissance à de nouvelles techniques financières visant à faciliter les échanges comme lacomptabilité en partie double et leslettres de crédit, tandis que lafrappe de l'or reprit en Italie puis dans les autres pays[139]. Des routes commerciales s'établissent entre les grandes villes d'Europe occidentale, telle laroute commerciale Bruges-Cologne qui permet aux marchands flamands de rallier le port fluvial deCologne ou la foire d'Aix-la-Chapelle.

Renforcement des États

Articles détaillés :Histoire de l'Empire byzantin,Rus' de Kiev,Écosse au Moyen Âge central,Espagnes médiévales,Italie médiévale,Italie byzantine etFrancs.
L'Europe et la Méditerranée au temps descroisades.

Le Moyen Âge central vit la formation des principaux États d'Europe occidentale etcentrale. Les rois deFrance, d'Angleterre et d'Espagne renforcent leur pouvoir face à leurs nobles et instaurent des institutions durables[140]. Convertis au christianisme, lesSlaves, lesBulgares et lesMagyars fondent aussi des royaumes tels que laRous', laTchéquie, laPologne, laBulgarie et laHongrie[141]. Après avoir été longtemps attachée à son indépendance par rapport aux souverainsLombards,Romains d'Orient,Francs ouGermaniques, laPapauté revendiqua uneautorité temporelle sur l'ensemble du monde chrétien, mais après laséparation des Églises d'Orient et d'Occident seules ces dernières s'y soumirent ; cette « monarchie papale » atteignit son apogée auXIIIe siècle sous le pontificat d'Innocent III (pape de 1198 à 1216)[142].

Au début de la période, les actuelles France orientale, Belgique, Pays-Bas, Allemagne occidentale, Suisse et Italie du nord étaient gouvernées par ladynastie ottonienne qui s'opposait à de puissantsducs comme ceux deSaxe ou deBavière, dont les territoires remontaient à l'Antiquité tardive. En 1024, les Ottoniens laissèrent place à ladynastie franconienne et l'un de ses membres, l'empereurHenri IV (r. ), affronta la Papauté au sujet de la nomination des évêques lors de laquerelle des Investitures[143]. Ses successeurs continuèrent à se battre contre la puissance politique de Rome et contre lanoblesse allemande : il s'ensuivit une période d'instabilité notamment après la mort sans héritiers d'Henri V (r. ), jusqu'à ce queFrédéric Barberousse devienne empereur (r. )[144]. Même s'il gouverna efficacement, les problèmes fondamentaux perdurèrent et continuèrent d'affecter ses successeurs[145] comme son petit-filsFrédéricII (r. ), qui futexcommunié à deux reprises[146]. EnEurope orientale, le milieu duXIIIe siècle fut marqué par une grandeinvasion mongole, victorieuse lors desbatailles de Legnica et deMohi en 1241, et qui se traduisit par de grands pillages et destructions, jusqu'à ce que lesMongols et Tatars s'installent etexploitent leurs conquêtes en réclamanttribut aux souverains européens. Toutefois leurs crises de succession les affaiblirent : progressivement, lesprincipautés russes, laLituanie, laPologne et laMoldavie s'émancipèrent de la tutelle desMongols et desTatars[147] et les repoussèrent dansce qui est aujourd'hui l'Ukraine méridionale, où cespeuples des steppes, initialementtengristes se convertirent à l'islam ets'allièrent à l'Empire ottoman[148].

Tapisserie montrant trois hommes portant d'amples habits discutant dans un bâtiment
Détail de latapisserie de Bayeux montrantGuillaume le Conquérant entouré de ses demi-frèresRobert de Mortain à gauche et de l'évêque de BayeuxOdon à droite.

Au début de ladynastie capétienne, le roi de France necontrôlait réellement que quelques territoires enÎle-de-France mais son autorité s'élargit tout au long desXIe et XIIe siècles[149]. Parmi les seigneurs les plus puissants figuraient lesducs de Normandie ; l'un d'eux, Guillaume le Conquérant (r. )conquit l'Angleterre et créa un empire avec des possessions des deux côtés de laManche, qui dura sous diverses formes jusqu'à la fin du Moyen Âge[150],[151]. Les rois d'AngleterreHenri II (r. ) etRichard Ier (r. ) appartenant à ladynastie Plantagenêt régnaient ainsi sur l'Angleterre et sur une grande partie du sud-ouest de la France grâce au mariage du premier avecAliénor d'Aquitaine (d. 1204)[152] ; ces territoires formaient l'Empire angevin[153],[154]. En 1204, le frère cadet de RichardIer,Jean (r. ), perdit la Normandie et les possessions anglaises du nord de la France lors d'uneguerre avec le roi de FrancePhilippe Auguste (r. ). Cela causa des tensions au sein de la noblesse anglaise et les impôts exigés par Jean pour financer la reconquête des territoires perdus menèrent à la signature de laMagna Carta garantissant les droits et les privilèges des hommes libres en Angleterre. Son filsHenri III (r. ) fut contraint à de nouvelles concessions qui limitèrent l'autorité royale[155]. À l'inverse, les rois de France continuèrent de réduire l'influence des nobles, intégrèrent de nouveaux territoires au domaine royal et centralisèrent l'administration[156]. SousLouis IX (r. ), le prestige royal atteignit de nouveaux sommets alors que le roi servait de médiateur pour les disputes dans toute l'Europe[157] ; il fut d'ailleurscanonisé par le papeBoniface VIII en 1297 (pape 1294-1303)[158]. En Écosse, les tentatives d'invasions anglaises provoquèrent unesérie de guerres dans la première moitié duXIVe siècle qui permirent au royaume de conserver son indépendance[159].

En Espagne, les royaumes chrétiens qui avaient été confinés au nord-ouest de la péninsule par laconquête musulmane, commencèrent à s'émanciper et à progresser vers le sud lors de ce qui fut appelé laReconquista[160]. Vers 1150, le Nord chrétien s'était organisé en cinq grands royaumes :León,Castille,Aragon,Navarre etPortugal[161]. Le Sud, dirigé par des musulmans, mais où vivaient aussi deschrétiens et desjuifs, était initialement uni au sein ducalifat de Cordoue, sefragmenta dans les années 1030 en de nombreuxémirats indépendants appeléstaïfas[160] jusqu'à ce que lesAlmohades restaurent un pouvoir central dans les années 1170[162]. Les forces chrétiennes continuèrent néanmoins de progresser et elles prirentSéville en 1248[163].

Croisades

Articles détaillés :Croisade,Reconquista,Croisade des Albigeois,Croisades baltes etDynastie des Comnènes.
Photographie d'un imposant château fort composé de deux rangées de murailles situé dans un paysage vallonné recouvert de maquis
LeKrak des Chevaliers fut construit durant les croisades pour lesHospitaliers.

AuXIe siècle, lesTurcs seldjoukides originaires d'Asie centrale envahirent une grande partie du Moyen-Orient enoccupant laPerse bouyide dans les années 1040 ainsi que l'Arménie et le Levant dans les décennies qui suivirent. En 1071, l'armée turque écrasa lesforces byzantines à labataille de Manzikert et captura l'empereurRomain IV (r. ). Cette défaite majeure eut d'importantes conséquences pour l'Empire Byzantin qui perditl'est et le centre de l'Anatolie[164] et fut dès lors contraint à la défensive. Mais les Turcs subirent également des revers, avec une série de guerres civiles et la prise deJérusalem par lesFatimides d'Égypte en 1098[165].

La volonté de reprendre lesLieux Saints aux musulmans et la politique de l'empereur byzantinAlexis Ier (r. ) visant à leur reprendre l'Anatolie centrale, motivèrent le lancement de laPremière croisade par le papeUrbain II (pape 1088-1099) lors duconcile de Clermont en 1095. Le pape promit d'accorder desindulgences à tous ceux qui participeraient, et des dizaines de milliers de personnes venant de toutes les couches sociales et de toute l'Europe se mirent en route vers laTerre sainte[166]. Jérusalem futprise en 1099 et les croisés consolidèrentleurs conquêtes mais les musulmans ne s'y résignèrent pas, et le voisinage dégénéra régulièrement en conflits. De nouvelles croisades furent donc lancées par la Papauté pour soutenir lesÉtats latins d'Orient[166], comme laTroisième destinée à reprendre Jérusalem capturée parSaladin (d. 1193) en 1187[167].

LaQuatrième croisade ne parvînt jamais en Terre sainte, car lesarmateurs vénitiens qui la transportaient la détournèrent vers unpays chrétien : elle s'empara de Constantinople qu'elle pilla en 1204, entraînant la création de l'Empire latin de Constantinople[168]. L'Empire byzantin et les autres « états grecs » (commeles nommaient les croisés) furent gravement affectés et même si les chrétiens d'Orient reprirent leur capitale en 1261, ils ne se relevèrent jamais complètement de cette attaque[169] et se sentirent dès lors assiégés sur deux fronts, par les « Francs » à l'ouest et par les « Sarrasins » à l'est[170]. Les croisades suivantes furent toutes de plus faible envergure et menées à l'initiative personnelle de monarques commeLouis IX de France pendant lesSeptième etHuitième croisades. Elles furent incapables d'enrayer l'isolement des États croisés, qui furent tous repris par les musulmans en 1291[171].

Ordres hospitaliers, militaires et religieux

Articles détaillés :Croisade,Reconquista,Liste des ordres hospitaliers,Croisades baltes etDynastie des Comnènes.

L'une des conséquences des croisades fut l'apparition d'ordres hospitaliers comme lesHospitaliers ou d'ordres militaires comme lesTempliers qui alternaient la vie monastique en temps de paix avec la vie militaire en temps de guerre[172]. En Espagne, laReconquista vit la formation de nouveaux ordres militaires comme ceux deCalatrava et deSantiago[173]. Les croisades ne furent pas uniquement lancées en direction du Proche-Orient et certaines visèrent des cultes chrétiens que l'Église catholique jugeait « schismatiques » (cas de laQuatrième croisade) ou « hérétiques » (cas de laCroisade des albigeois contre lescathares dans le sud de la France auXIIIe siècle ou desCroisades contre les hussites enBohême auXVe siècle)[166]. Des expéditions appelées « croisades baltes » furent également menées contre les « païens » despays baltes. LesChevaliers Porte-Glaive furent les premiers maîtres d'œuvre des croisades baltes au début duXIIIe siècle. Ils fusionnèrent ensuite avec l'ordre Teutonique, fondé dans les États croisés d'Orient, puis pourvu deprivilèges pour conquérir et exploiter les rives orientales de lamer baltique riches enambre, où il créa, à partir de laforteresse teutonique de Marienbourg enPrusse, l'État monastique des chevaliers Teutoniques, unethéocratie qui lutta longuement contre laPologne, laLituanie et laNovgorodie qui limitèrent son expansion au sud et à l'est[174].

Vie intellectuelle

Articles détaillés :Renaissance duXIIe siècle,Influence de Byzance en Occident,Philosophie médiévale,Littérature médiévale etMédecine médiévale dans l'Occident chrétien.
Enluminure d'un homme en habits de moine mesurant un disque doré posé sur une table avec un compas. Des livres et une mitre sont posés sous la table et la pièce se trouve dans ce qui ressemble à un château.
Enluminure duXIVe siècle représentant le mathématicien ethorloger anglaisRichard de Wallingford réalisant des mesures avec uncompas.

AuXIe siècle, les développements philosophiques et théologiques entraînèrent une grande activité intellectuelle. Les débats opposaient ainsi lesréalistes et lesnominalistes sur le concept d'universaux. Les échanges philosophiques furent également stimulés par la redécouverte des travaux d'Aristote sur l'empirisme et lerationalisme, et des universitaires commePierre Abélard (d. 1142) etPierre Lombard (d. 1164) introduisirent lalogique aristotélicienne dans la théologie. Le début duXIIe siècle vit l'émergence desécoles de cathédrales dans toute l'Europe occidentale et le transfert des lieux de savoir des monastères vers les villes[175]. Ces écoles furent à leur tour supplantées par lesuniversités qui furent créées dans les grandes villes européennes[176]. L'association de la philosophie et de la théologie donna naissance à lascolastique visant à concilier lathéologie chrétienne avec la philosophie antique[177] et qui culmina dans les travaux deThomas d'Aquin (d. 1274) et de saSumma Theologica[178].

La culture de lanoblesse (sinon ses mœurs et pratiques) fut marquée par le développement des idéauxchevaleresques et de l'amour courtois. Cette culture s'exprimait enlangue vernaculaire plutôt qu'enlatin et comprenait des poèmes, des récits et des chants populaires propagés par destroubadours et lesménestrels, souvent enoccitan médiéval. Les histoires étaient souvent rédigées sous la forme dechansons de geste relatant desépopées chevaleresques telles que laChanson de Roland ou laChanson d'Antioche[179]. Des récits historiques et religieux furent également produits comme l'Historia regum Britanniae deGeoffroy de Monmouth (d.c. 1155) sur l'histoire légendaire de l'Angleterre et notamment celle duRoi Arthur[180],[181]. D'autres travaux étaient plus historiques comme laGesta Frederici imperatoris d'Otton de Freising (d. 1158) sur la vie de l'empereur Frédéric Barberousse ou laGesta Regnum deGuillaume de Malmesbury (d.c. 1143) sur les rois d'Angleterre[180].

EnOccident, le développement dudroit civil fut stimulé par la redécouverte auXIe siècle duCorpus Juris Civilis de l'empereur romain d'OrientJustinien, et ledroit romain fut enseigné à partir de 1100 environ à l'université de Bologne, l'une des plus anciennes d'Europe. Cela entraîna la rédaction et la standardisation des codes juridiques dans toute l'Europe. Ledroit canon fut également développé et vers 1140, le moine Gratien, enseignant à Bologne, rédigea ledécret de Gratien qui uniformisait les différentes règles canoniques[182]. Lestravaux des scientifiques musulmans influencèrent également la pensée européenne avec notamment le remplacement de lanumération romaine par lesystème décimal denotation positionnelle et l'invention de l'algèbre qui permirent des étudesmathématiques plus approfondies. L'astronomie s'appuya sur latraduction dugrec vers lelatin de l'Almageste dePtolémée, tandis que la médecine profita des travaux de l'école de Salerne[183].

Technologie et armement

Articles détaillés :Science au Moyen Âge,Technologie médiévale,Science et technologie byzantines,Armée byzantine,Marine byzantine,Armement médiéval etGuerre au Moyen Âge.
Fresque représentant un homme en habits de moine portant des lunettes rondes en train d'écrire sur un pupitre
Ce portrait ducardinalHugues de Saint-Cher parTommaso da Modena en 1352 est l'une des premières représentations connues delunettes[184].

LesXIIe et XIIIe siècles virent le développement d'innovations technologiques comme la généralisation desmoulins à vent et àeau et l'invention de l'horloge mécanique, desspiritueux, de l'astrolabe et deslunettes de vue[185],[186]. La mobilisation de nombreuses formes d'énergie se généralisa et s'intensifia : hydraulique, thermique, éolienne, animale[187]. Larotation des cultures[120],[188], qui fut progressivement adoptée dans toute l'Europe, accrut l'usage de la terre et donc la production agricole[188]. L'apparition de lacharrue facilita l'exploitation des sols lourds, tandis que lecollier d'épaule permit l'utilisation dechevaux de trait plus puissants que lesânes[120].

La construction descathédrales et des châteaux témoigna des progrès des techniques de construction permettant l'édification de grands bâtiments en pierre ainsi que d'autres structures comme deshôtels de ville, des habitations, des ponts et desgranges dîmières[189]. Les techniques deconstruction navale s'améliorèrent grâce auxbordages à clin et àfranc-bord à la place desmortaises ettenons utilisés depuis l'époque romaine. L'utilisation desvoiles latines et dugouvernail d'étambot permit d'accroître la vitesse et la manœuvrabilité des navires[190].

Sur le plan militaire, la domination de la cavalerie lourde s'estompa avec l'apparition de fantassins spécialisés comme lespiquiers, lesarchers[191] et lesarbalétriers[192]. Cela entraîna l'accroissement des protections avec desheaumes protégeant complètement le visage et l'utilisation debardes pour leschevaux[193]. Du fait du nombre important de châteaux forts, laguerre de siège se développa avec la réutilisation demodèles antiques comme lacatapulte ou lebélier et l'invention de nouveauxengins comme letrébuchet. L'utilisation de lapoudre à canon est attestée en Europe dès la fin duXIIIe siècle et lesarmes à feu comme lescanons et lesarmes portatives se répandirent durant le Moyen Âge tardif[194].

Art et architecture

Articles détaillés :Art médiéval,Art roman,Art gothique etMusique médiévale.
Triptyque doré situé derrière un autel
Ambon de l'abbaye de Klosterneuburg en Autriche réalisé parNicolas de Verdun vers 1180

AuXe siècle, l'architecture des monastères et des églises reprenait les styles utilisés dans la Rome antique, d'où le terme d'architecture romane. À la suite des premières constructions suivant leroman primitif, de nombreuses églises en pierre furent construites avec une remarquable homogénéité dans toute l'Europe avant l'an mil[195]. Le style se composait d'épais murs de pierre, de petites ouvertures surmontées d'arches semi-circulaires et, notamment en France, devoûtes en arc[196]. Les grandsportails décorés dereliefs colorés représentant des scènes mythologiques devinrent un élément central des façades[197],[198]. Les murs intérieurs étaient égalementpeints et un suivaient un schéma commun avec des scènes duJour du jugement sur le mur occidental du transept, unChrist en gloire à l'est et des scènes bibliques dans la nef ou, dans le cas de l'abbaye française deSaint-Savin-sur-Gartempe, sur savoûte en berceau[199]. L'art roman, en particulier son orfèvrerie, connut son apogée avec l'art mosan et des artistes commeNicolas de Verdun (d. 1205) ; lesfonts baptismaux de lacollégiale Saint-Barthélemy deLiège sont un exemple de ce style presqueclassique[200] et contrastent par exemple avec lechandelier de Gloucester presque contemporain.

Photographie d'une cathédrale aux toits de couleur verte avec deux clochers de style différent
Exemple d'architecture gothique : lacathédrale Notre-Dame de Chartres en France

À partir duXIIe siècle, les bâtisseurs français développèrent l'architecture gothique marquée par l'utilisation decroisées d'ogives, d'arcs-boutants et de largesvitraux. Elle fut largement utilisée dans la construction de cathédrales avec des exemples remarquables àChartres etReims en France et àSalisbury en Angleterre[201]. Les vitraux étaient des éléments essentiels des cathédrales qui continuaient à posséder des peintures murales ayant aujourd'hui presque entièrement disparu[202].

Durant cette période, la réalisation des enluminures des manuscrits passa progressivement des monastères à des ateliers laïcs et leslivres d'heures à destination des laïcs se développèrent[203]. L'orfèvrerie commença à faire appel à l'émail de Limoges pour les reliquaires et les croix[204]. En Italie, les innovations deCimabue (d.c. 1302) et deDuccio (d.c. 1318) sur lapeinture sur panneau et lesfresques furent suivies par celles deGiotto (d. 1337) et donnèrent naissance au mouvement de laPré-Renaissance[205]. Lamusique médiévale était principalement de nature religieuse ; lechant grégorien en était la principale forme et il se diversifia durant le Moyen Âge central avec l'apparition de l'organum, duconduit et dumotet. Lanotation musicale fut également inventée à cette période.

Vie ecclésiastique

Article détaillé :Réforme grégorienne.

La réforme monastique devint un sujet important auXIe siècle car les élites commencèrent à s'inquiéter de l'accumulation de richesses par les monastères, tandis que la Papauté critiquait leur corruption. L'abbaye de Cluny fondée dans le centre de la France en 909 fut créée sur la base d'un respect rigoureux des règles monastiques[206]. Elle cherchait à maintenir un niveau élevé de vie spirituelle en se plaçant sous la protection de la Papauté et élisait son propre abbé sans interférence de la part des laïcs ; elle disposait ainsi d'une indépendance économique et politique par rapport aux seigneurs locaux[207]. Cluny gagna rapidement une réputation d'austérité et de rigueur et elle fut rapidementimitée dans toute l'Europe.

Peinture sur bois représentant un homme en habits de moine dont les proportions ont été allongées. Plusieurs scènes représentant des moines sont situées de chaque côté.
Le fondateur de l'ordre Franciscain,François d'Assise, représenté parBonaventura Berlinghieri en 1235[208].

Ces évolutions inspirèrent deschangements dans le clergé séculier. Ceux-ci furent initiés par le papeLéon IX (pape 1049-1054) et l'idée d'indépendance cléricale fut la cause de la querelle desInvestitures de la fin duXIe siècle. Le papeGrégoire VII (pape 1073-85) et l'empereur Henri IV s'opposèrent initialement sur la question de la nomination des évêques mais la dispute s'élargit au sujet du célibat des prêtres et de lasimonie. L'empereur considérait que la protection de l'Église était une de ses prérogatives et voulait conserver le droit de nommer les évêques de son choix mais la Papauté insista sur l'indépendance de l'Église par rapport aux seigneurs laïcs. Leconcordat de Worms de 1122 permit de résoudre une partie de ces questions mais la querelle marqua une étape importante dans la création d'une monarchie papale séparée mais égale aux autorités laïques et elle renforça les princes allemands aux dépens de l'empereur[206].

Le Moyen Âge central vit également le développement de nouveaux mouvements religieux comme les ordres monastiques desChartreux et desCisterciens. Ces ordres furent créés en réponse aux inquiétudes des laïcs qui estimaient que le monachisme bénédictin ne répondait plus à leurs besoins et qui voulaient revenir au monachismeermite plus simple des débuts du Christianisme[172]. Lespèlerinages furent ainsi encouragés ; les anciens sites comme Rome, Jérusalem etSaint-Jacques-de-Compostelle accueillirent un plus grand nombre de visiteurs, tandis que de nouveaux lieux commeMonte Gargano etBari se développèrent[209]. AuXIIIe siècle, lesordres mendiants comme lesFranciscains et lesDominicains, ayant faitvœu de pauvreté et se consacrant entièrement à la vie religieuse, furent approuvés par la Papauté[210]. À l'inverse, lesVaudois, lesUmiliati et les Cathares, qui cherchaient également àrevenir au christianisme originel[réf. nécessaire], furent qualifiés d'hérétiques, persécutés voire éliminés avec l'aide de l'Inquisition médiévale[211].

Moyen Âge tardif

Article détaillé :Moyen Âge tardif.

Société et économie

Article détaillé :Crise de la fin du Moyen Âge.
Les Très Riches Heures du duc de Berry Folio 2, verso : février.

Les premières années duXIVe siècle furent marquées par la transition de l'optimum médiéval vers lepetit Âge glaciaire[212]. Les années 1313-1314 et 1317-1321 furent particulièrement pluvieuses dans toute l'Europe[213] et l'échec des récoltes provoqua une série defamines dont la plus importante, est celle de laGrande famine de 1315-1317, fit plusieurs millions de morts[214]. Ce changement climatique qui s'accompagna d'une baisse des températures entraîna une détérioration de la situation économique[215].

Enluminure représentant la décapitation à la hache d'un homme à genoux ne portant qu'une chemise blanche et ayant la tête sur un billot. Des hommes portant des armures et des broignes observent la scène. Ils portent tous des heaumes sauf un qui a une couronne.
Exécution des meneurs d'unejacquerie devant leroiCharles II de Navarre ; enluminure issue desChroniques de Saint-Denis réalisée auXIVe siècle.

Ces difficultés furent suivies en 1347 par une épidémie depeste surnommée laPeste noire. Originaire d'Asie, la maladie se répandit rapidement à toute l'Europe et tua probablement un tiers de la population en quelques années. Les villes furent particulièrement touchées en raison de la forte densité de population ; la ville deLübeck en Allemagne perdit ainsi 90 % de ses habitants[216]. De vastes régions furent dépeuplées et les seigneurs avaient du mal à trouver assez de serfs pour cultiver leurs exploitations. Les terres les moins productives furent abandonnées et les survivants se concentrèrent sur les zones les plus fertiles[217]. Si le servage déclina en Europe de l'Ouest, il se renforça à l'est car les seigneurs l'imposèrent à leurs sujets qui étaient jusqu'alors libres[218]. Du fait du manque de main-d'œuvre, les salaires des ouvriers augmentèrent en Europe occidentale mais les autorités répondirent en adoptant des mesures pour limiter cet accroissement, comme l'Ordonnance des Travailleurs de 1349 en Angleterre. Ces tensions entraînèrent des soulèvements comme laGrande Jacquerie française de 1358 ou larévolte des paysans anglais de 1381[219]. Le traumatisme de la peste noire entraîna un renforcement de la piété qui se traduisit par l'apparition desflagellants, tandis que les juifs furent accusés d'êtreresponsables de l'épidémie[220].

Scène de foire, Miniature extraite d'un manuscrit duChevalier errant de Thomas III de Saluces, atelier duMaître de la Cité des dames, vers 1400-1405.

LaRévolution commerciale (en) fut initiée dans le nord de l'Italie avec l'apparition des premièresbanques facilitant les échanges commerciaux[221]. Les bénéficiaires de ces développements, comme lesFugger en Allemagne, lesMédicis en Italie ou des individus commeJacques Cœur en France, accumulèrent d'immenses fortunes et une large influence politique[222]. Le système financier de l'Incanto des galées du marché permit la création de l'Arsenal de Venise employant des milliers d'employés et produisant desgalères sur un rythme presque industriel. Lesguildes se développèrent dans les villes et des organisations reçurent des monopoles sur le commerce de certains produits comme le Staple avec la laine en Angleterre[223]. À l'inverse, les foires déclinèrent avec le développement de routes maritimes entre la Méditerranée et l'Europe du Nord et des villes commeBruges devinrent desplaces financières de premier plan avec la création des premièresbourses. Après la dépopulation causée par la Peste noire, les villes connurent une forte croissante démographique. Vers 1500,Venise,Milan,Naples,Paris et Constantinople comptaient chacune plus de 100 000 habitants, tandis qu'une vingtaine d'autres dépassaient les 40 000 personnes[224].

Naissance des États-Nations

Carte de l'Europe en 1360.

Le bas Moyen Âge vit l'apparition de puissantsÉtats-Nations monarchiques comme l'Angleterre, la France, l'Aragon, la Castille et le Portugal. Les nombreux conflits internes renforcèrent l'autorité royale sur les seigneurs locaux[225] mais le financement des guerres nécessitait l'augmentation des impôts et la création de méthodes de collecte plus efficaces[226]. Le besoin d'obtenir le consentement des contribuables accrut les pouvoirs d'assemblées représentatives comme lesÉtats généraux en France et leParlement d'Angleterre[227].

Tout au long duXIVe siècle, les rois de France cherchèrent à étendre leur autorité aux dépens de la noblesse[228] mais les tentatives destinées à prendre le contrôle des possessions anglaises dans lesud-ouest de la France déclenchèrent laguerre de Cent Ans[229]. Le début de ce conflit fut à l'avantage des Anglais, qui remportèrent les batailles deCrécy, dePoitiers et d'Azincourt et s'emparèrent de larges portions du territoire français[230]. Ces défaites causèrent de graves troubles au sein du royaume de France, qui se traduisirent par les actions desgrandes compagnies et laguerre civile entre Armagnacs et Bourguignons[231]. La situation se retourna néanmoins au début duXVe siècle avec les succès deJeanne d'Arc (d. 1431), qui permirent aux Français de reprendre l'ascendant. À la fin de la guerre en 1453, les Anglais ne possédaient plus sur le continent que la ville deCalais[232] mais l'économie française avait été fortement affectée par lescombats. Le conflit contribua à forger desidentités nationales des deux côtés de la Manche[233]. Les affrontements témoignèrent également de l'évolution des techniques militaires et l'arc long anglais souverain au début du conflit[234] montra son infériorité face à l'artillerie de campagne à la fin de la guerre comme lors de labataille de Castillon en 1453[194].

Illustration représentant la mêlée de deux armées composées de soldats portant des armures noires intégrales
Illustration de labataille de Barnet durant laguerre des Deux-Roses.

Dans le territoire de l'actuelle Allemagne, le Saint-Empire continua d'exister mais lechoix de l'empereur se faisant parélection après laBulle d'or de 1356, aucun véritable État-Nation ne put se constituer autour d'une dynastie durable et l'Empire resta un regroupement lâche deplusieurs centaines d'entités[235]. À l'est, les royaumes dePologne, de Hongrie et deBohême se renforcèrent, tandis que les principautés russes commencèrent à émerger dujoug tatar[236]. Dans la péninsule ibérique, les royaumes chrétiens continuèrent dereprendre des territoires aux musulmans[236] malgré les rivalités et les crises de succession[237],[238]. En Angleterre, la fin de la guerre de Cent Ans fut suivie par une longue guerre civile appeléeguerre des Deux-Roses, qui ne se termina que dans les années 1490[238] avec la victoire de lamaison Tudor d'Henri VII (r. ) lors de labataille de Bosworth en 1485[239]. La Scandinavie fut unifiée par l'union de Kalmar durant tout leXVe siècle mais le mécontentement de lanoblesse suédoise (en) concernant la centralisation au Danemark et lebain de sang de Stockholm en 1520 entraînèrent la désintégration de l'union trois ans plus tard[240].

Effondrement de l'Empire byzantin

Articles détaillés :Dynastie des Paléologues etGuerres turco-byzantines.

Même si les empereurs de la dynastie desPaléologues reprirent Constantinople aux croisés en 1261, l'Empire n'était plus composé que d'une petite portion des Balkans autour de Constantinople et de territoires côtiers au sud de lamer Noire et autour de laMer Égée. Ses anciennes possessions dans les Balkans avaient été divisées entre les nouveaux royaumes deSerbie (en) et deBulgarie. La situation byzantine se détériora encore plus avec l'émergence en Asie mineure auXIIIe siècle de la tribu turque desOttomans, qui s'étendit vers l'ouest tout au long duXIVe siècle. La Bulgarie devint un vassal en 1366 tout comme la Serbie après la défaite deKosovo en 1389. Inquiets de cetteexpansion sur des terres chrétiennes, les Européens de l'ouest déclarèrent une croisade mais leur armée fut battue à labataille de Nicopolis en 1396[241]. Au début duXVe siècle, l'Empire byzantin se réduisait à quelques territoires autour de Constantinople et la ville fut finalementprise par les Ottomans deMehmed II en 1453[242].

Controverses au sein de l'Église catholique romaine

Enluminure montrant un homme en tenue ecclésiastique rouge assis sur un trône et tenant une crosse épiscopale. Plusieurs hommes également en rouge l'entourent et l'un d'eux le couronne avec la tiare papale.
Couronnement du papeGrégoire XI par l'archevêque de LyonGuy de Boulogne dans uneminiature desChroniques deJean Froissart (d. 1404)

Sur le plan religieux, leXIVe siècle fut marqué par laPapauté d'Avignon de 1305-1378, durant laquelle le pape résida dans laville du même nom dans le sud de la France[243]. Cette situation était liée à l'affrontement entre le pape Boniface VIII et le roiPhilippe IV le Bel concernant l'autorité pontificale. Après la mort rapide dusuccesseur de Boniface VIII, leconclave désignaClément V (pape 1305-1314), qui refusa de se rendre à Rome et fit venir laCurie àAvignon quatre ans plus tard. Durant cet exil, parfois qualifié de« captivité babylonienne »[244], la Papauté passa sous l'influence grandissante de laCouronne de France. Le papeGrégoire XI (pape 1370-1378) décida de retourner à Rome en 1377 mais lesconflits en Italie et l'autoritarisme réformateur de son successeurUrbain VI (pape 1378-1389) provoquèrent leGrand Schisme d'Occident. Durant cette période qui dura de 1378 à 1418, il y eut deux puis troispapes rivaux, chacun soutenu par des États différents[245]. Après un siècle de troubles, l'empereurSigismond organisa en 1414 leconcile de Constance, qui déposa deux des papes rivaux et désignaMartin V (pape 1417-1431) comme seul pape[246].

En plus de ce schisme, l'Église catholique était traversée par des controverses théologiques. Le théologien anglaisJohn Wyclif (d. 1384) fut ainsi condamné pour hérésie après avoir traduit la Bible en anglais et avoir rejeté la doctrine de latranssubstantiation[247]. Ses écrits influencèrent le mouvement desLollards en Angleterre et desHussites en Bohème[248]. Cette dernière révolte fut aussi inspirée par les travaux du moineJan Hus, qui futbrûlé vif pour hérésie en 1415[249]. Les accusations d'hérésie furent également détournées pour servir des besoins politiques, et la dissolution de l'Ordre du Temple en 1312 permit le partage de leur fortune entre le roi Philippe IV de France et les Hospitaliers[250]

Le rejet de ces évolutions théologiques par la Papauté éloigna le clergé des laïcs et ce fossé fut accentué par l'accroissement ducommerce des indulgences et le pontificat marqué par lesexcès et lenépotisme d'Alexandre VI (pape 1492-1503). Desmystiques commemaître Eckhart (d. 1327) ouThomas a Kempis (d. 1471) rédigèrent des travaux appelant les laïcs à se concentrer sur leur vie spirituelle intérieure, ce qui posa les bases de laRéforme protestante duXVIe siècle. Aux côtés du mysticisme, les croyances concernant lasorcellerie se répandirent ; l'Église ordonna l'éradication de ces pratiques en 1484 et elle publia leMalleus Maleficarum (« Marteau des Sorcières ») en 1486, qui servit de base à lachasse aux sorcières[251].

Vie intellectuelle

Articles détaillés :Éducation médiévale etGrandes découvertes.
Enluminure montrant un professeur dans une chaire enseignant à des hommes portant d'amples toges colorées et assis dans des estrades
Salle de classe de l'université de Bologne auXIVe siècle

Le Moyen Âge tardif connut une réaction contre la scolastique menée par l'ÉcossaisJean Duns Scot (d. 1308) et l'AnglaisGuillaume d'Ockham (d.c. 1348)[177], qui s'opposaient à l'application de la raison à la foi. Ockham insista sur le fait que le fonctionnement différent de la foi et de la raison permettait la séparation entre la science et la théologie[252]. Dans le domaine juridique, le droit romain s'imposa dans les secteurs auparavant régulés par ledroit coutumier sauf en Angleterre, où le système decommon law resta dominant[253].

L'éducation restait principalement centrée sur la formation du futur clergé. Les apprentissages des bases comme la lecture ou le calcul continuaient de se faire en famille ou auprès du prêtre du village mais les études supérieures dutrivium (grammaire,rhétorique etdialectique) se faisaient dans les écoles de cathédrales et dans les universités se trouvant dans les villes. L'emploi des langues vernaculaires s'accrut avec des auteurs commeDante (d. 1321),Pétrarque (d. 1374) etBoccace (d. 1375) en Italie,Geoffrey Chaucer (d. 1400) etWilliam Langland (d.c. 1386) en Angleterre etFrançois Villon (d. 1463) etChristine de Pizan (d.c. 1430) en France. Les ouvrages de nature religieuse continuaient de représenter la majorité des éditions et étaient généralement rédigés en latin mais la demande d'hagiographies en langues vernaculaires s'accrut chez les laïcs[253]. Cette évolution fut alimentée par le mouvementDevotio moderna et la formation desFrères de la vie commune mais également par les travaux des mystiques allemands comme Maître Eckhart etJean Tauler (d. 1361)[254]. Lethéâtre du Moyen Âge était très souvent de nature religieuse même si les formes étaient plus variées. Lesdrames liturgiques côtoyaient lesfarces, lesmoralités et à la fin de la période, lesmystères[253]. À la fin du Moyen Âge, le développement de lapresse typographique entraîna la création de maisons d'édition dans toute l'Europe et facilita la production des livres[255]. Les taux d'alphabétisation s'accrurent mais restèrent néanmoins à un niveau assez bas ; on estime ainsi qu'un homme sur dix et une femme sur cent savaient lire en 1500[256].

Dès la fin duXIIIe siècle, des explorateurs européens comme le VénitienMarco Polo (d. 1324) cherchèrent de nouvelles routes commerciales vers l'Asie[257]. L'attrait des richesses et desproduits d'Extrême-Orient dont l'approvisionnement était contrôlé par les marchands arabes et vénitiens poussa à la recherche de voies maritimes permettant de contourner leur monopole. À partir de 1415, le prince portugaisHenri le Navigateur (d. 1460) encouragea l'exploration maritime des côtes occidentales de l'Afrique et lesîles Canaries, lesAçores et leCap-Vert furentdécouverts avant sa mort. L'introduction de navires plus performants comme lescaravelles permit aux navigateurs portugais de longer les côtes africaines jusque dans l'hémisphère sud et en 1486,Bartolomeu Dias franchit lecap de Bonne-Espérance et la pointe sud de l'Afrique. Deux ans plus tard,Vasco de Gama arriva enInde et ramena avec lui un chargement d'épices dont la valeur était considérable en Europe[258]. Les expéditions portugaises furent imitées par d'autres pays européens et en 1492, le marin génoisChristophe Colombdécouvrit l'Amérique pour le compte de laCouronne d'Espagne[259], tandis que l'Angleterre finança le voyage deJean Cabot (d.c. 1499) qui explora les actuellesprovinces maritimes duCanada en 1497[260].

Technologie et armement

L'infanterie et la cavalerie légère continuèrent à se répandre aux dépens de la cavalerie lourde[261]. Les armures devinrent de plus en plus perfectionnées avec l'apparition d'armures de plates offrant une meilleure protection contre les armes à feu[262]. Lesarmes d'hast devinrent l'armement standard de l'infanterie et leur utilisation fut notamment illustrée par lesmercenaires suisses etgermaniques[263]. La composition des armées évolua également avec l'emploi grandissant demercenaires comme lescondottieres recrutés par lescités-États italiennes (en)[264]. À l'inverse, le bas Moyen Âge vit l'apparition des premières unités professionnelles permanentes comme lescompagnies d'ordonnance françaises[265].

Enluminure d'une scène de vendanges en contrebas d'un imposant château de style gothique
Scène du mois deseptembre dansLes Très Riches Heures du duc de Berry duXVe siècle.

L'élevage demoutons àlaine longue autorisa la réalisation de textiles plus résistants tandis que le remplacement de laquenouille traditionnelle par lerouet permit d'accroître fortement la production dufilage[266]. L'habillement fut révolutionné par l'apparition deboutons permettant un meilleur ajustement desvêtements[267]. Les moulins à vent furent améliorés par la création de moulin-tours qui pouvaient pivoter afin d'être utilisés quelle que soit la direction du vent[268]. L'apparition duhaut fourneau en Suède vers 1350 accrut la production et la qualité du fer[269]. Les premiersbrevets furent créés en 1447 à Venise pour protéger les droits des inventeurs[270].

Art et architecture

En Italie, le Moyen Âge tardif correspondit avec les périodes culturelles duTrecento et duQuattrocento, qui virent la transition vers le mouvement de laPremière Renaissance. À l'inverse, l'Europe du Nord et l'Espagne poursuivirent l'utilisation de l'art gothique, qui devint de plus en plus élaboré jusqu'à la fin de la période. Ces raffinements donnèrent naissance augothique international, dont les plus beaux exemples furentLes Très Riches Heures du duc de Berry dont la réalisation s'étala sur tout leXVe siècle ou lacoupe de sainte Agnès[271]. LePrimitif flamand représenté par des artistes commeJan van Eyck (d. 1441) etRogier van der Weyden (d. 1464) rivalisa avec les mouvements picturaux de l'Italie. Lemécénat se développa chez les classes marchandes d'Italie et des Flandres, qui commandèrent des peintures, des bijoux, dumobilier et desfaïences[272]. Laproduction de soie se développa en Italie et dans lesud de la France, et cela permit aux élites et aux églises de ne plus dépendre des importations byzantines ou musulmanes. L'industrie de latapisserie se développa en France et dans les Flandres avec des productions comme laTenture de l'Apocalypse ouLa Dame à la licorne[273].

Dans les églises et les cathédrales, les tombes et les caveaux devinrent plus élaborés, tandis que lesretables et leschapelles se répandirent. À partir des années 1450, les livres imprimés se répandirent même s'ils restaient coûteux ; environ 30 000 éditions d'incunables furent réalisées avant 1500[274]. En Europe du Nord, des petits ouvragesxylographiés, lesincunables xylographiques, presque tous religieux, devinrent accessibles même aux paysans, tandis que les techniques detaille-douce s'adressaient à une clientèle plus aisée[275]. En musique, l'ars novapolyphonique représenté notamment par les poètes françaisPhilippe de Vitry (d. 1361) etGuillaume de Machaut (d. 1377) remplaça l'ars antiqua caractérisé par leplain-chant[276].

Image du Moyen Âge

Articles détaillés :Âge sombre etMoyen Âge au cinéma.
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Enluminure représentant deux personnages partant du haut d'une sphère miniature et se retrouvant en bas.
Illustration tirée deL'Image du monde duXIIIe siècle représentant une Terre sphérique.

Le Moyen Âge est fréquemment caricaturé et présenté comme« une période d'ignorance et de superstition » qui plaçait« les paroles des autorités religieuses au-dessus des expériences personnelles et de la réflexion rationnelle[277] ». Cette perception est en partie liée à l'héritage de laRenaissance et desLumières, quand les intellectuels se définissaient en opposition à cette période. Ceux de la Renaissance, notammentPétrarque[278], considéraient le Moyen Âge comme une période de déclin par rapport à la civilisation et à la culture du monde antique qu'ils tenaient en haute estime, tandis que les philosophes des Lumières, pour qui la raison était supérieure à lafoi, méprisaient le Moyen Âge et l'importance accordée à la religion[9]. Ainsi, ce que l'on retient trop souvent du Moyen Âge, de sa civilisation, des structures politiques et sociales, des genres de vie et des relations humaines, a été dicté, il y a maintenant déjà très longtemps, par des œuvres de pure propagande, élaborées consciencieusement puis reprises par des foules depolygraphes appliqués à seulement copier, de sorte que de nombreux clichés se retrouvent encore ici ou là dans de simples manuels pour école primaire, dans de beaux livres illustrés destinés à un large public cultivé, et même dans des études plus spécialisées, commentaires par exemple d'ouvrages littéraires ou artistiques[279].

Cette vision a commencé à être réévaluée à partir duXIXe siècle avec notamment le développement dumédiévalisme, qui se traduisit par lestyle néogothique en architecture, lepréraphaélisme en peinture ou le développement defêtes médiévales. La redécouverte desrenaissances médiévales a poussé certainshistoriens à réévaluer le rôle de la raison durant cette période.Edward Grant écrivit ainsi que« si les pensées rationnelles révolutionnaires furent exprimés [auXVIIIe siècle], cela ne fut possible que grâce à la longue tradition médiévale qui considérait l'usage de la raison comme la plus importante des activités humaines »[280]. De même,David C. Lindberg avança que« l'intellectuel de la fin du Moyen Âge connaissait rarement l'action coercitive de l’Église et se serait considéré comme libre (particulièrement dans lessciences naturelles) de suivre la raison et l'observation, peu importe où elles pouvaient le mener »[281].

Cependant, la période a fait encore l'objet, pendant tout leXIXe siècle et une bonne partie duXXe siècle de nombreusesidées reçues, à travers certaines notions plus spécifiques.Pierre Riché remet les choses en place sur les fameuses « Terreurs de l'an mille », légende tenace datant de la Renaissance et née sous l'influence des écrits d'un moinegyrovague duXIe siècle,Raoul Glaber, sans référence à d'autres sources ; cette légende a été amplifiée par les historiens duXIXe siècle, parmi lesquelsMichelet ; Pierre Riché décrit plutôt la période de l'an mille comme une période de stabilité et de prospérité[282]. L'image négative de laféodalité s'est répandue pendant lesLumières, a culminé au moment de la Révolution lors de l'abolition des privilèges, puis a fait l'objet auXIXe siècle de catalogues d'anecdotes dramatiques et d'abus insupportables, mais sans analyse systématique du phénomène dans son contexte[283]. Une idée fausse, propagée auXIXe siècle[284] et toujours très répandue, rapporte que tout le monde au Moyen Âge croyait que laTerre était plate[284]. En réalité, les universitaires médiévauxconnaissaient la rotondité de la Terre[285], et Lindberg avance« qu'il n'y avait pas un seul érudit chrétien au Moyen Âge qui doutait de la sphéricité [de la Terre] et ne connaissait pas sa circonférence approximative »[286]. D'autres idées fausses, comme« l'Église interdisait lesautopsies et lesdissections durant le Moyen Âge »,« le développement du christianisme détruisit la science antique » ou« l'Église chrétienne médiévale entrava la croissance de laphilosophie naturelle », sont citées par l'historienRonald Numbers comme des exemples de légendes populaires toujours considérées comme des vérités historiques, même si elles ne sont pas soutenues par les travaux universitaires[287].

Bien que parfois imaginées, les représentations du Moyen Âge sont beaucoup utilisées pour créer des univers fantastiques. C'est notamment le cas dans lesjeux de société oujeux de rôle. En effet, dans le domaine des jeux, on réemploie souvent les notions d'aventure, d'héroïsme, de quête ou les figures du chevalier qui sont associées au Moyen Âge[288]. Bien que beaucoup de ces univers empruntent à lafantasy, certains jeux de rôle décident d'implanter leur histoire dans un genre historique, qui reprend des faits proches du passé des historiens en y ajoutant parfois une dose de merveilleux pour faciliter le bon déroulement du jeu[288]. C'est le cas par exemple du jeuPendragon qui emprunte au cycle arthurien ou bienMiles Christi qui emprunte à l'univers de la chrétienté.

Le rayonnement des stéréotypes du Moyen-Âge a donné lieu également à la naissance du médiéval-fantastique, un univers merveilleux dans un monde inventé, inspiré de l'imaginaire de laTerre du Milieu. L'exemple le plus connu de jeu utilisant cet univers estDonjons et Dragons. Bien que les références employées dans ce type de jeux soient loin de la réalité historique, ils utilisent des symboles relevant de notre imaginaire médiéval[288].

Notes et références

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