Il n'existe pas d'organisation qui regroupe l'ensemble des LGBT et de nombreuses structures existent dans différents pays à travers le monde. Le mouvement se concrétise notamment par desactions militantes, culturelles et artistiques ou desmanifestations de rue telles que laMarche des fiertés.
Le terme « mouvement LGBT » peut désigner deux concepts proches : le premier est l'ensemble des mouvements politiques des minorités sexuelles et de genre, qu'ils soient spécifiques à une communauté ou pas ; le second est la sous-partie de ces mouvements qui sont spécifiquement mixtes : la première conception classe ainsi lemilitantisme lesbien non mixte comme faisant partie du mouvement LGBT, tandis que la seconde le voit comme un autre mouvement différent et complémentaire[2].
Outre le terme « mouvement LGBT » et ses variations (« mouvement LGBTI+ », « mouvement LGBTQIA », etc), on rencontre aussi, jusqu'au début duXXIe siècle, le terme « mouvement gay et lesbien » ; le terme polysémique « queer » ou le mot « transpédégouine » peuvent aussi être utilisés, chaque expression étant porteuse de valeurs et objectifs politiques propres[2],[3]. Alors que tous ces termes peuvent être utilisés par les militants LGBTI+ eux-mêmes, les expressions tels que « lobby gay » sont exclusivement utilisées par les opposants aux revendications politiques des minorités sexuelles et de genre.
Les penseurs européens de l'émancipation des personnes homosexuelles du début duXIXe siècle seront aux origines d'un militantisme visant à la dépénalisation de l'homosexualité, l'arrêt de la pathologisation et l'acceptation sociale de sexualités autres qu'hétérosexuelles[4]. L'écrivain suisseHeinrich Hössli (1784-1864) publie dès 1836 le premier essai dans lequel sont demandés des droits pour les personnes concernées par les « amours masculines », selon sa formule[4]. En Allemagne, lejuristeKarl-Heinrich Ulrichs (1825-1895) publie plusieurs volumes de ses(Forschungen über das Räthsel der mannmännlichen Liebe (« Recherches sur l’énigme de l’amour entre hommes ») entre 1864 et 1879, et, en 1865, un manifeste en faveur de la création d'une fédération d'uranistes (terme ancien pour désigner les hommes homosexuels) ; il se déclarera lui-même uraniste en 1869[4]. Il lutte également contre l'article du Code pénal allemand qui condamne les « relations contre-nature entre hommes »[4]. Il vivra par la suite un exil en Italie, où il mourra[4].
De 1860 aux années 1960 : les débuts du militantisme homosexuel
Dans les premières décennies duXXe siècle, l'Allemagne est considérée comme un État très libéral, etBerlin tout particulièrement. En1897 y est créé leComité scientifique humanitaire à l'initiative du médecin et sexologueMagnus Hirschfeld (1868-1935)[4]. Le comité a pour objectif de faire abolir un article de la législation allemande, leparagraphe 175, en vertu duquel les comportements homosexuels masculins sont réprimés ; il édite aussi des publications sur l'homosexualité (livres, brochures, revue)[4]. Malgré la loi, une certaine tolérance est néanmoins de mise. À Berlin par exemple, les homosexuels possèdent ainsi leurs bars, leurs restaurants, et même une revue,Der Eigene. Malgré tout, l'Allemagne est secouée par un scandale retentissant à travers l'affaire Harden-Eulenburg.
Affiche du filmAnders als die Andern (Différent des autres), 1919.
Le Comité scientifique humanitaire devient officiellement la première association au monde à prendre la défense des droits des homosexuels. Des ramifications sont développées dans nombre de pays occidentaux, mais à une échelle encore restreinte[4]. En 1919, le comité réalise le film pédagogiqueAnders als die anderen (Différent des autres, réalisé parRichard Oswald, écrit par Richard Oswald et Magnus Hirschfeld) concernant les conséquences de l'homophobie[4] et dénonçant lui aussi le paragraphe 175 du Code civil allemand. Le fondateur Magnus Hirschfeld crée un nouveau centre en 1919, baptiséInstitut für Sexualwissenschaft (Institut de recherche sexuelle), qui devient un important carrefour dedocumentation et d'information jusqu'à sa destruction par les nazis dans les années 1930. D'autres organisations militantes homosexuelles verront le jour par la suite, dont : la Communauté des spéciaux, fondée parAdolf Brand (1874-1945), et l'Union des droits de l'homme, fondée par Friedrich Radszuweit (1876-1932) en 1922, première organisation ouverte aux militantes lesbiennes[4]. À cette époque, la loi ne condamne pas les relations lesbiennes mais les militantes concernées souhaitent être visibles dans le mouvement homosexuel[4].
En 1921, Magnus Hirschfeld et d'autres créent laLigue mondiale pour la réforme sexuelle : elle rassemble notamment des médecins réformateurs et des représentants de25 pays du monde (dont16 pays d'Europe) ; la Ligue demande aux États d'avoir« une attitude rationnelle […] à l’égard des homosexuels, hommes et femmes » et que les relations sexuelles entre adultes consentants soient considérées de l'ordre de la vie privée[4].
Couverture du premier numéro de la revueAkademos.
La première revue homosexuelle à paraître enFrance estAkademos en 1909. Cette revue mensuelle « d'Art libre et de Critique » est créée par le baronJacques d'Adelswärd-Fersen (descendant d'Axel de Fersen), elle ne parait qu'une année et il faut attendre le pour qu'une nouvelle revue apparaisse sous le titreInversions. Elle est rebaptiséeL'amitié à partir de1925 et n'a qu'une brève existence, les deux auteurs étant condamnés pour outrage aux bonnes mœurs. C'est la création du mensuelFutur en, suivi par la revueArcadie à partir de, qui lance de fait le premier mouvement homosexuel organisé en France.
Alors que la sous-culture homosexuelle sort de l'ombre en Allemagne, elle demeure principalement le fait des hommes. Un certain activisme lesbien réussit néanmoins à surgir dans les milieuxféministes allemands, mais c'esten France que le mouvement lesbien connaît un réel épanouissement[réf. nécessaire] grâce à l'arrivée d'intellectuelles américaines, des écrivains, des artistes françaises ;Renée Vivien,Colette,Polaire,Rachilde,Romaine Brooks,Gertrude Stein,Djuna Barnes,Claude Cahun… À Paris, l'AméricaineNatalie Clifford Barney ouvre un salon où converge entre 1909 et 1939 toute une communauté de femmes artistes, dont un bon nombre sont ouvertement lesbiennes.
En Allemagne, en 1933, alors que l'extrême droite avait gagné en popularité les années précédentes, lesnazis répriment violemment les mouvements homosexuels et la Ligue est dissoute, ses membres exilés[4] (leParti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) fondé en 1920 parAdolf Hitler arrive au pouvoir en 1933 et ouvre la période duTroisième Reich, le régime politique allemand de 1933 à 1945). Durant laSeconde Guerre mondiale, la seule organisation poursuivant son œuvre est le Cercle, fondé par l'acteur allemandKarl Meier (1897-1974) en 1932 et basé àZurich, en Suisse ; cette organisation publie notamment un bulletin de liaison, qu'elle diffuse à l'étranger et qui est l'unique publication régulière homosexuelle de cette période[4].
Après la Seconde Guerre mondiale, les années 1950 voient réapparaître les « clubs » favorisant la sociabilité homosexuelle au moyen de conférences, excursions, bals masqués parfois[4]. Des organisations militantes sont de nouveau créées, comme l’International Comitee for Sexual Equality (ICSE, Comité international pour l’égalité sexuelle), àAmsterdam, qui réclame des droits pour toutes les personnes homosexuelles, ou l'association homophileArcadie en France, fondée en 1954 parAndré Baudry (1922-2018)[4]. La revue françaiseArcadie reçoit dans la même période un succès grandissant, malgré un amendement de la loi française (amendement Mirguet) qui catégorise l'homosexualité parmi les« fléaux sociaux »[4], de 1960 à 1980. Dès 1960, l'Homosexual Law Reform Society, organisation britannique, milite pour la dépénalisation de l'homosexualité auRoyaume-Uni[4].
Dans les années 1960, alors que les sociétés occidentales connaissent unerévolution sexuelle, la communauté homosexuelle s’organise politiquement pour se défendre contre l'homophobie et les persécutions qu’elle subit, à l'instar d'autres mouvements qui se développent à la même époque — notamment lemouvement de libération des femmes et le mouvementBlack Power aux États-Unis — et s'imprègne du discoursrévolutionnaire qui caractérise alors la jeunesse contestataire.
Par ailleurs, aux États-Unis, différentes institutions et organisations liées aux personnestransgenres apparaissent, telles que l'Erickson Education Foundation, créée parReed Erickson (1911-1992) en 1964, ou bien laBeaumont Society, créée au Royaume-Uni en 1966[5]. La première participera notamment financièrement au développement des mouvements pour les droits civils des homosexuels des années 1960 aux années 1980, et sera aussi une ressource pour les personnes transgenres en matière d'information et de conseils ; la seconde diffusera de l'information sur la communauté transgenre dirigée vers le grand public et fonctionnera encore dans les années 2020[5]. En 1966, alors que la police harcelait la communauté transgenre depuis plusieurs décennies pour port de vêtements de l'autre genre et du maquillage alors que cela ne faisait pas partie des mœurs admises, de violentes émeutes ont lieu sur la Côte Ouest des États-Unis[5].
En France, en mai 1968, des mouvements homosexuels révolutionnaires s'inspirant duGay Liberation Front américain (GLF, Front de libération gay) voient le jour[4].
Plaque commémorative auStonewall Inn.
Le mouvement homosexuel fait véritablement son apparition en juin1969, au cours desémeutes de Stonewall qui explosent àNew York autour du barStonewall Inn — celles-ci ont plus largement trait aux personnes LGBTQI+[5]. Cet établissement du quartierGreenwich Village (à New-York) fait, le soir du, l’objet d’une descente policière qui est ressentie par les clients comme« la descente de trop ». Des émeutes ont lieu dans le bar et dans les rues avoisinantes : des policiers sont pris en otages, et pendant plusieurs jours environ 2 000 émeutiers affrontent les forces de l'ordre dans le quartier.
Ladrag queen et femme transgenreMarsha P. Johnson[5] (1945-1992) est connue pour avoir participé aux manifestations contre la police lors des émeutes de Stonewall. Cette militante a montré la présence des personnestransgenres qui existent dans la communauté LGBT. Sa présence a notamment été connue à travers les manifestations, laMarche des fiertés et surtout après sa mort. La police conclut sa mort comme un suicide, une conclusion fortement contestée par la communauté LGBT de New York. La diffusion à travers les journaux et documentaires a permis à la minorité transgenre de se faire connaître, leur donnant une bonne et mauvaise image. C’est-à-dire que cette communauté va recevoir beaucoup de soutien, encourageant l’émancipation des personnes transgenres, mais aussi un grand nombre de mécontentement, disant que ce n’est pas normal de vouloir changer son sexe, songenre. Beaucoup ont commencé à s’intéresser à cette minorité transgenre, et des inégalités dans la communauté LGBT même se sont fait connaître[6]. La femme transgenre et drag queenSylvia Riviera était également parmi les participants[5]. Riviera et Johnson fonderont l'organisationStreet Transvestite Action Revolutionaries (STAR), avec l'objectif d'aider les jeunes drag queens et femmes trans de couleur[5].
En 1971, différentes organisations militantes sont créées en Europe, par exemple un autreGay Liberation Front au Royaume-Uni, l'Homosexuelle Aktion Westberlin (HAW) enRépublique fédérale allemande (RFA), ou leFront homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) en France[4]. En Europe toujours, la décennie 1970 connaît également plusieurs commémorations des émeutes duStonewall Inn, ce qui rend aussi plus visibles les mouvements homosexuels[4]. Toutefois, 1971 au Royaume-Uni marque par ailleurs un recul dans les droits des personnes transgenre dans ce pays, avec le divorce « Corbett contre Corbett(en) » ; si, jusque-là, les personnes qui avaient transitionné pouvaient avoir — sans réglementation officielle — un changement de genre sur leurs papiers d'identité, ce cas juridique a interrompu cette pratique pragmatique et créé un précédent juridique qui entraînera davantage de discrimination légale envers les personnes trans ou intersexes[5]. En 1972, de son côté, la Suède, premier pays au monde dans ce cas, légalise laréattribution sexuelle[5]. La même année, a lieu la première Marche des fiertés de Londres, avec environ 2 000 personnes y participant[5].
En 1977, aux États-Unis, laCour suprême de New-York valide la possibilité pourRenee Richards (1934-), femme transgenre, de jouer au sein de la ligue professionnelle féminine de tennis ; cela a aussi eu un impact plus généralisé sur les sportifs transgenres[5]. Par la suite, en 1979, est créée laHarry Benjamin International Gender Dysphoria Association (qui deviendra l'Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres)[5].
De plus, durant cette révolution sexuelle, deux mouvements sociaux sont en rivalité : le mouvement LGBT et le mouvement féministe. Les féministes montrent leur mécontentement sur le fait que l’homosexualité est dominée par la masculinité, et que les lesbiennes ne sont pas assez représentées, mises à l'avant[7].
Dans l'histoire du mouvement LGBT en France, les premières initiatives de parole publique apparaissent via la revueArcadie, fondée en1954 parAndré Baudry. L'association du même nom est créée en1957 sous le régime commercial d'uneSARL. Ce club privé n'est ouvert qu'aux personnesmajeures et exige l'abonnement à la revue[8].
Le à14 h 35, à la suite de l'interruption de l'émission « L’homosexualité, ce douloureux problème » animée par Ménie Grégoire sur RTL dans lasalle Pleyel, des militantes lesbiennes se prennent en photo.
En 1971 est créé leFront homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR), rapprochement entre des féministes lesbiennes et des activistes gays, dontGuy Hocquenghem est l'un des principaux animateurs. La première grande action du militantisme homosexuel a lieu le10 mars1971 à14 h 35 avec le FHAR. Ses membres vont interrompre une émission de la radioRTL animée parMenie Grégoire, intitulée « L’homosexualité, ce douloureux problème ». À l'époque, l'action est essentiellement organisée par des lesbiennes. Pour la première fois en France, des homosexuels prennent la parole en leur nom, devant le grand public, alors que le monopole d'État radiophonique et le choix des invités sur la question homosexuelle empêche toute contestation. L’émission est agitée, une dizaine de militantes s'est introduite dans le public et tente de prendre la parole. Le curé, invité de l’émission, parle une dernière fois avant l’intervention deAnne-Marie Fauret[9],[10].
Le mouvement LGBT est d'abord essentiellement porté par des lesbiennes[11][source insuffisante], parmi lesquelles de nombreuses militantesféministes, notamment les écrivainesFrançoise d'Eaubonne etMonique Wittig. Mais, au fil des mois, la composante masculine du FHAR augmente de manière constante. L’auteur de l’Anthologie de l’anarchisme,Daniel Guérin, compte entre autres parmi les nouveaux membres, dont il représente l'espritlibertaire : « Démocratie directe » et « rejet du vedettariat » sont en effet des thèses politiques défendues par le FHAR. Issus des mouvements de révolte deMai 68, les membres du FHAR veulent cependant confronter leurs idées au réel et certains d'entre eux, tels Daniel Guérin ouFrançoise d'Eaubonne, vont ainsi jusqu'à se déshabiller en pleine assemblée générale pour« vivre jusqu'au bout » leur discours sur la libération du corps[réf. nécessaire]. Cependant, la présence de plus en plus forte des hommes au sein du FHAR, ainsi que des divergences de point de vue, poussent les femmes à s'en séparer. La scission, dontMonique Wittig est l'une des principales instigatrices, devient effective avec la création du groupe desGouines rouges, qui se rallie ensuite progressivement auMouvement de libération des femmes (MLF).
Peu après la fin du FHAR en 1974, des militants se regroupent au sein d'un groupe appeléGroupe de libération homosexuelle (GLH). Rapidement des GLH se créent dans toutes les principales villes françaises. Chaque groupe est autonome et développe un axe idéologique qui lui est propre. Cela donne lieu à de nombreuses dissensions entre les différents GLH. À Paris, ces dissensions provoquent en 1975 l'éclatement du GLH-Paris en trois organisations distinctes : le GLH-Politique et Quotidien d'orientation radicale, le GLH-Groupes de Base plus réformiste et le GLH-14XII (la scission a lieu le) qui se définit lui-même comme« libertaire et anti-féministe ».
La première « Marche nationale pour les droits et les libertés des homosexuels et lesbiennes » organisée par le CUARH à Paris le.
Afin de dépasser les clivages idéologiques entre les groupes et avoir une action commune contre les discriminations, l’idée progresse de créer une structure fédérative. Ce débat a lieu lors de la premièreUniversités d’été euroméditerranéennes des homosexualités organisée par le GLH-Marseille à l’été 1979. LeComité d'urgence anti-répression homosexuelle (CUARH) est créé à cette occasion. Le CUARH rassemble les GLH, des mouvements lesbiens comme le MIEL, le Centre du Christ libérateur du pasteurJoseph Doucé, le pro-pédophilieGroupe de recherche pour une enfance différente, etc. Le groupeArcadie envoie un observateur mais ne s’associera pas à la démarche.Le CUARH se mobilise principalement pour la réforme duCode pénal et l’abrogation des dispositions discriminatoires de deux alinéas rédigés en des termes obsolètes (« contre nature »,« impudique ») dans lesarticles 330 et331.
Le CUARH organise la première « marche nationale pour les droits et les libertés des homosexuels et lesbiennes » à Paris de la place Maubert à Beaubourg le à la veille des élections présidentielles. Avec 10 000 participants, cette marche est considérée comme la première véritablegay pride française. Les deux alinéas sont abrogées, le premier par la loi du (article1er, V.), le second par l'article unique de laloi du.
C’est lors d’une marche anti-Canada, le, que le Front de libération homosexuelle fait sa première apparition publique en y formant un contingent homosexuel. Un des membres du groupe, Denis Côté, y déclare alors que« la libération du Québec se ferait avec la collaboration de tous et qu’il fallait se libérer soi-même avant de libérer le Québec »[réf. nécessaire].
Constitué seulement d'une trentaine de membres au début, la formation politique passe rapidement à près de200 personnes, une progression qui se répercute toutefois sur la composition idéologique du FLH. Ceux qui cultivaient une vision plus globale et politique deviennent minoritaires dans le FLH et choisissent de quitter ses rangs. En, la jeune organisation est dissoute, notammenten raison du harcèlement policier[réf. nécessaire].
Années 1980 et 1990 : diversification et lutte contre le sida
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Drapeau arc-en-ciel originel à 8 couleurs, conçu et réalisé par le graphiste et militant américainGilbert Baker, en 1978.
À partir des années 1980, le militantisme homosexuel adopte progressivement un discoursintégrationniste. Ce virage se répercute sur la terminologie, qui cesse ses références à la « libération homosexuelle » et aux fronts révolutionnaires. L'emphase est désormais mise sur les droits des gays et lesbiennes, puis dans les années 1990 sur les droits LGBT, acronyme pour lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. C'est durant la décennie 1980 qu'est adopté ledrapeau arc-en-ciel[4]. La décennie voit aussi une professionnalisation du militantisme lesbien et gay, notamment avec des candidats aux élections qui s'annoncent homosexuels ; en 1989,Albert Eckert (1960-) est élu député de la liste alternative en Allemagne[4].
L'apparition de l'épidémie de sida et son développement dès le début des années 1980[5], qui fait de nombreux morts, notamment parmi les personnes homosexuelles — ce qui amplifie aussi les peurs et la discrimination envers les personnes LGBTQI+[5], et certaines lois se durciront à leur encontre[5] —, voit se créer plusieurs organisations qui veulent informer le public et lutter contre le virus et la maladie ; c'est par exemple le cas de l'association britanniqueTerrence Higgins Trust (1982), deDeutsche Aids Hilfe (1983) en Allemagne, France Aides (1984) en France,AIDS Coalition to Unleash Power (ACT UP) aux États-Unis (1987), etAct'Up (1989) en France[4]. Dès 1989, du fait de l'ampleur des mobilisations, les États de l'Union européenne en construction sont poussés par le Parlement européen à dépénaliser les relations homosexuelles et accorder la possibilité de s'unir légalement aux couples de même genre[4]. Concernant les droits des personnes transgenres, dès 1986, l'auteur et militant américain, homme transgenre et publiquement gay, émet des travaux concernant les hommes trans[5]. L'International Foundation for Gender Education (IFGE) est créée aux États-Unis en 1987[5]. En 1993, l'homosexualité n'est plus considérée comme une maladie mentale par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)[4].
Le Drapeau arc-en-ciel LGBTQ+.
Dans le même temps, les luttes des minorités sexuelles convergent, avec notamment plus de visibilité des mouvements trans et intersexes[4]. Le sigleLGBTQI apparaît[4]. L'Association Beaumont Continental (ABC), créée en 1975, lutte contre le fait de faire des personnestransgenres des personnes atteintes de pathologie mentale (en France, la fin de cette pathologisation sera obtenue en 2010)[4]. Pour les personnesintersexes, c'est notamment l'Organisation internationale des intersexes (OII) qui demande la fin de la catégorisation binaire selon deux identités sexuelles (masculine ou féminine), la fin de l'assignation du sexe à la naissance, et la fin desmutilations génitales sur les personnes auxquelles on assigne un sexe[4].
En France, après l'abrogation des articles de loi discriminatoires, alors que leComité d'urgence anti-répression homosexuelle (CUARH) cesse d'exister en 1987, le mouvement homosexuel français se diversifie. Une part des militants réclament l'égalité des droits civiques comme les Gais pour les libertés (GPL) ouHomosexualités et socialisme (HES). Ils élaborent notamment différents projets de contrat d'union civile qui finissent par donner naissance auPacte civil de solidarité (PACS, proposé dès 1990, adopté en 1999). Les revendications dumariage homosexuel (possible en France depuis mai 2013) et de l'homoparentalité succèdent à l'adoption du PACS. Alors que le commerce gai se développe, que des nouveaux moyens de communication apparaissent (minitel, presse gratuite), de nombreux groupes se créent autour de la socialisation et la convivialité (randonnée, sport, groupes de rencontres affinitaires ou ethniques, etc.). Dans le même temps, le développement de la pandémie dusida frappe durement le milieu militant et pousse à la création de groupes ou d'associations destinés à lalutte contre la maladie et la prévention (associations Vaincre le sida,Arcat,AIDES etAct Up-Paris).
Au mouvement de libération gay succède donc un mouvement protéiforme pour les droits des personnes LGBT que certains qualifient d'intégrationniste. Les cibles changent et les moyens de les atteindre aussi : les nouveaux militants ne réclament plus l'abolition du « capitalisme sauvage » ou de l'« hétéropatriarcat » et les revendications sont davantage pragmatiques.
En 1990, le filmParis is Burning de la réalisatrice américaineJennie Livingston, qui s'intéresse à laball culture dans le quartierHarlem de New-York, offre une plus grande visibilité aux personnes transgenres ; ce film conservera de l'importance dans les décennies suivantes[5]. Cependant, d'autres films ou émissions télévisées apportent un point de vue négatif sur les personnes transgenre[5]. Dans le même temps, la violence envers les personnes transgenre devient plus visible : un exemple en est le viol et le meurtre deBrandon Teena — qui fera par ailleurs l'objet du film biographiqueBoys Don't Cry (1999)[5]. Le premierTransgender Day of Remembrance (Journée du souvenir trans) a lieu aux États-Unis en mémoire deRita Hester, victime elle aussi d'un meurtre, en 1998[5]. D'autres personnes transgenre ou ayant des relations avec elles seront tuées elles aussi[5]. Dans ce même contexte, différentes organisations en faveur des droits des personnes trans verront le jour dans la décennie 1990, telles quePress for Change (1991) ou Mermaids (1995)[5]. La première jurisprudence dans le monde à empêcher une personne transgenre d'être discriminée dans le domaine de l'emploi a lieu en 1996 ; par la suite, progressivement, la visibilité et les droits des personnes transgenres verront des évolutions positives[5].
Sur le continent africain — où l'homosexualité ou certaines minorités sexuelles existent depuis longtemps mais en étant pensées de différentes manières —, les revendications et transformations politiques des années 1990 enAfrique du Sud ont pu avoir un effet quant au déclenchement d'un processus qui a vu les personnes faisant partie des minorités sexuelles s'afficher et s'affirmer, ce qui a aussi engendré des controverses ainsi que diverses mobilisations[12]. En Afrique du Sud, c'est au début des années 1980 qu'ont été créées les premières organisations homosexuelles ; 1988 voit naître la première association multiraciale et en lutte contre l'apartheid ; en 1990, a lieu la première Marche des fiertés du pays, àJohannesburg[12]. L'interdiction de toute discrimination liée à l’orientation sexuelle entre dans laConstitution d'un pays du monde pour la première fois en 1996 en Afrique du Sud, sous la présidence de Nelson Mandela[12]. En 2006, ce pays devient aussi le premier d'Afrique à rendre le mariage de personnes de même genre légal[12]. Les personnes homosexuelles et les autres minorités sexuelles ont ainsi gagné en visibilité et en droits dans ce pays, ce qui a inspiré d'autres communautés et d'autres pays, mais cela a aussi renforcé certaines positions homophobes, y compris à la tête de certains autres pays de la région ; certains évènements qui ont eu lieu sur le continent ont aussi eu un retentissement à l'international[12]. Sur le reste du continent, différentes mobilisations collectives prennent forme dans les années 1990 et 2000 (par exemple avec la création des organisationsGays and Lesbians of Zimbabwe (Galz) en 1990,Alternatives-Cameroun en 2006,Rainbow Identity en 2007)[12]. Toutefois, comme l'indique Christophe Broqua :« la publicisation de l’homosexualité relève d’un double phénomène de défense et de condamnation », l'un pouvant amener à une réaction de renforcement l'autre, et inversement[12].
LaCharte des droits fondamentaux de l'Union européenne (appuyée par la jurisprudence), adoptée le, comporte notamment l'interdiction des discriminations fondées sur le genre (y compris pour les personnes transgenres) et sur l'orientation sexuelle ; elle engendre aussi plus d'attention aux demandes du mouvement LGBTQI+ de la part des États de l'Union[4]. Au Royaume-Uni, entre 2002 et 2004, les besoins des personnes transgenres sont davantage pris en compte, les personnes transgenre peuvent avoir le genre auquel elles s'identifient sur un nouveau certificat de naissance et peuvent se marier avec la personne de leur choix[5].
Dans le reste du continent européen, peu d'attention, voire une répression franche répondent aux revendications et au militantisme LGBTQI+ ; en Russie depuis 2013, par exemple, ce qui est décrit comme« propagande homosexuelle » a des dispositions à son encontre, et en Tchétchénie les personnes homosexuelles sont persécutées — constat fait en 2017[4].
En Afrique, la décennie 2000 voit grandir ce qui avait débuté précédemment en matière de davantage de visibilité des personnes LGBTQI+ et de leurs droits, ainsi que les controverses et différents évènements liés ; certaines « affaires » ou situations ont également eu un retentissement international, avec des réactions de gouvernements et de personnalités en faveur de la reconnaissance et des droits des personnes LGBTQI+[12]. Les réactions sont très diverses et la controverse forte (même si ses acteurs peuvent être très différents et représenter différentes positions selon les situations et les pays) ; certains font même évoluer leurs lois en défaveur des personnes LGBTQI+ (par exemple, en 2007 au Nigeria, est promulguée une loi opposée au mariage de personnes de même genre, à la suite de manifestations allant dans le sens opposé en lien avec les revendications de l'International Conference on AIDS and STIs in Africa (Icasa))[12]. À la même période, des mariages clandestins ont lieu dans plusieurs pays, certains mis en lumière dans des articles de journaux[12]. Selon Christophe Broqua, une revue des médias semblerait indiquer une forte tendance homophobe sur le continent africain car sont souvent mis en avant des faits liés à des violences, de la répression, des drames, mais dans la réalité, l'Afrique offre une très vaste palette de réglementations et situations, allant de la lutte contre les discriminations et une évolution vers l'égalité des droits à des répressions parfois très dures, voire mortelles ; de plus, la vie quotidienne peut être plus facile pour certaines communautés dans des pays dont la loi interdit certaines pratiques (ce qui n'est toutefois pas toujours le cas), tandis que même en Afrique du Sud, certains groupes sont particulièrement ciblés par des violences[12].
Par ailleurs, les poursuites juridiques concernant les auteurs de violences, notamment envers les personnes transgenre, s'améliorent dans certains pays : aux États-Unis, leColorado connaît le premier jugement en tant que « crime de haine contre une personne trans » en 2008, pour le meurtrier d'Angie Zapata[5]. Dans les médias anglo-saxons, la représentation des personnes transgenres s'améliore par rapport aux stéréotypestransphobes des années 1990, et il semble que l'acceptation y soit davantage visible[5].
Dans les années 2010, au Royaume-Uni, l'Equality Act (Loi pour l'égalité) institue notamment le changement de sexe en tant que caractéristique protégée dans le pays, ainsi que différents points concernant la non-discrimination et l'égalité des droits[5]. Dans le monde anglo-saxon, la visibilité des personnes transgenre augmente, notamment dans les médias, en politique et dans le sport[5]. Cependant, il existe toujours des violences envers les personnes transgenre, ainsi que certains règlements qui les discriminent[5].
En 2019, sur le continent africain, l'homosexualité reste considérée comme un crime dans plusieurs pays, tandis qu'elle ne l'est plus dans d'autres pays ; ceci touche les personnes qui sont identifiées en tant que lesbienne, gay, transgenre ou queer, par exemple[13]. Parmi les pays qui ont choisi de ne pas contraindre les droits des personnes homosexuelles, se trouvent par exemple l'Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Lesotho, le Mali et la République démocratique du Congo (RDC). L'Afrique du Sud fait partie des pays du monde ayant un cadre juridique accordant de nombreux droits et interdisant les discriminations se référant à l'orientation sexuelle, même si les violences contre les personnes LGBTQI+ y restent nombreuses dans la société[13].
Certains États et personnalités politiques dans le monde se sont saisis des luttes en faveur des droits des personnes LGBTQI+ et, par exemple, début 2021, le nouveau président américain Joe Biden promeut dans sa politique étrangère la défense de ces droits partout dans le monde, en les liants aux « valeurs démocratiques », reprenant en même temps une partie du travail débuté en 2011 par le président Barack Obama[14]. Certains groupes militants en faveur de ces droits approuvent ceci, tout en signalant qu'il y a nécessité d'être parfois discret dans le soutien à certaines organisations pour qu'il y ait des résultats concrets ; la militante Jessica Stern indique ainsi :« Une des manières les plus efficaces et constantes pour discréditer les personnes LGBTQI et notre mouvement, c’est de les accuser d’être des produits des Occidentaux et d’une forme de colonisation, en pointant le financement par des donateurs étrangers »[14]. Le chercheur et professeur américain Philippe Ayoub indique qu'il est important de conserver le pouvoir des militants locaux de décider des manières de lutter contre les discriminations et pour les droits dans le contexte local ; il précise :« Ce genre de politique étrangère ne peut être imposée par le haut. Cela doit être fait avec précaution, en partenariat avec la société civile de chaque pays »[14]. En 2021, dans le monde, près de deux pays sur trois ont rendu légales les relations homosexuelles, et le mariage entre personnes de même genre est possible dans28 pays, d'après l'International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association[14].
Les premiers partisans de la libération homosexuelle sont souvent issus des différentes formes dumarxisme. Leur imaginaire est formé par l'analyse révolutionnaire et marxiste, à laquelle s’ajoute parfois une touche de dérision.
Une chanson, écrite parMarie-Jo Bonnet et chantée au cours du Tribunal de Dénonciation des crimes contre les femmes organisé par le MLF àParis en 1972, montre l'engagement des « Gouines Rouges » en faveur d'un changement radical de la société :
« À bas l’ordre bourgeois/ Et l’ordre patriarcal/ À bas l’ordre hétéro/ Et l’ordre capitalo/ Nous les gouines, les lesbiennes/ Les vicieuses, les infâmes/ Nous aimons d’autres femmes/ Nous briserons nos chaînes/ Ne rasons plus les murs/ Aimons-nous au grand jour. »
L'auteureMargaret Cruikshank(en) prétend entre autres dans son ouvrageThe gay and lesbian liberation movement, que« la libération gaie ne pouvait pas être complètement assimilée par la gauche (…) étant donné sa forte nature chaotique. En plus, la libération gaie tend à promouvoir un haut degré d’individualisme du fait évidemment qu’elle s’est alimentée à même des expériences privées qui ont conforté l’impression d’être différent des autres »[réf. nécessaire]. La cause sexuelle (et la cause féministe dans une moindre mesure) se transforme par conséquent en sujet de discorde, au point qu'elle précipite parfois la rupture au sein de groupes marxistes.
Mis à part de tels épisodes, les années libérationnistes demeurent une époque de grande convergence[réf. nécessaire]. Alors que la solidarité apparaît parfois comme allant de soi, notamment entre les mouvements gay et féministe, elle se montre d’autres fois plus surprenante. Dans sonGay Manifesto paru en 1970, l’AméricainCarl Wittman(en) appelle ainsi les autres homosexuels à soutenir la lutte des femmes, des hippies, des blancs radicaux, mais également la libération des latinos et des noirs américains.
Les autres mouvements de libération se rangent à leur tour, peu ou prou, derrière le combat des homosexuels.Huey P. Newton, leader duBlack Panther Party, exprime en ces mots sa solidarité avec la cause gaie :« nous le savons tous bien, notre première impulsion est souvent de vouloir mettre notre poing dans la figure des homosexuels, et de vouloir qu’une femme se taise… Nous devons perdre ces sentiments d’insécurité (…). Ils (les gais) sont peut-être la couche la plus opprimée au sein de cette société… Le Front de libération des femmes et le Front de libération des homosexuels sont nos amis »[15].
Si la révolution telle que voulue par les activistes gays renvoie en premier à une rupture sociopolitique, un important volet identitaire y est néanmoins attaché. La déconstruction des identités homo/hétéro et homme/femme est donc à l’ordre du jour à l’époque, quoique beaucoup moins mise en avant qu’elle ne l'est dans les années 1980 et 1990. Tout en dénonçant la colonisation psychologique que le pouvoir hétérosexuel fait subir aux homosexuels (« We are children of straight society. We still think straight: that is part of our oppression »[16]),Carl Wittman(en) n’en recourt pas moins à une grille foncièrement identitaire lorsqu’il prêche en faveur de la création d’un territoire distinct pour les homosexuels, ainsi que des institutions et des médias distincts[réf. nécessaire].
C’est probablement les lesbiennes qui mettent alors la plus grande emphase sur la déconstruction des catégories. En effet, les militantes lesbiennes sont en prise avec un constant dilemme, qui les oblige à questionner sans cesse leur identité : doivent-elles militer en premier lieu comme homosexuelles ou comme femmes ? La peur classique portée par le mouvement féministe d’être étiquetées de lesbiennes enragées par les hommes, incite de nombreuses homosexuelles féministes à prendre leurs distances face à la catégorie « lesbienne ». Autant le mot que le concept représentent aux yeux de ces dernières une création du pouvoir patriarcal, un pouvoir qui utilise le qualificatif de « lesbienne » pour rasseoir toute femme qui ose se lever.
Monique Wittig compare par exemple l’évolution des termes « femme » et « esclave » et dénonce le fait que l’émancipation des femmes ne se soit pas traduite par la mise au rencard de la réalité « femme », tout comme l’émancipation des noirs s’était jadis répercutée par l’abandon de l’appellation « esclave » au sein de la population noire. Une autre raison justifie par ailleurs la désintégration du concept defemme : les frontières rigides du masculin/ féminin représenteraient pour l’individu un déni total de sa liberté et freineraient son épanouissement personnel. Pour être en harmonie avec sa personnalité profonde, pour être une personne la plus authentique et la moins censurée possible, il faudrait selon les lesbiennes radicales, non pas réformer les identités de genre, mais les abolir.
Les droits LGBT revendiqués se regroupent en trois catégories : tout d'abord, il y a la fin de la persécution judiciaire et policière des minorités sexuelles et de genre, tels que l'interdiction légale des relations homosexuelles sanctionnées de prison ou de peine de mort, le contrôle policier des lieux de sociabilité LGBT, ou les discriminations légales tel que l'interdiction faite aux personnes ouvertement homosexuelles de servir dans l'armée. Le second volet des droits correspond à la reconnaissance juridique des expériences de vie LGBTI, tel que l'accès auxparcours de transition, aumariage, ou à l'homoparentalité. Enfin, la protection contre les violences, tels que l'interdiction desthérapies de conversion, des opérations de réassignation sexuelle sans consentement effectués sur les enfants intersexes ou des propos homophobes, mais aussi la possibilité pour les personnes migrantes fuyant l'homophobie ou la transphobie de leurs pays d'origine d'obtenir ledroit d'asile.
La représentation cinématographique du mouvement LGBT est difficile. Deux films mettent en scène lesémeutes de Stonewall de 1969, avec à chaque fois des réécritures historiques qui nient l'importance politique du moment : le premier,Stonewall, sorti en 1995, prétend que les émeutes sont dues à la mort deJudy Garland, tandis que le second,Stonewall, sorti en 2015, minimise l'implication des personnes racisées, trans, des drag queens et des lesbiennes dans cette révolte pour mettre en scène à la place un jeune homme gay et cis[17]. Ces réécritures font que ces deux films ont été vivement critiqués à leur sortie et sont depuis largement oubliés par la communauté LGBTQIA+[17]. En revanche, lebiopicHarvey Milk, sorti en 2008, est quant à lui très bien reçu, de même queBayard Rustin de 2023[17].
Plusieurs œuvres cinématographiques se penchent spécifiquement sur les relations entre les personnes lesbiennes et bisexuelles avec la militance féministe :La Belle Saison raconte ainsi, sur fond d'une histoire d'amour entre une militante duMLF et une agricultrice, les tensions liées à laclasse sociale ;Mrs. America évoque les tensions entre féministes et conservatrices, mais aussi entre féministes hétérosexuelles et luttes LGBT ; enfin,Le Viol met en scène l'affaire Tonglet-Castellano, où plaide l'avocate féministeGisèle Halimi pour défendre les victimes, un couple de lesbiennes[17]. Les luttes féministes ne sont pas les seules à être montrées dans leurs imbrications avec la cause LGBT :Pride parle ainsi des liens avec lagrève des mineurs britanniques, tandis queLa Fracture évoque lesGilets jaunes[17].
↑a etbAnne Rambach et Marine Rambach,La culture gaie et lesbienne, Fayard,(ISBN2213614105)
↑Marie-ÉmilieLorenzi, « « Queer », « transpédégouine », « torduEs », entre adaptation et réappropriation, les dynamiques de traduction au cœur des créations langagières de l’activisme féministe queer »,GLAD!. Revue sur le langage, le genre, les sexualités,no 02,(ISSN2551-0819,DOI10.4000/glad.462,lire en ligne, consulté le)
MichaelMcCaughley, Nino S.Dufour et MasonFunk,C'est ça, notre liberté : 50 ans de lutte LGBTQ+ de Paris à New York,(ISBN979-10-339-0451-9,OCLC1262125523)