Lesmonts Zagros (enpersanرشته كوه زاگرس,Reschte-Kuh-e Zāgros, enkurdeÇîyayên Zagrosê, enlori,كۆیەل زاگرۥۇس, enturcZagros Dağları) sont unechaîne de montagnes s'étendant principalement dans l'ouest de l'Iran, depuis ledétroit d'Ormuz dans legolfe Persique jusqu'auhaut-plateau arménien dans le sud-est de laTurquie en passant par le nord-est de l'Irak. Elle a une longueur totale de 1 600 kilomètres. Son point culminant se trouve dans le massif deDena avec 4 409 mètres d'altitude.
Les rivièresZarineh etSimineh prennent leur source dans les monts Zagros, pour se jeter au nord dans lelac d'Ourmia.
La chaîne de Zagros, orientée nord-ouest - sud-est, borde le nord dugolfe Persique, côté iranien. Elle isole des influences maritimes l'intérieur de ce pays ce qui contribue à son aridité[1].
La chaîne du Zagros culmine à 4 409 m auQash-Mastan dans lemassif de Dena. Le deuxième massif du Zagros en termes d'altitude est celui duZard Kuh au nord-ouest du massif de Dena dont le sommet principal,Kolonchin, culmine à 4 221 m[1]. Les monts Zagros abritent deux des cinq régions glaciaires d'Iran (les trois autres étant dans l'Elbourz)[2].
Au nord-est, leplateau iranien s'insère entre les monts Zagros à l'ouest et la chaîne de l'Elbourz plus au nord. Au sud-est, le Zagros se recourbe vers le nord-est dans leLaristan faisant la connexion avec lachaîne du Makran, zone montagneuse d'origine volcanique[1].
La rivièreKaroun, affluent duChatt-el-Arab, au sud-ouest de la chaîne, trouve sa source principale au cœur des monts Zagros au pied du massif de Zard Kuh, où il est alimenté par larivière Kuhrang sur le flanc est, et larivière Bazoft sur le flanc ouest. La rivièreKarkheh naît également dans les monts Zagros et se jette dans le Chatt-el-Arab en territoireirakien.
Les monts Zagros résultent de la collision continentale de laplaque arabique vers laplaque eurasiatique à partir duCénozoïque[3],[4],[5], en lien avec l'orogenèse alpine[6]. Ainsi, à la fin duCrétacé, une importante compression affecte les monts Zagros en lien avec une double subduction de laNéotéthys et de sa mer de Nain-Baft[3],[4]. Les massifs montagneux ont été plissés en strates parallèles par la tectonique, la poussée des plaques venant du sud-ouest et de la plaque arabique[1]. Les roches plissées sont principalement de naturecalcaire.
Les monts Zagros présentent un riche héritage historique, témoin d'une occupation humaine remontant auPaléolithique inférieur. Les plus anciens vestiges humains mis au jour dans cette région appartiennent auxNéandertaliens et proviennent des grottes deShanidar, deBisitun et deWezmeh. La grotte de Shanidar a livré les restes de dixNéandertaliens datés d'environ 65 000 à 35 000 ans[7].
Shanidar abrite également deux nécropoles « proto-néolithiques » plus récentes, dont l'une, vieille d'environ 10 600 ans, renferme les sépultures de 35 individus[9].
Les analyses génétiques rétrospectives d'ADN fossile révèlent un processus de domestication progressif : les populations humaines protégèrent d'abord les troupeaux de chèvres sauvages en éliminant leurs prédateurs, avant d'entreprendre leur élevage proprement dit[12]. Bien que cette région soit aujourd'hui relativement aride, elle bénéficiait alors d'un climat plus verdoyant qui favorisa l'émergence de l'un des deux centres mondiaux connus de domestication caprine.
Certains de ces établissements primitifs évoluèrent pour devenir les futures cités d'Anshan et deSuse, tandis queJarmo demeure l'un des sites archéologiques emblématiques de cette région. La viticulture y trouve également ses racines les plus anciennes : les sites deHajji Firuz Tepe etGodin Tepe ont révélé des traces de stockage vinicole remontant à 3500-5400av. J.-C.[13]
L'analyse génétique d'un fragment d'os métatarsien découvert dans lagrotte de Wezmeh et daté duNéolithique a révélé l'existence d'un groupe génétique jusqu'alors inconnu. Cet individu, porteur de l'haplogroupe Y-ADN G2b[14] (branche G-Y37100[15]) et de l'haplogroupe mitochondrial J1d6, présentait un phénotype caractérisé par des yeux bruns, une peau relativement foncée et des cheveux noirs. Bien que les populations néolithiques pré-indo-européennes d'Iran aient présenté une pigmentation réduite dans plusieurs gènes, cet individu ne contribua pas au patrimoine génétique despremiers agriculteurs européens ni desEuropéens contemporains. Il montre en revanche une parenté génétique étroite avec leszoroastriens iraniens actuels, puis avec lesPersans,Baloutches,Brahouis,Kalash etGéorgiens[16]. Cette découverte conduit Gallego-Llorente et ses collaborateurs (2016) à considérer les monts Zagros, aux côtés deKotias peuplé par les chasseurs-cueilleurs du Caucase, comme une source probable d'ascendance eurasienne pour l'Asie centrale et méridionale, hypothèse étayée par les preuves archéologiques d'expansions néolithiques orientales depuis le Proche-Orient[17].
On trouve, au sud des monts Zagros, des glaciers de sel dont le plus célèbre, laKuh-e-Namak (persan :کوه نمک), dont le nom signifie « montagne de sel » en persan, est undôme salin de près de 400 m de hauteur[20].
↑Sonia Shidrang, « The Middle to upper paleolithic transition in the Zagros : the appearance and evolution of the Baradostian »,in Y. Nishiaki, T. Akazawa (ed.),The Middle and Upper Paleolithic Archeology of the Levant and Beyond, pp. 133–156, Tokyo, 2018.