Član 1 : Sva ljudska bića rađaju se slobodna i jednaka u dostojanstvu i pravima. Ona su obdarena razumom i savješću i jedni prema drugima treba da postupaju u duhu bratstva.
Lastandardisation du monténégrin est relativement récente, ayant commencé après le démembrement de laYougoslavie et accélérée après la séparation duMonténégro de laSerbie. Les linguistes qui y travaillent cherchent à différencier son standard des autres, surtout en y incluant des traits spécifiques communs à tous lesparlers du Monténégro et des traits de la langue de lalittérature monténégrine d’avant la réforme de lalangue littéraire serbe parVuk Stefanović Karadžić[10]. Comme les autres variétés standard de la langue commune, le monténégrin aussi estlangue officielle, avec l’appellation « langue monténégrine »[11].
Carte ethnique du Monténégro par localités selon la déclaration d'ethnie au recensement de2011.Répartition de la population duMonténégro selon la déclaration delangue maternelle au recensement de 2011 :
Localités avec plus de 50 % d’habitants de langue maternelle monténégrine
Localités avec moins de 50 % d’habitants de langue maternelle monténégrine
Localités avec plus de 50 % d’habitants de langue maternelle serbe
Selon les données du recensement de la population effectué en2011, sur un total de 620 029 habitants du Monténégro, 278 865 personnes, soit 44,98 % de la population se déclaraient d’ethnie monténégrine, 178 110 (28,73 %) se déclarantSerbes. Pour ce qui est de la langue, 393 740 déclaraient commelangue maternelle le serbe et 229 251 le monténégrin. 42,88 % des habitants du Monténégro se considéraient donc comme des locuteurs du serbe et 36,97 % déclaraient avoir le monténégrin comme langue maternelle[1].
Il y a aussi des données sur les Monténégrins dans les pays suivants :
Le Monténégro présente un exemple de ces fragmentations d’identités nationales dans les États post-soviétiques et post-yougoslaves à la fin duXXe siècle[18]. Cette fragmentation, que les dirigeants des nouveaux États ont estimée nécessaire pour légitimer leur indépendance, repose sur deux développements principaux :
la construction d’une histoire propre insistant sur tout ce qui sépare l’État de ses voisins ;
l’affirmation de l'existence d’une langue locale, ici monténégrine.
L’élite politique et culturelle s’est ainsi divisée en une fraction « pro-intégration » avec laSerbie et une fraction indépendantiste, qui a eu gain de cause.
Cette construction d’identité a porté le débat politique dans le champ scientifique, en cherchant à argumenter les thèses politiques par des recherches linguistiques ou historiques visant à collecter ceux des indices pouvant légitimer la thèse défendue.
Ainsi, les adeptes de l’idée de langue monténégrine sont en même temps adeptes de l’indépendance du Monténégro. Les intellectuels duCentre PEN monténégrin, protestant contre la constitution de1992 du Monténégro, qui stipulait que la langue officielle de la république était le serbe, avancent comme argument principal le droit de chaque nation d’avoir sa propre langue, s’appuyant en cela sur l’exemple du croate et du bosnien. Ils ne nient pas l’appartenance du monténégrin audiasystème slave du centre-sud, comme les trois autres langues, mais ils exigent que leur langue s’appelle officiellement le monténégrin[19].
Le principal promoteur de l’idée du monténégrin était le professeur Vojislav Nikčević, de l’Université deNikšić, qui commença à développer cette idée en1968, étant l’auteur des premiers travaux normatifs de cette langue (voir, plus bas, la sectionOfficialisation de la langue monténégrine). Parmi ses adeptes il y a Vuk Minić, Sreten Zeković, Jevrem Brković, Rajko Cerović[20], etc.
L’un de leurs arguments est l’existence du terme « langue monténégrine » dans des documents plus ou moins anciens.
La première de ces attestations remonte à1837, étant notée parVuk Stefanović Karadžić qui, d’ailleurs, n’acceptait que l’idée d’une langue serbe unitaire. Il mentionne les paroles d’un colonelfrançais ayant visité le Monténégro en1813, qui croyait que « la langue monténégrine » était un dialecte dugrec[21].
En1857, l’écrivain serbeLjubomir Nenadović note à propos d’un voyage au Monténégro : « Dans toutes les écoles la langue est le monténégrin, en grande partie différent de cette belle langue reconnue dans laquelle est traduite laBible[22]. Si les Monténégrins continuent dans leurs écoles comme jusqu’à présent, alors dans cent ans entre les deux langues il y aura une différence plus grande qu’entre leportugais et l’espagnol[23]. »
L’appellation de « langue monténégrine » apparaît aussi chez un autre écrivain serbe, Simo Matavulj. Il cite un Monténégrin qui dit que même les meilleurs acteurs serbes ne savent pas parlerpo naški « notre langue »,čisto crnogorski « le monténégrin propre »[24].
Hélène, princesse monténégrine devenue en1896 reine d’Italie, à la fin d’une entrevue avec le ministre serbe Janjić, qui lui fait des compliments sur la beauté du serbe qu’elle parle, réplique à celui-ci qu’elle parle monténégrin[25].
L’Encyclopædia Britannica de1911 fait aussi mention de la « langue monténégrine », en précisant tout de suite qu’elle est pratiquement identique au serbo-croate[26].
Les adversaires de cette idée sont en même temps adeptes de l’union étatique avec la Serbie, par exemple les linguistes Mihajlo Sćepanović[27], Branislav Brborić, Slobodan Remetić, Drago Ćupić et Mato Pižurica[28]. Leur argument principal est qu’il n’y a pas de différences notables entre la langue parlée au Monténégro et celle qu’on parle en Serbie.
Un autre de leurs arguments est que, en général, les Monténégrins se sont considérés tout au cours de l’histoire comme des Serbes, malgré les longues périodes d’indépendance de ce pays. En effet, le Monténégro parvint à assurer son autonomie dans le cadre de l’Empire ottoman, voire devint pratiquement indépendant à la fin duXVIIe siècle, alors que la Serbie était effectivement occupée. L’indépendance des deux pays fut reconnue par leCongrès de Berlin en1878, et le Monténégro resta indépendant jusqu’en1918, quand il fut incorporé auRoyaume des Serbes, Croates et Slovènes, la future Yougoslavie. L’une des preuves que les Monténégrins se considéraient comme Serbes est que selon les dispositions de la loi monténégrine de 1911 sur le système de l’éducation, l’enseignement primaire était obligatoire dans des écoles serbes publiques ou privées, et que deux des matières principales y étaient l’histoire serbe et la langue serbe[29].
En général, les linguistes du dehors de l’espace ex-yougoslave, non impliqués émotionnellement dans la question, font une distinction nette entre le point de vue sociolinguistique et celui de la linguistique proprement-dite. Par exemple Paul-Louis Thomas, professeur à l’Université Paris-Sorbonne, dont les spécialités sont « langue etlittératures bosniaques, croates, monténégrines et serbes (BCMS) »[30], admettait en 2001 la notion de langue monténégrine, précisant qu’elle tient uniquement du domaine de la sociolinguistique et que du point de vue de la linguistique il optait pour la notion de serbo-croate adoptée depuis longtemps dans laslavistique[31].
En, après 9 ans d'analyse et de débat avec l'ambassade du Monténégro aux États-Unis, le comité de classification des langues responsable de l’ISO 639-2 (Codes pour la représentation des noms de langue) classe le monténégrin comme un dialecte du serbe, et ne lui attribue pas de code séparé du code pour la langue serbe[32]. Mais en décembre, le comité se ravise et donne au monténégrin le code ISO 639-2 et 639–3cnr[33],[34].
L’action de standardisation de cette langue commence dès1997, lorsque paraît sa premièreorthographe[35]. Elle est suivie de la premièregrammaire du monténégrin[36].
En2003 est créé àCetinje l’Institut de la langue monténégrine et de linguistique, sous la direction de Vojislav Nikčević, avec un statut d’organisation non gouvernementale, mais il est soutenu financièrement par le Ministère de la culture.
En2004, le gouvernement modifie les programmes d’enseignement, utilisant le terme « langue maternelle (serbe, monténégrin, croate, bosniaque) » au lieu de « langue serbe »[37].
En2005, un symposium international débattant de la standardisation du monténégrin se réunit àPodgorica[38].
Après la proclamation de l’indépendance du pays (2006), en2007, on adopte laconstitution du Monténégro, où l’on précise le statut officiel du monténégrin.
En2008, le ministère de l’Enseignement et des sciences annonce qu’à partir de2009, les livres scolaires seront publiés en monténégrin.
La standardisation du monténégrin se fait sur la base de deux catégories de traits langagiers : d’un côté, ce sont ceux des traits dudialectechtokavien qui sont communs aux locuteurs de bosniaque, de croate, de serbe et de monténégrin, d’un autre côté, les traits communs aux parlers monténégrins du dialecte chtokavien[42], classifiés en trois groupes : du sud-est, du nord-ouest et de la partie monténégrine duSandžak[43]. Le standard monténégrin a non seulement des traits commun avec tous les trois autres standard, mais aussi certains communs seulement avec le croate et d’autres communs seulement avec le serbe.
Le standard du monténégrin contient la plupart des traitsphonologiques des variétés standard de la langue commune (voirCroate etSerbe). À côté de ceux-ci, il fixe comme norme laprononciation (i)jékavienne qui est standard en croate aussi, ainsi que quelques traits propres au monténégrin seulement.
Il est établi comme norme unepalatalisation provoquée par la prononciation jékavienne[44]. Celle-ci produit deuxconsonnes spécifiques, dues à la palatalisation jékavienne de /s/ et de /z/ :
La palatalisation jékavienne concerne deux autres consonnes encore, produisant des consonnes qui existent bien dans les autres standards, mais non produites par ce type de palatalisation. Exemples :
La prononciation (i)jékavienne est en général commune aux standards monténégrin et croate, mais le monténégrin a pour normeije (prononcé en deuxsyllabes) dans d’autres mots aussi que ceux où il existe en croate. Exemples[46] :
Dans certains parlers, le groupevocaliqueao, présent, par exemple, à la fin de la forme de masculin singulier duparticipe actif desverbes, se réduit àa, et dans d’autres parlers ào :reka sam, respectivementreko sam vsrekao sam « j’ai dit ». Ces phénomènes ont une aire réduite et ne sont pas compris dans le standard[47].
Le monténégrin s’écrit, comme le serbe, aussi bien avec l’alphabet cyrillique qu’avec l’alphabet latin, ce qui est précisé dans la constitution du pays. La tendance actuelle est à utiliser davantage l’alphabet latin[48]. Ce sont les mêmes alphabets que ceux utilisés par le serbe et le croate (voirSerbe. Correspondance graphie – prononciation). L’alphabet monténégrin comporte deux lettres supplémentaires, pour rendre les deux consonnes spécifiques. Dans l’alphabet latin, ce sontŚ etŹ, empruntées à la graphie dupolonais, qui a aussi les consonnes correspondantes. Dans l’alphabet cyrillique, il leur correspondС́ etЗ́ respectivement[49]. Les variantes sans palatalisation jékavienne étant admises, on admet aussi leur écriture avecsj (cyrilliqueсj) etzj (cyrilliqueзj) respectivement[45].
Comme en serbe, les noms propres étrangers sont transcrits d’ordinaire phonétiquement, y compris avec l’alphabet latin, sauf leur utilisation dans le trafic postal. Dans certains cas, lorsqu’on l’estime nécessaire, comme sur les cartes géographiques, on peut les transcrire en parallèle phonétiquement et dans la langue d’origine, si celle-ci utilise l’alphabet latin ou cyrillique[50].
Lamorphologie et lasyntaxe du monténégrin standard n’ont que quelques particularités par rapport aux autres variétés standard de la langue commune[51].
Certaines formes spécifiques découlent de la fréquence plus grande en monténégrin du groupeije. Par conséquent, seules les formes avecije de l’indicatifprésent formenégative du verbebiti « être » sont standard :nijesam ((hr) et(sr)nisam) « je ne suis pas »[52].
l’emploi de l’infinitif sansi final :Idem maloodmorit vsIdemse maloodmoriti « Je vais me reposer un peu »[55] ;
l’omission fréquente du pronom réfléchi (l’exemple précédent).
Certains traits du registre familier se retrouvent dans la littérature artistique actuelle, sans être présents dans le registre courant ni dans le langage administratif ni dans lapresse. Ainsi :
Dans le registre familier on utilise l’imparfait, alors que dans le reste du diasystème il est en général littéraire à nuancearchaïque :Jedni seigrahu, drugirazgovarahu… « Certains jouaient, d’autres causaient… »[56].
Dans ce registre on utilise une forme verbale appeléepotencijal imperfekta « conditionnel de l’imparfait », composée duverbe auxiliairehtjeti (ayant aussi la formešćeti) « vouloir » à l’imparfait et l’infinitif du verbe à sens lexical. Cette forme correspond exactement auconditionnel passéfrançais. Par contre, dans le registre courant on utilise leconditionnel, qui a les valeurs temporelles aussi bien de présent que depassé :Hoćah vamse javiti da sam imao vremena (familier) vsJavio bih vamse da sam imao vremena (courant) « Je vous aurais donné signe de vie si j’avais eu le temps »[57].
Certainesconjonctions utilisées dans la littérature monténégrine ancienne ne se sont conservées que dans le registre familier :
↑a etb(cnr)Communiqué du 12 juillet 2011 deZavod za Statistiku (office statistique du Monténégro) concernant les résultats du recensement de 2011 (consulté le 6 novembre 2019).
↑Somme des nombres enregistrés aux recensements des pays où on a pu déclarer le monténégrin comme langue maternelle.
↑DansBilješke jednog pisca [« Notes d’un écrivain »], œuvre autobiographique inachevée, parue d’abord en feuilleton entre1898 et1903, dans la revueLetopis Matice srpske deBelgrade. Cf.Montenegrina.
↑Prvi pomen crnogorskog jezika [« Première mention de la langue monténégrine »], Montenegrina (consulté le 6 novembre 2019).
↑Međunarodni naučni skup Norma i kodifikacija crnogorskog jezika. Zbornik radova [« Symposium international ”Normes et standardisation du monténégrin”. Recueil des communiqués »], Cetinje, Institut za crnogorski jezik i jezikoslovlje, 2005.