H220 : Gaz extrêmement inflammable H331 : Toxique par inhalation H360D : Peut nuire au fœtus. H372 : Risque avéré d'effets graves pour les organes(indiquer tous les organes affectés, s'ils sont connus) à la suite d'expositions répétées ou d'une exposition prolongée(indiquer la voie d'exposition s'il est formellement prouvé qu'aucune autre voie d'exposition ne conduit au même danger) P201 : Se procurer les instructions avant utilisation. P210 : Tenir à l’écart de la chaleur/des étincelles/des flammes nues/des surfaces chaudes. — Ne pas fumer. P261 : Éviter de respirer les poussières/fumées/gaz/brouillards/vapeurs/aérosols. P311 : Appeler un CENTRE ANTIPOISON ou un médecin. P403 : Stocker dans un endroit bien ventilé. P410 : Protéger du rayonnement solaire.
Le monoxyde de carbone est un gaz incolore, inodore, insipide et non irritant, indétectable par lesmammifères bien que particulièrement toxique. Le mélange avec l'air est facile car les deux gaz ont une densité proche[b]. Chez l'être humain, il est la cause de nombreusesintoxications domestiques, parfois mortelles, qui peuvent être évitées par l'utilisation d'undétecteur de monoxyde de carbone[15]. Son émanation, provenant d'une combustion incomplète de composés carbonés, est accentuée par une mauvaise alimentation en air frais et/ou une mauvaise évacuation des produits de combustion (ventilation).
Le monoxyde de carbone n'est pas ungaz à effet de serre (GES), mais un facteur indirect de réchauffement de l'atmosphère : il peut réagir avec lesradicaux hydroxyles (OH), qui dégradent naturellement le méthane dans l'atmosphère ; en consommant ces radicaux, le CO prolonge la durée de vie du méthane qui est un puissant GES.
Lesorbitales moléculaires qui décrivent la structure du monoxyde de carbone sont relativement semblables à celle dudiazote N2. Les deux molécules ont chacune quatorze électrons et quasiment la même masse molaire. À première vue, on pourrait penser, à tort, que l'atome de carbone estdivalent dans lemésomère C=O et que c'est donc uncarbène. Cependant, l'isomère de résonance−C≡O+ est la forme prédominante[16], comme l'indique la distance interatomique de 112 pm, qui correspond plutôt à une tripleliaison. En conséquence, la molécule CO présente unmoment dipolaire inversé par rapport aux prévisions que l'on pourrait faire grâce à l'électronégativité de C et de O : une légèrecharge partielle négative réside sur le carbone.
Dans lesconditions normales de température et de pression, le monoxyde de carbone est un gaz incolore et inodore, très peu soluble dans l'eau. Ses points d'ébullition et de fusion, et surtout sa densité gazeuse sont proches de ceux de l'azote moléculaire. Mais l'asymétrie d'électronégativité explique qu'il est beaucoup plus réactif que l'azote moléculaire et joue un rôle deligand dans des complexes métalliques. Sa toxicité (voirinfra) ou samétastabilité en dessous de950 °C en sont une preuve.
En raison de la minimisation de la variation d'enthalpie libre de la réaction (voirdiagramme d'Ellingham), l'action du carbone sur le dioxygène conduit :
pour T < ~700 °C, à la formation de selon donc est un meilleur réducteur que ;
pour T > ~700 °C, à la formation de selon donc est un meilleur réducteur que.
Le monoxyde de carbone est absorbé par une solution saturée dechlorure cuivreux dans de l'acide chlorhydrique qui précipite. Ce précipité, composé d'addition sous forme de cristaux blancs permettait avec l'appareil Orsat de doser de manière volumétrique le monoxyde de carbone parmi d'autres gaz. L'analyse de ce gaz industriel, combustible, était pratiquée communément bien avant 1880.
Formation du monoxyde de carbone lors des combustions incomplètes
Lorsque l'oxygénation du foyer est insuffisante pour brûler complètement les gaz formés à partir de la matière, mais que la réaction est assezexothermique pour élever et maintenir la température au-delà de950 °C, le monoxyde de carbone se forme préférentiellement au dioxyde de carbone, selon l'équilibre de Boudouard. En dessous de ce seuil, la molécule CO estmétastable,a fortiori à température et pression ambiantes. Elle se décompose toutefois très lentement, et surtout au contact de surfaces pour former dudioxyde de carbone et ducarbone. C'est selon cette réaction réversible que le carbone est transporté au cœur des procédéssidérurgiques ou, plus surprenant, au cœur de mécanismes biochimiquesin vivo.
C'est pourquoi il était préparé en quantité considérable dans legazogène de type Siemens. Ce gaz (combustible en présence d'air) est le produit d'une combustion incomplète de lits de charbon, le but étant de maintenir une température importante (supérieure à 950 °C) pour favoriser la production de monoxyde de carbone face au dioxyde.
Autre exemple: la projection d'eau ou de vapeur d'eau sur du charbon porté au rouge, permet d'obtenir legaz à l'eau, encore appelé après purificationgaz de synthèse.
Le monoxyde de carbone est le gaz réducteur des divers oxydes métalliques. Il se forme en traversant les couches de charbon de bois des bas fourneaux antiques et deshauts fourneaux, communs à partir duXIVe siècle. Lesmétallurgistes, et en particulier lessidérurgistes de l'Antiquité ou du Moyen Âge, soupçonnent déjà l'existence d'un corps subtil qui réduit les minerais finement triés et concassés.
Si on augmente la pression au-delà de100atm et si on adapte lacatalyse, la synthèse de combustibles liquides, sous forme d'hydrocarbures, ou encore d'alcènes, d'alcools, deglycols ou decétones est réalisable.
La synthèse duméthanol, une des plus importantes matières premières industrielles de synthèse, illustre ce type de procédé :
Une réaction conduite en présence d'eau donne des acides carboxyliques. S'ils sont produits en même temps que des cétones, réduites en alcools, des équilibres d'estérification favorisent un mélange complexe avec des esters.
Le procédé Aldox permet à partir d'alcènes terminaux (voiralpha-olefin), propène, et de gaz de synthèse, une première réaction OXO. Après aldolisation avec la soude NaOH, puis une crotonisation à l'aide d'un acide, et enfin une hydrogénation sur Ni, des alcools primaires en C6-C9 peuvent servir de plastifiants sous forme d'ester.
Outre les alcènes, CO s'additionne aussi au dioxygène (combustion), aux dihalogènes ou au cyanogène, au soufre ou à la soude.
Composés d'addition avec des métaux de transition : les carbonyles de métaux
Letétracarbonyle de nickel Ni(CO)4 est un composé volatil découvert en 1888 par Mond, Langer et Quincke qui a permis de purifier lenickel ducobalt. Ce composé,cancérogène, se décompose immédiatement en monoxyde de carbone et nickel, ce qui permet la purification du nickel. L'emploi de monoxyde de carbone sous forte pression a permis de découvrir une multitude d'autrescarbonyles de métaux entre 1890 et 1910, parmi lesquels Co(CO)4 utilisé ci-dessous comme catalyseur de la synthèse OXO. Ces transporteurs d'oxyde de carbone sur les molécules organiques, communément usités dès 1940 et appelés carbonyles métalliques, donneront cours à une intense littérature de brevets dans les années 1950. Fernand Gallais a apporté une meilleure compréhensionphysicochimique de ce domaine désormais établi de lachimie de coordination.
Une petite partie est d'origine géologique, une partie substantielle vient de la combustion de ressources énergétiques fossiles, mais l'essentiel provient des feux de biomasse. Ces feux sont en partie d'origine naturelle, mais le plus souvent d'origine anthropique (feux de forêt, de brousse, etc.).
L'intoxication par le monoxyde de carbone représente en France 6 000 à 8 000 cas par an dont 90 (en 2006[19]) à 300 décès[20]. C'est lapremière cause de décès par intoxication en France. En revanche la mortalité hospitalière est inférieure à 1 %.
En France, entre et, 1 008 incidents d'intoxication domestique au CO et impliquant 3 490 personnes ont été signalés à l'Institut de veille sanitaire (InVS), malgré les conditions météorologiques clémentes pendant l'hiver. De à mi-, 53 épisodes d'intoxication au monoxyde de carbone ont concerné 170 personnes[15].
Les signes cliniques les plus fréquents sont des céphalées (environ 80 % des cas), des vertiges (75 % des cas), des nausées (51 % des cas). Le malaise est aussi fréquent. L'asthénie, l'impotence musculaire surtout des membres inférieurs sont aussi classiques.
Une exposition plus importante provoque des signes neurologiques et sensoriels : excitation, agitation, ataxie (trouble neurologique), confusion, et plus graves,perte de conscience (16 % des cas) et coma (3 à 13 % des cas).
Au cours de laSeconde Guerre mondiale le monoxyde de carbone fut utilisé par le régime nazi en concurrence avec leZyklon B pour mettre à mort les handicapés, les juifs et d'autres victimes. Plusieurs moyens furent utilisés pour asphyxier les victimes avec ce gaz.
Lors de l'Aktion T4 visant à éliminer les handicapés, le gaz était fourni sous forme de bonbonnes dont le contenu était diffusé par des canalisations dans les chambres à gaz aménagées dans les « instituts d'euthanasie ».
Pour la solution finale, deux techniques furent mises en œuvre. Soit les victimes montaient à bord decamions spécialement aménagés. Les gaz d'échappement pouvaient être dérivés vers la caisse hermétique du véhicule où étaient enfermées les victimes. Ce procédé fut utilisé aucamp d'extermination de Chelmno et en d'autres endroits. Dans les trois camps d'extermination de l'Aktion Reinhard, les gaz d'échappement de moteurs à explosion étaient canalisés à l'intérieur des chambres à gaz où se trouvaient les victimes[21].
Le CO est produit de manière endogène dans le corps, il sert de molécule de signalisation à l'instar dumonoxyde d'azote. Son rôle fait toujours l'objet de recherche[22].
Le monoxyde de carbone est plus connu commepolluant de l'air intérieur, mais il a aussi des effets délétères importants en termes depollution atmosphérique et de dégradation du climat. Il tend à légèrement diminuer dans l'atmosphère dans l'hémisphère nord (en Chine notamment), et à légèrement augmenter dans l'hémisphère sud[24].
« À nos latitudes, la teneur moyenne enozone dans l'air a quadruplé depuis le début du siècle. Dans les régions polluées, cette teneur dépasse fréquemment les normes recommandées. Cette augmentation des concentrations en ozone dans la basse atmosphère reflète directement l'impact des émissions anthropiques de constituants comme le méthane, le monoxyde de carbone, les hydrocarbures et les oxydes d'azote, qui, par l'intermédiaire de réactions chimiques complexes, conduisent, en présence de rayonnement solaire, à la formation d'ozone »[25]. L'ozone dans la troposphère commencent à avoir des effets négatifs sur la flore, sur la production végétale mais aussi sur la santé humaine, et sur les équilibres climatiques[25].
Diverses mesures (y comprissatellitaires[26],[27]) montrent qu'il est émis en grande quantité par lesfeux de forêts, et de manière plus diffuse par leschaudières etmoteurs thermiques, y compris dans la haute atmosphère par les tuyères d'avion où le monoxyde de carbone pourrait contribuer à perturber les équilibres physico-chimiques aux altitudes de vol desavions à réaction, altitudes où des phénomènesphotochimiques complexes sont en jeu, avec de probables interactions avec l'ozone et la vapeur d'eau.
Le CO n'est pas ungaz à effet de serre au sens strict — car il n'absorbe pas significativement le rayonnement infrarouge — mais il agit comme un facteur indirect de réchauffement de l'atmosphère. Cet effet négatif découle du fait que le CO est le principal destructeur desradicaux hydroxyles (OH), qui sont essentiels à la dégradation naturelle du méthane (CH₄), un GES très puissant[28]. Or, du CO est massivement émis par les incendies de forêt (avec un temps de demie vie d'un mois environ)[29], de même que du CO2 et un peu de méthane. Or, en détruisant ces radicaux hydroxyles, le CO réduit la capacité de l'atmosphère à éliminer le méthane, prolongeant ainsi sa durée de vie de ce méthane, ce qui intensifiant son effet de serre. En 2025, les incendies dans l'hémisphère nord ont généré des émissions record, avec par exemple 180mégatonnes de carbone émises au Canada entre mai et juillet.
Dans latroposphère, le monoxyde de carbone est un gaz toxique reconnu à des concentrations assez basses.
Plusieurs étudesépidémiologiques ont mis en évidence unecorrélation entre la pollution au monoxyde de carbone et la mortalité due à des causes cardiovasculaires[30], sans qu'il soit possible d'affirmer si la relation de cause à effet n'est pas plutôt due à d'autres polluants présents. Toutefois certaines études expérimentales ont confirmé la possibilité d'un lien direct. En effet, une étude[31] a permis de mettre en évidence le développement d'unphénotype cardiomyocytaire pathologique chez une population de rats exposés à ce polluant. De plus, une étude[32] a permis d'observer une augmentation de la sensibilité dumyocarde à l'ischémie-reperfusion (simulation d'un infarctus du myocarde). Cependant cette même équipe a également rapporté que les effets délétères du monoxyde de carbone sur la sensibilité à l'ischémie-reperfusion pourraient être contrecarrés par une activité physique régulière et modérée, susceptible de prévenir le développement du phénotype pathologique[33].
Letabagisme est aussi une source d'exposition chronique à de petites quantités de CO[34].
↑Magalie ROY-AUBERGER, Pierre MARION et Nicolas BOUDET, « Gazéification du charbon »,Techniques de l'Ingénieur,,p. 4(lire en ligne, consulté le), J5200.
↑« Monoxyde de carbone » dans la base de données de produits chimiquesReptox de laCSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
↑Centre de Télé-Enseignement Sciences - R.Kechavarz - O.Monnereau Université de Provence -– 3TS6CH13 - Chimie Inorganique 2 - Année 2005-2006
↑a etbRôle des feux de biomasse dans les profils troposphériques de monoxyde de carbone etrésumé en français (Données brutes accessibles dans la base de données IAGOS ; (http://www.iagos.org).
↑Valant, C., Lanoisellé, M., Schmidt, M., Sarda-Esteve, R., & Ramonet, M. (2005). Mesure par chromatographie en phase gazeuse du monoxyde de carbone (CO) présent à l'état de trace dans l'atmosphère (Doctoral dissertation, IPSL). url=https://hal.science/hal-03286410/document