À l'origine d'un des plus grandsempires de tous les temps, qui s'étendit de lamer de Chine méridionale jusqu'au-delà de laVolga[4] auXIIIe siècle et auXIVe siècle, ils conservent encore leur culture, malgré leur éclatement en quatre entités politiques distinctes ; outre la langue et l'histoire, cette culture profondément originale couvre des domaines tels que la musique, la religion, les fêtes, les sports, le mode de vie, et enfin l'organisation sociale.
Répartition géographique des populations mongoles.
Les Mongols sont répartis principalement dans quatre territoires, dont un seul est souverain : la Mongolie. En Russie, ils disposent de deux républiques disposant d'une autonomie relative : laBouriatie et laKalmoukie. En Bouriatie, du fait du processus de colonisation russe, les Bouriates ne représentent que 25 % de la population[5]. Ils se démarquent des autres ethnies mongoles par une certaine conservation des anciennes croyances chamanistes, malgré leur conversion aubouddhisme. En Chine, la majeure partie des Mongols se trouve dans la province autonome deMongolie-Intérieure, où sont présents plus de 5 millions de Mongols, mais où ils restent une minorité vis-à-vis des ChinoisHan. Il existe également des minorités mongoles dans leXinjiang, leQinghai et leGansu.
On compte environ 25 ethnies mongoles au total[6]. Les Khalkhas, principalement urbains, constituent la majorité en Mongolie. Diverses petites ethnies cohabitent dans les monts Altaï, dont les Oïrates, voisins des Kalmouks. Les Oïrates sont à l'origine de l'Empire deDzoungarie, auxXVIIe et XVIIIe siècles, vaincu et annexé par la Chine. LesOïrates émigrèrent alors sur les bords de laVolga, puis une partie d'entre eux repartit en Mongolie, mais ils furent décimés en cours de route par lesKazakhs[7] : ce sont les Oïrates actuels. LesKalmouks sont littéralement « ceux qui sont restés ». Ces derniers faisaient partie des « peuples punis » parStaline, accusés d'avoir coopéré avec lesarmées blanches. En Mongolie-Intérieure, il existe diverses ethnies regroupées sous le nom de Mongols Occidentaux. Au nord, ce sont lesBouriates qui dominent.
Au premier millénaire de notre ère, lesTurco-mongols vivaient probablement enchasseurs-cueilleurs enSibérie orientale[9], sur le cours supérieur du fleuveAmour. Les Mongols, lesToungouses et lesTurcs ne faisaient qu'un. Tandis que les Toungouses restaient, les Mongols et les Turcs s'établirent dans les régions steppiques voire désertiques au Nord de la Chine, où ils devinrent donc nomades[10].
Pendant toute l'Antiquité, les Turco-Mongols vécurent en guerriers nomades, faisant régulièrement des raids en Chine, et établissant de temps en temps des empires éphémères, dirigés par des hommes de guerre forts mais s'effondrant dès la mort de ceux-ci[11]. Les hommes se divisaient alors en multiples tribus, ce qui les rendait beaucoup plus vulnérables. À l'instar desRomains, lesChinois se servaient parfois d'une de ces tribus pour se protéger d'une autre.
Les Turcs comme les Mongols ont conquis de nombreuses terres en occident. Certains peuples de ces deux cultures se retrouvent en Europe (Huns,Horde d'or…), où à l'Ouest de l'Asie, d'autres sont restés attachés à leurs terres comme lesKazakhs etKirghizes (Turcs) ou certains Mongols.
AuXIIIe siècle, les Mongols se rassemblèrent sousGengis Khan (« le roi universel » en mongol, de son vrai nom Temüdjin). Celui-ci soumit laSibérie méridionale, le nord de la Chine, le royaume Xia (dirigé par les Tanguts), puis le Khara Kitaï et leKhwarezm en Asie Centrale. Ses successeurs bâtirent l'un des plus grands empires ayant jamais existé[N 2], en conquérant le reste de l'Asie Centrale et de la Chine, le Moyen-Orient, la Russie. Ils poussèrent à l'ouest jusqu'enAutriche, à l'est ils attaquèrent (en vain) le Japon, laBirmanie au Sud, et allèrent même jusqu'enIndonésie. À son apogée, l'Empire était parvenu à établir une « Pax Mongolica », développant lesroutes de la soie, les rencontres entre les grandes confessions et les relations entre l'Orient et l'Occident.Mais, après quelques décennies, l'empire ne tarda pas à se fracturer en plusieurskhanats, qui devinrent rivaux. Ainsi affaiblis, les khanats succombèrent l'un après l'autre aux poussées locales. L'élite mongole, de plus en plus réduite, se fondit rapidement dans les cultures locales. Ce fut laHorde d'or, à qui la Russie payait tribut, qui disparut en dernier en 1502, plus de trois siècles après l'apparition de Gengis Khan[12].À l'époque moderne, il existait encore des États se réclamant de l'héritage mongol : lekhanat de Crimée, lekhanat d'Astrakhan, les khanats ouzbeks et khazakh...
De manière progressive, les Mongols retournèrent dans leurs terres natales ou se fondirent soit aux Turcs avec qui ils partageaient la même origine et langue, soit aux Iraniens du fait de la proximité du territoire perse.Une bonne part des Mongols se convertirent au bouddhisme réformé auXVe siècle[13].Ils sont aujourd'hui tiraillés entre la Russie et la Chine[réf. nécessaire]. Cette dernière contient la plus grande partie du peuple mongol, mais la Russie domina la Mongolie pendant l'ère soviétique (sous le nom deRépublique populaire de Mongolie). La Mongolie, encore préservée il y a quelques décennies, doit maintenant faire face à la modernisation : alors que le chômage et la pauvreté sévissent en ville, la plupart des foyers possèdent une télévision, même à la campagne[14].
Les Turco-Mongols sont traditionnellement desnomades. En effet, les pâtures des prairies sont trop faibles, en dehors de la saison des hautes herbes (de juin à août) pour soutenir en permanence les grands troupeaux de chevaux, de vaches, de moutons ou de chèvres. Cette pauvreté s'agrandit dans les déserts où les Mongols sont obligés de se déplacer fréquemment, parfois chaque semaine.En général, les Mongols se déplacent par groupes de 2 ou 3 familles dans les steppes herbeuses, au plus une famille dans les déserts[réf. nécessaire]. Il y a occasionnellement de grands rassemblements, lors de tournois et de fêtes, notamment pendantTsagaan Sar, la fête mongole du nouvel an.Le nomadisme décline rapidement enMongolie etMongolie-Intérieure du fait d'épisodes climatiques qui ont décimé les cheptels et conduit de nombreux éleveurs à la ruine. Depuis les années 2000, la population urbaine est montée à 50 % en Mongolie ; ce chiffre atteint a 58 % en 2007. La désertification induite, et la disparition concomitante de services aggrave le phénomène[15]. L'attrait des études et de lacivilisation occidentale pourrait être un second facteur d'explication.En Chine, où les éleveurs mongols ont vu une partie de leurs terres accaparée par les colons hans, et plus encore en Russie, la sédentarisation est de règle, parfois accompagnée detranshumance[16]. Dans les trois États, le passage d'une économie centralisée à uneéconomie de marché a bouleversé les relations socio-économiques.
Nomades mongols se déplaçant vers leur campement d'automne.
Toutefois, une bonne part de la population (environ un quart aujourd'hui) demeure très attachée au mode de vie ancestral dans la steppe, qui procure un grand sentiment de liberté. Les Mongols aiment leur pays, et cela s'est vu lors desconquêtes gengiskhanides : la majorité des troupes souhaitait revenir dans leurs terres natales plutôt que de s'installer en terre conquise.
En Kalmoukie, le nomadisme se maintient avec plus de succès.
De nos jours, la Mongolie, bien qu'encore largement structurée par la campagne, tend à se rapprocher du modèle de société occidental, fondé sur la famille, à l'instar des autres pays ex-communistes d'Asie Centrale.
La principale activité des Mongols est l'élevage, qui est véritablement au centre de leur vie. Ils pratiquent un élevage pastoral ancestral, ennomadisant afin de ne pas trop appauvrir la terre. Ils élèvent des moutons surtout, mais aussi des vaches, parfois des chèvres, et bien sûr des chevaux : on compte à peu près autant de chevaux que d'hommes en Mongolie.
Historiquement, les Mongols pratiquent l'élevage dit de« cinq types de bétail » (tavan hoshuu mal) : cheval, chameaux, moutons, chèvres et bovins[19].
Les moutons sont surtout utilisés pour leur viande, leur laine et leur graisse, et les vaches pour leur lait. Les outils, les aliments et les vêtements traditionnels sont tous issus de ces quatre éléments (cf. sections correspondantes). Les chevaux servent pour les déplacements, pour leur peau et le lait des juments. Lorsqu'ils sont enpâture, ils sont laissés dans un état semi-sauvage, étant seulement montés de temps en temps pour éviter qu'ils ne retournent tout à fait à l'état sauvage : les chevaux étant alors récalcitrants, on utilise l'uurga, c'est-à-dire une perche terminée par un lasso afin de les attraper. Cette activité est devenue un véritable sport occasionnant des défis et des compétitions.
Le principal adversaire pour les troupeaux est leloup, qui peut faire des ravages en hiver lors des famines, si des précautions ne sont pas prises. Le jour, la simple présence d'un homme suffit normalement à décourager une meute, mais la nuit, elle peut se montrer plus hardie, allant jusqu'à attaquer les camps.
Les Mongols sont présents dans trois types d'habitats : la steppe herbeuse (en Mongolie centrale et orientale, en Kalmoukie, et en Mongolie-Intérieure orientale), le désert chaud (désert de Gobi aux paysages divers, à cheval sur la Mongolie et la Mongolie-Intérieure), et les forêts de type boréal dans les montagnes (montsAltaï en Mongolie occidentale, Sibérie Méridionale).Pour les deux premiers habitats, la yourte, habitation typiquement turco-mongole, est utilisée. Dans les monts Altaï et en Sibérie, on trouvera plutôt des tentes coniques semblables à celles des autres peuples de Sibérie. Certaines ethnies de ces régions se sont tournées vers l'élevage des rennes, comme lesTsaatans ou lesEvenks.
La yourte (en mongol :гер, translittération :ger, signifiantmaison au sens large) est une habitation familiale facilement démontable, de forme ronde et à taille variable. Le squelette en bois est recouvert d'une toile en peau ou enfeutre. Sa forme ne donne aucune prise au vent omniprésent dans la steppe, et le feutre protège très efficacement du froid. Il suffit de 30 minutes pour la (dé)monter et elle pourra alors facilement être transportée dans une charrette. Il existe également des yourtes posées sur des chariots de grande taille, généralement les yourtes des khans. Le chariot est alors directement déplacé, le paysage de steppe permettant de laisser passer de larges véhicules.
À l'intérieur, la disposition des meubles correspond à des règles précises. L'unique porte est toujours placée vers le sud. Le poêle est placé au centre, où un trou a été percé sur le toit pour laisser s'échapper la fumée. Le feu qui y couve est généralement un feu debouse séchée (argal), le bois étant rare, voir complètement absent dans les steppes. Les outils et ustensiles divers sont placés près de la porte, à droite pour ceux des femmes et à gauche pour ceux des hommes. Au fond (au nord), on trouve les lits et les coffres ou armoires qui servent de rangements personnels. Autrefois, quelques tapis et ustensiles constituaient le maigre équipement des yourtes. Aujourd'hui, des meubles et différents objets comme une machine à coudre, par exemple, s'y entassent.
Lors des réunions ou des repas, les femmes sont traditionnellement placées à droite et les hommes à gauche. La place au fond est normalement réservée à l'hôte ou au chef de famille, en signe de respect. L'espace dans la yourte est très hiérarchisé, et sacralisé. Il fait l'objet de nombreuses croyances héritées du chamanisme[20].
Tous les aliments traditionnels sont issus de l'élevage. Les deux principaux ingrédients utilisés sont la viande de mouton et le lait de vache[21]. Cependant, lamarmotte est chassée de temps en temps pour sa viande et sa peau[22]. Les mongols ne mangent traditionnellement que des animaux broutant de l'herbe. Ils ne mangent pas de poisson car ceux-ci peuvent consommer des êtres vivants dans l'eau.
Les produits laitiers sont nombreux. Les femmes mongoles consacrent une grande partie de leur temps à fabriquer crèmes, yaourts, alcools de lait, fromage... Ce dernier est sec et souvent acide. Le lait de vache peut être aussi chauffé et mélangé à de la farine, donnant ainsi une mousse qui se transforme en crème jaune, puis en beurre rance. Le beurre fermenté sert à graisser des plats, il peut servir aussi de cire pour les bougies. La boisson la plus courante est lethé au lait salé, appelésüütei tsai, que l'on boit à toute occasion, mais la boisson nationale est le fameux alcool delait de jument fermenté (airag), difficile à aborder pour certains européens. Il existe aussi enMongolie-Intérieure un alcool de lait (jument,chamelle,brebis) distillé aux alentours de 50 % d'alcool.
Pour les Mongols, le sang des animaux est sacré et porteur d'énergie, et il serait tabou de le laisser s'écouler sur le sol extérieur. Ils abattent le bétail sans l'égorger. Une fois le ventre de l'animal ouvert, le sacrificateur se saisit du cœur qui bat encore. C'est alors seulement qu'il coupe l'aorte, et que les femmes viennent récupérer le sang en le puisant du ventre, pour le préparer en boudins qui seront consommés[23],[24].
Le vêtement traditionnel des mongols est ledeel. Il est fabriqué avec des peaux d'agneaux, ou ensoie pour les grandes occasions. Lesdeel d'hiver sont rembourrés avec de la laine. Ledeel est fréquemment accompagné de bottes et d'une ceinture en cuir. Les hivers étant très rudes, on chausse pendant cette période des bottes de laine voire de feutre, et l'on se couvre la tête avec des chapeaux en fourrure derenard ou dezibeline. Dans le désert de Gobi, les Mongols portent desturbans et des écharpes à la manière destouaregs. Enfin, les Mongols produisent ducachemire en duvet de chèvre, vendu à prix d'or en Europe.
La principale fête des Mongols est leTsagaan Sar (littéralement « mois blanc » ou « lune blanche » : fête du Nouvel An). Elle est l'occasion de « festins » où l'on se permet de manger des denrées plus rares, plus sucrées.
Le soir venu, les Mongols ont pour habitude de faire des jeux intellectuels dans la yourte, comme leséchecs mongols, appelésShatar, mais aussi d'autres jeux moins complexes comme l'ail ger ou l'alag malkhii, le plus populaire étant leshagai, un jeu d'osselets[réf. nécessaire][26].
La musique est un élément important de la société traditionnelle mongole, et les Mongols pensent qu'elle appelle la bonne fortune. On chante n'importe où, pour passer le temps, bercer les bébés, porter chance ou encourager quelqu'un. Lekhöömei est unchant diphonique lyrique et puissant, accompagné duluth et de lavièle, hérité destibétains[réf. nécessaire].
Musicien mongol.
Il existe plusieurs instruments traditionnels, dont les principaux sont ledombra, lekhuuchir, lelimbe, lemorin khuur, leshanz et leyotga[réf. nécessaire].
La population mongole n'est pas unie par la langue, bien que certaines langues jouissent d'une position prépondérante. Les mongols peuvent être divisés en quatre groupes, sur des critères à la fois géographiques, linguistiques, historiques et ethniques[27]. Quatrelangues mongoles se démarquent des autres par leur nombre de locuteurs et leur littérature : lekalmouk bien vivace, lekhalkha dominant en Mongolie, letchakhar dominant en Chine, et lebouriate au nord, quoique menacé par lerusse.
Le groupe septentrional, largement dominé par le bouriate, s'étend dans les régions dulac Baïkal (comprenant la Bouriatie, lekraï de Transbaïkalie et l'oblast d'Irkoutsk), le nord-est de la Mongolie et le nord de la Mongolie-Intérieure. Il ne comprend que deux langues : lebouriate et lebarga, ayant chacune deux dialectes. Les Bouriates sont divisés en deux groupes sur des bases géographiques et socio-économiques, ayant chacun leur dialecte : les Ekhirit-Bulagat, en Cisbaïkalie (à l'ouest et au nord du lac Baïkal), et les Khori en Transbaïkalie et en Mongolie. Il existe une littérature bouriate (écrite encyrillique), et la langue est officielle dans la République deBouriatie (elle l'était également dans les anciens okrugs autonomes d'Oust-Orda et d'Aga-Bouriatie).Les Bargas, de même, se divisent entre Nouveaux-Bargas et Vieux-Bargas, sur des bases historiques. Ils sont présents en Mongolie-Intérieure du Nord.
Le groupe occidental, qui est le groupe des Oïrates, rassemble le plus grand nombre d'ethnies. Il s'étendent en Mongolie Occidentale, en Dzoungarie, dans leXinjiang (Turkestan), et dans le Qinghai, ainsi qu'en Kalmoukie. Mais, à part le kalmouk isolé, leslangues oïrates ne sont plus vivaces et sont de plus en plus imprégnées par le khalkha, le chinois, et le turc. Lekalmouk (oukalmyk), officiel enKalmoukie, reste bien vivant et bénéficie d'une littérature suffisamment riche. Il s'écrit en alphabet cyrillique et est un peu influencé par le russe. Les autres langues occidentales, en revanche, ont leur écriture propre, appelée « écriture claire » (todo üseg). Elle a été créée par le moine bouddhisteZaya Pandita[28].
Le groupe oriental se compose de cinq langues : le khalkha, le tchakhar, l'ordosse, le toumète et le dariganga. Le khalkha, langue officielle de la Mongolie, correspond normalement à ce que nous désignons comme la langue mongole, c'est-à-dire celle apprise par les étrangers. En effet, les Khalkhas dominant la Mongolie par leur urbanisation, ils se sont servis de leur langue comme base d'homogénéisation des langues mongoles. Ils sont majoritaires en Mongolie, et de ce fait leur langue n'est pas menacée et bénéficie d'une littérature riche. Le tchakhar, quant à lui, jouit d'une situation similaire en Mongolie-Intérieure, bien que concurrencé par le chinois. Il a servi de base, avec le toumète, pour la formation de la langue officielle de la région autonome.
Enfin, le groupe méridional, situé entre le Qinghai et le Gansu, est un amas de langues mineures aux influences diverses. Leurs situations sont variées. Le groupe se compose dubaoan, dudongxiang, dumonguor, duyoughour et dukangjia.
Il existe plusieurs alphabets associé au mongol. L'écriture Phagspa (ou écriture carrée), créée par le tibétain du même nom, était utilisée sous l'Empire Yuan en Chine (dynastie fondée parKubilaï Khan, descendant de Gengis Khan). Les oïrates, quant à eux, utilisaient un autre alphabet venu du Tibet, l'« écriture claire » (todo üseg), toujours en vigueur (sauf pour les kalmouks). À l'époque soviétique, les langues mongoles utilisaient un alphabet cyrillique modifié. Enfin, à l'effondrement de l'URSS, les khalkhas se sont inscrits dans une logique d'occidentalisation accélérée tout en revenant sur une identité plus ancienne, basée sur l'Empire Mongol et les croyances traditionnelles. Ainsi, l'enseignement de l'alphabet traditionnel mongol, qui s'écrit verticalement, a été rétabli en 1990. Apparu auXIIIe siècle, il est dérivé de l'ancien alphabet ouïghour. Celui-ci venait de l'alphabet sogdien, en Asie Centrale, lui-même tirant ses origines dans l'alphabet syriaque, voisin de l'alphabet arabe[6]. Cette origine sémitique explique notamment le caractère changeant des lettres suivant leur place dans le mot. Par ailleurs, remis à l'horizontale, l'écriture mongole rappelle un peu par son apparence l'alphabet arabe. En 2012, l'alphabet officiel reste l'alphabet cyrillique modifié.
Numération de un à dix dans quelques langues mongoles
La forme du bouddhisme pratiquée en Mongolie a extrêmement été influencée par les pratiques rituelles et mystiques du tantrisme, reflété concrètement par le pouvoir surnaturel des mots sacrés. Cette croyance prend la forme de livres ou drapeaux imprimés et de mantras récités. Dans l'écolegelugpa du bouddhisme tibétain, le livre est l'objet le plus sacré. Il est la source de sagesse aidant l'Homme à échapper à sa souffrance. En cas de maladie ou de malheur, ainsi qu'aux périodes indiquées par les tables astrologiques, les Mongols considèrent opportun de faire lire des livres par des lamas.
Les Mongols croient également que placer un drapeau de prière (khiimoriin dartsag) sur un poteau à l'arrière de leur yourte leur apportera soutien dans leur vie quotidienne. Les mots inscrits sur leur drapeau sont supposés être « activés » par le souffle continu du vent. De la même manière, les prières peuvent être activés en portant un livre à la tête, ou en faisant tourner un « moulin à prières » contenant des centaines de prières.
À cause de l'histoire de l'Empire mongol, deux clichés véhiculés dans l'industrie du cinéma, les jeux et la publicité collent à l'image des Mongols. D'une part l'image du guerrier brutal et sans pitié décrite par les populations et territoires autrefois conquis et qui se transmet depuis les textes contemporains jusqu'aux médias modernes. D'une autre, l'image de nomades pastoraux des steppes eurasiennes dépourvus d'histoire et dont les communautés mènent une vie en harmonie avec la nature et leurs troupeaux depuis des millénaires. Ce second cliché est dit dubon sauvage et reste mis en avant par le secteur touristique[31].
↑Atlas historique des migrations de Gérard Chaliand, Michel Jan et Jean-Pierre Rageau, éditions du Seuil 1994, 26.Migration et dispersion d'un peuple : des Oïrats aux Torgouts,p. 49.
↑Jean-Christophe Tamisier,Dictionnaire des peuples, éditions Larousse.
↑Histoire des Turcs de Jean-Paul Roux, éditions Fayard, page ?
↑chapitre fondé sur l'Histoire des Mongols de Jean Paul-Roux, éditions Bayard.
↑Dictionnaire des peuples, sous la direction de Jean-Christophe Tamisier, éditions Larousse 1998,p. 219.
↑Noyan est un titre militaire mongol équivalent au titre persan d’Amir-e Tûmân, en persan : amīr-e tūmān,امیر تومان,commandant de dix-mille (hommes) c'est-à-dire responsable d’une région capable de fournir dix mille soldats. Voir(en) J. Calmard,« Amīr Tūmān », dansEncyclopædia Iranica(lire en ligne).
↑SimonBerger,"Une armée en guise de peuple" : la structure militaire de l'organisation politique et sociale des nomades eurasiatiques à travers l'exemple mongol médiéval, Paris, EHESS,(lire en ligne)
Sandrine RhulmannLe partage des prémices et du fond de la marmite - Essai d'antrhopologie des pratiques alimentaires chez les Mongols Xalx EHESS 2006[2][PDF]
MarieFavereau,Les Mongols et le monde: l'autre visage de l'empire de Gengis Khan, Les Éditions du Château des ducs de Bretagne (Musée d'histoire de Nantes),(ISBN978-2-906519-81-7,lire en ligne)