| Reine de Rhodésie (en)Queen of Rhodesia | ||
Armoiries de la Rhodésie. | ||
La reineÉlisabethII en 1963. | ||
| Création | ||
|---|---|---|
| Abrogation | ||
| Première titulaire | ÉlisabethII(titre refusé) | |
| Dernière titulaire | ÉlisabethII(titre refusé) | |
| modifier | ||
Lamonarchie rhodésienne est lerégime politique revendiqué par legouvernementrhodésien, avec la reineÉlisabethII en tant que reine de Rhodésie, à la suite de ladéclaration unilatérale d'indépendance du pays vis-à-vis duRoyaume-Uni. Ce statut et ce titre, établis par la Constitution de 1965, ne sont toutefois pas acceptés parÉlisabethII elle-même.
En effet, legouvernement britannique, ainsi que lesNations unies et presque tous les pays du monde, considèrent la déclaration d'indépendance de la Rhodésie comme illégale et l'existence d'un statut distinct pour lemonarque britannique en Rhodésie n'est ainsi pas reconnue. La monarchiede facto rhodésienne disparaît en 1970, après la proclamation de larépublique.
LaRhodésie du Sud est unecolonie de la Couronne dotée d'ungouvernement responsable depuis 1923 et la fin de l'administration de laBritish South Africa Company. Depuis cette date, lemonarque britannique est représenté dans la colonie par legouverneur de la Rhodésie du Sud. Cependant, devant l'accélération de ladécolonisation de l'Afrique et l'arrivée au pouvoir de la population noire, le gouvernement duFront rhodésien déclare unilatéralement l'indépendance de laRhodésie le pour maintenir la dominationblanche[1]. Ladéclaration d'indépendance réaffirme toutefois la loyauté du peuple rhodésien envers la reineÉlisabethII ; les signataires lui prêtent allégeance et la déclaration se termine par« God Save The Queen »[2].
En réponse, leParlement britannique adopte une loi affirmantde jure le contrôle britannique sur la Rhodésie du Sud et accordant à la reineÉlisabethII le pouvoir d'agir directement dans la colonie[3]. La reine prend alors un décret pour suspendre la Constitution, et limoge le gouvernement du Front rhodésien. Ces mesures sont ignorées par lePremier ministre de Rhodésie,Ian Smith, qui affirme qu'il s'agit d'un acte dugouvernement britannique et non d'une volonté de la reine[4].
Le gouvernement rhodésien cesse également de reconnaître le gouverneur de la Rhodésie du Sud, SirHumphrey Gibbs (en), et lui demande de quitter sa résidence officielle, ce qu'il refuse de faire. Ian Smith demande alors à la reineÉlisabethII de nommer ungouverneur général pour la représenter, comme dans les autresroyaumes du Commonwealth, mais celle-ci refuse et traite la demande comme si elle émanait d'un citoyen ordinaire, Smith n'étant plus considéré comme Premier ministre[3].ÉlisabethII publie, par ailleurs, une déclaration formelle par l'intermédiaire de Sir Humphrey Gibbs dans laquelle elle rejette le titre de reine de Rhodésie[3].
En conséquence, Smith nommeClifford Dupont commeofficier chargé de l'administration du gouvernement en lieu et place de toute nomination royale. Les dirigeants rhodésiens suggèrent de nommer leduc de Montrose, descendant de lamaison Stuart, commerégent, mais cette proposition est écartée car elle constitue une violation duRegency Act (en) adopté en 1953[5]. Du côté britannique, le diplomateMichael Palliser (en) suggère que la reineÉlisabethII nomme son mari le princePhilip au poste de gouverneur général et qu'il soit dépêché àSalisbury avec un détachement deColdstream Guards pour renverser Smith et le Front rhodésien[6]. Toutefois, ce plan est jugé irréalisable en raison du principe de non-implication de lafamille royale dans la vie politique et du risque couru par Philip[6].
Selon la Constitution rhodésienne non reconnue de 1965, les pouvoirs de la reine sont les mêmes qu'avant ladéclaration unilatérale d'indépendance. Cependant, ils sontde facto exercés par l'officier chargé de l'administration du gouvernement plutôt que par legouverneur de la Rhodésie du Sud, en l'absence de représentantde jure de la reineÉlisabethII. Toutes les lois rhodésiennes sont ainsi présentées à l'officier chargé de l'administration du gouvernement pour l'octroi de lasanction royale[7].
En 1968, la reineÉlisabethII exerce la « prérogative royale de clémence » en faveur de trois hommes africainscondamnés à mort[8]. Sagrâce est cependant ignorée par la Haute Cour de Rhodésie qui estime que, le gouvernement rhodésien n'ayant pas été consulté, cette décision émane des ordres dugouvernement du Royaume-Uni et non de la reine de Rhodésie, et les hommes sont tout de même exécutés[9].

Le portrait de la reine figure sur lesbillets de banque et lespièces de monnaie de Rhodésie, ainsi que sur lestimbres-poste[10].
Dès 1966, des voix s'élèvent pour que laRhodésie devienne unerépublique[11]. Une commission est mise en place par le gouvernement en 1967 en vue de réviser la Constitution[12]. Après que lagrâce de la reineÉlisabethII a été ignorée, le gouvernement rhodésien annonce que l'anniversaire officiel de la reine ne sera plus unjour férié[13]. Un mois plus tard, leFront rhodésien publie les propositions de la commission, comportant unréférendum visant à abolir lamonarchie et à établir unerépublique dotée d'une nouvelle Constitution[12].
Ian Smith accepte cette proposition, arguant que legouvernement britannique leur a« refusé la reine de Rhodésie »[14]. En 1969, l'électorat se prononce en faveur de la proclamation de la république[15]. L'Église catholique s'oppose à cette décision, craignant qu'elle n'entraîne une marginalisation accrue des Noirs rhodésiens[16], tandis que Sir Humphrey Gibbs démissionne de son poste de gouverneur[17]. La république,non reconnue internationalement, est proclamée le, et la reine est officiellement révoquée de ses titres[18].
Clifford Dupont remplaceÉlisabethII à la tête de l'État en tant queprésident de la république de Rhodésie[19]. Alors que Ian Smith espérait qu'une telle démarche lui apporterait une légitimité internationale, elle a l'effet inverse. Tous les pays qui entretenaient des relations avec la Rhodésie, à l'exception duPortugal et de l'Afrique du Sud, retirent leursmissions diplomatiques du pays. En effet, ils maintenaient jusqu'à présent des relations avec le pays en raison de l'accréditation royale préexistante, mais ce raisonnement devient caduc en raison de l'instauration de la république[20]. La Rhodésie reste une république non reconnue jusqu'à ce que leZimbabwe-Rhodésie accepte de revenir au statut decolonie, en 1979. La reineÉlisabethII retrouve ses fonctions monarchiques sur la colonie, en tant quereine du Royaume-Uni, et nommeChristopher Soames commegouverneur de la Rhodésie du Sud. Il reste en poste jusqu'à l'indépendance du pays sous le nom deZimbabwe, finalement obtenue le[21].
| Actuels | ||
|---|---|---|
| Anciens | ||
| La Rhodésiedéclare unilatéralement son indépendance en 1965, mais celle-ci n’est pas reconnue au niveau international. Elle devient unerépublique en 1970. | ||