Leur corps se compose généralement d'une tête, d'une masse viscérale et d'un pied. La masse viscérale est recouverte en tout ou partie par unmanteau, qui sécrète unecoquille calcaire. Le système nerveux comprend un double collier périœsophagien. La cavité générale est plus ou moins réduite au péricarde et aux néphridies. L'embranchement des mollusques (Mollusca) tire son nom dulatinmollis, « mou ». La science consacrée à l'étude des mollusques est lamalacologie et l'archéomalacologie (de l'équivalent grecμαλάκια /malakia, « mou »).
Dans la classification phylogénétique, les mollusques ont longtemps été classés comme desmétazoairestriploblastiquescœlomatesbilatériensprotostomiens, mais les termes « cœlomate », « acœlomate » et « pseudocœlomate » sont désormais obsolètes et retirés de la classification, lessynapomorphies notables de ceclade étant la présence d'uneradula et d'un manteau[1].
L'embranchement contient plus de 117 000 espèces[2] sur un total estimé entre 150 000 et 200 000[3],[4]. De plus, on estime le nombre d'espèces fossiles entre 60 000 et 100 000[5]. Ils constituent avec lesChordés un des embranchements les plusdiversifiés durègne animal, et le deuxièmephylum après lesarthropodes, ces derniers regroupant, avec près d'1,5 million d'espèces recensées (on évalue le nombre d'espèces possibles dans une fourchette comprise entre 5 et 10 millions d'espèces), plus de 80 % des espèces connues[6].
Certains mollusques peuvent sécréter desperles en recouvrant denacre les éléments irritants qui s'introduisent dans leur coquille[7].
Les mollusques ou leur coquille (et leurs perles parfois) ont fait l'objet de nombreux usages, dont alimentaires[8], par l'Homme, depuis laPréhistoire.
Les mollusques sont descœlomates mais leurcœlome se limite à unpéricarde, c'est-à-dire que lecœur est situé dans une cavité creusée dans du tissu d’originemésodermique et est composé d'un seulventricule et d'un ou plusieursatriums. La cavité générale des mollusques est plus ou moins oblitérée par du tissu conjonctif, à l'exception d'une partie qui enveloppe le cœur (péricarde) et d'une autre partie, en relation avec les deux autres, qui constitue les organes excréteurs (néphridies).
lepied ou sole pédieuse, un organe musculeux, typique des mollusques, destiné à lalocomotion. Il revêt des formes très diverses suivant lesespèces. Il est peu développé chez lesaplacophores (Solénogastres etCaudofovéates) mais devient plus important chez les autres mollusques. Il forme la couronne de tentacules ou de bras qui permet la prédation chez lesCéphalopodes ;
la masse viscérale qui, comme son nom l'indique, contient lesviscères. Elle est contenue dans une mince tunique qu’on appelle lemanteau. C’est le manteau qui sécrète lacoquille de la plupart des mollusques, qui leur sert de protection et/ou desquelette et/ou de régulateur de la flottaison (exemple de laseiche).
Entre le manteau et la masse viscérale, lebourrelet palléal constitue unecavité palléale qui protège les organes respiratoires, et où débouchent lesmétanéphridies (organes excréteurs), l’intestin et les conduits génitaux.
Unecouche prismée, formée de prismes calcaires perpendiculaires à la surface ;
enfin, unecouche lamelleuse formée de lamelles alternantes de carbonate de calcium et de substance organique (conchyoline).
Cette couche interne, lorsque les lamelles sont suffisamment minces pour diffracter la lumière, constitue lanacre, et, indirectement, les perles fines.
Le système nerveux typique d'un mollusque comprend des ganglions cérébroïdes (qui peuvent fusionner pour former un cerveau) reliés d'une part à des ganglions pédieux, d'autre part à des ganglions viscéraux, par un double collier périœsophagien.
La circulation est incomplète. Du cœur partent de courtes artères mais il n'y a ni veines, ni capillaires. LesCéphalopodes sont une exception parmi les mollusques et ont un système circulatoire clos avec un cœur systémique et deux cœurs branchiaux.
Le sang est incolore, ou légèrement coloré par de l'hémoglobine ou de l'hémocyanine dissoutes.
Lessexes sont généralement séparés. Quelques espèces courantes sont hermaphrodites comme l'escargot ou l'huître.
Lesœufs sont plus ou moins riches envitellus, et l'éclosion a lieu après un stade plus ou moins avancé de développement. Le début du développement embryonnaire est un clivage ou segmentation en spirale, ce qui permet de classifier les Mollusques aux côtés desAnnélides parmi lesSpiralia.
Les mollusques descendraient d'une organisation de type « ver ». On pense qu'ils descendent d'animaux semblables à desAnnélides de par les traces demétamérie découvertes chez lesMonoplacophores. On estime leur apparition à au moins500 millions d'années à partir d'un ancêtre commun (radiation adaptative).
La fonctionnalité qui semble avoir conditionné les mollusques primitifs paraît être laradula : un organe fonctionnant comme une râpe, sorte de langue porteuse de dents chitineuses, qui permet à l'animal de se nourrir plus efficacement. Par rapport aux "vermiformes" primitifs, qui ne peuvent que gober une nourriture fragmentaire, la radula donne un avantage adaptatif, dans la mesure où elle permet d'arracher de la nourriture sur des proies cohérentes (éponges, algues…). Les mollusques ont ainsi inventé l'art de brouter.
L'autre fonctionnalité caractéristique des mollusques est le blindage, permettant de se protéger de prédateurs actifs : l'acquisition de plaques calcaires protégeant le dos. Ces mollusques primitifs devaient donc ressembler à despolyplacophores (une sorte d'escargot qui peut se rouler en boule comme un hérisson ou un cloporte), mais ce type est à présent très marginal.
En s'adaptant à différentes formes de vie, ils ont progressivement conquis tous les types demilieu : surtout présents en milieu marin, lesGastéropodes et lesBivalves ont ensuite réussi à s'adapter à l'eau douce. Dans leur radiation adaptative, les mollusques ont donné naissance aux classes importantes suivantes :
Lesgastéropodes (escargots, limaces, patelles…) continuent à ramper, et se caractérisent par une céphalisation plus avancée. La seule innovation que leur a apporté l'évolution est que cette reptation se fait sur un organe spécialisé, le pied. Les plaques calcaires de la carapace primitive se sont simplifiées au fil du temps, ce qui a conduit à ces coquillages généralement spiralés. Les premiers gastéropodes à respiration pulmonaire ont conquis les milieux terrestres au cours duCarbonifère. Mais les escargots modernes, du genreHelix ne sont apparus qu'auCrétacé.
Lesbivalves (moules, huîtres…) sont, à quelques exceptions près, devenus sédentaires et ont misé sur la protection que leur apporte la coquille calcaire, au point de ne pratiquement plus se déplacer. Leur mode de vie se rapproche de celui des anémones, voire des éponges, consistant à filtrer l'eau ambiante. Dans cette évolution, ils ont perdu leur tête, devenue inutile, et les yeux ne sont plus présents que sous forme dégénérée, dans quelques espèces. Lesbivalves constituent un cas intéressant où une régression fonctionnelle (perte du déplacement propre aux structures vermiformes) se traduit par un succès évolutif. Les bivalves ont perdu leurradula, caractère qui avait été la cause de l'explosion radiative initiale des mollusques.
LesCéphalopodes (poulpes, calmars, seiches…) ont appris à nager, et sont des prédateurs. La capacité d'attraper des proies qui peuvent chercher à s'échapper met une contrainte évolutive forte sur ce qui caractérise ce groupe : de bons yeux, et un cerveau performant capable de coordonner les mouvements de chasse. La coquille commune des invertébrés, que l'on retrouve chez l'argonaute, tend à se profiler en pointe, se réduire comme chez laseiche, voire disparaître totalement comme chez lepoulpe.
Selon MolluscaBase[2], il y a actuellement huit classes de mollusques, plus une neuvième fossile. Cette classification a été confirmée en 2025 par les données génétiques[19].
Comme pour les poissons, lesnoms vernaculaires sont assez peu homogènes et dépendent beaucoup des régions où ils sont utilisés. Ils peuvent être inconnus d'une région à l'autre ou ne pas désigner la même espèce.
Les types d'organisation présentés ici sont desgrades évolutifs ne correspondant généralement pas à des groupesmonophylétiques, maisparaphylétiques (ne comportant pas tous les descendants d'un même ancêtre — exemple : les descendants d'ancêtres vermiformes ne sont pas tous aujourd'hui des vers, etc.).
Bien que faisant partie de ce que la communauté scientifique appelle la « biodiversité négligée », les mollusques fournissent de nombreuxservices écosystémiques.« Parents pauvres des politiques deconservation de la nature et des « attachements populaires » à la nature, ces animaux n’en ont pas moins acquis une place singulière voire unique dans l’histoire des sociétés humaines » (aliments, utilisation des coquillages pour les monnaies, les objets d'art ou d'artisanat, les objets de collection et/ou de sciences)[24]. Ressources marines, ils sont exploités pour lapêche et l'aquaculture.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Adam W. (1960)Faune de Belgique. Mollusques 1 - Mollusques terrestres et dulcicoles. Bruxelles. (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique) : 402 pages.
Germain L. (1931)Mollusques terrestres et aquatiques (première partie). Faune de France, Paris. (Paul Lechevalier) : 477 pages.
Germain L. (1931)Mollusques terrestres et aquatiques (seconde partie). Faune de France, Paris. (Paul Lechevalier) : 479-893 pages.
Sander Rang,Atlas des mollusques composé de 51 planches représentant la plupart des mollusques nus et des coquilles décrits dans le Manuel d’histoire naturelle, Paris,Éd. Roret,, 16 p., in-16(lire en ligne[PDF]). — Les 51 pl. sont regroupées à la suite du texte.
Sander Rang, « Notice sur la Galathée, genre de mollusque acéphale de la famille des Conchacées »,Annales des sciences naturelles, Paris, Éd. Crochard,vol. 25,,p. 152-164(lire en ligne[PDF]).
Sander Rang, « Notice sur quelques mollusques nouveaux appartenant au genre Cléodore, et établissement et monographie du sous-genre Creseis »,Annales des sciences naturelles, Paris, Éd. Crochard,vol. 13,,p. 302-319(lire en ligne[PDF]).
↑Arnould Locard,Les huîtres et les mollusques comestibles, moules, praires, clovisses, escargots, etc. : Histoire naturelle, culture industrielle, hygiène alimentaire, Paris, Librairie J.-B. Baillière et fils,(lire en ligne).
↑« Plus de 40 % des espèces d’arbres présents en Europe menacées d’extinction »,Ouest France,(lire en ligne).
↑« On a l’habitude de définir les mollusques à partir d’un type ancestral qui aurait eu toutes les structures, et d’en faire dériver les autres par développement ou perte de certains caractères. Cet archétype n’a aucun caractère phylogénétique ou existence attestée, mais il permet de dégager des caractères fondamentaux. La longue adaptation indépendante des divers courants a modifié le plan structural de base, à tel point que certains mollusques paraissent ne partager que peu de traits communs. La moule, l’escargot, la pieuvre sont des mollusques mais il n’est pas aisé, de prime abord de voir ce qui les lie ». Cours deJacqueline Russo, « Biologie des Organismes et des populations. Biodiversité animale », suryumpu.com,(consulté le),p. 4.
↑Georges Cuvier,Second Mémoire sur l'organisation et les rapports des animaux à sang blanc, dans lequel on traite de la structure des Mollusques et de leur division en ordre, lu à la société d'Histoire Naturelle de Paris, le 11 prairial an troisième, Magazin Encyclopédique, ou Journal des Sciences, des Lettres et des Arts,, 433-449 p.(lire en ligne)