Cette situationgéopolitique ne favorise pas l'économie moldave. Enclavée, elle ne dispose plus de port sur la mer noire depuis que leBoudjak a été rattaché à l'Ukraine en 1940. Elle n'a qu'un seulport sur leDanube, et la Transnistrie sécessionniste contrôle les transports sur le Dniestr ou vers l'Ukraine. Les voies dechemins de fer sont aux normes russes, incompatibles avec le réseau roumain qui est aux normes occidentales. La Moldavie a vu baisser sa productionagricole (passant sous le seuil d'autosuffisance) etindustrielle, même si lesecteur des services s'est fortement développé. Elle souffre d'un fortexode rural et uneexpatriation importante de lapopulation active qui explique son taux de chômage relativement bas. En 2022, elle est le pays le plus pauvre d'Europe pour ce qui est duPIB par habitant et a l'indice de développement humain le plus bas du continent.
Le pays est officiellement appelé enfrançais « république de Moldavie » ou « république de Moldova »[25].
AuxNations unies, le pays a d'abord employé officiellement en français « république de Moldavie »[26], mais depuis 1994, il emploie « république de Moldova »[27].
La première forme « Moldavie », française, est préférée par les pro-européens pour marquer l'appartenance du pays à laMoldavie historique dont fait également partie lamoitié roumaine de cetteancienne principauté historique ; la seconde forme « Moldova », bien que roumaine, est préférée par lescommunistes et autrespro-russes pour bien souligner en français la différence entre la « Moldavie » historique roumaine et l'actuelle « Moldova » post-soviétique située dans lasphère d'influence russe. La même dichotomie se retrouve enanglais (« Moldavia » / « Moldova ») et enallemand (« Moldau » / « Moldawien »), le second terme étant à chaque fois, comme en français, unnéologisme.
Historiquement, le nom de « Moldavie » vient de l'ancienallemand « Mulde » qui signifie « creux poudreux », « carrière », « mine », et qui a successivement désigné une cité minière (en roumain Baia, qui signifie aussi « carrière », « mine »), la rivièreMoldova passant à côté, et pour finir, une principauté née dans cette région : laprincipauté de Moldavie (1359-1859). Le territoire de cette dernière est aujourd'hui partagé selon des limites définies dans lePacte germano-soviétique de 1939 entre :
Les paysages moldaves ressemblent à ceux de la région française deBourgogne, bien que les roches sous-jacentes soient géologiquement plus jeunes (Cénozoïque). Les versantsadrets sont propices à laviticulture, lesubacs conservent fréquemment leur couvert forestier, notamment dans leCodru. La Moldavie a conservé un environnement encore riche : elle est, comme d'autres pays de l'Est de l'Europe, parmi les premiers à avoir concrétisé, avec l'aide des associations environnementales Biotica et MEM, unréseau écologique national[29], avec un plan d’action pour la protection de labiodiversité, déclinaison locale duréseau écologique paneuropéen (plan approuvé le).
La Moldavie en tant que région géographique et historique (aujourd'hui partagée entre la république de Moldavie, l'Ukraine et laRoumanie).Pays traditionnels (Haut-pays, Bas-pays et Bessarabie originelle) et partages successifs de la Moldavie (1775-1812 à 1918, puis 1940 à nos jours).
Pendant leNéolithique, plusieurs populations nomades et agricoles occupent les vallées de laMoldova, de laProut et duDniestr. Laculture de Cucuteni-Trypillia (5100-2750 av J.C.) est une culture du Néolithique centrée sur la Moldavie actuelle qui s'étend à l'est jusqu'à la vallée du Dniepr. Elle est caractérisée par la pratique d'une agriculture desubsistance, la création de villages pouvant compter jusqu'à plusieurs milliers d'habitations et l'absence de stratification sociale. Les causes de la disparition de cette société restée stable durant près de deux millénaires est méconnue : L'invasion par les nomadesYamna venue des steppes de Russie à cause d'un refroidissement climatique vers 3000 avant notre ère est certainement l'un des facteurs[30].
À l'âge du bronze moyen, laculture Sroubna, connue comme « la culture des tombes à charpente », s'étendant jusqu'à la vallée du Dniestr, succède à la culture Yamna, connue comme la « culture des tombes en fosse », du XVIIe au XIIe siècle av J.C.[31]. Les villages Sroubna sont constitués de maisons à deux pièces semi-enterrées. Les cimetières comptent de cinq à dixkourganes.
Les conséquences de cette division sont aussidémographiques, car si dans la moitié occidentale aujourd'hui roumaine, 98 % des habitants sont desautochtonesroumanophones, dans la moitié orientale aujourd'hui indépendante ou bien ukrainienne, ils sont moins de 65 %[32]. Tous lesMoldaves n'ont pas pour autant renoncé à l'idée deréunifier leur pays, même si lestatu quo est aujourd'hui considéré tant par l'OTAN que par laRussie comme unecondition du maintien de la paix dans la région.
Ainsi privée d'accès à la mer, mais s'étendant sur une partie de laPodolie (rive gauche du Dniestr), la Moldavie, unitaire durant lapériode soviétique, estde facto devenue fédérale en 1991 lors de son indépendanceface à l'URSS, lorsque laGagaouzie et laTransnistrie se sont déclarées indépendantes d'elle. Ultérieurement, la Gagaouzie a accepté le statut d'unité territoriale autonome reconnuede jure au sein de la Moldavie, statut également proposé à la Transnistriequi l'a refusé (mais dont l'indépendance n'est pas reconnue par la communauté internationale).
Après l'effondrement de l'empire des Huns, la région est disputée entre lesAvars et lesOnoghours, tandis que les tribusSlaves migrent vers le Sud, traversant leDanube pour s’installer dans lesBalkans. Bien d’autres peuples y passent ensuite (Bulgares,Magyars,Petchénègues,Iasses,Coumans…) mais en dehors des vallées des principaux cours d’eau (Prut,Răut etDniestr), le peuplement sédentaire, mélange deDaces romanisés[34] et deSlaves connu sous le nom deVolochovènes, a été sporadique en raison duclimat (périodes desécheresse pluriannuelle) et d'invasions venues dessteppes de l’Est (peuples de cavaliers nomades). Les deux phénomènes sont d’ailleurs liés : la végétation aussi a évolué selon ces aléas : lors des périodes plus humides propices au peuplement sédentaire, les forêts (codri), les prés (pășuni) et les cultures (ogoare) progressaient, tandis que lors des périodes sèches propices auxcavaliers nomades, c’étaient lessteppes àchardons.
À chaque période sèche, les populations autochtones, desGétodaces jusqu'auxMoldavesroumanophones actuels, se sont réfugiées sur les piémonts desCarpates orientales ou dans leCodru (plus arrosés en raison de leur altitude). Les pluies revenues, elles ont repeuplé le pays en creusant des puits et en refondant des villages, des villes, tout en assimilant au passage les minorités installées lors des invasions. L’avant-dernière grande invasion ayant dépeuplé le pays (mentionné commeloca deserta outerra sine incolis sur les cartes de l’époque) fut celle desTatars/Mongols auXIIIe siècle[35] puis le repeuplement moldave s'est effectué auXIVe siècle, conclu par l’unification des petitsvoïvodats en uneprincipauté de Moldavie[36].
ÉtienneIII de Moldavie a régné de 1457 à 1504 en laissant le souvenir d'un excellentvoïvode, bon défenseur du pays (nombreuses victoires défensives contre les Hongrois, les Polonais, les Tatars et les Turcs), bon négociateur, bon administrateur et bâtisseur (il a laissé enBucovine de nombreuses églises peintes). D'où de nombreuses statues, boulevards et écoles à son nom tant enMoldavie roumaine, qu'en république de Moldavie.
En 1367, laBessarabie jusque-làvalaque est rattachée à la Moldavie (mais à l’époque, le nom de Bessarabie désigne seulement les rivages duDanube et de laMer Noire libérés desTatars par la dynastie valaque des Basarab : cette région est maintenant appeléeBoudjak). Convoitée par ses puissants voisins du nord et de l’ouest, les royaumes deHongrie et dePologne, et régulièrement attaquée par lesTatars au sud et à l’est, la Moldavie cherche l’alliance desJagellons et se reconnaîtvassale de laPologne (1387–1455) mais cela ne signifie pas, comme le montrent par erreur diverses cartes, qu'elle soit devenue une province polonaise ou un fief du roi de Pologne : ces erreurs sont dues d’une part à la confusionsémantique chez certains historiens modernes, entrevoïvodie (province, enpolonais) etvoïvode (prince régnant, enroumain), ou encore entresuzeraineté etsouveraineté, et d’autre part à larétroprojection nationaliste de l’histoire[37]. À cette époque, la Moldavie prospère, car auxXIVe et XVe siècles, avec la chute deConstantinople et surtout avec le règne d’Étienne III de Moldavie, de nombreuxRomées (Byzantins) se réfugient en Moldavie et on voit ainsi le centre de l'orthodoxie se déplacer vers le nord avec l’érection de plus de 40 monastères en style byzantin recouverts de fresques. La Moldavie s’émancipe alors des Hongrois et des Polonais et devient pleinement indépendante mais, à partir de 1536, elle doit, pour conserver son autonomie,payer tribut à l’Empire ottoman, mais cela ne signifie pas, comme le montrent par erreur diverses autres cartes, qu'elle soit devenue uneprovince turque.
En 1812, laMoldavie orientale, annexée, devient une province de l’Empire russe sous le nom degouvernement de Moldavie-et-Bessarabie, peu après abrégé en Bessarabie (traité de Bucarest). Les autorités impériales considèrent que la Bessarabiedoit devenir une terre russe y compris sur les plans démographique et culturel, et elles en prennent les moyens, mais en plusieurs étapes.
Sur le plan politique et linguistique, au début, l’autonomie de la Bessarabie est garantie en 1816, etle prince moldave Scarlat Sturdza, est nommé gouverneur. Mais l’autonomie est abolie en 1828 et Sturdza, destitué, doit s’exiler et est remplacé par des gouverneurs russes. En 1829, l’usage de la « languemoldave » (nom russe duroumain parlé par les Moldaves) est interdit dans l’administration au profit durusse. En 1833, le « moldave » est interdit dans les églises et, en 1842, dans les établissements d’enseignement secondaire, puis dans les écoles primaires en 1860. Enfin, en 1871, lorsque la Bessarabie devient une « goubernia » impériale, lemoldave/roumain est purement et simplement interdit dans toute la sphère publique paroukase du Tsar[38].
Sur le plan démographique, les autorités impériales encouragent l’émigration desMoldaves (et endéportèrent de plus en plus) vers d’autres provinces de l’empire (notamment auKouban, auKazakhstan et enSibérie), tandis que d’autres groupes ethniques, notamment Russes et Ukrainiens (appelés auXIXe siècle « Petits Russes »), étaientinvités à s’installer dans la région. Selon le recensement de 1817, la Bessarabie était peuplée à 86 % de Moldaves, 6,5 % d’Ukrainiens, 1,5 % de Russes (Lipovènes) et 6 % issus d’autres groupes ethniques. Quatre-vingts ans plus tard, en 1897, la répartition ethnique avait sensiblement évolué, avec seulement 56 % de Moldaves, mais 11,7 % d’Ukrainiens, 18,9 % deRusses et 13,4 % de personnes issues d’autres groupes ethniques. En quatre-vingts ans, la part de la population autochtone avait donc chuté de30 points de pourcentage[39].En 1856, à la suite de la défaite des Russes à laguerre de Crimée, laprincipauté de Moldavie récupère le Sud de laBessarabie (aujourd’huiBoudjak, ou Bugeac en roumain) (traité de Paris de 1856). Durant22 ans, le processus de « dé-moldavisation » s’interrompt dans cette région.
Pour l’Empire russe, la Bessarabie est d’abord une région agricole et des voies ferrées sont construites pour la relier au port d’Odessa afin d’exporter les céréales et le bois moldaves. Sur le plateau au-dessus du vieux bourg moldave deChișinău, une ville nouvelle russe auplan en damier est construite : là se trouvent administrations, casernes, cathédrale et manufactures[39].
Pendant laPremière Guerre mondiale, le, l’indépendance de larépublique démocratique de Moldavie est proclamée par leSoviet moldave. Celui-ci, à majoritémenchévique et roumanophone, mais menacé de mort par lesbolcheviks (qui mettent à prix la tête des députés), appelle à la rescousse une division roumaine épaulée par lamission française Berthelot puis, le, vote, par86 voix contre3 et 36 abstentions, le rattachement à la Roumanie, à condition que celle-ci respecte les réformes démocratiques qu’il avait promulguées et l’autonomie du pays.
Les réformes démocratiques duSoviet moldave sont partiellement respectées au début de la période roumaine, mais au fil des années et de la montée desnationalismes et desdictatures en Europe surtout à partir de lacrise économique des années 1930, elles seront de plus en plus écornées, et en ladémocratieparlementaire roumaine s’effondre au profit de ladictature carliste dans une situation de quasi-guerre civile entre celle-ci et les fascistes violemment antisémites de laGarde de fer, particulièrement actifs en Bessarabie où les juifs (iciashkénazes et russophones) étaient très nombreux. EnTransnistrie soviétique, la population diminue à la suite de laguerre civile russe, aux persécutions etdéportations de laGuépéou-NKVD, à lacollectivisation et surtout à lafamine : lecomité Nansen est très présent en Bessarabie et y accueille des dizaines de milliers de réfugiés majoritairement Russes, Juifs et Ukrainiens fuyant l’URSS, de sorte que le nombre de russophones augmente en Bessarabie même durant la période roumaine[39].
Enjuin 1941, laRoumanie, cette fois dirigée parIon Antonescu, le « Pétain roumain », attaque l’URSS aux côtés de l’Axe (opération Barbarossa) et récupère le territoire : déportation de 140 000 Juifs (210 000 autres fuient vers l’URSS : la plupart seront rattrapés par laWehrmacht ou l’armée roumaine et tués en Ukraine) et de certainsRoms.
Entre mars et, l’URSS récupère à son tour le territoire : déportation de à de 120 000 roumanophones accusés d’avoir servi la Roumanie[41].
La Moldavie sort de la guerre ravagée. La pénurie de médecins favorise la propagation des épidémies, une grande partie de la population est au chômage et la famine fait son apparition. L'URSS investit massivement pour relancer l'industrie et l'agriculture, ainsi que pour importer des équipements et des matières premières. Le pays développe par la suite une agriculture prospère, reposant notamment sur laviticulture. L'industrie se développe à partir des années 1950. Après la Seconde Guerre mondiale l'URSS va procéder ensuite à une russification de laRépublique socialiste soviétique moldave beaucoup plus intense que celle due à l'Empire russe[42]). Une immigration slave se développe et les roumanophones continuent à être dispersés hors de Moldavie par le jeu des attributions de postes et des déplacements de main-d’œuvre pour les grands travaux (beaucoup se retrouvent auKazakhstan). La Bessarabie sera pour l'URSS ce qu'elle avait été pour l'Empire russe : un grenier agricole. Aucun projet important de modernisation n'est entrepris par les Soviétiques sur la rive droite du Dniestr, et les industries sont concentrées sur la rive gauche qui fait sécession lors de l'indépendance, de telle sorte que, après 1991, la république de Moldavie est le plus pauvre pays d'Europe, contrairement à la partie de la Moldavie qui se trouve en Roumanie. En 1978, 86 % des dirigeants sont des non-Roumains (Russes etUkrainiens pour la plupart). Par ailleurs, le cours du bas-Dniestr s’industrialise : centrale hydroélectrique deDubăsari, arsenal de Colbasna, industries mécaniques et d’armement deTiraspol. La Moldavie devient par ailleurs la principalerégion viticole soviétique, et c’est surtout par ce biais qu’elle y est connue.
Entre 1985 et 1991, sousGorbatchev, la politique deperestroïka se traduit en Moldavie par une revendication de reconnaissance de l’identité roumaine des autochtones et par unretour à l'alphabet latin, le roumain devenant officiel à côté du russe.
Après l'indépendance, en 1994, un référendum pour unifier la république de Moldavie avec laRoumanie donne le« non » gagnant à 97,9 %[43].
Le, la république de Moldavie proclame son indépendance, immédiatement reconnue par laRoumanie, puis par la communauté internationale. En, dans la région à l'est du fleuveDniestr, larépublique moldave du Dniestr, qui comprend une grande proportion deSlaves orientaux à prédominancerussophone, d'origine ukrainienne (28 %) et russe (26 %) (au total 54 % en 1989) fait secession (indépendance non reconnue par la communauté internationale) et demande son rattachement à laRussie ou à l'Ukraine ; 500 « cosaques » russophones encadrés par la14e armée russe de la Garde (stationnée àTiraspol) prennent le contrôle de la rive gauche du Dniestr où se trouvent 80 % des industries ; un millier de volontaires moldaves armés tentent de passer leDniestr pour en reprendre le contrôle, mais sont repoussés (208 tués)[44]. Entre le et le, le conflit dégénére en engagement militaire entre les forces moldaves et séparatistes de Transnistrie, la Russie intervenant militairement aux côtés de ces derniers. Ce conflit se conclut par un cessez-le-feu etstatu quo ante bellum : laTransnistrie restede facto un État indépendant et l’établissement d’une zone de sécurité surveillée par une triple force de maintien de la paix composée de personnel russe, transnistrien et moldave[45].
Passage à l'économie de marché et impasse politique (1992-2012)
Le, la Moldavie introduit une économie de marché en libéralisant les prix, ce qui entraîne une inflation rapide. De 1992 à 2001, le pays connait une grave crise économique, laissant la majeure partie de la population sous le seuil de pauvreté. En 1993, le gouvernement moldave introduit une nouvelle monnaie nationale, leleu moldave, pour remplacer lecoupon moldave. L'économie de la Moldavie commence à changer en 2001 ; et jusqu'en 2008, le pays connait une croissance annuelle régulière comprise entre 5 % et 10 %. Le début des années 2000 a également vu une croissance considérable de l'émigration des Moldaves à la recherche de travail (pour la plupart illégalement) enRussie (en particulier dans la région deMoscou), enItalie, auPortugal, enEspagne et dans d'autres pays ; les envois de fonds des Moldaves à l'étranger représentent près de 38 % du PIB de la Moldavie, le deuxième pourcentage le plus élevé au monde, après leTadjikistan (45 %)[46],[47].
Lors desélections législatives de 1994, leParti agraire remporte la majorité des sièges, marquant ainsi un tournant dans la politique moldave. Le Front populaire nationaliste étant désormais minoritaire au Parlement, de nouvelles mesures visant à modérer les tensions ethniques dans le pays pourraient être adoptées. Les projets d'union avec la Roumanie ont été abandonnés et la nouvelle Constitution a donné l'autonomie à la Transnistrie et à laGagaouzie séparatistes.
Rassemblant 49,9 % des voix, leParti communiste de la République de Moldavie (réinstitué en 1993 après avoir été interdit en 1991), remporte 71 des 101 députés et, le 4 avril 2001, élitVladimir Voronin comme troisième président du pays (réélu en 2005). Le pays est devenu le premier État post-soviétique où un Parti communiste non réformé est revenu au pouvoir.
En août 2009, quatre partis moldaves (Parti libéral-démocrate, Parti libéral,Parti démocrate et Notre Alliance Moldavie) sont convenus de créer l'Alliance pour l'intégration européenne qui a poussé le Parti communiste de la République de Moldavie dans l'opposition. Le 28 août 2009, cette coalition choisi un nouveau président du Parlement (Mihai Ghimpu) lors d'un vote boycotté par les législateurs communistes. Vladimir Voronine, président de la Moldavie depuis 2001, démissionne finalement le 11 septembre 2009, mais le Parlement ne réussit pas à élire un nouveau président. Le président par intérim Mihai Ghimpu institue la Commission de réforme constitutionnelle en Moldavie pour adopter une nouvelle version de la Constitution.
Crises politiques et enlisement dans la corruption (2013-2020)
Manifestations devant le bâtiment du Parlement en 2009.
En, la banque centrale de Moldavie a pris le contrôle de la Banca de Economii, le plus grand prêteur du pays, ainsi que de deux institutions plus petites, la Banca Sociala et l'Unibank. Les enquêtes sur les activités de ces trois banques ont révélé une fraude à grande échelle au moyen de prêts frauduleux à des entités commerciales contrôlées par un oligarque moldave-israélien,Ilan Shor, de fonds d'une valeur d'environ 1 milliard de dollars américains[51]. L'ampleur de la fraude par rapport à la taille de l'économie moldave est citée comme faisant pencher la politique du pays en faveur duParti socialiste pro-russe[52]. Shor est reconnu coupable de fraude et de blanchiment d'argent et condamné à 15 ans de prison.
Après une période d'instabilité politique et de protestations publiques massives, un nouveau gouvernement dirigé parPavel Filip est investi en janvier 2016[53]. Des inquiétudes concernant la corruption à l'échelle de l'État, l'indépendance du système judiciaire et le manque de transparence du système bancaire sont exprimées. La chaîne de télévision allemandeDeutsche Welle a également fait part de ses inquiétudes quant à l'influence présumée de l'oligarque moldaveVladimir Plahotniuc sur le gouvernement Filip[54].
En 2019, du 7 au 15 juin, le gouvernement moldave traversé une période de double pouvoir dans ce que l’on appelle lacrise constitutionnelle moldave de 2019. Le 7 juin, la Cour constitutionnelle, que l'on croit largement contrôlée parVladimir Plahotniuc[86] duParti démocrate, annonce qu'elle suspend temporairement le pouvoir le président en exercice, Igor Dodon, en raison de son « incapacité » à nommer de nouvelles élections législatives, le Parlement n'ayant pas formé de coalition dans les trois mois suivant la validation des résultats des élections. Le 8 juin, leBloc électoral ACUM conclue un accord avec leparti socialiste pour former un gouvernement dirigé parMaia Sandu en tant que nouvelle Première ministre, chassant ainsi le Parti démocrate du pouvoir[56]. Ce nouveau gouvernement était également soutenu parIgor Dodon.
Après une semaine de réunions gouvernementales, de quelques manifestations et d'un soutien de la communauté internationale à la nouvelle coalition gouvernementale,Pavel Filip démissionne de son poste de Premier ministre et appelle à de nouvelles élections[57]. LaCour constitutionnelle annule sa décision le 15 juin, mettant ainsi fin à la crise[58].
Lors de l'élection présidentielle de novembre 2020, la candidate de l'opposition pro-européenneMaia Sandu est élue nouvelle présidente de la république, battant le président pro-russe sortantIgor Dodon et devenant ainsi la première femme élue présidente de Moldavie[59].
Le, lecabinet dirigé parNatalia Gavrilița a prêté serment avec 61 voix, toutes issues du Parti action et de solidarité (PAS)[63]. Gavrilița démissionne le et est remplacé parDorin Recean au poste de Premier ministre de Moldavie[64],[65].
Depuis que Maia Sandu est élue présidente de la Moldavie, le pays poursuit l'objectif d'uneadhésion à part entière à l'Union européenne d'ici 2030 ainsi qu'une coopération plus approfondie avec l'OTAN[66],[67]. Cela a conduit la Moldavie à signer la demande d'adhésion à l'UE le 3 mars 2022 et le 23 juin 2022, la Moldavie s'est officiellement vu accorder le statut depays candidat par les dirigeants de l'UE.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie provoque d'importantes perturbations économiques en Moldavie tout au long de l'année 2022, notamment en raison de sa dépendance à l'époque à l'égard du pétrole et du gaz russes, avec une inflation annuelle atteignant 22 % et une croissance chutant d'une poussée post-COVID de 14 % à 0,3 %[68].
En, Sandu condamne l'invasion russe de l'Ukraine, la qualifiant de« violation flagrante du droit international ainsi que de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine »[69].
Selon leHCR, depuis le 24 février 2022, plus de 780 000réfugiés ukrainiens sont autorisés à traverser la frontière vers la Moldavie. Parmi ce nombre, quelque 107 000 ont choisi de rester en Moldavie, le reste demandant l'asile dans d'autres pays[70],[71].
Le pays a reçu les éloges desNations unies pour ses efforts visant à protéger les réfugiés ukrainiens, bien qu'il soit l'un des pays les plus pauvres d'Europe[72]. Environ 75 % des réfugiés ukrainiens en Moldavie ont été accueillis par des familles moldaves ordinaires, partageant leur maison avec leurs nouveaux invités[73].
En, unetentative de coup d’État menée par une série d’acteurs soutenus par laRussie est découverte, impliquant des saboteurs ayant une formation militaire et vêtus de vêtements civils pour organiser des attaques (y compris contre des bâtiments publics) et prendre des otages[74]. Le gouvernement moldave devait être renversé et remplacé par ungouvernement fantoche. Le plan aurait impliqué une alliance entre des groupes criminels et deux oligarques moldaves en exil[75]. Lors d'un point de presse du 10 mars, le coordonnateur des communications stratégiques du Conseil de sécurité nationale desÉtats-Unis,John Kirby, rend publiques des informations sur les efforts russes visant à déstabiliser la Moldavie, obtenues par les États-Unis. Kirby déclare que le gouvernement américain pensait que la Russie poursuivait ses efforts de déstabilisation en Moldavie dans le but ultime de remplacer le gouvernement moldave actuel par un autre qui serait plus favorable aux intérêts russes[76].
Le, leParti Șor est interdit par la Cour constitutionnelle de Moldavie après des mois demanifestations pro-russes visant à déstabiliser le gouvernement moldave[77].
sur quatre raïons et demi et deux municipalités, larépublique moldave du Dniestr (autoproclamée etde facto indépendante, reconnuede jure commeunité territoriale autonome de la rive gauche du Dniestr).
La question de l'organisation administrative du pays n'a jamais été envisagée du point de vue de l'état de droit (mêmes droits pour tous, à égalité) ni du point de vue pratique et ergonomique (des subdivisions basées sur la géographie)[78]. Au contraire, elle a été instrumentalisée dans le cadre du combat politique entre la majorité autochtone roumanophone, et les minorités slavophones. Les dirigeants de la communauté roumanophone ont essayé d'appliquer à la Moldavie la tradition administrative roumaine, elle-même d'inspiration française, en mettant en place desjudețe (départements) avec un préfet et une forte centralisation. Les dirigeants slavophones, inspirés par le modèle soviétique, ont au contraire préféréfédéraliser le pays et organiser le territoire enraïons (arrondissements) dirigés par des comités, avec des différences entre raïons urbains et ruraux, et des républiques autonomes locales basées sur l'ethnographie.
Entre ces deux modèles, un compromis, qui ne satisfait personne pleinement et introduit des différences de droit d'une région à l'autre, a abouti à une fédéralisation profitant à laTransnistrie, située entre leDniestr et l'Ukraine et à laGagaouzie, considérées comme des « unités territoriales autonomes ». Ces deux territoires, où l'autorité de l'État ne s'exerce pas, disposent à eux seuls de 85 % de la puissance économique de la Moldavie, alors qu'ils ne représentent que 18 % de son territoire[79].
La république de Moldavie (horsTransnistrie) compte 2 681 735 habitants, selon le recensement de 2019. Deux cultures cohabitent etparfois s'affrontent dans le pays : d'une part cellelatine de la majorité autochtoneroumanophone et d'autre part celleslavophone desminoritésrusse,ukrainienne etgagaouze (lesGök-Oğuz étaient initialement turcophones, mais ont été en grande partierussifiés pendant la période soviétique). Cette cohabitation ethnique, linguistique et culturelle a commencé en 1812, année où laRussie tsariste reçoit la Moldavie orientale autraité de Bucarest.
Après trente ans de lutte culturelle et d'invectives, le, le parlement moldave a modifié, sur proposition de l'Académie des sciences de Moldavie, l'article 13 de la Constitution, en remplaçant l'expression « langue moldave » par « langue roumaine », ou « le moldave » par « le roumain ». Depuis, les citoyens de la Moldavie sont désormais tous des « Moldaves », avec le roumain comme langue usuelle de 78 % d'entre eux, à côté du russe, de l'ukrainien, du gagaouze et du bulgare[92], à l'exemple de laBelgique ou de laSuisse dont tous lescitoyens sont également « Belges » ou « Suisses » quelles que soient leurs langues.
Selon le géographe A. Zachtchouk[93] en1862, laBessarabie était peuplée à 73 % de « Roumains moldaviens » (Румынъ молдавяниный), à 6 % de Russes etLipovènes, à 4 % d’Ukrainiens, 7 % de Juifs, 5 % de Bulgares, 4 % d'Allemands et 1 % issus d’autres groupes ethniques.
Trente-six ans plus tard, en1897, la répartition ethnique des 1 933 436 habitants avait sensiblement évolué, avec 47,6 % de Roumains (appelés « Moldaves » : Молдаване alors néologisme), 19,6 % d’Ukrainiens, 11,8 % de Juifs, 8 % de Russes, 5,3 % de Bulgares, 3,1 % d’Allemands et 2,9 % de Gagaouzes[94] : la part de la population autochtone avait donc fortement chuté dans les statistiques car les Moldaves comprenant le russe ont été comptabilisés comme Russes en 1897, ce qui a produit au début duXXe siècle une profusion de cartes linguistiques montrant une Bessarabie majoritairement russophone.
Le recensement roumain de 1930 trouve en Bessarabie 56,2 % de Roumains/Moldaves, 12,3 % de Russes et 11 % d'Ukrainiens[95].
La Bessarabie, ayant changé de mains trois fois au cours de laguerre, et où lefront s’est trouvé de mars à août1944, en a démographiquement beaucoup souffert. Selon les rapports des ministres Krouglov etLavrenti Beria à Staline, cités par l’historien Nikolaï Bougaï[96], et selon les données des recensements, de 1940 à 1950 la région a perdu un tiers de sa population, passant de 3 200 000 personnes selon le recensement roumain de 1938, à 2 229 000 selon le recensement soviétique de 1950. Ainsi 979 000 personnes ont disparu en dix ans, parmi lesquelles 230 000 Juifs qui ont été soit massacrés par le régime fasciste du maréchalIon Antonescu, soit ont fui vers l’URSS et ne sont jamais revenus, qu’ils s’y soient établis ou qu’ils y aient été rattrapés par laWehrmacht puis tués par lesEinsatzgruppen.
À partir de 1991, le Bureau moldave de statistique offrit aux citoyens roumanophones la possibilité de se déclarer au choix « roumains » ou « moldaves ». Dans le contexte de laguerre du Dniestr et despressions russes, seuls 2,2 % osèrent de déclarerroumains, ce qui les rangea à côté des autres minorités : 8 % des citoyens se déclarent Ukrainiens, 5,9 %Russes, 4,4 % Gagaouzes (population turcophonechrétienne). La très grande majorité (près de 80 %) se désigna prudemment « Moldave ». Selon les différents recensements :
en 1970 : 69 % des habitants de la Moldavie ont déclaré que le moldave (nom du roumain en URSS) était leur langue maternelle ;
en 1989 : il y avait 88 419 Bulgares en république de Moldavie ;
en 1992 : 4 305 émigrants vers Israël depuis la république de Moldavie constituaient 7,1 % des immigrants ex-soviétiques versIsraël cette année-là. Simultanément, 60 % des achats de terrains et d'immeubles par des étrangers en Moldavie étaient le fait de citoyens israéliens ;
en 2004 : il y avait 65 072 Bulgares selon le recensement ;
en 2006 : 79 % des habitants de la Moldavie ont déclaré que le moldave était leur langue usuelle (dont 63 % l'ont déclaré comme langue maternelle), 2,2 % se sont déclarés de langue maternelle roumaine, 27 % le russe ou l'ukrainien ;
en 2010 : 75 % des habitants de la Moldavie ont déclaré que le moldave était leur langue usuelle, 77 % des habitants ayant le roumain comme langue maternelle ;
en 2016 : 78 % des habitants de la Moldavie ont déclaré que le moldave / roumain était leur langue maternelle et usuelle[97].
Selon ces recensements, dans larépublique de Moldavie (sans laTransnistrie) vivent environ3 millions deMoldavesroumanophones, 250 000 Ukrainiens, 100 000 Gagaouzes et 90 000 Russes. Dans la république séparatiste deTransnistrie vivent 300 000 Moldaves, 250 000 Russes, 200 000 Ukrainiens et plusieurs milliers de Juifs, Tatars, Bulgares, Gagaouzes, etc. Sur l'ensemble des habitants actuels du territoire moldave, 3,3 millions sontMoldaves (78 %), 450 000 sont Ukrainiens (10 %), 340 000 sont Russes (7 %), un peu plus de 100 000 sont Gagaouzes (4 %) et presque 100 000 sont des minorités plus petites (Polonais,Roms,Bulgares,Juifs,Tatars,Arméniens…).
Ces chiffres correspondent aux déclarations descitoyens recensés et ne tient pas compte du fait que l'ensemble de la population est bilingue, comprenant couramment lerusse, qui était « langue de communication inter-ethnique » comme dans tous les états de laCEI. Avant 1991, le russe était obligatoire dans le cursus scolaire : école primaire, collège, lycée, et université. De ce fait, les Moldaves scolarisés avant 1991 parlent couramment russe. Un sixième de la population est unilingue russe. Les rares personnes unilingues en roumain sont les roumanophones originaires deRoumanie. Les deux tiers de la population sont trilingues russe-ukrainien-roumain, russe-gagaouze-roumain ou russe-bulgare-roumain. C'est pourquoi, selon les recensements et les auteurs, depuis 1910, la proportion de roumanophones varie de 56 % à 79 %. De leur côté, un bon tiers desminorités comprend le « moldave » et un sixième le parle plus ou moins couramment, mais en utilisant de nombreux « russismes »[98].
L'émigration est un phénomène de masse en Moldavie et a un impact majeur sur la démographie et l'économie du pays. La diaspora est décomptée d'après ledroit international qui est undroit du sol : tous lescitoyens de la Moldavie sont comptés ensemble sans distinction d'origine, de langue ou d'identité ethnique. On estime que plus de 1,2 à 2 millions de citoyens moldaves (plus de 25 % de la population) vivent et travaillent à l'étranger[99],[100]. L'économie moldave reste fortement dépendante des envois de fonds des migrants. La diaspora moldave habite dans la région des Balkans, en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Parmi les populations de la diaspora moldave les plus notables figurent : 285 000 enRoumanie (2020), 258 600 enUkraine (2002), 156 400 enRussie (2010), 188 923 enItalie (2019), 122 000 enAllemagne (2022), 26 300 enFrance (2019), et 20 470 auCanada (2021).
Les tendances actuelles indiquent que la population de la Moldavie va continuer à diminuer, l'émigration restant à la fois chronique et supérieure à l'immigration ou aux taux de natalité naturels. En 2020, l'émigration nette est tombée à 7 000, mais en 2022, 43 000 personnes de plus ont quitté le pays qu'elles ne sont entrées, bien que ce chiffre soit légèrement en baisse par rapport à l'émigration nette de 45 000 en 2021. Certains éléments indiquent que l'invasion de l'Ukraine et les efforts du pays vers l'adhésion à l'Union européenne pourraient avoir conduit à une augmentation du nombre d'émigrants moldaves retournant dans leur pays de naissance, cherchant à aider le pays à rejoindre l'UE[101]. La diaspora moldave a également eu une influence significative lors des récentes élections moldaves, votant massivement pourMaia Sandu comme présidente en2020 et pour sonParti action et solidarité lors desélections législatives de 2021[102].
Letaux de fécondité est de 1,5 enfant par femme[107]. Les dépenses publiques de santé ont été de 4,2 % du PIB et les dépenses privées de santé de 3,2 %[107]. Il y a environ264 médecins pour 100 000 habitants[107]. Les dépenses de santé étaient de138 US $ (PPA) par habitant en 2004[107].
Mircea Snegur, premier président de la république de Moldavie.
Entre 1991 et 2010, la vie politique se joue essentiellement entre d’une part les pro-russes regroupés autour descommunistes qui se réfèrent explicitement au modèle soviétique et recueillent les suffrages de la grande majorité desslavophones et d’une partie desroumanophones (notamment en milieu rural) et d’autre part les non-communistes (agrariens, centristes, libéraux, chrétiens-démocrates, socialistes modérés) qui se réfèrent explicitement au modèleeuropéen et roumain, et recueillent les suffrages d’une autre partie des roumanophones, notamment en milieu urbain ; à partir de 1995, mais surtout après 2000, à la suite de lacrise financière du monde occidental, les communistes dominent nettement la scène politique : majoritaires au Parlement, ils gouvernent quasiment seuls de 2001 à 2009 sous la présidence du russophoneVladimir Voronine.
Le, 2,5 millions d’électeurs sont appelés à voter. Les communistes l’emportent de justesse mais l’opposition les accuse d’intimidation et de corruption. La délégation d’observateurs duParlement européen présidée par la députée européenneMarianne Mikko (estonienne,Parti socialiste européen) note de « réels progrès par rapport aux élections législatives de 2005 » mais ajoute que « des efforts supplémentaires devraient être faits concernant la neutralité des chaînes de télévision et de radio publiques »[108]. Le, des manifestations de l’opposition àChișinău, devant le parlement, sont violemment réprimées (décès de trois personnes) et les communistes accusent l’OTAN et la Roumanie, qualifiés de « puissances fascistes », de susciter artificiellement ces incidents par leurs « provocations » et « ingérences ».
Selon la Commission électorale centrale moldave, leParti communiste obtient 49,48 % des voix et60 mandats de députés, soit un mandat de moins que nécessaire pour pouvoir élire le chef de l’État. Par ailleurs, leParti libéral obtient 13,14 % des voix (15 mandats), leParti libéral-démocrate de Moldavie 12,43 % des voix (15 mandats) et l’Alliance Notre Moldavie 9,77 % des voix (11 mandats)[109].
LeParti communiste connaît en 2010 une petite baisse avec « seulement » 44,7 % des suffrages (un score que bien des partis communistes européens lui envient). Avec 51 % des suffrages, les quatre partis politiques de l’Alliance pour l'intégration européenne (A.I.E.), qui ont tous franchi la barre des 5 % nécessaires pour être représentés au Parlement, remportent ensemble53 sièges, soit plus que la majorité absolue, permettant à un nouveaugouvernement, dirigé parVlad Filat, d'entrer en fonction. Cependant la coalition ne peut élire son candidat à la présidence, car selon les amendements constitutionnels votés en, cela nécessite61 voix sur les101 membres du Parlement.
Dans une telle configuration, de nouvelles élections auraient dû avoir lieu, mais la même Constitution limite le nombre d'élections pouvant être tenues dans un laps de temps aussi court, produisant une situation de blocage. Pour pallier cela, la coalition organise un référendum prévoyant l'élection du président de la République au suffrage direct, de manière que des élections présidentielle et législatives puissent se tenir simultanément en. LeParti communiste appelle bien sûr au boycott du référendum, et le taux de participation n'atteint que 30 %, alors qu'il aurait dû dépasser 33,3 % pour être valide. Ainsi, de nouvellesélections législatives ont lieu le. Les communistes obtiennent42 sièges, le P.L.D.M. 32, leParti démocrate de Moldavie 15 et leParti libéral 12, soit59 sièges pour les pro-européens. Mais61 sièges sont nécessaires pour élire le président de la République. En outre, le28 décembre, les communistes bloquent l'élection du président du Parlement, qui aurait pu exercer l'intérim à la tête de l'État. Le Premier ministre démissionnaire,Vlad Filat, remplit de ce fait l'intérim de la présidence de la République pendant deux jours, le temps que les députés de l’Alliance pour l'intégration européenne (A.I.E.) se mettent d'accord pour élireMarian Lupu à la présidence du Parlement le, celui-ci devenant automatiquement chef de l'État par intérim.
En, les élections parlementaires montrent une grande stabilité de l'électorat par rapport à 2010 : l’Alliance pour l'intégration européenne des partis Démocrate (P.D. formé par la fusion dessociaux-démocrates et deschrétiens-démocrates),libéral-démocrate P.L.D.M. etlibéral P.L., remporte54 sièges, contre 47 aux pro-russes qui se sont partagés, tout en restant très solidaires entre eux, en deux formations : leParti communiste et leParti socialiste. Quarante-sept sièges forment une minorité de blocage et les pro-russes, jouant sur les craintes suscitées par laguerre du Donbass, n'ont débloqué le vote de confiance du Parlement (le) qu'en échange de l'engagement du gouvernement deChiril Gaburici (P.D.L.M.) de « sauvegarder de bonnes relations avec notre principal partenaire, la Russie »[111]. Ainsi, la Russie a réussi à maintenir la Moldavie dans sasphère d’influence[112]. En 2015, la Moldavie a eu 5 chefs de gouvernements[113].
En, lors de l'élection présidentielle, la première au suffrage universel direct depuis 1996, le candidat prorusse,Igor Dodon, l’emporte avec 53,45 % des voix[114].
Le russophone pro-russeIgor Dodon, président de la Moldavie de 2016 à 2020.Élue le 15 novembre 2020, la roumanophone pro-européenneMaia Sandu est investie présidente de la République le 23 décembre 2020.
Bleu : représentations diplomatiques de la Moldavie (présence d'une ambassade ou d'un consulat). Rouge : Moldavie.
La Moldavie entretient des relations diplomatiques complexes et mouvantes avec trois pays : laRoumanie avec laquelle elle partage une communauté linguistique, culturelle et historique depuis plusieurs siècles, l'Ukraine qui possède des territoiresanciennement moldaves où vivent encore desMoldaves en minorité (oblast de Tchernivtsi etBoudjak) et laRussie, principale héritière de l'URSS dont la Moldavie était une république constituante jusqu'à l'indépendance de 1991, et qui considère la Moldavie comme l'« étranger proche » de sazone d'influence, contrôlant indirectement et « protégeant » militairement18% du territoire moldave. Les volte-face ont été nombreuses selon les majorités au pouvoir.
Lorsque les pro-roumains et pro-européens gouvernaient, des périodes d'ouverture des frontières, d'abolition des visas et même de mise en commun des réseaux téléphoniques avec laRoumanie menèrent à un net refroidissement des relations avec laRussie et l'Ukraine, ainsi qu'à des interruptions des négociations avecTiraspol. Inversement, surtout après 1994 lorsque les pro-russes, pro-ukrainiens (à l'époque dugouvernement Ianoukovytch) etcommunistes moldaves furent au pouvoir, ce sont les relations avec la Roumanie et l'Union européenne qui se refroidirent, tandis que les relations avec la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine s'intensifiaient et les négociations avec Tiraspol reprenaient : ainsi, le gouvernementVoronine manifesta en 2001 sa volonté de rejoindre l'Union russo-biélorusse[115],[116].
En 2007, l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne accentua l'ancrage à l'Est de la Moldavie : les conditions de visas et de séjour devinrent plus strictes entre Roumanie et Moldavie, alors qu'elles devenaient plus faciles entre Russie, Ukraine, Biélorussie et Moldavie. La république de Moldavie est d'ailleurs membre de laCEI et duGUAM, une organisation internationale de coopération à vocation régionale est-européenne. Toutefois, si cet ancrage à l'Est permit au pays de bénéficier de tarifs modérés pour le pétrole et le gaz russes, il ne fit pas aboutir les négociations avec laTransnistrie qui continue de se situer hors de la légalité républicaine et internationale (légalement il s'agit d'une région autonome à statut spécial ; concrètement c'est un état séparatiste autoproclamé, échappant complètement au contrôle du gouvernement, fût-il communiste).
De son côté, même en période de mauvaises relations, la Roumanie n'a pas cessé d'accorder sa nationalité aux citoyens moldaves dont au moins un ascendant est né citoyen roumain et qui passent avec succès un examen de roumain, ce qui a suscité des controverses au sein de l'Union européenne, les autres pays membres accusant la Roumanie de « vouloir faire entrer trois millions d'immigrés par la porte de derrière »[117]. Le président roumainTraian Băsescu a répondu que lors de l'absorption de laRDA par laRFA, ce sont18 millions de personnes qui ont rejoint la Communauté européenne sans que ses autres membres aient été consultés.
La majorité élue en 2009 et réélue en souhaite intégrer l'Union européenne. Dans le cadre duPartenariat oriental, l'Ukraine, laGéorgie et la Moldavie ont signé desaccords d'association (AA) avec l'Union européenne le[118]. Cet accord prévoit l'approfondissement des liens politiques et économiques avec l'UE. À plus long terme, ils constituent l'un des outils de lapolitique étrangère de l'UE visant au rapprochement puis à l'intégration à différents niveaux des pays au sein de l'UE[119].
Les associations comprennent aussi unezone de libre-échange leur offrant l'accès aumarché commun et une collaboration étendue avec les gouvernements et les entreprises des trois pays partenaires pour faciliter les réformes et contribuer à l'accélération de leur développement économique[119],[120].
L'accord d'association avec l'Union européenne instaure une coopération poussée dans plusieurs secteurs : énergie, justice, politique extérieure, visas, culture… La contrepartie pour la Moldavie est de procéder à de profondes réformes sociales, politiques et économiques. Il marque également un tournant dans le dualisme entre lessphères d'influences européennes et russes car ce faisant, la Moldavie renonce à toute possibilité d'adhésion à l’Union eurasiatique souhaitée par Moscou[121]. Les russophones de Moldavie y ont d’ailleurs réagi par la voix du millionnaire moldo-russeRenato Usatyi(ru), chef du parti pro-russeRPP(en), qui déclare vouloir construireune nouvelle muraille de Chine entre la Moldavie et la Roumanie[122], tandis que les autorités deTransnistrie reparlent, comme à chaque rapprochement de la Moldavie avec l’Union européenne, d’un rattachement officiel de leur région à la Russie[123].
Option d'une éventuelle union avec la Roumanie ou avec la Russie
Revendiquée par les roumanophones lors des grandes manifestations de 1990, au cours desquelles les autochtones les plus remontés demandèrent le départ des colons soviétiques, cette union est combattue par les russophones qui menacent le pays d'éclatement (en créantde facto laTransnistrie et laGagaouzie qui n'existaient pas à l'époque soviétique) et d'interruption des livraisons d'énergie bon marché par la Russie. La Transnistrie et la Gagaouzie déclarent alors par la voix de leurs leadersIgor Smirnov etStepan Topal que si les Moldaves s'unissaient à la Roumanie, eux demanderaient à devenir desoblastexclavées de la Russie, à l'instar de l'oblast de Kaliningrad[124],[125]. Unréférendum organisé en mars 1994 pour confirmer « l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Moldavie » (seule question posée) donne 95,4 % de « oui » (la Transnistrie et la Gagaouzie n'ayant pas participé au scrutin, et revendiquant par la suiteleur sécession ou leur rattachement à laNouvelle Russie à chaque tentative de la Moldavie de se rapprocher de la Roumanie oude l'Union européenne)[126].
En, le Parlement européen et le Conseil de l’UE avaient décidé d’attribuer une nouvelle aide macrofinancière (AMF) de100 millions d’euros à la Moldavie. Celle-ci fut suspendue[130] pendant deux ans jusqu'en 2019 à la suite de l’annulation, sur des bases juridiques douteuses, de l’élection à la mairie deChișinău du candidat de l’opposition pro-européenneAndrei Năstase[131].
Évolution du PIB réel par habitant en Moldavie depuis 1973.
La république de Moldavie (qui était le principal fournisseur devin, delégumes et defruits pour les anciennes républiques soviétiques) est devenue après la chute de l'URSS en 1991 un des pays les plus pauvres d'Europe.
La perte de certains marchés traditionnels, la dépendance énergétique au gaz russe, et la sécession de la « république » autoproclamée Pridniestréenne diteTransnistrie, ont provoqué la chute dramatique duPIB qui est en 2006 inférieur à celui duBangladesh, et le plus bas d'Europe, malgré une forte croissance économique (plus de 8 % en 2005 depuis l'an 2000). Pour l'année 2008, il est estimé une croissance économique de 8,1 %. Le gouvernement moldave assure un salaire minimum de 58 €, le salaire moyen pour le mois de était de 150 € et de 260 € àChișinău.
Aujourd'hui, le principal partenaire commercial de la Moldavie est l'Union Européenne, à laquelle 70 % des exportations moldaves étaient destinées en 2018[135].L'accord d'association signé entre les deux parties, entré en vigueur en 2016, a permis la mise en place d'une zone de libre-échange de la plus haute importance pour l'économie moldave.
L'économie souterraine est évaluée à près de 40 % du PIB. L'inflation oscille entre 12 % et 15 % par an et le déficit commercial est important (financé en partie par les transferts d'argent des Moldaves qui travaillent à l'étranger).
L'industrie, qui utilise l'énergie des centrales hydrauliques aménagées dans le pays, se concentre essentiellement dans quelques villes, en particulier Chișinău, la capitale, etTiraspol. Il s'agit d'industries de transformation : conserveries, laiteries, textiles, travail du bois et des métaux.
Le constat d'une corruption endémique est sans appel du fait « d’un petit groupe de personnes exerçant leur influence sur le Parlement, le gouvernement, les partis politiques, l’administration d’État, la police, la justice et les médias »[136]. Aux prises avec des intérêts oligarchiques, ces derniers dictent leurs propres règles sans véritable contre-pouvoir.
Malgré d’importantes contestations sociales, les pouvoirs publics ont semblé impassibles face au fléau de la corruption, germe de l’état de déliquescence du pays. Cela a d’ailleurs contribué à l’émigration massive des Moldaves depuis des années[137].
Avec ses 300 jours de soleil par an, le climat de la Moldavie est idéal pour l'agriculture et particulièrement la vigne. L'industrie viticole est un secteur économique majeur, représentant trois pour cent du PIB moldave et huit pour cent des exportations totales du pays, selon les données du gouvernement. Le vin moldave est exporté dans plus de 70 États à travers le monde. Bien que la Moldavie soit à peine plus grande que laBelgique, le pays possède 122 000 hectares de vignobles et figure parmi les 20 plus grands producteurs mondiaux, selon un rapport de l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV).
Avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie et le pivotement de la Moldavie vers l'Europe, la majorité de ses exportations de vin étaient destinées à la Russie, mais la situation a désormais changé : « La Russie ne représentait que 10 % des exportations de vin moldaves en 2021, contre 80 % au début des années 2000. selon les chiffres du ministère moldave de l'Agriculture »[140]. L'UE a libéralisé son marché pour les vins moldaves et a signé un accord de libre-échange bilatéral avec la Moldavie, avec pour résultat qu'en 2021, le pays a exporté plus de 120 millions de litres de vin vers pays européens, contre 8,6 millions de litres pour la Russie[140].
Mileștii Mici abrite la plus grande cave à vin du monde. Il s'étend sur 200 km (bien que seulement 55 km soient utilisés) et contient environ 2 millions de bouteilles de vin ou plus. Elle entre danslivre Guinness des records de la plus grande cave à vin en nombre de bouteilles depuis 2005[141]. Les premiers vins de sa collection datent de 1969. Lechâteau de Mimi, au sud-est, est un domaine viticole et un monument architectural construit à la fin duXIXe siècle dans le village deBulboaca, dans laraion d'Anenii Noi, et est considéré comme la première cave en Bessarabie. Depuis, il est également devenu un complexe touristique comprenant un musée, une galerie d'art, un hôtel, un spa et des salles de dégustation de vins.
La Moldavie est l'un des pays les moins visités d'Europe et le tourisme joue par conséquent un rôle relativement mineur dans l'économie globale du pays[143]. Malgré l'impact de l'invasion de l'Ukraine voisine par la Russie, la Moldavie a accueilli plus de visiteurs étrangers au premier trimestre 2022 qu'avant la pandémie, passant de 31 000 touristes non-résidents en 2019 à 36 100 en 2022[144]. Cependant, ces dernières années, un certain nombre de médias occidentaux ont commencé à mettre en avant la Moldavie et sa capitale, Chișinău, comme une destination touristique attrayante en raison de ses paysages naturels pittoresques et de ses 300 jours de soleil. par an, des prix bas, une culture viticole ancienne et un mélange d'influences culturelles régionales[145],[146].
Disposant de peu de ressources énergétiques naturelles, la Moldavie importe la quasi-totalité de ses approvisionnements énergétiques. La société énergétique nationale du pays, Moldovaegaz, appartient à 50 % au fournisseur russe de pétrole et de gaz naturelGazprom, les 36 % restants étant répartis entre le gouvernement moldave (36,6 %) et le gouvernement non reconnu de Transnistrie (13,4 %)[148],[149].
En août 2013, les travaux commencent sur un nouveau gazoduc entre la Moldavie et la Roumanie, qui est désormais achevé et brise le monopole russe sur l'approvisionnement en gaz de la Moldavie[150]. L’importation d’électricité de Roumanie a commencé en 2022, supprimant ainsi la nécessité d’acheter de l’électricité produite à partir du gaz russe de Transnistrie. Depuis mai 2023, la Moldavie n'importe plus de pétrole ou de gaz naturel de Russie et a obtenu l'accès à la plateforme commune d'achat de gaz de l'Union européenne. Une aide financière a été fournie par l'Union européenne, la Banque mondiale et le FMI afin d'accélérer cette transition[151],[152].
Si les relations commerciales entre la France et la Moldavie demeurent encore modestes, la présence des investisseurs français dans le pays est toutefois plus significative. Regroupés au sein de laCCI France Moldavie, les investisseurs français contribuent à structurer l'économie locale et sont un facteur d'attractivité pour le pays. Les investissements français bénéficient d’un accord de protection réciproque des investissements signé le et entré en vigueur le. Parmi les importants investisseurs français, il faut souligner quatre grands groupes français. Le groupeLafarge Ciment possède la plus grosse usine de ciment en Moldavie et fournit 75 % des besoins en ciment du pays. En 2007, laSociété générale a fait l’acquisition de Mobiasbanca[153], cinquième banque du pays. Dans le secteur agroalimentaire, le GroupeLactalis, qui a commencé à investir en 2005, possède une laiterie et deux fromageries[154]. Le groupe emploie environ 1 400 personnes et produit des fromages pour le marché moldave ainsi que pour l’exportation vers la Russie et l'Ukraine. Enfin, dans le secteur des télécommunications, la filiale d’Orange en Moldavie[155] domine le marché de la téléphonie mobile du pays avec une part de marché d’environ 65 %[156].
Il est à noter qu’outre ces investissements importants, il existe aussi d'autres investissements français comme la société Bargues Agro-Industrie qui, à travers sa filiale locale Nucile Si Natura[157], conditionne des cerneaux denoix pour l’exportation ou encore Le Bridge Corporation Limited[158]. Il y a aussi quelquesPME dans le secteur des services (comme Pentalog[159]). Par ailleurs, quelques représentations d’entreprises françaises sont aussi présentes en Moldavie (Alcatel,Pernod Ricard,Areva)[160].
Lepatrimoine historique et architectural est constitué par des monastères et églises, des citadelles médiévales, des bâtiments classés monuments historiques et des sites archéologiques. Il est du ressort de l'Académie des sciences, du ministère de la Culture et, pour les églises, également des instances ecclésiastiques. À la suite de la division de laBessarabie en 1940, une partie du patrimoine moldave ancien (citadelles deHotin et deCetatea Albă, par exemple) se trouve aujourd'hui enUkraine.
les citadelles historiques :Cetatea Albă,Hotin,Orhei,Soroca,Tighina (mais les deux premières se trouvent à présent en Ukraine, et Tighina est sous contrôle russophone) ;
Le patrimoine culturel et historique est l'enjeu d'unecontroverse identitaire d'origine politique concernant l'héritage de l'ancienne principauté. Les forces pro-russes comme leParti socialiste et leParti communiste et leurs alliés, ainsi que lesanciennes républiques soviétiques (pays baltes exceptés) et de nombreux commentateurs de formationslavistique relayant la position dénommée « Moldavisme » selon laquelle les populations roumanophones des territoires ayant appartenu successivement à l'Empire russe, à l'URSS et depuis 1991 à la république de Moldavie forment uneethnie « moldave » différente de celle des « Roumains »[162]. À l'encontre de cette position, pour les habitantsroumanophones de l'ancienne principauté, le terme « Moldaves » a une signification non pas ethnique, maisgéographique régionale, et il peut être inclus dans la définition plus large de « Roumains » dans le sens de « roumanophones »[163]. Les commentateurs de formationromanistique, la Roumanie et les pays delangues romanes relayent cette seconde position dénommée « Roumanisme ».
Les pro-russes affirment que les habitants de lapartie roumaine de la Moldavie ne devraient pas se définir comme « Moldaves » (et encore moins comme « Moldaves parmi les Roumains ») puisque les statistiques roumaines les classent comme « Roumains » et non comme « Moldaves », et ils considèrent les (rares) roumanophones de la république de Moldavie qui osent se définir « Roumains » comme une « minorité nationale » de 192 800 personnes parmi les Moldaves[164] soit environ 8 % des 2 260 858 roumanophones recensés en 2014 (hors Transnistrie)[165].
Mais après 1989, avec l'ouverture de laglasnost, les Moldaves découvrent la presse francophone occidentale aux yeux de laquelle leur pays n'existe pas, ou bien sort, peut-être, d'unefameuse bande dessinée belge. Aux yeux de nombreuxmédia de cette « nouvelle presse », la Moldavie, quand elle apparaît, c'est comme une région patriarcale, aux campagnes misérables, où règnent latraite des Blanches et les réseaux mafieux : une « marche de l'Europe aux confins de l'Eurasie ou de la Russie aux confins de l'Europe »[166] dont les aspirations culturelles et sociales sont qualifiées d'« agitation nationaliste »[167]. En réalité, dans cet espacemulticulturel coexistent diverses mentalités, traditionnelles ou pro-occidentales, certaines nostalgiques de tel ou tel passé, roumain ou soviétique, d'autres espérant un avenir différent, européen ou russe… Mais de l'indifférence des pays francophones à l'égard de la Moldavie découle la perte de vitesse du français face à l'anglais, désormais première langue universitaire. En 2011, vingt ans après l’indépendance, se produit l’inversion des statistiques en faveur de l’anglais[168].
↑Cette abrogation, le 22 février 2023, permet à la Russie de reconnaître officiellement la sécession transnistrienne comme elle l'a déjà fait avec l'Abkhazie ou l'Ossétie du Sud enGéorgie[19],[20].
↑« INFO-SERVICE ISO 3166-1 VI-3 », suriso.org : le code ISO 639 ne prend en compte que le nomroumain :Moldova ; enfrançais, les deux noms,Moldova en roumain et Moldavie en Français, sont officiels selon la directiveJuppé.
↑Par exemple dans sa brochure de présentationLa République de Moldavie, éd. Universitas, Chișinău, 1991, com. 10.969.
↑Nicolae Chetraru,Din istoria arheologiei Moldovei, ed. Știința, Chișinău 1994,(ISBN5-376-01636-6).
↑Vincentius Kadlubko :Scriptores Historiae Polonae, Bibliothecae Heilsbergensis, pages 14 et suivantes, sur[6] et Victor Spinei :The Romanians and the Turkic Nomads North of the Danube Delta from the Tenth to the Mid-Thirteenth century, Koninklijke Brill 2009,p. 131 et suivantes.
↑Nikolaï Feodorovitch Bougaï:Informations contenues dans la correspondance entre Lavrenti Beria et Joseph Staline, ed. Acad. des Sciences de Moldavietome 1, Chișinău, 1991 (Н.Ф. Бугай «Выселение произвести по распоряжению Берии…» О депортации населения из Молдавской ССР в 40-50- е годы – Исторические науки в Молдавии. № 1. Кишинев, 1991. 1.0)
↑Nikolaï F. Bugaï, Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии // Лагеря, принудительный труд и депортация, Германия, Эссен, 1999 ;Les Déportation des peuples d'Ukraine, de Biélorussie et Moldavie. Camps, travail forcé et déportation. Ed.: Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld. - Essen 1999,p. 567–581.
↑А. Защук,Материалы для географии и статистики России, собранные офицерами Генерального штаба. Бессарабская область. Часть 2, Тип. Э. Веймара, 1862,lire en ligne.
↑Arta Seiti, « Le choix de la Moldavie : entre avenir économique et positionnement géopolitique clarifié »,Revue Défense Nationale,vol. 10,no 795,,p. 33 à 38(lire en ligne).
↑Les pro-russes socialistes et communistes souhaitent créer quatre autres régions autonomes (Nord, Centre, Chișinău et Sud) capables de se détacher de la Moldavie par référendum, ce qui crée la possibilité que si l'une d'elles souhaitait rejoindre la Roumanie, les autres pourraient faire un autre choix, par exemple rejoindre laNovorussie si celle-ci se créait au sud de l'Ukraine(ro) « Vezi cum Dodon promovează ideea federalizării Republicii Moldova şi a României », sureurotv.md,.
↑Devant le portail,des russophones ont vandalisé la statue de lalouve romaine, symbole de lalatinité des Moldaves, et un panneau « Monument en cours de restauration » la remplace. L'établissement, public, a perdu la plus grande partie de son budget, et il est obligé de sous-louer son hall pour des expositions commerciales (affiche sur la façade).
Matei Cazacu et Nicolas Trifon,Un État en quête de nation : la république de Moldavie, Paris, Non Lieu,(présentation en ligne).
Xavier Deleu,Transnistrie, la poudrière de l'Europe, Paris, Hugo,, 223 p.(ISBN2-7556-0055-1).
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Junien Javerdac, « Moldaves : ils ne sont pas tous roumains »,Balkan : minorités et diaspora, Bordeaux-Pessac,no 12, automne-hiver 1991.
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