Mohamed Deif a très vite choisi de militer contre l’occupation israélienne des Territoires palestiniens. Tout en étudiant labiologie, lachimie et laphysique à l’Université islamique de Gaza, il se fait élire à la tête de l’Union étudiante des Frères musulmans[6]. Il crée une troupe universitaire de théâtre, «The Returners», en référence auxréfugiés palestiniens qui aspirent à retourner sur leurs terres[5]. Il rejoint le Hamas en 1987 après le début de lapremière Intifada. Il est arrêté en 1989 par les autorités israéliennes, puis libéré seize mois plus tard[4].
Il participe à la fondation auxBrigades al-Qassam, la branche militaire du Hamas, en 1991. Avec pour nom de guerre "Abou Khaled", il fait ses armes aux côtés deYahia Ayyache, un commandant militaire tué en 1996 par Israël[6]. Arrêté par l’Autorité palestinienne, à la demande pressante d’Israël, en 1996, Mohamed Deif aurait continué toutefois à diriger des opérations, depuis sa geôle. Libéré - ou en fuite selon différentes sources - en 2001, il reprend ses activités[6]. Visé par une tentative d'assassinat, il survit à un tir d’hélicoptère, qui le blesse à la tête. Il devient le commandant en chef des Brigades al-Qassam en 2002, à la suite du décès de son prédécesseur,Salah Shehadeh[7]. Les services de renseignement israélien le voient comme le stratège qui a doté son mouvement de roquettes perfectionnées, et surtout comme l’architecte des incursions terrestres à partir de la bande de Gaza via des tunnels souterrains. Il est en outre accusé d’être le cerveau d'attentats-suicides dans les transports en commun israéliens et de l'élimination de soldats, israéliens, pendant laseconde Intifada[6].
Bien qu'il soit l'homme« le plus recherché » par l'armée israélienne depuis 1995, il survit à au moins huit tentatives d'assassinat au cours des dernières décennies[4]. Il a été donné pour mort plusieurs fois par Israël[8]. Le gouvernement deBenjamin Netanyahou fait de son assassinat une priorité. Le ministre de l'Intérieur israélienGideon Saar affirme qu'« aussi longtemps que nous aurons l'opportunité de le tuer, nous la saisirons ». L'ancien vice-commandant duShin Bet,Israël Hasson, estime qu'il a « beaucoup d’expérience sur le terrain, il sait comment calculer ses mouvements et ses actions dans un secret total »[6].
Ses interventions télévisées, où son visage est plongé dans la pénombre sont en outre très rares et se sont limitées à trois discours - en 2006, 2012 et 2014.
Le, l'aviation israélienne frappe une maison abritant la famille de Mohammed Deïf. Son épouse, leur fils de sept mois et leur fille de trois ans sont tués dans le bombardement[9],[10]. L'un de ses frères et des cousins ont également été victimes en d'autres circonstances des frappes de Tsahal, ainsi que des dizaines de commandants et dirigeants politiques de son entourage[5].
Il aurait perdu un œil et demeurerait paralysé d'un bras et des jambes depuis un bombardement israélien en 2006, utilisant un fauteuil roulant pour se déplacer[5],[10].
Attaque d'octobre 2023 et mort dans un bombardement
Mohammed Deïf est présenté comme l'architecte de l'attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023 qui a déclenché uneguerre à Gaza. Commandant desBrigades al-Qassam, il est caché dans la bande de Gaza[11]. Ce jour-là, il prend la parole dans un enregistrement audio diffusé parAl-Aqsa TV, la chaîne de télévision du Hamas, pour appeler à « mettre un terme à tous les crimes de l'occupation » israélienne[5].
L'attaque aurait commencé à être planifiée en 2021 selon Ali Baraka, le responsable des relations extérieures du Hamas. En mai 2021, Mohammed Deïf avait, pour la première fois depuis six ans, diffusé un enregistrement en réaction à la colonisation du quartier deCheikh Jarrah, àJérusalem-Est, et à une intense répression policière sur l’esplanade de lamosquée Al-Aqsa. « C'est notre dernier avertissement : si l'agression contre les nôtres, dans le quartier Cheikh Jarrah, ne cesse pas immédiatement, nous ne resterons pas à ne rien faire et l'occupation devra en payer le prix lourd », disait alors le chef militaire des brigades Al-Qassam[5].
Mohammed Deïf est visé par unbombardement israélien le dans le camp de réfugié d'Al-Mawasi. Après le bombardement, qui tue au moins90 personnes et fait300 blessés selon le ministère de la Santé de Gaza, Benyamin Netanyahu déclare n'avoir« aucune certitude » sur le sort de Mohammed Deïf[12]. Le quotidien israélienYediot Aharonot écrit que Tsahal a procédé à plusieurs phases de bombardements, créant un « cercle de feu » autour du site afin d'empêcher les secouristes d'atteindre les lieux et de porter secours à Mohammed Deïf et aux autres victimes. Scott Anderson, le directeur à Gaza de l'UNRWA, a fait état de plus de100 blessés sévères, expliquant que « nombre de patients ont été traités à même le sol, sans désinfectant » et décrivant « des bébés amputés de deux membres, des enfants paralysés, incapables de recevoir un traitement, et d'autres séparés de leurs parents ». Le nombre considérable de victimes est notamment lié au fait que les autorités israéliennes avaient déclaré l'endroit comme étant une « zone humanitaire », poussant des milliers de familles à s'y réfugier[13]. Le, l'armée israélienne annonce qu'à la suite d'une analyse de renseignements« il peut être confirmé que Mohammed Deïf a été éliminé » lors des frappes du dans la région de Khan Younès[14],[15].
↑« Guerre Israël-Hamas : une frappe israélienne visant Mohammed Deïf, le chef militaire du Hamas, cause un carnage à Gaza »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Guerre Israël-Hamas : une frappe israélienne visant Mohammed Deif, le chef militaire du Hamas, cause un carnage à Gaza »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).