La fondation de la ville d'Essaouira proprement dite sera le fait dusultanMohammed ben Abdallah, qui lance sa construction à partir de1760 et fait une expérience originale en confiant celle-ci à plusieurs architectes de renom, notammentThéodore Cornut, qui trace le plan de la ville, et avec pour mission d'édifier une cité adaptée aux besoins des marchands étrangers. Une fois bâtie, elle ne cesse de croître et connaît un âge d'or et un développement exceptionnel, devenant le plus important port commercial du pays mais aussi sa capitale diplomatique entre la fin duXVIIIe siècle et la première moitié duXIXe siècle. Elle devient également une villemulticulturelle etartistique.
La situation de la ville se dégrade considérablement entre la fin duXIXe siècle et le début duXXe siècle à la suite dubombardement qu'elle subit en1844. Elle perd de son importance et n'est plus le port international et la capitale diplomatique du pays. Après l'indépendance, le départ de lacommunauté juive cause également des dommages économiques très importants à la ville.
Essaouira connaît plusieurs appellations mais la plupart restent incertaines et leurs étymologies spéculatives. Il est possible que le comptoirphénicien desîles Purpuraires soit l'« Arambys » citée vers leVe siècle av. J.-C. par l'explorateurHannon, tirant son nom d'une racinephénicienneHar Anbin, qui signifie« mont de raisins »[2], mais certains auteurs pensent qu'il pourrait s'agir plutôt de« Cerné » (ou Kerne), île dont la découverte clôture le premier voyage de l’explorateur, hypothèse toutefois largement contestée tant sont nombreux les sites candidats[3].
AuIIe siècle, l'historien antiquePtolémée mentionne l'existence d'une localité sur la côteatlantique de laMaurétanie Tingitane appelée« Tamusiga » par lesRomains et située entre le« promontoire d'Hercule » et celui d'« Ursinum », sans qu'on en connaisse la localisation précise mais que certains commentateurs rapportent au site d'Essaouira, tandis que des recherches plus récentes penchent plutôt pour un site plus méridional appelé« Suriga » par l'historien romain[4].
À l'indépendance, en1957, le nom d'Essaouira est définitivement adopté. Deux interprétations sur l'étymologie de ce mot arabe se confrontent. La première suit la toponymie berbèreTassurt[9] ouTassort[10], fondée sur la notion de « muraille », qui se traduit en arabe parSour[11] dont le dérivéSouira peut désigner des murailles ou une enceinte mais sert régulièrement à désigner des ruines dans la région : le nom serait apparu après l'abandon du site par les portugais en 1510[10]. Selon la deuxième, le nom Essaouira serait dérivé deTasaouira et ses variantes (Atassouira, At'souira, Sawira, Saouira) qui signifie tableau, image, la dessinée rappelant la disposition de la ville :la bien dessinée,la bien tracée,la bien conçue[8].
Essaouira est communément surnommée la « cité du vent »[12], la « cité des alizés » ou encore la « Saint-Malo marocaine »[13].
Al-Bakri a également mentionné Amogdoul (Essaouira) qu'il était situé àSouss et qu'il y avait là un port[14].
Pour l'alimentation en eau de la ville, les principales sources souterraines viennent des nappes duVillafranchien et duTuronien qui se trouvent dans le bassin d'Essaouira. La nappe du Turonien est difficilement exploitable en raison d'un coût élevé. Les eaux duKsob sont également utilisées pour l'alimentation de la population et des terres agricoles des alentours. Le Ksob est un fleuve qui se situe à seulement quelques kilomètres au sud, un barrage y est construit[21]. Lorsque de fortes pluies touchent les environs, ce fleuve provoque souvent des crues et des inondations dans la ville, pouvant occasionner beaucoup de dégâts[22], bien que des initiatives soient prises pour la construction de digues[23]. Lesîles Purpuraires, qui forment unarchipel, se situent à seulement quelques centaines de mètres du rivage de la ville et sont la principale protection de la baie contre les puissantes vagues de l'océan Atlantique[24].
Contrairement à sa faune, la richesse floristique de l'îlot de Mogador reste pauvre ; en juin 2010, elle ne compte que 18 espèces recensées, relevant de 10 familles deplantes vasculaires à fleurs. Toutefois, elle compte 4 espèces floristiques à valeur patrimoniale[27].
L'arganier (argan) est la principale richesse floristique endémique à la région d'Essaouira. Il occupe une place très importante dans la région puisqu'il a un rôle à la fois environnemental et socio-économique. Pourvoyeur de bienfaits écologiques, cosmétiques et physiologiques, l'arbre permet de produire l'huile d'argan, réputée dans le monde entier. L'arganier permet de faire vivre près de 3 millions d'habitants dans le pays[28].
Le climat à Essaouira est très influencé par l'océan Atlantique nord et ses eaux froides à cette latitude.
Le climat est codé « BSk » voire « BSn » dans laclassification de Köppen (la lettre « n » soulignant la présence de brouillards côtiers fréquents). Il s'agit d'unclimat semi-aride doux.
Les conditions à Essaouira sont très comparables à celles que l'on trouve le long des côtescaliforniennes notamment àSan Francisco avec un retard saisonnier très important (les mois les plus chauds sont septembre et octobre) en raison de l'influence de l'océan.
Sur une petite péninsule, la ville profite d'un climat doux tout au long de l'année et se trouve dans l'axe ducourant des Canaries et desalizés[29].
Les hivers sont doux et légèrement pluvieux et les étés sont tout juste chauds, secs et sans chaleur excessive. Durant cette saison il arrive cependant de manière très exceptionnelle que les températures soient caniculaires lorsque les vents d'est venus dudésert du Sahara soufflent fort et transportent du sable jusque sur la côte et même dans l'océan. Dans ces conditions, les températures deviennent alors torrides et peuvent même dépasser les40 °C sous abri ce qui est rarissime.
D'après la tradition rapportée parHérodote, après la fondation deCarthage en814 av. J.-C., des marchandspuniques se sont dirigés vers l'ouest, ont franchi lescolonnes d'Hercule et longé la côte atlantique méridionale pour y installer deséchelles, des comptoirs. Ils y nouent des contacts commerciaux avec les populations indigènes[32].
Plusieurs chercheurs[33] identifient l'île de Cerné, décrite dans lePériple du navigateur et explorateur carthaginoisHannon, probablement auVIe siècle av. J.-C., à l'îlot au large d'Essaouira[N 1]. Certains évoquent la fondation d'une colonie (ou le peuplement d'une colonie préexistante) par le navigateur carthaginois dès cette époque[33] : protégée des alizés et riche en eau potable, elle aurait pu servir de poste avancé sur la route ducap Vert et de l'équateur.
L'archéologie atteste, en tout état de cause, d'une présencephénicienne remontant au milieu duVIIe siècle av. J.-C. sur l'îlot de Mogador, constituant la position phénicienne la plus méridionale actuellement découverte[33]. C'est sur cet îlot distant d'un kilomètre de la ville actuelle qu'une campagne de fouilles sur la partie met au jour différentes strates d'occupation, phénicienne,berbère puisromaine. La strate phénicienne, qui est composée d'un petit établissement d'un hectare, livre, parmi de nombreux fragments de vases et de tessons phénico-chypriotes etgrecs[34], un vase portant des graffitis qui constituent la plus ancienne inscriptionphénicienne trouvée au Maroc[33] ; les fouilles révèlent un habitat sommaire qui pousse les chercheurs à envisager une occupation saisonnière et précaire du site dans ce « comptoir extrême »[35], ni base permanente, ni simple escale[34].
Depuis leIIIe siècle av. J.-C., les Berbères sont organisés en monarchie puis, en146 av. J.-C., la région passe sous influence romaine à la suite de latroisième guerre punique. Rome fait de ce royaume unÉtat client dont le souverain le plus illustre est Juba II. Ce dernier favorise l'installation de son équipage et le développement de l'industrie dessalaisons et de lapourpre. C'est cette seconde activité (une production de teinture à partir d'une variété demurex,Bolinus brandaris) qui explique la renommée desîles Purpuraires au large d'Essaouira durant certaines périodes de la Rome antique. Cette couleur est synonyme d'un rang social élevé. Déclinée en plusieurs variantes, c'est en fait la seule couleur teinte et elle symbolise le pouvoir, tandis que le blanc a une symbolique religieuse[36].
En42 ap. J.-C., Rome annexe le royaume berbère de Maurétanie pour le transformer enprovince romaine deMaurétanie tingitane. Le comptoir des îles Purpuraires semble à nouveau abandonné vers cette époque avant de retrouver une activité significative vers le début duIVe siècle[34]. Les fouilles de l'îlot révèlent une villa romaine et une nécropole datant duBas-Empire, unsemissis attestant d'une présence romaine vraisemblablement jusqu'à la fin duVe siècle[34].
LePortugal, qui contrôle plusieurs villes le long de la côte atlantique, a rapidement des vues sur Mogador. Le sultanatwattasside, très affaibli, ne peut rejeter à la mer les puissances étrangères qui s'installent massivement sur son territoire. À partir de, le roi du PortugalManuelIer chargeDuarte Pacheco Pereira d'édifier un « Castelo Real » (château royal) et un port commercial[L 1], une tâche qu'exécuteDiogo de Azambuja qui avait déjà orchestré la construction du fort deSaint-Georges-de-la-Mine[37]. Le but est tant économique que stratégique, puisqu'à cette époque, des navires de cent tonneaux fréquentent le port et l'île de Mogador. Pacheco signale dans sa lettre au souverain portugais l'hostilité des indigènes arabo-berbères qui tentent d'interrompre les travaux. Les remparts de Mogador sont ornés de canons, mais sa trop grande exposition la rend vulnérable. Devant la résistance acharnée de l'organisation maraboutique desRegraga et les affrontements incessants, les Portugais évacuent Mogador le. Les pierres du Castelo Real serviront plus tard à la construction de lasqala du Port. Bien que très courte, la présence portugaise est toujours visible, notamment grâce aux remparts[L 2].
En1629, l'amiralfrançaisIsaac de Razilly, dirigeant une flotte composée de sept vaisseaux :La Licorne,Le Saint-Louis,Le Griffon,La Catherine,Le Hambourg,La Sainte-Anne etLe Saint-Jean, bombarde la ville deSalé et détruit trois navires. Razilly envoie ensuiteLe Griffon, sous les ordres du capitaine Treillebois, qui commande 100 hommes, encouragé par lecardinal de Richelieu, pour débarquer à Mogador et l'occuper. L'amiral français a déjà des vues sur Mogador et propose une expédition sur cette zone dès1626, après une mission de reconnaissance en1619[L 5]. En1628, Isaac écrit à Richelieu pour lui signaler la baie de Mogador[L 6]. L’expédition française est abandonnée lorsque les Français s'aperçoivent que le Castelo Real est défendu par les Saadiens[L 4]. Le navire français rejoint plus tard la flotte à Salé et un traité est signé en1631 avec Abd al-Malik II[L 5]. Les Français voulaient y organiser un comptoir et des pêcheries[L 4].
Toutefois, l'île et le rivage d'Essaouira restent à peu près déserts malgré les tentatives d'invasions étrangères, bien qu'en1641, l'artisteAdriaen Matham, à bord d'un navirenéerlandais, signale l'existence d'unekasbah abritée derrière les rochers où vivent les corsaires des Beni Antar[L 6]. Mogador reste surtout un mouillage fréquenté par des navires seulement. Sous le règne du sultanalaouiteMoulay Ismaïl, Mogador devient un port de refuge et une base de repli pour les corsaires qui y viennent pour réparer leurs navires[L 4].
En1751,Mohammed ben Abdallah, alorskhalifa de la Vice-royauté de Marrakech, propose à une compagniedanoise de s'installer dans l'îlot de Mogador dans le but de développer les relations commerciales avec l'Europe. Il devient en1757 sultan du Maroc, après la mort de son pèreAbdallah ben Ismaïl. ChoisissantMarrakech comme capitale[L 4], il décide de fonder Essaouira afin de disposer d'un port accessible toute l'année et bien défendu, contrairement aux ports du Nord qui, à cause de leur ensablement, sont inabordables en dehors de la saison des pluies. De plus, la distance entreSafi etAgadir est trop grande, laissant un grand vide et une côte non protégée face aux puissances étrangères, comme le démontre l'établissement portugais en 1506. C'est pour parer à cette éventualité que le sultan décide d'installer des fortifications dans la baie de Mogador et que, grâce à un environnement favorable, des batteries de canons à feux croisés sont installées[L 7].
Entrée duport d'Essaouira, édifiée en 1770 par Ahmed El Inglizi, comme décrit dans la sculpture ornant la façade de la porte de la marine[N 2] (photo de droite).
Les premiers travaux pour la construction de la ville commencent en1760. En1764, le sultan Mohammed ben Abdellah fait appel àThéodore Cornut[L 4], un architecte français à la solde desBritanniques deGibraltar. Le sultan le reçoit avec tous les honneurs dus à un grand artiste et lui confie la réalisation de la nouvelle ville « au milieu du sable et du vent, là où il n'y avait rien ». Cornut l'Avignonnais, disciple deVauban et qui a été employé parLouis XV à la construction des fortifications duRoussillon, travaille pendant plusieurs années à édifier la kasbah et ses remparts, dont le plan original, établi en1767, est conservé à laBibliothèque nationale de France, à Paris. Cornut est congédié pour la construction des fortifications par le sultan à la suite de ses échecs[L 8],[L 9]. Le souverain marocain construit un chantier naval et, en1768, 12 navires différents armés de 241 canons en tout sont présents au port[L 7]. Après un premier plan établi par le renégat anglaisAhmed El Inglizi, en 1767, concernant le port et les fortifications de la sqala[L 8], l'entrée du port etBab el-Marsa sont édifiés par le même renégat entre1769 et1770[L 10]. La ville continue de s'agrandir avec le temps et plusieurs bastions et fortifications sont édifiés par plusieurs architectes, dont unGénois pour la sqala de la kasbah[L 9] ainsi que plusieurs architectes marocains en ce qui concerne les remparts, les équipements civils de la médina et la Kasbah. Le sultan joue sur la distance entre les îles et la terre ferme de la baie pour pouvoir protéger chaque entrée de la baie, que ce soit celle du nord grâce à Borj el-Assa et Borj el-Baroude, ou celle du sud à l'aide de Borj Moulay Ben Nasser et de Borj el-Barmil, grâce à des batteries faisant feux croisés[L 7].
L'architecture militaire d'Essaouira suit plusieurs modèles : les remparts terrestres de la cité sont de style chérifien, semblables aux fortifications de Marrakech, les défenses maritimes sont de type européen, de style Vauban oumanuélien[L 8].
Pour encourager le développement d'Essaouira et pour concentrer le commerce du sud vers cette ville, le port d'Agadir est fermé en 1767[L 11]. Le souverain Mohammed ben Abdellah ordonne à tous les Européens établis sur les autres villes de venir s'installer à Essaouira, et fait de la ville une capitale diplomatique[38]. Il lève ensuite, en1773, une armée en provenance de Marrakech pour mater la rébellion d'Agadir, hostile au sultan. Les fortifications de la ville sont détruites et le sultan oblige la population, qui compte plusieurs marchandsjuifs etchrétiens, à rejoindre Essaouira. Le quartier dederb ahl Agadir voit ainsi le jour. Mohammed ben Abdellah fait ensuite venir des marqueteurs et tanneurs de Marrakech, ainsi que des potiers de Safi[L 11]. Le sultan crée ensuite un tribunal de commerce puis, en1775, un atelier pour la frappe des monnaies chérifiennes dans lakasbah d'Essaouira[L 12].
La ville est touchée en1799 par une violenteépidémie de peste, causant la mort d'environ 4 500 personnes, faisant partir les chrétiens de la ville[L 13], en majorité protestants. Alors qu'en1779, Essaouira est limitée à la kasbah où vivent l'administration royale et les consuls des pays européens, à la fin du siècle, la ville s'étend en dehors des remparts de la kasbah, dépassant la géométrie de la conception de la ville[L 14]. Plusieurs tentes et casemates donnent ainsi un visage militaire à la ville. Le sultan renforce rapidement la garnison par l'envoi de nouvelles troupes : canonniers venant deFès, renégats assurant l'artillerie, anciens corsaires des Beni Antar assurant la marine, mais aussi des combattants de la tribu arabe desChebânat et des soldats de la garde noire desAbid al-Bukhari. En1785, 2 500 soldats font d'Essaouira une « ville caserne »[L 11],[L 15].
En1807,Moulay Slimane ordonne la création d'unmellah car la kasbah d'Essaouira est surpeuplée. La plupart des Juifs sont donc déplacés dans le mellah. Marchands ou artisans, celliers, bijoutiers, courtiers, colporteurs, le nombre de Juifs dépasse celui desmusulmans jusqu'au début duXIXe siècle[L 11]. Deux années plus tard,James Grey Jackson déclare que la ville s'étend jusqu'à bab Doukkala et bab Marrakech[L 14].
Lors de laguerre franco-marocaine, le, la Francebombarde la cité. Des confédérations tribales voisines, lesChiadma et lesHaha, en profitent pour piller la ville pendant 40 jours. À ce moment, selon l'administrateur colonial et historien Pierre de Cenival, les habitants ont déjà été évacués, une version différente est donnée par l'écrivainDavid Bensoussan pour qui le pillage occasionne de nombreux viols et enlèvements, en particulier parmi les juifs[L 16],[L 17]. Après lebombardement de Tanger et à la veille de labataille d'Isly, un assaut est effectué sous les ordres duprince de Joinville sur l'îlot de Mogador et la ville, située à seulement 1,5 km. Plusieurs centaines d'hommes débarquent tout d'abord sur l'île où se trouvent des forts, une prison et une mosquée[L 18],[L 19]. Toutes les batteries de l'île sont neutralisées et plus de 400 Marocains sous les ordres du Caïd El Haj Larbi Torres sont capturés[L 20], après une farouche résistance, causant 14 tués et 64 blessés parmi les assaillants français[L 19]. La ville de Mogador est bombardée quant à elle pendant 26 heures, détruisant un nombre important d'habitations, avant un assaut terrestre sur le port de la ville, le, par environ 600 Français. Les batteries de la ville en grande partie détruites, les Français en profitent et capturent le port, détruisant les dernières batteries de la ville et coulant plusieurs navires[L 16],[L 19]. Le prince de Joinville décrit l'opération au ministère de la marine le :
« Le 15, nous avons attaqué Mogador. Après avoir détruit la ville et ses batteries, nous avons pris possession de l'île et du port. Soixante-dix-huit hommes, dont sept officiers, ont été tués et blessés. Je me suis occupé à placer une garnison sur l'île, et j'ai ordonné le blocus du port[L 19]. »
Le même jour, le consul anglais et sa famille sont évacués en échange des prisonniers marocains blessés, tandis que le consul français avait déjà quitté la ville un mois auparavant[L 19]. Un an plus tard, la paix est conclue entre les deux pays, et l'échange des prisonniers a lieu le, où 123 prisonniers marocains rejoignent la ville dont le caïd El Haj Larbi Torres[L 21]. Le Maroc stoppe son soutien à l'émir Abdelkader et doit reconnaître l'autorité française sur l'Algérie, à la suite destraités de Tanger et deLalla Maghnia. Les forces françaises n'évacuent Mogador que le[L 22].
En1863, le sultanMohammed ben Abderrahmane donne l'ordre aux administrations de la douane de l'agrandissement de la kasbah. Une nouvelle kasbah voit le jour dans le prolongement de l'ancienne devant loger vingt-quatre maisons de commerce. Deux ans plus tard, on compte dans la ville plus de cinquante-deux maisons de commerce. En1865, c'est lemellah d'Essaouira qui est agrandi, et qui s'étend désormais jusqu'àbab Doukkala[L 11]. L'importance duport d'Essaouira ne cesse d'augmenter entre lesXVIIIe et XIXe siècles. Contrairement àTanger, les navires qui fréquentent Essaouira sont de grands bâtiments pour l'époque, pouvant charger près de 125 tonneaux. Le sultan Mohammed ben Abdellah fait tout à cette époque pour mettre en sommeil les autres ports du Maroc, permettant à celui d'Essaouira le contrôle de 50 % du tonnage et de 60 % du commerce maritime. Ainsi, entre1765 et1865, sur les 29 000 navires ayant accosté sur les côtes marocaines, 12 000 vont à Essaouira[L 23].
À la suite du bombardement de Mogador, la ville entre, durant la deuxième phase duXIXe siècle, dans une phase de déclin, notamment parce qu'elle est en grande partie pillée et incendiée[L 17], mais aussi parce que les négociants juifs de la ville se mettent sous la protection des consulats étrangers, prenant leurs distances vis-à-vis duMakhzen, et emploient en toute sécurité un système de crédit abusif et d'échange inégal, ce qui assèche les ressources des campagnes alentour au profit de la France, provoquant l'hostilité des caïds de la région[L 24].
Reconnaissance au Maroc de Charles de Foucauld, publié en 1888.
L'explorateur français Charles de Foucauld, de passage à Mogador entre le 28 janvier et le 14 mars 1884, donne un témoignage du déclin commercial de la ville à la fin duXIXe siècle. Il relève l'affaiblissement des relations commerciales avec l'Europe[39]. Foucauld ajoute que le port garde encore le monopole du commerce avec le Soudan par le biais des tribus Chiadma, Haha, Chtouka et Ilalen. Ce commerce est « le plus bel apanage qui lui reste ». Dans les années 1880 les caravanes viennent encore du Sahel, de Tombouctou et de Tindouf notamment, précise-t-il. Les régions du Sahel, le bassin du fleuve Drâa situé à l'ouest de l'ouad Aqqa, sont encore approvisionnés par Mogador. À cette époque Marrarech a déjà supplanté le vieux port dans le commerce des marchandises.
Petit à petit, les principaux établissements européens veulent de plus en plus déplacer leurs consulats hors de la ville d'Essaouira. Dès1857, la France exprime son envie de déplacer ses principaux établissements àCasablanca. En1896, avec l'occupation deTindouf par la France, lescaravanes venues d'Afrique subsaharienne se font de plus en plus rares et, depuis l'invention de la propulsion à vapeur, les navires européens ne sont plus obligés de faire escale sur les côtes marocaines lors de certains voyages. Dès la fin du règne deHassan ben Mohammed, dit HassanIer, Essaouira perd son rôle de port commercial international[L 24].
Avec le début duprotectorat français du Maroc, la ville devient officiellementMogador, et s'amorce le déclin du port d'Essaouira au profit des ports en eau plus profonde de Casablanca, Tanger et Agadir, étant donné que le port d'Essaouira ne peut pas recevoir les gros bateaux modernes à fort tirant d'eau[40]. En1926, Mogador, qui est le siège d'un contrôle civil, est peuplée de 18 401 habitants, dont 7 730 juifs[L 17].
À l'indépendance du pays, la ville, désormais officiellement dénomméeEssaouira, devient chef-lieu ducercle éponyme relevant de laprovince de Marrakech[41]. En1960, dans le cadre du premier recensement de la population du Maroc d'après-indépendance, Essaouira est peuplée de 26 392 habitants[42]. En1965, elle est intégrée à la nouvelleprovince de Safi, cette fois-ci au sein ducercle des Ahmar[43]. En1967, à la suite de laguerre des Six Jours, la ville connait un départ massif des Juifs de la ville, qui s'en vont pour la majorité vivre enIsraël, provoquant une importante baisse de population[44]. En1971, Essaouira est peuplée de 30 061 habitants, connaissant une très faible hausse, due au départ massif des Juifs de la ville. Elle devient à partir de cette date unemunicipalité à part entière[45]. La municipalité devient, depuis, chef-lieu de la toute nouvelleprovince d'Essaouira[46].
La ville connaît cependant une renaissance spectaculaire depuis le début des années 1990, renaissance due essentiellement au tourisme mais aussi à sa vocation culturelle. Sa médina est classée depuis2001 aupatrimoine mondial de l'UNESCO[40].
En1844, lebombardement par la flotte française d'Essouira, entraîne la fuite de toute sa population et son pillage par les campagnards des alentours. Ce qui cause directement le début du déclin de la ville et la baisse manifeste de sa population à 10 000 habitants. En1886, la ville connaît une hausse de population, et est désormais peuplée de 18 000 habitants[L 25]. Une hausse bien éphémère, puisque le rôle commercial de la ville chute terriblement avec l'arrivée du protectorat français, et sa population stagne en 40 ans ; elle est toujours peuplée d'environ 18 000 habitants en1926[L 17].
À l'indépendance, en1960, la ville est peuplée de 26 392 habitants[42]. Essaouira connait une dramatique baisse de population en 1967, à la suite du déclenchement de laguerre des Six Jours, la presque totalité desJuifs de la ville quittant leMaroc[44], ce qui explique la très faible hausse de population que connaît la ville en1971 car seulement peuplée de 30 061 habitants[45]. Depuis cette date, la population de la ville ne cesse d'augmenter, notamment grâce à son climat, à unexode rural, mais aussi à son exceptionnelle renaissance depuis le début des années 1990, due essentiellement autourisme. Depuis2014, la ville est peuplée officiellement de 77 966 habitants et compte 20 290 ménages[47].
Leport d'Essaouira est connu pour sa pêche, notamment celle dessardines. Troisième port sardinier du pays, il ne devient un port destiné uniquement à la pêche qu'à partir de1982[48]. En2008, il génère 8 tonnes de produits de pêche, soit 8 % de la production de la côteatlantique du pays, sa superficie totale atteint1,2 hectare[49].
Le tourisme est donc de plus en plus important à Essaouira. Celle-ci est également renommée pour la pratique duwindsurf et dukitesurf, grâce aux vents puissants qui soufflent presque constamment dans la baie, ainsi qu'à l'organisation annuelle d'une étape de la coupe du monde de kitesurf. Son artisanat spécifique est également prisé des touristes, tel le travail du bois dethuya. Le marché aux poissons et des épices l'est tout autant. La région d'Essaouira a comme particularité de posséder énormément de champs d'arganiers. L'huile d'argan est traditionnellement appréciée par les touristes[50].
D'après le recensement national de 2014, il y a 540 résidents étrangers permanents à Essaouira (ce chiffre exclut les touristes présents seulement durant leurs vacances)[47].
Les transports dans la ville d'Essaouira sont assez diversifiés. Lestaxis sont très présents dans la ville. Il y en a deux types : les petits taxis et les grands taxis, qui sont de couleur bleue. Toutefois, ces taxis ne desservent pas la médina, ses ruelles restent trop étroites[L 26].
La ville possède également unegare routière en dehors de la médina[51], qui offre des voyages en bus en direction de Marrakech, Agadir, Casablanca etEl Jadida. Elle dispose également de bus urbains qui permettent de desservir les communes alentour[L 26].
Elle reste donc particulièrement célèbre pour lamusique gnaoua, de style africain. LesGnaouas sont une partie composante de sa population mais aussi de tout leMaghreb. Les Gnaouas sont des descendants des Haoussa Fulani venus de Kano, les Kanawa, qui faisaient partie en majorité deAbid al-Bukhari, la garde noire du sultanMoulay Ismaïl. Lamusique gnaoua utilise ainsi plusieurs types d'instruments, tels que lesqraqeb (ou qrâqech), sortes decrotales, les instruments à percussion que sont les djembés, ainsi que lesguembris, qui sont des instruments à cordes. Ce style musical connaît un véritable engouement et Essaouira accueille, chaque été, leFestival des Gnaouas, qui connaît un véritable succès dès ses toutes premières éditions[53].
Elle compte également plusieurs moussems, en particulier grâce à la présence importante dezaouïas dans la ville. Parmi eux, le moussem annuel des Hamadcha est organisé par la zaouïa Hamadcha, tandis que celui de Sidi Bilal est organisé par la confrérie gnaoua[54].
Lesartistes singuliers d'Essaouira participent au mouvement artistique de la ville. Historiquement, lors de sa fondation, le sultanMohammed ben Abdallah fait venir des populations de toutes origines, dont un très grand nombre d'artistes, ce qui permet à la cité, devenue un « carrefour des civilisations », d'être une ville d'art et de détenir une créativité artistique exceptionnelle[L 28].
Essaouira se distingue surtout dans le domaine pictural. La première galerie d'art, « Frédéric Damgaard », est créée en 1988 par un spécialiste danois d'art islamique, qui encourage dès 1969 les peintres locaux, elle est devenue un lieu incontournable[55]. Le patrimoine historique et culturel de la ville encourage et inspire les artistes de toute la région[L 29]. Mohammed Tabal est le premier de ces artistes locaux à acquérir une célébrité à la fin des années 1980 : ancien musicien gnaoui, il est influencé par le mysticisme de sa confrérie[56].
Lasculpture est également présente, Rachid Mourabit, surnommé le « César d'Essaouira », crée des sculptures à partir d'objets métalliques recyclés et inspirés de la culture locale[57].
Lacalligraphie est très présente à Essaouira et se distingue de celle des autres villes. Mêlée au paysage et au climat local, pleine de créativité, elle reste artistique et colorée.Tayeb Saddiki en est spécialiste[L 29].
Les galeries d'arts sont très nombreuses. Tout d'abord, la galerie Frédéric Damgaard, qui reste la plus ancienne. Vient ensuite l'Espace Othello, qui accueillepeintres,sculpteurs etcalligraphes. La Galerie la Kasbah et le Centre artisanal d’Essaouira sont également des lieux de rencontre entre artistes. L'Association Tilal regroupe plus d'une cinquantaine d'artistes, tous originaires de la ville[58]. Leborj ouest etborj bab Marrakech sont également des lieux d'exposition[55]
L'artisanat est très important dans la vie des habitants d'Essaouira. Diversifié, il reste la principale activité de la ville. En2011, plus de 31 % de la population de la province vit du secteur artisanal[62].
Lamarqueterie dethuya reste sans aucun doute le plus gros pourvoyeur d'emplois et de revenus. En 2011, 58 % des artisans d'Essaouira travaillent le bois de thuya[62]. Historiquement, le premier artisan à s'être spécialisé est le maâlem Jilali Ould El-Alja. Il forme au cours de sa vie plusieurs dizaines de jeunes artisans, dont le maâlem Omar Ould El-Alja[L 30], qui est le plus important que connaît la ville[L 31]. Au début, c'est principalement l'acajou, lecitronnier, l'ébène et le noyer qui sont utilisés par les artisans, puisque le bois de thuya, très rare, reste encore inconnu. Le thuya fait son apparition plus tard et tout d'abord dans les villes deSalé etRabat[L 32], avant d'être introduit à Essaouira par l'intermédiaire d'Omar Ould El-Alja[L 30].
L'orfèvrerie, renommée à Essaouira, disparaît complètement de nos jours. Il faut dire que lacommunauté juive en est plus ou moins la seule artisane. Ce sont majoritairement les artisans juifs qui en assurent la fabrication et les innovations. Ils ont mis au point des techniques spéciales telles que l'utilisation d'un type de ciselure reconnaissable et un filigrane délicat. Quoi qu'il en soit, le départ des Juifs de la ville met un terme à l'essor que connaît la ville dans l'orfèvrerie, qui devient une activité marginale[L 33].
La gastronomie est très riche à Essaouira. Comme dans tout leMaroc, lecouscous reste emblématique et est souvent accompagné demarqa similaire à un bouillon de légumes, mais aussi de viandes et légumes. Lethé à la menthe est également très emblématique et très apprécié des Souiris et des Marocains en général[63].
Essaouira possède cependant des spécialités culinaires que d'autres villes ne possèdent pas. Grâce à l'essor de son port et de ses pêches, le poisson, et surtout lessardines, sont omniprésents. Ces mêmes poissons sont souvent utilisés pour cuisiner destajines aux sardines, mais aussi des tajines de boulettes (kefta) de sardines. Cette dernière recette est souvent désignée sous le nomdolma. Letajine souiri est quant à lui spécifique à la ville. Il diffère des tajines marocains et se rapproche destajines tunisiens, puisque ce n'est pas un tajine en sauce, mais un tajine gratiné. Il est constitué principalement de poulet[64].
Grâce à son riche patrimoine historique, plusieurs séquences cinématographiques renommées sont tournées à Essaouira.Orson Welles y tourne son filmOthello, qui connaît un énorme succès en1952[65]. En1991, des scènes de laBataille des Trois Rois de Souheil Ben Barka sont tournées à Essaouira[L 34].
Construit en1770, sous le règne du sultanMohammed ben Abdallah, il est protégé par lasqala du port, reliée parBab el-Marsa (« porte de la marine »). Situé à l'ouest de la ville, il est aujourd'hui le troisième port de pêchesardinière du royaume, mais aussi un importantchantier naval où l'on construit et répare des bateaux traditionnels tels quechalutiers,boutres,senneurs etpalangriers[68],[53]. Ancien chantier naval de construction de navires de guerre[L 7], mais aussi port de commerce international[68], ce n'est que depuis1982 qu'il est aménagé pour servir exclusivement à la pêche[48].
Ancienne maison consulaire française, rue Mohammed Diouri.
Lamédina d'Essaouira compte plusieurs quartiers tous fondés entre leXVIIIe siècle et leXIXe siècle. Le plus ancien d'entre eux reste lakasbah, un quartier fortifié où étaient logés les dignitaires avant que ne soit construit le mellah. Surnommé le « Quartier du Roy » par Cornut, on y accède à l'Est parBab el-Sebâa (porte du lion) frappée d'une inscription rappelant la fondation de la ville ordonnée par Mohammed ben Abdellah[L 9]. À l'ouest, on trouve le rempart qui longe l'océan, dont une partie est effondrée du côté nord, remplacée par une rue qui mène vers le musée[L 9]. Au nord se trouve un bâtiment nommé El Minzah, autrefois appelé l'« alcôve du café de l’Empereur »[L 9], dont la triple porte ouvre sur l'axe principal qui traverse la ville de part en part, marquant la séparation entre, à l'ouest, l'ancienne kasbah et, à l'est, la nouvelle.
C'est dans le nord de la kasbah que le sultan enjoint aux consuls européens et américains de bâtir, à leur frais, des maisons consulaires dont il reste encore notamment celle duDanemark, dans la rue El Fettouaki, et celle deFrance, au coin de la rue Mohammed Diouri[L 35]. Enfin, au sud se trouve Dar Makhzen ou résident les douaniers du port, les commissaires priseurs (mouhtassib) ainsi que les négociantsmusulmans. L'ancien entrepôt des droits de douane, situé à la place de l'actuelle salle debasket-ball, sert, au début duXXe siècle, de caserne à un régiment detirailleurs sénégalais dont certainsGnaouas de la ville sont les descendants[L 36].
La kasbah est agrandie en1863, sur ordre du sultanMohammed ben Abderrahmane, dans le but de loger beaucoup plus de maisons de commerce. Depuis, on désigne l’extension de la kasbah sous le nom dekasbah jedida[L 11].
Vient ensuite lemellah d'Essaouira, construit en1807 pour permettre de dé-densifier la kasbah, devenue trop peuplée. Ainsi, devant le nombre trop croissant deJuifs dans cette ville, le sultanSlimane ben Mohammed a l'idée de la création d'un tel quartier. Tous les Juifs de la ville, composés principalement de marchands, y sont déplacés[L 11]. À cette époque, le nombre de Juifs dépasse celui des musulmans[L 14]. Le mellah reste aujourd'hui un quartier profondément délabré et à l'abandon. Abandonné de sa population juive à la suite de laguerre des Six Jours, il est toujours plus ou moins inhabité et en réhabilitation[69]. Le mellah, surpeuplé et disposant d'une surface de 18 600 m2 est agrandi en1865 (mellah jedid). Il est situé près de bab Doukkala. Une grande partie du quartier est détruite[70].
La médina compte cinq autres quartiers. Tout d'abord,Derb ahl Agadir, construit en1773 dans le but de loger une grande partie de la population d'Agadir déplacée vers Essaouira[L 11]. Il se situe au sud de la médina. Ensuite,Derb Beni Antar, qui accueille initialement tous les habitants de la tribu des Beni Antar, se situe au nord de la médina.Derb Chebânat accueille initialement pour sa part les combattants de la tribu arabe desChebânat. Il se situe à l'est de la ville.Derb Bouachir etderb Rahala se situent pour leur part au sud-est de la médina[54].
Essaouira compte un important nombre de portes, situées dans la médina de la ville. Ces portes sont influencées par deux types de styles différents. Le style chérifien, qui rappelle les fortifications deMarrakech, comporte des portes arrondies, alors que le style européen comporte des portes à fronton et des colonnes cannelées[L 8] :
Bab el-Marsa (porte de la marine) est la porte la plus monumentale d'Essaouira. Bâtie en1769-1770 par le renégatAhmed El Inglizi, sous les ordres du sultan Mohammed ben Abdellah, la porte est construite entièrement en pierre de taille. Destyle Vauban, Bab el-Marsa est une porte à fronton contenant des colonnes cannelées. La porte permet l'accès au port d'Essaouira[71].
Bab Marrakech (porte de Marrakech) est une porte qui se trouve au sud-est de la médina d'Essaouira, et était un passage obligé pour prendre la route de Marrakech et d'Agadir[72]. De style chérifien, bab Marrakech est une porte arrondie reliée par des remparts en pierre et enduite d'un crépi de terre, comportant des créneaux carrés[L 8]. Borj Bab Marrakech se trouve à proximité[54].
Bab Doukkala (porte de Doukkala) est située au nord-est de la médina, dans le mellah. De style chérifien, elle était un passage obligé pour prendre la route deSafi et atteindre le territoire desDoukkala[72].
Bab el-Menzeh (porte d'El Menzeh) est l'une des portes de l'anciennedar El Mekhzen et ses dépendances, dont il ne reste pratiquement plus rien[73]. Située dans la kasbah[74], elle se compose de trois baies identiques à celles debab el-Mechouar, qui leur font face[73]. Elle est couverte d'un toit de tuiles vertes[74]. Elle fut édifiée en1764[73].
Bab el-Sebâa (porte du lion) est percée en1866 sous les ordres de Mohammed ben Abderrahmane. Elle permet de desservir la nouvelle extension de la kasbah (kasbah jedida). Elle fait face àbab Magana[75].
Bab Magana (porte de l'horloge), anciennement appeléeporte du roi, est édifiée en1764. C’est la seule porte conservée parmi les portes d’accès que connaît la kasbah. Elle se situe entre lakasbah kdima et lakasbah jedida[76].
Bab el-Mechouar (porte du Mechouar) est située dans la kasbah. Elle est constituée de trois baies identiques à celles debab el-Menzeh, qui leur font face[73].
La ville d'Essaouira compte un important nombre de borjs et édifices militaires. Certains de ces édifices disparaissent au cours du temps. Lasqala de la kasbah et la sqala du port sont les deux principales fortifications de la ville. Elles s’étendent sur plusieurs centaines de mètres et sont armées de plusieurs dizaines de canons. Voici les principaux édifices de la ville :
La sqala de la kasbah, aussi appeléesqala de la mer etsqala de la médina, construite sur deux niveaux à la création de la ville, auXVIIIe siècle, est la principale fortification, et fait face à l'océan Atlantique[78]. De style Vauban[L 34], elle est construite exclusivement en pierre de taille, s'étend sur plusieurs centaines de mètres, et compte plusieurs dizaines de canons espagnols[78]. La sqala est dominée par leborj nord[79].
La sqala du port, construite en1769, est située dans le port d'Essaouira[80]. Destyle manuélin[L 34], elle est constituée de deux ailes fortifiées de 200 mètres, reliées à Bab el-Marsa et dominées par leborj el-barmil. Sa fonction principale est la défense du port[80].
Leborj nord (bastion nord), est situé au bout et domine la sqala de la kasbah. Il s'agit du plus imposant bastion de la ville[79].
Borj el-barmil (bastion circulaire), également appelébastion du port, est situé dans le port. Il domine la sqala du port. De style Vauban, il permet la défense de l'accès nord de la baie, avec leborj Moulay Ben Nasser qui se trouve de l'autre côté, sur l'îlot de Mogador. Il s'agit d'une tour d'angle carrée permettant de voir l'horizon de tous les côtés grâce à ses échauguettes aux 4 points cardinaux[L 7].
Borj bab Marrakech (bastion de la porte de Marrakech), aussi appelébastion sud[79], est édifié en1864, sous le règne deAbderrahmane ben Hicham. Le bastion est l’édifice défensif le plus important côté terre. Il s'agit d'une grande tour circulaire pouvant abriter une dizaine de canons dominant ainsi la quasi-totalité des accès est de la médina. Le bastion sert de poudrière et d’entrepôt de munitions[81].
Borj el-âssa (bastion de surveillance) est situé dans l'îlot de Mogador. Il permet la défense de l'accès nord de la baie avecborj el-baroude, qui lui fait face[L 7].
Borj Moulay Mhamed (bastion Moulay Mhamed) se trouve à l'est de la médina. Il permet de défendre le côté est de la ville[54].
Borj Moulay Ben Nasser (bastion Moulay Ben Nasser) est situé sur l'îlot de Mogador, il permet la défense de l'accès nord de la baie avecborj el-barmil, qui se trouve de l'autre côté, sur le rivage[L 7].
Borj mellah (bastion du mellah), situé au nord-est de la médina, permet la défense de la côte nord-est de celle-ci. Il est toujours debout[54].
Les édifices religieux à Essaouira sont très nombreux. Par son multiculturalisme, la ville compte plusieursmosquées,synagogues etéglises. La médina compte à elle seule treize mosquées, qui sont les plus anciennes de la ville[84]. Parmi elles :
lamosquée Ben Youssef, qui fait la liaison entre le reste de la médina et la kasbah, est l’un des édifices les plus importants et les plus imposants de la ville. Elle se trouve dans la partie sud-est de la médina. D'une superficie de 2 000 m2[85], il s'agit de la plus grande mosquée de la ville. Sonminaret mesure 66,34 m de hauteur pour une base de 6,8 m[86] ;
l'église Notre-Dame-de-l'Assomption d'Essaouira est construite en 1936 par des prêtres espagnols dans une petite rue en parallèle de la plage. Elle reste la dernière église active de nos jours dans la ville, et se trouve en dehors de la médina. Il s'agit d'uneéglise catholique[87] ;
La ville compte également d'autres types d'édifices religieux tels que deszaouïas et descimetières. La médina compte à elle seule quinze zaouïas[54]. Parmi elles :
lazaouïa Sidna Bilal, édifiée par la confrériegnaoua, se trouve dans la médina, au sein du quartier des Beni Antar. La zaouïa organise chaque année le moussem de Sidna Bilal[54] ;
lazaouia Aïssaoua est l'une des plus importantes zaouïas de la ville. Elle se trouve dans la partie est de la médina[54] ;
lecimetière juif est fondé quelques années seulement après la fondation de la ville, au moins depuis1769. La totalité de l'importantecommunauté juive que compte la ville dans son passé y est enterrée. Il est agrandi en1874, sous le règne du souverainHassan ben Mohammed[88].
Le centre culturel Dar Souiri, situé dans la médina, est un espace consacré à la culture vivante artistique, musicale et littéraire et possède également une bibliothèque[90].
L'Institut français d'Essaouira dispose d'une grande médiathèque de langue française. Riche de plus de 6 000 références, elle se situe dans la médina[91].
Bayt Dakira, la Maison de la mémoire d'Essaouira, consacrée à la longue « coexistence sereine » des communautés juives et musulmanes d'Essaouira, située dans la médina, est inaugurée le 15 janvier 2020 par le roiMohammed VI, en présence de la directrice générale de l'UnescoAudrey Azoulay et de son père,André Azoulay, conseiller du roi[92].
Essaouira est dotée d'un club debasket-ball réputé, l'Al-Amal Sportive d'Essaouira. Ce club, fondé en1920, se trouve enpremière division nationale[93]. Pour ce qui est dufootball, sport le plus populaire dupays, Essaouira ne possède pas de clubs en première et deuxième divisions. L'ASS Essaouira et le FC Mogador Essaouira sont les principaux clubs de la ville.
La particularité climatique d'Essaouira est le vent, fort l'été, adapté à la pratique duwindsurf et dukitesurf[94], et sa position géographique au centre du triangle d'or dusurf marocain est un point fort pour ces pratiques[95].
La ville d'Essaouira comporte de nombreux établissements scolaires[96]. Parmi eux, les établissements privés sont très nombreux[97]. On peut citer la seule école de langue française que connait la ville, du nom deGroupe scolaire Éric Tabarly[98]. Essaouira compte également des lycées publics tels que les lycéesSidi Mohammed ben Abdellah,Mohammed V et le lycée privé Les Arganiers qui se situe à la rentrée de la ville[99].
↑Certains auteurs identifient pour leur part Cerné sur une île duSebou.
↑L'inscription en arabe ornant la façade de la Porte Marne d'Essaouira peut être traduite par « Louange à Dieu. Cette porte, ordonnée par le plus glorieux des rois, Sidi Mohammed ben Abdallah, a été construite par son serviteur Ahmed Laâlaj en l'an 1184H/1770 ».
↑a etbLakhdarOmar et AhmedBoukkous,Sur les traces de Castello Real à Amagdoul, Agence Nationale de la Conservation Foncière du Cadastre et de la Cartographie,(ISBN978-9954-8414-0-2,lire en ligne),p. 8, 41
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MustaphaSaha,Haïm Zafrani Penseur de la diversité, Hémisphères / Maisonneuve & Larose,(ISBN9782377010578)
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AndréMénard,Essaouira-Mogador : Histoire d'un destin singulier, Atlantica,, 248 p.(ISBN978-2-7588-0429-1)
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ReginaKeil-Sagawe,« Mogador comme motif littéraire dans le roman contemporain : Petite flânerie littéraire à travers un paysage mémorial marocain », dans Mohamed Daoud (dir.),Le roman moderne : Écriture de l’autre et de l’ailleurs (Actes du Colloque international organisé les 2-3 novembre 2002 à Oran), Oran, Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle,,p. 111-133.
Marie-RoseRabaté, AndréGoldenberg et Jean-LouisThau,Bijoux du Maroc du Haut Atlas à la Méditerranée, depuis le temps des juifs jusqu'à la fin duXXe siècle, Eddif,, 221 p.(ISBN978-2-7449-0081-5,lire en ligne)
La version du 21 juin 2015 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.